Maximilien Eraël ~ Humain ~ Niveau III ~ ◈ Parchemins usagés : 2484 ◈ YinYanisé(e) le : 18/09/2016◈ Activité : Charpentier | rang II ; Ébéniste | rang II ; Soldat | rang II
Comme si le fait qu'il manqua un membre à leur groupe de jeu était une catastrophe, le départ de Ren — qui pourtant ne s'en alla pas bien loin — mit en pause la partie, tous se tournant vers le duo d'Orines qu'elle et son amie formaient et suivant en spectateurs la conversation initiée. Une démonstration du service du thé ? Aurel et Sharihzad boudèrent. Ils préféraient jouer plutôt que participer à cet événement qu'ils connaissaient déjà et bien moins amusant. Ils se demandaient toujours d'ailleurs comment faisaient les adultes pour s'asseoir et rien faire d'autres que regarder ou discuter sans s'ennuyer. La fillette et son frère étaient cependant les seuls à être de cet avis, quoi que les autres enfants étaient d'accord pour y assister surtout parce que c'était leur mère qui était en charge de la démonstration. Et s'ils avaient envie de contester ce choix, il était certain qu'en situation inverse, ils se seraient jetés à l'extérieur également. Ainsi furent-ils contraints de suivre la majorité qui, déjà, avait passé le palier et faisait route vers le groupe d'adultes. Aurel devançant sa sœur, il ne la remarqua pas s'arrêter brusquement devant la porte tandis qu'une silhouette s'interposât entre elle et la sortie. Imposante. Effrayante. Pour la première fois Lamh lui parut terrifiant. Pourtant son expression n'avait pas changé. C'était toujours la malice qui tirait ses traits. Mais quelque chose était différent malgré tout. Il posa un genou à terre et, à hauteur de l'Enfant des Cieux, l'obligea à affronter son regard brillant. Elle avait peur qu'à le fixer trop longtemps il ne l'étouffe simplement par la force de ses iris, ainsi cherchait-elle à s'en détacher sans succès. « Oh, petite Sharihzad. Tu es une bien vilaine fille à ne pas m'écouter et à m'oublier comme tu le fais. ». Elle s'était attendue à ce qu'il la gronde. Mais sa voix était si douce. Et pourtant elle était glacée d'effroi. « La prochaine fois que je te demande quelque chose, ne me fais pas attendre comme aujourd'hui. Ma patience a ses limites et tu ne veux pas qu'elles soient dépassées. N'est-ce pas ? ». Les larmes aux yeux, elle s'exprima enfin devant lui. « Mais t'avais dis ça pouvait attend'e... » marmonna-t-elle difficilement. « Ne me déçoit pas plus que tu ne le fais actuellement. » murmura-t-il sans lui répondre en essuyant ses pleurs, un sourire malveillant fleurissant sur ses lèvres. Alors elle hocha la tête en silence. Enfin il s'écarta pour la laisser passer. Aurel, ayant finalement constaté son retard, la fixait, interrogatif, jusqu'à ce qu'elle le rattrape, accompagnée de Nüka tout aussi curieux quand à son immobilisme passé. « Tu faisais quoi ? » lui demanda-t-il lorsqu'elle fût enfin à ses côtés. Elle préféra ne rien dire. « Laiiiiiine ! » appela-t-elle l'Orine en courant maladroitement vers elle. À son niveau, elle se raccrocha à son kimono en trébuchant une énième fois. « Laine, je peux te 'mander un kruc ? ». Elle n'attendit pas sa réponse et, tirant par à-coups sur son vêtement et une main devant la bouche, comme prête à confier un secret, elle l'invita à se baisser. « Tu peux m'aider à, euh... ». Comment avait-il dit ça déjà ? « Subilier... Subniler... Prendre un truc au monsieur avec les cheveux blancs, celui avec le papa à Ihsan ? Mais faut pas qu'il le sache ! C'est pour jouer ! ». Il lui avait dit qu'elle pourrait l'aider. « S'il-te-plaîîîîîît ! ».
Aurel avait rejoint Mithra et les deux autres Enfants des Cieux en voyant sa sœur et Nüka s'éloigner vers Eeva-deux. « Dis Mitha ? Pouquoi on a pas les ailes nous ? Tu sais toi ? ». Cette question, il se l'était toujours posé alors qu'il était le seul à la maison à ne pas en posséder. Il n'avait jamais prêté attention que les Humains ailés demeuraient en minorité parmi eux toutefois. Sa maison était la représentation de l'ensemble de la race Humaine à ses yeux. « Tu c'ois on aura des loukoums ave' le thé ? » continua-t-il avec ses questions. La pauvre était une adulte comme les autres à ses yeux d'enfants, ainsi commença-t-il à l'assomer de questions comme il le faisait régulièrement avec Antonija et son père. « On va rejouer ap'ès ? C'était d'ôle le jeu d'Ee- de Lèn ! ». L'Orine ressemblait trop à leur grande petite sœur pour ne pas avoir le réflexe de la nommer par son nom. « Moi je veux on rejoue ! Hein on rejoue ap'ès ? » s'exclama-t-il, posant la question avant tout aux autres enfants. Il fallut une seconde pour que son effusion de joie ne se ternît. Ça aurait été plus drôle si elle avait été là. Alors, à son tour il s'immobilisa au milieu du jardin, la tête baissée. En une seconde un flot de tristesse plus grand encore que la séparation avec Eeva l'envahit et inonda ses yeux. Il sentit alors son épiderme toute humide. Ce n'était pas les larmes cependant. Le chien blanc l'avait vite rejoint, son museau venant chercher son visage malheureux pour le lui lécher, comme il chercherait à arrêter le ruisseau larmoyant qui coulait sur ses joues. Les chatouilles de son pelage, son visage à présent barbouillé de la bave de l'animal et les fesses au sol une fois renversé par la force non contrôlée du canidé lui arrachèrent un éclat de rire. Ça y est, il pleurait plus. C'était gentil un chien. Il en voulait un maintenant. Il demanderai à son papa s'ils pouvaient avoir le même. S'accrochant à ses poils, il se releva et couru rapidement rejoindre le reste du groupe.
Pas aussi forte ? Très maladroite ? « Nous ne possédons pas tous la puissance du Capitaine Katzuta. Ce n'est pas mon cas à moi en tout cas. » sourit-elle. La seule chose dont elle pouvait se targuer auprès de Maximilien, c'est sa magie. Pas de quoi se jeter des lauriers donc. Il suffisait de constater les résultats de la Coupe des Huit d'ailleurs pour confirmer qu'il n'avait plus tant besoin d'elle que ça. « Et vous ne semblait pas tant maladroite que vous le suggérez quand je vous vois vous occuper ainsi de mademoiselle Blaise. » ajouta-t-elle en posant un regard serein sur l'Humaine avant reporter son attention sur l'Ange tandis qu'elle lui confiait l'établissement du Lien entre les Écuyers de l'Aurore « Vous êtes proche de Dame Leenhardt. ». Son commentaire relevait plus de l'affirmation que de la question. « Ces Liens sauvages devaient être beaux quand ils avaient lieux. Une connexion naturelle et évidente entre deux êtres doit être forcément plus solide et la complicité plus intense. ». Elle l'ignorait. Elle espérait continuer à l'ignorer. « Je fais partie de ces Anges dont le Lien s'est fait dans l'urgence, juste après la défaite des Ætheri contre le Sympan. » confia-t-elle, l'œil dans le vague. « Ce n'était pas simple au début donc. Ce n'est jamais simple quand la chose est... Forcée. ». Ce n'était pas exactement le terme. C'était plus compliqué que ça, mais elle ne savait quel mot poser sur ce qui avait été vécu. « Aujourd'hui encore il y a des hauts et des bas. ». Ça allait mieux, certes. Mais leurs caractères respectifs étaient bien trop opposés pour que tout se passe pour le mieux. Ce Lien était loin d'être un fleuve tranquille et trop souvent à son goût leurs idées se confrontaient avec brutalité. « Je crois... Oui, pourtant je crois qu'un Lien n'apparaît pas sans raisons. Ce doit être comme des Âmes Sœurs qui se retrouve. Un tout qui se dévoile entre deux êtres. Une complémentarité qui se créée. ». Une part de mystique demeurait dans la formation des Liens et c'est aussi ce qui le rendait si beau. « Finalement, la seule chose que je redoute dans le Liens — ce qui doit être le cas de tout les Gardiens et tout les Protégés — , plus que la crainte de ne pas se sentir à la hauteur, c'est la rupture. » souffla-t-elle, une ombre dans son regard. Elle le craignait d'autant plus lorsqu'il partait sur le champs de bataille, comme c'était le cas aujourd'hui. D'autant plus qu'elle avait eu un aperçu du sentiment qui en résultait. Infime, certes, mais suffisant à son cœur.
À l’exclamation de la fillette, l’Orine aux cheveux de cuivre ne put camoufler bien longtemps le sourire qui mûrissait à la commissure de ses lèvres et d’un léger mouvement, son regard retourna s’ancrer sur le visage de sa camarade.
« Tu as bien raison : Wakiya est sublime, et elle est également très habile de ses mains. Tu vois mes cheveux? S’enthousiasma la rousse. C’est Waki qui a arrangé ma coiffure pour la journée. Joli, pas vrai? »
Cependant, la jeune femme s’interrompit en remarquant la marmaille s’échapper à toute vitesse vers l’extérieur. Guillerets et impatients, les enfants les contournaient et se jetaient corps et âme sous les rayons du Soleil, comme si ce dernier leur avait cruellement manqué durant cette période où ils s’étaient confinés entre les quatre murs du domaine. Ren sourit : le choix semblait unanime et d’une foulée plus tranquille, les Orines, accompagnées par la petite Idril, suivirent le groupe afin de rejoindre le rassemblement qui s’était agglutiné pour la démonstration de thé. Toutefois, c’était avant que la rousse ne ralentisse sa marche, ses oreilles se redressant à l’entente de son prénom à travers les babillements des enfants, et quelques secondes plus tard, ce fût les tiraillements qui se cramponnèrent aux tissus de son kimono qui freina définitivement son pas. Surprise par l’accrochage involontaire, la rouquine laissa couler l’émeraude de ses prunelles jusqu’à ses flancs, là où elle croisa le regard d’une jeune enfant.
« Fais attention quand tu cours, Sharihzad. Tu ne t’es pas fait mal au moins? Sans attendre, la jeune Humaine acquiesça, son comportement portant indirectement une nouvelle interrogation à la bouche de l’Orine : Est-ce qu’il y a quelque chose que je peux faire pour toi? »
En identifiant son interlocutrice, la combattante n’avait pu refréner l’agitation de ses mémoires, qui jaillirent au sein de son esprit à la manière de geysers incontrôlables. De fait, l’instant où leur regard s’était croisé pour la première fois et que cet air de tristesse avait pavé le minois de la petite rejouait inévitablement à l’intérieur de son crâne. Gênée, Muramasa n’osa esquisser le moindre mouvement. Était-ce en raison de sa ressemblance avec leur sœur, à elle et à son frère, que la fillette réagissait de la sorte? La Muse n’était sûre de rien, mais à la requête de l’enfant, Ren préféra tout de même poser Idril entre les bras de la Sunano.
« Temporairement », mima-t-elle sur le bout de ses lèvres avant de reporter son attention vers la petite Humaine.
L’Orine considéra la fillette avec empathie, suivant ses instructions afin de se poster à même hauteur qu’elle. Genoux pliés, cou légèrement tendu vers l’avant afin qu’elle puisse capter le secret de l’enfant, Muramasa prêtait oreille à la sollicitation marmonnée, ses traits faciaux se pétrifiant graduellement dans le marbre de l’étonnement.
« Prendre un truc sans qu’il le sache? » Répéta-t-elle afin de s’assurer qu’elle ait bien compris la demande, question qui ne tarda à lui être répondue dès l’instant où Sharihzad fit bouger sa tête en signe d’affirmation, la supplique suivant presque immédiatement.
Lentement, elle redressa son visage. Qu’est-ce que je pouvais posséder qui pouvait intéresser une petite fille de cet âge de toute façon? Est-ce qu’elle et les autres enfants se sont donnés un défi pendant que je discutais avec Wakiya? C’était très probable, mais Ren hésitait toujours.
« Avec qui tu t’amuses à ce jeu? Est-ce que la fillette avait la moindre idée de l’implication de sa requête? Je ne suis pas certaine que ce soit une bonne idée… Tu sais que ce n’est pas bien de voler les autres, n’est-ce pas? »
Elle soupira en toute discrétion, mais en étudiant l’expression de sa cadette, Muramasa comprit également qu’il s’agissait là de l’esprit propre aux enfants de cet âge. Ils ne faisaient pas la différence entre le jeu et l’infraction, et ce qui paraissait innocent et amusant à leurs yeux ne l’étaient pas à quelques occasions. Cela étant dit, c’était peut-être une étape à l’éducation afin que l’enfant grandisse et apprenne le bon du mauvais : il lui fallait réaliser une faute pour qu’il puisse finalement juger de lui-même des conséquences de ses actions. Néanmoins, Ren considérait que ce petit salon de thé n’était pas la meilleure scène pour ce type de leçon morale.
« Très bien, abdiqua-t-elle, j’ai peut-être une idée, mais je t’aide à une seule condition. Muramasa suspendit alors l’une de ses mains devant le visage de la petite fille, son auriculaire fièrement dressé comparativement au reste de ses doigts, qui s’étaient recroquevillés à l’intérieur de son poing. Promet-moi que tu n’accepteras plus de voler à qui que ce soit, même s’il s’agit d’un jeu. Je ne voudrais pas que tu aies des problèmes en allant subtiliser un objet à la mauvaise personne. Agitant légèrement son petit doigt sous le nez de son interlocutrice, Ren lui adressa un sourire : C’est une promesse? »
Elle attendit que l’Enfant des Cieux accroche son propre auriculaire au sien, scellant ainsi leur serment. Puis, l’Orine se releva, tendant sa paume ouverte afin que Sharihzad lui tienne la main.
« Tu as de la chance : je connais ce monsieur aux cheveux blancs. Viens avec moi. »
◆ 864 mots | Post VIII Ren passe Idril à Wakiya et accepte d’aider Sharihzad. Elle guide la petite jusqu’à Isiode et Neah.
« Si je comprends bien, récapitulais-je. Reine aurait choisi de dévoiler sa « véritable identité » à votre femme, qui vous l’a ensuite mentionné – avec son aval, j’ose espérer? – mais le Kērosa, qui enquête sur une affaire qu’elle a elle-même déclenché en se dévoilant à des militaires, pourrait potentiellement être en danger, mais pas vous spécialement? Peut-être me manquait-il des informations, mais c’est ce qui transparaissait de ma compréhension. Après son petit tour de passe-passe sur l’Île d’Orhmior, un territoire militaire et sécurisé, croyait-elle honnêtement que nous n’essayerions pas de creuser afin de savoir qui elle est réellement? Mes questions étaient purement rhétoriques, mais par leur biais, j’essayais de faire comprendre mon raisonnement au Katzuta, surtout si cette Déesse désirait honnêtement nous aider. À ce point, je crois qu’elle veut que l’on découvre qui elle est. Autrement, elle se serait montrée plus subtile sur cette intervention – sur toutes ses interventions. »
Et je posais l’incident de l’entrepôt tout en haut de ma liste, d’autant plus si elle était une réelle Divinité. Avec la puissance que seules les déités pouvaient posséder, elle aurait facilement pu disparaître avant que les militaires ne pénètrent à l’intérieur du bâtiment, laissant une note ou un signe afin de faire connaître ses intentions; elle aurait simplement pu changer son visage ou ne pas le rendre reconnaissable afin qu’aucun de nous ne puisse faire le rapprochement entre elle et la Marquise Leenhardt. Pourtant, elle avait réalisé tout cela à visage découvert, elle s’était introduite aux militaires en usant de sa Magie grossière… Était-ce de l’excentricité de la part de cette entité? Un excès de confiance démesuré? Quoi qu’il en soit, j’observais à présent le rouquin avec cette étincelle de doute dans le regard. Avait-il inventé une excuse pour justifier son omission, volontaire ou non? Pourtant, en ayant écouté les battements de son cœur, préalablement, son rythme ne s’était jamais décalé ou brusquement altéré : pouvais-je ainsi supposer qu’il croyait sincèrement en la bonne foi de ses actions? Je secouais la tête sans un mot, portant tout de même attention à la suite de ses propos. Cependant, mes sourcils se froncèrent gravement, plus le Capitaine de Boadicēa s’étendait dans son monologue, et au final, je n’eus la force que de fermer les yeux. Je saisissais pourquoi il était amer, mais dans le même temps, je ne pouvais lui parler du voyage de l’Apakan et de l’Impératrice Blanche sur le Continent des Glaces. C’est pourquoi, sans aucun tact, ma voix s’élança dans sa direction :
« N’avez-vous jamais considéré que nous ne sommes peut-être pas encore pardonnés, nous et les Dieux de notre panthéon? Je laissais planer un silence, reprenant après un instant : Cessez de geindre, Capitaine. Parfois, il faut agir par nous-mêmes et ne pas attendre, le regard en détresse, que la grâce divine tombe du ciel. S’il y a bien une chose que le Rimkalàri (la Guerre) m’a fait comprendre, c’est que nous n’avons rien d’acquis et que nous ne pouvons pas constamment attendre l’intervention des Dieux pour nous protéger et régler tous nos problèmes. Je le scrutais fixement. Si vous considérez que nous stagnons encore aujourd’hui, malgré tous les efforts et les progrès que nous avons accompli jusqu’ici, alors cela veut peut-être dire que nous n’avons pas encore fait nos preuves. En haussant des épaules, je rajoutais : Dans ce cas-là, arrêtez les salons de thé auprès de votre fiancée et servez-vous de vos ressources, de votre temps et de votre énergie pour aider votre peuple. Construisez un temple à la gloire du Dieu-Roi, par exemple, ce sera certainement plus efficace que… ceci, dis-je en balayant momentanément les festivités du regard. De vous à moi, la Marquise peut très bien se débrouiller seule pour divertir ses invités. »
Mes paroles pouvaient paraître dures, insensibles – et elles l’étaient – mais je détestais le voir se morfondre ainsi, alors qu’il semblait, en même temps, justifier les actes de cette entité à l’endroit de notre peuple. En relâchant une discrète expiration, je poursuivis d’un timbre plus rasséréné :
« Je comprends votre impatience et votre frustration. Nous sommes maudits. Nous ne pouvons plus engendrer d’enfants et, il n’y a pas si longtemps que cela, les Gardiens ne pouvaient plus user de leurs pouvoirs afin de soutenir leur Protégé. Cependant, nous sommes également des Éternels : nous avons une longévité qui surpasse celle de bien d’autres races sur cette terre. À moins d’un second Czírnúma (le Génocide), qui, de toute façon, n’épargnerait ni adultes ni enfants, nous ne nous éteindrons pas aussi facilement. Un instant, mes yeux se portèrent sur les quelques Anges qui déambulaient dans les jardins du domaine. D’aussi loin que cela me concerne, ma priorité est de rebâtir le présent afin que notre peuple puisse de nouveau se subvenir à lui-même et, pour commencer, il nous faut sauver les nôtres qui sont encore enchaînés et procurer un travail, de la nourriture, des vêtement, un toit et des soins à ceux et celles qui essayent encore de se reconstruire. Je secouais doucement la tête. Les enfants sont le futur, et c’est pourquoi j’aimerais qu’ils puissent voir celui-ci – et le vivre – à une période où nous serons à notre meilleur. Chaque chose en son temps : celui de l’enfantement aura également son heure. »
Peut-être même plus tôt que nous le pensions. Toutefois, sans crier gare, mes yeux se teintèrent de noir.
« Mais si vous êtes aussi prompt que cela à abandonner nos Ætheri pour cette Izanami, une potentielle Divinité qui n’hésite pas à assouvir sa dominance sur des Mortels qui ne lui ont rien demandé (dans mon esprit, je revoyais les visages de mes collègues qui l’avaient rencontré et qui avaient été victimes d’un excès de puissance injustifiée), en plus de considérer notre Foi comme un simple jeu d’Hagydz, dans mon cas, je ne le suis pas. Et si elle se présente de nouveau devant nous, alors je lui ferai bien comprendre qu’elle peut reprendre son Thēkera. Mes sourcils se froncèrent. Il est hors de question que je laisse les Anges entre les mains de cette arrogante, Katzuta. »
Du coin de l’œil, je reconnus les silhouettes de Muramasa et de Dame Sunano à travers le flot des invités et je considérais presque aussitôt à aller les rejoindre, puisque j’avais obtenu tout ce dont j’étais venu chercher ici. Toutefois, à ma grande surprise, Muramasa se détacha d’elle-même du reste de la foule pour tracer son chemin jusqu’à notre position. Elle était en compagnie d’une enfant. Seulement, peut-être était-ce en raison de ses vêtements traditionnels ou d’un amas de terre qu’elle n’aurait pas aperçu plus tôt, mais dans tous les cas, Ren buta son pied dans l’herbe du terrain, mes bras la réceptionnant de justesse pour ne pas qu’elle se plante intégralement sur le sol.
« Regarde où tu marches, m’exaspérais-je en la redressant, la jeune femme se servant immédiatement de mon épaule pour se remettre sur pied. Je ne te croyais pas aussi maladroite…
- Et je ne le suis pas habituellement, ricana-t-elle en toute nervosité. Seulement, je crois que je ne suis plus aussi habituée qu’autrefois à porter des kimonos. Avec déférence, elle se tourna en direction du Capitaine Katzuta tout en lui adressant une révérence solennelle afin de le saluer formellement. Je suis désolée de vous avoir dérangé de cette façon, mais je voulais simplement savoir, mentionna-t-elle en me fixant, si tu étais intéressé à nous rejoindre pour une tasse de thé, après la démonstration? »
Je ne lui répondis pas sur le moment, coulant plutôt une œillade vers le militaire de Boadicēa.
« Nous avons bientôt terminer. Je vous rejoindrai dans quelques minutes. »
Ren acquiesça dans un grand sourire puis, salua de nouveau le Capitaine avant de demander à la petite si elle pouvait ramasser ce qu’elle avait pu éventuellement échappé au sol en trébuchant aussi peu gracieusement. Après quoi, l’Orine et l’enfant s’éclipsèrent sans demander leur reste, Muramasa expirant une longue respiration de ses poumons.
« Voilà. Tu as bien récupéré le bouton? Tranquillement, elle lorgna la petite fille, soulevant le « V » de la victoire à quelques centimètres de son visage. Mission accomplie! J’espère qu’avec cela, tu gagneras ton jeu. Elle posa finalement une gentille pichenette sur le front de la gamine. Et tu n’oublies pas notre promesse, d’accord? Visiblement satisfaite, Ren l’entraîna dans son sillage avec expectation. Allons rejoindre ton frère et les autres! Est-ce que tu aimes le thé? Tu pourras me conseiller le meilleur à déguster. »
Quelques minutes plus tard…
Nous nous étions finalement rejoints tous les trois, Dame Sunano, Muramasa et moi. À distance du plus gros de la foule, les deux jeunes femmes sirotaient leur thé avec curiosité, tandis que, dans un silence implacable, je fixais distraitement l’un des embouts de ma veste.
« Muramasa?
- Hum?
- Pourquoi aviez-vous besoin du bouton de ma manche, cette enfant et toi? »
Instantanément, son sourire se figea : une Orine ne pouvait mentir à son Aisuru.
◆ 1 499 mots | Post IX | FIN C’est terminé pour moi. Ren aide Sharihzad à subtiliser un bouton de la veste d’Isiode, interrompant la conversation entre ce dernier et Neah (s’il y a un problème au niveau de la finalité, Mancy, fais-le moi savoir et je modifierai ma réponse de sorte à ce que les réactions d’Isiode/Ren + l’ambiance générale soient cohérentes par rapport à la propre réaction de Neah o/).
Dans tous les cas, je considère que Ren, Wakiya et Isiode restent dans les parages encore un certain temps, mais partiront parmi les premiers invités. Merci pour le RP ♪
Il était complexe de mettre Mancinia et les membres de la Nith-Haiah au même niveau devant les yeux d'une émissaire divine s'étant avérée être une Aether. Neah était certain qu'elle ne causerait la perte de sa Protégée que si elle se détournait de la voie du Bien, mais elle n'avait pas cette considération à son égard. Ni lui, ni les autres. Elle ne l'avait approché que parce qu'il était un Gardien, mais elle pouvait très bien le tuer pour punir l'Humaine. Personne ne semblait savoir à quel point elle était monstrueuse. À quel point elle pouvait l'être encore plus. Lui, il l'avait bien vu. Et il n'avait pas envie de mettre des mots là-dessus ...
— Si elle voulait que nous le sachions, il lui aurait suffi de se manifester comme tel. J'ai la sale impression qu'elle n'ait pas envie que nous soyons tous au courant, en dehors de quelques rares concernés.
La Canine Blanche se refusait à dire « Élus » ou tout autre terme similaire, se sentant comme une marionnette entre les mains d’Izanami, à l’inverse de ce qu’il éprouvait avec Ësse'Aellun et ce, même si son épouse semblait en être une. L'Envoyée d'Isemli qu'elle seule voyait le lui avait même mentionné ; Mancinia avait « de la chance d'être protégée par elle » ... Le constat amer de leur Malédiction cédait devant un lourd silence, donnant l'illusion que la bulle dans laquelle ils se trouvaient allait se rompre à tout instant. Il aurait voulu répondre devant le reproche qui lui était adressé, mais dans un même temps, Neah avait conscience de resté figé dans des lamentations devant leur condition. Une situation à laquelle il pensait tout le temps. « Mancinia n'a pas l'Éternité devant elle, Yüerell » aurait dû être sa réponse, mais ce serait égoïste de le dire à voix haute. Ils n'étaient pas les seuls dans cette situation, mais le fait est qu'il aurait aimé avoir un enfant ailé. Le leur.
— Je vous croyais plus observateur, Capitaine.
Rien n'était jamais « simple » lorsqu'on était un représentant haut placé de sa race. S'il n’avait pas dû se soucier de la position de sa compagne, ce serait à son bureau qu’il se trouverait, mais de par leur volonté d'union et leurs actions futures, ils devaient agir ensemble. Il était idiot de croire que l'unique but était de s'amuser lorsqu'on avait des représentantes comme la Mahestan Sahar et Dame Takahashi dans les environs. Ce Thé avait aussi la vocation de renforcer leurs alliances mutuelles ; elles étaient plus importantes que jamais dans cette phase de reconstruction. Ils n'y parviendraient pas seuls, pas encore et, de plus, il était intéressant de voir les générations actuelles rencontrer leurs potentiels successeurs.
— Si l'avenir se construit au présent, ne croyez pas que vous êtes le seul à oeuvrer dans ce sens.
À deux doigts de matérialiser son rapport dans un acte puéril, mais Neah savait mieux que quiconque que les actes valaient mieux que les mots.
— ... Même s'il est vrai que j'ai perdu ce simple objectif de vue en restant fixé dans le passé.
Comment ne pas rester chevillé là-dedans quand tout leur renvoyait la situation en plein visage ? Que ce soit les victimes des Démons en Terre Blanche, ou ceux qui semblaient être emprisonnés sous les murs protecteurs de l'Ordre d'Hébé. Lui n'était pas parti vers de nouveaux territoires, il était resté en arrière pour prendre soin de Mancinia, à peine éveillée d’une décennie d’absence. Il avait également oeuvré pour sauver ceux qui se débattaient sans réussir à s'extraire de la boue qui allait les noyer. Quelqu'un avait dû le faire. Peut-être que son esprit ne se détacherait de cela que lorsque tout serait terminé et que chacun d'eux serait rentré à la maison. Au final, peu importe ce que l'un et l'autre entreprenait ; il y avait une continuité. Plus il l'écoutait, plus Neah trouvait qu'Isiode était du même acabit que son épouse, mais si lui était posé et réfléchis, l'autre n'était qu'un incendie absorbant tout sur son chemin. En cela, Mancinia serait une Reine des Humains remarquable, mais elle ne serait jamais Reine des Anges ; ce n'était pas pour autant qu'elle les laisserait tombé.
— ... Personne n'avais jamais remis ma Foi en question à ce point, dit-il en se mettant à rire doucement. Je n'étais pas à l'Odon do Dur et à la Devâdary dā Sipāhī en tant qu'infidèle, vous savez ? Je ne crois simplement plus aveuglément. Quant à Izanami ... son cas est ...
Ce dernier s'interrompit en constatant l'arrivée de l'Orine des Frères Yüerell. Cela le surprenait encore de savoir qu'il existait un tel Lien entre eux et une Poseuse d'Énigme. Qu'avait-elle fait pour les convaincre de le nouer ? En dehors d'être une habile combattante, Neah ne voyait pas une autre option.
— Vous ne vous êtes pas blessée ?
Quel mauvais réflexe avait-il encore eu en l'interrogeant de la sorte. Cette culture médicale allait le consumer.
— Je vous ai emprunté le Capitaine plus que de raison, il semblerait, dit-il dans un petit sourire. Je ne vais pas vous retenir plus longtemps.
Durant ces quelques instants de l'entre-deux, Neah reprit son souffle.
— Merci, Isiode. Notre conversation m'a remis les idées en place. J'espère vous revoir à l'avenir avec de meilleures nouvelles.
Il leur adressait son sourire habituel.
— Profitez bien du thé. Et n'hésitez pas si vous avez besoin de quoi que ce soit.
En les voyant s'éloigner, l'Oiseau Doré se disait qu'il serait idiot de rester planter là en sachant que d'autres invités étaient désireux d'avoir son attention, avant de sentir un petit contact se cramponner sur sa jambe.
— Ihsan.
Un sourire germait sur ses lèvres tandis qu'il se baissait à sa hauteur et écouter sa demande, mais son fils en profitait pour se jeter dans ses bras.
— Câlin, papa !
Se redressant tout en l'entraînant avec lui, ses petits bras noués autour de son cou, Neah ne pouvait pas se sentir plus heureux ; il voulait un enfant ailé avec Mancinia ? Ils avaient les Jumeaux. Des Humains aux ailes blanches qui étaient la communion parfaite des Écuyers de l'Aurore. Peut-être ne devait-il pas espérer plus.
— Tu t'amuses bien avec tes amis ? — Oui, très ! Ils sont tous gentils ! Mais ce serait encore mieux si tu jouais avec nous ! — Tu viendras me le redire un peu plus tard, d'accord ! — Ouiiii ! — Neah !
Il n'avait parcouru que quelques mètres, mais il se faisait accoster par d'autres intervenants, comme escompté. Tenant Ihsan assis sur un seul de ses bras, ce dernier regardait tous ces hommes et toutes ces femmes qu'il ne connaissait pas, sans être mal à l'aise, question d'habitude.
— J'ai cru qu'Isiode allait te garder pour lui toute la journée ! — Vous auriez pu venir si vous le vouliez. — On était occupé à dévaliser les pâtisseries. Parfois, c'est bien de décompressé du boulot, non ? — On ne va pas parler de travail aujourd'hui, hein, Neah ? — On est très bien là au soleil, pas vrai ? — Vous êtes drôles, dit-il en soupirant de rire tandis qu'Ihsan posait son front contre sa joue. Être Père est un boulot à temps plein.
Mancinia & Neah Aimer c'est ce qu'y a d'plus beau. Aimer c'est monter si haut. Et toucher les ailes des Anges ...
By Astriid ♫
By Shanxi ♫
Andrea ~ Orine ~ Niveau I ~ ◈ Parchemins usagés : 210 ◈ YinYanisé(e) le : 31/10/2020◈ Activité : Andrea : Harpe & Tatouages | Natsu : Danse des épées
Sam 21 Mai 2022, 11:59
Un Dernier Thé pour la Route Andrea & Natsumura
Natsumura se fondait dans la discussion avec une aisance remarquable, comme si ce moule avait été taillé pour elle. L'attitude chaleureuse de June et des autres Mages invitait certainement l'Orine à bavarder avec gaieté, et le décor somptueux de la demeure Leenhardt, les hors-d'œuvre et le thé, tout cela contribuait à passer une après-midi agréable. Néanmoins, je notais les quelques signes de nervosité de la danseuse dès que son regard s'égarait, peut-être un peu trop souvent, sur le profil de Pulsar. Je la comprenais, s'il s'était s'agit de moi à sa place, peut-être même aurai-je ignoré June pour ne converser qu'avec lui. Et l'ironie voulait que ce soit lui-même qui vint me parler.
« C'est certain. » Admis-je du bout des lèvres, trop conscient de la chaleur irradiant de mes joues. Je savais que personne n'était dupe, mais espérais que personne n'en ferait la remarque. Du coin de l'oeil, je vis nos congénères converger vers les hôtes pour commencer à prendre congé. J'en fus soulagé, même s'il m'aurait plu de davantage explorer l'incroyable variété de végétaux habillant le jardin. Ma petite virée un peu plus tôt m'avait finalement privé de la contemplation de ce dernier, au profit d'une fleur d'une autre variété et au goût de sucre. Un petit sourire joua sur mes lèvres. « Je ne crois pas aux probabilités ou au hasard. Hahanaru Shizen fait trop bien les choses aime se manifester lorsqu'on l'attend le moins, et je vois là un signe du destin de sa part. Il est à ma charge de l'interpréter comme il convient. Et la prochaine fois que nous nous verrons ne sera pas hasardeuse. » Avec le moyen de communication très atypique qui était le nôtre, il serait aisé de nous revoir. A la pensée du mannequin à la disposition de Wakiya, la fébrilité s'empara de mon coeur. Désormais conscients de ses propriétés, oserions-nous l'utiliser avec la même facilité ? Un sourire naquit sur mes lèvres. Non, la timidité était un piètre opposant à notre audace.
« Tant que tu n'oublies pas de venir me voir. » Déclara Natsumura d'un ton pincé. « C'est toi qui n'auras bientôt plus de temps pour moi si tu ne cesses de parcourir le monde et à t'entraîner comme tu le fais. » « Mais tu viendras assister à mes spectacles. » Ce n'était pas une question. « Je serai toujours ton admirateur numéro un. Je ne suis même pas sûr d'autoriser à céder cette place à ton Aisuru. » La danseuse rougit brusquement et je m'en voulus de la mettre mal à l'aise devant Pulsar. Je lui attrapai le coude et murmurai à son oreille. « J'ai vu que nos sœurs ont commencé à rassembler leurs affaires. Tu devrais en profiter pour dire au revoir comme il faut. »
Face au temps qui se dérobait sous ses pieds, la Hanatsu trouva le courage de faire face au jeune Comte. Elle ne voulait pas se retourner plus tard, et repenser à cette journée avec le regret de ne pas avoir autant parlé avec lui qu'elle l'aurait voulu. « Pulsar. » Prononcer son nom lui paraissait étrange, elle se sentait comme une petite voleuse insolente qui s'autorisait des libertés. La sensation n'était pas désagréable, la malice était une de ses facettes qu'elle n'avait pas encore eu l'occasion de dévoiler au Magicien. Mais si les Ætheri étaient favorables, elle savait que les occasions se représenteraient, avec toutefois un petit coup de pouce de sa part. « J'aimerai beaucoup vous faire découvrir notre propre cérémonie du thé. C'est tout un art, que nous apprenons et apprécions dès notre plus jeune âge et ce serait un honneur de vous servir le thé, à June et vous-même. Je suis aussi très curieuse de goûter celui que vous consommez. Et ce sera peut-être aussi l'occasion de vous faire une démonstration de mon Art. Bien sûr, il ne fait qu'éclore et je suis loin d'être aussi douée que les grandes danseuses Orines qui enchantent leur public dès les premières secondes, mais je ferai de mon mieux pour monter un numéro qui vous plaira. »
Un peu plus tard, nous nous présentions près de Mancinia. « Merci pour votre invitation, Marquise Leenhardt. Encore une fois, vous nous impressionnez par votre générosité. Peut-être est-ce dû au climat d'où vous venez, mais la chaleur de votre accueil ne sera pas oubliée et nous espérons pouvoir vous rendre la pareille si vous nous rendez visite à Maëlith un jour. » J'avais réussi à parler sans trébucher sur mes mots, mais avait été incapable de croiser le regard de l'Humaine plus d'une fraction de seconde. Natsumura s'inclina à son tour pour répéter les remerciements et nous quittâmes la demeure avec la Délégation.
Message X | 826 mots
Spoiler:
Natsu et Andrea sont avec Pulsar et June. Ils remercient ensuite Mancinia et partent avec la Délégation. Merci pour ce rp
Happy St Valentin :
Merci Jil :
Kitoe ~ Démon ~ Niveau II ~ ◈ Parchemins usagés : 2066 ◈ YinYanisé(e) le : 09/11/2016
Shanxi avait accepté de la suivre et elles s'étaient levées. Neah n'était plus avec Isiode. Cela lui avait paru être l'occasion parfaite pour l'aborder, mais il n'avait suffi que d'une minute pour que d'autres personnes viennent l'interpeler. Aussitôt, elle avait voulu faire machine arrière. Cela représentait une excuse parfaite pour ne pas se lancer. Mais sa raison la tenait. Il fallait qu'elle lui dise. Sinon, elle repartirait d'ici sans avoir exprimé ce qu'elle avait sur le cœur. Et cette journée serait peut-être la seule qui lui donnerait cette chance. Helsinki jeta un œil à Shanxi. Cela lui donna le courage d'y aller. D'un pas plus ou moins déterminé, l'Ange s'avança jusqu'au Capitaine. Là, elle s'éclaircit la gorge. Elle avait le souffle court.
-... Excusez-moi ?
Pas sûr qu'il l'ait entendue avec la toute petite voix qu'elle avait prise.
-Excusez-moi monsieur Katzuta, je ne veux pas vous déranger, mais j'aurais aimé vous parler. En... privé. Si c'est possible ?
Elle évita de croiser le regard de qui que ce fût d'autre, pour ne pas s'accrocher à l'idée que sa demande était bizarre. Elle se suffisait déjà à elle-même pour le penser toute seule. Helsinki préféra se rassurer en se répétant qu'elle avait fait le plus difficile : maintenant qu'elle l'avait interpelé, elle ne pouvait plus faire machine arrière. Il lui suffisait de foncer, tant pis si c'était idiot. De toute façon, il n'était pas méchant. Enfin... en principe.
Quelques minutes plus tard, ils n'étaient plus que trois. Helsinki avait joint ses mains devant elle pour tenter de cacher sa nervosité, mais cela se voyait à travers chaque pore de sa peau. Son cœur battait à tout rompre. La bouche entrouverte, elle essayait de commencer une phrase. Son regard chercha quelque chose d'apaisant auquel s'accrocher.
-Désolée, je ne sais pas comment commencer.
Elle n'avait pas vraiment préparé de discours non-plus il fallait dire.
-Je voulais vous demander quelque chose mais je ne sais pas comment formuler cela... Je crois que... je vais commencer depuis le début.
En réalité, ça n'était absolument pas nécessaire, mais le besoin de se justifier la mordait comme un chien enragé. Par la même, elle voulait que Shanxi comprenne. Ça lui paraissait être la moindre des choses. Ses yeux se braquèrent sur leurs pieds.
-Cela va faire un moment que je vis aux Jardins de Jhen. On peut commencer à en parler en années.
Elle eut un petit rire nerveux. Elle ne savait pas quand elle était arrivée là exactement. Au départ, sa notion du temps avait été fortement altérée et même si l'on marquait une date précise à la prise de la Terre Blanche, Helsinki n'arrivait pas à se fixer. Tout ce qu'elle savait, c'est que lorsqu'elle y pensait, c'était vertigineux. Elle avait l'impression d'être arrivée il y a à peine un mois.
-Mais c'est bien. Tout se passe bien. J'habite chez une Magicienne, Méryl, et elle est très gentille avec moi. Elle m'aide pour tout. Elle a même insisté pour m'adopter, pour que je n'ai plus à porter le nom de... mon ancien propriétaire. Elle sourit, bêtement. C'était tellement bizarre de verbaliser tout ça. Elle ne l'avait jamais fait. Elle met tout en œuvre pour que je m'intègre à la vie des Anges et que je sois heureuse. Elle me loge et me nourrit ; elle m'emmène voir les médecins ; elle m’incite à rencontrer du monde ; elle m'a trouvé du travail pour que j'essaie de trouver ma voie. Dernièrement j'ai été fleuriste et bibliothécaire.
Elle se mit à rougir comme une tomate. Déjà, elle se trouvait stupide à autant rentrer dans les détails. Il ne faisait aucun doute que Neah avait autre chose à faire que de savoir qu'elle avait vendu des fleurs. Ensuite, elle n'avait jamais rien dit de tout cela à qui que ce fut, pas même à un psychologue. Surtout pas à un psychologue. Quelque part, elle ne regrettait pas d'avoir emmené Shanxi avec elle. Cette dernière méritait de tout savoir. C’était sa meilleure amie après tout. Maintenant, la jeune femme arrivait au point. Elle avait un peu envie de pleurer mais la refoulait.
-Et tout ça c'est très bien. C'est vraiment bien. Tout va bien dans ma vie. Mais malgré tous les efforts qu'on déploie pour moi, ça ne va pas. Depuis mon premier jour ici je... je suis juste malheureuse et monstrueusement passive et je n'ai goût à rien. Et ça me met en colère parce que me voir vivre comme je vis là, alors qu’on met tout en œuvre pour que je sois heureuse, doit être tellement insupportable. Et d'un autre côté, je n'arrive pas à me comporter autrement.
Elle avait pris du temps à comprendre qu'il ne s'agissait pas de temps pour s'adapter à son nouvel environnement, mais qu'il s'agissait de ce qu'il se passait dans sa tête : elle n’était pas épanouie et elle avait peur, parce qu’elle n’avait pas trouvé sa voie. A savoir si c'était horrible à découvrir ou si au contraire, cela l'avait libérée d'un poids, elle n'avait toujours pas la réponse.
-Je n'avais pas revu de Démons avant le Dîner, Monsieur Katzuta. J'étais absolument terrifiée. Sans vous, je serais restée littéralement paralysée et je n'ose pas imaginer comment ça se serait fini. Merci d'avoir été là. Au début, j'avoue que vous me faisiez... assez peur d'une certaine manière. C’est bête à dire mais ce qui m’a aussi marquée, c’est votre force. Ces Démons ne vous faisaient pas peur et vous saviez ce que vous vouliez. Depuis, j'ai eu tout le temps de réfléchir, et...
Elle ferma les yeux, les rouvrit. Devait-elle le regarder ? Vite, une décision. Elle les avait assez fait attendre comme ça.
-J'en suis venue à la conclusion que je veux devenir forte aussi. Elle avait levé la tête. J'en ai assez d'être un fardeau, d’avoir le sentiment d’être inutile et je veux arrêter d'avoir peur. J'ai l'impression que le seul moyen pour moi de trouver un sens à ma vie serait en commençant par là. Je veux apprendre à me battre.
Elle retint son souffle, puis revint à la contemplation de leurs pieds. Au cœur de ses poings serrés, ses ongles torturaient la peau de ses paumes. Elle avait parlé à toute allure.
-Excusez-moi. C'est la première fois que je dis tout ça à quelqu'un. Pardon si c'était inapproprié. Mais j'avais vraiment besoin que quelqu'un sache et si ça peut me permettre d'avancer enfin, ça serait... vraiment bien. Je ne sais pas vraiment à qui m'adresser autrement, mais je ne veux surtout pas...
... vous déranger, c'est juste une demande et vous pouvez refuser, mais si vous acceptiez, je serais vraiment contente. Ou si vous me dirigiez vers la personne à contacter ? Quoiqu'être redirigée vers un inconnu l'angoissait beaucoup. Mais demander les services personnels de Neah était pire que de la prétention. Bon sang... Helsinki espérait vraiment qu'il l'aiderait. Qu'il ne la trouverait pas ridicule. Il y avait de quoi : à première vue, elle n'avait absolument pas le profil d'une battante. A seconde vue non plus, il fallait dire... L'Ange n'avait pas la moindre idée de ce dont elle était capable. Elle ne savait pas si elle avait les capacités physiques, mentales, et si elle tiendrait le choc de quelques entrainements. Elle ne savait pas comment elle le vivrait. Peut-être qu'elle détesterait. Mais là, maintenant, ça lui semblait être la meilleure chose à faire : au moins essayer, plutôt que de se morfondre sur la ruine qu'était le sens de sa vie.
Mithra eu un sourire embarrassé devant Aurel. Elle ne pouvait pas dire à un aussi jeune enfant que sa soeur ne l'était pas vraiment, puisque son Père était un Dieu. D'un côté, Maximilien devait au moins être aussi impressionnant que ça, aux yeux de ses enfants, mais d'un autre côté, elle prenait le risque qu'il s'insurge devant ce constat et il aurait bien eu raison. Pour elle, comme pour ses frères et soeurs, les liens du sang n'étaient pas nécessaires. Les Jumeaux étaient ses cadets et aucun Aether ne changerait son amour pour eux, ni celui de ses parents.
— Les Humains n'ont pas d'ailes, mais s'il existe des petites exceptions ! C'est parce qu'ils sont nés pendant un événement spécial !
Elle ne voyait pas comment le dire autrement. Et ce n'était pas totalement faux, sans totalement être vrai ; l'omission devant des enfants lui serait sûrement Pardonnée.
— Tu sais quoi, il n'y a pas que des loukoums ! souffla-t-elle, pour changer de conversation. Tu as déjà goûté des cookies ? Il y a du chocolat dans ceux de ma maman. C'est quelque chose de très rare, tu sais ?
La Katzuta essayait d'être joyeuse en lui promettant qu'ils iraient de nouveau s'amuser ensuite, avant qu'une chute ne manquasse de ruiner leurs plans. Mithra vit les larmes dans ses yeux, mais avant la moindre intervention des membres à deux pattes, Nüka intervint en premier. Il n'y avait que les animaux pour soulager certains maux ...
Idril était admirative devant l'Orine. Elle affectionnait l'éclat sombre de sa chevelure, en contraste avec la sienne, d'un blanc de craie. Ce qui n'était pas une bonne nouvelle pour la concernée puisque ... Eh bien, l'Humaine risquait de lui en arracher quelques-uns pour en garder le souvenir. Son regard perdu sur son faciès lui faisait oublier l'idée de lui causer pareille douleur.
— Tu es trop jolie, madame ! répétât-elle dans les bras de Wakiya. Tu es née dans une fleur ?
Elle ne voyait pas d'autres possibilités que celle-ci.
— Oh, maman, maman ! Regarde, la dame est née dans une fleur ! — Merci de me l'avoir reconduite, dit Mancinia en se redressant pour prendre sa fille. Profitez bien de votre thé ! — Non, laisse-moi avec la fleur ! protesta-t-elle en agitant ses petits pieds. La fleeeeeeur ! — Tu ne veux pas manger un gâteau ? sourit-elle en ignorant ses protestations. — Un gâteau comment ?
L'Humaine s'était tourné vers elle en oubliant tout le reste. Ils étaient pires que leur mère en tant qu'estomac sur pattes, Mancinia retint un soupir en se retournant vers Helsinki, tout en reprenant son assise.
— Vous devriez aller le voir maintenant, il semble en avoir terminé avec le Capitaine Yüerell.
Et même s'il était pris par certains autres de ses collègues, l'Ange paraissait bien plus accessible. Elle se demandait si la conversation s'était déroulée dans de bonnes conditions, mais au ressenti des sentiments contraires présents sous sa nervosité, cela avait dû être tumultueux. Idril, désormais sur ses genoux, était en train de dévorer un cookie deux fois plus grand que ses mains, était loin d'écouter les recommandations de sa mère qui laissait des échantillons à disposition de ses invités pour qu'ils les sentent et choisissent un thé qui leur convenait. Le Temps progressait et, inexorablement, cette démonstration arrivait à son terme. Quelques Orines venaient la saluée pour prendre congés.
— Je vous remercie d'avoir fait le déplacement, répondit-elle. J'espère avoir l'occasion de vous revoir à l'avenir, que ce soit sur le territoire des Orines ou le nôtre. Notre entende est faite pour perdurer dans les Arts et l'élégance. — En voilà des paroles dont on ne peut que se réjouir !
Les plus jeunes laissaient place à l'aînée qui les avait conduites au sein du marquisat.
— Marquise Leenhardt, dit l'Orine en lui prenant ses mains. J'espère pouvoir vous rendre l'honneur dont vous avez fait preuve à notre égard. — C'est inutile, Dame Takahashi. Je l'ai fait ... — Je sais pourquoi vous l'avez fait. Ce n'était pas nécessaire, mais vous l'avez fait. — Eh bien ... — Mes jeunes Soerei ont pu découvrir de nouvelles perspectives, sans être déconsidérées de leur intérêt et en toute sécurité. Ces échanges entre nos peuples devraient devenir une norme. — ... J'en serai ravie. J'en parlerai à la Mahestan Sahar.
Inclinant la tête positivement avec grâce, la Niseira ne relâchait pourtant pas son emprise, au grand étonnement de l'Humaine.
— Me permettez-vous une remarque personnelle ? — Je vous en prie. — Vous et le Capitaine Katzuta êtes de dignes héritiers de Liànjiē aux yeux de nombreuses des miennes.
La Fille du Soleil clignait des yeux. Ce serait mentir de dire que le compliment ne lui faisait pas plaisir ; Liànjiē, elle l'avait appris, était l'Aether du Lien chez les Poseuses d'Énigme. Elle supposait qu'il n'était pas le même que ce qui unissait les Anges aux Humains, mais plus les Orines et leurs « Maîtres » mais ça n'avait pas l'air d'être le cas. Mancinia refusait de relever l'incohérence potentielle pour ne pas froisser son interlocutrice, Hisaé connaissait mieux les choses touchant les siennes qu'elle-même.
— Je ... Merci ! se contenta-t-elle de répondre. — À propos ! dit-elle en se penchant dans sa direction. La Soerei que vous avez nommée Wakya se nomme Wakiya. Tâchez de vous en souvenir ! — Oh ... Merci de me l'avoir dit.
— C'est une question d'habitude, bredouilla-t-elle. Vraiment !
Érina était encore en apprentissage, mais elle trouvait son savoir-faire mesuré et ordinaire. Elle n'ambitionnait pas une longue carrière, pleine de prodiges, il y avait d'autres talents. Certains, comme Mancinia, étaient même des génies. Rien que le fait qu'elle puisse passer son examen en étudiant la moitié du temps d'apprentissage normal pour un Humain était impressionnant. Surtout que ce n'était pas en études pleines, mais occasionnelles. Si elle délaissait la Joaillerie pour devenir Médecin à temps plein, sa clientèle ne désemplirait jamais.
— Mancinia m'a dit que le Capitaine était vraiment quelqu'un de maladroit lors de leur rencontre. Lorsqu'on le voit aujourd'hui, qui croirait qu'il ne savait pas courir cent mètres ou tenir une épée ?
Au sein de la communauté angélique, son nom était surtout connu militairement, en dehors de son Lien. Entre ses prouesses pour combattre les Démons, sa volonté de libérer les esclaves de la Terre Blanche et sa Foi inébranlable, il se trouvait être un modèle pour autrui. Érina se moquait qu'il soit radical avec ses propos, c'était simplement leur vécu qui était différent. À son image, Antonija était également inspirante. Elle soulignait les forces, sans omettre les faiblesses.
— Je l'ignore, admit-elle devant ses questions. Je connais le Lien de Mancinia et du Capitaine, car il fait figure d'espérance pour l'avenir des Anges Gardiens ... mais ils doivent être parmi les derniers à détenir un lien de ce genre. En fait ... Je ne connais personne d'autre.
Elle clignait des yeux, étonnée de ce curieux constat. Ils avaient été si peu nombreux pendant si longtemps ... Elle ne pouvait pas connaître tous les nouveaux arrivants, mais ... Était-ce réellement les seuls ? Non, ce n'était pas possible. Les autres devaient être discrets, tout simplement !
— Vous avez eu tous beaucoup de volonté et de courage de vous unir de cette manière sans savoir si cela marcherait, surtout lorsque l'on sait comment l'un de ces liens s'est achevé ...
Dans le sang et les larmes. L'Ange se mordait la lèvre inférieure, même si le nom de la victime n'était pas spécialement connu, la pauvresse avait vécu un véritable déluge de violences, avant que son Lien ne soit brisé. Peut-être était-ce mieux ?
— ... Surtout que les Humains ne vivent pas longtemps, dit-elle avec un pincement au coeur. Même si notre ... chute, a prouvé que beaucoup d'Humains pouvaient également souffrir de cette rupture.
Un sourire germait à la commissure des lèvres du Capitaine. Au vu de son expression enthousiaste, Neil semblait le trouver à son goût et son collègue ne pouvait qu'approuver.
— Le sel et le goût de la viande vont bien avec celui-ci.
Neah n'avait pas besoin de boire pour en reconnaître les senteurs. En dehors de ses habitudes, les souvenirs de Mancinia entraînaient une explosion de saveurs variées dans ses méninges. Neil l'observait avec amusement.
— Tu es devenu un expert en thé depuis que tu es avec Mancinia, n'est-ce pas ? demanda-t-il en buvant une autre gorgée. — Il est toujours appréciable que la femme que j'aime m'en prépare.
Son collègue manqua de s'étouffer.
— Je ne te savais pas aussi raide, sourit malicieusement son amie. — Anzass ... , intervint son époux. — Mais c'est vrai ! Neah a toujours été mordu de Mancinia, même s'il ne l'admettait pas ! C'est pas vrai ?
Se retournant dans sa direction, son regard se voulait intense. Il y eu un léger silence dans son esprit, l'époux de sa meilleure amie avait eu une Humaine, auparavant, mais elle était morte en couches, en donnant naissance à sa fille aînée. Cette idée que la sienne puisse craindre le même sort lui nouait l'estomac, mais Mancinia trouverait que ce serait un honneur de mourir en donnant la vie.
— C'est la vérité.
Anzass eu un très large sourire, mélangé entre l'étonnement et le ravissement. Tout le monde savait ici à quel point il aimait la Marquise. Juste l'observer suffisait pour constater ses regards, ses gestes, ou entendre ses paroles à son encontre. Il ne s'en cachait pas et ce n'était pas à sens unique ; Mancinia lui rendait cet attachement avec la même sincérité.
— Je ne suis heureusement pas resté idiot toute ma vie, dit-il en haussant les épaules.
Du coin de l'oeil, l'Ange lui accordait un regard. Elle semblait prise avec la délégation des Orines et son sourire illuminait les environs. Était-ce réellement sa beauté naturelle ou le Lien qui augmentait ses perceptions ? Cela avait suffi pour qu'une autre femme rentre dans son champ de vision, alors le Capitaine reprit sa conversation comme si de rien n'était avant que quelqu'un ne remarque sa digression, mais Helsinki ne manquât pas de venir le chercher pour discuter avec lui. Que le Capitaine Yüerell vienne à sa rencontre, il l'avait anticipé, mais que la jeune Ange le fasse, pas du tout.
— Bien sûr.
Il se retournait vers ses collègues et amis pour leur dire de l'excuser. Ihsan dans ses bras dévisageait l'Ange, Neah l'en détournât rapidement.
— Tu veux retourner avec tes amis ? demanda-t-il à son fils. — Tu promets de venir après, papa ?! répliqua celui-ci avec des étoiles dans les yeux. — C'est promis.
Satisfait, l'Enfant des Cieux fit mine de descendre et son père suivi son mouvement très habilement jusqu'à ce que ses deux petits pieds soient au sol et qu'il file en direction de ses nouveaux compagnons de jeu. Bien qu'écarté du reste du rassemblement, son interlocutrice semblait ne plus savoir quoi dire maintenant qu'ils étaient là. Qu'avait-elle de si contraignant à lui admettre pour être aussi nerveuse ? Ce n'était tout de même pas lui qui la mettait dans cet état ?
— ... Il n'y a pas de problème, prenez votre temps, dit-il en souriant.
Le Capitaine l'encourageait d'un hochement de tête, vu qu'il était là pour l'écouter. Lorsque sa bouche pu émettre des sons audibles, l'homme l'écoutait attentivement. Sa vie aux Jardins de Jhēn ... elle avait été libérée de la Terre Blanche, n'est-ce pas ? C'était un coup de maître dont ils pouvaient tous être fiers. Lui ressentait des sentiments emmêlés d'y avoir contribué, à son échelle, de ne pas avoir lâché, malgré les protestations. La Guerre était terminée, certes, mais devaient-ils être lâches et abandonner les leurs ? Il se l'était totalement refusé. Il avait eu raison. Comment ne pas ressentir du soulagement de savoir que les siens pouvaient reprendre une vie sereine, plus ou moins, car il était bien conscient que le travail était laborieux et qu'ils étaient nombreux à abandonner en chemin. Il n'était pas évident de mettre des mots sur ses maux personnels. Il y avait des choses dont Neah n'était pas au courant et son poing se serrait, imperceptiblement. Il haïssait les Démons. Il les haïssait pour ce qu'ils avaient fait à son peuple, ce qu'ils avaient commis au fil des ères et qu'ils continueraient encore de faire si personne ne les arrêtait. C'était pour cette raison que lui, il ne devait rien lâcher. Pour des personnes comme elle, qui n'avaient rien demandé et qui subissaient. Encore une fois, il songeait que cette Méryl avait l'air adorable, une Magicienne dans tout ce que qu'elle avait de plus blanc. Elle aurait très bien pu venir, elle aussi ...
Neah ne quittait pas Helsinki des yeux, car au fond de lui, le Capitaine ne pouvait s'empêcher d'être ravi de voir qu'elle essayait de s'en sortir, qu'elle n'abandonnait pas le combat. Du moins, en extérieur, car cette vie semblait l'avoir d'autant plus épuisé que sa captivité. Plus il entendait sa voix, plus des sentiments variés parcouraient son être. Il était désolé de l'entendre être dans un mal psychologique aussi oppressant depuis sa rencontre avec cette Kitoe, autant que sa hargne à l'encontre de la Démone croissait. Elle n'avait fait que mettre du sel sur d'anciennes plaies encore ouvertes, mais d'un autre côté, la Capitaine se sentait fier de lui avoir montré, par ses actions, que les Anges n'étaient pas rien devant les Démons. Ils étaient toujours là.
— Vous n'êtes pas un fardeau, Helsinki.
La Canine Blanche savait sans doute mieux que quiconque où son interlocutrice voulait en venir. Lui-même s'était ainsi senti en devenant le Gardien de la « Matasif Leenhardt » et en n'étant rien devant celle qui avait déjà sa modeste réputation au sein des Humains.
— Il n'y a aucun mal à ne pas trouver sa voie. Vous avez subi des violences que nous ne saurions comprendre, ou même endurer. C'est la preuve d'un grand courage et d'une grande force que vous avez en vous, même si vous n'avez pas encore eu l'opportunité de les laisser s'exprimer. Vous ne devez pas avoir honte à avoir envie d'apprendre à vous défendre, à devenir puissante, à simplement essayer quelque chose de nouveau ...
Neah ne voyait aucun inconvénient à enseigner, c'était ce qu'il faisait quasiment tous les jours, mais aurait-il le temps de le faire en dehors de ses heures de travail ? Il prenait ce temps pour le passer avec ses enfants et, même s'il restait souvent avec Mancinia ensuite, ils parlaient ou organisaient tout un tas de choses en lien avec leur condition ou leur avenir. Où allait-il trouver du temps pour Helsinki ? Encore plus tôt le matin ? Elle ne tiendrait pas un rythme aussi soutenu. Il devait se faire à l'idée que ce n'était pas dans ses cordes. Ce n'était pas pour rien qu'il était Capitaine - faisant endurer les pires séances d'entrainement à ses Recrues - et non un Instructeur.
— Étant un Capitaine de la Nith-Haiah ... Je ne peux pas vous instruire personnellement. Je ne saurai que vous suggérer d'aller voir un maître d'armes pour vous y essayer. Un de mes anciens collègues officie comme Professeur à Haute-Terre, mais si cela vous intéresse, je peux lui demander sa disponibilité pour vous donner quelques cours.
Pourquoi ne pas « essayer » en prenant en compte que c'était assez difficile de faire ses premiers pas. Chez les Humains, ils avaient un service militaire pour que chacun puisse se défendre soi-même, mais chez les Anges, c'était encore assez peu mis en avant.
— C'est en voulant apprendre à manier une arme que cette voie s'est ouverte à moi. J'ai eu la chance d'intégrer la Compagnie de Yüerell durant mon instruction, mais j'avais eu des entraînements avec certains de ses membres ... et c'est ce qui m'a donné envie de passer cette étape.
Le Capitaine ne savait pas pourquoi il lui disait cela. Sans doute parce que le prisme des Anges renvoyait les armes à celles portées par les membres de la Nith-Haiah, comme quelque chose de prestigieux et de dangereux. Et à moins qu'Helsinki n'intègre l'Armée, il y avait peu de chance qu'ils croisent le fer ensemble ... C'était sans doute pour cette raison qu'il en parlait, avec un peu de déception, car il aurait adoré la former. Il eut un sourire, mais Neah ne se moquait pas. Cela ne le dérangeait pas de promouvoir l'uniforme, mais il n'était pas dans l'embrigadement absolu. Un tel Choix devait venir du Coeur.
— Vous n'êtes pas obligé d'être comme moi, mais cela vous aidera sans doute à y voir plus clair.
Helsinki chercha l’expression sur le visage de Neah, puis détourna les yeux. Elle essayait de se préparer à toutes les réactions possibles et envisageables de sa part. Elle était accrochée à ses lèvres, ses oreilles prêtes à recevoir la froideur d'un verdict cinglant. L’expérience lui avait appris qu’il était toujours mieux de s'attendre au pire, quitte à imaginer l’inimaginable parfois. De cette façon, elle ne pouvait pas être déçue. Elle aurait au moins la satisfaction d’avoir dit ce qu’elle avait à dire. L’Ange n’en était pas moins nerveuse, évidemment. Elle continuait de se torturer les mains. Une réponse positive pourrait tant changer sa vie. Ce n’était pas rien ; c’était même tout. Tous ses espoirs reposaient sur lui.
Le son de sa voix manqua de la faire sursauter. Son cœur battait à tout rompre. Chaque parcelle de son être frémissait, alors qu'elle comprenait, à retardement, la réponse positive de Neah. Toutes les tensions, le courage qu'elle avait accumulé pour aller jusqu'à lui et dire tout ce qu'elle avait sur le cœur lâchèrent d'un coup. La jeune femme crut qu'elle allait s'effondrer. Elle maintenait ses jambes bien tendues pour que ça n'arrive pas. Elle hocha la tête. Peu importait l'identité de son enseignant, le résultat était le même. Il répondait à sa requête en lui donnant l’opportunité de s’entrainer. De toute manière, elle s’en serait voulue de voler davantage de temps à Neah.
-Oui, j'aimerais beaucoup.
Elle ne savait pas comment exprimer toute l'étendue de son émotion, de sa joie et de son soulagement. Elle pétillait. Ça lui donnait envie de pleurer, d'étreindre, de crier. Son propre corps ne suffisait plus pour contenir tout ça. La dernière fois qu'elle avait ressenti quelque chose d'aussi vif, c'était lors de ses retrouvailles avec Shanxi. Mais plus que jamais, elle avait envie de rendre le Capitaine fier. Elle avait envie de lui dire qu'elle ne le décevrait pas, qu'elle ferait tout ce qui serait en son pouvoir pour réussir. C'était idiot : la jeune femme était encore en pleine recherche d'elle-même et cette demande n'était en rien un engagement. Mais il lui avait déjà tellement donné sans rien attendre en retour... Elle lui devait au moins ça : honorer sa proposition, corps et âme.
-Merci. Merci mille fois.
Elle le regardait droit dans les yeux maintenant. Il devait savoir à quel point il la comblait avec ses mots, à quel point l'espoir qu'il venait de lui donner était immense. Sa réaction était peut-être exagérée, perturbée par le fait qu'elle se trouvait dans un lieu de renom et parlait à une personne si admirable. Mais au moins, c'était authentique.
Helsinki lança un regard entendu à Shanxi. Son visage était détendu. Son amie ne devait jamais l'avoir vue aussi rayonnante. C'était une première pour elle aussi. C’était donc ça le bonheur ? C’était donc ça, le sentiment qu’elle manquait depuis tout ce temps ? C’était tellement puissant que c’en était presque trop.
-Je crois que nous allons y aller à présent.
Elles étaient toutes les deux fatiguées. Ce genre d'événement social était épuisant.
-Merci beaucoup pour l'invitation, c’était un honneur. Nous nous sommes bien amusées.
C'était vrai. Helsinki avait pris plus de plaisir à participer qu'elle ne l'aurait cru. Elle avait quitté le cocon qu'était sa chambre et n'avait pas été impatiente de rentrer, comme c’était le cas pour la plupart de ses sorties. Elle avait même fait la conversation.
Après avoir salué leurs hôtes, Helsinki et Shanxi quittèrent le domaine. De retour au calme, l'Ange prit la main de son amie. Le sourire ne l'avait pas quittée.
-Je suis contente qu'on y soit allées ensemble.
Elle s'arrêta et se tourna vers elle. Elle se rendait compte à quel point elle était chanceuse d’être tombée sur elle, Méryl, ou Monsieur Katzuta et sa fiancée. Elle avait cru toute ces années que seuls la poisse et le malheur s’abattraient à jamais sur elle, mais aujourd’hui, elle venait de réaliser que ce n’était pas le cas : elle avait le pouvoir de faire changer ça*, de prendre sa vie en main et de la mener dans la bonne direction. Ça lui avait pris beaucoup de temps et elle s’en voulait. Elle avait fait attendre ses proches une éternité alors même qu’ici, le bien-être n’était pas si loin, à portée de main. Pire, il lui était présenté sur un plateau. Elle était prête à le saisir maintenant, et à le rendre avec autant de force. Elle le savait : aujourd’hui était le premier jour de sa vie.
-Merci d'être là.
Merci d’être là depuis le début. En cet instant, elle était reconnaissante du monde entier.
Pulsar Verhoeven ~ Magicien ~ Niveau II ~ ◈ Parchemins usagés : 752 ◈ YinYanisé(e) le : 17/08/2018◈ Âme(s) Soeur(s) : June Hautbourg | Magicienne | PNJ ◈ Activité : Organisateur de Soirées [Rang II]
Lun 01 Aoû 2022, 23:00
Illustration - Eren Arik
Un Dernier Thé pour la Route
Il était amusant de noter l'embarras dans lequel il mettait l'Orine. Pulsar ne savait pas pourquoi, d'ailleurs. Était-il aussi intimidant ? À moins que ce ne soit l'ambiance qui le mettait mal à l'aise ? Il n'y avait pas de raison, tout était ouvert et chaleureux, au point d'en être surprenant. Humains, Magiciens, Orines, Ygdraë et Anges composaient les invités. Il n'y avait pas de race maléfique pour causer des troubles ou imposer une ambiance déplaisante au bout de trois mots ... June n'aurait certainement pas été présente. En tant qu'Hautbourg, la Dynastie exécrait les Sorciers et Monika en avait subi les conséquences, sans être pourtant liée à ces derniers, autant dire que le Bal de Lagherta et les tentatives de réconciliations entre les deux races étaient mal perçues par sa famille. Cette ambiance simple et de bonne volonté ne cessait de le surprendre, tout simplement parce que la Marquise Leenhardt avait rassemblé autant de personne aussi intéressantes autour de sa personne. Mais non, il ne l'admettrait pas à voix haute. Elle avait simplement une chance insolente. Et l'art de manipuler les autres à sa guise. S'il n'était pas un fervent partisan du Destin, Pulsar reconnaissait que la raison était d'avoir pris conscience que certains étaient à ses côtés pour leur propre intérêt, mais tous ne pouvaient pas le savoir sans au moins l'avoir expérimenté une fois.
— Je vous le souhaite, dit-il avant de se retourner vers son amie en la gratifiant d'un sourire. Oui, Natsumura ?
Il s'amusait un peu à son détriment. Ce n'était pas digne d'un aristocrate, mais la Marquise Leenhardt savait produire cet effet où gens du commun et membres de la noblesse n'avaient aucune frontière. Il écoutait attentivement sa proposition de découverte de thé avec un vif intérêt.
— Ce serait avec plaisir ! Je suis un amateur de thé ... ce doit être racial.
Il avait conclu cela sur le ton de la plaisanterie. Les Magiciens avaient un attrait pour le thé, mais aussi le vin.
— On devrait l'organiser chez toi, Pulsar. — Pourquoi chez moi ? — C'est toi qui a le plus grand domaine ! — Tu es en train de dire que ma famille n'a pas les moyens ? demanda June en haussant un sourcil. — Mais ce grand gaillard sait organiser des soirées ! Ce serait le moment pour tout un chacun de briller et de montrer ses talents, non ?
L'esprit de Pulsar était accaparé par d'éventuelles idées de rencontres futures.
— Alors ? demanda June en collant son épaule contre la sienne. Quand allais-tu me parler d'elle ? — Quand ça me serait revenu en mémoire.
Ce n'était pas qu'il avait réellement gommé l'Orine de sa mémoire, mais plusieurs événements récents remettaient en cause ses capacités de souvenirs et de distinction entre le réel et l'irréel. June n'était ni en colère, ni agacée, simplement étonnée. Que croyait-il ? Qu'elle serait jalouse de toutes les femmes qui lui tournaient autour ? Oui, carrément ! Mais elle savait aussi se tenir en société, tout de même !
— Ne me fais pas croire que tu avais oublié ... — Disons qu'après le Conte des Trois Royaumes ... Je ne suis plus sûr de rien sur mes rencontres aussi impromptues. — Oui, mais elle était jolie ! — Oh, oui, très, mais elle n'a pas des cheveux comme les tiens.
Comme souvent, la remarque de son compagnon prit June au dépourvu.
— Mes che ... ? Mes cheveux ?! — J'adore tes cheveux, oui. — ... Mais Pulsar !
Le Magicien sourit en coin devant son air mélangeant indignation et ravissement. Ses rougeurs aux joues ne mentaient pas. C'est vrai qu'il y avait plein de belles femmes dans les environs, mais il avait eu un coup de coeur pour June, plus que pour les autres et aucune femme n'était encore parvenue à faire battre son coeur autrement. Une ombre passait brièvement sur son visage, essayant de se concentrer sur son histoire d'amour. La plus populaire de cet événement, de toute manière, c'était celle des Écuyers de l'Aurore. Quand ils étaient arrivés, comme il se devait, l'Ange et l'Humaine les avait accueillis et, même loin l'un de l'autre comme maintenant, on ressentait ce fil invisible qui les liait. C'était peut-être ça ... le Lien des Gardiens. Est-ce que le Lien des Orines était similaire ? ... À quoi il pensait ?
— Pulsar ? — Ah, oui. Je pensais au thé noir que la Marquise avait fait. On y sent l'arôme riche et sucré du malt ...
La réponse d'Helsinki étant affirmative, Neah croisait les bras en réfléchissant à la manière dont il pourrait faire la demande à Élosis. Son ancien subordonné avait quitté les rangs de la Nith-Haiah suite au meurtre de son Humaine et avait décidé de vivre parmi les Enfants de Sympan, malgré les tensions régnant alors entre leurs deux races, à sa mémoire. Il y était devenu Professeur, un métier en vogue dans le Royaume, tant Haute-Terre était peuplé d'enfants ... Le Capitaine avait gardé un contact écrit dans le devoir de savoir ce qu'il advenait, de ne pas le laisser seul sur le bord du chemin. Une prise de plus anecdotique pour l'un et l'autre, plus que de sérieux. Rien d'utile, rien de concret, juste de quoi surveiller son état général. Peut-être qu'avec Helsinki, l'un et l'autre pourrait se guérir mutuellement, à leur manière ?
— Dans ce cas ... Je vous transmettrais tout cela au plus vite.
S'il n'était pas encore noyé de travail au point d'en mettre de côté cette promesse. Les espoirs de l'Ange étaient si grands que ça l'agacerait de la décevoir. Elle était compréhensive, mais l'impatience rongeait bien des coeurs ; il en était le premier victime.
— Prenez soin de vous, lui sourit Neah lorsqu'elle prit congé. N'oubliez pas que si vous avez besoin de quoi que ce soit, vous pouvez toujours me contacter. Je suis un peu long à répondre à cause du travail, mais je réponds toujours à mes courriers.
En l'observant s'éloigner en compagnie de Mademoiselle Taiji, Neah ne savait pas si l'avenir irait dans leur sens, mais la voir sourire ainsi, avec des étoiles dans les yeux, ne cessait de lui rappeler sa motivation première ; les Anges. Il n'était pas aussi investi comme Anjonù au sein de sa hiérarchie comme pouvait l'être d'autres, lui qui était un militaire, mais ce n'était pas une raison de relâcher ses efforts. Le Capitaine Yüerell avait raison. Il n'avait peut-être jamais complètement guéri de toutes les horreurs qu'il avait vu, de tout ce qu'il avait subi. Tout cela n'était que de la poudre aux yeux, un moyen de ne pas inquiéter les autres. Mancinia avait été son médicament, ce qui l'avait poussé vers l'avant, mais cet effet n'était que temporaire et il en atteignait ses limites. Son épouse ne l'aurait jamais lâché, même s'il tombait à genoux, mais les objectifs de l'Humaine n'étaient pas les siens. Son regard se posait sur Ihsan. Son innocence et sa gentillesse étaient le résultat du travail accompli de ses parents ; il n'avait pas la même vie de dangers des Enfants de Sympan, ni ne subissait les aléas de l'extermination des Ailes Blanches. C'était ça, sans doute ... Tous ces gens qu'il aidé à secourir et qui reprenaient leur vie en main, tout cela, c'était sa propre résilience. Un moyen de passer ce stade, de se dire que, maintenant, il pouvait se reposer et envisager l'avenir plus sereinement.
— Père !
Mithra avait manqué de sursauter en constatant sa présence derrière elle. Neah ne faisait pas exprès d'être aussi silencieux, c'était une question d'habitude. Avec un petit sourire désolé de constater cette vilaine manie, il mit la main sur son épaule dans un geste rassurant.
— Va profiter un peu de l'événement avec ton frère et ta mère. — Mais les enfants ... ? — Je vais m'en occuper. — Papa !
Si son aînée l'avait regardé avec étonnement, l'Enfant des Cieux ne voyait plus que lui, se précipitant dans ses jambes pour attirer son attention en l'entourant autant qu'il pouvait de ses bras. Ihsan relevait ses yeux brillants dans sa direction.
— Papa, tu es venu jouer !
Il gratifia son fils de sa main sur la tête.
— Comme promis.
Parce que c'était son devoir de protéger le rêve des enfants. Et d'autant plus les siens, peu importait qu'on le regarde curieusement en cet instant. Il n'avait pas vraiment d'opportunité de voir les Jumeaux et malgré sa préférence évidente pour sa mère, Ihsan semblait vouloir toujours chercher ses bras lorsqu'il était à la maison. Neah omettait souvent que Rakhshan et lui étaient les deux seuls garçons qu'ils avaient et l'aîné faisait son service militaire ; il n'était plus aussi présent à la maison. Ihsan devait se sentir seul au milieu de toutes ces filles ...
— Trop content !
Il le prit par la main et l'entraînait près de ses nouveaux amis ...
gotheim pour 
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Vous avez deux nouveaux messages 
À l’exclamation de la fillette, l’Orine aux cheveux de cuivre ne put camoufler bien longtemps le sourire qui mûrissait à la commissure de ses lèvres et d’un léger mouvement, son regard retourna s’ancrer sur le visage de sa camarade.![[Quête Ouverte | Invitation] Un Dernier Thé pour la Route - Page 5 Signat20](https://i.servimg.com/u/f73/19/39/14/72/signat20.png)
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Il était complexe de mettre Mancinia et les membres de la Nith-Haiah au même niveau devant les yeux d'une émissaire divine s'étant avérée être une Aether. Neah était certain qu'elle ne causerait la perte de sa Protégée que si elle se détournait de la voie du Bien, mais elle n'avait pas cette considération à son égard. Ni lui, ni les autres. Elle ne l'avait approché que parce qu'il était un Gardien, mais elle pouvait très bien le tuer pour punir l'Humaine. Personne ne semblait savoir à quel point elle était monstrueuse. À quel point elle pouvait l'être encore plus. Lui, il l'avait bien vu. Et il n'avait pas envie de mettre des mots là-dessus ...
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Natsumura se fondait dans la discussion avec une aisance remarquable, comme si ce moule avait été taillé pour elle. L'attitude chaleureuse de June et des autres Mages invitait certainement l'Orine à bavarder avec gaieté, et le décor somptueux de la demeure Leenhardt, les hors-d'œuvre et le thé, tout cela contribuait à passer une après-midi agréable. Néanmoins, je notais les quelques signes de nervosité de la danseuse dès que son regard s'égarait, peut-être un peu trop souvent, sur le profil de Pulsar. Je la comprenais, s'il s'était s'agit de moi à sa place, peut-être même aurai-je ignoré June pour ne converser qu'avec lui. Et l'ironie voulait que ce soit lui-même qui vint me parler. ![[Quête Ouverte | Invitation] Un Dernier Thé pour la Route - Page 5 Zzm4](https://zupimages.net/up/22/40/zzm4.jpg)
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