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 [RPPT] - Le Rêve qui enchante, le Rêve qui transcende, le Rêve qui innocente, le Rêve qui ensauvage

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Kitoe
~ Démon ~ Niveau II ~

~ Démon ~ Niveau II ~
◈ Parchemins usagés : 1741
◈ YinYanisé(e) le : 09/11/2016
Kitoe
Dim 19 Mar 2023, 21:36

Faust & Persy
Le jeu du mariage
Nothing But Thieves - Real Love Song (Alternative Version)


Il s’amusait à la faire tourner en bourrique. Ce n’était pas méchant. Faust avait toujours été joueur et il essayait de faire rentrer Persy dans son jeu. Il notait son entêtement, cependant elle éprouvait une détermination si forte qu’elle ne saisissait pas l’aspect divertissant qu’aurait dû avoir ce qu’on appelait justement un jeu. Faust ne pût poursuivre sa lente fuite quand il se retrouva acculé contre la rambarde. Son bras, lui, ne se baissa pas. Le ruban se méritait. Si elle le désirait tant, Perséphone devrait faire preuve d’ingéniosité. Une nouvelle prétendante fit son apparition, mais la violette ne tarda pas à la faire disparaître. Alors seulement, son sourire espiègle s’évanouit. Faust regardait par-dessus son épaule, par-delà la rambarde, mais la fille avait disparu dans le néant. Il se retourna.

-Je suis à toi ? Demanda-t-il d’une voix quasi-blanche, comme pour confirmer.

Pourtant, elle savait pertinemment que ce n’était pas le cas. Persy pouvait jeter des gens par-dessus bord ; cela ne l’aiderait pas à obtenir son dû. Il la laissait se coller à lui pour mieux atteindre le ruban, mais le verdict était sans appel.

-Tu es trop petite.

Il fut saisi à la gorge de manière si soudaine qu’il eut la respiration coupée. Il regarda la jeune femme dans les yeux. Celle-ci ne plaisantait plus du tout. Faust eut peur. Il savait dès lors qu’elle était réellement capable du pire pour obtenir son dû. Tuer, même lui, ne lui faisait absolument pas peur. Il voulut répondre, lui intimer de reprendre son calme, quand il se sentît poussé vers l’arrière. Faust bascula, entraînant à sa suite un autre poids. Il voulut crier mais il resta muet, ahuri par la tournure que prenait les événements. Perséphone l’enlaça. Il ne savait pas quoi faire, si ce n'était la laisser faire. La regarder, et l'écouter. Faust finit par comprendre qu’il n’avait rien à craindre dans l’immédiat. Il ramena son bras contre lui. Il était hypnotisé.

-Tu m'aimes tant que ça ? Parvînt-il à articuler.

Il se prenait la réalité de son obsession en pleine face. Il avait vu leur intérêt réciproque pour l'autre, mais jamais il n'avait mesuré la force de l'addiction qu'elle avait pour lui.

-Perséphone... Il passa une main sur sa joue. Pourquoi est-ce que je le regretterais ? Que ferais-tu ?

Il voulait savoir, l’entendre de sa bouche. Peut-être qu'il la trouverait folle, mais il l'accepterait. Quelles pensées hantaient la jeune femme à son égard ? Quels scénarii se figurait-elle ? Faust la laissa l'embrasser. C'était étrange : depuis qu'ils chutaient, tout était doux. Sa panique avait été annihilée. Ils étaient dans une bulle hors du temps, dans un cocon que seuls eux avaient le pouvoir de briser. Le jeune homme glissa ses mains autour des hanches de sa prétendante et prolongea le baiser.

-Dis-moi ce que tu serais capable de faire.

Il prit doucement la main de la violette et y glissa le ruban. Il sourit en repensant à ce qu'elle venait de dire. Faust n’avait pas réfléchi à leur relation jusqu’ici. Il avait laissé les choses se faire naturellement, supposant que la barque le mènerait d’elle-même vers l’endroit où il devait aller. Persy lui forçait la main, catalysait ses réflexions d’une manière vertigineuse et presque effrayante. Il n’y avait pas été préparé et pour autant, il ne lui en voulait pas. Depuis combien de temps le convoitait-elle en secret ? Depuis combien de temps son attirance pour lui la taraudait au burin, sans qu’il n’en entendît rien ?

-Je n'ai jamais pensé à aucune autre, tu sais. Toutes ces filles n'étaient qu'un prétexte au jeu des charmes. Tu n'auras pas besoin de me les faire oublier. C'est déjà fait.

Les autres étaient fades et sans intérêt. Pour Perséphone, il éprouvait une profonde tendresse qu'il ne savait justifier. C'était juste ainsi, que celle-ci fusse extrême ou même démente n'avait pas la moindre importance. Il aimait juste la voir. Il aimait l'enlacer. Il avait aimé l'embrasser.

-Est-ce que ça te va si on retourne voir les autres ?

Il parlait doucement. Il tenait à la rassurer, à lui montrer qu'il n'avait aucune mauvaise intention. Il était avec elle.

Quelques secondes plus tard, le couple atterrissait sur l'immense canapé qui trônait au centre du grand salon. Des exclamations choquées fusèrent tout autour d'eux.

-Par tous les dieux, est-ce que vous allez bien ? Vous êtes tombés du palier !

Une jeune femme se précipita vers eux. C'était celle que Perséphone avait jeté dans le vide plus tôt. Elle était saine et sauve et avait visiblement oublié l'événement. Faust acquiesça. Il était tombé en premier et Persy était étendue sur lui. Il glissa hors du sofa, se remit sur pieds et épousseta ses vêtements.

-Toutes mes félicitations. Fit-il, pimpant. Il tendit une main vers sa partenaire afin de l'aider à se relever avec élégance. Vous m'avez eu. Je vous dois une faveur à présent.

813 mots



Bijin
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Dorian Lang
~ Vampire ~ Niveau II ~

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Dorian Lang
Lun 20 Mar 2023, 14:53

[RPPT] - Le Rêve qui enchante, le Rêve qui transcende, le Rêve qui innocente, le Rêve qui ensauvage  - Page 6 Fqsx
Le Jeu du Mariage
Bae & Dorian



Une manteau de nuit épaisse comme de la poix m'environnait. Des troncs à l'écorce charbonneuse s'érigeaient comme une horde de géants aux jambes emprisonnées dans un réseau de lierre argenté luisant faiblement dans l'obscurité. Loin au dessus de ma tête, des frondaisons enchevêtrées masquaient l'éclat des étoiles. Même si je discernais les arrêtes du paysage autour de moi, je me fiais à tous mes sens pour ne pas trébucher. Je cessai de courir pour tendre l'oreille. Un silence surnaturel régnait sur la forêt, pas un seul animal n'osait émettre le moindre son, j'étais même convaincu que nous étions les deux seules âmes en vie. Le bruit de ma propre respiration résonnait comme dans une pièce trop grande et trop vide. Le vent se leva, enlaçant des feuilles mortes dans quelques tourbillons indolents. Après quelques secondes, il charria aussi l'écho de ses pas et je souris, rassuré. Il n'était pas loin. « Par ici ! » Lançai-je malgré tout pour guider sa chasse. Je ne voulais pas le perdre, même si c'était plutôt à lui de se faire cette réflexion.

Je me remis en marche sans me hâter. Distraitement, je fis jouer le ruban entre mes doigts pour éprouver sa douceur. Je ne savais plus ce qui nous avait amenés à ce jeu, mais je savais m'y étais prêté sans trop râler, en imposant la condition que, pour aller en contresens de ma nature, je ne jouerai pas au chasseur. Être la proie ne me dérangeait pas s'il s'agissait de Bae. Je ne comptais pas lui compliquer la tâche. Pas trop, juste assez pour rendre les choses intéressantes. J'étais curieux de la faveur qu'il me demanderait, mais le taquiner était trop tentant et assez facile pour que j'y cède sans y penser. Je pivotai pour marcher à l'envers et l'appelai à nouveau, l'amusement audible dans ma voix.

Mes talons butèrent sur une bordure. Je me rattrapai à un arbre pour éviter de tomber en arrière et fut surpris de trouver à la place une longue colonne de marbre ébréché. Je levais les yeux mais le plafond m'était inaccessible, d'un noir mat et impénétrable. Je gravis lentement les dizaines de marches et pénétrai dans la vaste salle. Le bruit de mes pas était étouffé par la mousse qui s'était propagée sur le dallage craquelé. La forêt avait repris le contrôle de ce que l'homme avait abandonné. Je me frayai un chemin entre les nombreuses colonnes, impressionné par l'atmosphère solennelle qui se dégageait des lieux. Le vent sifflait dans ses hauteurs et je me tournai vivement quand je sentis une présence dans mon dos. À l'autre bout, Bae venait d'apparaître. Malgré la distance, j'entendais distinctement les palpitations rapides de son coeur. « Viens ! » J'agitais le ruban devant mon nez, goguenard. Je reculai et disparu dans les ombres où je me dissimulai en attendant qu'il approche. Quand il fut assez près pour que je discerne le cyan intense de ses iris, je passai discrètement dans son dos et tapotai son épaule légèrement avant de disparaître à nouveau de l'autre côté avant qu'il ne se retourne. Mon rire éclata, léger et dénué du sarcasme qui l'accompagnait habituellement.

« Est-ce que tu vas réussir à m'attraper ? » Le provoquai-je. « Tu ferais un très mauvais Vampire. » Observai-je. J'étudiai son profil et quand j'en eus assez d'être invisible, j'invoquai une brève clarté bleuâtre qui nimba ma silhouette et dès que j'eus son attention, elle s'évapora aussitôt. Mais au moins savait-il où j'étais désormais. J'attendis qu'il entre là où je me tenais et après quelques secondes à le voir me chercher à l'aveuglette, j'avançai silencieusement pour me placer à une distance de bras de lui, les mains croisées dans le dos. Dès que ses doigts effleurèrent mon torse, je reculai d'un pas. « Oops. Presque. » Dès qu'il s'avançait, je reculais de la même distance. Il faisait moins sombre à mesure que nous reculions. Les dimensions de la salle ne s'inquiétaient pas de nos entrechats et à aucun moment, un mur ne mit un terme à nos jeux. « Quel ennui. Tu es sûr d'avoir envie de m'attraper ? » Je feignais de me plaindre. Profitant d'un moment où il avait le bras tendu, je refermai ma main sur son poignet et le fit avancer contre moi puis le repoussai d'une pichenette sur le haut du torse. « Raconte-moi ce que tu feras si tu obtiens ce ruban. » Exigeai-je. « Si tu es assez convaincant, peut-être que je te laisserai l'avoir. Sinon, je disparaitrais. »

Message I | 794 mots


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Kitoe
~ Démon ~ Niveau II ~

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Kitoe
Lun 20 Mar 2023, 22:56

Jude & Mancya
Le jeu du mariage
ASKING ALEXANDRIA - Here's To Starting Over


Le jeu avait été déclaré au beau milieu du repas, alors qu'ils se restauraient tous à la même table du grand manoir où on les avait tous rassemblés. La décoration était riche, majoritairement rouge et or. Les hommes avaient mangé face aux femmes, copies conformes les uns des autres. A gauche, une dizaine de Neah. A droite, le même nombre de Mancinia. Jude avait compté ses adversaires. Ils avaient beau dîner ensemble, le Démon les exécrait tous autant qu'ils étaient. Ces foutus usurpateurs... Le roux jeta un œil à l'assemblée de Mancinia. De la même façon, elles le dégoûtaient. Elles se ressemblaient toutes. Sauf une. Jude pouvait la reconnaitre d'un simple coup d'œil. C'était elle qu'il convoitait. Elle et elle seule. Les autres n'avaient aucune valeur à ces yeux. C’étaient des filles superficielles, stéréotypées et particulièrement stupides. Elles n'étaient rien face à la véritable reine. Elles ne lui parvenaient même pas à la cheville.

*


-Mancinia ?

Ce n'était pas une question, à peine un appel. C’était davantage un ordre. Il la voulait.

-Neah ? Je suis là.

La voix se répercutait partout sur les murs. Jude était entré dans la salle des glaces, un labyrinthe de vitres et de miroirs.

-Mancinia !

Des rires retentirent. Où était-elle ? Il pivota vivement sur ses pieds. Un mouvement dans un reflet, lui fit tourner la tête. Vite, il s'élança à la poursuite de l'ombre. Gauche. Droite. Gauche. Droite. Jude allait à toute vitesse, au risque de foncer, la tête en premier, contre les parois de verre. Il rattrapa enfin la jeune femme. Il se saisit de son poignet, un sourire victorieux illuminant son être tout entier. Lorsqu'elle se retourna vers lui, il relâcha sa prise comme si cette dernière était un scorpion qui l'avait piqué. Ce n'était pas elle.

-Mancinia ? Demanda un homme derrière lui. Un usurpateur.

N'ayant pas de temps à perdre, Jude se remit en route. Quelques couloirs plus tard, il poursuivait une femme au ruban bleu, se rappela que c'était aussi une fausse. Mancinia avait un ruban mauve. Il avait tendance à l'oublier, trop obsédé par une victoire cuisante et rapide. Ce n'était pas une course ou une chasse ; c'était une guerre. Jude courait à en perdre haleine. Il ressemblait à un chien enragé courant après son os. Il avait trop peur, peur qu'on le la lui arrachât, qu'un usurpateur ne s'empara de sa faveur. Le seul fait d'y penser le rendait fou. Jude savait qu'il n'y survivrait pas. Trouver Mancinia était une question de vie ou de mort.

Au détour d'un couloir, l’homme croisa un alter-ego. Celui-ci allait vite, visiblement sur une piste. Le premier le rattrapa, agrippa son col et le tira vers l'arrière. Il lâcha un râle rauque. Jude le rabattit contre le sol.

-Quelle couleur ?

Le traitre lui répondit par un regard défiant. Ses lèvres restaient scellées dans un sourire sardonique.

-Quelle couleur ?? Aboya Jude.

Il accrut la pression sur son col, mais cela ne fit pas broncher son adversaire. Comprenant qu'il n'en tirerait rien, il poussa un cri de rage et envoya valser le saltimbanque. Il reprit immédiatement la trace de sa nouvelle proie. Retrouver sa personne nécessita de la patience. Les rires et les bruits de pas se mélangeaient. L'homme fit subir le même interrogatoire à un nouvel usurpateur, qui ne lui donna pas davantage de réponses que le premier. Cependant, il nota cela : ils se dirigeaient vers la même piste. La même femme. La bonne. Il accéléra.

Les minutes s'égrainaient sans que le loup ne perdît son rythme. Son flair lui indiquait qu'il s'approchait, mais il sentait également l'odeur nauséabonde d'une meute. Son excitation s'intensifiait, mélange de soulagement, d'impatience et de colère, mais une seule pensée : il allait l'avoir.

Il allait l'avoir.

Le décor se dégagea soudain, les corridors de verre et de mercure s'élargirent, débouchant sur une pièce dans la pièce : le cœur du labyrinthe. La clef de voûte. Six passages menaient à celui-ci. L'étincelle dans les yeux de Jude se ranima. La jeune femme était là. Elle était belle. Magnifique. Elle le subjuguait tant qu'il doutait qu'elle fût réelle. Ses pupilles coulèrent sur son bras jusqu'à son poignet, à la recherche du ruban. Mauve. La bouche entrouverte, il voulut dire quelque chose mais resta muet. Son souffle était court. Il était fébrile. Elle était là.

-Mancinia.

Il devînt de marbre. Quatre voix avaient retenti en même temps que la sienne. Jude dévisagea une à une ses copies. Sa bouche se déforma en grimace sous l’effet de la haine. Ça n'allait pas se passer comme ça.

-Mancinia, c'est moi. Commença l'un. Viens, c'est moi qui...

Sa mâchoire se déforma et craqua sous l'effet de l'impact. Le faux prétendant se courba et poussa un grognement de douleur. Jude délia son poing.

-Mancinia, n'écoute pas ce fou, c'est... !

Le deuxième se cambra vers l'arrière. D'une poigne puissante, Jude le tenait par les cheveux. Il l'entraina à sa suite jusqu'à un miroir et écrasa son crâne contre celui-ci. Le verre vola en éclats dans une pluie d'étincelles pourpre et dorées. Jude pivota.

-Fuis, Mancinia.

Il n'aimait pas qu'elle vît ça. Il préférait qu'elle partît tandis qu'il s'occupait de leurs cas. Il devait les tuer. C'était nécessaire. Ensuite, il la retrouverait. Et elle ne serait rien qu'à lui.

882 mots



Bijin
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Jämiel Arcesi
~ Alfar ~ Niveau II ~

~ Alfar ~ Niveau II ~
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◈ Activité : Étudiant à plein temps ; Luthier en parallèle
Jämiel Arcesi
Jeu 23 Mar 2023, 12:08

Le jeu du mariage


Èibhlin avait toujours eu du mal à trouver sa place au milieu des conversations féminines. Du moins, lorsqu'elles abordaient la question de l'amour et des projets familiaux. « Johan est si drôle. » - « Arthur est si intelligent. » - « Roman est si sexy. ». Sauf qu'elle, elle ne trouvait pas Roman "sexy", juste charmant. Elle ne trouvait pas Arthur "intelligent", simplement instruit. Elle ne trouvait pas Johan si "drôle", mais plutôt bête. Si elle devait faire un commentaire, ce serait plus « Constance est si belle. » ou « Isabelle est si douce. » ou encore « Susanne est si divertissante. ». Parfois elle l'exprimait, avec des congénères qui partageaient ses ressentis. Seulement avec elles. Si personne n'était dupe quant à l'orientation sexuelle de certains, d'où elle venait, il n'était jamais des mieux vus de proclamer avoir des sentiments avec le même sexe. Alors, et même en se trouvant en un territoire plus libre, elle se taisait, par habitude. Elle rangeait ses sentiments dans un coffre qu'elle drapait de mensonge et cachait dans les tréfonds de son âme, de sorte que personne ne le vit. En public, elle critiquait la toilette de Léanore et trouvait le sourire d'Armand à tomber. Puis, une fois rentrée chez elle, elle jetait ce drap dans un coin, sortait son coffre, et l'ouvrait pour laisser ses véritables sentiments vivre. Armand n'était pas mieux qu'un gallinacé que l'on aurait plumé, prêt à être rôti. Léanore, elle, avait la grâce du cygne et le chant apaisant des rouges-gorges. Et pourtant c'était un autre oiseau qu'elle désirait avoir pour elle. Plus ténébreux. Plus discret. Mais assurément fascinant. Elle aurait tout fait, même le pire, pour que Thessalia lui accordât ses faveurs. C'était d'ailleurs la raison de sa présence ici.

D'une œillade qu'elle voulait discrète, elle détaillait la silhouette de celle qu'elle souhaitait voir devenir sa moitié. Probablement ne pourrait-elle jamais rentrer chez elle si elle arrivait à ses fins. Peut-être ne pourrait-elle jamais quitter cette terre, tout simplement. Mais ça lui allait. Tant qu'elle pouvait demeurer auprès de celle qui faisait vibrer son âme, ça lui allait. « Prêt ? ». Èibhlin s'empara des pans de sa robe, pour la soulever, prête à suivre les pas de la blanche. « Groupe un, partez ! ». Groupe un, celui des poursuivies. Et déjà la silhouette de Thessalia disparaissait dans les ombres des arbres de la forêt. L'Alfar sentit son cœur s'emballer. S'il avait été doué de vie, il n'aurait pas attendu le top départ de son groupe pour cavaler à la recherche de ses désirs, et elle l'aurait laissé s'arracher à sa poitrine même en considérant les risques qui accompagnaient tel geste. Mais il s'avérait que, enfermé derrière sa cage thoracique, il ne pouvait pas faire grand-chose sinon simplement s'affoler. « Groupe deux, partez ! ». Èibhlin ne tarda pas plus. Elle se précipita dans la forêt, en direction de celle qu'eut prise Thessalia quelques secondes plus tôt, et s'y enfonça sans réfléchir dans ce qu'elle espérait être la direction à suivre.

À mesure qu'elle s'enfonçait dans la forêt, la Sarethi ralentissait le pas. Elle avait laissé ses sentiments, trop souvent contenus, la guider et ils avaient fini par déborder et submerger sa raison. Mais maintenant que la nature l'encerclait totalement, que le chant des oiseaux et le murmure du vent avaient pris le pas sur le rire des participantes, ses espérances commençaient à être emportées par l'assèchement de cette crue. Alors elle s'arrêta, le cœur serré. Le problème ne venait pas de la nature omniprésente Au contraire. Elle appréciait sa musique. Elle était sincère et sans faux-semblants. Ce qui la tourmentait, c'était d'ignorer si elle se rapprochait ou non de Thessalia. C'était de se retrouver seule dans ce jeu censé unir. Et pourtant, elle ne serait même pas étonnée de cette tournure. La vie ne s'était jamais écoulée en son sens. Chaque fois qu'elle prenait une direction, elle s'embourbait dans les problèmes et devait lutter sans succès contre un courant contraire. Alors, fatiguée, elle finissait par se laisser porter. Elle avait eu conscience, en choisissant de participer au jeu, qu'elle s'engageait là aussi dans quelque chose de compliqué. Que là aussi, peut-être, elle en viendrait à devoir se plier à la norme et faire une croix sur sa volonté initiale. Finalement, elle prit une longue inspiration et chercha en elle une motivation qui s'était égrenée avec la solitude. Minutieusement, elle détaillait son environnement, à la recherche d'une piste, songeant grandement qu'elle ne serait pas contre un indice de quelque sorte que ce soit. C'est en contournant un large ligneux, ancestral à en voir sa taille, qu'elle le découvrit, son indice. Une fleur aux pétales bleutés, émergeait du sol, luminescente, à quelques pas de sa position. Un peu plus loin, la même fleur s'épanouissait dans l'humus. Et une autre encore après. Et ces fleurs lui traçaient un chemin à suivre, celui qu'elle avait perdu plus tôt dans sa précipitation. La tension de ses muscles se dissipa et à nouveau elle vit clair. La forêt était son amie, et elle l'aiderait à se frayer un chemin jusqu'à l'objet de son désir.

Après plusieurs minutes à suivre cette piste, les fleurs se dispersèrent en une envolée azurée, leur tracé remplacé par le son des voix. Parmi elles, elle put reconnaître la tessiture de celle de Thessalia. Mais elle n'était pas seule. Son sang ne fit qu'un tour et elle ne tarda pas plus pour se diriger en cette direction, brûlante de la peine d'arriver trop tard et de la rage de s'être potentiellement faite devancer. Les arbres n'étaient plus un obstacle à sa course. Au contraire. Elle plongea dans l'un d'eux et ne fit plus qu'un avec lui. Son corps se mêlait au bois et à la sève. Elle usa de nombreuses ramifications des corps racinaires pour rejoindre les ligneux voisins. C'est au sein de l'un d'eux que sa volonté fusionna avec celle du hêtre. Une racine surgit du sol et s'enroula sur la cheville de la prédatrice qui trébucha, l'œil horrifié en constatant ce qu'il venait de se passer, et se retrouva le visage enfoncé dans la terre et la poussière. Un sourire satisfait prit naissance sur le visage de l'Alfar lorsqu'elle s'extirpa de l'arbre, à l'abri du regard de sa victime. Elle ne laisserait personne approcher la blanche aussi impunément et les ceux qui s'y essaieraient terminerait comme cette folle, prisonnière de la nature.

Une nappe de brume s'installait dans la forêt, sinuant entre les racines et les feuilles en volutes flegmatiques. Le brouillard était tombé brutalement, sans signe annonciateur de sa venue. Et pourtant, jamais un environnement n'avait paru si doux aux yeux d'Èibhlin. Maintenant qu'elle connaissait le chemin et qu'elle savait Thessalia à proximité, elle avait entrepris de la rattraper sans pour autant se précipiter. C'était ce qui l'avait perdue plus tôt, et elle ne comptait pas réitérer son erreur. À portée de regard, elle devint papillon, et voletait à présent à travers les filaments de nuages, au rythme de son coeur palpitant d'impatience. Silencieuse, elle était certaine que la blanche ne s'enfuirait pas à son approche de cette façon. Elle la remarquerait trop tard. Elle avait pourtant la sensation que sa présence ne lui avait pas échappé, qu'elle ne faisait que leurrer l'ignorance de son arrivée. Doucement, elle se posa sur l'épaule de son élue. Puis elle reprit son vol pour lui chatouiller le visage de ses ailes avant revenir dans le dos de son aimée. Là seulement elle reprit forme humaine. « J'ai gagné. » sourit-elle en détachant d'une main le ruban noué autour de la tresse de la Vampire. Dans un même temps, elle emmêla les doigts de sa main libre avec ceux de Thessalia. Là, elle y porta le ruban qui se noua autour de leurs poignets. Alors elle s'appuya contre le dos de sa partenaire, la tête reposant sur son omoplate. Elle était sereine. Elle était heureuse. « Il me semble que j'ai le droit à une faveur. » fit-elle sans se détacher d'elle, les yeux fermés. Elle ne savait pas quoi demander exactement cependant. Tout se bousculait en elle et ses songes n'avaient plus rien de logique. « J'aimerais que tu restes avec moi. » souffla-t-elle enfin.
:copyright: ASHLING POUR EPICODE




Mots 1373
avatar : rokii
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Dorian Lang
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Dorian Lang
Jeu 23 Mar 2023, 13:14

[RPPT] - Le Rêve qui enchante, le Rêve qui transcende, le Rêve qui innocente, le Rêve qui ensauvage  - Page 6 4jg5
Le Jeu du Mariage
Èibhlin & Dorian



Une tâche opalescente se découpait sur l'océan ténébreux de la nuit. Battre des cils me demanda un effort colossal, comme un bras de fer avec la mort et l'impossible mais je réussis et la silhouette floue gagna en acuité. Son sourire éloigné était frangé de dents effilées, tordues de crocs minuscules mais que je savais capables de déchirer facilement les chairs. Ça ne faisait rien, les ronces n'avaient plus de peau sur laquelle s'accrocher à présent. La mienne avait séché et s'était envolée quand elle n'avait pas été tout simplement rongée par les nécrophores. Mon squelette luisait doucement sous la clarté lunaire. Les éléments l'avaient jauni mais c'était tout ce qu'il me restait, ça et mon esprit détaché de tout. Il m'arrivait fréquemment de débuter une pensée puis de l'oublier en chemin, pour la reprendre quelques années plus tard dans un regain de lucidité.

Il me semblait que j'avais froid mais je n'en concevais aucun inconfort. Ce n'était qu'une observation secondaire, à laquelle je ne pouvais rien faire. Je me sentais incapable de bouger, mes membres cloîtrés dans une rigidité anormale. Le sang avait cessé d'y circuler depuis trop longtemps pour leur redonner la souplesse propre aux vivants. Privés du liquide vital, mes muscles étaient devenu aussi secs que du lierre ancien.

Une éternité passa à reculons. Je n'étais pas vraiment conscient, les âges se succédaient au gré des saisons. J'étais le spectateur impassible du lever de soleil à l'ouest et de sa descente à l'est. Les pluies franchissaient le dense cocon de mon linceul de ronces, roulant sur mes joues mâtinées de sang bruni et sec. Ma peau elle-même avait la consistance d'un vieux parchemin craquelé. Je ne craignais pas la morsure des rayons de l'astre du jour, il n'y avait rien qu'ils puissent me faire qu'on ne m'avait déjà fait. Au moins, s'ils pouvaient me réduire en cendres, ce serait une échappatoire comme une autre, il suffirait d'un coup de vent pour m'extirper de mes liens.

Puis, une nuit survint, apparemment semblable à toutes les autres, si ce n'est que mon corps avait gagné en chaleur. C'était à peine décelable, comme une petite bougie au creux de ma poitrine mais j'y attachai une attention croissante comme si l'ignorer pouvait la faire disparaître. Et elle crût. Elle se répandit en une marée constamment montante. Je fus à nouveau capable de prendre conscience de mon enveloppe corporelle à un niveau douloureux. Chacun de mes maux était répertorié, puis accentué pour me réintégrer de force dans l'étau de la vie. Mes os étaient de nouveau enveloppés des couches réconfortantes de chair et je n'avais plus froid. En fait, j'avais même trop chaud sur le haut de mon torse. Je savais qu'une lame argentée y était plantée jusqu'à la garde. Mon coeur s'était recroquevillé autour sur un dernier battement. Mais peu à peu, il fut persuadé à fonctionner à nouveau. Erratique, comme à ses premières secondes et les sensations jaillirent. Mon univers se para de couleurs vives, m'arrachant au tableau en noir et blanc où j'étais englué. Un hoquet creusa mon abdomen.

Une longue respiration sifflante m'écorcha la gorge en descendant dans mes poumons, c'était ma dernière et elle était aussi désagréable que la première à ma naissance. Une autre suivi, plus rapide, comme alarmée, comme pour freiner le glas de la mort si elle se montrait plus véloce. Je vivais mes dernières secondes et la panique referma son poing sur moi. Je n'avais pas envie de mourir. Pas comme ça, pas déjà. Mes ongles s'enfoncèrent dans la terre, je luttais désespérément pour m'arracher aux ronces qui me ligotaient et des fleurs écarlates germèrent sur mes vêtements quand les épines pénétrèrent ma peau. Une écume de sang frais ourlait ma bouche, le mien, recouvrant celui d'une autre. Son ombre était au dessus de moi, masquant l'orbe pâle de la lune. Ruisselant autour de son visage fin, ses cheveux luisaient comme un voile translucide, comme les plumes d'un Ange même si elle n'était rien de tel. Une graine mauvaise acidifiait sa langue perfide et empêchaient son coeur d'être honnête. Je devais admettre que mon comportement n'aidait pas à faire naître autre chose chez elle. Elle devait avoir horreur des sentiments qu'elle me nourrissait et je m'en réjouissais. Son dégoût était un vin du plus grand cru, car elle n'y pouvait rien. Elle pouvait se débattre et nier, elle se flagellait toute seule.

« Alors, heureuse ? » Lançai-je dans une ultime provocation. « C'est ce que tu voulais, non ? » J'allais disparaître de sa vie, et j'espérais qu'elle allait souffrir mille agonies par mon absence. Elle se pencha et soudain, le poignard se retrouva dans sa main. Les ronces s'étaient évanouies, pas encore appelées par l'Alfar. Libre de mes mouvements, j'étais debout, la dominant de toute ma taille. Mes lèvres luisaient de son sang. Je l'avais mordue non par faim mais pour sceller un accord où son consentement n'était pas prévu. J'avais obtenu son ruban, non ?

« Reste avec moi, pour toujours. Quitte les tiens, je quitterai les miens. Mieux, tuons-les tous. C'est leur faute si tu es comme ça, je les tuerai si c'est ce qu'il faut. J'ai déjà commencé. » Les corps des autres prétendants n'avaient été que la suite logique du génocide qui avait frappé son entourage. J'avais frappé à plusieurs reprises, dans l'anonymat. S'était-elle doutée que j'étais à l'origine du meurtre de ses proches ? Il était temps de tomber le masque, et apprendre à nous reconnaître sans cette façade factice. « On disparaîtrait ensuite. Je pourrais te transformer pour que la vieillesse ne te touche jamais. On régnerait sur Issë. Tu m'épouserais, cette fois pour de vrai. » Mon pouce relevait son menton vers moi. J'avais avancé sur elle et mes mains étaient autour de son cou, précédent ma bouche. Son pouls frappait follement mes doigts comme pour refléter la folie de mes mots. J'exultais sans savoir que ma faveur allait provoquer ma chute.

Dans mes mains, le ruban en satin céruléen qui avait été noué précédemment à son poignet enlaçait mes doigts. Un air victorieux tranchait mon visage d'un sourire qui en faisait trois fois le tour. « Tu as une faveur à m'accorder, je crois. » Susurrai-je. Elle avait la lèvre fendue de la gifle dont je l'avais gratifiée plus tôt pour l'assommer à moitié le temps de lui prendre ce qu'elle refusait de me donner. Je ne lui avais pas laissé le temps de s'échapper dans un arbre, ni de courir très loin. Je n'avais pas été d'humeur à la course-poursuite. En un autre temps, je l'aurais laissée courir entre les haies taillées d'un labyrinthe pour le simple plaisir de faire naître la peur chez elle. Ça ne m'amusait plus, j'avais un autre objectif et j'avais dépensé trop d'énergie à l'isoler.

Froidement, je relâchai ma dernière victime qui s'effondra sans vie à mes pieds, aux côtés des autres cadavres. Je n'avais pas la patience de m'occuper d'adversaires qui chercheraient à mettre la main sur Èibhlin. Le jeu final pouvait commencer, elle avait pris suffisamment d'avance.

Les filles s'étaient éparpillées comme des moineaux dès le signal de départ. Je jetais un coup d'oeil à notre groupe après avoir promené un regard circulaire sur les lieux. Nous étions environnés de toute part par des arbres aux troncs sertis de mousse et aux branches basses. C'était sur cela qu'elle allait compter pour m'échapper. Je devais l'attraper avant qu'elle atteigne ce refuge familier.

Quand j'arrivais sur les lieux, les mains enfoncées dans les poches de mon pantalon, un souffle de lassitude teintée d'agacement se bloqua à mi-chemin quand j'aperçus le profil d'une Alfar. Entourée d'autres filles, elles s'entraidaient pour nouer des rubans de toutes les couleurs à divers endroits. Le sien servait à dégager son visage des mèches qui tombaient habituellement sur ses tempes. Quand je vis que je n'étais pas le seul à la regarder, je pris une décision.

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Jeu 23 Mar 2023, 18:14

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Fëry



Allongé sur un banc, j'observai le jeu des sphères aux motifs célestes dérivant au plafond au gré d'une brise invisible. J'étais dans ma salle de méditation, pas par choix, mais parce que telle était ma place à cette heure précise. Il me restait encore du temps avant que l'aiguille frappe un nouveau chiffre mais j'avais fait le tour de mes pensées et j'avais des fourmis dans les jambes. Déambuler dans Basphel était aussi terrifiant qu'exaltant. Je croulais parfois sous le poids de l'immensité des possibilités et seule la maigre endurance de ma magie était là pour me harponner de retour dans ma prison pour y reprendre des forces. Je l'exécrais. J'étais l'esclave de cette routine imposée. Je m'étais persuadé que c'était ainsi que cela devait se passer et c'était supportable quand Perséphone était emprisonnée. J'étais moins seul de savoir que ma peine était partagée. Depuis que sa chambre avait été pulvérisée par les déchets de la Lune Noire, notre relation s'était détériorée. Ma présence n'était plus nécessaire, il ne restait que la fragilité de notre amitié pour l'encourager à faire appel à moi. Combien de temps pour que sa tendresse ne s'étiole et que je plonge dans les oubliettes ? Une autre réflexion avait planté son dard dans mon âme. J'étais un rappel de son ancienne vie et je voyais parfois l'éclat de ses iris s'éteindre quand elle m'accueillait.

J'ouvris les yeux en entendant le bruit caractéristique de gouttes d'eau. De larges rides troublaient le miroir en sphères concentriques. Je vis mon visage se déformer, échouant à représenter la surprise qui peignait mes traits. Des gouttes d'écrasèrent ensuite sur mon visage et soudain, je vis un visage s'écraser de l'autre côté du miroir. Sous le choc, je me redressai sur mes coudes. L'air amène, l'inconnu avait de longs cheveux laiteux qui ondulaient dans son dos comme s'il était sous l'eau. Il frotta l'aire en plissant les yeux et je notai les écailles de nacre qui couvraient ses bras. « Salut ! »

Muet de stupeur, je ne répondis rien. Les yeux gros comme des soucoupes, pas un de mes muscles ne tressautait. Il fronça les sourcils et la queue de poisson derrière lui fendit l'air. J'avais entendu parler de cette espèce, il y avait des Ondins à Basphel. Mais je n'étais pas à Basphel. « T'as mangé ta langue ? » Son large sourire exhiba des dents pointues. « Euh... » « Ah ! Ouf ! J'ai eu peur que ce soit déjà trop tard pour toi ! J'ai entendu des histoires affreuses sur des Sylphes qui étaient tellement désorientés qu'ils s'isolaient dans un coin perdu à l'abri de tous et l'éternité finissait par les avaler et ils cessaient tout simplement d'exister. Horrible, non ? Mais je comprends, c'est pas drôle d'être Sylphe. Enfin, moi, je l'ai bien vécu. Et toi ? » « Euh... » Désemparé au delà des mots, j'avais envie de disparaître des yeux de l'adolescent.

La malice creusait des fossettes dans ses joues et il repoussa mon trouble en enchaînant sans s'occuper de mon absence de réponse. « Moi, j'pense qu'on devrait s'entraider. À plusieurs, on est plus forts. Peut-être même qu'un jour, on pourra retrouver Somnium comme c'était avant ! J'ai pas connu mais les vieux Génies avec qui j'ai parlé m'en ont tellement parlé que même moi, je m'en sens nostalgique. Bref, avec les copains, on voulait aller à la foire des Rêves parce que c'est rigolo et que Somnium, c'est juste la déprime avec tous ces bâtiments qui s'effondrent. » Il me jeta un coup d'oeil et le spectacle de mon expression lui arracha un gloussement. « Tu ne comprends rien à ce que je dis, hein ? » Je secouais la tête de droite à gauche, une boule dans la gorge. « Commençons par les présentations, je m'appelle Cocci ! Comme Coccinelle ! Et toi ? » « Persée. » Réussis-je à articuler. « C'est ton vrai nom ? » Instantanément, je me raidis et mes lèvres se scellèrent. Il me sembla que l'abeille jonglant entre mes omoplates brûlait ma peau bien que celle-ci soit à peine plus tangible qu'un cumulus. Il ricana. « Je rigole, je rigole ! Bon tu viens ? On parlera en chemin et je t'expliquerai quelques trucs de base. T'as l'air super paumé. » « Mais je ne peux pas sortir. » Piaulai-je en ramenant mes genoux contre moi. J'avais envie de pleurer, sans savoir pourquoi. « Comment ça, tu peux pas sortir ? » Soit il était idiot, soit j'étais l'idiot. Ne voyait-il pas que j'étais détenu à jamais dans cette Tour ? Est-ce qu'il se moquait de moi, lui qui était libre ?

« Mais gros bêta, il suffit de sortir. Viens, essaie, tu verras. » Méfiant, je me dépliai et me libérai du poids de la gravité pour flotter jusqu'au miroir qui n'en était plus un. Cocci m'encourageait mais je ne me déridai pas pour autant. Avec l'impression d'être le dernier des imbéciles, je tendis un index fébrile vers la surface. Au lieu d'une vitre, c'est un contact liquide et frais qui accueillit ma phalange et bientôt, ma main disparut à travers. Je retins mon souffle, le coeur dans la gorge. « Continue ! » M'exhorta l'Ondin et un instant plus tard, les yeux fermement serrés, je me trouvais de l'autre côté. « Tu vois, c'était facile ! Ça fait longtemps que t'es là ? » Je ne répondis pas, légèrement vexé de la simplicité avec laquelle je venais de quitter ma prison. Je pivotai pour observer la Tour de l'extérieur. Ses briques brillaient d'un rouge comme repeint de frais. « Vite, hâtons-nous ! Tu vas adorer, j'en suis sûr ! Laisse-moi faire et détends-toi. » Un pli de concentration apparut sur son front. Après quelques secondes, des arbres surgirent autour de nous, immenses. En moins de temps qu'il ne m'en fallait pour le penser, le paysage s'était métamorphosé en une forêt à l'aspect peu engageant. Un vent froid soufflait l'humidité des sols dans mes narines.

Je sursautai quand une voix stridente agressa mes tympans. Cocci gloussa. Il paraissait s'amuser comme un fou. « Où est-ce qu'on est ? » Murmurai-je, à ça de succomber de terreur. « Dans un Rêve. » Répondit-il légèrement mais je le soupçonnais de prendre en réalité plaisir à me voir aussi désorienté. De nouvelles imprécations jaillirent et cette fois, j'en repérai l'origine. Une petite brune ailée menaçait un insecte d'un bâton. « Elle n'a pas l'air contente... On devrait peut-être s'éloigner ? » Fis-je d'une voix mal assurée. « Oh ne t'en fais pas, elle ne peut pas nous voir, sauf si on commence à traficoter son Rêve et qu'on décide d'apparaître. Mais attendons de voir ce qu'il se passe déjà. » J'acquiesçai avec ferveur, pas pressé d'être visible. « Ou, attends une seconde, tu vas voir c'est drôle. » Il se concentra à nouveau et un instant plus tard, la branche dans la main de la brune se transformait en fouet lacérant la pauvre bestiole qui lui faisait face. « C'est toi qui a fait ça ? » Soufflai-je, estomaqué. « Et ouais ! Tu veux essayer ? » « Euh... » « T'inquiètes pas. Tu me diras quand tu voudras, c'est pas très compliqué. Il n'y a qu'ici qu'on soit super forts, il faut en profiter. »

Je marquai un silence tandis que la Rêveuse se rendait jusqu'à son foyer. Cocci m'enjoignis de la suivre et nous fûmes à l'intérieur de sa sombre tanière. « Qu'est-ce que tu es ? » Lui demandai-je en profitant qu'elle était occupée. Il haussa un sourcil interrogateur. « Tu n'es pas un Ondin. » Exposai-je prudemment. « En effet. » Confirma Cocci, hilare. « Qu'est-ce que tu es alors ? » « Comme toi ! » « Quoi, comme moi ? Je ne sais même pas ce que je suis ! » Ma voix augmenta d'un octave. Son attitude de je-sais-tout commençait à me porter sur le système. Je ne voulais plus rester dans l'ombre de mon ignorance pendant qu'il se gaussait. « On est des Génies. Je suis le premier que tu rencontres ? Enfin, le premier dans cette vie. » Je songeai à la rousse qui se faisait appeler l'Esprit des Rêves et j'eus un hoquet de stupeur. « Je ne crois pas, non. » Je fourrai mon visage dans mes mains. « Je ne comprends rien. » Gémis-je.

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Merci Jil  [RPPT] - Le Rêve qui enchante, le Rêve qui transcende, le Rêve qui innocente, le Rêve qui ensauvage  - Page 6 009 :
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Kitoe
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Jeu 23 Mar 2023, 18:56

Oriane & Helsinki
Fëry
Au/Ra - Hush


Helsinki cligna des yeux plusieurs fois, comme éblouie par l'aveu de sa nouvelle rencontre. Ce havre de paix n'appartenait à aucune Fae ? Comment cela était-ce seulement possible ? L'endroit avait pourtant tout d'un nid douillet pour s'établir. Elle sourit. Oriane était donc une voyageuse, comme elle. Cela la rendait enthousiaste.

-J'espère que personne ne nous en voudra. Répondit-elle sur un ton taquin, similaire au sien.

Toutefois, elle se préoccupait réellement de la propriété des lieux. La blonde s'en voudrait terriblement de mettre le désordre chez une comparse qui n'avait rien demandé.

Elle fut entrainée par Oriane dans une folle odyssée entre les feuilles et les fleurs. Un long moment, elle regarda leurs mains jointes. Helsinki n'était pas habituée aux contacts physiques, mais elle aimait beaucoup celui-ci. Alors qu'elle avait eu si peur de déranger la rousse un peu plus tôt, elle comprenait qu'il n'en était rien et qu'au contraire, celle-ci l'appréciait déjà. C'était réciproque. Les joues de la Fae avaient rosi au premier contact et son cœur s’était emballé. Elle ne décelait pas tout à fait ce qui était à l'origine de ces sensations. C'était à la fois nouveau et extrêmement naturel, comme si elle venait de déterrer en sentiment oublié depuis des lustres. Comme si Oriane avait déjà fait partie de sa vie et que leurs retrouvailles ravivaient un feu rassurant, si longtemps éteint qu’elle n'y avait pas fait attention.

-Maître Cerisier ? Répéta Helsinki quand sa compagne s’arrêta.

Elle leva le nez à la verticale pour comprendre de qui elle lui parlait.

-Waouh !

L'arbre était en effet aussi majestueux qu'un roi. Il trônait en maître au centre de cette prairie sauvage, lui rendant grâce par ses pétales qui donnaient à l’endroit toute sa poésie.

-C'est donc lui le propriétaire de ce jardin !

Impressionnée, la blonde s'inclina profondément face au végétal.

-Bonjour Maître Cerisier, merci de nous accueillir !

Elle écouta frémir à ses salutations et sourit, satisfaite de la douce réponse. Helsinki fit vrombir ses ailes et rattrapa sa camarade.

-Non, je n'en ai pas. Je ne sais pas vraiment d'où je viens. Ses souvenirs étaient flous. D'aussi loin qu'elle se souvenait, elle avait toujours voyagé. Je ne veille sur aucun Élu non-plus.

Elle fit un tour dans les airs, tourna autour de la rousse. La vue était belle d'ici, imprenable.

-C'est peut-être un peu égoïste. Mais je ne sais pas vraiment ce que je veux faire. Dit-elle en faisant une moue songeuse. Je crois que j'aime juste voyager.

Les mains dans le dos, elle revînt près d'Oriane tandis que celle-ci lui montrait le ciel. Helsinki ouvrit grand ses yeux. Elle non-plus n’avait pas vu le temps passer. Elle admira le ciel déclinant tout en écoutant Oriane. Ce qu’elle disait était très beau.

-Waah !

Elle approcha son nez de sa paume. Avant de prendre l’étoile entre ses mains, elle demanda l'autorisation d'un regard, puis la colla devant ses yeux avec l'émerveillement d'un enfant. Elle la contempla tellement longtemps que lorsqu'elle releva les yeux, Oriane avait disparu. Heureusement, elle n'eut pas besoin de céder à l'inquiétude : dans les airs se dessinait un chemin scintillant laissé par la concernée. Helsinki déploya ses ailes et la rattrapa. Elle découvrit alors un nouveau paysage. La nuit tombait définitivement et l'unique point de lumière émanait de la Fae en contrebas.

-C'est sublime. Dit-elle en atterrissant à ses côtés. Je pourrais rester ici des jours.

La main d'Oriane glissa dans la sienne. Une vague de chaleur envahit tout son corps et cela la fit rougir davantage que précédemment. En se tournant vers elle, Helsinki joignit leurs autres mains.

-C'était une très belle journée. J'aimerais que cette nuit soit similaire.

Des papillons s'affolaient dans son ventre. Sa tête bascula en arrière et elle se perdit dans le plafond, qui s'était vêtu de ses dernières étoiles.

-Essayons de les atteindre. Proposa la blonde.

Sans la lâcher, Helsinki entraina Oriane dans l’ascension. Ensemble, les deux Faes formèrent une lente vrille s'élevant toujours plus en direction de la voûte céleste. Une trainée de poussière les suivait, des paillettes dorées et argentées, parfois rosées ou bleutées. Helsinki ne quittait plus sa partenaire des yeux. Elle ressentait pour elle une profonde affection. Elle souhaitait que ce moment magique ne se terminât jamais.

-Oriane... Est-ce que... est-ce que je peux te prendre dans mes bras ?

Elle voulait la sentir contre elle et ne plus jamais la quitter.

732 mots



Bijin
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Jeu 23 Mar 2023, 22:08



Le jeu du mariage


Dastan & Erasme



Je me sentis glisser petit à petit. Les mots sur le livre que je devais recopier me paraissaient de plus en plus flous. « Ne vous endormez pas. » me reprit Val’Aimé. Mon dos était en sang. Je tremblais et, surtout, j’étais nu. Mon regard remonta vers lui. J’allais le tuer. J’allais le tuer tellement fort qu’il exploserait. Ma magie, pourtant, venait soutenir la sienne, l’embrasser. Il y avait quelque chose entre lui et moi que je n’expliquais pas. Au-delà de la souffrance qu’il me faisait endurer, je sentais un écho de mon être résonner en lui. Pourquoi ? « Recopiez. » ordonna-t-il. Ma Lux in Tenebris le menaça. La sienne s’y allia et l’engloba, comme une vieille amie. Je soupirai. Le livre était sans aucun doute interdit. Il s’agissait d’un ouvrage érotique entre deux hommes. La raison qui poussait le Chef des Armées à me le faire lire et écrire se passait de commentaire. Mon pénis était entouré d’un dispositif en fer sur lequel étaient fixées plusieurs aiguilles dirigées vers l’intérieur. La moindre réaction physiologique illustrant un quelconque plaisir finissait dans la souffrance. Je ne pouvais pas bouger, je ne pouvais pas m’en défaire. J’avais déjà essayé. La magie de Val’Aimé était plus puissante que la mienne. « Duc Taiji… je suis épuisé. » lâchai-je. Il y avait quelque chose entre nous, une chose qui restait latente et que je n’avais jamais remarquée avant. Je me redressai légèrement sur ma chaise et posai mon crayon. Je joignis mes mains et plantai mes yeux dans les siens. Il m’avait toujours inspiré la peur mais plus cette peur se consommait et plus j’avais envie de me rebeller et de le détruire. Peut-être que Cyrius avait raison depuis le début : personne ne tenait face à un agacement perpétuel. Lorsque je pensais au pipeau qu’il m’avait confié et duquel je m’étais servi enfant pour faire sortir de leurs gonds les domestiques, j’imaginais une sorte de pipeau d’un autre genre, spécial pour le Bras Droit de l’Empereur Noir. Il pouvait me fouetter, me frapper, m’obliger à rester debout des heures durant, me forcer à regarder des contenus érotiques en punissant chaque réaction de mon anatomie, il pouvait me faire pleurer et crier, j’étais à peu près certain qu’il ne pourrait pas m’empêcher de lui taper sur les nerfs si je commençais à le faire. La question était : comment ? Comment faire, tout en évitant de finir le crâne fracassé contre un mur ? « Pourquoi est-ce que vous faites ça ? Mon père le sait ? » « Votre père m’a confié votre éducation. » dit-il, d’une voix ferme, comme s’il était évident qu’il disposait d’un pouvoir irréfragable. « Quant au reste, ça s’appelle du conditionnement. » Me conditionner à ne plus désirer les hommes. Cette pensée me fit baisser les yeux. Quelques secondes plus tard, mes lèvres s’étirèrent. Je ris, fébrile. « Vous croyez que ça me fait plaisir d’être comme ça ? » « Vous n’êtes pas comme ça. Vous avez été corrompu. » Je ris encore. « C’est ça. » soupirai-je. « Je ne vous connais pas beaucoup mais ce que je sais, c’est que vous savez très bien que je suis comme ça. Autant m’émasculer directement parce que je ne vais pas changer. » Je relevai les yeux vers lui, mon instinct de survie ayant décidé de partir loin. « J’aime les hommes. » articulai-je distinctement, un air de défi un peu fou sur le visage. Il n’apprécia pas et les minutes qui suivirent furent les pires de ma vie, si bien que mon esprit se réfugia dans l’inconscience.


____

Les vêtements que je portais étaient frais. L’impression de propreté était étrangement prégnante. Ma peau était lisse, sans la moindre plaie, sans le moindre hématome, sans la moindre éraflure. La pensée me percuta puis s’évanouit sur la silhouette du rouquin. Un frisson désagréable se cacha dans le désir que sa silhouette fit germer en moi. À côté de lui, il y avait des garçons sans importance. Ils me semblèrent rapidement flous. Il aspirait tout. Il était étincelant, comme un soleil inévitable. J’allais brûler en toute connaissance de cause. Je déglutis. Je ne serais pas le seul à lui courir après. Sur ma ligne, nous étions plusieurs. La silhouette de Val’Aimé prenait place et il ne faisait aucun doute qu’il désirait, lui-aussi, saisir son ruban. Il faudrait pourtant que ce fût moi. Je le rattraperais et lui avouerais mon amour. À genoux devant lui, je ferais disparaître le moindre doute de son esprit.

754 mots

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Dürdane Bēkara
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Dürdane Bēkara
Sam 25 Mar 2023, 19:27


Fëry : Le Rêve qui Enchante
Dürdane et Erkan




La petite Dürdane se prélassait tranquillement sur l'herbe verte d'une plaine fleurie. La rosée traversait ses vêtements légers mais cela ne dérangeait pas la Fae. Elle se sentait bien et apaisée et profitait de la quiétude du moment en contemplant les nuages blancs passer dans le ciel d'un bleu éclatant tout en mâchonnant un brin de blé.
– Oh ! Regarde, une tortue ! s’enthousiasma la jeune fille en pointant la forme nuageuse du doigt.
– Et là, c'est un lapin ! lui répondit Pivoine, sa compagne de détente sur qui Dürdane était allongée.
Pivoine était un joli petit veau rose et blanc au pelage duveteux dans lequel Dürdane aimait se pelotonner le soir venu.
La jeune fille se mit à ce moment-là à rire gaiement en imaginant le lapin et la tortue faire la course sur la voûte céleste mais elle ne sut jamais qui aurait gagné car les deux bêtes moutonneuses se délitèrent face aux assauts d'un vent impétueux qui se répercuta dans la plaine, faisant ainsi onduler les brins d'herbes qui titillèrent les pieds nus de la petite Fae et voleter ses boucles rousses. Lorsque la bourrasque s'estompa, les deux amies retrouvèrent un silence complice de rêverie.
Des oiseaux passèrent alors dans le champ de vision de la jeune fille qui murmura distraitement :
– J'aimerai tellement voler, moi aussi...
– Mais Dürdane, s'exclama Pivoine, toi aussi tu peux voler, tu as des ailes !
La nouvelle paru abasourdir la jeune fille qui se releva subitement sur ses pieds et tournoya plusieurs fois sur elle même dans l'optique de voir son dos. Cependant, l’exercice ne fut pas concluant car elle s’emmêla les pieds et retomba sur les fesses. Sa comparse rit de bon cœur en voyant la mine déconfite de l'adolescente mais consentit finalement à l'aider.
– Là, tu vois ? demanda Pivoine en attrapant délicatement la fine membrane d'une des ailes de Dürdane dans sa bouche avant de l’étendre jusqu'à la main de cette dernière.
La jeune fille l'attrapa délicatement et se perdit pendant un instant dans le touché soyeux que cela provoquait.
– J'ai... des ailes... souffla Dürdane qui avait encore du mal à se remettre de cette révélation.
La petite vache motiva son amie à les tester en la poussant du bout du mufle.
– Ah ! Arrête Pivoine, tu me chatouilles ! s’écria la jeune fille joyeusement en se tordant dans tous les sens pour se soustraire à la langue râpeuse que son amie à quatre pattes venait de faire apparaître. C'est bon, c'est bon ! Regarde, je vais les utiliser !
Satisfaite, Pivoine se recula et laissa Dürdane se remettre debout. Cette dernière contracta alors tous ses muscles, ne sachant pas encore très bien comment faire fonctionner ses appendices dorsaux, jusqu'au point de devenir toute rouge. Mais la jeune fille n'abandonna pas et ses petites ailes aux couleurs chatoyantes se mirent enfin à vibrer, entraînant Dürdane à quelque pas du sol.
– Je vole ! Je... ah bah non, je ne vole plus ! remarqua l'adolescente en touchant de nouveau l'herbe avec ses pieds.
Étrangement, cet échec ne la frustra pas et elle n'eut pas à se faire prier pour retenter l’expérience. Ce deuxième essai l’amena plus haut et plus loin mais elle une fois de plus elle retomba au sol en trébuchant. De nombreuses tentatives suivirent ensuite, mais invariablement la petite Fae voletait sur quelques mètres puis finissait par retrouver le plancher des vaches avec plus ou moins d’équilibre.
Dürdane s’étala même une fois de tout son long dans une motte de terre humide qui barbouilla l'ensemble de son corps et de sa tenue.
Voyant que son amie ne bougeait plus après sa chute, Pivoine se précipita avec inquiétude vers la jeune fille, mais cette dernière en profita pour l'attaquer sournoisement avec une boule de terre. La petite vache colorée trouva cela parfaitement inadmissible et le fit savoir en mâchouillant les cheveux de la Fae. Les deux compagnes rirent de cette plaisanterie et s’écroulèrent au sol. Dürdane, fatiguée par son hilarité et ses diverses tentatives de vol, s'endormit comme une bienheureuse contre son amie bovine.


– Au secours ! Que quelqu'un m'aide, s'il-vous-plaît ! furent les paroles qui réveillèrent Dürdane de sa sieste bienfaitrice.
Tous ses sens se mirent en alerte mais elle n’aperçut rien venant troubler la quiétude de sa plaine fleurie.
– Tu as entendu ça ? demanda-t-elle alors à Pivoine en la secouant sans ménagement pour la tirer du sommeil elle aussi.
Celle-ci meugla son mécontentement de se faire réveiller aussi brusquement avant de répondre à la jeune Fae par la négative, puis elle posa sa tête de l'autre côté de ses pattes pour de nouveau refermer les yeux sans plus se soucier de son amie. La sieste était une activité sacrée.
– Aidez-moi ! Un méchant poisson me retient prisonnière !
L'appel à l'aide retentit de nouveau dans les oreilles de Dürdane qui n’hésita plus une seule seconde. Elle se mit debout et fit battre ses ailes avec fougue. Il était de son devoir de faire quelque chose, elle le ressentait intensément au fond de son cœur.
– Oh, c'est magnifique ! prit tout de même le temps de noter la jeune fille qui s’élevait bien haut dans le ciel pour la première fois.
La plaine en dessous d'elle ressemblait à présent à une flaque verte parsemée de milliers de tâches de couleurs et Dürdane, avec allégresse, adressa de grands signes de la main à son amie Pivoine qu'elle distinguait à peine. Toutes les fibres de son être lui disaient qu'elle avait fait le bon choix en se dirigeant vers la voix inconnue.


Le paysage ondoya tout autour de la Fae et en un battement de cils elle était ailleurs sans qu'elle ai eu l'impression de bouger.
Battement de cils. Une montage enneigée.
Battement de cil. Un lac aux eaux bleu turquoise.
Battement de cil. Une forêt profonde.
Battement de cil. Et ainsi de suite jusqu'à ce que Dürdane, tout en faisant du sur place, arrive devant un gigantesque poisson volant qui portait sous lui une cage en bois dans un ciel nocturne.
– Je suis là ! s’époumona la prisonnière lorsque Dürdane approcha.
Il s’agissait d'une jolie et jeune Fae qui ne laissa pas l'adolescente indifférente.
– Je viens t'aider ! s'exclama Dürdane en remarquant l’accélération de son rythme cardiaque et les drôles de picotements dans son ventre. Un vague sentiment de familiarité l’étreignit également mais elle n'y prêta pas attention. Sa priorité était d'aider sa consœur.
Le poisson geôlier ne sembla même pas avoir remarquer sa présence, il continuait à se mouvoir avec nonchalance, emportant sa prison derrière lui. Dürdane se précipita alors vers la porte et essaya de l'ouvrir de toutes ses forces, malheureusement, elle ne réussit qu'à à faire tanguer la cellule, ce qui la déséquilibra et la projeta dans le vide. L'adolescente se rétablit en ouvrant grand les ailes puis elle fit un looping pour se replacer face à la Fae captive. Dürdane tenta alors de s'en prendre aux barreaux en voletant de l'un à l'autre. Elle les tirait et les poussait sans ménagement – au point que même de la poussière tomba de ses ailes à cause de l'effort – mais aucun n'accepta de bouger ne serait-ce que d'un pouce.
Dürdane souhaitait tellement venir en aide à cette Fae qui avait ravit son cœur en un instant sans qu'elle ne s'en rende seulement compte. Une fois libérée, peut-être que sa camarade inconnue accepterait de la rejoindre dans sa plaine fleurie ; et alors elles pourraient s'allonger toutes les deux dans l'herbe humide et profiter du spectacle des oiseaux s’égaillant dans le ciel.
Devant son échec précédent, la jeune fille décida alors de changer de stratégie. Elle s’éleva bien haut, presque au point de toucher le ventre poisseux du poisson pachydermique, puis elle replia ses ailes afin de fondre en piqué sur la cage, les pieds en avant. Juste avant l'impact, la porte de la cage s'ouvrit d'elle même, délivrant ainsi la jeune Fae qui sortit en déployant ses fines ailes membraneuses. Dürdane eut tout juste le temps de modifier sa trajectoire par une pirouette acrobatique pour ne pas lui rentrer dedans.

Message unique – 1360 mots

Vœu :
- Que l'autre Fae soit libre
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Dürdane Bēkara
~ Eversha ~ Niveau I ~

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◈ YinYanisé(e) le : 09/01/2022
◈ Activité : Boulangère [Rang I]
Dürdane Bēkara
Sam 25 Mar 2023, 19:50


Erkan Jāmanī
[Humain] – Niveau I
Fiche de personnage

Spécialités :
● Agilité : 5
● Force : 12
● Charisme : 9
● Intelligence : 9
● Anti-Magie : 7

Physique :
● Âge apparent : 15 ans
● Taille : 1m68

Particularité :
● Une courte tresse sur le côté droit du visage, un anneau dans l'oreille gauche

Métier :
● X

Fëry : Le Rêve qui Enchante
Erkan et Dürdane



Image 21

– Des petits poissons, petits poissons, petits poissons ! chantonnait Erkan, jeune Fae aux ailes frémissantes, tandis qu'elle se promenait sur les berges d'une rivière calme.
Une légère brise faisait ployer les roseaux qui semblaient ainsi saluer le passage de l'adolescente ce qui la fit rire. Elle leur répondit en agitant elle aussi la main dans leur direction :
– Bonjour, amis de l'eau ! Bonjour, amis des poissons !
Puis elle reprit sa comptine en sautillant. L'air embaumait cette bonne odeur d'herbe mouillée après la pluie, l'eau translucide s’écoulait tranquillement en clapotant. Dans le ciel, les gros nuages gris chargés de pluie laissaient peu à peu la place à des cotonneux nuages blancs. Erkan se sentait bien, détendue et guillerette. Tout lui paraissait beau et digne d’être chanté et cela la faisait virevolter d'un arbre à un roseau, d'une fleur à une grenouille, d'un caillou à une plume. Ses belles ailes membraneuses aux couleurs iridescentes vibraient de bonheur et les pieds d'Erkan touchaient à peine le sol. Elle saluait tout et tout le monde d'une voix mélodieuse mais son admiration revenait sans cesse sur la multitude de poissons qui peuplaient la rivière.
– Des petits poissons, des petits poissons-sons-sons-sons ! fredonna une fois de plus l'adolescente en contemplant un banc de fretin aux mille et unes couleurs qui s’amusait à sauter hors de l'eau.
Erkan, toute à sa joie, se précipita à leur suite sans réfléchir en battant gaiement des bras. La jeune Fae riait et batifolait dans cette eau glaciale en provenance de la fonte des neiges des montagnes environnantes comme si le froid ne l'atteignait pas.
Son état d'insouciance dura jusqu'à ce qu'elle aperçoive un arbre déraciné, agonisant sur le bord de la rivière. Lorsqu'elle s'en approcha, elle constata avec horreur qu'il bloquait le passage à une dizaine de petits Perche-Soleil, retenus ainsi prisonniers dans une flaque d'eau qui allait bientôt s’évaporer.
– Tenez bon, les petits poissons ! s'exclama Erkan en sortant précipitamment de la rivière à la recherche d'un contenant susceptible de l'aider dans son sauvetage, car elle savait qu'attraper des poissons à la main ne serait pas une mince affaire et qu'ils risquaient de se blesser les uns, les autres.
– Ça non, ça non plus... Hum, et ça peut-être ? marmonna Erkan en passant en revue toutes les options qu'elle avait à sa disposition pour attraper sans meurtrir, mais aucune ne la satisfit.
Tandis que la jeune Fae commençait à désespérer de trouver un moyen efficace de sauver ses amis fluviaux elle constata qu'un seau en bois était accroché à une branche basse d'un arbre, non loin d'elle. Elle sauta de joie en s'en emparant et alla ainsi porter secours aux Perche-Soleil sans plus tarder.
– Des petits poissons, des petits poissons, tous sauvés ! chantonna Erkan pendant la manœuvre.
Le dernier des rescapés fit un bond majestueux hors de l'eau et éclaboussa la Fae avant de rejoindre son banc. Erkan comprit qu'il venait ainsi de lui dire merci et elle rit, heureuse d'avoir accompli cette bonne action.


– Des petits poissons, petits poissons, petits poissons ! chantonnait Erkan tout en barbotant dans de l'eau salée.
La petite Fae était perdue au milieu de l’océan et tout autour d'elle s’égaillait des centaines de poissons aux couleurs chatoyantes ; s'approchant et s’éloignant dès qu'elle bougeait. Ils créaient ainsi sans s'en rendre compte un spectacle à couper le souffle qui ravit les prunelles d'Erkan. Elle tapota alors joyeusement l'eau et certains de ces poissons colorés – les moins farouches du banc – sautèrent en tout sens, la couvrant de gouttelette, tandis que d'autres sortirent à peine la tête de l'eau pour l'asperger.
Erkan se débattit en riant puis elle avisa non loin d'elle une petite île rocheuse. Une pente faible et sableuse permettait d’accéder au dessus d'une falaise qui tombait à pic dans l’océan. Une nouvelle idée de jeu germa dans l'esprit de la petite Fae qui s'y dirigea avec vigueur. Arrivée tout en haut, Erkan avait une vue imprenable sur l'infini bleuté qui l'entourait et sur le banc de poissons qui l'avait suivi. Elle fit vrombir ses ailes afin de les sécher et lorsqu'elle se sentit prête elle plongea tête et bras en avant, accélérant sa chute grâce à ses appendices dorsaux. C'est donc à une vitesse folle que la jeune Fae pénétra dans l’océan au milieu de l'anneau cible qu'avaient créé ses amis aquatiques et après plusieurs cabrioles et roulades dans l'eau, Erkan ressortit la tête et tourna sur elle même en crachant elle aussi un long jet d'eau telle une fontaine, puis l'hilarité la gagna.


– Des petits poissons... petits poissons... petits poissons... ânonna Erkan en contemplant avec horreur l'assiette blanche posée devant elle.
La jeune Fae était attablée, couverts en main, devant un poisson grillé. Les traces de la plaque de cuisson marbraient son corps écailleux et ses yeux vitreux la fixait sans la voir. Un violent haut-le-cœur fit se tordre Erkan en deux qui en lâcha sa fourchette et son couteau ; le bruit de leur chute fut amorti par l’épaisse nappe blanche qui recouvrait la table. Erkan voulu ensuite se rincer la bouche pour effacer ce goût de bile qui l'avait envahi mais au moment ou elle posa les lèvres sur le verre, un poisson mort s'y cogna, le ventre gonflé saillant hors de l'eau. Un cri d'effroi submergea Erkan tandis que le verre en cristal s’écrasait au sol dans un fracas assourdissant. La petite Fae, bouleversée et sanglotante, se prit les pieds dans la nappe en essayant de quitter la table précipitamment et elle s’étala de tout son long dans le verre brisé. Des larmes de douleur et de terreur roulaient sur ses joues pendant qu'elle tentait de ramper le plus loin possible de cette scène atroce. C'est alors qu'Erkan assista impuissante à une nouvelle abomination : des centaines de petits poissons aux couleurs passées tombaient du plafond et agonisait en sautillant sur le marbre, privés d’oxygène.
– Petits poisson... Petits poissons... geignit Erkan lamentablement et se prenant la tête entre les mains et en s'enveloppant de ses ailes membraneuses pour ne plus rien voir de ce spectacle macabre.


– Un gros poisson, un gros poisson, un gros poisson ! s'exclama Erkan à présent transportée dans un magnifique ciel nocturne parsemé d'étoiles brillantes.
La première chose que la jeune Fae avait admirée de ce nouvel environnement était la gigantesque et étincelante carpe volante au dessus d'elle. Ses écailles semblaient accrocher la lumière et la renvoyer magnifiée dans toutes les directions possibles, et Erkan, le souffle coupé, était alors tombée sur son séant avant de pousser sa clameur. C'est ensuite, seulement, qu'elle s’aperçut que tout autour d'elle se dressait des barreaux en bois durs qui la retenaient captive dans une prison transportée avec indolence par la carpe.
– Monsieur le gros poisson, pouvez-vous me libérer, s'il-vous-plaît ? tenta Erkan comme première approche.
Néanmoins, la carpe volante eut l'air de faire la sourde oreille et elle continua sa route comme si de rien n’était. les tentatives suivantes de la petite Fae ne connurent pas plus de succès et c'est, abattue, qu'Erkan tenta le tout pour le tout dans un ultime appel :
– Au secours ! Que quelqu'un m'aide, s'il-vous-plaît !
Si seulement quelqu'un pouvait l'entendre – même de très loin – et lui porter secours, pensa-t-elle avec espoir.
Peu de temps après, Erkan découvrit que son appel à l'aide avait été entendu car une toute petite Fae aux cheveux presque roux s’était approchée de la cage et tentait alors de déloger les barreaux pour la libérer. Erkan éprouva un sentiment de déjà-vu en la regardant faire mais elle constata aussi que cette éclatante Fae rayonnait d'un certain charme à tenter ainsi l'impossible pour elle, elle en était béate d'admiration. Erkan fut néanmoins soudainement tirée de sa rêverie lorsque la porte de sa geôle s'ouvrit toute seule comme par magie. La jeune Fae en sortit en voletant tandis que la Fae inconnue lancée dans un piqué impressionnant l’évita de justesse par une pirouette aérienne. C'est à ce moment précis qu'Erkan en tomba amoureuse ; elle déploya alors entièrement ses ailes et fit elle aussi un looping suivit d'une vrille puis d'une cabriole lorsqu'elle toucha terre. La bonne humeur d'Erkan était revenue grâce à cette merveilleuse petite Fae, elle se précipita alors de nouveau dans le ciel pour la rejoindre et tout en virevoltant autour d'elle, elle lui tendit les mains pour l'inviter dans sa danse. L'inconnue n’hésita qu'un instant avant de les saisir et ce contact doux et ferme à la fois enflamma Erkan. C'est alors qu'une multitude de petits poissons volants aux milles couleurs apparut auprès des deux Faes réunies et les enveloppèrent de leurs éclats, les cachant ainsi à la vue de tous.
Message unique – 1455 mots

Vœux :
- Trouver un contenant
- Que sa voix porte très, très loin

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Kaahl Paiberym
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Sam 25 Mar 2023, 22:24



Le Rêve qui Innocente


Laëth et Kaahl à l'adolescence


Rps liés : Les liens qui libèrent et Geminae - Le Rêve qui Tue avec Jun

Lorsque je me regardais dans la glace parfois, je trouvais mon visage étrange, comme si les traits de ce dernier étaient faux. Cette fois-ci ne dérogea pas à la règle. Je m’avançai et me contemplai quelques secondes. Mes doigts touchèrent mon nez. Il me paraissait trop large. Quant à mes yeux, il m’arrivait souvent de les imaginer plus bruns et plus étirés. Mes cheveux suivaient le même processus. Je les aurais vus bien plus foncés. Quant à ma peau, elle me paraissait pas assez… je n’en savais trop rien. Il m'arrivait de l'imaginer comme celle des Orines. « Qu’est-ce que tu fais Paiberym ? » Je me détournai de mon reflet et souris à mon colocataire. Des triplés, j’étais le plus avenant et affable. J’étais celui que les élèves de l’Obsidienne dénigraient ouvertement et celui aussi que les autres plaignaient d’avoir des frères si dérangés et maléfiques. J’étais considéré comme bénéfique et faisais de gros efforts pour que l’illusion persistât. J’avais vite compris qu’être agréable ouvrait de nombreuses portes et que beaucoup étaient sensibles à la gentillesse et aux compliments qui paraissaient sincères. Là où Kaalh faisait preuve d’apathie teintée de mépris et où Khaal s’amusait à harceler les autres violemment, je m’attirais la sympathie des foules et obtenais de nombreux avantages. « Je réfléchis au mariage. » mentis-je. Les élèves de l’AAAP m’avaient tenu la jambe toute la journée pour me convaincre de devenir membre de leur association. J’avais refusé poliment à de nombreuses reprises, tout en leur assurant que je participerais à leurs prochains événements et en les rassurant sur ma vision du mariage. À ce titre, j’avais déjà quelques idées. « T’es plutôt Sorcière ou Magicienne ? » Je souris, en le regardant se déshabiller d’un air distrait. Je ne l’étais pas du tout. « Magiciennes je pense. Leur éducation en fait des personnes à part entière, et pas des extensions de leur mari, soumises à lui. » « Tu es tellement sérieux. Les Magiciennes sont surtout plus coquettes et plus faciles, malgré ce qu’on dit. » Je haussai les épaules. Plusieurs filles m’avaient déjà approché dans l’espoir de pouvoir entrer dans notre chambre. Ce n’était pas pour moi mais pour lui. Il était capitaine de l’équipe de Puffball de l’Acier et, contrairement à moi, semblait déjà être un homme. Constantine me dépassait également d’une bonne demi-tête. Ma croissance tardait. « Oh tiens, Christian m’a parlé de toi aujourd’hui. » Je me raidis. « Ah oui ? » fis-je, en tentant de garder contenance. Christian était le capitaine de l’équipe de Puffball de l’Étain. Si mon regard s’attardait parfois sur le corps de mon colocataire, c’était parce que j’enviais ses muscles. Avec Christian, c’était différent. « Ouais. Il m’a dit qu’il avait rencontré le triplé Paiberym avec un h entre le a et le l. Il est drôle. » « Ouais… On s’est vus vite fait y a quelques jours, c’est vrai. » avouai-je, avant de me glisser dans mon lit en tentant d’oublier mon attirance pour le garçon en question. « Je suis crevé. » « C’est à force de réfléchir ça. » plaisanta-t-il. « Surtout à force de t’entendre ronfler la nuit. » renchéris-je.

____

En face de moi, il y avait une quinzaine de filles. Certaines étaient des Anges, d’autres des Magiciennes. À en croire par les tenues vestimentaires d’une poignée d’entre elles, des Sorcières venaient magnifier le tableau, accompagnées par deux ou trois filles à l’origine inconnue. Autour de moi, il n’y avait que des hommes. Je connaissais ce jeu. Pourtant, je n’avais jamais éprouvé le moindre plaisir à le pratiquer. Les femmes ne m’attiraient pas. Je le cachais. Dans mon monde idéal, j’aurais pu courir après d’autres garçons. Mon regard parcourut donc les silhouettes des participantes avec un intérêt feint. Aucune d’elle ne m’intéressait. Aucune jusqu’à… J’arrêtai mon tour d’horizon sur une fille aux cheveux bruns. À peine avais-je croisé son regard que mon cœur avait bondi dans ma poitrine. J’écarquillai les yeux, étonné. Quelque chose d’étrange se déroulait : un réel désir. Un réel désir pour le sexe féminin. Je finis par baisser les yeux. La fixer comme je venais de le faire était inconvenant. Secrètement, pourtant, j’eus envie de la regarder de nouveau. « Mesdemoiselles, êtes-vous prêtes ? » demanda une voix. Je profitai du fait que son attention fût détournée pour l’admirer encore, discrètement cette fois. Mes mâchoires se serrèrent et la curiosité pulsa. Pourquoi produisait-elle chez moi un tel effet ? Je sus que ce serait elle. J’allais attraper son ruban et ne laisserais aucun autre que moi le faire, quitte à les mettre tous hors d’état de nuire. Si je n’étais pas très fort physiquement, j’avais pour moi l’avantage d’être malin et fourbe. Derrière mon sourire se cachaient les canines aiguisées du mal.

Quand le deuxième signal fut lancé, je me mis à courir, empruntant la direction qu’elle avait prise. À côté de moi, un Ange blond sembla vouloir suivre le même chemin. J’espérai que sa trajectoire changerait. C’était la première fois que je voyais Adriel de ma vie. Ce ne serait pas la dernière.

807 mots

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Dim 26 Mar 2023, 01:05



Le Rêve qui Innocente


Eiko et Lucius



Rp lié : Le Jeu du Mariage, première partie d'Eiko

J’attrapai la balle à la volée avant de la lancer sur le premier garçon de l’équipe adverse proche de moi. Le fait que ma cible fût touchée m’arracha un sourire. Il allait être enfermé « en prison » avec la balle. Il allait avoir une chance de se libérer. J’avais longtemps songé que c’était une belle valeur, celle qui disait que chacun pouvait avoir une seconde chance. En grandissant, j’avais trouvé ma pensée très peu pertinente. Le fait du trouver du bon en chaque chose n’était, d’ailleurs, pas non plus pertinent. Le mal existait et croire qu’il fallait donner une seconde chance à n’importe qui était une idéologie dangereuse. La balle vengeresse passa à quelques centimètres de ma peau. Je ris, amusé par la tentative. « Tu sais bien que je suis agile comme une anguille et que tu n’as aucune chance. » charriai-je l’intéressé. Celui-ci haussa les épaules et me renvoya une balle faite de mots. « C’est pas grave. Je vais pouvoir regarder Eiko tranquillement tout en purgeant ma peine. » Elle me toucha de plein fouet. « Tss. » répondis-je, soudainement moins amusé. « C’est ça aussi, à force de papillonner à droite et à gauche sans te décider. Tu crois qu’elle va t’attendre longtemps ? » Je soufflai par le nez. « Mêle-toi de tes affaires. » lui renvoyai-je, après m’être extirpé sur la droite pour échapper de nouveau à la balle. Les autres joueurs voyaient bien que j’étais occupé à discuter. Cette nouvelle occupation me rendait, selon eux, bien plus vulnérable. Ils avaient raison, même si je conservais des réflexes. Je soupirai. Le problème avec elle c’était… Je savais que mes sentiments existaient mais elle était très probablement vouée à un autre, quelqu’un qui deviendrait plus important que moi à ses yeux. Je le savais. Je le sentais. Je n’avais pas envie de souffrir ce genre de relation. J’aurais préféré qu’elle acceptât de n’aimer que moi, comme je n’aurais aimé qu’elle. Je préférais ne pas m’engager sur une voie remplie d’obstacles. Pourtant, lorsque j’entendis glousser, je tournai les yeux vers le groupe de filles. L’une d’elle me regardait avec trop d’insistance pour que ce ne fût qu’un hasard. Elles parlaient de moi. Pourquoi ? Mes yeux émeraudes croisèrent ceux d’Eiko brièvement. Je les fuis tout aussi vite.

Lorsqu’il fut question de changer de jeu, je fis mine de trainer des pieds. J’observais la brune de loin le plus souvent. Parfois, elle me collait. Je la laissais faire mais me retenais toujours. Ce que je ressentais lorsqu’elle était avec moi avait le goût de la torture. Je tentais de me convaincre que je n’étais pas celui qu’il lui fallait mais je savais, au fond, que le seul que je protégeais vraiment n’était nul autre que moi. Les lèvres de la jeune femme s’entrouvrirent. Mon nom se faufila entre celles-ci. Ma gorge s’assécha. « Cours Lucius ! » m’aboya dessus l’un de mes camarades, comme s’il me trouvait pire que con. J’avais oublié ce qu’il fallait faire momentanément. Heureusement, le ballon avait été lancé haut. Je pris mes jambes à mon cou, des milliers de questions venant harceler mes pensées. Pourtant, si je devais être franc, j’étais heureux. J’étais heureux et pas tellement surpris de son choix. Il y avait quelque chose entre elle et moi depuis longtemps. Depuis notre enfance. Cette chose avait grandi tranquillement, jusqu’à prendre une place importante dans mes songes. Lorsqu’il m’arrivait parfois d’être mélancolique, penser à elle me redonnait le sourire. Ses lèvres semblaient avoir le goût exquis des fraises et des cerises qu’elle mangeait encore avec délice. Il y avait juste cet autre entre nous, celui qui ternissait d’ombre d’un tableau qui aurait pu être idyllique. Je la voulais pour moi, égoïstement. Et comme je n’étais pas égoïste, je ne faisais rien pour obtenir ce que je désirais vraiment. Courir était donc ma seule option, courir plus vite qu’elle, pour que jamais elle ne me rattrapât, pour briser son cœur et qu’on ne la reprît pas à penser encore à moi.

Néanmoins, après quelques longues minutes de course, je m’octroyai un regard en arrière. Elle courait toujours, empêtrée dans ses jupons. Le souvenir fugace de sa silhouette enfantine me fit ralentir la cadence. Elle ressemblait à la petite fille qu’elle avait été, celle qui aurait pu me demander n’importe quoi. Je me serais battu pour elle. Depuis, j’avais tenté de l’oublier avec d’autres. Ce n’était pas pareil mais je savais que je pouvais mettre tout ça de côté. Nous étions encore jeunes et, si j’en croyais les mots des adultes, les premières amours finissaient par être oubliées au profit d’autres plus sérieuses. « Les boutons d’or. » répondis-je à sa question, sans pour autant y réfléchir sérieusement. Je n’en savais rien. J’aimais les fleurs des champs, les coquelicots surtout. Ils étaient pourtant fragiles. Comme elle, ne pus-je m’empêcher de penser. Son apparence faisait fragile. Elle ne l’était sans doute pas, mais l’idée qu’elle pût l’être un peu et que je pusse lui être utile était charmante. J’avais envie qu’elle pût s’appuyer sur moi dans les moments difficiles, qu’elle me fît confiance et partageât avec moi ses joies comme ses peines, ses victoires comme ses défaites. « Cours plus vite ! » lui envoyai-je quand elle me demanda de l’attendre. En réalité, j’aurais pu la semer. Je ne le désirais plus. « T’es naine c’est vrai. » Naine et magnifique. Je pensai à elle sur l’un de mes dragons.

La transition n’eut pas lieu. Ce fut abrupt et doux à la fois. L’air s’engouffrait à présent dans mes cheveux délicieusement. J’aimais cette sensation de liberté. La course prit un autre tournant, une dimension plus excitante. Je ne désirais plus la fuir. Je voulais être avec elle. C’était simplement dur à avouer. Cependant, lorsque ses bras s’enroulèrent autour de moi, rien ne me sembla plus difficile. « Tu me tiens. » lui confirmai-je en écho, d’un ton joueur. Le vent ne nous empêchait pas de parler comme il aurait dû le faire. La gravité n’était pas non plus maîtresse. Nous flottions dans le ciel, sur Azur, comme nous aurions pu être assis sur un banc. « Si tu veux. » murmurai-je, avant de regarder ce qu’elle me tendait : un bouquet de boutons d’or. Je ris. « Merci. » Je me retournai sur la suite, comme pour être certain qu’elle me l’eût bien proposé. Le mariage. Le ton avait été si commun qu’il m’avait fallu trois secondes pour réaliser la teneur de ses propos. Je me déplaçai dans le but de monter l'animal à l’envers pour lui faire réellement face. Je baissai les yeux un instant sur le bouquet. Je savais déjà ce que j’allais répondre mais ne voulais pas le prononcer tout de suite. « Je ne sais pas… ça dépend… Est-ce que tu aimes le beurre ? » demandai-je, avant de relever les boutons d’or pour les positionner sous son menton. C’était un jeu d’enfants. Je me penchai un peu, afin d’examiner sa peau. Le reflet jaune caractéristique se trouvait sur son épiderme. « Huuum… d’après mes observations, tu as l’air d’aimer le beurre. J’ai toujours voulu me marier avec une femme quoi raffolait du beurre. » plaisantai-je. Je redevins néanmoins plus sérieux ensuite. Ma main se fraya un chemin jusqu’à sa joue. Mes doigts en dessinèrent la forme avait de se poser dessus. « Je t’aime, Eiko. » lui avouai-je. « Je t’aime depuis longtemps. » C’était vrai. « Mais j’ai toujours eu peur de te le dire parce que… » Je m’arrêtai, mes phalanges glissant jusqu’à son menton. Je lui souris et ris. « C’est rien. C’est moi qui suis idiot. Marions-nous. » ajoutai-je, comme si les nuages qui avaient toujours hanté mes pensées avaient totalement disparu.

___________

Je me réveillai. Mes yeux restèrent plantés sur le plafond longtemps avant que je ne me redressasse. Ce n’était pas la première fois que je rêvais d’elle. Petite ou grande, ça me semblait toujours étrangement réel. L’impression de l’avoir perdue avant même de l’avoir eue m’étreignit. J’eus froid. Je n’aimais pas cette sensation. Mon regard suivit la ligne du drap. Une paire de fesses était à moitié découverte. Elle appartenait à une fille que j’avais ramenée dans une des maisons secondaires de mon père pour la nuit. Dans la pénombre, l’amour semblait plus réel qu’en pleine lumière. Il avait ce côté douloureux dont je n’arrivais pas à me défaire. J’aimais Laëth depuis que j’étais adolescent. J’avais aussi, bien malgré moi, des sentiments pour Eméliana Salvatore. Ces sentiments avaient un côté déraisonnable mais l’étaient bien plus que ceux que je continuais à nourrir à l’égard de l’Aile d’Acier. Alors que signifiait ce rêve ? Pourquoi frissonnais-je encore, au souvenir de la douceur de sa peau contre mes doigts ?

1452 mots

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Jun Taiji
✞ Æther de la Mort ✞

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Jun Taiji
Dim 26 Mar 2023, 19:56

IV. Le Rêve qui ensauvage



Musique
Kaahl et Edelwyn ; peut-être Jun. Si tu veux venir Alvine... Adam aussi... Plus on est de fous hein... /sbaf
Le paon et la paonne

Les doigts d’Edelwyn disparurent un instant dans un bol rempli de fruits secs. Elle en préleva deux raisins qu’elle apporta délicatement à ses lèvres. « De vous deux, tu as toujours été le plus intelligent. » articula-t-elle. Ezechyel et Ârès avaient cependant eu tendance à se rapprocher l’un de l’autre au fur et à mesure du passage du temps. « Mon jumeau, lui, a toujours été le plus émotif. Trop sensible pour son propre bien. » Elle sourit. « Et cruellement amoureux de Freyja Belegad. » Les mots étaient sortis de sa bouche comme un poison. Elle ne voilait pas être venimeuse. Comme lui, elle avait longtemps fait croire au monde qu’elle était bénéfique, une petite chose fragile à protéger. Elle voyait en Ârès son pendant masculin, une partie d’elle qui lui ressemblait bien plus qu’Ezechyel. Elle l’aimait pour ça, pour sa capacité à la comprendre sans qu’ils n’eussent besoin d’employer des mots. Ils étaient faits de la même matière. On l’avait longtemps désignée comme faite de celle des rêves mais Edelwyn avait plutôt le goût des cauchemars. Elle voyait le monde comme un échiquier et prévoyait les guerres à venir avec plusieurs coups d’avance. Son jumeau lui avait longtemps posé des difficultés, parce qu’il l’attendrissait malgré elle et, surtout, parce qu’il connaissait le Destin, une notion qui lui avait longtemps été refusée et qu’elle n’avait pas pu ne serait-ce que toucher du doigt.

En réalité, depuis Geminae, depuis qu’Ezechyel avait trahi leur gémellité, ils étaient triplés. Leurs Âmes avaient été mélangées pour former trois fragments distincts qui avaient été redistribués à chacun. Quant au reste, Ezechyel et Ârès valsaient. Tout fusionnait, se scindait et fusionnait encore. Leurs goûts, leurs émotions… Ils se ressemblaient tout en étant distincts. La distinction n’existait que parce que Jun était devenu un Æther et pouvait à présent se protéger de Geminae. Il pouvait faire le choix, par exemple, de ne plus ressentir d’amour pour Freyja. Le faisait-il ? Ezechyel avait toujours été trop proche des Mortels. Elle le comprenait. Les rares fois où il avait pu se tenir près de l’Ange l’avaient marqué au plus profond de son être. Elle était son premier amour, sa première fois, la femme qui avait hanté ses nuits longtemps, jusqu’à contaminer Ârès jusqu’à l’os. « Amoureux de moi, aussi. » ajouta-t-elle. Elle trempa de nouveau ses doigts dans le bol et en sortit une amande qu’elle croqua. « Je suppose que tu t’es déjà questionné sur la raison de cet amour. » Elle savait qu’il l’avait déjà fait. Elle l’avait rencontré un nombre incalculable de fois. La plupart de ces rencontres étaient du passé pour elle mais se situaient dans son futur à lui. Il aimait contrôler et, en faisant fi du Destin, ça expliquait aussi qu’il en fût arrivé là. Lorsqu’elle l’avait rencontré, alors qu’elle n’était encore qu’une enfant, dans le corps de Jun, il l’avait tout de suite intéressée et captivée. Il était capable de la battre en stratégie et elle s’était fixée comme objectif de devenir plus puissante que lui. Elle était amoureuse de son esprit et elle savait que le contraire était vrai aussi. Elle et lui, ils étaient faits pour s’entendre, au-delà des émotions qui faisaient tanguer le cœur du commun des Mortels. Elle sourit, en pensant à Lucius, à son fils. En se transformant en vieille femme écœurante, elle avait testé une énième fois la détermination de celui que l’on appelait communément Kaahl. Il avait relevé le défi, en liant son Destin à la Lune bleue en plus de la Lune Noire.

« C’est amusant, tu ne trouves pas ? » l’interrogea-t-elle. Elle était assise sur un trône dont le dossier était entouré de plumes de paons. Elle portait une robe légère, si claire qu’elle en était transparente par endroit. « Si ton Ange est tombée amoureuse de Jun, c’est parce qu’elle était amoureuse de toi. Jun l’a aimé le premier, elle t’a aimé, les sentiments de Jun ont créé l’amour chez toi et, parce que vous êtes semblables, elle a fini par aimer Jun aussi. » C’était risible. « S’il n’y avait pas eu Geminae, Ezechyel aurait aimé à sens unique et Freyja aussi. » Elle croqua dans une nouvelle amande. « Il le sait très bien. » Et, ce qu’elle savait, elle, c’est que Jun était responsable de la plupart des Rêves Divins. Il était le seul coupable et ses silences étaient éloquents. Trop sensible pour son propre bien, pensa-t-elle encore. Et, surtout, trop sensible pour le bien des autres. Le problème, c’est qu’elle n’avait aucune idée de ce qu’il avait en tête, de pourquoi est-ce qu’il agissait ainsi. Ezechyel l’agaçait parce qu’il n’avait jamais été spécialement intelligent mais avait toujours su. Il ne méritait pas de savoir. « Je pense qu’il mérite une punition. » laissa-t-elle entendre. Elle avait aimé Ezechyel à plusieurs reprises dans sa vie. Elle l’avait aimé mais détesté aussi. Leur histoire était compliquée, tellement qu’il était difficile de comprendre qui était le véritable méchant ou s’ils l’étaient tous les deux, à des degrés différents. Elle était pourtant l’Oracle de la Paix, entre d’autres fonctions. Le Monde Divin n’avait pas de limites et était inaccessible à la compréhension des Mortels tant il était paradoxal. Les mêmes Ætheri pouvaient s’unir ou s’opposer en fonction des situations, s’aimer ou se haïr. Edelwyn n’était plus Edel, tout en le demeurant encore. Le Temps avait une autre saveur. Les adieux pouvaient n’être que des au revoir, des parenthèses. Les Dieux étaient aveugles vis-à-vis de leurs pairs lorsqu’ils ne foulaient pas leur territoire. Le problème, avec Ezechyel, c’est que son territoire était vaste. Trop vaste. « Oserais-tu, au cœur même du Monde des Songes ? » lui demanda-t-elle.

945 mots
Advienne que pourra !

Explications


Bonjour ♪

Quatrième coutume !! YEAH !

Coutume des Evershas : La Saison des Amours
La coutume est assez simple : elle doit se baser sur la saison des amours chez les animaux. L'objectif est que vous choisissiez un animal et que vous vous inspiriez des parades amoureuses de ce dernier pour construire votre rp avec. Vous pouvez aussi faire de votre personnage un Eversha ou un animal si vous voulez.

Il se peut que les personnages avec une intelligence très élevée (à partir de 36) ou des pouvoirs spéciaux, liés aux Rêves, puissent se rendre compte qu'ils rêvent et prendre le contrôle de ce dernier. Les Génies, eux, ne sont pas soumis au Rêve. Ils savent où ils se trouvent (néanmoins, si vous voulez lier votre Génie, il peut se prêter à l'exercice. Il sera simplement plus favorisé que son partenaire, sauf dans de très rares cas). Bien sûr, je le redis mais comme ce sont des rêves, il n'y a pas de besoin de continuité : il peut y avoir des coupures, des instants volés et des scènes censurées o/

Les Génies
Votre personnage est téléporté dans le Monde des Songes. Les Génies sont beaucoup plus puissants dans le Monde des Songes que dans la Réalité. L'objectif - comme l'année dernière - est de s’immiscer dans les Rêves des Rêveurs afin d'exaucer leurs vœux et de magnifier les rêves. Ce qui est exaucé dans le rêve ne compte que pour le rêve mais renforce le Génie (vous pouvez faire des missions de niveau dans le Monde des Rêves). Si vous voulez, comme j'ai déjà dit, votre Génie peut se prêter au jeu des coutumes. Dans ce cas, le rêve aura des conséquences pour lui dans la réalité.

Les Autres - hormis les races qui ne rêvent pas 8D
Vous êtes plongés dans le Monde Onirique. C'est un Rêve donc il peut être fait de n'importe où dans le Monde. Ça réunira vos personnages dans l'ambiance de la coutume ^^ En plus de la coutume qu'il vous faudra réaliser, vous pouvez être approchés par des Génies qui pourront exaucer des vœux dans le Rêve. Le fait de formuler des vœux aura des petites conséquences dans la réalité, tout comme le fait de participer aux différentes coutumes.

Conséquences des vœux dans la réalité
Plus un personnage fait de vœux dans le Rêve, et plus il aura sera sensible lors des périodes d'ovulation (si c'est une fille elle aurait tendance à vouloir se reproduire quand elle ovulera, si c'est un garçon, il sera attiré par les filles lorsqu'elles ovuleront).

Conséquences de la Coutume des Evershas dans la réalité
Cf les gains

Organisation du RP
Vous avez le choix, avec un même personnage et pour chaque coutume, entre :
- Faire des messages multiples avec votre partenaire [si vous choisissez ce format, vous pourrez compter la totalité de vos messages à la fin du rp et répartir les points points de spécialité entre vos personnages de la façon dont vous le voudrez ^^)
- Faire un message unique de 1350 mots minimum avec votre partenaire (donc un message chacun de 1350 mots minimum)

Enjoy  
Gains Coutume des Evershas

Messages multiples, 720 mots chacun minimum
- L'instinct de reproduction : Votre personnage acquiert une particularité de l'animal choisi pour la coutume (à définir). Il ressent également une forte attirance pour son partenaire, surtout lors des périodes d'ovulation. Le désir devient alors excessif, difficile à canaliser. L'instinct, dans l'objectif de se reproduire, est décuplé et la volonté d'avoir des enfants pour transmettre ses gènes devient prégnante. Dans le cas d'un partenaire de même sexe, c'est la même chose mais la période de désir sera basée sur d'autres critères pour les hommes et, bien entendu, la volonté de fécondation sera vaine (voire souffrante puisqu'impossible). Pareil pour les Vampires et autres peuples impuissants.
- 1 point de spécialité tous les trois messages

Message unique, 1350 mots minimum ; un par coutume
- L'instinct de reproduction : Votre personnage acquiert une particularité de l'animal choisi pour la coutume (à définir). Il ressent également une forte attirance pour son partenaire, surtout lors des périodes d'ovulation. Le désir devient alors excessif, difficile à canaliser. L'instinct, dans l'objectif de se reproduire, est décuplé et la volonté d'avoir des enfants pour transmettre ses gènes devient prégnante. Dans le cas d'un partenaire de même sexe, c'est la même chose mais la période de désir sera basée sur d'autres critères pour les hommes et, bien entendu, la volonté de fécondation sera vaine (voire souffrante puisqu'impossible). Pareil pour les Vampires et autres peuples impuissants.
- 1 point de spécialité

Pour les Génies
- Pareil que plus haut pour les spécialités, en fonction de votre format.
- Si votre Génie se prête à la coutume, il prend le gain de la coutume (même si on peut appeler ça une malédiction dans certains cas /sbaf)
- S'il ne fait que réaliser des vœux, celui-ci : Désir reproducteur : Le Génie peut manipuler les songes des Rêveurs. En se réveillant, les Rêveurs auront envie de transmettre leurs gènes via la reproduction.

Vous avez jusqu'au 30 avril pour commencer votre rp. Vous finirez les coutumes à votre rythme. Je ne l'ai pas dit avant mais vous n'êtes pas obligés de les faire qu'à deux. Vous pouvez les faire à trois et plus.

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Lana Kælaria
~ Sirène ~ Niveau I ~

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Lana Kælaria
Dim 26 Mar 2023, 20:51



Unknown

Le jeu du mariage

Evénement | Lana & Lorcán



Lana s’étendit dans l’herbe, la main devant ses yeux céruléens. Le soleil filtrait à travers ses doigts comme il perçait entre les branches du chêne sous lequel elle avait choisi de s’abriter. Elle poussa un soupir d’aise. À côté d’elle, Kiara tressait une couronne de fleurs. « Alors, tu sais qui tu voudrais ? » Son amie leva le nez de son ouvrage et la regarda. « Je ne sais pas trop… Peut-être Lucius. » - « Lucius ? » Un rire roula dans sa gorge. « Le Fessetival t’a laissé une sacrée impression. » - « Non mais tu ne l’as pas vu, il est… » Sa phrase se termina dans un soupir. Lana tourna la tête vers elle. Ses joues rosies témoignaient de son émoi. « Et Dastan ? » - « Oui, pourquoi pas. Ton frère, sinon. » L’intéressée plissa les yeux. « Adriæn ? Qu’est-ce que tu lui trouves ? » Kiara s’humecta les lèvres et caressa quelques pétales de sa couronne. « J’aime bien sa façon de penser. » L’Ondine haussa les sourcils et se redressa sur ses coudes. Elle avait remarqué depuis des mois le petit manège qui se jouait entre son jumeau et son amie. Ils se regardaient, s’évitaient, s’arrangeaient pour se croiser, faisaient semblant de se trouver là par hasard, se souriaient, s’ignoraient. C’était le ballet des amoureux, un assemblage compliqué de fébriles chassés-croisés. « Et je le trouve beau. » - « Il ne sera pas là. » Elle n’appréciait pas leur rapprochement. Elle ne disait rien, mais n’en pensait pas moins. Kiara lui appartenait. Adriæn lui appartenait. Elle ne voulait pas les voir ensemble. « Ah bon ? » - « Oui. C’est ce qu’il m’a dit. » - « Ah… » Un silence léger plana, teinté de la déception de Kiara et du soulagement de Lana. La première finit par le rompre : « Et toi ? Læn ? » La blanche fronça les sourcils. « Que veux-tu que je fasse avec Læn ? » - « Il t’intéresse, non ? » - « Non. » - « Arrêêête. » fit son amie en levant les yeux au ciel. « Ça se voit à plus de dix kilomètres. Je suis sûre que tu lui plais aussi. Il faudrait juste que tu arrêtes d’être aussi désagréable avec lui. » Lana lui décocha un regard noir. « Il ne m’intéresse pas. » - « Alors qui ? » - « Je veux quelqu’un avec du potentiel. »



Face à la rangée de garçons, Lana scruta chaque faciès, les éliminant au fur et à mesure. Certains suintaient l’échec et la défaite. La mollesse de leur attitude n’avait d’égal que leur manque de grâce et d’ambition. D’autres, physiquement, ne lui convenaient pas. Elle rejeta tous ceux qui ne prenaient pas soin d’eux, tous ceux qui ne présentaient pas une apparence impeccable. Elle n’aimait pas les négligés. Ceux qu’elle trouvait laids, elle les écarta aussi de ses cibles potentielles. Parmi les potentiels lauréats, elle se débarrassa de ceux qu’elle jugea trop bénéfique. Les niais et les naïfs, non merci. Lorsque le départ fut donné, il n’en demeurait plus qu’un. Tandis qu’il s’éloignait, elle le suivit des yeux. Elle jeta un bref coup d’œil à Kiara ; elle aurait voulu deviner qui elle cherchait, mais elle eut peur de perdre sa propre proie. Dès que le second départ retentit, elle se lança sur ses traces. La ville était vaste et ses artères nombreuses. Les arbres côtoyaient la pierre blanche des habitations, et parfois même jusqu’aux tuiles bleues des toits. Chaque rue parallèle constituait une potentialité. À un carrefour, l’Ondine s’arrêta et regarda autour d’elle. Les silhouettes des badauds se mélangeaient devant sa rétine, peinture confuse d’une scène régie par le mouvement. Elle hésita, et opta finalement pour une venelle à sa gauche.

Enfin, elle le vit. Sans se presser, en marchant de son pas habituel – qu’elle voulait élégant, presque princier –, elle avança vers lui. Un peu plus âgé qu’elle, le jeune homme était de haute stature. Ses cheveux flamboyaient sous les rayons solaires, en contraste avec sa peau sombre qu’ils semblaient peiner à éclairer. « Je t’ai choisi. » dit-elle quand elle fut suffisamment proche. Ses iris se posèrent un instant sur son ruban, avant de remonter sur son visage. « Les autres n’avaient aucun intérêt. Trop lents, trop bêtes, trop flasques, trop brouillons. » Elle scruta ses yeux dorés. « S’il doit y avoir un homme à mes côtés, il ne peut être rien d’autre qu’un chef d’œuvre. » L’image d’Adriæn s’imposa à elle. L’un sans l’autre, ils se manquaient. Ensemble, ils s’écharpaient. Mais elle était convaincue, au fond d’elle, qu’ils auraient pu s’unir et être enfin parfaits. Elle le refusait, par honneur, par orgueil. « Tu n’en es pas encore un, mais tu pourrais peut-être le devenir. » Elle le jaugea, le port altier et le regard franc. « Donne-moi ton ruban. »



Message I – 821 mots


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Jämiel Arcesi
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Jämiel Arcesi
Lun 27 Mar 2023, 23:28

Spring/Flowering Spirit par Peter Mohrbacher
Le jeu du mariage
Dorian & Èibhlin
Èibhlin se tenait contre Thessalia, l'enlaçant et s'imprégnant de son parfum comme si plus jamais elle ne la verrait après ça. Comme si la Vampire allait l'abandonner à la seconde où elle détournerait les yeux. Ce fut donc de longues minutes plus tard qu'elle se décidât à enfin la laisser souffler, sans la lâcher pour autant. « Laisse-moi te montrer mon monde. Ensuite je plongerai dans le tien. » fit-elle, les doigts mêlés aux siens pour la guider à sa suite. S'approchant d'un rafflesia, elle porta la main à ses larges pétales. À peine les eut-elle caressés qu'un nuage de pollen s'en échappa, camouflant soudainement son environnement par une brune jaunâtre. En même temps, elle sentit la main de sa moitié lui échapper. Inquiète, l'Alfar fit un pas en sa direction.


Son environnement était clair, baigné dans le clair de Lune. L'astre brillait avec tant d'intensité que sa lumière égalait celle de son homologue diurne. Rejoignant ce petit bout de clairière, Èibhlin partie à la rencontre des autres participantes. Elle n'était pas certaine de la raison qui l'avait poussée à rejoindre ce qui pouvait, dans une certaine mesure, s'apparenter à une chasse. Sûrement y cherchait-elle une forme d'échappatoire à son mariage arrangé. Ou bien était-ce un défi à l'encontre de son peuple et de celui des Mages Noirs. Lorsqu'elle eut rejoint le groupe, elle s'affaira à les imiter, aidant l'une d'elle à nouer son ruban autour de sa taille, comme une ceinture habillant de ce fait la robe qu'elle portait. À son tour l'inconnue l'aida à accrocher le sien. La clone profita de ce temps mort pour analyser son environnement. Il lui était familier sans qu'elle ne le connaisse réellement. La densité de la végétation lui rappelait le Sous-bois maudit. Les ligneux lui faisait penser à Tawaradan. Elle se sentait chez elle, s'en l'être pour autant. Ce fut par ce regard panoramique qu'elle le vit, Dorian. Que venait-il faire ici ? En absence de réponse sensée, elle préféra se détourner de lui. Pour elle. Pour lui. Elle était de ces personnes autour de qui la mort et le désespoir régnait. De celles qui jamais ne pouvaient aspirer au bonheur. Enfin prête, elle ignora les prétendants pour immédiatement se mettre en position. Le départ fut à peine lancé qu'elle s'envola dans l'ombre des arbres. Elle ne se retourna qu'à son orée. Un dernier et vif regard sur ses poursuivants — sur Dorian — , puis ils disparurent de son champ de vision lorsqu'un rideau de lianes épaisses tomba depuis les hautes branches des arbres autour, fermant derrière elle le chemin qu'elle avait pris, et celui qu'elle prenait. Sous ses pas, les feuilles obscures se teintaient de carmin. L'odeur du fer se mêlait à celui des plantes. Elle commençait à être habituée. Cela faisait longtemps maintenant qu'elle foulait un sol ternit de sang et de larmes. Après plusieurs minutes de marche, la Sarethi finit par s'asseoir au pied d'un arbre. Confortablement installée entre ses racines, elle pinça les cordes de sa harpe, libérant une mélodie silencieuse, audible de seulement quelques rares oreilles. Autour d'elle, le sol se dessinait en une fleur vermillon à chacune des notes exprimées. Ainsi posée, elle profita du silence, bercée par le mutisme de la nature, brisé uniquement du son imperceptible de son instrument.

Un froissement parvint aux oreilles de la clone. Elle y reconnut le bruit des feuilles écrasées sous le poids d'un corps qui avançait. Attentive, le souffle lent, elle se redressa, scrutant les ténèbres de la nuit dans le but d'identifier le nouveau venu. Une silhouette se détacha finalement du reste. Elle n'avait pas besoin de voir son visage. Elle connaissait déjà l'identité de l'individu. Sans plus attendre, elle s'élança dans la direction opposée, à la manière d'une biche fuyant le loup, quittant le couvert de la forêt pour un champ d'action et de possibilité d'évasion plus large. C'est à peine si elle put faire trois pas cependant. Son cœur ne fit qu'un bon dans sa poitrine. Un souffle surpris lui échappa en découvrant son prédateur si proche devant elle. Elle n'eut pas le temps de s'essayer à une nouvelle évasion. Au lieu de cela une main se referma sur son poignet, la retenant sur place. La violence dans les gestes et l'attitude du Vampire l'inquiétait. Un nœud d'anxiété commença à nouer ses entrailles comme elle se débattait pour fuir ce piège, tentant par tout les moyens de s'en dégager. Tout ce qu'elle réussit à faire, ce fut de s'écraser à moitié sur l'arbre à côté. Le souffle coupé du choc de la stupéfaction ainsi que celui du sévices subit, la Sarethi porta la main à son visage meurtri. Ce fut là, appuyée contre le ligneux, toujours confuse, qu'elle sentit ses cheveux retomber sur son visage. Le cœur battant, l'adrénaline commença à infuser ses veines alors même qu'elle se sentait humiliée de cet enchaînement qu'elle ne sut ni contrer, ni éviter. Elle ne se retourna vers Dorian qu'à la mention de cette faveur qu'elle était censée accorder. Des larmes de rage perlaient sur ses paupières. Envers lui. Envers elle. Néanmoins, ce fut là l'unique chose qu'elle réussit à exprimer. Elle avait envie de l'insulter, de le défier, de lui faire payer cet outrage. Elle en était incapable. Car au fond, caché dans les abysses de son âme, dissimulé dans le gouffre de son cœur, l'éclat d'un sentiment tout autre, totalement contraire à ce qu'elle manifestait en sa présence, inacceptable, consumait son être. C'était cet ersatz qui l'amenait chaque fois à le fuir. Finalement, la détresse finit par la gagner. « Je ne peux pas t'accorder telle faveur. » souffla-t-elle, plongée dans ses iris carminés. Ce rouge des amarantes qui, chaque fois, l'apaisait. « Quand bien même je le voudrais. ». Elle déglutit comme un frisson couru sur sa peau. D'effroi. De haine. De passion. Elle était tels ces bateaux qui naviguaient dangereusement entre deux eaux, luttant contre la tempête pour ne pas finir submergés. Elle savait qu'un jour son embarcation ne pourrait plus affronter le tumulte des océans. Elle briserait sous l'impact d'une vague plus ravageuse que les autres ou d'un vent trop véhément. Ce jour-là, elle se fera emporter sur un rivage inconnu mais assurément dangereux. À moins qu'elle ne finisse noyée dans cette mer tumultueuse. « Tu ne peux pas tous les tuer. C'est impossible. Tu te feras tuer avant. ». Jamais elle n'aurait songé que ces mots s'appliqueraient si vite. Encore moins qu'elle serait celle portant le coup fatal. « Tu ne pourras pas me transformer. J'en mourrais, et tu le sais. ». Ses répliques étaient de plus en plus murmurées, à l'image du visage du Vampire se rapprochant du sien.

Son corps frémit au contact des lèvres sur sa peau. De plaisir. De terreur. Elle tentait de contenir ses émotions, sans y arriver totalement. Elle savait que le laisser agir ainsi, c'était avancer sur un terrain dangereux. La tension dans ses muscles trahissait la panique dû à ce rapprochement. Les mains sur son torse dénonçaient ce contact qu'elle appréciait. Le temps d'une seconde, tout s'arrêta. Soudain un maelstrom d'émotions se mit à gronder en son sein. « Arrête ça. » se plaignit-elle en serrant la mâchoire, difficile tentative de feinter la souffrance de la morsure. « Arrête. » se répéta-t-elle en essayant de le repousser. Elle luttait en vain. On prélevait une partie d'elle et elle ne pouvait rien faire pour empêcher cela. « Arrête je te dis. » somma-t-elle, submergée par la peur. Son sang pulsait avec force dans ses veines, son cœur tambourinait rageusement dans sa poitrine, et son souffle, court, s'était fait bien plus rapide. Elle devait se défaire de son emprise et partir. Pour de bon. Tourner les talons et laisser son souvenir derrière elle. Quelque chose qu'elle aurait dû faire plus tôt. De ses poings elle cogna son torse. « Arrête ! » s'exclama-t-elle avec rage et autorité, et cela s'illustrait par la nature qui se déchaîna, monstrueuse, autour d'eux. Un tapis de ronces et lianes rongea le sol à la recherche d'une proie. Lui.

Une larme de sang tomba. À son contact avec le sol, un dahlia vermillon s'épanouit. Rapidement, les nombreux bras d'un delta la rejoignirent peignant le sol d'une vive couleur écarlate, luisante sous les rayons lunaires. Alors enfin Dorian se retira. Mais il était déjà trop tard. Son orgueil bafoué et son cœur blessé venaient de faire céder la coque sa barque. Elle s'était finalement échouée sur une plage de colère et de revanche. Le silence, lourd, tonna dans l'espace. Elle-même s'était figée, surprise de son propre geste. Elle avait agi sans réfléchir, à la seule réponse de ses sentiments. Elle n'avait pas réalisé qu'ils la mèneraient ici. La poignée de la lame lui parut soudain brulante, et elle s'en détacha vivement. La chute se fit lente, accompagné à terre par les ronces. Èibhlin demeura encore quelques secondes debout, presque tétanisée. Ses yeux allaient de ses mains rougies d'un sang qui n'était pas le sien, à la blessure mortelle, avant de les poser sur le visage du Vampire à terre. Pourquoi semblait-il rire, lui ? Il n'y avait rien de risible à ce qu'il se passait. Elle s'agenouilla à côté de sa victime. « Je l'ignore. » répondit-elle en se penchant sur lui. « Mais peut-être est-ce toi qui as raison. Peut-être est-il préférable que je sois libérée de tous ceux qui m'ont sculpté telle que je suis. » lui souffla-t-elle en glissant une main sur sa joue. Et elle demeura ainsi, témoin de cette vie qui lui échappait malgré les efforts qu'il fournissait pour s'y accrocher. L'étreinte des ronces se renforçait autour de son corps inerte, jusqu'à l'empêcher de tout mouvement. Elles se firent plus denses, plus nombreuses, formant à terme un véritable sarcophage. À présent, il n'était plus qu'un avec la nature. Son sang serait la sève d'un nouvel être. Son corps nourrirait ses racines. Et plus jamais elle ne subirait.

Èibhlin s'éloigna à reculons, retrouvant le couvert des arbres, et s'arrêtant à la lisière du bois. Elle y resta longtemps, silencieuse, immobile, à l'image des ligneux qui l'entourait. Les nuits s'enchaînaient, et elle commença à prendre racine. Sa peau pâle se durcit, s'assécha, devint rugueuse. Ses mèches tombaient en branches argentées, tel le saule pleureur. Le temps passait et elle demeurait. Chaque jour la rapprochait un peu plus de la nature qu'elle chérissait et qui l'abritait. Les battements de son cœur se firent lents. sa respiration était comme un éternel courant d'air. Ce qui lui paraissait des secondes étaient des heures. Ce qui lui semblait êtres des jours était des années. Sous son regard de bois, elle assistait, spectatrice placide, à la dégradation des sols et à la mutation de son environnement. Une fois, elle put discerner un ruban de soie bleu dans le sol, lacéré par endroits. Le vent pouvait souffler, il demeurait fermement accroché à cette branche nacrée. Non. Ce n'était pas une branche.

Pour la première fois depuis longtemps, elle sentit son cœur battre sous son écorce claire. Une larme de sève translucide se fraya un chemin à l'air libre et roula le long de l'écorce. À cet instant, elle vit le temps s'écouler comme autrefois. D'un pas lent, elle quitta sa cachette, le bois craquant sur son corps qui reprenait conscience de soi. Alors elle se baissa pour ramasser son ruban. Au contact du tissu, les branchettes se rétractèrent pour revenir à la forme initiale de sa main. Èibhlin tourna le regard sur ce qui n'était plus qu'un amas d'os. Ça aurait pu être n'importe qui. Rien, sinon ce ruban, ne différenciait sa dépouille d'une autre. Le monde était ridicule à se comporter comme si chacun était unique. « Non... Pas de suite. ». C'était un murmure à peine audible. Pourtant il se propagea en écho dans l'air, remplaçant bientôt la rumeur du vent jusqu'à le faire taire.

Il n'y eu alors plus rien. Seulement le silence. Le monde s'arrêta de vivre ; de respirer ; de s'exprimer. Comme si la mort venait de s'abattre à travers le monde et le temps. Ne restait que le Néant.

La montre cosmique se remit en marche. Quelque chose ne tournait pas rond cependant. La trotteuse courait en sens inverse et rien ne semblait pouvoir l'arrêter. La nuit cédait au jour qui cédait à la nuit en un laps de temps si court qu'il était invisible aux yeux des mortels. Et, aussi brutalement qu'il avait fait demi-tour, le compteur s'arrêta. Net.

Un froissement parvint aux oreilles de la clone. Elle y reconnut le bruit des feuilles écrasées sous le poids d'un corps qui avançait. Attentive, le souffle lent, elle se redressa, scrutant les ténèbres de la nuit dans le but d'identifier le nouveau venu. Une silhouette se détacha finalement du reste. Elle n'avait pas besoin de voir son visage. Elle connaissait déjà l'identité de l'individu. Sans plus attendre, elle s'élança dans la direction opposée, à la manière d'une biche fuyant le loup, quittant le couvert de la forêt pour un champ d'action et de possibilité d'évasion plus large. C'est à peine si elle put faire trois pas cependant. Son cœur ne fit qu'un bon dans sa poitrine. Un souffle surpris lui échappa en découvrant son prédateur si proche devant elle. Elle n'eut pas le temps de s'essayer à une nouvelle évasion. Au lieu de cela une main se referma sur son poignet, la retenant sur place. La violence dans les gestes et l'attitude du Vampire l'inquiétait. Un nœud d'anxiété commença à nouer ses entrailles comme elle se débattait pour fuir ce piège, tentant par tout les moyens de s'en dégager. Tout ce qu'elle réussit à faire, ce fut de s'écraser à moitié sur l'arbre à côté. Le souffle coupé du choc de la stupéfaction ainsi que celui du sévices subit, la Sarethi porta la main à son visage meurtri. Ce fut là, appuyée contre le ligneux, toujours confuse, qu'elle sentit ses cheveux retomber sur son visage. Le cœur battant, l'adrénaline commença à infuser ses veines alors même qu'elle se sentait humiliée de cet enchaînement qu'elle ne sut ni contrer, ni éviter. Elle ne se retourna vers Dorian qu'à la mention de cette faveur qu'elle était censée accorder. Des larmes de rage perlaient sur ses paupières. Envers lui. Envers elle. Néanmoins, ce fut là l'unique chose qu'elle réussit à exprimer. Elle avait envie de l'insulter, de le défier, de lui faire payer cet outrage. Elle en était incapable. Car au fond, caché dans les abysses de son âme, dissimulé dans le gouffre de son cœur, l'éclat d'un sentiment tout autre, totalement contraire à ce qu'elle manifestait en sa présence, inacceptable, consumait son être. C'était cet ersatz qui l'amenait chaque fois à le fuir. Malgré cela, l'Alfar fronça les sourcils. Elle connaissait ça. Elle l'avait déjà vu. Déjà vécu. Elle n'était pas certaine de savoir comment cependant. Elle leva alors les yeux avec bien plus d'assurance. « Je ne peux pas t'accorder telle faveur. » siffla-t-elle, ancrée dans ses iris carmin. Ce rouge des amarantes qui l'avait toujours fasciné. « Il n'y a qu'une issue à ce que tu me demandes. La mort. ». Son bateau avait repris sa traversée entre ces océans contraires. Mais les eaux y étaient bien plus calmes cette fois. La météo plus clémente. Elle avait enfin un cap vers lequel se diriger et le ciel pour la guider. « Tu ne peux pas tuer tous ceux qui m'entourent. C'est impossible. ». Elle se rapprocha de lui. Jamais elle ne s'était trouvée si calme en sa présence. Pour la première fois, elle était particulièrement sereine. « Je suis comme ça à cause d'eux. Également à cause de toi. ». Elle saisit l'extrémité de son ruban dépassant de la main de Dorian. « Oublie ton souhait, ou alors soit l'instigateur de ta propre mort, avant qu'un autre ne le fasse à ta place. » déclara-t-elle en lâchant la lame. La soie douce du tissu avait cédé à celle glacée de l'acier. « Mais sache que je ne tiendrais pas ma parole dans ce cas. Je ne vivrais pas l'éternité dans un cercueil. ». Elle marqua un temps, nécessaire pour que ses mots prennent racine dans l'esprit du Vampire. Qu'il prenne conscience que certains désirs ne pouvaient être assouvis. « Je t'accorderais une faveur. Néanmoins, ce ne sera pas celle-ci. ». conclut-elle sans colère ni rancœur.
© ASHLING POUR EPICODE




Mots 2348 - sans le paragraphe bis (t'as vu Mitsu, j'ai pensé à mettre le nom du duo <3)
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[RPPT] - Le Rêve qui enchante, le Rêve qui transcende, le Rêve qui innocente, le Rêve qui ensauvage

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