Eutropius tâchait de se montrer pragmatique, bien que rien ne soit fait pour l'éclairer sur ce qu'il se passait. Depuis qu'il avait longé l'étrange couloir, plus rien ne semblait avoir de sens. L'hypothèse de vivre un rêve lucide n'était pas à exclure. Plutôt que de céder à la panique face à l'inconnu et ses supposés dangers, il préférait analyser, ne pas se laisser influencer par la panique qui germait. Une fois ses conclusions tirées, alors il envisagerait de lâcher la bride à son appréhension, encore que celle-ci ne lui serait d'aucun secours.
Le Sorcier se baissa pour passer sous une paire de pieds, ou ce qu'il en restait. Dans le vent qui se levait, les squelettes s'entrechoquaient entre eux dans une mélodie qui aurait séduit l'actuel Empereur Noir. Ils étaient des dizaines et des dizaines, pendus en grappe à d'épaisses branches, reliés entre eux par quelques toiles d'araignée éparses. Il y en avait tout autant à ses pieds, jaunâtres et parcellés de tâches, fêlés, jonchant la terre noire et sèche, trop nombreux pour faire l'effort d'éviter de marcher sur les morts. Plus tôt dans son exploration, il avait découvert en fouillant parmi les ossements diverses armes, rouillées et ébréchées, qu'il avait laissé retomber. Elles lui seraient inutiles, il se savait incapable de manier quoi que ce soit, il finirait par se blesser tout seul. Le simple fait de marcher avait désagréablement réveillé ses muscles et il avait enlevé sa veste pour continuer sa sinistre progression sur le champ de bataille oublié par les âges de ce monde.
Il ignorait depuis combien de temps il arpentait les bois, le temps lui paraissait infini alors qu'il ignorait où chaque pas l'entraînait. Il nota l'assombrissement du ciel et sursauta quand un oiseau quitta brusquement sa branche. Agacé de la tension logée dans chacune de ses fibres, il fronça les sourcils et plissa les yeux en discernant une forme différente des silhouettes longilignes des arbres. Il sentit son cœur s'accélérer en voyant une personne marcher et accéléra pour se rapprocher. Sous ses pas, les crânes craquaient, les fémurs se brisaient comme des fétus de paille. Au temps pour la discrétion. Il n'avait plus qu'à espérer ne pas rencontrer quelqu'un d'hostile. « Bonjour. » salua-t-il la femme qu'il découvrit en débouchant sur une sorte d'estrade de pierre rongée par le lierre et les ères. « Est-ce que vous savez où on est ? Je crois que je me suis perdu. J'ai suivi un couloir, et traversé une porte pour arriver... ici. »
Message I | 444 mots
Kyra Lemingway ~ Déchu ~ Niveau III ~ ◈ Parchemins usagés : 4856 ◈ YinYanisé(e) le : 22/03/2016◈ Activité : Tenancière (rang I) ; Négociatrice (rang I) ; Reine du monde des contes à mi-temps
Un haut-le-cœur avait saisi Oriane une fois qu'elle eût compris la composante majeure de son environnement. Par réflexe, elle fit demi-tour en espérant passer à nouveau la porte qu'elle venait traverser et quitter ce paysage macabre. Mais elle avait disparu. Elle en était plus indisposée qu'étonnée. Kyra lui avait parlé de ce hall avec ces nombreuses portes sans retour. Il n'y avait que la résolution du problème qu'elles cachaient qui offrait une échappatoire. Il y avait néanmoins des différences notables entre les expériences rapportées par Kyra et sa propre situation. Il y avait toujours eu du monde dans le cas de la Petite Sœur. Elle, elle était seule. Personne n'avait été là pour la mettre sur la voie. Rien qui lui donne un indice. Avec une moue dégoûtée, elle déploya les ailes pour survoler la zone infestée de Macchabées et trouver un endroit où poser le pied sans qu'elle n'ait à piétiner les morts. Ce fut l'occasion pour elle d'avoir un œil plus global sur le paysage. Elle put ainsi faire un premier constat : le sang avait été versé en abondance ici, de sorte à ce qu'il y ait eu ni vainqueur, ni vaincu. La position des corps, les artefacts dispersés, ainsi que les dégâts sur certains squelettes laissaient deviner qu'une bataille avait fait rage par le passé. Nulle âme qui vive n'était visible pour l'instant, hormis ces espèces de gros rats qui glissaient en couinant entre les ossements. Après plusieurs minutes à survoler la zone, elle posa pied à terre à l'ombre d'un immense chaîne étonnamment vivace considérant son biome. Elle crût même avoir entendu quelques piaillements rassurants. Elle le prit en points de reperd, puis repris sa route à pied, zigzaguant sur les zones libres d'accès, enjambant les fémurs ou contournant les crânes. Un craquement, suivi d'un autre, et d'encore d'autres derrière elle fit monter en elle une poussée d'adrénaline. Vivement elle se tourna, prête à se mettre hors de portée de son agresseur potentiel. Voyant qu'il ne s'agissait que d'un jeune garçon, la tension de ses muscles se détendit, jusqu'à ce qu'il parcoure les derniers mètres qui les séparaient l'un de l'autre. Sur tous les individus peuplant les Terres de Sympan et les autres, il avait fallu que ce soit lui qui soit présent. « Décidément. » fit-elle doucement pour elle-même avant de lui rendre la salutation. Elle s'était amusée à le taquiner alors qu'ils s'étaient mis à parcourir le Château au Clair de Lune ensemble, et l'avait, par la même, profondément agacé. Aussi n'espérait-elle pas le revoir de sitôt. Peut-être aurait-elle dû continuer à faire connaissance avec ses colocataires d'ailleurs. Cela lui aurait sûrement évité de faire l'expérience de la mort. « Non, je n'ai aucune idée de l'endroit où nous sommes. ». Elle tourna la tête pour observer à nouveau leur environnement, se gardant de se détourner totalement d'Eutropius. « Je ne sais qu'une chose de cet endroit : on attend de nous que l'on résolve le problème qui se cache derrière cette porte. ». Elle ramena son attention sur le Sorcier. « En revanche je sais d'où l'on vient. Il s'agit d'un lieu qui se nommerait "Les Portes". J'imagine que tu as une idée de la raison à cela. » commenta-t-elle avec un léger rictus. « D'après une amie, chaque porte mène à un lieu différents, avec des contextes différents. Il nous faut trouver celui-ci donc. » soupir a-t-elle, dépitée. « Il doit bien y avoir un indice quelque part. ». Peut-être que le garçon était dérangé. En attendant, il était le seul sur lequel elle pouvait s'appuyer pour trouver la réponse au plus vite, et s'échapper de cet endroit de mort, avant de finir comme ceux qu'ils piétinaient à moitié.
« Je vois. » répondit-il alors même que tout semblait toujours aussi flou, même avec ces nouveaux éléments de réponse. Il était néanmoins rassurant de ne pas se retrouver seul dans ce décor désolé. « Ce lieu que vous appelez "Les Portes", j'imagine qu'il est séparé de notre monde ? Et qu'il sert de passage vers ces... lieux où il nous faut résoudre le problème. Ce serait comme une sorte de jeu, donc. » Il se renfrogna, contrarié d'être propulsé sans l'avoir demandé dans un nid à problèmes avec cette inconnue. Et par qui ? Pour quoi ? S'agissait-il d'un test ? Et s'il devait mourir, que se passait-il ? Appréhender les dangers étant impossible, il estima préférable, dans le doute, de partir sur le pire scénario envisageable.
« J'espère qu'au moins, le temps s'écoule plus lentement ici, ça m'ennuierait de rater des cours et de devoir les rattraper. » maugréa-t-il, examinant lui aussi l'environnement. Amestris l'avait habitué au sinistre, mais ça ne signifiait pas qu'il avait envie de s'attarder ici plus longtemps que nécessaire. Y avait-il autre chose ici que de vieux ossements secs et une végétation sur le déclin ?
« J'ai déjà passé un certain temps à explorer les alentours, je n'ai pas vu grand chose. Ce qu'on peut conclure, c'est que nous sommes sur un champ de bataille, qui a eu lieu il y a longtemps. J'espère qu'on ne devra pas avoir à se battre. » Il pivota vers la brune. « Je m'appelle Eutropius Dogma, je suis actuellement scolarisé à Basphel. Et vous ? » Une goutte s'écrasa alors sur l'aile de son nez. Le temps de lever les yeux, les nuages amoncelés au dessus d'eux relâchèrent des trombes d'eau. « Allons nous chercher un abri. » suggéra-t-il avant de se mettre en marche d'un pas rapide. La terre, aussi sèche que des cendres, se transforma en quelques minutes en une tourbière dans laquelle le Sorcier essayait tant bien que mal de progresser. Assourdi par le vacarme des gouttes s'écrasant sur les feuilles et l'écorce, il renonça à poursuivre leur conversation.
Au bout d'un moment, ils virent une trouée sombre, nichée entre deux conifères et s'y avancèrent. Avec méfiance, Eutropius fit d'abord le tour du monticule de pierre coiffé de mousse et de ronces avant de pénétrer lentement dans l'ouverture béante. De la bouche de la grotte provenait une vague odeur de renfermé qui s'intensifia à mesure qu'il avançait. Après quelques pas, Eutropius déposa sa veste sur une pierre plate au sol et essuya l'eau de son front et de ses yeux, ne préférant pas aller plus loin. Il n'y verrait rien dans ces ténèbres. L'humidité forçait le sol à exhaler ses arômes marécageux mais au moins étaient-ils abrités de la pluie désormais. Un frisson le saisit mais il préféra garder sa chemise sur le dos, considérant qu'elle sécherait tout aussi bien sur sa peau. Subitement, son ventre émit un faible gargouillis plaintif. Le Sorcier soupira et fit comme si de rien n'était, effleurant les parois de la grotte. Ne pas céder au désespoir allait se révéler plus difficile que prévu si ce lieu ne révélait pas plus vite ce qu'il attendait d'eux. « Je n'ai pas l'impression qu'il y ait d'autres êtres humains ici. » conclut-il sombrement. La perspective de finir mort de faim avec le reste des squelettes ne lui disait rien qui vaille. S'il avait été un Vampire, il aurait aisément pu se nourrir auprès de cette fille. Avec un soupir, il alla s'asseoir sur un rocher dont les arrêtes rendraient rapidement l'assise inconfortable. « D'où est-ce que vous venez ? » l'interrogea-t-il. Elle l'avait tutoyé mais il ne comptait pas se laisser aller à la même familiarité.
Message II | 658 mots
Kyra Lemingway ~ Déchu ~ Niveau III ~ ◈ Parchemins usagés : 4856 ◈ YinYanisé(e) le : 22/03/2016◈ Activité : Tenancière (rang I) ; Négociatrice (rang I) ; Reine du monde des contes à mi-temps
Ils étaient au moins d'accord sur ça : la guerre avait ravagé cette contrée. « Ce que j'espère moi, c'est qu'il n'y ait pas de nécromancien dans les parages. » commenta Oriane en balayant des yeux les monticules d'ossements. Quoiqu'elle pourrait toujours fuir par les airs, elle. Eutropius en revanche risquait d'y laisser sa peau si ces cadavres se jetaient sur eux. Lorsqu'il se présenta, elle eut envie de lui répondre un « Je sais. ». Elle n'en eût pas l'occasion. Le temps se mit à changer du tout au tout et, à peine eurent-ils le temps d'en prendre conscience qu'une trombe d'eau s'abattit sur eux. La Déchue se protégea du mieux qu'elle put en se couvrant de sa veste, le temps pour eux de trouver un abri. Si le Sorcier s'attarda autour, sûrement pour vérifier qu'aucun piège ne s'y trouvait, elle n'attendit pas une seconde et plongea dans l'ouverture. « Quelle idée de se retrouver ici. On n'aurait pas pu tomber sur un lieu accueillant, où il y fait beau et où la vie s'y trouve à profusion ? » se plaignit-elle en ôtant sa veste qu'elle laissa tomber à proximité. « Ça m'en a tout l'air également. En survolant la zone tout à l'heure, j'ai pu voir quelques bestioles grouiller. C'est la seule chose que j'ai vue cependant. » confirma-t-elle la remarque en penchant la tête pour se passer les mains dans les cheveux et les essorer. « J'étais à Avalon. » reprit-elle en rebasculant la tête en arrière. Puis elle saisit le bas de son t-shirt pour le retirer. « J'aidais un ami dans son commerce. ». Il l'était rapidement devenu, et sa compagne avant lui même. Elle leur devait beaucoup, principalement le gîte et le couvert qu'elle avait perdu en même temps qu'on avait pris sa place. « Ça risque d'entacher notre relation si on ne trouve pas rapidement une sortie. » déclara-t-elle enfin après s'être également débarrassée de son bas, ne demeurant plus qu'en sous-vêtements. Elle avait bien conscience de la pudeur des Sorciers et de leur tolérance à l'indécence. Il aurait été exagéré de se mettre totalement à nu devant lui. « À tout hasard, est-ce que tu sais faire du feu ? Par magie je veux dire. ». Parce que l'humidité ambiante rendait toute tentative de faire un feu à la main impossible, sinon particulièrement difficile. Elle se tourna alors vers l'entrée et s'y dirigea, une fois sa réponse, négative, obtenue. Un courant d'air s'infiltrait dans la caverne, faisant courir sur sa peau un long frisson glacé. Quelque chose l'interpella dans l'horizon. La pluie l'empêchait cependant de discerner les contours de cette chose. « Je crois voir quelque chose là-bas. » lui annonça-t-elle alors. « Attendons que la pluie cesse avant de se jeter dessus à la recherche d'indices. Ça nous permettra de faire un peu plus ample connaissance toi et moi en plus, si l'on doit s'allier pour se sortir de là. » ajouta-t-elle en tournant les talons pour s'asseoir sur sa veste, au sol. « Dis-moi, tu t'es déjà retrouvé dans une aventure du genre ? Sur un terrain hostile, où la seule personne sur laquelle tu es certain de compter, c'est toi-même ? ». L'interrogea-t-elle en se rêvant un feu de bois et un bon bain chaud. L'ambiance du lieu n'avait rien à voir, pourtant c'était le même sentiment que celui qui s'était emparé d'elle à Myngrimu qui l'animait à présent. Elle espérait cependant que le garçon soit plus sage que ne l'avait été Rajiv à l'époque.
« ... » Voyant qu'elle se déshabillait sans prévenir ni s'excuser, Eutropius laissa s'échapper un soupir agacé et détourna le regard. Il trouvait une telle impudeur déplaisante chez une femme. Pire que ça, c'était un réel manque de respect à son égard. Comme son tutoiement. La mine sombre, il dut en venir à la conclusion contrariante que son âge jouait en sa défaveur. Le fait qu'il soit plus jeune qu'elle devait la pousser à se comporter ainsi. Il détestait cette situation, ce rappel sous-jacent qu'il n'était encore qu'un adolescent, et être traité comme tel. Au son que firent ses vêtements en glissant sur sa peau avant de tomber au sol, il se gratta le cou, mal à l'aise et préféra se concentrer sur ce qu'elle disait. « Vous auriez pu me poser la question avant de vous déshabiller ainsi. Simple question de politesse élémentaire. » ne put-il s'empêcher de grommeler.
Répondant ensuite par la négative, le Sorcier orienta son regard vers la direction qu'elle désignait. Il plissa les yeux mais ne vit rien à travers le rideau de pluie. Alors qu'elle s'installait, il baissa les yeux sur ses mains, rejointes sur ses cuisses. « Non. » répondit-il d'un ton neutre. Peu disposé à faire plus ample connaissance comme il semblait être son désir, il replongea dans l'écoute des gouttes sur leur abri. Le silence lui avait toujours convenu, mais s'il y réfléchissait en toute transparence, ce n'était pas en se taisant qu'ils trouveraient plus facilement une sortie. « Et vous ? Est-ce que ça vous est déjà arrivé ? » Il finit par lever les yeux sur elle. Sa nudité le distrayait mais il s'y était préparé psychologiquement avant de l'affronter. Son regard traîna sur ses membres, pâles comme la peau d'un Vampire dans la pénombre de la grotte. « Vous êtes une Déchue, j'imagine ? » Avalon était une cité cosmopolite mais il ne voyait pas ce qu'elle pouvait être d'autre. Il n'y avait que les Ailes Noires pour se montrer si décomplexés, et les Réprouvés. Il ne l'imaginait pas appartenir à cette seconde catégorie. « Je viens d'Amestris. Je doute que vous l'ayez visitée, mais son atmosphère n'a que peu à envier à ce... monde. »
Ne voyant pas quoi dire d'autre, Eutropius baissa de nouveau les yeux avant de les remonter vivement. Il la regarda dans les yeux un moment, avant d'articuler sèchement. « Vous n'avez pas répondu à ma question, tout à l'heure. J'ignore comment vous appeler. »
Message III | 434 mots
Kyra Lemingway ~ Déchu ~ Niveau III ~ ◈ Parchemins usagés : 4856 ◈ YinYanisé(e) le : 22/03/2016◈ Activité : Tenancière (rang I) ; Négociatrice (rang I) ; Reine du monde des contes à mi-temps
Oriane était toujours étonnée de la façon dont les individus pouvaient se montrer particulièrement gênés à la vue d'un corps nu. Et encore, elle ne dévoilait aucune intimité. Mais voilà, dès que l'on en révélait un peu trop, de suite les regards se détournaient — excepté la minorité des impudiques, les Réprouvés et les Déchus. Elle avait bien conscience que c'était son éducation qui lui faisait trouver ces réactions idiotes, même insensées parfois, de même que l'éducation des autres était la raison pour laquelle on trouvait son comportement indécent. Ça n'empêchait en rien qu'elle ne les comprenne pas. De son point de vue, un corps qui se montrait était un corps qui s'assumait, et il n'y avait rien de plus désirable qu'une personne en osmose avec son corps, qui n'avait rien, ou peu de choses à lui critiquer. Ces gens méritaient qu'on leur porte de l'attention, pas que l'on se détourne d'eux. Elle n'espérait pas faire comprendre cela à un Sorcier cependant. À moins qu'ils aient le temps devant eux, elle avait la forte impression qu'il lui serait impossible de le faire ne serait-ce que réfléchir à sa propre vision des choses. D'autant plus si ses réponses se limitaient à oui ou non. Ce n'était pas comme ça qu'elle pourrait ouvrir un débat. Elle ne s'essaya pas à insister plus cependant. Ce serait en vain, elle le savait d'avance. Alors elle décida de s'isoler elle aussi dans le silence en attendant que le ciel se découvre. Comme elle tressa ses cheveux, elle prit le temps de réfléchir à leur situation, de se rappeler ce dont lui avait parlé Kyra lorsqu'elle avait raconté son vécu. À Omi'Ake, un "narrateur" avait posé le contexte. Pour la création du Conte des Trois Royaumes, une Fæ s'en était chargée. Il devait forcément y avoir quelqu'un ou quelque chose pour les mettre sur une piste alors. Ça n'avait pas de sens de jeter un couple aussi opposé qu'eux sans indices sur le déroulé des évènements. Le garçon finit par la sortir de ses réflexions en engageant la conversation. Une initiative qui la fit sourire tant elle était inattendue. « Oui. Pendant une Coupe des Nations. Et crois-moi bien qu'on relativise beaucoup de choses en sortant d'une expérience de ce genre. ». Elle exhala un souffle. « Enfin, au moins les consignes avaient été claires pendant cet événement. » soupira-t-elle. Puis, deuxième surprise de la journée : l'adolescent lança un nouveau sujet de conversation. C'était à marquer d'une croix sur le calendrier ça. « C'est exact. C'est si évident que ça ? » rit-elle lorsqu'il lui confia sa supposition. « Vraiment ? Eh bien, si la Dévoreuse est aussi triste que cet endroit, sois sûr que je n'y mettrais jamais les pieds, en effet. » conclut-elle. Quelle tristesse de vivre sur un territoire aussi morbide. Il n'y avait rien d'étonnant au caractère des Sorciers finalement, une fois que l'on savait ça. Rien que d'imaginer Nementa Corum la faisait déprimer et déjà les embruns de l'océan lui manquaient. Finalement, elle le fixa longuement lorsqu'il releva qu'elle ne s'était pas présentée. « C'est vrai. Pardonne-moi de m'être montrée impolie comme ça. ». Elle commença à envisager les réactions du garçon à l'énoncé de son identité. Serait-ce de la surprise ? Du dégoût ? De la colère ? « En vérité tu sais très bien comment m'appeler. Ce n'est pas la première fois que nous nous rencontrons, Eutropius Dogma. ». Sur ces mots, elle usa de la peau des Gregori afin de raviver le souvenir de Juvaniel au Sorcier. « Première leçon : ne jamais se fier à l'apparence d'un Déchu. » fit-elle en même temps. « Surprise. ». Le poignet fermé, elle le jeta en l'air, une poignée de confettis s'en échappant tandis qu'elle rouvrit la main. Sachant que la nouvelle allait probablement agacer son vis-à-vis, elle préféra lui couper l'herbe sous le pied et changer immédiatement de sujet. « J'y pense, Dogma, c'est le nom d'une des Dames Noires il me semble. C'est quoi pour toi, une tante, une grand-mère. Une cousine ? ».
Eutropius tâchait de se montrer pragmatique, bien que rien ne soit fait pour l'éclairer sur ce qu'il se passait. Depuis qu'il avait longé l'étrange couloir, plus rien ne semblait avoir de sens. L'hypothèse de vivre un rêve lucide n'était pas à exclure. Plutôt que de céder à la panique face à l'inconnu et ses supposés dangers, il préférait analyser, ne pas se laisser influencer par la panique qui germait. Une fois ses conclusions tirées, alors il envisagerait de lâcher la bride à son appréhension, encore que celle-ci ne lui serait d'aucun secours. 
gotheim pour 
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