Le deal à ne pas rater :
Carte Fnac+ Jackpot avec 30€ offerts sur le compte fidélité
19.99 €
Voir le deal

Partagez
 

 [A] | Colère | Solo

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
Daé Miirafae
~ Rehla ~ Niveau IV ~

~ Rehla ~ Niveau IV ~
◈ Parchemins usagés : 818
◈ YinYanisé(e) le : 29/05/2019
Daé Miirafae
Mer 10 Nov 2021, 22:25


[A] | Colère | Solo  Ban_212
Colère


Daé apprend, dans la colère, ce que c'est que d'avoir des responsabilités grâce à son Mentor.

Evidemment qu’il faisait nuit. Seule la nuit, dense et peu illuminée, pouvait permettre le genre de discussions qui allaient arriver. Les rues de la capitale Rehla étaient endormies depuis des longs instants et même celleux qui résistaient aux heures admises par le bon sens pour aller se coucher avaient eu la décence de tamiser leurs lumières de lecture, afin que les autres ne soient pas dérangés. Enfin, la réalité n’était pas exactement ça, c’était surtout pour qu’alleux ne soient pas dérangé.e.x.s. Pour que leur pensée puissent s’épanouir dans le flot ténébreux des réflexions nocturnes. La nuit était un temple fragile et iconoclaste, un temple de réflexion pour les êtres qui n’avaient pas la foi d’imposer la dangerosité de leurs réflexions le jour, et toutes ces pensées, toutes ces idées, dont la majorité disparaissaient aux premiers rayons du ou des soleils, se réunissaient dans un fleuve dont se nourrissaient les esprits les plus vifs. Les esprits qui voyaient, au bord de l’étage d’une maison, le bout de la cigarette s’allumer frénétiquement au rythme de la pensée et qui transformaient cette lumière jetée dans le flot de la nuit en une idée, en une pensée, en un concept, en une phrase, en une révolte. C’était la cigarette de Daé qui s’allumait frénétiquement sur le rebord de sa fenêtre. Il s’était mis à fumer depuis qu’il se rendait compte qu’il lui faudrait d’autres occupations que sa destinée et avait été ravi à l’idée que toutes les visions le concernant contenaient maintenant un mégot dans un coin de cendrier ou une odeur de cendre froide. Les visions n’étaient pas olfactives et il trouvait cela navrant. Elles manquaient de plus en plus d’élégance à ses yeux, beaucoup de choses du monde commençaient à en manquer alors qu’il en comprenait les rouages. Même la magie, élément du monde qu’il trouvait peut-être le plus fascinant, devenait de plus en plus technique, de plus en plus limpide. Sans imaginer qu’il les égalait, n’ayant pas encore perdu tout sens du réel, il commençait à comprendre la lassitude des génies quand iels étaient en présence des honnêtes gens - car il va sans dire que les génies n’ont rien d’honnête, sinon, iels seraient d’honnêtes gens. S’attarder là-dessus a peu d’intérêt, mais il est tout de même important de le préciser, au cas où un jour Daé serait considéré comme tel. Et donc, il fumait. Tirant frénétiquement sur les lattes de sa cigarette et essayant de comprendre dans quel pétrin il s’était mis. Dans la pièce à vivre de son petit appartement décoré par des textures chaudes aux couleurs froides, le son de la harpe qu’il venait d’arrêter de faire s’agiter par la pensée résonnait encore. C’était de silence et de calme dont il avait besoin. De silence. Et de calme. Il savait bien que ce dernier serait bientôt troublé. Parce qu’il l’avait vu il y a quelques heures et avait aménagé son agenda en conséquence, pour avoir ce moment de calme, et parce que Geralt de Luhcil ne semblait pas spécialement chercher à être discret, appuyé qu’il était contre le mur de l’échoppe qui faisait face à la fenêtre de Daé. Geralt était devenu son mentor, son maître à penser, mais à un moment des plus ingrats. Là où Elsa avait assisté le jeune Rehla dans ses premiers émois magiques et intellectuels, l’Eloqui arrivait dans les instant où le Martyr de la Lune avait un esprit critique et une magie puissante, et même s’il ne rivalisait qu’en peu de choses avec son Mentor, le travail en était, inévitablement plus ingrat. Car sa parole n’était plus parole d’évangile, mais simple parole de confrère éclairé et là où les paroles d’évangiles ne se contredisent pas, celles des confrères éclairés, oui.

Voyant que Geralt avait disparu, Daé se ralluma une cigarette et ouvrit le loquet de sa porte sans bouger un sourcil, sa magie se déplaçant élégamment jusqu’à l’intérieur de la serrure pour soulever ledit loquet. Il fit venir à lui, de la même manière, un livre qui était posé sur sa table de chevet et commença à lire, audiblement, mais faiblement, avec le seul ton adapté pour lire de la poésie selon lui.


Heureusex les autres,
Les simples,
Les joyeusexs,
Les moyennexs,
Les sympathiquexs,
Les amantexs fidèles et les élèves aux notes convenables,
Qui voient la nuit
Comme le moment idéal
Pour prendre des forces pour le jour.


Geralt entra à ce moment-là.


Mauditexs les unexs,
les sachantexs,
les puissantexs de l’âme,
les amoureusexs transitexs,
les idéalistes,
les révolutionnaires,
les saltimbanques,
les artistes,
les parentes qui regrettent à raison,
les ombres,
les amiexs des aetheri - qui ne tiquent même plus à l’idée qu’il soit écrit sans majuscule,



Geralt s’assit dans un fauteuil, dans l’obscurité,



les damnéexs,
les solitaires,
les poëtes,
les sauveureusexs,
les étoiles,
qui savent que la nuit
est un moment idéal
pour avoir peur du jour à venir.


Le livre se referma. « Je suppose que tu ne fumes toujours pas ? Je suis désolé du tutoiement, mais la déprime me force presque à l’utiliser, tu ne m’en voudras pas. Je sais ce que tu es venu me dire. » « Tu n’en sais pas le contenu, tu en sais le thème. Et même si tu connaissais le contenu, tu penses bien qu’il aurait fallu que je vienne. »

La cigarette de Daé tomba quelques étages plus bas sur la rue. Il soupira et la fit remonter avant de la rallumer. Il se retourna en direction de Geralt. Le visage du Caeli était marqué par le manque de sommeil, l’inquiétude et la tristesse. Loin le jeune Rehla idéaliste qui souhaitait servir Oni, loin le fils de qui pensait à reprendre la boutique maintenant à l’abandon depuis des mois à l’intérieur de la Vorace et qu’il n’avait jamais eu l’énergie de retaper alors qu’il avait des projets plein la tête, loin l’adolescent, loin la naïveté. Tout cela était toujours en lui et il ne s’en déferait jamais, mais elle lui parlait comme moins souvent, rattrapé qu’il était par un tas de mot qu’il abhorrait, ceux qui ressemblent à devoir et responsabilité. « Il ne me semble pas que j’aie fait quelque chose qui mérite la visite d’un Eloqui à cette heure-ci. » « J’ai peur, Daé. » En effet, il ne connaissait pas le contenu de la discussion, car il s’attendait à beaucoup de réaction, mais pas à celle-ci. « J’avais envie de venir te parler parce que j’ai peur de ce qui va t’arriver. Je sais qu’un jour tu prendras ma place ou que du moins tu me rejoindras, mais je regrette à chaque fois que j’y pense qu’on m’ait confié ton mentorat. » La dernière phrase fit se tendre le Caeli qui eut un frisson du bas du dos jusque dans le haut de sa nuque. La colère qui était mise dans ses mots était froide, mais le monde physique la traduisait par la magie du Rehla. Alors qu’il parlait, la température de la pièce se refroidit assez subitement. Il avait pour habitude, chez lui, lorsqu’il était seul, de laisser sa magie opérer sans même qu’il n’y réfléchisse, afin qu’il n’ait pas la charge d’exercer un contrôle dessus, c’était ce qui arrivait ici. « Et moi alors, Geralt ?! Crise d’ego peut-être, mais et moi ?! Tu ne crois pas que je regrette mon destin ? Tu ne crois pas que j’aurais préféré être de ces Rehlas qui passent leur temps à recopier des prophéties sur du papier que personne ne va lire, car il faut passer dix ans pour espérer trouver la bonne et que neuf-cent nonante-neuf mille sur cent-mille ne servent à rien ? Tu ne crois pas ça ? Alors qu’est-ce que tu es venu me dire ? Que tu préférais que je me débrouille seul ? Que tu préférais que je ne te demande rien ? Qu’est-ce que tu fais chez moi au milieu de la nuit ? » La colère de Daé n’atteint pas Geralt, ou du moins pas visiblement, qui semblait lui aussi épuisé. Il eut un petit rire. « Tu ris ? » « Oui, je ris. Je ris parce que ton tempérament me fait du bien. Je n’ai pas dit que je te regrettais. Je suis venu tenter de t’apprendre quelque chose. » Daé rit avec dédain, se retourna et se ralluma une cigarette. « Tu auras peur Daé. Tu pleureras, tu te pisseras dessus, tu reviendras vers tes proches en pleurant, n’aura rien le droit de leur dire et en plus de cela iels ne te comprendront pas. Tu es en train de te diriger vers un terrible chemin de solitude. » Il pointa un éclat de givre contre le mur. « Regarde, même ta magie le prouve. Tu es utile, mais tu vas souffrir et voilà des heures, depuis que la nuit est tombée que je cherche comment le formuler, mais je ne trouve pas. Peut-être que tout tient dans ces mots. Tu - auras - peur. » Les derniers mots furent ponctués de petits silences. Comme pour les faire particulièrement exister dans sa tirade. « Voilà ta leçon ? J’aurais peur ? » « Oui. Et ta réaction me le prouve déjà. Mais ça, tu n'as pas besoin de le comprendre pour l’instant. » Au fond, Daé savait que Geralt avait raison, mais il était piqué, piqué dans on ego que quelqu'un le lise si bien et lui le dise si simplement, sans y mettre de rancoeur. Il avait envie de lui hurler dessus d'accuser quelqu’un, de frapper quelqu'un, mais il savait bien que Geralt n’était que l’oiseau de mauvais augure et qu'il n'avait aucun accès à l’oiselier. Il regarda les lunes et tira sur sa cigarette, comme pour y mettre sa colère. « Pars. » C’était la première fois qu’il parlait comme ça à son mentor et il savait qu’il le regretterait, car il avait un immense respect pour ce dernier, mais c’était trop. Il avait besoin d’être seul, d’être seul par choix et pas parce qu’une pseudo destinée le lui avait imposé. Geralt sourit, mélancoliquement et se leva. « Je ne t’en veux pas pour ce soir, pas le moins du monde. Et tu sais où me trouver si tu en ressens le besoin. » Et par élégance, il ne se téléporta pas ni ne déploya d’ailes, mais sortit par l’escalier, laissant même à Daé le loisir de le contempler partir alors qu’il ne savait pas quoi faire de cette colère qui bouillait en lui.

Cette nuit, Daé rêva qu’il détruisait la lune à coup de cigarette.



1816 mots
Revenir en haut Aller en bas
http://lesterresdesympan.forumactif.com/t36632-dae-miirafae-term
 

[A] | Colère | Solo

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

 Sujets similaires

-
» [Q] Ce n'était pas la Colère | Solo
» Jour de pluie et de colère - Rp solo
» LDM Avril/Mai - La cargaison de thé
» [EVENT solo Partie IV - solo] Rétablir un semblant de vie
» [Q] - Les fleurs de la colère
Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Les Terres de Sympan :: Zone RP - Océan :: Continent Mystérieux - Sud :: Terres de Lua Eyael :: Lua Eyael-