Accoudée au bar, Oriane écoutait d'une oreille distraite la discussion qui avait court à ses côtés. Les heures de pauses étaient rares et bénies et pourtant la Luxurieuse s'ennuyait de la teneur de la conversation que se tenaient ses deux comparses. Ce qui ne manqua pas être remarqué de ces derniers. « Dis-le si on te gêne, hein. » jeta Louve d'un ton cinglant à l'attention de la rêveuse. « Hum ? » fit l'intéressée en se tournant vers l'Orgueilleuse. Si elle l'avait clairement entendue s'adresser à elle avec hostilité, elle n'avait cependant pas du tout écouté ce qui lui avait été reproché, ce qui entraîna le rire de Zachary. « Quoi ? » s'agaça alors la Luxurieuse en passant son regard de l'un à l'autre des protagonistes, ce qui eut le don d'irriter plus encore sa collègue chanteuse et d'amuser tout autant le serveur. « Bon ça va, je m'en vais j'ai compris. » conclu Oriane, toute aussi contrariée que sa collègue, en commençant à remballer ses affaires. « Évidemment, on a bien comprit que que ça t'emballait pas d'avoir une discussion civilisé comme n'importe qui d'autre. » rétorqua Louve avec cynisme. Alors la Luxurieuse marqua un temps avant de se retourner pour faire face à l'Orgueilleuse, se plaçant à quelques centimètres de son visage. « Si c'est juste une question d'emballer. » répliqua-t-elle comme elle fit glisser ses doigts sous le menton de la chanteuse. « Oh ! Mais c'est donc ça ! » ajouta-t-elle soudain comme frappée d'une révélation. « Toute cette colère. C'est de la frustration en fait. Il fallait le dire plus tôt, je suis tout à fait ouverte aux relations homosexuelles tu sais. » continua-t-elle, taquine, en laissant sa main glisser le long du cou de l'Orgueilleuse pour redescendre sur sa poitrine tandis qu'elle restait ancrée dans le regard de sa paire qui finit par la repousser. « Tu es pathétique. » siffla-t-elle en même temps. Oriane haussa des épaules, un sourire malin gravé sur le visage. « Et toi tu réagis pas ? » continua Louve en se tournant vers Zachary, dubitatif et un rictus aux lèvres, ses pupilles fixées sur les deux femmes. « Oh, tu sais, moi. Je me demandais surtout si je vous laissais faire pour profiter en simple spectateur ou si je m'invitais à votre partie qui paraissait intéressante. Je crois que je commence à pencher pour la seconde idée d'ailleurs. ». Cette fois ce fut Oriane qui rit, surtout devant l'air offusqué de sa consœur. « À ton déplaisir, vous auriez fini que tout les deux. Je ne participe pas à toutes les coucheries qui s'organisent, moi. » rétorqua-t-elle en passant sa main sous ses cheveux qui balayèrent l'air en un mouvement ample, comme pour appuyer ses propos. « Attention, madame ne choisit que la qualité. Le sexe royal ou rien. » ironisa Oriane en se rasseyant. « C'est toujours mieux que de ramener le premier clochard venu dans son lit et se choper toutes les maladies du monde. » répliqua Louve en croisant les bras, le menton levé. « Ah ! Bien sûr. Mais dis-moi, qu'est-ce qui te fait dire que je ne côtoie pas la noblesse plutôt que le prolétariat et que je ne couche pas dans des draps de soies plutôt que dans la crasse ? » - « Parce que le pauvre réclame bien plus de chaleur et est bien moins exigeant que le riche. ». Un rictus se dessina sur les lèvres de la Luxurieuse. « C'est dingue comme les préjugés ne gangrènent pas seulement l'esprit des étrangers. » - « Des préjugés ? Parce que ce sont quels Déchus que l'on retrouve tout les jours et toutes les nuits à s'empaler et se masturber sur la statue de Zane Azmog dis-moi ? Surement pas des Paresseux. » - « Tu... » - « Oui ! Bon en fait, là vous commencez juste à être chiante les filles. Vraiment. Alors si vous voulez vous crêper le chignon et débattre sur le genre de personne qui est le mieux pour tirer un coup, allez-donc faire ça ailleurs. Je vous en serai reconnaissant. Au moins on peut dire que vous avez l'art de couper court à la libido des autres. ». Un court silence suivi la remarque de Zachary qui conclu sa tirade avec un soupir agacé. Puis Oriane exhala à son tour un souffle avant de sourire, amusée. « Tu as raison. Pardon. » s'excusa-t-elle sans réussir à réprimer son sourire cependant. « Parce que ça t'amuse ? » la réprimanda alors sèchement Louve avec un regard sévère. « Oh,  ça va, détends-toi un peu. Tu le serais également si tu te décoinçais ce balais que tu trimballe. Je suis même sûre qu'on se prendrait moins souvent la tête si tu prenais cette peine. » - « Elle a pas tout à fait tort. » commenta le garçon de comptoir en haussant un sourcil, celui-ci réceptionnant un regard noir de la part de la chanteuse pour toute réponse. « Enfin. Au moins on aura épuisé notre quota de dispute pour les trois jours à venir. » - « Probablement. » confirma l'Orgueilleuse en balayant l'air de la main après un long soupir. « Trois jours seulement ? » interrogea Zachary, surprit de ce si court laps de temps alors qu'il était certain que les deux femmes se seraient écorchées l'une l'autre s'il ne les avait pas arrêté avant. En soit, le spectacle aurait pu être édifiant également, mais il préférait l'ambiance sensuelle qui avait été instauré quelques minutes plus tôt à celle hostile qui avait bien plus facilement prit feu. « Peu importe. Ca va bientôt être l'heure de reprendre. Il est temps de se remettre au travail. » fit Louve en tapant d'une main sur le comptoir du bar pour mettre définitivement un terme à la conversation. « Oui madame. » fit le serveur avec un rictus moqueur en lui tournant le dos pour commencer à préparer son environnement de travail pendant que la chanteuse s'éloignait. Oriane suivi celle-ci du regard, puis laissa fuir un soupir. Elles devraient faire un duo dans l'après-midi. Ca allait être sympa tiens, vu l'ambiance dans laquelle elles avaient fini cette pause.