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 [Q] - Une course à travers le firmament | Solo

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Isiode et Isley
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◈ Parchemins usagés : 1075
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◈ Activité : Soldats
Isiode et Isley
Lun 10 Jan 2022, 04:42



Partenaire : Solo ♪
Intrigue/Objectif : Pendant que les Anges planifient, avec la Marche et leurs alliés, un plan pour attaquer Arcadia, Isiode doit rencontrer quelques membres de la Confrérie des Corvus Æris pour que ceux-ci le conseillent sur le domptage et l’apprivoisement des Thekēra.


Je me posais au-dessus d’un billot de bois. Dans le même mouvement, l’une de mes mains alla chercher la gourde à ma ceinture, ma gorge quémandant un rafraichissement des plus pressants pour étancher la soif qui m’asphyxiait. Au rythme des gorgées, inexorablement, mon regard se perdit sur le firmament. La nuit avait rejeté le bleu obscur de ses voiles au-dessus de nos têtes depuis plusieurs heures déjà, couvrant l’Île d’Orhmior d’un rideau presque aussi sombre que l’ébène. Cependant, malgré les ténèbres qui nous enveloppaient, une certaine douceur et quiétude découlaient de cette atmosphère, ne serait-ce que par la lueur des Lunes et des étoiles qui allégeait le poids de l’obscurité sur nos épaules. Après tout, l’éclat des astres guidait les voyageurs dans la nuit, caressait avec douceur les paupières des endormis, les berçant tranquillement au cœur de leurs utopies; il effleurait la surface des plans d’eau ainsi que celle du feuillage forestier tout en éclairant ma pupille qui, écarquillée, contemplait le dessin des constellations, sa configuration et sa beauté. Pourtant, ce n’était ni par admiration, ni par emballement lyrique : le paisible qui m’envahissait était celui d’un observateur, pas celui d’un barde ou d’un spectateur. J’étudiais simplement l’étrangeté des cieux d’un regard inquisiteur. Depuis un certain temps, le firmament nocturne d’Orhmior était bien différent de celui que nous avions connu. Pour une raison, l’arrangement des astres s’était complètement altéré… Seulement, malgré l’immense savoir que sa Majesté m’avait partagé par ce rêve, je n’avais guère d’intérêt pour ce phénomène, qui suscitait autant la curiosité, l’émerveillement que l’anxiété, dans le cœur de la majorité de mes consœurs et confrères. Le ciel avait changé, ce fait était indéniable; les raisons qui avaient initié une telle métamorphose, cependant, étaient plus nébuleuses et se cachaient encore de notre compréhension.

Lentement, mes yeux se plissèrent. Dans deux ou trois heures, la nuit commencerait à reculer, à s’éclairer, pour laisser place aux reflets aveuglants du Jour et du Soleil. Avec elle disparaîtrait alors de nos regards cet étrange phénomène. Je laissais courir un soupir à la frontière de mes lèvres, replaçant ma gourde à ma ceinture. J’estimais que je serais en mesure de combattre encore pendant une heure avant de rentrer à la maison. Soulevant mon corps en me remettant sur pied, abandonnant le billot de bois que je m’étais approprié, je m’avançais jusqu’au centre de mon terrain d’infortune. À une telle heure de la nuit, je ne pouvais me permettre de pratiquer au sein de l’Avant-Garde. Nos frappes et le choc entre nos défenses seraient trop bruyants au cœur du silence, et s’il y avait bel et bien quelque chose que je ne désirais pas, c’était d’incommoder le sommeil de ceux et celles qui ne souhaitaient que le repos. Par conséquent, nuit après nuit, au gré de mes insomnies, je vadrouillais à l’extérieur de la cité, à la recherche d’un terrain sur lequel je pourrais pleinement me libérer, sans retenir mes pouvoirs ou la puissance de mes coups.

Je freinais mon pas. Devant moi, l’ombre de mes trois adversaires s’étendait jusqu’à la pointe de mes bottes, immobiles et patients. Bien vite, pourtant, leurs silhouettes se séparèrent et glissèrent non loin de mes flancs, m’encerclant. Ils formaient une trinité tout autour de moi, me bloquant toute échappatoire depuis le sol. Je pourrais aisément éviter leurs assauts en me projetant directement dans les airs, mais là n’était pas le but de cet entraînement. Je fis un rapide tour d’horizon, reprenant ma garde par la même occasion; épaules droites, poings levés. Seulement, avant que j’eusse ancré mon pied au sol, une première Armure Enchantée se rua dans ma direction. Elle n’était parée d’aucune épée ou arme particulière : ses poings, à mon instar, faisaient office d’arsenal. Ses phalanges, recouvertes d’un fer impénétrable, grincèrent lorsqu’elles s’écartèrent pour viser ma gorge. Je songeais à l’éviter en me décalant sur le côté, mais au même instant, la lame de la seconde invocation frôla mon flan. L’acuité de mon regard s’arrêta immédiatement sur l’Armure, mon corps réagissant au quart-de-tour. Véloces, mes doigts abandonnèrent la contraction de mes poings pour se refermer contre le poignet de mon ennemi, suspendant dans les airs la lame d’acier. Dans le même mouvement, je soulevais mon deuxième bras, l’étirant de toute son envergure pour freiner le coup de poing du lutteur. Mon équilibre tremblait à la pression que mes deux adversaires exerçaient, mais je tins bon, prenant une profonde inspiration.

Je tordais soudainement le poignet du lutteur pour l’obliger à se décaler sur le côté puis, je fis volte-face en direction de l’épéiste, allongeant ma jambe vers le ciel pour frapper, précisément, la pointe de ma botte contre son coude. Le bras en fer se replia vers l’intérieur dans un craquement incisif, et si l’Armure Enchantée ne relâcha pas son arme – ces invocations ne pouvaient ressentir la douleur comme nous la percevions – l’orientation de son avant-bras, en revanche, ne lui permettrait pas de m’attaquer aussi efficacement désormais. N’empêche, pour être certain de le neutraliser, j’abattis sans sommation ma jambe contre son genou, la chute de l’Armure se suivant d’un fracas métallique retentissant : je savais, cependant, qu’il ne serait à terre que pour un moment. Prestement, je reportais mon attention sur le lutteur, propulsant, dans un pivot agile, mon talon à la hauteur de son ventre. La distance désormais assurée entre lui et moi, un mouvement impromptu se fit pourtant remarquer sur mon flanc. Brusquement je m’élançais sur le côté pour éviter l’extrémité d’une lance qui visait ma hanche : la troisième Armure se joignait enfin à la danse.


921 mots | Post I



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Isiode et Isley
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Isiode et Isley
Mar 11 Jan 2022, 02:46



À pas de loup, sans geste brusque, je refermais la porte de la salle des eaux dans mon dos. Je tendis l’oreille quelques secondes afin de m’assurer du silence ambiant, mais force était de constater que celui-ci enfermait l’intégralité de mon appartement dans une bulle insonorisée… Ah. C’est vrai. Ni mon frère, ni Muramasa et Dame Sunano ne se trouvaient ici désormais. Par conséquent, les marmonnements nocturnes de mes anciens colocataires ne perturbaient plus la quiétude des lieux : la tranquillité était étrangement… absolue. Pourtant, sans se faire attendre, un soupir s’évada de ma bouche. Je trouvais une telle ambiance extrêmement plaisante malgré tout, parce qu’elle permettait à mon ouïe d’oublier tous les sons amplifiés qui ne cessaient de l’assiéger dans la journée. Je pouvais ainsi goûter à une véritable sérénité à cette dernière heure de la nuit, le calme étant omniprésent, que ce soit ici, au sein de mon appartement, ou à l’extérieur de celui-ci.

Simplement vêtu d’un pantalon long et d’une serviette pour retenir les gouttelettes qui s’échappaient de mes mèches, je m’engageais discrètement jusqu’à mon salon, m’échouant sur le premier divan qui se trouvait sur mon chemin. L’entraînement s’était terminé légèrement plus tard qu’escompter, l’Armure s’étant battue avec une lance m’ayant donné du fil à retordre pour le mettre complètement hors d’état de nuire. Évidemment, la portée offerte par son arme avait été le problème principal. Plus étendue que celle des deux autres invocations, l’Armure m’avait empêché, à plusieurs reprises, de réduire efficacement la distance qui nous séparait au cours du duel. Lorsque j’essayais de m’accrocher à sa lance, vive, l’entité la rétractait presque aussitôt dans sa direction ou choisissait d’effectuer un violent mouvement circulaire pour m’obliger à reconsidérer mon action. Malgré tout, l’ayant habitué à cette manière d’agir, j’avais fini par la piéger dans une feinte et à attraper sa lance. L’arme s’était alors retrouvée coincée sous mon bras, l’occasion pour entretenir la proximité souhaitée se présentant enfin. Dans une impulsion rapide, je m’étais aussitôt propulsé jusqu’à sa position, soulevant une première main, solidement fermée.

Et dès cet instant, le lancier s’était fait cerner par mon unique présence. Mes poings et mes pieds s’étaient fracassés contre ses articulations, sans relâche ni pitié, avec une précision des plus acérées. Une tempête de violence l’avait désarticulé et, peu à peu, il s’était fracturé : ses phalanges étaient tombées, ses poignets s’étaient brisés, ses jambes ne parvenaient plus à le supporter, ses épaules s’étaient disloquées… En quelques secondes seulement, ses morceaux s’étaient éparpillés par terre, rejoignant les restes poussiéreux de ses compagnons, que j’avais préalablement démolis pour éviter une nouvelle et désagréable submersion. Et en les observant joncher ainsi le sol, une pensée m’avait traversé. Comment serait-il possible de les rendre plus puissants, plus intelligents, afin que j’eusse au moins un adversaire qui saurait me tenir tête pendant mes exercices de nuit? Si une telle solution existait, alors je ne serais plus dans l’obligation d’invoquer autant de combattants simplement pour être désavantagé par le nombre. Parce qu’à l’instant où je m’engageais dans une véritable confrontation à un contre un avec mes Armures Enchantées, Magie ou pas, une poignée de coups suffisait habituellement à les stopper complètement. Elles s’effondraient ensuite, à l’image d’un château de cartes sur lequel j’aurais éternué, et cela ne me plaisait pas. Je ne pouvais pas progresser ainsi.

Doucement, mon regard se perdit sur la porte vitrée de mon balcon, sur l’éclat timide de l’Astre-Père qui tentait de percer le voile de la nuit. Dehors, la vie se ranimait tranquillement, à l’instar de la faible lumière qui coloriait le firmament d’un violet rougeoyant particulier. Bizarrement, sous mes yeux, le ciel semblait s’embraser et peut-être était-ce en raison de l’agressivité qui transpirait des cieux, mais les mémoires de la journée précédente me revinrent subitement à l’esprit.

Il s’agissait encore des Chevaliers de l’Ordre d’Hébé. Il y aurait eu une altercation entre trois de leurs membres et le Capitaine Katzuta, à Vervallée, cette dernière ayant résulté à la mort de deux des fidèles d’Hébé. Si les détails de leurs derniers instants n’avaient jamais été confiés au grand public, celui-ci s’était rapidement fait une opinion, la séquestration de l’Orine et de l’Ange ayant fait trembler les cœurs et enflammer les exacerbations de leur fureur. L’Ordre avait cessé de se moquer de nous. Peu importe qu’il s’agisse de l’action de charlatans ou de véritables Paladins, finalement : si l’Empire des Chevaliers portaient si peu d’importance au maintien de leurs promesses et de leurs alliances, alors pourquoi devrions-nous encore retenir notre extrémité du bâton? Si, à cette annonce, mon visage était resté de marbre, je ne pouvais pourtant me défaire du sentiment de la majorité. La confiance que nous leur avions accordée s’était brusquement rompue, l’accumulation des scandales et l’établissement définitif de leur irrévérence n’ayant fait qu’effriter les dernières patiences.

Par chance, les premières négociations avec la Marche Terne avaient porté leurs fruits. Bientôt, nous pourrions ramener les nôtres à la maison, les protéger de toutes les perversités de ce monde : nous, et personnes d’autres.


834 mots | Post II



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Isiode et Isley
Jeu 13 Jan 2022, 06:21



Quelques jours plus tard…

Je n’étais pas de ceux qui alimentaient très efficacement une conversation, mais mon mutisme ne semblait déranger mes invités à l’heure actuelle. Entraînés dans mon sillage, alors que je nous traçais un chemin à travers les allées du Quartier des Soldats, le Spécialiste des Corvus Æris, Trevor Cyrion, et son collègue, l’éleveur ygdraëen Emeron Dreccal, ne pouvaient détourner leur attention de l’agitation qui animait les lieux.

« Il y avait exactement la même ambiance au Port… Cédant à la curiosité qui l’assaillait, le Cyrion posa finalement une œillade sur ma nuque, plus entendue que jamais; de fait, son intérêt ne passa pas inaperçu. Quelque chose d’énorme se prépare, il semblerait. »

Par réflexe, mon menton se suspendit au-dessus de mon épaule, un bleu perçant le lorgnant depuis la distance que nous maintenions. À ses côtés, je pus éventuellement capter le regard interrogatif de son compagnon, ses yeux bercés par un coloris violet plutôt sombre et discret.

« Effectivement, quelque chose se prépare, leur confiais-je en détournant le visage, poursuivant notre foulée au cœur du district. Je vous serais donc gré de conserver pour vous ce que vous voyez sur l’île. »

Il était encore trop tôt pour montrer à la lumière du jour ce que nous préparions et, en déduisant cela, les Confrères s’échangèrent un regard en biais puis, acceptèrent. Comme tout le monde, ils avaient été mis au courant des scandales qui gravitaient autour des Chevaliers d’Hébé. Si les premières rumeurs avaient souvent été justifiées par l’action d’imposteurs ou d’opportunistes non affiliés à la nation des Justes, de nouveaux scandales avaient été exposés sous le nez du grand public. Les agissements de l’Empire étaient de plus en plus inquiétants, de plus en plus douteux, et cela, c’était sans compter l’ambiguïté des quelques discours qu’avaient bien voulu communiquer le Duc et son Conseil. Sans surprise, leurs mots n’étaient pas parvenus à séduire et à rassurer, ces derniers résonnant de plus en plus creux et vide au fil du temps. Progressivement, le monde se détournait d’eux et dans l’ombre commune que se partageaient les dirigeants de l’Ordre et leurs anciens alliés, l’image de l’Empire se fracturait à la manière d’un verre devenue beaucoup trop fragile.

Doucement, le regard du Loup m’examina; je pouvais le sentir, mais je fis comme si je ne l’avais remarqué. Car il ne songeait pas à me poser de nouvelles questions sur la situation, élucidant ses propres interrogations. Était-ce pour briser définitivement cette image que les militaires angéliques paraissaient si actifs? Intérieurement, le Spécialiste eversha en était convaincu. Il soupira, pensant momentanément à Miles, qu’il n’avait plus revu depuis que les rumeurs sur Hébé s’étaient multipliées à travers les contrés.

«  Nous y sommes. »

Inconsciemment, je le fis descendre de son nuage, ses prunelles s’arrêtant aussitôt sur l’imposante bête qui se dressait devant nous. Les portes de l’entrepôt désormais ouvertes, Ōlseaga et la petite Vaès s’extirpèrent docilement des quatre murs du bâtiment, accueillant la chaleur du Soleil et la fraîcheur des vents avec grande satisfaction. Naturellement, les animaux vinrent à ma rencontre, la petite Thekēra frottant brièvement son pelage d’ébène contre le cuir de mes bottes, tandis que l’aîné abaissa gentiment sa tête dans ma direction.

« Messieurs, voici Ōlseaga, et la petite Thekēra, ci-présente, se nomme Vaès. En me retournant vers le Loup, je précisais : Quoi que, depuis son dernier passage sur l’île, Monsieur Cyrion est devenu plutôt familier avec Ōlseaga. »

L’Eversha acquiesça, mais s’intéressait davantage à la petite boule de poils qu’à son homologue.

« C’est un Thekēra? À mon tour, j’affirmais. Sa robe est si différente des autres individus de l’espèce, tellement plus sombre… Où l’avez-vous trouvé? Elle aussi, vous l’avez récupéré parce qu’elle était blessée? »

Cette fois, je secouais la tête, leur expliquant simplement qu’elle nous avait été offerte en cadeau.

« N’avez-vous pas de meilleures infrastructures pour les loger?

- L’entrepôt est un logement temporaire, répondis-je à l’Elfe en me retournant dans sa direction, le voyant analyser l’endroit. Nous avons commencé des travaux, au nord-ouest de l’Île, afin de bâtir des écuries pour notre nouvelle Cavalerie. Lorsque celles-ci seront complétées, nous transférerons les Thekēra que nous possédons là-bas.

- Combien en avez-vous? Poursuivit-il.

- Quatre : deux juvéniles et deux adultes. Les deux autres individus se trouvent dans un second entrepôt, que je vous ferai visiter éventuellement.

- Et sont-ils tous autant affectueux à votre égard? »

Inévitablement, son regard était tombé sur le plus gros des Thekēra présents, qui s’était légèrement ébroué lorsqu’il avait perçu le contact de ma main sur son museau.

« Je ne pense pas que l’apprivoisement en lui-même sera un problème pour le Capitaine Yüerell. Je ne sais pas du tout comment il fait, mais il arrive à apaiser et à acclimater ces créatures comme personne.

- Mais vous avez tout de même quelques doutes quant à leur intégration à votre structure militaire ainsi qu’à votre aptitude à les dresser convenablement pour en faire des montures », comprit le Dreccal en se rapprochant de ma position, étudiant un certain temps les réactions d’Ōlseaga et de Vaès à ma présence et à la leur.

De fait, pendant cette période, l’Ygdraë me fit réaliser quelques exercices avec Ōlseaga afin d’observer les différentes réponses de la créature à mes commandements. Puisque je n’avais jamais dressé le Thekēra auparavant, ce ne fût guère une surprise de constater que la créature suivait rarement mes ordres, allant plutôt en fonction de ce que lui dictait ses envies et son instinct : j’avais beau lui indiquer d’avancer jusqu’à moi, il n’en faisait donc rien. Intrigué, je voulus essayer de rétablir cette connexion que nous avions eu, antérieurement, lorsqu’il m’avait été possible de voir tout ce qu’il voyait, de ressentir tout ce qu’il ressentait… En vain. Je soupirais, me faisant la réflexion de réessayer plus tard. C’est à ce moment que l’éleveur ygdraëen fit signe au Spécialiste des Corvus de me tendre un sac de nourriture. Aussitôt, l’intérêt d’Ōlseaga s’affûta et nous nous mîmes à appâter la bête avec les friandises. Très rapidement, il était possible de noter d’importants progrès chez le Thekēra. Certes, il faisait encore énormément d’erreurs, mais il commençait à comprendre certaines directives, à déchiffrer certains signes. Devant ces résultats, Monsieur Dreccal parut très satisfait alors qu’il se retournait vers moi, l’œil brillant.

« Cela fait déjà quelques heures que nous sommes ici. Pourrions-nous aller visiter les deux autres Thekēra? Je suis curieux de voir comment ils agissent. »

Le Cyrion et moi-même n’eûmes aucune objection, attirant les deux bestiaux au cœur de l’entrepôt.

« Suivez-moi », mentionnais-je en refermant les portes du bâtiment.

De nouveau, les Corbeaux joignirent leurs pas à ma foulée, l’Ygdraë paraissant plus absorbé qu’il ne l’avait été au cours de notre précédent voyage.

« Une question Capitaine. Je me retournais dans sa direction pour lui indiquer qu’il pouvait parler librement. Avez-vous déjà essayé de monter l’une de ces créatures? »


1 152 mots | Post III



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Isiode et Isley
Sam 15 Jan 2022, 03:26



Quelques jours plus tard…

Ce jour-là, sa question m’avait pris de court, mais me parut – et me paraissait toujours – légitime. Je souhaitais faire des Thekēra des montures – et des soutiens – pour ceux et celles qui n’avaient pas d’ailes, ou pour qui le privilège avait été cruellement violé. Cependant, je n’avais jamais vérifié ce qui pourrait survenir si l’on montait sur une bête d’un tel gabarit, même si j’étais déjà parvenu à surpasser une telle épreuve par le passé, et ce, avec des créatures bien plus colossales et impressionnantes que les Thekēra de l’île. Enfin, en théorie, puisque j’avais expérimenté tout cela dans la peau d’une autre, mes gestes et ses impressions s’étant calqués les uns sur les autres lorsque nous avions partagé ce rêve inhabituel. En soi, je savais comment monter une créature ailée, je savais quelle était la meilleure posture à adopter pour rester confortable tout au long de la cavalcade. Par le fait même, inconsciemment peut-être, je n’avais jamais véritablement senti le besoin d’essayer aussi hâtivement de prendre l’une de ces créatures par l’encolure pour que nous nous engagions dans une course à travers le firmament. Aussi tôt dans le processus d’acclimatation, il ne me semblait pas que cela soit très prudent. Cette dernière justification, je l’avais partagée avec l’Ygdraë des Corvus Æris, ce qui l’avait inévitablement fait sourire. Intérieurement, songeait-il que je jouais à un pari risqué, sachant que tout mon projet de la Cavalerie se basait sur les Thekēra et leur propension à s’adapter à la vie auprès des êtres humains? Probablement.

D’un autre côté, il m’avait également confié que j’avais bien fait de ne pas tenter une telle initiative en solitaire, sur un coup de tête. Nous n’étions pas encore certains de la nature des créatures que nous avions à notre disposition, puisque même si elles se montraient affectueuses à notre endroit – et à moi, plus particulièrement – cela ne pouvait nous permettre d’assumer qu’elles nous accordaient une confiance absolue aussi aisément. Peut-être nous toléraient-elles simplement; peut-être n’étions-nous que quelques curiosités qui leur passaient sous le nez; peut-être n’étions-nous que des grattoirs à leurs yeux, travaillant uniquement pour apaiser la démangeaison qui remontait jusqu’à la pointe de leurs plumes. Dans tous les cas, nous ne pouvions nous permettre d’agir avec inconsidération simplement par impatience et empressement : les bêtes aussi possédaient leurs propres émotions. Par conséquent, nous ne pouvions compter sur l’appât de la gourmandise pour mener à terme leur dressage, ne devenant alors plus qu’un énième vecteur d’amadouement à leurs yeux, plutôt qu’une figure de respect et d’autorité. Après tout, ce n’était pas l'estomac de l’animal que l’on souhaitait gagner en tentant de l’apprivoiser : c’était sa confiance, une confiance qui se méritait et ne pouvait s’acheter.

Ainsi, à partir de cette première véritable journée d’entraînement, les Confrères m’avaient demandé de profiter de chaque instant mis à ma disposition pour gagner cette confiance convoitée, ainsi que de fortifier la loyauté des bestiaux à mon égard. Ils n’attendaient pas de moi que je sois gâteux, ni que je me vêtisse de la peau d’un tyran non plus. Les deux chasseurs m’avaient conseillé de les approcher et de communiquer avec les Thekēra selon ce qu’ils appelaient « une bienveillante autorité ». Néanmoins, grâce aux comportements qu’ils avaient pu analyser au cours de cette journée, les Corbeaux avaient cru que la tâche serait relativement aisée, puisque j’entretenais déjà un solide lien avec le quatuor animalier. J’’enregistrais, malgré tout, dans ma mémoire chacune de leurs directives, pleinement conscient qu’elles seront éventuellement nécessaires pour ceux et celles qui viendront rejoindre les rangs de la Cavalerie. De ce fait, je m’étais appliqué à faire ce qu’ils m’avaient recommandé à la lettre. Jour après jour, au rythme des sessions de dressage, nous pûmes facilement remarquer une nette évolution dans le comportement de nos quatre créatures ailées. Si les deux cadets répondaient plus positivement aux différentes commandes que nous leur enseignions au fil du temps, les plus gros spécimens, quant à eux, ne bronchaient plus dès que l’on se posait sur leur dos pour les monter. Ainsi, nous avions eu la chance de réaliser des déplacements à travers le Quartier des Soldats en leur compagnie, sous l’œil intéressé de la plupart de mes collègues de la Nith-Haiah. Plusieurs, par la même occasion, avait témoigné de leur intérêt pour la Cavalerie, la pseudo campagne promotionnelle suggérée par le Cyrion étant étrangement plus efficace que ce que j’avais cru au tout début, lorsqu’il m’avait proposé de réaliser ces fameuses promenades au cœur des districts militaires. En plus, cela habituait les Thekēra au sifflement des armes, et aux voix de la foule qui se gonflaient plus nous nous enfoncions dans les avenues les plus fréquentées. Visiblement fier de son idée, le Loup avait pourtant savouré son succès en silence, quelques sourires se devinant parfois à la surface de son visage quand il remarquait des silhouettes se rapprocher de notre position pour s’entretenir avec nous et éclaircir quelques questions.

Dans le même temps, j’avais mainte et mainte fois essayer de rétablir la connexion sensorielle que j’avais eu avec Ōlseaga, et il me semblait que plus notre proximité relationnelle se concrétisait, plus la liaison spirituelle se forgeait avec aisance et naturelle. Malgré tout, l’expérience restait des plus inhabituelles. Je possédais son corps sans pour autant en devenir maître; je pouvais murmurer au creux de son esprit sans pour autant en prendre contrôle. De fait, il m’était possible d’orienter ses intérêts, de monitorer ses faits et gestes en fonction de mes convenances en lui dictant certaines commandes… Comme celui de prendre son envol. Je ne vous mentirais pas, l’impression n’était guère différente de ce que j’éprouvais quand je volais de mes propres ailes et pourtant, toutes les sensations – externes, si je puis m’exprimer ainsi – m’apparaissaient complètement distinctes de ce que je vivais habituellement. C’était comme si je me retrouvais… de l’autre côté d’un miroir, mais le reflet qui m’était renvoyé n’était pas celui de mon visage, mais plutôt celui du paysage qui défilait devant les yeux d’Ōlseaga. Je pouvais goûter au vent qui pénétrait son plumage sans être moi-même giflé par les bourrasques de la brise; je pouvais sentir la contraction de ses muscles, la tension de ses articulations, sans avoir à bouger le petit doigt. C’était un état curieux, mais non moins intéressant; pendant ces moments passagers où nos esprits s’unissaient, je vivais dans le corps du Thekēra et ce dernier me transportait…


1 065 mots | Post IV



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Isiode et Isley
Sam 15 Jan 2022, 19:48



« L’attaque sur Arcadia est imminente, n’est-ce pas? Tout en nettoyant les plumes d’Ōlseaga, je confirmais d’un hochement de la tête. Dans ce cas, vous n’êtes plus dans l’obligation de vous présenter aux entrepôts jusqu’à la fin du conflit. Sec, mon geste se suspendit à mi-hauteur, l’acier de mon regard se portant derrière mon dos, là où se tenait les deux Corbeaux. Nous avons bien remarqué que l’activité des militaires s’est intensifiée depuis quelques jours. De ce fait, nous en avons déduit que votre présence sera encore plus sollicitée qu’elle ne l’était auparavant. »

Je ne leur donnais ni tort, ni raison, ayant, pendant tout ce mois, jonglé entre mes entraînements avec les Thekēra, mes responsabilités vis-à-vis les travaux des écuries de la Cavalerie et mes devoirs en tant que Soldat. Cependant, maintenant que la flamme des hostilités, bientôt, s’embraserait sur les plaines de Lyscenni, je ne doutais pas un instant que mes fonctions militaires me rattraperaient bien assez tôt.

« Cela étant dit, avant de mettre une pause à votre formation, Emeron et moi aimerions que vous essayiez une dernière petite chose. L’éleveur et le Spécialiste s’échangèrent une rapide œillade, le Loup poursuivant par la suite : Seriez-vous prêt à réaliser un premier vol à dos de Thekēra? »

Je me redressais, mon regard porté sur le minois triangulaire de l’animal. Ce dernier venait de passer l’une de ses pattes derrière son oreille, soulageant l’orifice d’un fourmillement qui l’incommodait depuis un certain temps. Calmement, je vins glisser mes phalanges au travers de son plumage, hochant finalement de la tête à la proposition du Spécialiste. J’étais confiant, comme eux, que tout se passerait pour le mieux. Visiblement enchantés, les Corbeaux partirent comme des flèches jusqu’à l’entrepôt, se décalant pourtant de justesse de la trajectoire de Vaès, qui pourchassait un énième insecte qui lui échappait.

« Toujours aussi énergique, cette petite », sourit l’Ygdraë avant de disparaître, à la suite de son compagnon, derrière les portes du bâtiment.

Ils revinrent quelques minutes plus tard avec le matériel de monté, qui avait été spécialement conçu pour les dimensions et la carrure des Thekēra. Supervisé par les deux jeunes hommes, je pourvoyais Ōlseaga de l’équipement, recopiant les gestes que m’avaient enseigné les Corbeaux pendant ma formation. Puis, dès que les dernières lanières furent sanglées, je sautais sur la selle, m’installant confortablement avant de serrer les rênes dans mes poings.

« Souvenez-vous simplement de l’entraînement et de nos promenades. À nos côtés, le Dreccal s’approcha de notre hauteur, admirant un instant la pose dans laquelle nous nous étions figés, pour l’écouter, le Thekēra et moi. La seule différence, c’est que vous vous trouverez dans les airs. J’opinais d’un signe de tête, parfaitement serein. Quand vous êtes prêts, vous pourrez lui donner le signal! »

Je fermais brièvement les paupières, mon esprit s’introduisant à l’intérieur de la conscience d’Ōlseaga. Rapidement, la créature prit connaissance de ma présence au creux de son esprit, ses oreilles se redressant subitement, vigilant : il avait compris. Son corps se cambra légèrement vers l’intérieur, ses pattes se repliant sur elles-mêmes pour emmagasiner un maximum de puissance de propulsion. Ses ailes s’étaient étendues de toutes leur envergure. Et dans un bond, l’animal plongea promptement dans les cieux.

Le Quartier des Soldats rapetissait à vue d’œil et, avec lui, le bruit de la civilisation s’estompait pour se perdre dans le sifflement du vent. M’accrochant aux rênes, je conduisais la créature avec attention, l’incitant à monter plus haut, toujours plus haut. Ōlseaga obtempéra rapidement. Les battements de ses ailes devinrent soudainement plus forts, le rythme de notre vol se cassant par la même occasion dans un sursaut. En même temps, un tremblement vint secouer ma poitrine, l’onde de choc se répercutant dans l’intégralité de mon être. Cependant, bien rapidement, ma concentration se focalisa de nouveau sur notre manœuvre. D’une impulsion, nos silhouettes se recroquevillèrent et le Thekēra déchira le firmament, fendant les nuages qu’il perçait par son élan. Je me fondais au plumage de la créature pour ne pas freiner son bond, notre course nous jetant dans les différentes strates de l’atmosphère englobant. La palpitation passée revint alors brusquement, régulièrement. Ce n’était pas la première fois que j’expérimentais cela. Je vivais cette impression à chaque fois que mes ailes me projetaient loin, si loin, du sol; je vivais cette impression à chaque fois que je me replongeais dans les mémoires de la Nilsson, ses sentiments me balayant avec ferveur… Hum. Peut-être était-ce pour cette raison qu’un frémissement assujettissait ainsi mon cœur, parce qu’autrement, je ne comprenais pas pourquoi je me sentais aussi ravi, aussi comblé et réjoui pour un exercice auquel je me sentais si familier. Je partageais bel et bien les souvenirs de cette femme après tout. Je pouvais revoir les instants de son passé comme s’ils étaient miens. Je pouvais revivre ce moment où, prise d’allégresse, elle avait monté son tout premier Dragon. Ses lèvres s’étaient écartées et ses yeux s’étaient illuminés. Plus vite! Avait-elle voulu crier, mais le vent qui lui fouettait la face l’empêchait de prendre sa respiration convenablement, ses joies se bousculant violemment au fond de sa poitrine, prêtes à exploser, alors que ses jointures se repliaient, s’accrochaient, fermement au Colossal.

Et dans ma gorge, des mots similaires se bataillaient avec ardeur. Pourtant, malgré l’envie irrésistible, aucun son ne fut soufflé, la bête continuant simplement notre ballet aérien, ses plumes effleurant l’air et la douceur des cumulus.


902 mots | Post V



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Isiode et Isley
Sam 15 Jan 2022, 19:59



Quelques heures plus tard…

Le Soleil éclairait encore timidement la robe du ciel lorsque je vins tourner la poignée de ma porte d’entrée, apercevant au seuil de celle-ci une tête rousse bien reconnaissable ainsi que des yeux d’un vert chatoyant, resplendissant.

« Bon après-midi! S’exclama Muramasa dès l’instant qu’elle put voir mon visage dans l’entrebâillement du battant, un sourire éclairant son faciès moucheté de taches de rousseur. J’espère que je ne te dérange pas. Comme toute réponse, je me dégageais sur le côté, l’invitant à entrer au sein de l’appartement. Hum… À l’odeur, je dirais que tu es en train de préparer… du curry! »

J’acquiesçais, retournant à mes préparations. Curieuse, l’Orine suivit mon pas jusque dans la cuisine, s’arrêtant à quelques centimètres seulement de ma position pour m’observer réchauffer la sauce du curry.

« Est-ce que je peux t’aider avec quelque chose? La cuisson du riz, peut-être? Ou surveiller les légumes?

- Pourrais-tu t’assurer que le riz ne brûle pas?

- Sur le coup! »

Sans attendre, Muramasa alla se poster devant la casserole qui contenait les grains fumants et blanchâtres. Dans une onde paisible, le silence s’installa entre nous, les sons de la vie urbaine s’infiltrant entre les différentes ouvertures de l’habitation. Si une telle ambiance était la bienvenue, l’intérieur de mon esprit vibrait pourtant sous l’influence d’une désagréable impression. À ce constat, un soupir à peine perceptible vint effleurer mes lippes.

« Je doute que tu sois venue me voir simplement pour une visite de courtoisie.

- Qu’est-ce qui te fait croire cela? Rigola gentiment la rousse en jetant un rapide coup d’œil en direction des légumes.

- Tu serais venue avec Dame Sunano autrement. Son sourire trembla brièvement. As-tu quelque chose à me demander? »

Si elle parvint à reprendre contenance, l’épéiste tourna finalement son regard dans ma direction, ancrant les prunelles verdoyantes de ses yeux sur mon visage. Le rythme de son cœur flancha légèrement, mais la jeune femme sembla retrouver son courage, l’inspirant profondément dans une grande bouffée d’air.

« J’aimerais… J’aimerais te demander une faveur. Nerveuse, sa main alla jusqu’à sa nuque. Est-ce qu’il me serait possible de vous accompagner à Arcadia? »

Tranquillement, je la dévisageais en silence, percevant avec une précision terrifiante les pulsations de plus en plus affolées de son palpitant. Il tremblait de nervosité au milieu de sa poitrine, des doutes et des expectations qui m’étaient inconnues exacerbant son anxiété avec puissance. Pourtant, je ne comprenais pas pourquoi elle réagissait de la sorte, pourquoi s’était-elle plongée dans un tel état de détresse, la réflexion faisant son chemin jusque dans la conscience de la concernée, qui s’alarma.

« Eh bien, je ne fais pas partie de l’Armée Céleste, déjà. Puis, je n’ai jamais eu d’expérience sur le terrain. Je sais me battre, certes, mais je ne… je ne suis peut-être pas encore suffisamment au point? Je… Euh… Je ne voudrais pas être un poids, tu sais. »

La combattante finit par refermer la bouche, hésitante.

« Même si tu n’es pas une membre officielle de la Nith-Haiah, tu sais comment te débrouiller avec une épée. »

Lentement, elle opina, mais l’incertitude la poignardait toujours aussi violemment.

« Mais est-ce que j’ai vraiment ce qu’il faut pour participer au siège?

- Muramasa, nous savons tous les deux que si tu étais persuadée de ne pas avoir les compétences pour y participer, tu ne serais jamais venue ici pour me demander cette permission. Devant l’évidence, l’Orine rougit, remplie d’un malaise qui brûlait le creux de son ventre. Tu n’es pas Dame Sunano. Depuis des mois, tu t’exerces sans relâche pour maîtriser l’art des armes et du combat. Tu as été formé par Isley pendant la campagne des explorations; quand vous êtes arrivés sur l’île, tu t’es immédiatement jointe à nos entraînements militaires, que ce soit avec mon frère, avec moi ou avec d’autres Soldats. Braquant mes pupilles dans le céladon de ses iris, je déclarais après quelques secondes de silence : De ce que j’ai pu voir, il me semble que tu sois parfaitement apte à te défendre en situation de conflit et, dans ce cas, laisse-moi me répéter une dernière fois : pourquoi doutes-tu ainsi de tes capacités?

- Je… Je ne sais pas. Je doute, c’est… c’est tout. J’ai l’impression que je pourrais être meilleure pour toi et Isley, mais je–

- Tu le pourrais, effectivement, mais ce que tu es présentement est amplement suffisant pour ce qui nous attend là-bas. Je secouais discrètement la tête. Tu pourras toujours t’améliorer et te renforcer plus tard. Tu n’as pas à atteindre la perfection tout de suite de toute façon, parce qu’actuellement, nous n’avons pas besoin de cette excellence que tu sembles tant idéaliser. Je la lorgnais, longuement. Ce que nous avons besoin, en revanche, ce sont des individus compétents pour nous aider à gagner la guerre contre Hébé et, à mes yeux, tu es l’une de ses personnes. »

Pendant un certain temps, Muramasa fût bien incapable de prononcer quoi que ce soit, son regard s’attardant plus que nécessaire sur le riz, cuisant, qui se gorgeait d’eau. Pourtant, elle affichait une expression radieuse et rassérénée.

« Je comprends. Je… Je ferais au mieux! Merci beaucoup, Isiode.

- Tu n’as pas à me remercier. Tu devrais plutôt être fière de ce que tu as accompli jusqu’ici. »

Mais un rire s’échappa de sa gorge, irrépressible.

« Est-ce trop difficile pour toi d’accepter ne serait-ce qu’un petit remerciement comme celui-ci? »

Ses paroles suggéraient l’énervement, mais sa voix – et son palpitant – me faisaient entendre une tout autre mélodie. Je me retournais dans sa direction et fus aussitôt réchauffé par l’éclat de son sourire ainsi que le soulagement qui chatouillait timidement la surface de ses joues d’un rouge partagé entre la gêne et le bonheur qui la transportait. Intérieurement, elle était extatique.

« Encore une fois, merci beaucoup. »

Et je me sentis obligé de lui répondre par ces quelques mots :

« Le plaisir est pour moi. »


995 mots | Post VI | FIN



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