Jeunes filles en fleur
Bae & Eiko

Eiko regarda de nouveau l'illustration de la missive qu'ils avaient reçu la veille, à leur arrivée sur le territoire des mages bleus. Elle trouvait la peinture magnifique, se disant qu'un jour, elle aussi pourrait poser pour être un mannequin de carte postale. Elle espérait que le résultat serait aussi joli - avec des fleurs partout, et une robe aussi belle que celle de la demoiselle. Au dos, l'invitation à participer à la chasse au trésor. Bae, qui devait encore la surveiller, avait accepté qu'ils y participent : il était curieux de découvrir ce que ce mystérieux Aariel avait pu laisser dans ce colis. Cette activité avait un goût d'aventure et l'enthousiasmait presque autant que la jeune Hanatsu.

« Où c'est qu'on commence ? » demanda la petite chanteuse en relevant la tête vers son aîné. Celui-ci inspecta le plan qui avait été fourni avec la carte. Plusieurs zones autour du lac bleu y étaient indiquées. « Mmh... » fit-il, la mine songeuse. Il avait essayé d'éliminer rationnellement et logiquement certaines de ces zones mais bien vite, il s'était rendu compte qu'il n'y avait aucun moyen de rationaliser. Il faudrait chercher de partout, en espérant que personne n'avait trouvé le colis en question avant eux. « Je ne sais pas trop... On a qu'à tirer au sort, qu'en penses-tu ? » proposa-t-il à la fillette. « D'accord ! » fit celle-ci avec un large sourire. L'éphèbe acquiesça puis s'accroupit par terre. Il déposa le plan à même le sol, plaquant les bords du parchemin avec ses mains afin d'éviter qu'il ne s'envola dans un coup de vent. « Ferme les yeux, et pointe un endroit de la carte. On ira à la marque la plus proche. » « Oh oui, trop bien ! » s'amusa la fillette tout en sautillant. Elle adorait l'idée. S'exécutant, elle leva le doigt en l'air, bien bien haut. « Que Línggǎn et Jang-in guident ma main pour nous envoyer vers ce trésor ! » pria-t-elle sommairement, avant de se pencher en avant jusqu'à toucher la carte. Dès que son doigt frôla le parchemin, la fillette rouvrit les yeux. « Alors ?! Où c'est qu'on va ?! » Elle n'avait atterrit sur aucune des zones entourées par le mystérieux expéditeur. Cependant, son doigt n'était pas loin de l'un des cercles. « Mmh, on dirait que ça correspond à... Attends voir. » Bae redressa la carte pour mieux l'inspecter. Il essaya de repérer leur position actuelle - il n'était pas très doué, pour lire une carte - puis fit quelques tours sur lui-même avant de s'arrêter. « C'est... par là-bas ! » indiqua-t-il.

Le duo d'explorateurs s'aventura jusqu'à un stand de glace où une petite file d'attente commençait à se former. « Mmh, j'ai l'impression que c'est dans les parages... » fit le blond, observant les alentours. Il y avait, ici et là, des bancs, des arbustes, des petites fontaines : plein de cachettes possibles. « On y va ? » Bae baissa les yeux sur sa partenaire de petite taille. Cette dernière, pourtant, avait rivé son regard sur le glacier. « Tenez, parfum myrtilles et fraise ! Régalez-vous ! » disait-il avec bonhomie tout en distribuant le cornet à un jeune couple d'amoureux, qui s'en emparèrent en gloussant. L'adolescent sourit. « Si tu veux, je t'en achèterai une lorsqu'on aura fini de chercher la zone, d'accord ? » La brunette releva le visage vers lui, la face emplie d'espoir. « Pour de vrai ?! Trop chouette ! » Son attention de nouveau focalisée sur la chasse au trésor, Eiko s'en alla vers le petit parc derrière le marchand de glace.

La petite Orine s'approcha d'un grand arbre, avec beaucoup de branches. Le sourire aux lèvres, elle toqua sur le tronc. « Ohé, est ce qu'il y aurait des écureuils s'il vous paît ? » demanda-t-elle. Pas de réponse. Dommage. En revanche, elle avisa un nid avec, dedans, des oiseaux. « Oh, bonjour madame oiseau. » salua-t-elle, ravie. La concernée laissa un petit piaillement lui échapper, comme pour lui retourner son bonjour. « Je cherche un petit colis. Est ce que vous en auriez trouvé un dans votre arbre, par hasard ? » questionna la fillette. Cela pouvait-être étrange, vu de l'extérieur : une fantaisie d'enfant. Pourtant, la fille de Hahanaru Shizen possédait une connexion particulière avec la nature et elle parvenait à communiquer avec toutes ses créations. Un don qui pourrait se révéler très utile, pour cette chasse au trésor.

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Jeunes filles en fleur
Bellada

« Vous êtes prêts ? » A l'appel, les demoiselles remontèrent leur jupons jusqu'aux chevilles, dans l'espoir de faciliter leurs courses ; les garçons se penchèrent en avant, les jambes contractées, prêtes à décoller dès que le signal de départ serait donné. « A vos marques - » La tension monta d'un cran. Des sourcils se froncèrent sous l'effet de la concentration, ici et là, des sourires amusés dévoilèrent des rangées de dents blanches. « Partez ! » Bellada abaissa le mouchoir de poche blanc qu'elle avait jusqu'ici maintenu en l'air. Aussitôt, les éclats de rire et quelques chamailleries suivies de bousculades troublèrent le calme du petit parc où la famille Ward s'était rassemblée.

L'occasion avait été parfaite. Lorsqu'on l'avait contacté pour participer à cette aventure, madame Ward avait sauté sur l'occasion : elle avait laissé son imagination vagabonder et, finalement, était parvenue à développer quelques produits à ajouter au panier de ce mystérieux Aariel. La vieille dame avait soigneusement préparé ses cadeaux. Jeunes filles en fleur. Ca lui rappelait un peu sa jeunesse, lorsqu'elle s'amusait à se coiffer de couronnes de fleurs, ou que Gilbel l'accueillait avec un bouquet entre les mains. Plus récemment, le thème lui évoquait les peintures que ses petits-enfants s'amusaient à faire, dans son salon ou sur la table de son jardin : on y voyait différentes formes ; bien souvent, on retrouvait l'ombre de l'une des plantes présentes autour d'eux lorsqu'ils se laissaient guider par leur âme d'artiste : elle les retrouvait alors recouverts de peintures, sur les mains et jusque dans les cheveux, leurs vêtements n'étant pas épargnés par les tâches. La nostalgie et l'affection tendre pour ses descendants l'avait inspirée et finalement, elle avait concocté quelques surprises qui, elle l'espérait, sauraient ravir le ou la chanceuse qui parviendrait à trouver le trésor caché.

Bellada se retourna vers ses amies. On y retrouvait des dames de tout âge : plusieurs quinquagénaires, comme elle, mais également des quarantenaires et des trentenaires, et toutes les tranches d'âge qui les séparaient. La plus jeune du groupe avait même la vingtaine. Toutes ces ménagères partageaient l'amour des livres et, surtout, des potins. « Alors, vous avez entendu la nouvelle ? » demanda Cunéguonde tout en approchant la tasse fumante de ses lèvres, un sourire de conspiratrice accroché au visage. Elle s'apprêtait enfin à parler du sujet croustillant pour lequel elles s'étaient toutes rassemblées ici : l'identité des élus de la Galette. « Une cavalière pour la reine et un cavalier pour le roi... C'est peu commun... » lâcha-t-elle enfin, après avoir marqué une pause pleine de suspens, s'assurant d'avoir l'attention de tout l'auditoire. « Oui, le fameux Adam Pendragon ! » Les sourires coquins qui germèrent sur les faciès des dames montraient à quel point la réputation du déchu s'était intégrée dans les potins magiciens. Beaucoup auraient adorée pouvoir le mettre dans leur lit, s'il n'y avait pas eu un époux dans l'équation - peut-être que certaines d'entre-elles sauteraient le pas malgré tout, si elles en avaient l'occasion. Quelques commentaires flattèrent les qualités du Luxurieux, les gloussements accompagnant quelques mouvements d’éventail, mimant une pudeur inexistante. « Il parait qu'il aurait promis d'offrir la fève à quiconque parviendrait à ne pas jouir entre ses bons soins ! » lâcha Bellada avec un sourire de connivence. Elle l'avait entendu dire de Camille qui elle-même l'avait appris de Justine qui avait vu le déchu défier publiquement un prétendant trop insistant. La légende raconte que ledit prétendant serait reparti sans la fève, mais un large sourire aux lèvres. « Peut-être que je le défierai moi aussi, juste pour le plaisir de perdre. » confia Marguerite d'un air taquin, avant de s'esclaffer. La conversation continua jusqu'à dévier sur l'autre détenteur de fève. « Des nouvelles de votre sœur ? » demanda timidement Emma en servant plus de thé à la grand-mère. « Hélas, non. Je lui ai bien envoyé des lettres, mais elle ne m'a pas répondu. Je ne sais pas à quoi je m'attendais - celles que je lui avait envoyé lors de sa participation à la coupe des nations ou encore en retrouvant Hortanse n'ont pas eu plus de résultat. » La vieille dame soupira tout en secouant la tête. « Pardon, je ne voulais pas vous contrarier en abordant ce sujet... » s'excusa la jeune femme. « Pas d'inquiétude, ma chère. Ma cadette a un caractère de cochon, ce n'est pas nouveau, et vous n'y êtes pour rien. Mais plus important : vous savez ce qu'on dit ? Priam Belegad aurait également trouvé l'une des fèves qui accorde une danse avec l'Empereur Noir ! » « Oh oui, le pauvre ! » « Quelle torture... Devoir danser avec un homme, aussi malfaisant lorsque l'on est un Ange... Un vrai calvaire. » Il y eut un moment de flottement silencieux puis les conversations se mirent à bourdonner : on plaignait l'Ailé de devoir se tenir au bras de l'homme qui avait hérité de sa bien aimée, ou du moins celle envers qui il semblait nourrir des sentiments - il n'y avait rien d'officiel mais les magiciennes étaient très douées pour entretenir les messes-basses officieuses. Le frère n'y échappait pas plus que la sœur.

« Mamie... » « Oui loustic ? » « J'arrive pas trouver le trésor... Tu peux venir m'aider s'il te plait ? »

Merci à Adam, Ali et Pripri de m'avoir laissé parlé de leurs persos.