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 [Evénement] La Coupe des Huit

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Jämiel Arcesi
~ Alfar ~ Niveau II ~

~ Alfar ~ Niveau II ~
◈ Parchemins usagés : 761
◈ YinYanisé(e) le : 01/03/2019
◈ Activité : Étudiant à plein temps ; Luthier en parallèle
Jämiel Arcesi
Mar 29 Juin 2021, 01:31

The Halls par Borisut Chamnan
La Coupe des Huit | Djomir

Il avait sourit lorsqu'il avait prit connaissance de l'épreuve. Jusqu'alors, ce qu'il aurait à faire lui était resté assez flou. Un concours d'éloquence, c'était là la seule explication qu'on lui avait fourni. Rien de très explicite en somme sinon qu'il devrait parler. Alors les questions avaient fusés dans son esprit. Était-ce des duels ? Devrait-il faire face aux autres concurrents ? Ou l'épreuve se déroulerait-elle en solo ? Lui, seul, face à son juge ? Était-ce simplement savoir discourir clairement ? Savoir se montrer brillant à l'égal des grandes personnalités ? Ou encore réciter sans fautes et de la meilleure des manières un texte préparé à l'avance, à la manière d'un texte dramatique ? Le jour où il eut rejoint Djomir, qu'il obtint réponse à ses questions et fut enfin mit au courant des tenants et aboutissants de la compétition, alors oui, il avait sourit. Non pas qu'il considéra la chose aisée. Au contraire peut-être. Pour lui du moins. Alfar qu'il était et que les habitants savaient, ou à minima le devineraient, être, il devrait convaincre un groupe entier d'étrangers. C'était donc bien plus du cynisme que son visage affichait. Après tout, on offrait difficilement sa confiance à une race dite "maléfique", encore moins lorsque l'on lui prêtait la réputation d'être capable d'empoisonner son propre frère pour la simple raison qu'il était un poids ou un caillou incommodant sur le chemin de la réussite. Et il y avait une grande part de vérité à cela. La majorité des Alfars ne s'encombraient pas de ce qui était gênant et préféraient s'en débarrasser purement et simplement plutôt que s'ennuyer à l'écarter avec le risque que cette chose revienne entraver sa route. C'est pour cela qu'il ne put songer que, en réalité, cette épreuve dépassait la simple concurrence entre participants de cette Coupe des Huit. Quelque chose de bien plus grand l'avait mené ici. Dothasi en personne devait attendre après lui. Elle devait chercher à voir comment lui, ce Sarethi promit à un grand avenir selon une autre déesse qu'elle, protectrice des Elfes sombres, mettrait en application ses préceptes, c'était évident.



Les jours précédents l'épreuve, Jämiel jeta sur papier ce qu'il pourrait évoquer lors de son discours face au jury qui lui tiendrait tête. Le mensonge serait inutile. Pas en totalité du moins. Ce ne serait pas comme s'ils devaient s'y attendre venant de lui. D'ailleurs, même s'il disait la vérité ce n'était même pas sûr qu'on le croît sur parole. Ce qu'il faudrait qu'il fasse en premier lieu, c'est mettre en confiance donc. Qu'il fasse en sorte qu'ils baissent leur garde pour que les mots qu'il puisse prononcer soient pris au sérieux et comme dit en toute franchise. Il ne se leurrait pas, ce ne serait pas tâche aisée. Un parfum aurait été pratique pour ça. S'il avait su, il s'en serait occupé de s'en procurer un lorsqu'il se trouvait encore à Drosera. En faire un serait trop compliqué ici. Tant pis, il se débrouillerait autrement. Il ne s'était pas entraîné à la magie pour ne jamais l'utiliser après tout. Ce problème mit de côté pour y revenir plus tard, il réfléchit à la discussion qu'il devrait tenir. Il avait quelques minutes hésité entre une tirade ou un échange. La seconde idée lui sembla préférable. Il exhala un souffle. Installé en extérieur, le regard ambré de l'Alfar quitta ses notes pour se perdre dans l'architecture de l'île. Le gris, c'est ce qu'il retint. Si à l'extérieur de la ville la nature était abondante et sauvage, au sein de la cité elle était inexistante. Une ville terne, triste. Le besoin de l'habiller des couleurs de l'âme de son peuple bouillonnait terriblement en son sein. Il se retint. Levant les yeux sur le palais, il songea à Bellone. Qu'aurait-elle pensée de la particularité de ces lieux ? Probablement aurait-elle prit quelques notes pour s'inspirer lors de ses futures constructions. Il boule nerveuse crispa son estomac comme sa mâchoire se serra en songeant à sa belle endormie, protégée du temps et du tumulte des terres de Sympan à l'intérieur du Monde du Conte. Ça ne pouvait plus durer. Il devait trouver un moyen de la sortir de son sempiternel sommeil. Le Sarethi ferma les yeux et prit une profonde inspiration qu'il expira d'un souffle lent et mesuré. Pas aujourd'hui. Pas pour l'instant. Là, présentement, il devait se concentrer sur ce qui l'avait amené sur Djomir. Ça lui coûtait de se dire qu'il devait faire passer son Orine au second plan. Songer qu'elle était à l'abri du monde aidait. Ainsi se remit-il à la tâche et recommençait-il à griffer ses idées sur le parchemin, raturant régulièrement des passages parfois entier lorsque ses réflexions l'amenaient à songer que ce n'était pas la meilleure voie et qu'il pouvait faire mieux.

L'Arcesi ne prit pas garde aux autres concurrents. Toutefois il resta attentif à leur discours. Certains valaient la peine d'être entendus. Son regard passa rapidement sur celui qui parlerait avant lui. Alors il se prépara une dernière fois. Il relit une ultime fois les notes remises au propres sur un papier pour être certain de ne rien oublier, puis la pliait en quatre et la rangeait dans la poche intérieure de sa veste. Il se répéta les mots, encore et encore, en silence. Il était bien hors de question qu'il doive jeter un œil au papier. S'il devait être prit d'une soudaine amnésie, alors il passerait la partie qui lui manquerait ou, dans le pire des cas, improviserait. Dans une lente respiration, le jeune Alfar ferma les yeux et attendit avec patience que son tour n'arrive.

Lorsqu'on l'appela, le Sarethi s'avança devant ses juges. Là, il resta quelques secondes dans un mutisme froid à passer son regard sur chacun d'eux et les juger autant qu'eux allait le juger après les avoir salué. Avec un peu de chance, son plan pouvait fonctionner. Il ignorait tout de ces personnes. La chose était donc totalement incertaine. Mais ça valait le coup d'essayer. Toutefois il devrait faire court. Le Charme et la Magie des Mots combinée puiserait rapidement dans sa réserve de magie. S'il arrivait au bout, il se ferait immédiatement remarquer. Et éliminé. Un sourire affable, en parfait contraste avec sa précédente expression, esquissa ses lèvres tandis qu'une même lueur éclaira son regard. « Avant de commencer, j'aimerais prononcer un mot. Rodai. ». Il laissa planer une seconde, le temps que ce mot parvienne clairement aux oreilles de ses interlocuteurs. Puis, sans changer de ton, il reprit. « Peut-être que cela ne vous évoquera rien. Ce n'est pas bien grave pour l'instant, ce n'est pas le plus important. Nous en reparlerons. ». Peut-être. Rien n'était moins sûr. Pas aujourd'hui en tout cas. Il serait bien dommage de dévoiler le véritable sens de ce mot magique. Une magie qu'il l'avait apprit exprès pour ce jour, même si ce sort pourrait très probablement lui être utile à l'avenir, cela allait sans dire. Cependant, cela voulait également dire que c'était une magie nouvelle et qu'il n'était pas certain de la maîtriser parfaitement. D'où sa remarque. Il verrait plus tard si le sort aura fait effet. Il l'espérait. « Si nous nous présentions ? Au nom de Tobieth je concours à votre épreuve de la Coupe des Huit. ». Il s'était un peu renseigné sur la race, en partie à cause des guerres internes qui la frappaient, et plus particulièrement sur les élémentalistes de la Nature et du Métal. Outre le fait que ceux vivant l'île de la nature étaient maître de cet élément, quelle qu'elle soit, il semblerait que ces derniers ne soient pas en conflit ouvert avec ceux manipulant le métal. Ça l'aurait toutefois arrangé qu'ils soient au moins bon copain. Ceux mandés par ces éléments alliés seraient forcément avantagés. « Mon nom est Jämiel Arcesi-Déléis. Isemsith et Elu d'Hel'dra. » continua-t-il. Et d'autres choses, mais se limiter au plus connu était largement suffisant. Annoncer que l'on avait joué le rôle d'un méchant dans un conte ou que l'on s'était retrouvé au milieu d'un conflit Ange-Démon que l'on avait même pas cherché à  résoudre n'était de toute façon pas le meilleur des plans. Il s'arrêta, détaillant les hommes et les femmes qui lui faisaient face. Bien sûr qu'ils ne lui répondirent pas. Il s'en doutait un peu. Après un furtif haussement d'épaule, il s'approcha du groupe inquisiteur. « Entrons donc dans le vif du sujet. Il me semble évident que si j'ai été mandé par les Lyrienns de la Nature c'est pour, hum, le point commun qu'ils partagent avec mon peuple. ». D'une certaine façon. Beaucoup s'amusaient-ils à créer la nature morte et empoisonnée autour d'eux ? Il en douta. Ils ne devaient surement pas être une majorité. « Probablement pour le lien que constitue ma personne entre les Alfars et les Ygdraë également. ». Si l'on pouvait parler de lien. Mis à part une reconnaissance de ces semeurs de pâquerettes, il n'avait plus eu aucune relation avec eux depuis la Coupe des Nations. Ce n'était qu'un détail. Comme ne jamais préciser son appartenance raciale. Son nom était principalement connu au sein des murs de la Majestueuse. Mais avec un minimum de culture, ils pourraient la deviner. Seulement ça l'amusait de laisser l'incertitude planer.

Les mains dans le dos, Jämiel commença à traverser tranquillement l'esplanade. « Ce n'est que mon avis, mais les dieux ont parfois d'étrange desseins pour nous, pauvre mortel. ». Il s'arrêta un instant et se tourna vers son auditoire. « Tout du moins, dans le cas de ma propre expérience, même si je suis certain ne pas me sentir seul visé par cette affirmation. ». Il avait un nom en particulier en tête. Il le révulsait. Surtout, il remettait en cause toute ses croyances. Tout ce que ses parents lui avait apprit. Tout ce que la société lui avait enseigné. Mais pour ce que ce nom avait obtenu, il ne pouvait que renforcer ces liens qu'il avait lui-même créés. Y songer le crispa malgré tout et un nœud irrité se forma dans son estomac tandis que les traits de son visage se firent plus tendus. Respire. Ce qu'il fit. Ses poumons s'emplirent d'une longue bouffée pour se vider en douceur du souffle apaisant. Son regard rivé sur les Lyrienns, il s'attendait à une réaction de ces derniers. En rapport avec ses paroles ou sa propre attitude qui lui avait échappée. Il n'en fut rien. Ils restèrent aussi lisses que des statues de marbre. Ou de fer, pour rester dans le thème de l'île. L'Alfar retint un soupir comme il tourna les talons, roulant toutefois des yeux une fois dos à ces derniers. Même son peuple était plus expressif. De fausses expressions pour une partie d'entre eux, certes, mais au moins ils affichaient un semblant de sentiment. Éloigné de quelques pas, il fit un brusque demi-tour sur lui-même tandis qu'un frisson glacé, de ceux qui vous atteints lorsque vous vous attardez trop au clair de Lune, parcouru son épiderme. Il était temps de conclure. Et vite. « Je me demande. Il y a des alliances que l'on croyait impossible. On a pourtant vu les Anges œuvrer avec les Sorciers pour défaire les Démons. Ces mêmes Sorciers faire alliance avec des peuples dont il semblait invraisemblables que cela se fasse. ». Il laissa un temps, celui pour laisser aux Lyrienns deviner la suite de son discours. Il réajusta ses manches avant de reprendre. « Il s'avère que ne suis pas seul représentant de ma race à participer à votre Coupe. Que votre peuple fasse appel au miens à plusieurs reprise et que celui-ci y réponde sans contrepartie ne me parait pas anodin. ». Nouvelle pause ; un rictus espiègle. « Mais je n'irai pas jusqu'à parler au nom de ma Hiérarchie et la vôtre toutefois. ». Car, en vérité, ça l'étonnerait franchement qu'un début de discussion soit d'actualité. Déjà, il y avait les Evershas et les Vampires qu'il n'avait pas évoqué. Leur guerre ne facilitait pas les discussions et ils devaient agir avant de conclure quelques accords. Puis il y avait les Sorciers à côté. C'était encore une autre histoire ça. Donc les Lyrienns, qu'ils se réconcilient entre eux déjà. Lui voyait la chose ainsi en tout cas. Après, peut-être y avait-il quelque chose à exploiter de leur division, également. Il ne connaissait pas assez la politique de ce peuple pour ça et était trop éloigné de celle du sien pour savoir ce qui était le mieux.

L'Arcesi balaya l'air de la main. « Je m'égare. Ce n'est pas le sujet de cette discussion. ». Le fait étant qu'il n'aimait pas parler de lui. Surement pas à des inconnus en tout cas. « En vérité je n'ai pas grand chose à dire sur ma personne. Je ne suis qu'un étudiant sans Titres qui aime la musique et avec pour unique gloire d'avoir bénéficié de la bénédiction des Ætheri, mais pas encore de celle de la Couronne. En outre, il n'existe sur cette terre que peu de personne à qui j'accorde toute ma confiance. Celle qui mérite que j'en dise plus que ce que je vous ait dévoilé aujourd'hui. ». Il y eut un temps alors que son esprit vint s'égarer dans le Monde des Contes et l'esprit endormi de Bellone. Elle-même ne savait pas tout. Elle ne savait pas pour la bague démoniaque. Elle ne savait pas non plus pour le Monde des Contes, même si dans ce cas-ci c'était surtout à cause d'un événement indépendant de sa volonté. « Ce n'est donc pas avec cette conversation à sens unique que j'aurai l'envie de révéler quoi que ce soit de plus à mon propos. Échange de bon procédé. » ajouta-t-il avec un rictus. On obtient rien sans rien. « Ce sera surement là ma conclusion. » fit-il en se redressant face aux Lyrienns. « Mesdames. Messieurs. ». Avec une révérence, il les salua avant de quitter les lieux d'un pas vif. C'est une fois l'estrade quitté et hors du champ de vision de ses auditeurs qu'il se relâcha, lui et la magie qu'il tenait active jusque là. Epuisé, il s'adossa au premier mur venu et s'y laissa glisser pour se retrouver au sol. Il leva alors le regard au ciel, qui lui paru bien haut, où perçait les immenses bâtiments de pierres et de ferrailles. Il n'aimait pas cette ville, clairement. Elle lui semblait si absente de vie. Si éteinte. Il concentra toute la magie qui pouvait lui rester sur son index. Celui-ci vint à la rencontre du sol à ses côtés dans un mouvement bref. Quelques secondes après, une drosera prit naissance à travers les joints des mornes pavés sous le regard ravi du Sarethi.
:copyright: ASHLING POUR EPICODE




Mots 2437

Magies utilisées :
- Charme
- Magie des mots : Vous avez appris à condenser votre magie pour la contenir dans des mots de commande simples qui s’activent lorsqu’ils sont prononcés (P) ou écrits (E).
Rodai (P, E):
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Jun Taiji
✞ Æther de la Mort ✞

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Jun Taiji
Mar 29 Juin 2021, 22:27



La Coupe des Huit



Alaster avait les yeux grands ouverts. L’eau s’infiltrait dans ses cheveux et ces derniers flottaient autour de lui. Ça lui rappelait ce temps où, soldat, il s’était endormi sur les côtes de Tælora. Un instant, il avait senti son corps flotter dans l’eau puis, plus rien. Sa respiration avait dû s’arrêter seule, sinon il aurait bu la tasse et se serait réveillé, non ? Il n’en savait rien. Ça ne l’avait pas interrogé plus que cela. Son ami l’avait sauvé et, lorsqu’il avait repris connaissance, il était allongé sur la plage. La bataille était loin derrière eux. Il était le moins blessé du groupe. En pleine forme, et grâce à sa taille, il s’était simplement avancé vers un arbre et en avait cueilli des fruits. Ils auraient pu être empoisonnés qu’il se serait comporté exactement de la même façon. Il les avait goûtés sans conviction, les avait trouvés bons et avait partagé son butin avec ses camarades blessés. Il n’était réellement pas fait pour l’armée mais, à y repenser, la Paresse l’avait peut-être sauvé. Les hommes de la famille Dah Numen n’avaient pas eu cette chance et, aujourd’hui, il était le seul modèle masculin du lot. Il n’avait pas de neveu ou d’oncle avec qui discuter. Certains avaient péri pendant la Guerre des Dieux, d’autres bien avant. Lui, il avait survécu par un étrange et mystérieux phénomène, comme celui qui avait lieu maintenant. Son cœur semblait à peine battre. Il ne paniquait pas, bougeait doucement. Il voyait l’épreuve comme un rêve. Il n’y avait pas de bruit et la luminosité était faible. Ça l’apaisait. Il aimait bien. Son corps ne pesait rien. C’était quelque chose qu’il n’avait pas encore expérimenté à ce niveau-là. Il n’avait jamais été partant pour aller se baigner pour de vrai, parce que le trajet à faire lui avait semblé souvent insurmontable, sans parler du fait qu’il fallait se sécher, probablement courir après des voleurs de vêtements ou autres problèmes similaires. Alaster aimait bien sa routine, monotone mais confortable. Son truc à lui, croyait-il, c’était la terre. Il aimait bien avoir quelque chose de solide sous les pieds et se poser dans l’herbe. Puis il adorait empoter des plantes ou s’occuper du petit potager de la ferme. Il y en avait un plus grand mais celui qui était pour ses besoins personnels et ceux des grands-mères qui vivaient avec lui n’excédait pas quarante mètres carrés. Il avait toujours été curieux du cycle de la pousse. Il semait et attendait patiemment que ça poussât. Ça le rendait heureux de voir quelque chose germer et s’élever pour donner des légumes ou des fruits. Il avait peut-être envie d’être père.

Tranquillement, en apnée, il ramassait les cloches, en descendant dans la fosse. Il ne se posait pas de questions quant à sa survie. Il se contentait d’observer les alentours, en bougeant le moins possible. Il s’était toujours économisé ainsi alors ça ne changeait pas de son quotidien. Il vivait sans ressentir d’angoisse, en se contentant d’établir des faits objectifs. Il ressentait des émotions, bien sûr, mais il n’avait ressenti de la rage qu’une fois. Elle était restée à l’intérieur de lui, sans qu’il ne pût la faire sortir. Il s’était simplement refermé sur lui-même, incapable de l’exprimer un temps. Puis, petit à petit, la rancœur était passée et avait disparu. Il s’excusait dès qu’il avait tort et ne se plongeait pas dans des combats inutiles. Les guerres d’égo étaient loin de lui. Il se contentait d’exposer ce dont il avait envie et ce qu’il pensait si on le lui demandait. Si on ne le questionnait pas, il ne disait rien. Il ferma les yeux un instant, éprouvant la texture de la corde entre ses doigts. S’il avait su qu’il aimerait autant l’eau, il aurait tenté de se baigner plus vite.

S’il était ici, c’était pour une raison qu’il ne s’expliquait pas. Il avait ressenti le besoin de revoir la rouquine. Djinshee. Alors il était parti de chez lui, avec un grand bâton en bois, et avait marché. Quand il l’avait fallu, il avait volé un peu. Il avait pris le bateau et avait continué tranquillement, jusqu’à arriver sur l’Archipel d’Aeden. Ça lui avait pris un certain temps mais il avait une notion des minutes toute relative. Il avait souvent l’impression que le temps passait au ralenti pour lui, comme si s’économiser distendait la Ligne du Temps. Les paroles des autres lui paraissaient parfois lentes ou lointaines. Il n’écoutait pas toujours. Au cœur de l’eau, il avait cette même impression, celle que le monde s’était figé. Toujours est-il qu’il n’avait pas réussi à croiser Djinshee, parce que l’Archipel d’Aeden n’était pas comme sa ferme du Cœur-Vert. La péninsule était remplie d’îles et il n’avait aucune idée d’où se trouvait la jeune femme. Il avait erré, beaucoup mangé et dormi, avant d’être mis au courant de la Coupe des Huit. Il avait acquiescé plusieurs fois, sans vraiment faire attention mais en se disant que s’il participait, elle le verrait forcément et qu’elle le rejoindrait. Il n’avait aucune idée de ce qu’il pourrait bien lui dire mais elle ferait peut-être la conversation pour lui. Si elle ne voulait pas parler, ils pouvaient rester silencieux, ça ne le dérangeait pas du tout. Et si elle voulait qu’il parlât, il lui raconterait qu’il pourrait bientôt manger de bonnes courgettes du potager. Il espérait que ça la rendrait heureuse mais il préférait ne pas trop se faire d’illusions. Il n’était pas spécialement intéressant. Depuis qu’il était enfant, rares étaient ceux qui avaient aimé sa compagnie. Il n’avait qu’un seul véritable ami : Jun. À vrai dire, il ne s’était jamais posé de questions sur son compte. Il ne s’était jamais dit qu’il l’ennuierait. Avec le temps, parce qu’il n’était plus un enfant, il avait décidé d’adopter la position qui consistait à dire qu’il n’était pas fait pour s’entendre avec tout le monde. Ce n’était pas grave. Il n’aurait pas pu gérer beaucoup d’amis de toute façon. Ses Weltpüffs lui prenaient déjà beaucoup de temps.

En y songeant, descendre dans une fosse, sous l’eau, n’était peut-être pas le meilleur moyen pour que Djinshee le remarquât. Maintenant qu’il était là, il continuait, mais il doutait de la pertinence de son semblant de stratégie. Est-ce qu’elle l’aimait bien ? Il fallait qu’il lui demandât. Il n’était pas plein de mystères. Avec lui, les choses étaient simples d’un point de vue émotionnel. Il ne cachait jamais rien, ce qui le rendait aussi ennuyeux. Le suspense n’existait pas. Il ne mettait pas cent ans à déclarer sa flamme. Quand il aimait quelqu’un, soit il ne disait rien parce qu’il partait du principe que l’autre le savait forcément, soit il le disait simplement. Il n’était pas compliqué mais il avait plein de défauts dont cette sorte d’état qui l’empêchait de sauter de joie quand il était heureux ou de fondre en larmes quand il était triste.

Quand il considéra qu’il n’aurait plus assez d’oxygène pour remonter s’il descendait plus bas, il décida de faire le chemin inverse, tout en continuant à penser à la Lyrienne. Il avait vraiment envie de la voir, même s’il n’avait aucune idée de ce qu’ils feraient une fois qu’ils seraient l’un en face de l’autre. Peut-être le giflerait-elle encore ? Il n’aimait pas trop ça. Si elle le faisait quand il dormait, il ne risquait pas de se défendre mais il pensait qu’il réussirait à stopper sa main avant qu’elle ne l’atteignît s’il était éveillé. Et une fois qu’il aurait enfermé son poignet dans sa paume, qu’en ferait-il ? Il amènerait peut-être ses doigts dans sa barbe. Il était curieux de savoir ce que ça lui ferait si elle le touchait sans le frapper, juste si elle posait sa main sur lui, comme pour caresser un Weltpüff. Il n’était peut-être pas aussi doux.

Quand il remonta à la surface, il eut soudainement envie de retourner dans l’eau. Son corps lui parut peser bien plus lourd qu’avant l’épreuve. Il aurait préféré être un Paresseux petit et frêle, ne pas avoir à porter toute cette masse. Malgré tout, élever les grands moutons du Cœur-Vert avait forgé sa silhouette et continuerait à le faire. Sa mère – une Orgueilleuse – ne cessait jamais de vanter la grandeur de son fils. Il aurait pu changer lors d’une mue mais il avait la flemme. Il avait ce corps là depuis des siècles. Il n’allait pas changer maintenant. Ça lui ferait trop bizarre. Il n’aimait d’ailleurs pas vraiment être trempé comme ça, trempé hors de l’eau. Ça collait et ça ne lui plaisait pas. Et il avait envie de dormir maintenant, chose qu’il ne tarderait pas à faire dès qu’il en aurait l’occasion.

1438 mots

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Mancinia Leenhardt
~ Humain ~ Niveau IV ~

~ Humain ~ Niveau IV ~
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◈ YinYanisé(e) le : 01/05/2015
◈ Âme(s) Soeur(s) : Neah Katzuta | Ange | Compagnon
◈ Activité : Joaillière [Rang IV] - Médecin [Rang III] - Éleveuse de Vaches [Rang I] - Investisseur [Rang II] - Prêtresse d'Amsès [Rang I]
Mancinia Leenhardt
Mar 29 Juin 2021, 23:07


Illustration - Inconnu
La Coupe des Huit

Sa main remis distraitement une boucle derrière son oreille, dissimulant son impatience du moment. Dans les tribunes, Mancinia était reconnaissable, non pas à cause de son visage, voire de ses vêtements, impeccables et normaux durant cette sortie entre demoiselles, mais parce qu'ils étaient peu nombreux à s'être risqués à se retrouver dans son sillage, créant une vision dégagée sur l'Arène. Son Ma'Ahid incommodait les Lyrienns, mais de telle sorte à ce que ce soit un véritable rejet. Habituellement, elle essayait de trouver des excuses à son étendue et au mal-être éprouvé par les races magiques, se sentant de temps en temps désolée, mais le temps passant, elle considérait ses fuyards comme des pleutres. Comment des inaptes pareils avaient-ils survécus au fil des ères ? Ridicule. Surtout que maintenant qu'elle avait un nom réputé, personne n'osait rien lui dire. Qui chasserait une Ambassadrice de sa race, la Marquise d'une autre, un individu que l'on disait béni des Aetheri ? Ce serait risqué, surtout dans un tel événement que l'on voulait ouvert, à l'honneur des Dieux. Ces sièges, idéalement situés, plaisaient à ses deux amies, ainsi qu'aux quelques rares personnes à s'être installés aux alentours. Surtout des personnes âgées, qui se moquaient bien d'être incommodés tant qu'ils profitaient du spectacle ! Droite, les bras noués contre sa poitrine, l'Imprévisible attendait la venue de l'Insaisissable. Aucun doute, ce combat serait à son goût.

À sa droite, Monika demeurait prête à répondre à la moindre de ses demandes, même à ses caprices, alors que son réel souhait était que sa Camériste se détende, au moins pendant les affrontements, mais cette dernière était dévouée ... Sans doute exagérément, mais l'Humaine espérait que ces derniers lui changeassent les idées, devant la morosité qu'elle tentait de dissimulée. La Marquise en était bien consciente, habituée de la côtoyer pour savoir quand les choses allaient ou non, mais tant que la Magicienne ne se confiait pas à elle, ce n'était pas évident de lui venir en aide. ​June était plus détendue, aux côtés de sa cousine. Elle était venue soutenir Pulsar, n'hésitant pas non plus prendre du temps pour voir les autres épreuves. Mancinia trouvait la Hautbourg plus qu'agréable et une amitié sincère était née entre elles. Ce rapprochement avait permis qu'elles soient ensemble. Soudain, la clameur enfiévrée de la foule. Neah. Son coeur tremblait d'excitation à l'idée de ...

Cet effronté est passé à l'attaque avant même que l'organisateur ne finisse son discours !
Mais ce n'était pas prévu ...
Non, c'est de la provocation !
Comme c'est excitant !

Chacune des Magiciennes étaient plongées dans l'élan du combattant, attendant la sentence envers l'Ange, ou envers le Lyrienn, qui sait ? C'était aussi rapide que long, un réel suspens ! Les yeux de Mancinia suivaient le mouvement du corps qui s'était doucement levé du sol pour atterrir quelques mètres plus loin, une réplique adéquate suite à un assaut brutal. L'adversaire avait clairement deux ou trois têtes de plus que son Capitaine, mais ce dernier n'avait eu nul besoin de recourir à sa magie pour le mettre au tapis. Comment craindre quelqu'un en raison de sa taille lorsqu'on combattait des Vils sous leur forme la plus immonde ? Pendant un instant, elle ne savait pas si elle devait éclater de rire ou trouver la situation décevante devant ce ... ce n'était même pas une lutte, simplement une écrasante suprématie. Et cette dernière n'était pas uniquement dans l'Arène, tant son coeur chancelait lorsque leurs regards se croisaient, démontrant son attachement à son encontre, avant de disparaître sous les clameurs.

Ah bah putain, les Anges, c'est pas des chiffes molles !
Ils se sont mangé une guerre dans la gueule, faut dire.
Vous avez vu, Mancinia ? demanda June en se collant contre Monika. Le Capitaine vous a rendu hommage !
C'était vraiment court ... Je m'attendais à plus de résistance de la part de son adversaire !

La rouquine croyait que la mine déçue de Monika était en raison de la durée de l'échange, loin de comprendre le sentiment réel qui émanait de sa cousine. Cette dernière ressentait, en vérité, de la jalousie à l'égard de l'Ange. Il recevait l'attention et les cadeaux de la Marquise, même des petits détails, qui faisaient la différence entre les Écuyers de l'Aurore et les autres couples. C'était un véritable vide de se sentir délaissé de la sorte.

C'est vous qui lui avez offert ce morceau de tissu ?
Un moyen de lui porter chance.
Oh, c'est si romantique ! dit June en tapant dans ses mains. Vous êtes vraiment adorables ! Ce n'est pas étonnant que Boraür vous rends hommage !

Cette dernière avait été la voir par curiosité et avait vu son sacrement comme Prophétesse. Sans doute était-ce étrange de la voir de cette manière, tant elle paraissait normal en cet instant, loin d'être considérée comme Sacrée. Cet événement était la preuve du Lien entre l'Ange et l'Humaine, la preuve que même les Aetheri les bénissaient. La Fougueuse baissait ses paupières devant les yeux, prise d'un mal-être soudain, Mancinia le voyait, mais ne disait rien. Couvrait-elle une quelconque maladie ? Était-ce la raison de son mal-être ces derniers temps ?

J'ai de la chance d'avoir un homme comme lui, déclara-t-elle, essayant de ne pas causer plus d'embarras à son amie. Personne ne peut contester le Lien qui nous unis, même si nous repoussons sans cesse notre mariage.
Moi, je suis contente que vous ne soyez pas encore mariés ... Nous avons pu devenir amies ainsi !

Tant de sincérité dans une seule phrase. La Fille du Soleil lui rendit son sourire, après tout, c'était une chance d'être ainsi liée à la Dynastie des Hautbourg. Son oreille demeurait néanmoins tendue, car le combat de son Gardien avait engendré des rumeurs. Ce n'était pas donné à tous de mettre hors d'état de nuire un combattant avec seul coup de poing, mais à quoi s'attendait-il de la part de la Canine Blanche ? Croyait-il que Neah n'était qu'un homme mignon en raison de l'Amour qui les unissait ? Grave erreur, ils étaient un couple guerrier ...

Oh, c'est messire Eraël qui rentre là, n'est-ce pas ? C'est la première fois que je le vois !
Moi aussi.
Encore un roux ...
On tient quelque chose.

Si elle était venue dans le but de voir son fiancé, Mancinia ne manquerait aucune miette du duel de l'Obstiné qui était un condensé de tout le savoir-faire des Humains en matière de combat. Aucune magie, seulement la puissance des gestes, l'agilité dans le pas. On voyait bien qu'il avait choisi sa carrière dans l'Armée, tout en assurant la continuité de ses commerces, pour être plus ou moins dans le même cas, l'Imprévisible savait que ce n'était pas une mince affaire. Et puis, l'avantage des longs affrontements, c'est qu'ils pouvaient prouver à tous que, finalement, ce n'était que des rageux égoïstes qui se croyaient plus puissants, avant de tomber sur quelqu'un n'ayant aucun problème à les battre.

C'est un sous-vêtement féminin que je vois là ? demanda soudainement June, éberlué.
... C'est commun dans ce genre d'endroits, dit Mancinia, un sourire à la commissure des lèvres.
C'est bizarre, comme tradition.

Suite à quelques nouvelles mêlées, moins intéressantes, Neah était retourné au combat. Cela l'avait étonnée, mais les organisateurs voulaient visiblement donner de nouvelles chances de paris aux spectateurs, certainement en le mettant au défi de réitérer l'exploit de sa victoire. L'Ange avait passé du temps à esquiver les coups, maladroits et plein d'ouverture, du Lyrienn enragé qui voulait venger son comparse, que ce soit par sa masse, son bouclier ou ses éclats de flamme en direction du concerné, se moquant bien de le blesser sévèrement, mais rien ne semblait l'atteindre. Après la Canine Blanche, ils voyaient l'Insaisissable à l'oeuvre. Un titre bien connu des Anges qui l'avaient vu tenir tête aux Démons sur la Terre Blanche, mais qui ne manquerait pas de s'étendre comme une traîne de poudre dans d'autres contrées. Au bout de quelques minutes d'esquive endiablées, il achevait son adversaire d'un coup de pied dans le menton après s'être rapproché progressivement en signe de provocation.

Ben mon vieux, j'ai bien fait de venir !
Il pourrait se mettre à poil et continuer à se battre avec sa queue qu'il les mettrait tous à terre.

Mancinia manquât d'éclater de rire à l'écoute de cette remarque, avant que l'atmosphère ne change du tout au tout.

... Qui est-ce ?
Un homme ?

Comment ne pas être perplexe devant la carrure imposante de celle qui venait d'entrer ?

C'est Léto Sùlfr.
Quoi ? manqua de s'étrangler June.
C'est vraiment elle ?

Elles la connaissaient de réputation, évidemment.

Vous saviez qu'elle était peintre ?
N ... Non ?

On ne pouvait pas le deviner, à la voir ainsi s'amuser avec son adversaire, mais son coup de pinceau était maîtrisé, en attestait la somptueuse oeuvre détenue par les Écuyers de l'Aurore, réalisé au cours du Fessetival. À se souvenir, l'Humaine se perdait quelques peu, avant d'être ramené par la clameur des spectateurs. Décidément, les Lyrienns du Feu n'avaient aucune chance lors de leurs démonstrations, les autres îles avaient vraiment réclamés les meilleurs combattants des autres races, au point de les rendre ridicules.

In ... Incroyable ! souffla Monika, subjugué.
Elle est allée au coeur des flammes !

Mancinia, elle, ne pouvait dire qu'une seule chose devant cette victoire.

Woah.

Quelle femme, elle enviait ses talents ! Son sang se comprimait soudain, lorsqu'une autre figure connue de ses souvenirs entrait dans l'Arène. La Démone. Kitoe, c'était son nom. Elle pouvait désormais la suivre à la trace avec cette information, probablement banale aux yeux des autres spectateurs.

Marquise ?

Son visage était terrifiant, mais elle n'en mesurait pas la portée. Monika mis un main sur son épaule, inquiète, Mancinia se retournait vers elle, souriante, mais ne manquait pas une miette de la combativité de cette dernière ... Neah la haïssait, viscéralement. Et ce constat se répercutait sur sa personne.

1650 mots


[Evénement] La Coupe des Huit - Page 2 Chriss10
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Mer 30 Juin 2021, 15:00

dance par Nekro
La Coupe des Huit | Qar
Èibhlin leva les yeux, intriguée, sur sa mentor qui la devançait. Elle n'aurait pas imaginée qu'elle l'accompagnerait ici. Elle s'était plutôt imaginée que ce serait Cerys qui serait présente avec elle. Comme lorsqu'elle rejoignait le château interdiiit. Mais apparemment elle ne semblait pas disponible pour se retrouver avec Iseabail. À pas rapide elle se rapprocha pour se trouver à hauteur de la Senthandas. « Ou allons-nous ? » l'interrogea-t-elle en arrêtant son regard sur les gens qui arrêtaient eux-mêmes leurs yeux sur les deux Alfars pour les dévisager d'un regard aussi froid qu'antipathique. Elle n'en fut pas choquée. Perturbée, éventuellement. Car c'était là le même regard que son peuple jetait aux étrangers qui osaient poser pied au sein de la Majestueuse. Une expression emplie de mépris et d'orgueil. « Vous apprendre à vous tenir droite sur la glace, pour commencer. Ensuite mettre en pratique vos cours de danse sur la piste. » expliqua-t-elle, ignorant totalement dans son cas le comportement des indigènes. « J'ose effleurer l'espoir que l'on arrive à vous rendre un minimum gracieuse sur vos patins à la fin de vos leçons. » soupira-t-elle en levant les yeux au ciel. La Sarethi se pinça les lèvres alors que son allure la ramena derrière son aînée. Effleurer l'espoir. Autant dire clairement qu'elle ne croyait pas en elle une seule seconde. « De toute façon nous arrivons. J'aurais préféré que ce soit un membre de notre peuple qui se charge de votre apprentissage, mais que voulez-vous. » s'exaspéra Iseabail en poussant une grande porte vitrée d'un geste ample, imposant sa présence avant même en avoir passé le palier. Les iris améthystes d'Èibhlin balayant les lieux, ce qui la marqua en premier fut le silence qui régnait. Seul un crissement léger résonnait dans la bâtisse. Devant l'attitude curieuse de la clone, la Nyëva lui offrit quelques explications. « Il était bien hors de question que l'on vienne interférer avec votre enseignement. Cette salle est la nôtre le temps de l'épreuve. » fit-elle en s'avançant vers la piste glacée. Èibhlin la fixa quelques secondes, se demandant comment elle avait fait pour privatiser un tel espace en un tel moment et chez un peuple qui ne semblait pas des plus tolérant envers les étrangers. Elle retint sa question néanmoins. Elle avait fini par comprendre, à force d'entendre parler ses précepteurs, que l'ignorance pouvait être préférable en certaines circonstances. Surtout lorsqu'un membre du Lys Noir était impliqué. « Qui est-ce si le lieu est réservé ? » demanda donc plutôt l'apprentie en suivant une femme qui, jusque là, glissait sur la glace avec prestance et agilité avant de s'approcher à son tour du duo. « Votre professeure. » répondit celle-ci à la place de la Senthandas. Èibhlin passa son regard de l'une à l'autre, chacune se fixant droit dans les yeux. Elle eut alors le sentiment qu'un blizzard venait de se lever autour d'elles.



Un genou au sol, la jeune Alfar finissait de lasser ses patins. S'aidant d'une main sympathique, elle se redressa. Puis, d'un geste rapide, elle remit une mèche correctement derrière son oreille, la perle l'habillant formant une étrange protubérance sous ses doigts. Elle avait choisi de laisser ses cheveux libre pour sa prestation. Seules quelques bijoux qui les ornementaient maintenaient une certaine cohésion dans sa coiffure qui retombait lâchement sur ses épaules. Comme le lui avait apprit Cerys, elle échauffa ses chevilles de quelques tours sur elles-mêmes. Elle fit de même avec sa nuque, pour la relâcher et continua ainsi avec quelques mouvements des épaules, des bras. Enfin elle se jeta dans la fosse gelée. Les premiers pas furent tremblant et incertains. Après une pause stabilisatrice, elle s'avança lentement au centre de la piste où elle s'y arrêta. Les bras le long du corps, elle prit une longue inspiration qu'elle expira de même par la bouche. Elle connaissait la chorégraphie par cœur. Elle ne devait rien oublier, encore moins se tromper, ou ses heures de travails n'auraient servis à rien. Elle releva la tête et initia enfin un mouvement de départ.


Les premiers pas se firent en douceur. Puis elle se souvint des mots de sa professeure à titre provisoire. Plus elle irait vite, plus elle aurait de l'équilibre. Elle n'aurait alors plus qu'à se soucier de la complexité des figures et de bien suivre la trajectoire de sa chorégraphie. Et tenir sur ses jambes. s'ajouta mentalement la Sarethi en se remémorant les innombrables fois où ses fesses eurent brutalement et rudement rencontrés le parterre glacé. Alors elle poussa un peu plus sur ses jambes, ignorant la peur qui gonflait dans sa poitrine au souffle frais sur son visage qui prenait en intensité et au visage défilant sous ses yeux, chaque seconde moins nets. Elle effectua quelques tours de piste, pour se prendre en main. Pour se l'accaparer. Puis elle s'éloigna du bord, se dessinant mentalement son parcours. « Voyez cela comme danser sur une branche. » lui avait-on conseillé. En moins stable cependant. ronchonna-t-elle intérieurement. En même temps que les mots lui traversait l'esprit, elle effectua quelques pas de sorte que sa route semble une onde sur un étang calme. Après un virage, presque manqué, vivement rattrapé avant que la chute ne l'emporte, elle reprit en vitesse et se prépara à se confronter à son ennemi. Se laissant porter par l'allure, elle se concentra sur la figure et, prenant appui sur ses jambes, se jeta en l'air pour y faire un demi-tour sur elle-même. Comme elle l'eût d'abord apprit auprès de Cerys sur sol plat dans les ténèbres de la Forêt des Murmures. Comme on s'efforça à lui apprendre sur le sol glissant de l'île froide de Qis. Elle n'avait cependant jamais réussi à se réceptionner correctement ici. Ainsi puisa-t-elle dans ses ressources magique pour user de sa transformation animalière, à laquelle elle échouait également. Mais pour cette fois, ça lui serait pratique. Deux grandes ailes de papillons jaunes et noires prirent places dans son dos. Deux fines ailes dont elle fit usage pour amortir sa chute et rester debout afin de pouvoir continuer son parcours en toute sérénité. Son regard devenu noir des prunelles de l'insecte, elle serpenta à travers la piste avec la même gestuelle que ces apprenties danseuses. Comme si elle s'était trompée de discipline pour offrir son spectacle. Une inspiration, et elle arrêta sa course, profitant de l'élan pour effectuer plusieurs tours sur elle-même à la manière de ses figurines dans les boîtes à musique. Les deux jambes au sol néanmoins, afin de s'assurer un minimum de stabilité. Elle aurait aimé pouvoir ne valser et glisser que sur une jambe comme la Lyrienne qui lui avait apprit. Savoir patiner en arrière avec célérité comme si elle avait possédé des yeux derrière la tête. Sauter et atterrir joliment sans à user de quelques artifices que ce soit. Être sur la glace comme elle pourrait être sur terre. Ce n'était malheureusement pas possible. Pas en si peu de temps d'apprentissage.

Ses accélérations successives ne l'amenaient jamais plus loin que la ligne qu'elle eût tracée à proximité du bord, les premières minutes. Elle effectua un dernier tour de piste puis commença à faire des cercles concentriques de plus en plus petits, vers l'intérieur de celle-ci, son regard rivé sur la glace et ses attributs animalier s'effaçant. Une fois au centre elle s'arrêta. Puis s'accroupit. Elle tendit enfin une main devant son visage, paume vers le haut. Une seconde s'écoula. Le temps d'effectuer une prière à Dothasi pour ne pas lui faire faux bond dans son ultime geste. Après une longue inspiration, elle souffla comme on éteindrait une flammèche tout en tournant sur elle-même. Autour d'elle, là où se dessinait le passage du métal tranchant de ses chausses, de larges et fins morceaux de glaces s'arrachèrent au sol et prirent leur envol en une dizaine de papillons géant verglacé. Une fine poudre blanche et brillante les suivaient ; le gel de leurs ailes qui déjà s'effritaient. Elle ne se releva pas de suite, un voile sombre tombant devant son regard. Cillín avait raison. Elle s'épuisait bien trop vite.
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Dim 04 Juil 2021, 20:53


La Coupe des Huits - Épreuve du Feu



SolheimLa missive était arrivée quelques semaines auparavant. Elle m’avait été envoyée par un inconnu, une personnalité résidant dans un lieu nommé Djomir. L’individu me conviait à représenter son peuple lors de l’épreuve d’un tournoi national. Je relus plusieurs fois la lettre, perplexe. Je ne connaissais pas l’expéditeur, guère plus que la nation pour laquelle j’étais censé concourir. Pis, je n’avais jamais eu vent de cette fameuse compétition. Tous les paramètres m’incitaient à croire que j’avais reçu ce courrier par inadvertance, qu’il s’agissait d’une erreur d’adressage de la poste locale. Tout, sauf le nom qui avait été soigneusement calligraphié sur l’enveloppe : mon nom. J’arpentais mon appartement de long en large, en proie à une succession de questions auxquelles je n’avais pas l’ombre d’une réponse. Il était pourtant inutile de me tordre les méninges ; je savais que je n’avais aucune chance d’éluder ce mystère -pas comme cela en tout cas. Et puis, ce n’était pas la première fois que j’étais choisi par des forces qui me dépassaient pour participer à un tournoi. Plus d’un an auparavant, j’avais eu la chance de représenter mon peuple lors de la Coupe des Nations. Le résultat n’avait pas été très concluants - mais au moins, je m’en étais sorti vivant. J’espérais offrir une tournure différente aux événements qui allaient bientôt se dérouler. L’éventualité de prouver ma valeur au combat à la face du monde était glorifiante et unique - et je ne comptais pas me ridiculiser.

Gona’Halv était un camp d’entraînement militaire. C’était le meilleur endroit au monde pour se préparer à l’épreuve à venir. J’avais pris à parti mes instructeurs afin qu’ils me préparassent à la bataille - et ils avaient accepté avec un malin plaisir. Au delà des habitants de Djomir, c’était avant tout les Réprouvés que je représenterai - et il était hors de question pour eux que je revinsse sans la victoire. Ils prirent leurs dispositions avec Aleifr - le Maître Forgeron - afin de me dégager suffisamment de temps libre pour me confronter aux différents exercices qu’ils avaient préparés : renforcement musculaire, lutte, maniement des armes ne furent qu’un échantillon des sujets qui occupèrent mes journées. Mais je savais que le physique ne suffirait pas - et je voulais en apprendre davantage sur les ennemis qui m’attendaient. Malheureusement, mes amis et collègues ne connaissaient guère plus que moi cet événement. Le racisme et l’imperméabilité des Bipolaires au monde extérieur en étaient sans doute pour beaucoup. Et les érudits étaient inexistants dans cette partie du monde ; la bibliothèque de la cité ne renfermaient que de vieux rapports de bataille et des traités sur l’art de la guerre. Aussi, décidai-je de faire escale à Stenfek avant de rejoindre la destination de ces jeux exotiques.

Le voyage vers la Capitake fut également l’occasion d’approvisionner les armureries du coin. Comme à son habitude, Aleifr m’avait confié une commande à livrer, bénéficiant ainsi d’une main d’oeuvre gratuite et d’un transport à moindre coût. J’avais appris à ne pas rechigner face à cette tâche peu gratifiante. A vrai dire, j’étais plutôt heureux de pouvoir fournir Ghrudo par moi-même. J’avais travaillé sur une bonne partie des équipements qui allaient lui être livrés, et j’étais impatient d’entendre ce que le marchand aurait à dire sur la qualité de ma production. Je savais qu’il chercherait le moindre défaut, la moindre excuse afin de grappiller quelques écus - mais, il ne trouva presque rien à redire, et je récupérai la somme convenue.

Ma tâche accomplie, je me dirigeai vers la bibliothèque principale de la cité. La section ‘Géographie’ me permis de dénicher quelques éléments sur la situation de la nation ; il s’agissait d’une île de l’Archipel d’Aeden. Chose étonnante, je découvris que chacune de ces îles abritaient des individus associés à un élément différent. Si je comprenais bien, c’était les Lyrienns du métal qui avaient requis mon aide pour cette compétition. Je refermai l’épais ouvrage que je parcourrai et entrepris de fouiller la section ‘Ethnologie’ de l’endroit. Cependant, il y avait assez peu de données répertoriées sur la race, et je me contentai du strict minimum. J’avais déjà rencontré quelques uns d’entre eux lors de mon excursion à Extalia, le bourg enneigé, et Aiyanna m’avait alors longuement introduit certaines notions de ce peuple. Le problème était que l’adolescente parlait beaucoup trop - et je n’avais rien retenu de ses brèves leçons.

La traversée jusqu’à l’île de Yangin se fit rapidement et sans embûche. L’équipage amarra le vaisseau au port, entre deux bâtiments de taille importante. Je mis rapidement pied à terre - je n’appréciais pas vraiment les voyages en mer, même si j’avais appris à m’en accommoder.

« Vous êtes bien Solheim Xyulfang ? »

Je fis volte-face. Un petit bonhomme à l’allure efflanquée et vêtu d’une tunique grise m’observait attentivement.

« C’est bien moi, répondis-je laconiquement.

— Bonjour et bienvenue ! Je suis Madrill, je suis chargé de vous accueillir.

— C’est vous qui m’avait fait venir ?

— Non, pas tout à fait. Mais je suis bien un Djomirien. C’est le comité qui a décidé de faire appel à vous.

— Pourquoi moi ? demandai-je alors.

— Ça… Je l’ignore. Peut-être l’un d’eux avait-il entendu parler de vos exploits ? »

Le problème était que je n’avais pas réellement d’exploit à mon actif - mais ça, je n’avais pas besoin de le lui dire.

Je passai le reste de la journée dans les bâtiments qui avaient été spécialement destinés aux compétiteurs - et je m’étonnais de constater qu’il y avait autant d’étrangers. Il y avait même des individus de renom qui participaient à cette Coupe des Huits. Léto, Maximilien et Neah étaient tous les trois des adversaires de renom - et j’espérais pouvoir les affronter. J’avais eu vent de leurs exploits lors de la bataille qui avait vu la renaissance des Réprouvés. Ces trois Kendov do Silus avaient des habiletés guerrières qui dépassaient l’entendement. Et si je savais n’avoir que peu de chance de les battre, ils constituaient des défis de taille. Pourtant, les épreuves ne consistaient pas à nous affronter les uns, les autres. Le tournoi nous opposait à des natifs de l’île, des Lyrienns de Feu qui se prenaient pour les maîtres du monde.

L’arène n’était pas très grande, mais les gradins qui nous entouraient conféraient à l’espace des airs de grandeur. J’observais l’individu encapuchonné qui me faisait face. Il avait l’air frêle et silencieux, et je craignais que le combat ne soit pas très intéressant.

« Alors, t’es prêt mon gars ? »

Le silence me répondit. Et lorsqu’une voix tonna finalement, c’était celle des animateurs.

« Combattants, j’espère que vous êtes prêts… Attaquez ! »

Je fondis sur mon adversaire. Ce dernier se contenta de lever la main et un bouclier de flammes se dressa devant moi. Je souris ; les flammes ne pouvaient rien contre moi, la bague que je portais à la main gauche me protégeait contre les brûlures. Du moins, était-ce ce que je pensais. Mon bras passa à travers le rideau de feu, m’arrachant un cri de douleur. Le mage, surpris de mon action, accusa le coup. Je reculai d’un bond. Des cloques se formaient sur mon avant-bras droit. La zone était affreusement sensible, et le simple contact de l’air sur ma peau m’était insupportable. Mon esprit était trop occupé par le mal pour raisonner correctement. Mon adversaire ne me laissa pas de répit, projetant une série de boules de feu dans ma direction. Je les esquivai par réflexe, reculant de plus en plus vers l’enceinte de l’arène. Mais il avançait pour m’empêcher de sortir de la portée de son sort. Je déployai mes ailes et pris mon envol vers le ciel, désireux de me mettre hors d’atteinte de sa magie.

Le vent était plus intense dans les airs, et la douleur beaucoup plus forte. Je repliai mon bras contre moi pour le protéger de la souffrance de la caresse éolienne. Que s’était-il passé ? L’anneau me protégeait des flammes - mais il n’avait eu aucun effet face à la magie de mon opposant. Je faisais rapidement le tour de mes capacités. Je n’étais pas en mesure de pouvoir me soigner. Il fallait que j’en termine vite - la blessure me prenait trop d’énergie. Je transpirai à grosses gouttes, et je me sentais faible.

La voix gutturale de l’Autre tempêtait dans le secret de mon être. Il se débattait, désireux de prendre le pas sur mon identité. Je refusais de céder à son emprise. Mais je ne pourrais pas y faire face bien longtemps - il gagnait de plus en plus en intensité. Je devais en terminer rapidement, et j’avais une stratégie - un peu bancale - pour m’en sortir.

En contrebas, mon adversaire semblait se débattre face à une force invisible. J’en avais appelé à mes Amis de l’Au-Délà pour attirer son attention. Elles jouaient de facéties, l’accablant de leurs farces grotesques. Mais le feu chassait les ombres, et elles se dispersèrent sans demander leur reste. Tant pis pour la diversion. Je fondis en piquet sur mon adversaire, le marteau vers l’avant. La chute était rapide, et l’impact imminent. Je me concentrai sur les particules de mon arme. Je les démantelai pour les recomposer différemment. La structure du marteau s’allongea. Ce n’était plus une masse désormais, mais une lance imposante. L’arme se figea dans l’épaule de mon adversaire, bien avant que mes mains ne franchissent sa muraille enflammée. Je me posai à la limite de mon allonge pour le ruer de coups. Je frappai de taille et d’estoc avec cette lance de fer jusqu’à ce que, finalement, mon opposant morde la poussière. Et alors, lorsque l’adrénaline du combat disparut, je m’effondrai à mon tour.


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Merci pour l'événement
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Lexa Blaise
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Lexa Blaise
Dim 04 Juil 2021, 23:37


[Evénement] La Coupe des Huit - Page 2 86122410

La Coupe des Huit

[Evénement] La Coupe des Huit - Page 2 77438810



Je regarde l’horizon depuis le balcon de la chambre que j’ai prise dans une auberge sur l’île de Djomir. C’est la deuxième fois que je foule les terres lyriennes en tant qu’humaine. Je dois avouer que cela me fait bizarre, mais j’éprouve une certaine fierté. Je suis fière d’être celle que je suis devenue. Le chemin pour arriver jusqu’ici n’a pas été de tout repos. Demain c’est le grand jour, celui de ma prestation lors de l’épreuve de Djomir, de l’île du métal. Je suis assez tendue, je ne vais pas le cacher. Heureusement je suis accompagnée de ma sœur et Ange Gardienne Meredith, mais aussi d'une petite troupe d’humains prête à me soutenir. Je soufflais un bon coup avant de les rejoindre pour faire la fête afin de me vider la tête.

Nous y voilà ! C’est le moment de vérité. Je suis en train de faire les cent pas en attendant mon tour. Je m’arrêtais devant un miroir pour pouvoir ajuster une toute dernière fois ma tenue. J’ai privilégié, sous les bons conseils de Meredith, mais aussi d’une Orine, la tenue traditionnelle de mon peuple. Un lehenga à la fois simple et très coloré. Celui que je porte ne possède pas de manches, permettant au dessin formé par le vitiligo sur ma peau d’être observable. Les longs cheveux blonds vénitiens tombent en cascade dans mon dos. J’ai rajouté quelques petits bijoux autour de mon cou et mes poignets. Bien évidemment, je ne porte aucunes chaussures à mes pieds. J’ai pris cette habitude là depuis que je fais de la danse. « Candidat suivant ! » Mon cœur battait à vive allure. C’est enfin mon tour. Je me dirigeais vers l’entrée de la scène. Je respirais un bon coup en fermant les yeux. Une fois la tension légèrement descendue, je lançais le signal à mes amis d’humains, cachés derrière des rideaux, pour commencer à jouer de la musique. Dès que les premières notes se firent entendre, je m'élançai sur scène en dansant au rythme de la musique. Grâce à eux et à la danse, le stresse s'évapore laissant place à une grande joie et une détermination presque contagieuse.

Ma prestation d’entrée ne dura pas très longtemps, mais juste assez pour attirer l’attention du public et du jury, je l’espère. « Bonjour à tous. Je suis Lexa Blaise. » Je regardais les visages qui composent le public. « Je vois que certain d’entre-vous me connaisse ou me reconnaisse. J’ai participé à l’épreuve Lyrienne de la Coupe des Nations. » Pendant que je parlais, je faisais des gestes gracieux avec mes mains pour accompagner mes paroles. « Cependant je ne suis pas ici pour parler de cela, mais plutôt de mes projets, de mes ambitions qui peut être, vous paraîtront démesurées, mais je suis déterminée à aller jusqu'au bout. » J'ai pris une grande inspiration avant de continuer. « Tout d’abord, comme vous l’aurez certainement senti, je suis une humaine, mais je ne l’ai pas toujours été. Je vivais encore à Extalia lorsque j’ai développé de l’anti-magie. J’ai été obligée de partir d’Aeden et d’Extalia à mon plus grand regret. » dis-je, le cœur serré. « Je dois vous avouer que j’ai eu beaucoup de mal à accepter ma nouvelle condition. Cela a été très difficile de me faire une place au sein des Humains, de mon nouveau peuple. J’ai dû surmonter un bon nombre d'embûches pour pouvoir m’en sortir. Cependant, une idée m’est venue en tête. Je sais, lorsque je vais vous en parler, cela va vous paraître peut être complètement fou et irréaliste, je ne sais pas. En tout cas, je crois en moi et en mes ambitions ! » J'affiche un grand sourire. « Depuis que je suis devenue une humaine, je ne souhaite qu’une chose, c’est de renouer avec ma famille, les Blaise. Je n’osais pas franchir le pas, de peur de paraître ridicule et de me voir de nouveau refuser l’accès à Extalia. » Je respirais profondément tout en regardant la foule. « Cependant, les choses ont bien évolué depuis. Je ne sais pas si vous le savez, mais j’ai monté mon propre commerce chez les humains. Il se trouve que je gère une boutique qui vend des produits typiques de mon peuple. De l’encens et des accessoires pour les cérémonies. Je sais, vous vous demandez où je veux en venir, écoutez moi jusqu’au bout, vous allez comprendre. » J'ai repris ma respiration. « Je souhaite établir une alliance commerciale entre ma famille et moi. Je pourrais proposer des animaux à l’adoption auprès des humains et en contrepartie, je veillerais à vous fournir en accessoires de cérémonies pour appuyer vos prières et vos offrandes envers les Aetheri Elémentaires. » Ils pensent peut-être que j’ai fini de parler, mais ce n’est pas du tout le cas. « Cependant, quelques choses me chiffonnent. Certes, cela est ambitieux, mais pas assez pour moi ! » Je continuais d’une voix plus forte et assurée. « Je veux établir une alliance durable entre les Humains et les Lyrienns et prétendre au titre de Diplomate ! » Je décidais de m’arrêter là pour le concours d'éloquence. Cela est totalement voulu, je veux garder le public en haleine. Je me sentais forte, imbattable et puissante au fond de moi, même si extérieurement cela ne pouvait s'apercevoir qu’en partie. Je décide de prendre congé en saluant le public silencieusement, puis en quittant la scène. Une fois de retour dans les coulisses, mes amis et ma grande sœur vinrent me féliciter d’avoir réussi ma prestation. Cela me fait chaud au cœur de les voir aussi fière de moi. Maintenant que ce concours et que mes ambitions ont été révélées au grand jour, il est temps pour moi de faire la fête avec mes amis !




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Lyz'Sahale'Erz
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Dim 04 Juil 2021, 23:49



La Coupe des Huit


Je retins mon souffle et lâchai la pression sur mes doigts. La flèche fendit l’air pour aller se planter dans la cible. J’étais concentré sur l’épreuve. Elle était encore simple mais j’étais certain qu’elle se complexifierait avec le temps. Je soufflai par le nez, en faisant un boucan similaire à celui d’un buffle. Il fallait que je passasse à une autre cible. Heureusement, j’avais mon arc fétiche : Quartier de Lune. Il était apparu un jour sur mon chemin et, sans rien dire à personne, je l’avais pris avec la certitude qu’il m’était destiné. C’était un cadeau des Ætheri, sans nul doute. De qui d’autre aurait-ce pu être le présent ? Je ne voyais que ça. J’étais naïf. Il aurait très bien pu s’agir d’une arme empoisonnée ou tentatrice. Je n’avais pas réfléchi, parce que j’étais convaincu que les Dieux me protégeaient. Ma pensée ne manquait pas d'orgueil, et peut-être allait-elle à l’encontre des grands principes que mes nourrices essayaient de m’inculquer, mais je ne pouvais pas m’empêcher de le songer. J’avais l’impression d’avoir des choses à accomplir, pour la gloire des Divinités qui régissaient mon quotidien. « Tekoa ! Arrête de te croire l’Élu des Dieux et redescend sur terre ! » m’avait récemment dit une fille, lorsque je lui avais rétorqué que les Dieux ne voulaient pas que je l’embrassasse. J’avais répondu ainsi : « Si les Ætheri ne m’aimaient pas, alors pourquoi est-ce qu’ils m’autoriseraient à sortir d’Awaku No Hi ? ». Elle n’avait pas vu le rapport, forcément vu qu’elle était bête, et avait fini par laisser tomber l’affaire, avec un signe de la main que je n’avais pas aimé du tout. « De toute façon, y a qu’A’Hawé qui me comprend ! » avais-je clamé pour je ne savais quelle raison. Surtout que c’était faux. Et je ne l’aimais même pas celle-ci… Enfin, d'accord, un peu, mais juste parce qu’elle était naine et aveugle. C’était tout. En plus, ses mains étaient minuscules et je ne comprenais pas comment elle avait fait pour survivre jusqu’ici. Je préférais oublier qu’elle m’avait frappé et amené droit sur la Reine et son mari, sans se soucier du reste. J’étais d’ailleurs super content que Léto m’eût parlé ! J’étais deux fois… Non, cent fois… Un milliard de fois plus déterminé à devenir fort maintenant que je savais que j’aurais le droit à l’une de ses armes dès que je serais capable de la porter. Je serais le plus grand chasseur de tout l’univers ! J’allais avoir des abdominaux comme la Hǫfðingi ! Même plus grands ! Et des pectoraux et des biceps d’acier pour pouvoir porter le gibier que je tuerais ! En attendant, je n’étais pas capable de faire tous les exercices qu’on me donnait. De mauvaise foi, je clamais à qui voulait bien l’entendre que c’était parce qu’ils n’étaient pas adaptés et que, en plus, je détestais faire du surplace.

Je retins une nouvelle fois mon souffle et tirai. La flèche prit une direction trop à droite. Elle atteignit tout de même la cible mais pas au centre. Je fis la moue, comprenant que cette épreuve allait mettre à mal ma fierté et mon assurance de chasseur. Je n’étais pas bon pour viser et je commençais à avoir mal aux doigts et aux articulations. Le tir à l’arc demandait une certaine force. Je fronçai les sourcils et pestai. Si je ne passais pas mes journées à tanner la peau mais à chasser, je serais bien meilleur, pensai-je, en me déplaçant pour changer de zone.

L’endroit qui succéda au précédent était différent et ce fut le début de mon air bougon. Les cibles se mouvaient ici. L’épreuve devenait de plus en plus compliquée, tellement que je me sentis peu à peu nul. Ce n’était pas agréable de voir tous les fondements sur lesquels je basais mon identité s’écrouler les uns à la suite des autres. Être chasseur, c’était ce que je voulais être, ce que j’étais déjà. J’en étais convaincu. C’était dans mon sang. Depuis tout petit je ne faisais que clamer cette vérité. Dès que quelqu’un me parlait, je disais déjà que je m’appelais Tekoa et que je deviendrais le plus grand chasseur du monde ! Alors voir mon manque de technique apparaître au grand jour durant une épreuve organisée par des hérétiques m’énerva. La colère ne fit qu’aggraver mon manque de précision qui devint caractéristique de chacun de mes tirs. Encore une fois, je fis un bruit de buffle, expirant violemment par le nez. Et lorsque j’entendis un Esprit se moquer de moi, je le fusillai du regard. « Tais-toi ! Espèce de… » Je n’avais aucune idée du qualificatif qui lui irait le mieux. Je devais respirer et me reprendre, avant de pleurer comme un bébé. Je devais penser aux Ætheri. Ils m’avaient envoyé ici pour une raison. Il n’y avait aucun voyage sans but. Même si les objectifs ne m’étaient pas révélés, ils existaient bel et bien. Si j’échouais aujourd’hui, ça aurait forcément des conséquences sur l’avenir. Peut-être était-ce une leçon d’humilité que les Dieux voulaient m’inculquer ? Ou de patience ? Mes nourrices n’arrêtaient pas de me dire que je n’étais ni l’un ni l’autre. Pourtant, je ne trouvais pas. Pour moi, les adultes étaient lents et ne voulaient jamais faire droit à mes demandes. Je voulais chas-ser ! Pas tan-ner ! Ce n’était pourtant pas compliqué à comprendre ! Non. Je devais respirer et avancer. Je n’avais pas le droit de me laisser emporter par mes émotions.

Je fermai les yeux pour prier. Je devais chercher la sagesse nécessaire chez les Dieux qui l’incarnaient. Je devais être un guerrier, un chasseur, un stratège. Je devais puiser la force, l’agilité et la patience nécessaire dans les figures qui me guidaient au quotidien. Je devais ressentir mon arc et le voir comme un prolongement de mon corps. Même si je ne faisais que me répéter des paroles que j’avais beaucoup entendues, ce simple fait suffit à me rassurer. La finalité n’importait pas. Ce qui devait guider mes actes, c’était la beauté du geste et celle du sport. Je devais faire de mon mieux et avancer petit à petit, sans penser aux cibles suivantes. En me concentrant sur l’essentiel et le présent, je devenais libre de toutes les contraintes. Alors, je me mis à effacer ma défaite ou ma victoire future au profit du présent. Il n’y eut plus que la cible et l’arc, prolongement de moi-même, la cible et moi. Je me remis à viser et à tirer, encore et encore, en essayant de ne pas me laisser déstabiliser par mes échecs mais de rester concentré sur mes réussites et ma détermination à toujours avancer davantage. Je pensais à la Hǫfðingi de temps en temps, pour me donner du courage. Quelque fois, je songeais aussi à A'Hawé, en me disant qu'elle n'aurait pas pu m'aider à viser. Et ça me faisait rire.

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Bellada Ward
~ Magicien ~ Niveau I ~

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Bellada Ward
Dim 11 Juil 2021, 10:26


La coupe des Huit
Bellada


« Alors Bella, ça avance bien ? » La magicienne releva le visage vers la personne qui venait de l'interpeller, s'essuyant le front du dos de la main - elle y laissa une souillure terreuse sans s'en rendre compte ; elle ne faisait plus vraiment attention à ça, lorsqu'elle jardinait, elle se retrouvait rarement en bon état. Le sourire de la vieille dame s'intensifia en reconnaissant un membre de sa famille. « Oui, merci Pimprenelle ! Je pense que je touche bientôt à la fin ! » confia-t-elle avec soulagement. La jardinière avait sincèrement apprécié cette épreuve, c'était un défi mais en réalité, elle avait plus l'impression de s'être amusée pour le plaisir que d'avoir participé à une compétition - si bien que toutes les courbatures de son corps ne seraient pas vu comme un fléau. Seule la contrainte de temps lui avait rappelé ses impératifs, soulignant le prestige à l'honneur auquel tous les Lyrienns aspiraient. Au final, ça avait été deux jours intensifs et épuisants, mais plein de bonnes surprises - comme les visites régulières de ses proches, ou bien les discussions avec d'autres participants (notamment cette jeune Orine timide avec qui elle avait bavarder dans la soirée et avec qui elle avait naturellement sympathisé). Et puis, tout le monde était extrêmement gentil envers elle - outre quelques remarques quand à ses origines, de la part de quelques Lyrienns souhaitant la déstabiliser, mais elle s'y était préparée et le soutien de sa famille avait tôt fait de lui remonter le moral à chaque fois. « Il ne me reste plus qu'à tailler les derniers massifs, et ce sera bon. » conclut-elle avec un sourire, se détournant pour pouvoir admirer son oeuvre. « Un peu de citronnade ? » proposa la plus jeune. A chaque visite, ses supporteurs lui proposaient une douceur : quelque chose à grignoter, un petit dessin de ses descendants, une boisson sucrée... « Oh, volontiers ma chère ! » s'exclama l'aïeule, rangeant son sécateur dans la poche arrière de sa salopette. Lentement, elle quitta ses gants qu'elle glissa dans la poche ventrale. Puis elle remonta les manches de sa chemisette à fleurs, et desserra le nœud du ruban sous son menton qui maintenait son chapeau de paille solidement ancré à sa tête : rester exposée au soleil plusieurs heures sur deux jours d'affilés pouvait être dangereux, elle ne souhaitait pas rentrer couverte de coups de soleil ou attraper une insolation. « Merci bien. » fit la grand-mère en récupérant la boisson : elle en huma le parfum puis but quelques gorgées, exprimant son enthousiasme dans un soupir satisfait.

« C'est incroyable de voir autant de diversité chez chaque participant ! » repris la jeune Ward en sirotant également son verre de citronnade. « Eh oui, c'est amusant n'est-ce pas ? » se réjouit Bellada. « Faire participer des Lyrienns d'éléments différents permet d'apporter une grande diversité - avoir ouvert leurs portes aux étrangers en apporte plus encore ! » se réjouit-elle. Lors de ses allers-retours jusqu'à la pépinière, elle avait pu apercevoir le travail de certains de ses adversaires. Comme elle, beaucoup avaient essayé d'incorporer des éléments du Qyndily Mantris qu'ils représentaient. La concurrente envoyée par Yer s'était amusée à faire hisser du sol des promontoires afin de donner plus de contraste dans son jardin, surélevant ou abaissant au contraire les niveaux, elle y avait incorporé des vallonnements légers et même des escaliers. La grand-mère Ward avait été charmée par l'idée. La Lyrienne d'Hijit, elle, s'était fait violence et avait créé un palais des glaces dont les murs avaient figés pour toujours la beauté éphémère des plantes. La magicienne trouvait cela poétique, bien qu'elle ne fut pas certaine que l'idée soit unanime au sein du jury de Tobieth. Quand à l'île de Yangin, ils avaient eu la sagesse d'envoyer un membre d'une autre race pour les représenter - dans le cas contraire, leur parcelle se serait sans doute réduite à un champ de cendres. Le jardinier avait fait un travail remarquable et avait transformé son domaine. Il en avait recouvert une partie de sable et y avait incorporé des plantes exotiques qui avaient attisé la curiosité de la commère - sans doute était-ce de cet éléments que la rumeur selon laquelle on aurait fait participer un Humain était née, mais promis juré, ce n'était pas venu de la grand-mère. L'homme avait également ajouté quelques charbons en braises ici et là, en guise de décoration. La femme de Djomir avait, de son côté, opté pour une approche rigide et millimétrée qui correspondait bien à son élément : aucun brin d'herbe n'osait dépasser, les massifs étaient parfaitement taillés, les couleurs savamment travaillées. La rigueur à l'état pur.

Bellada renversa la tête en arrière pour siphonner les dernières gouttes puis rendit le verre à sa visiteuse. « Merci d'être passée me voir, Pimprenelle ! On se reverra tout à l'heure, lorsque j'aurai terminé mon travail ici, d'accord ? » « Oui, à plus tard. » fit la magicienne tout en tournant les talons, laissant sa connaissance à ses tâches.

La grand-mère renfila sa tenue de combat puis se replongea dans la coupe des buissons. Ils avaient prodigieusement poussé, et pour cause : en apprenant qu'elle participerait à l'épreuve de Tobieth, Bellada avait préparé plusieurs sacs de terreau du domaine des Digitales, qu'elle avait utilisée ici pour accélérer la pousse de ses graines et de ses plantes. Le souci était désormais de parvenir à canaliser toute cette végétation. Ne reculant jamais devant un tel défi, Bellada s'était amusée et avait usé de son sécateur pour réordonner tout ça, sans pour autant chercher à étouffer la nature sauvage qu'elle avait souhaité à donner à sa parcelle. Ça avait été un long travail fastidieux : la matinée de la première journée avait consisté en un travail de réflexion, à dessiner des croquis pour donner la forme, réfléchir aux compositions florales, aux éléments à incorporer. L'après midi, elle avait empoté la majorité des plantes, celles qui se devaient d'être les plus importantes - en arrière plan, c'était comme poser la base, les fondation d'une maison. Le lendemain, elle avait continué en décorant les massifs avec des fleurs plus petites et plus discrètes.

En entrant dans sa parcelle, le visiteur débouchait sur une allée de gravillons - que Bella avait fait installer par un généreux Lyrienn. Cette allée remontait jusqu'au centre de la parcelle, où trônait une fontaine représentant une structure typique des temples présents sur Hava. De cette longue allée bordée par des allées florales aux tons bleutés et violacés - sa couleur favorite - s'échappaient des chemins sinueux eux aussi encadrés par des parterres de fleurs. La structure était soigneusement pensée : à l'arrière, des arbustes, des grimpantes et des vivaces hautes pour donner du corps à l'ensemble. Au premier plan, on voyait des plantes plus basses, ou d'autres plus hautes mais qui étaient suffisamment parsemées pour laisser transparaître ce qu'il se cachait derrière. Les bords du jardin avaient été parés d'une barrière en bois peinte en blanc - Bellada avait missionné deux jardiniers pour s'en occuper et les installer - qu'elle avait ensuite garni de différents rosiers aux tons pales. Si l'on suivait l'un des sentiers qui déviait de l'allée centrale, on pouvait arriver jusqu'à une petite alcôve : derrière un saule pleureur qui distribuait une intimité se cachait un petit banc en fer blanc où Bellada imaginait sans difficulté un couple batifoler - ici, on pouvait épier les autres sans être vu. Des fleurs apportaient une touche romantique au coin secret. L'ensemble du jardin évoquait une atmosphère apaisante et sereine, peut-être un peu poétique, un naturel pittoresque qui n'avait pas été dompté.

Merci pour l'event.  nastae
C'est largement en dehors des délais alors ça compte pour du beurre.
Inspiration : Jardin à l'anglaise
Merci à Andréa de m'avoir laissé parler de son personnage.


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Dim 18 Juil 2021, 19:09

Djinshee
La Coupe des Huit
Jesper Delërh était un journaliste et commentateur sportif réputé à Aeden. Originaire de Hava, il était connu pour ses analyses poussées des matchs d'Hufwe'rum de l'Archipel, qu'il avait tous suivi. Il était aussi un fan incontestable de l'équipe de son île, pour qui il dévouait régulièrement des paragraphes plus longs que pour les autres équipes, si ce n'étaient des papiers entiers. Mais là, l'exercice était un peu différent : il allait commenter des disciplines toutes plus diverses les unes que les autres, auxquelles il ne connaissait pas grand-chose, et avec des participants aussi divers. Si la nouvelle lui avait un peu donné le vertige au départ – un comble – le Lyrienn avait fini par se prendre au jeu. Dans son dernier article, il s'en était donné à cœur joie :

"Pour une première Coupe des Huit, l'événement a été bien au-delà des espérances ! L'engouement autour du sport n'avait pas été aussi fort depuis longtemps, les visiteurs ont été nombreux, et cela semble avoir redonné un vent de fraicheur à notre nation ! Qui aurait cru qu'autant de personnalités importantes feraient leur apparition ? Je vous reporte ici les faits les plus marquants de la compétition.

L'épreuve du Feu était certainement la plus exaltante ! Nous avons eu du grand spectacle ! Entre ceux qui ont su tenir le public en haleine ou au contraire, ceux qui n'ont fait qu'une bouchée de leur adversaire, départager les candidats a dû être difficile. Apparemment, la première carte était la bonne. Le combat de Maximilien Eraël se rapprochait sûrement de ce que les habitants de Yangin attendaient d'un combat d'arène, un vrai ! Néanmoins, chacun a fait son petit effet. Neah Katzuta n'était pas mal dans son genre. Si son impressionnant coup de poing a – trop – vite calmé les ardeurs de son adversaire, qu'il accepte de continuer le spectacle semble avoir été apprécié. Si la rapidité assez frustrante de l'Ange a su trouver sa place sur le podium malgré tout, il semble que Léto Sùlfr a eu moins de chance – qui sait, aurait-elle agacé le jury ? Pour les Lyrienns de Feu, peut-être était-ce l'humiliation de trop. Malgré la foule en furie et sa démonstration de force impressionnante, on en restera là. Dommage. Être passée à travers les flammes et y avoir volontairement mis les mains auraient à mon avis mérité plus que ça. Mais le jury aura visiblement préféré la force du Réprouvé, Solheim Xyulfang, qui lui devait penser que le feu ne brûlait pas. Ce Réprouvé, personne ne le donnait gagnant et il ne l'a pas été. MAIS il a su donner de la hauteur à son combat, littéralement, et aura même honoré Djormir grâce à son Contrôle du Métal. Nous ne parlerons pas des autres participants dont la prestation n'a pas été si remarquable. Si, il y avait cette Kitoe, cette bête sauvage qui n'a pas fait que massacrer son adversaire sans le moindre état d’âme, et a rendu la vie impossible aux membres de la sécurité avant celle-ci. Face à un tel comportement, elle a été disqualifiée.

La performance d'Alaster Dah Numen sur Su en a ébahi plus d’un. J'ai moi-même interrogé l'un des encadrants de l'épreuve qui m'a dit, mot pour mot : "Je n'ai jamais vu un homme être aussi calme et... calme. En fait, je ne sais même pas si c'était humain. Il était passif. Il ne faisait rien. Et pourtant, il glissait dans l'eau comme si c'était son propre élément. C'était plus qu'un poisson, c'était... je ne sais pas... Vous connaissez les blobfish ?". Ne connaissant pas cette créature, je ne ferai aucun commentaire.

Sur Qar, parlons maintenant de ce fascinant Magicien : arrivé avec un dragon, dit-on, il repart avec la première place ! Sa performance à l'épreuve de patinage a agréablement surpris le jury. C'est comme si celui-ci était arrivé comme une fleur pour pratiquer son loisir. En fait non, c'est ce qu'il s'est passé ! Apparemment, son aisance était un pur plaisir pour les yeux, pour un jury qui ne vit autrement que des amateurs formés sur le tas par les professeurs mis à disposition. Néanmoins, ils ont aussi été "séduits", dans toute leur antipathie, par la prestation de Natsumura Mugen, une jeune Orine. Malgré sa chute, qui lui a valu quelques points, sa reprise en main a été appréciable. Grâce à la représentation, bien qu’imparfaite, dessinée sur la glace, elle a su montrer une part d’elle-même et de son art. Enfin, Èibhlin Mèinn a montré un spectacle tout aussi joli. Il a été difficile de départager les deux jeunes femmes.

C'est un autre Magicien qui a remporté l'épreuve de Yer ! Pulsar Verhoeven a su prouver sa valeur lors de cette ascension titanesque et ses efforts ont visiblement porté leurs fruits. Il a été secondé par Katheleen Blaise, une Lyrienne - enfin ! Il semblait qu'aucun d'entre eux parmi les participants n'arriverait à faire ses preuves. Enfin, quatre jeunes gens, trois Sorciers et un autre Magicien, étaient également là. Et ce n’était pas n’importe qui : Eméliana, Erasme et Réta Salvatore, ainsi que Lucius Paiberym auraient passé un bon bout de l'épreuve ensemble malgré leurs différends. Erasme et Réta ont malheureusement fini par abandonner. Je tiens personnellement à tirer ma révérence à la Princesse et son valeureux Magicien – qui finit de compléter le podium. Ces deux-là nous ont donné une belle leçon de vie sur la tolérance et la persévérance. Bien entendu, nous pouvons féliciter tous les participants pour leur courage, car ce n'était clairement pas l'épreuve la plus aisée.

Sur l'île de l’Air, c'est Kyra Lemingway qui a brillamment remporté la première place ! L'on dit qu'elle n'y connaissait pas grand-chose à l'art de la navigation avant de mettre les pieds ici. Deux hypothèses à cette victoire : soit la Déchue est dotée d'un talent et d'un instinct certain, soit son coéquipier a été un excellent pédagogue et elle, une excellente apprentie ! En tous cas, les deux ont été stratégiques et ont su répondre aux provocations de leurs concurrents pour leur tenir tête.

L'épreuve de Djormir fut particulière. J'imagine que la plupart d'entre nous pensait que l'Alfar, Jämiel Arcesi, s'en sortirait haut-la-main. Quelle ne fut donc pas notre surprise de voir au contraire une Humaine lui couper l'herbe sous le pied et remporter la victoire ! Sa performance fut brève et pour le moins atypique, plutôt éloignée des manières auxquelles sont habitués les Lyrienns de cette île, mais c'est peut-être ainsi qu'elle a su attirer l'attention. Sans parler de la proposition d'échanges économiques qu'elle a avancé, cela a certainement dû jouer en sa faveur ! Nous attendons d’entendre parler de Lexa Blaise à l'avenir.

Et le jeune Tekoa aura surpris Ildirim à son tour ! Jeune, mais vif et doué il faut croire, puisqu'il a terminé premier à l'épreuve de l'île du tonnerre. Malgré ses maladresses, il a tenu bon, a dépassé sa frustration et a tiré ! Il a été un bel exemple de persévérance et de détermination et à mon avis, cela a plu aux organisateurs.
Enfin, nous saluerons l'adorable jardin proposé par Andrea Lim sur Tobieth ! Il a su rester fidèle à l'image de son peuple, et malgré l'aide qu’il a demandée pour la confection de son œuvre, il faut croire qu'il a touché la corde sensible du jury.

Nous avons eu à faire à des grands Champions et contre toute attente, il semble que Sülh ait choisi les meilleurs d'entre eux, puisque l'île a remporté trois victoires dans l'Archipel, secondée par Su qui en compte deux. Chacun se fera son opinion sur ce résultat, mais une chose est sûre c'est que cette Coupe nous aura fait vibrer !
"

...

Djinshee s'était assise à sa table, plume en main, un parchemin vierge plaqué contre la surface plane sous la pression de sa main. Ça lui arrachait la gueule de s'immobiliser de la sorte et de se concentrer pour rédiger cette stupide lettre. En premier lieu, elle n'avait pas voulu la faire, parce que c'était ridicule. Puis elle avait réfléchi, toute la journée à peu près, et s'était dit qu'un Paresseux qui se déplace, ça ne devait pas arriver tous les jours. Cela ne lui avait pas plus donné envie d'écrire. Mais elle avait envie de le voir. Elle ne savait pas pourquoi, parce qu'il l'énervait, qu'il était exaspérant et lent. Elle ne comprenait pas ce qu'elle ressentait pour ce type. Techniquement, la Lyrienne n'avait aucune raison de l'apprécier et pourtant, au fond d'elle, elle théorisait sur le fait que la prochaine fois serait peut-être différente, qu'elle saisirait enfin ce qui l’attirait chez lui.

"À l'attention d'Alaster Dah Numen,

J'ai entendu parler de votre performance à l'épreuve de Su. Félicitations, vous avez impressionné beaucoup de monde et notamment ici, sur Sülh. C'est ici que j'habite, si vous souhaitez que l'on se rencontre. Vous y serez le bienvenu, pas seulement par moi, mais par toute l'île. Votre victoire a redoré notre blason vis-à-vis des autres îles. Je suis certaine que les habitants d’ici aimeraient organiser une fête en votre honneur. Tant que vous êtes dans les parages, autant en profiter, et... Bref. Venez si ça vous chante.

Djinshee
"

C'était de loin la conclusion la plus minable qu'elle avait jamais eu à écrire. Mais honnêtement, elle n'avait aucune envie de recommencer cinq fois son message. Par expérience, elle savait que celui-ci ne serait jamais parfait quoi qu'elle tentât de faire, alors elle préférait envoyer son premier jet.


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