Le deal à ne pas rater :
Retour en stock du coffret Pokémon Zénith Suprême – ...
Voir le deal

Partagez
 

 [Événement - NaNoWriMo] Que votre Voeu soit Exaucé

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
Aller à la page : Précédent  1, 2
AuteurMessage
Kaahl Paiberym
~ Sorcier ~ Niveau VI ~

~ Sorcier ~ Niveau VI ~
◈ Parchemins usagés : 4166
◈ YinYanisé(e) le : 25/06/2015
◈ Activité : Professeur
Kaahl Paiberym
Mar 26 Jan 2021, 13:39



Que votre vœu soit exaucé


Neah ? Non. Rien ne me permettait de l’affirmer. Le pressentiment devait être factice, dû à mes recherches récentes sur les militaires de renom. J’ignorais où je me trouvais. Ce n’était pas le Monde des Rêves à proprement parler. « Où suis-je ? » questionnai-je, à voix haute. Ma magie ne fonctionnait pas. Je ressentais un vide en moi, sans éprouver les aspects négatifs que le Ma’Ahid provoquait habituellement. Je devais savoir.

Après quelques secondes supplémentaires à l’observer, je détournai le regard de la statue. L’endroit était calme, si calme. Ça n’empêchait pas les formes de rôder autour de celui-ci. Je m’avançai afin de découvrir le lieu davantage. J’avais l’impression de me trouver au cœur d’un rêve en ruines, comme si la cité avait été abandonnée ou détruite en partie. Les drapeaux n’avaient plus de sens. Effacés, les symboles ne pouvaient laisser deviner ce qu’avait été cette cité jadis. L’Histoire d’un peuple avait été comme effacée. Les cascades elles-mêmes se jetaient dans le lac sans bruit, comme si le silence devait y demeurer, un silence qui cachait des secrets.






Mes yeux regardaient l’énorme bête. Elle pouvait sans doute voir la lueur émerveillée qui brillait au fond de ces derniers. Elle était comme un dragon, en différent. « Tu sais, j’adore les animaux. Même si je ne suis pas sûr que tu en sois vraiment un. Tu as l’air spécial. » J’hésitai. « Peut-être que tu ne comprends pas ce que je dis mais mon mentor m’a dit que même sans comprendre les paroles, les animaux pouvaient nous comprendre, en ressentant nos émotions et les hormones que nous dégagions. Et puis, même sans parler le même langage, ça ne nous empêche pas d’essayer, chacun dans sa langue. » Je réfléchis. « Peut-être que le plus beau c’est de pouvoir se comprendre sans parler la même langue, justement. » Tout paraissait différent ici, comme si mes pensées étaient moins enchaînées, comme si elles pouvaient se libérer et s’enrichir d’une simple volonté. Pourtant, je ne me questionnai jamais sur où je me trouvais. J’étais bien ici. Je m’accroupis, pour ramasser une roche que je trouvais jolie.

Après quelques minutes, durant lesquelles j’avais répété le geste, je me remis à parler. « Il y a quelques temps, il s’est passé quelque chose au château de papa. D’après les Magiciens, j’aurais été le premier à découvrir cette chose. C’est assez grave mais je ne m’en souviens pas. » C’était un trou noir. « Je sais juste que j’ai voulu aller voir si Constantine était là en rentrant de Boraür. Je me vois monter l’escalier jusqu’à sa chambre après l’avoir appelée plusieurs fois. J’ai frappé mais comme elle ne répondait pas j’ai ouvert la porte, et là je ne me rappelle plus. » Je ne voyais réellement que du noir. Aucune scène ne venait troubler les abysses ténébreux de mes souvenirs. « Je sais juste que Constantine et sa fille sont parties. » Je posai les rochers les uns sur les autres, lentement. « Pas parties en vacances, parties vraiment. Comme les parents de Sjar et d’Hélène. » Je soupirai. « Je me rappelle juste la présence de Pauline auprès de moi. J’ai encore la sensation de mon corps se déplaçant sous une force plus grande que la mienne. Je crois que Pauline m’a projeté hors de la pièce… parce que je suis un enfant et que je ne devais pas voir ça. » Je ne savais pas pourquoi je disais tout ça. « Les Magiciens de l’armée ils m’ont interrogé ensuite mais je n’ai rien pu leur dire de spécial. Je ne sais toujours pas ce que j’ai vu. Pauline, elle était pâle et quand papa est arrivé, je l’ai rarement vu comme ça. » Il y eut un temps. « Je ne sais pas si c’est pour Constantine ou si c’est à cause de moi. »

Alors que le silence s’éternisait, je sentis une présence dans ma tête. Quelques mots y furent prononcés. Je levai les yeux vers la créature gigantesque. « C’est toi ? » La réponse résonna. « Tu me comprends en fait. » Cette affirmation n’attendait aucune réponse. « Tu vois, quand je serai grand, j’aimerais que l’on ne me mette pas à l’écart. Papa m’a demandé, avant que je n’intègre les Dragonniers, ce qui me motivait. Il m’a dit que c’était important parce qu’on me poserait sans doute la question. En fait, être le compagnon d’un dragon, ou de plusieurs, c’est avoir un grand pouvoir. Certains sont très grands, pas comme Archibald. Ils pourraient détruire des villages ou des villes. Alors il faut vérifier que nous n’avons pas envie d’abuser de notre futur pouvoir. » Je tortillai mes lèvres. « Alors j’ai pensé à tout ça. Je n’ai jamais su exactement pourquoi est-ce que je voulais être un Dragonnier spécifiquement. J’aurais pu vouloir autre chose, comme simplement rester un Magicien, chez les Magiciens. Pourtant, les dragons m’attirent. Je trouve qu’ils sont fascinants. Certains sont destructeurs mais la plupart force le respect sans n’avoir besoin d’agir. Leur simple présence suffit à avertir. Peut-être que j’ai envie d’être comme ça, quand je serai plus grand. J’aimerais bien empêcher ceux qui sont mal-attentionnés de passer à l’action, simplement en arrivant quelque part. Ou, mieux, simplement parce qu’ils auraient peur que j’arrive. Je ne veux rien détruire. Je ne veux pas abuser de ma magie ou de mon rang. Je veux simplement maintenir la paix dans la passivité. Je veux que mon regard, couplé à celui de mes dragons, signe l’arrêt des hostilités. Parce que j’ai envie de protéger les gens qui n’ont rien ou qui ont peu. Parce que j’ai envie de protéger ceux qui ne se nourrissent pas du malheur d’autrui pour survivre, que ce soit le malheur des autres gens ou des animaux. Tu comprends ? » Je souris, en continuant d’empiler les cailloux. « Comme ça, une fois que je serai vieux, je saurai que j’aurai contribué à quelque chose. Je sais que ce ne sera pas une voie facile. Je vais devoir étudier loin de ma famille. Je viendrai les voir de temps en temps mais ce ne sera pas comme avant. Parfois j’ai un peu peur que les plus petits m’oublient. Je sais que je grandis plus vite que les autres. On ne cesse de me dire que j’ai changé ou que je suis méconnaissable. » Je fixai mes mains, avant d’entendre la proposition de la créature. « Voler ? J’aimerais beaucoup. » C’était une acceptation. Celle-ci sonnerait également mon réveil, car, là-haut, il faisait froid. Pourtant, la beauté n’a parfois aucun prix. Même la vie plie devant elle.





« Je sais qu’il y en a un autre comme moi. Parfois, je rêve de lui. Il m'observe avec ses yeux verts, l’air de dire que nous serons amenés à nous confronter. » Je fixai la créature un instant. Elle allait mourir. Son silence serait bientôt total. Peut-être avais-je plus de respect pour les mourants que pour ceux qui étaient en pleine santé. Eux devaient faire face à la Mort. Ici, mes pensées semblaient appartenir à un être bien plus évolué qu’un enfant. J’arrivais à lier les éléments entre eux, des choses auxquelles je ne faisais pas attention en temps normal. Parfois, j’avais des pressentiments. « Je crois que Cyrius est vraiment le frère de papa. Comme l’autre est le mien. » Je plissai les yeux. Il y avait des choses que je ne comprenais pas, même ici. Si l’autre était mon frère, est-ce qu’Elias était son père ? Je ne connaissais pas ma mère. Je n’étais pas censé être le fils de l’Empereur Noir. Pourtant, j’étais convaincu du contraire. Cyrius et Elias ne se ressemblaient pas. Ils avaient pourtant la même lueur dans les yeux. Il y avait autre chose. Peut-être que j’avais tort, tout simplement. Peut-être que je m’inventais des choses, de celles qui arrangent. Peut-être que cet autre enfant n’existait pas. « Je ne t’ai pas encore parlé de Réta. C’est une sangsue. Elle me suit partout, mais je pense que je peux arriver à en faire quelque chose. Si elle m’obéit, elle pourra me servir. Si elle est sage, je me dis que je pourrais arrêter d’essayer de la tuer. » Je souris. « Mais même quand elle meurt, elle revient toujours. J’aimerais bien être comme ça. » Mon sourire tira vers le vil. « Je pourrais me sacrifier en tuant un maximum de personne possible. Je deviendrais invincible. » Je n’avais pas conscience du terrible destin qui attendait ceux qui forçaient leur chance de cette façon. « Avec le Temple de Rhéa Latia, je vais pouvoir mettre le monde à genoux. Ce ne sera pas facile dans un premier temps. J’ai été prévenu. Je ne voulais pas y aller au début mais quand papa m’a parlé des possibilités, j’ai changé d’avis. Je serai le plus grand invocateur de monstres de tous les temps. Ils trembleront devant moi. Tu sais… Il y a une chose dont je suis sûr : j’ai été fait pour faire le mal et étendre le chaos. Et ça ne me dérange pas, parce que j’aime ça. Voir les autres pleurer, ça me fait rire. Les savoir faibles devant moi, ça me semble normal. En plus, je suis un Prince Noir. Pour l’instant, je suis encore un enfant mais, plus tard, crois-moi, personne n’osera me dire non. Je serai leur pire cauchemar. »

1550 mots

Revenir en haut Aller en bas
http://lesterresdesympan.forumactif.com/t38028-kaahl-paiberym-el
Isiode et Isley
~ Ange ~ Niveau III ~

~ Ange ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 1076
◈ YinYanisé(e) le : 04/01/2016
◈ Activité : Soldats
Isiode et Isley
Mar 26 Jan 2021, 16:54



Je forçais mes yeux à s’ouvrir, mais mes paupières me semblaient encore lourdes, incapables de se soulever par elles-mêmes. Pourtant, encouragé par la tiède brise qui vint se perdre à travers les mèches de ma toison d’argent, lentement, je me redressais. Mes paumes touchèrent le sol sous mon poids, percevant la rugosité de la pierre, mêlée à la douceur de l’herbe, qui roulaient contre la surface de mes doigts. Naturellement, j’analysais une telle configuration un certain temps, sans piper mot, jusqu’à ce que la curiosité s’arrache de mes lèvres, entrecoupée.

« Où… »

Mon visage, dans le même temps, se releva afin d’examiner le paysage environnant. Ce que j’y aperçus me laissa perplexe et admiratif à la fois. Je me tenais en altitude, surplombant une vaste et immense dépression circulaire. En son sein, de l’eau pure et transparente s’y remplissait par l’action continue et sauvage de sept chutes au débit torrentiel : pourtant, même à ces hauteurs, avec mon ouïe aiguisée, j’étais parfaitement incapable de distinguer le moindre son de brassage et de descente infinie des cours d’eau. Intrigué, je basculais légèrement mon visage vers l’avant, plissant des yeux pour mieux voir ce qui se tenait au cœur du cratère. À travers une brume aussi fine que le filament d’un cheveu, un long bâtiment à l’architecture aussi délabrée qu’inconnue semblait avoir, un jour, tenté d’embrasser les cieux de par sa grandeur. Malheureusement, son ambition s’était effondrée en même temps que ses fondations, les pierres délavées d’un temps passé couvrant ses pieds de mille et un pics de pierre tranchants. Des tissus déchirés au blason brûlé recouvraient toujours ses murs, doucement emportés par la brise qui soufflait sur le vaste territoire, signes évidents qu’une civilisation, à un certain point de l’Histoire, avait grandi et prospéré. Tout comme en témoignaient les autres décombres qui recouvraient un promontoire aussi large que robuste, au-dessus du lac, et qui paraissaient avoir été le berceau d’une ville grande et luxuriante.

« … Suis-je? »

L’interrogation s’essouffla dans le silence ambiant, alors que mes sens, tout à coup éveillés, prirent connaissance de sa présence. Puissante, écrasante, sans pour autant inspirer la moindre agressivité. Une nouvelle brise, chaude et humide, tomba sur ma tête. Sur-le-champ, je relevais le menton pour embrasser les nuages des yeux. Cependant, au lieu d’apercevoir l’immensité de la voie lactée, comme je me l’étais attendu, mon regard se perdit dans le noir globuleux et profond des prunelles qu’elle venait de suspendre au-dessus de mon visage. Leur curiosité m’interrogea; leur intensité me pressa, et c’était peut-être pour cette raison que je n’arrivais plus à esquisser le moindre mouvement. Mon être s’était paralysé. Dans d’autres circonstances, mon corps se serait instinctivement mu pour creuser le plus de distance entre la créature et moi, mais à l’instant où je m’étais plongé dans son regard, je ne pus m’en détacher facilement, inévitablement attiré et cloué au sol par sa prestance.

« Eyjasandr. »

La voix ressemblait à un souffle, à un écho que l’on perdait dans un espace trop large, et qui se mit à vibrer avec délicatesse entre mes deux oreilles. Elle était vieille et sage, avenante et caressante, empreinte d’une attention qui se voulait plus curieuse qu’inquisitrice. Je la dévisageais quelques secondes, battant des cils.

« Pardon?

- Eyjasandr. C’est ici où vous vous trouver », répéta-t-elle, son propriétaire tournant alors son museau vers la cité en ruines, en contrebas.

À cet instant, je me permis de l’examiner minutieusement, fouetté presque immédiatement par une réalisation. Elle ressemble aux Thekēra, pensais-je. Cependant, sa robe était d’une toute autre coloration que ses homologues de l’Île d’Orhmior, et cette taille… Je ne pouvais m’empêcher de la comparer à celle du Thekēra de l'entrepôt, qui ne devait même pas faire plus du cinquième de son poids. Même les plus gros spécimens de l’île n’atteignaient pas des dimensions aussi spectaculaires. La part d’Edwina qui vibrait en moi trouvait cela absolument fascinant, cette admiration se mélangeant pourtant à ma naturelle méfiance. Je la fixais encore un temps, avant de reporter mon attention sur les ravages de la ville.

« Qu’est-ce qui s’est passé? »

Discrètement, l’énorme animal porta ses yeux sur mes épaules, abandonnant une fraction de seconde les murets abattus, les toits effondrés et la végétation, d’un rubis inquiétant, qui avait patiemment repris ses droits sur la civilisation tombée, pour me regarder.

« La destruction », dit-elle simplement, sans plus de précision.

Je gardais le silence tout en contemplant la dévastation de cette puissance passée. Combien de temps cela avait prit à cette cité pour s’écrouler? Pendant combien de jours les cris d’agonie des blessés et survivants – s’il y en avait eu – avaient-ils résonné?

« Suis-je en train de rêver? » Murmurais-je, voyant en ces vestiges l’image d’une déchéance similaire à celle qui avait frappé la Terre Blanche.

La créature se réinstalla confortablement, se couchant sur le flanc de la montagne, d’un mouvement empreint de lassitude et de grâce, malgré son impressionnante carrure.

« Qu’en pensez-vous? »

J’émis un léger ricanement, m’asseyant complètement sur le sol à mon tour. Je devais ressembler à une fourmi, posté de la sorte à ses côtés.

« Je pense que je n’arrive plus à profiter d’une seule bonne nuit de sommeil maintenant. À chaque fois que je ferme les yeux… En accord avec mes propos, je clos mes paupières, prenant une inspiration. Je suis plongé dans une histoire dont je me serais bien privé. »

Je songeais notamment à ces rêves, passés aux côtés de l’Ultimage, incapable de me souvenir de qui j’étais. À ma croyance, j’étais simplement entrainé par des pulsions dont le seul carburant avait été instillé par la volonté divine à nous voir ensemble. Par chance, je n’avais plus autant besoin de dormir qu’autrefois, ce qui devait certainement me prémunir de quelques embarras. Parce que s’il ne s’était agi que de rêves, peut-être que la situation aurait été moins compliquée, moins étourdissante, moins encombrante… Malheureusement, des conséquences bien réelles s’étaient éveillées en même temps que j’avais ouvert les yeux et que je m’étais remis à progresser au cœur de la réalité. Des souvenirs qui n’étaient pas miens, des envies et des promesses qui arrivaient à embrouiller mon esprit, que je murais, placardais, enfermais, protégeais de toute sentimentalité inutile. Impossible, pourtant, de couvrir toutes les vulnérabilités de ma forteresse. Comme les gouttes s’infiltrant patiemment entre les fissures d’une muraille, je ne pouvais empêcher les impressions de la Reine Blanche de m’envahir.

« Mais aussi étrange et désolé que peut être cet endroit, admis-je enfin en balayant le décor du regard. Ce n’est pas si mal ici. »

La bête émit un bruit indéfinissable, qui se voulut être un rire.

« Vous m’en voyez ravie…?

- Isiode.

- Vaès. Enchanté. »

Je me tus un moment, finissant par lui jeter un coup d’œil par-dessus mon épaule.

« Pourquoi suis-je ici?

- Pourquoi devrait-il y avoir une raison particulière?

- Il y a toujours une raison, m’entêtais-je.

- Ce n’est pas faux. »

Mes yeux se plissèrent, en même temps qu’un semblant de sourire apparu sur ses babines.

« Vous ressemblez en tout point à un Thekēra. Pourtant, cette taille est tout bonnement ahurissante.

- The…kēra? »

Entre mes deux oreilles, je perçus aisément l’effort de la bête à recopier l’accent.

« Oui. Il s’agit de créatures que nous pouvons retrouver par chez-moi, exactement comme vous, mais leur plumage et leur grosseur sont bien différents des vôtres.

- Ils sont plus petits?

- Bien plus petits. Si vous pouviez les voir… Ils ressemblent à des rejetons comparativement à vous, affirmais-je en hochant de la tête. D’habitude, ils se tiennent à l’écart de la civilisation, mais tout récemment, nous avons pris connaissance que quelques individus rôdent et tentent de s’infiltrer dans nos infrastructures, à la recherche de nourritures. »

Avec l’aide de la Confrérie des Corvus Æris, nous étions en train de travailler ensemble afin de connaître les raisons d’un tel changement de comportement.

« Nous cherchons encore à comprendre ce qui leur arrive. Cependant, à la suite d’une malheureuse infortune, un Thekēra a terminé par être blessé. Ne vous en faîtes pas, il a été pris en main le plus rapidement possible. Soigné et veillé, depuis, il reprend pleinement de ses forces. »

De nouveau, je marquais une pause.

« Même si je n’ai pas été celui qui lui a directement administré de soins, il a fini par… s’attacher? C’est étrange. Je ne suis pas certain de bien savoir pourquoi. »

S’était-il attaché ou avait-il fini par me craindre? Je n’arrivais pas encore à faire la différence. Dans tous les cas, j’étais celui que l’on appelait lorsqu’il s’énervait ou commençait à s’agiter plus que nécessaire, parce qu’il semblerait que j’étais le seul qui réussissait à l’atteindre. À proximité, le vénérable animal sembla deviner ma perplexité et sa tête se rapprocha de ma position.

« Il semble vous avoir reconnu, proposa la créature sans pour autant expliciter sa réflexion. A-t-il un nom? »

La question me laissa interdit un instant.

« Pourquoi faire? Finis-je par répondre en soupirant. Lorsqu’il sera entièrement remis de ses blessures, il retournera auprès des siens. Ce n’est pas un chien ou un chat. Il s’agit d’un Thekēra et sa place n’est pas à mes côtés.

- Que feriez-vous s’il choisissait de rester? »

Les impressions de l’Ultimage se bataillaient avec ma personnalité.

« Je ne sais pas, avouais-je. Mais pourquoi le ferait-il? Je ne suis pas… Enfin… »

Trouble et silence. Ce qui sembla amuser le Thekēra géant.

« Nous nous allions à ceux qui nous ressemblent, à ceux en qui nous avons confiance, à ceux qui peuvent nous apporter du soutien. À un certain point, vous lui avez fait ressentir l’une de ces choses. »

Je restais silencieux, pensif. Dans la tête de cet animal, cela ne pouvait fonctionner ainsi, n’est-ce pas? Mais, en même temps, je savais à quel point certains animaux pouvaient être intelligents. Très intelligents.

« Ōlseaga. »

Les oreilles de la créature se redressèrent doucement.

« Si je devais donner un nom à ce Thekēra, je le nommerai Ōlseaga. Je pivotais discrètement mon buste en direction de mon interlocutrice. Je ne suis pas très doué pour les noms. Il a fallu que je baptise un chat, il n’y a pas si longtemps que ça, et ma proposition a fini par en décevoir plus d’un. »

Je ne comprenais toujours pas pourquoi Noiraud avait été déprécié comparativement à Pepito. Pourtant, dans le cas présent, la créature gigantesque riait doucement. Elle n'instillait aucune moquerie, plutôt, je pouvais percevoir une touche de bienveillance qui résonnait dans son rire. Ses grandes pupilles noires me fixèrent alors.

« C’est un nom magnifique. »


1 765 mots



It's a little price to pay for salvation
Thème I | Thème II | Thème III | Thème IV | Thème V

[Événement - NaNoWriMo] Que votre Voeu soit Exaucé - Page 2 Signat20
Merci Mancy et Shanxi pour les cadeaux ♪:
Revenir en haut Aller en bas
http://lesterresdesympan.forumactif.com/t34283-isiode-isley-entr
Invité
Invité

avatar
Mar 26 Jan 2021, 22:21


Que votre Voeu soit Exaucé




« Alors comme cela ma douce enfant, tu te rends là où te mène le vent ?

— J’imagine qu’on peut dire ça comme ça.

— Ma foi fort bien, poursuivit la créature. Ainsi se croisent nos chemins. Puis-je t’accompagner dans le lointain ? »

Tu penches la tête sur le côté, perplexe. L’animal a un accent étrange. Tu ne comprends pas bien la formulation de ses phrases. Bourgeon, caché derrière l’épais rideau de ta chevelure, jette un oeil discret vers l’inconnue. Tu sens ses rhizomes se tendre un instant avant d’entendre sa voix fluette qui sonne dans ta tête.

‘ Je ne pense pas qu’elle soit dangereuse. ’

Rassurée par l’indication de ton ami, tu hoches la tête.

« Je suis A’Hawé. Et toi, comment t’appelles-tu ? »

Tu avais appris à ne plus trahir la position du Lesovik. La racine n’appréciait guère être propulsée au premier plan ; elle préférait se terrer dans l’ombre afin d’analyser et d’observer les choses avant de - peut-être - faire une brusque apparition.

« Azalée est le nom qui m’est donné, Celle-Qui-Marche celui qui m’est attitré. »

Tu fronces les sourcils. Tout cela est un peu compliqué pour toi.

« Hmm… C’est un peu long et complexe tout ça…, indiques-tu tout en réfléchissant. Je peux t’appeler Aza ? »

Tu ne perçois pas la lueur d’étonnement qui passe dans les grands yeux noirs de l’atlaloc. Elle se tend soudain et pose sur toi un regard de jugement. Elle s’attarde un moment sur ton visage et sur tes yeux lactescents. L’innocence qui émane de toi semble l’apaiser, comme si cette justification lui suffit pour accepter cet affront. Alors, elle te réponds de sa voix mélodieuse.

« Là où je suis née, je l’aurai refusé. Mais dans ce pays, loin de mes amis, si cela te plaît, ainsi peux-tu me nommer. »

« Loin de tes amis ? Tu es perdue ? »

Le tristesse qui émane de sa voix lorsqu’elle te raconte son histoire est communicative. Les émotions sont à nues alors qu’elle t’indique avoir failli à sa tâche. Elle se reproche la mort et la dispersion de tous ces êtres qui formaient son peuple. Bannie des Océans, elle erre sans but dans ce monde inconnu. Alors, tu lui promets ton aide. Lorsque tu prends cet engagement, ta voix n’est plus celle d’une enfant ; elle s’approche bien davantage de la détermination avec laquelle les adultes prêtent serment.

« Je suis sûr qu’ensemble nous pourrons retrouver les tiens, Aza. Si tu es toujours vivante, sans doute le sont-ils également, quelque part. »

Tes mots soignent timidement le Mal qui la ronge. Elle ne répond pas.

‘ Le soleil est bientôt à son zénith. Nous devrions trouver un endroit où nous allonger et nous laisser caresser par ses rayons. Ça nous fera du bien ‘

Tu hoches la tête. Le petit être est friand de ces siestes ; il n’en raterait une pour rien au monde.

« Allez viens, Aza. Il y a une clairière non loin d’ici dans laquelle nous seront mieux installés. »

Menée par un Bourgeon invisible aux yeux de tous, tu ouvres la marche vers le lieu de repos.SéparateurLes rayons nimbent ta peau d’une douce chaleur. Étendue au milieu de la clairière, tu es réveillée par des voix dans le lointain. Tu te lèves rapidement et cherches tes compagnons de la main. Tu ne les trouves pas.

« Bourgeon ? Aza ? »

Pas de réponse. Ton coeur commence à palpiter. Des larmes embuent tes prunelles sans couleur. Tu les retiens avec effort. Quelque chose est bizarre. L’air frais t’apporte des flagrances inconnues : des odeurs de miel, de cannelle et de chocolat. Es-tu revenue au village ? Non. La terre, bien que couverte d’une épaisse couche de neige, est toujours composée de feuilles, de mousses et de lichens. Tu fronces des sourcils. Ce lieu t’es inconnu. Tes pensées se bousculent tandis que tu élabores des ébauches de théorie. T’as-t-on enlevé ? Non. Tu réalises que tu n’es pas attachée, que tu es libre de tout mouvement. Es-tu en train de rêvé ? Non. C’est autre chose. Tu secoues ta bouche de droite à gauche, prise dans une intense réflexion.

Les voix retentissent de nouveau. Ce sont des gloussements amusés. Les rires sont forts et aigus ; tu supposes qu’il s’agit là de femmes ou d’enfants. Les bras tendus vers l’avant, tu te diriges vers leur origine. Tu espères que ces gens pourront t’expliquer ce qui se passe ; qu’ils pourront te ramener d’où tu viens. Les sons deviennent de plus en plus clairs. C’est une ambiance festive et chaleureuse qui accueille tes pas. Une étrange sensation s’impose à toi. Tu ne sais pas pourquoi, mais tu te sens de plus en plus en sécurité. Alors que tu marches, tes bras effleurent le tronc d’un arbre. Tu le contournes doucement afin de poursuivre ton chemin. Et puis, un choc. Tu sursautes. Quelqu’un - ou quelque chose vient de te heurter le ventre. Ta main tâte l’endroit de la collision. A cet instant, un autre impact te surprends, à l’épaule cette fois-ci. Tes doigts effleurent le tissus froid et humide. Le son étouffé du nouveau projectile qui frappe ta hanche - et les rires qui suivent - t’indiques que tu es la cible d’une bataille de boule de neige.

« Hé ! Arrête ça ! » demandes-tu au joueur.

Ce jeu n’est pas réellement fait pour toi ; il requiert quelques ajustements. Et tu n’as pas le temps de t’adonner à ce loisir : tu veux retrouver tes amis. Ils doivent être inquiets eux aussi. Tu entends des bruits croître. Quelqu’un s’approche. Tu tournes approximativement la tête vers son origine..

« Salut ! Je m’appelle Cliff. Et toi ?

— Je suis A’Hawé, de la tribu de Raya. C’est toi qui m’a attaqué ?

— Désolé, s’excusa-t-il, je voulais juste m’amuser.

— C’est pas grave. Tu sais où on est ?

— Pas vraiment… Je viens d’arriver. Mais c’est super cool ici !

— Ah… réponds-tu, déçue.

— Mais je connais quelqu’un qui saura sans doute, viens. »

Tu l’entends s’éloigner en courant. La réaction est immédiate.

« Attends ! Reviens ! Je ne peux pas te suivre ! »

Les pas font demi-tour.

« Pourquoi tu ne peux pas me suivre ? s'étonne le garçon

— Je ne vois rien. Je suis aveugle.

— Oh…

— Mais ce n’est pas grave, précises-tu pour esquiver sa pitié, je suis heureuse comme ça.

— D’accord. Bon donne-moi ta main, je vais t’amener à la Dame. Elle dit qu’elle est la Reine de la Forêt.

— La Reine de la Forêt ? »

Cliff ne semble plus avoir envie de discuter. Il saisit ton bras et t’attire à sa suite. Tu suis le rythme effréné de l’inconnu. Il va vite. Un peu trop pour tes petites jambes. Tu t’embrouilles dans tes pieds et - finalement - tu t’écroules sur le sol. La neige amorti ta chute et trempe tes vêtements. Le petit ne peut s’empêcher de rire.

« C’est pas drôle ! Je suis toute trempée maintenant ! Et je vais être malade… »

Des larmes coulent sur tes joues. Tu ne les maîtrises plus. Tu veux rentrer chez toi. Tout de suite. Tu veux sentir Bourgeon et Azalée à côté de toi. Tu veux que Tante Koko te raconte une histoire au coin du feu. Tu veux serrer Odile dans tes bras. Tes sanglots sont une telle dissonance avec l’atmosphère générale qu’une adulte ne tarde pas à t’apostropher. C’est la Reine de la Forêt. Sa voix est différente des autres : plus calme, plus posée, plus gracieuse, plus mélodieuse.

« Oh, qu’est-ce qu’il y a ma petite ? Pourquoi pleures-tu ?

— Je… je… je veux retourner… à… à…à la maison a…vec Bourgeon et Az…Aza, réussis-tu à formuler entre deux larmoiements.

— Ma pauvre chérie, il ne faut pas t’en faire. Tu vas bientôt les retrouver.

— C’est vrai ? renifles-tu

— Oui, je te le promets. Essayes de profiter un petit peu de cette rêverie.

— C’est un rêve ? Mais ce n’est pas comme d’habitude !

— Oh ma puce, mais tous les rêves ne sont pas identiques. Certains sont plus réels que d’autres, voilà tout. Ça te dirai un cookie avec de grosses pépites de chocolat ? »

Tu hoches doucement la tête. La Dame aux doigts de velours caresse ta main et y dépose un biscuit. Sans prendre la moindre précaution, tu le portes à la bouche. Le goût de sucre apaise tes émotions. Tu sèches tes larmes d’un revers de la main.

« Alors, c’est bon ?

— Oui, très ! J’en veux plein d’autres !

— Tu pourras en avoir quand tu le voudras. Je m’en assurerai. Tu t’appelles comment ?

— Je suis A’Hawé, de la tribu de Raya. Et vous ?

— On m’appelle la Reine de la Forêt. Mais tu peux m’appeler Reine.

— Reine de la Forêt ? Vous êtes de la même famille que Bourgeon ? »

Un rire cristallin accueille ta question mais tu ne t’en vexes pas.

« Je ne sais pas qui est ce Bourgeon mais, à ma connaissance, nous ne sommes pas de la même famille. »

Tu finis d’engloutir ta friandise.

« Ça te dirait d’aller patiner ?

— Patiner ?

— Oui, ça consiste à glisser sur la glace.

— Je veux bien essayer ! »

Tu te relèves avec l’aide de la Dame et approche du lac gelé.

Tu n’es pas très à l’aise au début. Les chaussures qui t’enserrent les pieds te font mal et tu n’arrives pas vraiment à plier les chevilles. Tu marches bizarrement sur la glace ; tu ressembles à un soldat en pleine parade militaire.

« Normalement, il faut pousser avec un pied et se laisser glisser. »

Ton accompagnatrice essaye maladroitement. Quelques secondes plus tard, ses fesses heurtent lourdement le sol. Tu ressens la vibration dans tes jambes mais tu ne tombes pas.

« Essayes, t’encourage-t-elle. Ne t’en fais pas si tu tombes, ça ne fait pas mal. »

Ton premier essai - tout comme un bon nombre des suivants - se conclut par une chute. Ta ténacité - et l’absence de douleur - t’insiste pourtant à poursuivre. Tu ne remarques pas que la Dame n’est plus auprès de toi. Après quelques efforts, tu trouves enfin ton équilibre. Tu glisses sur le sol gelé. Le vent frais t’entoure de ses bras. Une sensation grisante de légèreté s’empare alors de toi. Tu es bien. Tu es heureuse. Et, finalement, tu te réveilles.


Post Unique - 1660 mots
Revenir en haut Aller en bas
Kaahl Paiberym
~ Sorcier ~ Niveau VI ~

~ Sorcier ~ Niveau VI ~
◈ Parchemins usagés : 4166
◈ YinYanisé(e) le : 25/06/2015
◈ Activité : Professeur
Kaahl Paiberym
Mer 27 Jan 2021, 13:12



Que votre vœu soit exaucé



« Eméliana ? C’est l’heure d’y aller. » Je ne répondis pas tout de suite. Au lieu d’articuler quelques mots, mes doigts caressèrent les pages du Conte des Trois Royaumes. Je fermai l’ouvrage et tournai la tête vers Cannelle. Ses parents avaient dû boire plus que de raison le jour où ils avaient choisi son prénom. Néanmoins, peu m’importait. Elle m’était acquise, m’obéissait comme un petit chien et me servait d’emploi du temps vivant. « Hum. Oui. » J’étais d’humeur maussade. Mes notes n’étaient pas à la hauteur de mes attentes. Pourtant, je faisais un nombre considérable d’efforts. J’essayais de m’adapter à Basphel comme je le pouvais, au milieu de ces paysans des quatre coins du monde. Certains se vantaient d’être les fils et filles de grands noms de la politique ou d’artistes célèbres. Néanmoins, ils me faisaient rire. Comment un Orisha pouvait-il avoir ne serait-ce qu’un soupçon d’importance ? Quant aux Humains qui foulaient le sol dallé ou le parquet de l’école, je les évitais comme la peste. Je ne comprenais pas l’intérêt de laisser ces cancers se propager partout, pas plus que le sort des hommes animaux ne m’apparaissait devoir se faire aux côtés des autres races. Je cachais mon désespoir derrière mes critiques cinglantes. J’avais réussi à m’entourer de quelques élèves, avec lesquels je passais ma vie à tourmenter verbalement les autres. Parfois, je désirais passer à l’étape supérieure : couper les cheveux des pimbêches qui se croyaient plus belles que les autres, enfoncer mon compas dans le bras des membres d’une race qui n’avait rien à faire ici. Ce n’était que des exemples. Les tortures que j’imaginais dans mon esprit ne faisaient que refléter le climat anxiogène dans lequel j’avais grandi. Ma mère était particulièrement douée pour manipuler psychologiquement les autres. Ça ne m’étonnait pas d’une Sirène. J’aurais aimé arracher la partie d’elle qui vivait en moi. J’aurais préféré qu’elle ne fût pas ma mère.

Alors que j’allais poser le livre, mon regard entra en contact avec un canard à lunettes. « Qu’est-ce que c’est que… ? » « Coin ! » me coupa-t-il, sans considération ni pour mon rang ni pour la fin de ma question. Pouvais-je en demander autant à un canard, après tout ? Les animaux se fichaient du rang de leur maître. Surprise, je me levai, ce qui étonna Cannelle. Elle ne l’avait pas vu, elle. Je le compris à sa mine. Elle cherchait ce qui me tourmentait. Lorsque je tournai de nouveau les yeux vers mon bureau, je me rendis compte que l’oiseau n’était plus là. Devenais-je folle ? Après ce que j’avais vécu ces dernières lunes, cela ne m’aurait pas étonnée. J’expirai, replaçai le foulard de mon uniforme et me tournai de nouveau vers Cannelle. « Oui. Allons-y. »

La journée était dédiée au monde de la danse. Avec l’école, nous allions nous déplacer à Amestris afin d’assister à un ballet. Ce voyage, contre toute attente, ne me plaisait pas. Je n’avais pas envie que les autres Sorciers me vissent en compagnie des élèves de Basphel. Néanmoins, je n’étais pas la seule Mage Noire du lot et j’espérais ne pas attirer l’attention. Si j’avais appréhendé ce jour depuis que je savais, étrangement, je me sentais, à présent, bien plus détendue. Durant le trajet, Cannelle sortit de son sac une petite boîte. Son prénom ne me paraissait plus si ridicule. « J’ai fait des gâteaux, est-ce que tu en veux ? » « Oui, merci. » Je m’étonnai moi-même. Le sentiment de faim ne me culpabilisait plus du tout. C’était étrange. Plus que cela, je remarquai au bout de quatre ou cinq biscuits avalés que mon ventre ne me faisait pas mal. C’était toujours ce qu’il se passait lorsqu’autrui me forçait à manger. Mon estomac n’était plus habitué à dévorer. J’avais un appétit d’oiseau, ce qui me valait le surnom de Moineau. Cannelle me sourit. « Qu’est-ce qu’il y a ? » lui demandai-je. « Oh... rien. » dit-elle, un peu angoissée, en baissant la tête.

Après de multiples explications théoriques sur l’histoire du ballet à Amestris et la citation d’un nombre incalculable de grands noms de ce milieu, nous fûmes conviés à assister, enfin, au spectacle. Personne n’avait semblé me remarquer jusqu’ici, ce qui m’arrangeait. Je n’avais absolument rien écouté, perdue dans mes pensées. En y réfléchissant, il me suffirait de trouver le moyen de transformer Connor en Sorcier pour rendre viable une quelconque amitié entre nous. Je ne pouvais décemment pas me lier avec un Lyrienn, pas dans une relation d’égal à égal. Il ne pouvait que m’être soumis dans l’état actuel des choses. L’imaginer à genoux devant moi ne me déplaisait pas mais ce n’était pas ce que je voulais, au fond. « Regarde, les danseurs vont entrer en scène ! » En effet, les rideaux étaient sur le point de se lever. Je ne pensais pas être spécifiquement attirée par le ballet. J’imaginais aisément des pas aussi ridicules les uns que les autres, un univers de princesses et de princes, quelque chose de bien trop bénéfique pour être réaliste, même pour la Vorace. Ce ne fut pas du tout le cas. Du début à la fin, mon émerveillement fut complet. Les mouvements des danseurs m’hypnotisèrent autant que l’intensité de l’histoire et les vibrations de la musique accompagnant l’ensemble. Je frissonnai tout du long, captivée par la confiance totale des partenaires l’un envers l’autre et la fusion presque charnelle qui semblait les étreindre avec force. La noirceur de la chorégraphie était aussi dramatique que belle. Je pris alors une décision : j’allais, moi-aussi, devenir danseuse.

Après la représentation, je me dirigeai vers la directrice de l’Académie de danse d’Amestris. Celle-ci avait effectué quelques révérences à la fin du spectacle et parlé de l’incroyable talent de ses artistes. « Madame. Je suis Eméliana Salvatore. » Mon nom suffisait à faire comprendre qui j’étais. « Princesse Noire. C’est un honneur. » articula-t-elle, en effectuant une révérence. Je souris, de façon pincée. « Que puis-je faire pour vous ? » « J’aimerais intégrer votre école. » En temps normal, elle ne m’aurait pas acceptée. Je ne correspondais à aucun des critères qu’exigeait l’apprentissage de la danse. Je n’en avais jamais fait. Je n’avais pas un physique solide. Je n’étais pas sportive. Elle ne m’avait jamais vue essayer. « Oui, bien entendu. En réalité, les places à Amestris sont toutes prises mais nous sommes en train de terminer les travaux de construction d’une deuxième école à Lagherta. Celle-ci visera à réunir des danseurs magiciens et sorciers dans le projet d’ouverture de l’île dans le domaine artistique, porté par l’Empereur Noir et le Duc Cyrius Windsor. Venez avec moi un peu à l’écart. Nous allons remplir votre dossier tout de suite. » « Parfait. Autre chose… Il se trouve que je fais actuellement mes études à Basphel. Il me faudra un aménagement. » « Bien entendu. J’en discuterai avec la directrice de Basphel afin que vous puissiez suivre les deux voies en parallèle. » C’était totalement utopique mais je n’avais pas l’intention de le lui signaler. Sa position m’arrangeait. Plus de temps sur Lagherta signifierait moins de temps à Basphel, même s’il y aurait des Magiciens dans le lot.




Je courais après un papillon. Je me mis à rire. Mes jambes n’étaient pas bien solides ni très précises. Elles faisaient des mouvements patauds. Pourtant, ce papillon, au beau milieu de la neige, me semblait atypique. Je n’avais pas réellement toutes les clefs en main pour réfléchir à l’endroit où je me situais. Je me contentais de faire un pas après l’autre, dans la direction des ailes colorées du lépidoptère. Il y avait d’autres enfants ici et j’avais l’impression qu’ils m’encourageaient dans ma course. Un rapide coup d’œil me permit de constater la présence d’Asîlah. La neige s’enfonçait sous mes chaussures. Je n’avais pas froid. J’étais heureux, éternellement surpris par la fumée qui s’échappait de ma bouche. Mes ailes étaient aussi légères que les flocons qui tombaient mollement et lentement. Parfois, le vent venait les faire danser.

« Sjar ! Tu veux des biscuits ? » La voix émanait d’un garçon que je ne connaissais pas. Il était un peu plus grand que moi. Je lui souris et abandonnai le papillon à son profit. L’appel de la nourriture était plus grand que le reste. La peau de l’inconnu était si blanche, presque comme le sol. Lorsque je tendis la main pour attraper ce qu’il me tendait et que nos doigts entrèrent en contact, la différence m’émerveilla. C’était vraiment beau. « Tu viens d’où, toi ? » « Moi ? Je viens de Dhrosca ! » « C’est pour ça que tu as des oreilles toutes pointues ? » « Oui ! Tu aimes bien ? » « Oui ! » « Et toi ? » « De Caelum ! » Aucun de nous deux ne se posa la question sur nos connaissances respectives de l’un et de l’autre. Il connaissait mon prénom et je savais qu’il avait deux sœurs. La logique ne semblait pas faire partie de cet environnement. Même le goût des biscuits était cent fois meilleur.

Alors que je mangeais tranquillement, mon regard s’arrêta sur une sorte de chien, plus loin. « Qu’est-ce qu’il y a ? » « Non, rien. » répondis-je. C’était étrange, comme si, quelque part, je voulais garder l’animal pour moi seul. C’était un secret. « Tu veux qu’on aille jouer ? La Reine de la Forêt aime bien s’amuser avec nous. Peut-être que si on commence à jouer, elle viendra ? » « La Reine de la Forêt ? » « Oui ! Viens ! Je vais t’expliquer ! »

1606 mots
Revenir en haut Aller en bas
http://lesterresdesympan.forumactif.com/t38028-kaahl-paiberym-el
Kaahl Paiberym
~ Sorcier ~ Niveau VI ~

~ Sorcier ~ Niveau VI ~
◈ Parchemins usagés : 4166
◈ YinYanisé(e) le : 25/06/2015
◈ Activité : Professeur
Kaahl Paiberym
Jeu 28 Jan 2021, 14:26



Que votre vœu soit exaucé




« Asîlah ! Viens danser avec moi ! » Mes yeux se tournèrent vers une fille un peu plus grande que moi. Elle portait un drôle de costume, qui ressemblait un peu à ce que faisait papa lorsqu’il plaçait des draps ou des serviettes de table sur lui et qu’il se tortillait dans un rythme imaginaire en m’enjoignant de faire comme lui. Avec mes ailes, ce n’était pas évident mais il m’aidait à les rendre plus légères, en les maintenant par télékinésie pour que je pusse l’imiter. J’étais gauche et lui ne s’y connaissait pas beaucoup. Lucius rigolait beaucoup en le voyant faire mais se prêtait lui-aussi au jeu, comme tous mes autres frères et sœurs. Une fois, papa avait fait venir une Humaine de Haute-Terre qui m’avait émerveillée. Je n’avais jamais réellement su pourquoi : si c’étaient les couleurs des étoffes placées sur sa peau, si c’était le mouvement des tissus en harmonie avec ceux de son corps ou bien ses yeux aussi noirs que profonds. Parfois, on recevait la visite d’un autre Humain qui venait nous parler dans une langue que nous ne connaissions pas. Sjar et Hélène avaient plus de facilités que moi. Ces cours, sous forme de jeu, ne nous étaient pas exclusivement réservés. Les autres enfants avaient le droit de participer et papa les encourageait dans ce sens lorsqu’il était là. Sinon, sur Boraür, c’était Pauline, Gustine ou Minéphore qui nous appelaient à apprendre un maximum. Cendre et Dolcidée essayaient également de parler. En tout, on nous enseignait quatre langues : le langage commun, l’Obien Syliath, l’Alikir et le Zul’Dov.

« Oui j’arrive ! » Je me sentais bien, en totale confiance. Les paysages de l’endroit ressemblaient à ceux de Boraür. Il y avait de la neige et ce simple fait suffisait à mon bonheur. Papa m’avait déjà raconté que les Humains vivaient dans le Désert. Ce dernier atteignait des températures très chaudes la journée et très froides la nuit. Il voulait nous y amener un jour, pour que nous puissions voir de nous-même ce qu’était notre patrimoine historique et culturel. En attendant, il se contentait de nous montrer des peintures et d’utiliser sa magie pour mettre en scène les bâtiments et d’autres Humains. Il nous avait également expliqué ce qu’était que le Ma’Ahid à la suite d'un événement particulier, même si nous étions encore petits. Il l’avait décrit comme notre force. Cette fois là, Sjar avait pleuré parce qu’il n’arrivait pas à imiter Lucius. Il avait voulu essayer de faire des pentacles avec lui, ce qui avait hautement fragilisé la magie de notre grand frère et provoqué chez lui de l’incompréhension. Sjar, n’avait pas non plus compris. Pourquoi est-ce que sa présence empêchait-elle Lucius de continuer ? Et pourquoi, lui, ne pouvait-il pas faire de la magie ? Il voulait faire de la magie pourtant. Papa était arrivé pour expliquer. Les Humains ne pouvaient pas faire de magie. Au contraire, il la faisait disparaître. Il avait fini en disant que c’était une sorte de super pouvoir : Lucius pouvait faire des pentacles et Sjar pouvait les faire disparaître. Chacun avait sa particularité. Dans les minutes qui avaient suivies, Lucius et Sjar avaient trouvé un jeu : Sjar partait se mettre à l’autre bout de la pièce, Lucius utilisait sa magie, et, lorsque Sjar revenait, la magie s’estompait. Ils avaient ri ainsi durant des heures, malgré le poids des ailes de mon frère qui lui donnait une démarche particulière.

« Je m’appelle Leïla. Tu fais comme moi ? » me proposa la fille, en tendant ses bras vers la droite. « D’accord ! » dis-je, avec un entrain contagieux. Nous commençâmes donc à nous tortiller. J’essayai d’imiter mon aîné, en montant uniquement l’une de mes hanches ou en pliant mes jambes et en tournant lentement. Le tout était bancal et certainement pas harmonieux mais ce n’était pas grave, nous nous amusions bien. Ça me rappelait papa et son accoutrement improvisé. Nous nous regardâmes, d’un air complice. En dansant, je me mis à lui poser des questions. « Tu sais où on est ? » « Dans un village. Ne t’inquiète pas, nous ne risquons rien ici. » « Tu crois que mon papa va s'inquiéter ? » « Non parce qu’il doit savoir que la Reine de la Forêt veille sur nous. Je l’ai vue hier, elle est tombée sur la glace en essayant d’y patiner. » « Ah oui ? » « Oui ! C’était drôle ! » « Mais… la pauvre. » « Ne t’inquiètes pas, elle ne s’est pas blessée. Elle aussi rigolait ! » « Ah ! Tant mieux ! » Il y eut un léger moment de silence, avant que Leïla ne reprenne. « Moi je n’avais jamais vu la neige avant de venir ici. C’est vraiment étonnant. Ça parait compact mais, en fait, une fois dans la main, ça fond ! Et c’est froid ! Puis ça donne de l’eau ! » « Je vais à Boraür parfois et là-bas il y a plein de neige tout le temps, et des gens très gentils aussi ! » « Ici aussi tout le monde est gentil. D’ailleurs, j’ai un peu faim, ça te dirait d’aller préparer des gâteaux ? » « On peut faire la recette de Pauline ? » « C’est quoi ? » « Un fondant au chocolat super bon ! »





Le matin même, il m’avait semblé entendre un petit « coin ! ». J’avais entraperçu un canard jaune à lunettes, avant de me réveiller totalement, concluant que je l’avais sans doute rêvé. Cependant, je devais bien admettre que la journée s’était avérée parfaite depuis lors. Tout d’abord, j’avais eu le droit à un petit déjeuner au lit par les enfants, qui avaient tous mis la main à la pâte pour le confectionner. Les œufs d'Ida étaient un peu écrabouillés mais ça avait été fait avec amour et leur goût valait tout l’or du monde. Ils avaient été accompagnés de riz et d’herbes divers, d’un grand verre de jus d’orange, d’un thé et de plusieurs fruits. Ensuite, Pauline m’avait fait une surprise : une jolie robe hivernale avec de la fausse fourrure sur le col, les manches et le bas, ainsi qu’un cache-oreille de la même couleur et matière. J’avais également fait connaissance avec Arsène. Le soldat était blond, légèrement plus âgé que moi et… je n’arrivais pas à décoller les yeux de son sourire ou de son regard. J’étais à présent avec lui, en route pour Avalon, grâce aux Pontons. « Ne vous moquez pas. » lui dis-je. « Je suis censé vous accompagner lorsque vous sortez, pour votre protection. Si vous vous rendez dans un lieu sécurisé, je pourrai vous attendre dehors. Si ce n’est pas le cas, je devrai venir avec vous. Vous n’êtes pas obligée de me révéler vos intentions tout de suite si ça vous met mal à l’aise. » C’était lui qui me mettait mal à l’aise. J’avais l’impression que, dans ses yeux, il y avait un lac sans fin, à l’eau aussi claire et scintillante que possible. « C’est quelque chose que je voulais faire depuis longtemps, c’est tout. Quelque chose d’un peu… étonnant pour une Magicienne. » « Vous m’avez l’air étonnante. » « Hein ? Non… Je… » Mes mains avaient fait des mouvements frénétiques devant moi. Ça le fit rire. « Je suis juste normale… Enfin, et puis mes notes ne sont pas glorieuses. J’ai même tendance à dormir en cours et on m’a déjà dit que je ronflais ! » « Je vais vous dire un secret. » « Quoi ? » Il se pencha un peu vers moi et murmura quelques mots. « Moi aussi je ronfle. » Ses lèvres s’étirèrent. J’eus alors l’impression d’être aussi molle qu’un marshmallow. « Ah euh… Ce… Ce n’est pas grave si vous ronflez. » Je pris l’une de mes mèches de cheveux et commençai à la triturer nerveusement. Il y avait un truc chez lui qui me fascinait et m’électrisait.

Sur le chemin du stade, j’essayai de me convaincre qu’il m’accompagnait uniquement parce qu’il en avait le devoir. Il était un Magicien de l’armée. C’était sa fonction, de veiller à ma protection après ce qu’il s’était passé. « C’est moi ou nous nous dirigeons vers le stade qui regroupe les Puff-Puff Gueurles ? » « Vous… Vous connaissez ? » « Je suis fan. J’essaye de suivre toutes leurs représentations. » « Pa… Pardon ? » « Sans l’après, même si parfois c’est tentant. » « Ah euh… Oui je… C’est pour ça que je suis là. » « Vous allez voir un entraînement ? » « Non je… J’aimerais en faire partie. » Il s’arrêta et me regarda un peu plus en détails. « Je vous avais dit que vous étiez étonnante. » Il se remit à marcher, me laissant pantoise. « Vous venez ? Il faut que vous les convainquiez. » Il fit craquer son cou. « Je pense que vous irez dans l’équipe D. » « Je… Mais… » J’avais appris, après coup, que le nom de l’équipe correspondait à un système métrique de mensuration de la poitrine. Ce qu’il était en train de dire, l’air de rien, c’est qu’il avait déjà réfléchit à la taille de mes seins.

Lorsque nous arrivâmes enfin, mon visage n’avait pas changé de couleur. J’étais cramoisie. Cet homme était étonnant, lui-aussi. Je ne savais pas sur quel pied danser. S’intéressait-il à moi ou faisait-il simplement son travail ? Essayait-il d’être agréable, en pensant que les derniers événements m’avaient traumatisée ? J’avais compris que la vie était brève et que rien ne servait d’hésiter trop longtemps. C’était pour cela que je m’étais enfin décidée à passer le cap. J’allais tenter ma chance, aujourd’hui. Si je n’étais pas prise, au moins, je n’aurais aucun regret. Je serais allée jusqu’au bout de mon projet.

Quand mon tour arriva, je me retrouvai devant la capitaine de l’équipe D, une dénommée Giuletta. Les autres filles étaient toutes pourvues d’une poitrine similaire à la mienne, le genre de seins qui semblaient ne pas être faits pour remuer. J’avais toujours eu du mal en sport, à cause de ma poitrine. Pourtant, les Déchus connaissaient de bons sorts de maintien pour palier à cet inconvénient. Elles m’apprendraient sans doute. Je soufflai un bon coup et commençai ma chorégraphie. J’avais répété un nombre incalculable de fois. J’étais loin d’être forte mais je faisais de mon mieux, en espérant qu’elles m’accepteraient.

« Alors ? » me demanda Arsène, après que j’ai eu le verdict. J’étais tellement contente, tellement que je lui sautai dans les bras sans réfléchir. « J’ai été prise !! » Je m’écartai. « Mais ça reste notre secret, d’accord ? Je ne voudrais pas que tout le monde sache et… Enfin, voilà… » « D’accord. Si jamais vous avez besoin d’aide pour vos chorégraphies, je pourrai vous dire si c’est bien ou pas. » « C’est vrai ? » « Oui. En revanche je retire ce que j’ai dit tout à l’heure, pour l’après. » « L’après ? » Il sourit sans répondre, en pensant que ça me reviendrait peut-être plus tard.

1746 mots
Revenir en haut Aller en bas
http://lesterresdesympan.forumactif.com/t38028-kaahl-paiberym-el
Invité
Invité

avatar
Jeu 28 Jan 2021, 18:39


Que votre Voeu soit Exaucé




SolheimJ’avançais fièrement vers le centre du cercle. La mélodie des tambours qui accompagnaient mes pas avait quelque chose d’obsédant. Tous les regards étaient braqués sur moi, comme autant de témoins à la scène qui allait se dérouler sous leurs yeux. Face à moi, le Goled paraissait gigantesque. Il me toisait de ses petits yeux d’ambre, dissimulés sous d’épais sourcils ténébreux. Son visage affichait une expression à mi-chemin entre la rage et l’amusement. Son sourire carnassier s’agrandissait à mesure que la distance entre nous s’amenuisait.

« Alors c’est toi, l’avorton qui représente ton peuple ? Tu n’es qu’un gringalet !

— Tais-toi, immonde créature. L’heure de ton peuple à sonner. J’ai été choisi par les Zaahins pour mettre un terme à vos agissements.

— Oh, le petit ange à des rêves de grandeur ? » se moqua la bête d’un rire gras.

Une demoiselle passa entre nous. Elle roulait des hanches avec une grâce presque féline. Ses longs cheveux blonds cascadaient sur ses épaules frêles. Elle rayonnait d’une beauté rare, pure, innocente. Je n’avais jamais vu de femme aussi belle jusqu’à aujourd’hui. Son regard azuréen passa de l’un à l’autre avec un sourire entendu. Je hochai la tête avec détermination - mon opposant m’imita. Elle ouvrit les bras en se tournant vers l’assemblée amassée autour de nous. Sa voix entêtante cachait une puissance que je ne soupçonnai guère.

« Très bien. Chaque camp a désigné son héros. Selon le traité qui a été ratifié, vous vous affronterez ici même. Le gagnant offrira à son peuple la légitimité et la paix, le perdant l’exil et l’incertitude. Combattez de toutes vos forces, vos actions scelleront le destin des vôtres pour quinze longues années. Êtes-vous prêts ?

— Oui, je suis prêt !

— Prêt à transformer ce guignol en nourriture pour cochon, indiqua mon opposant.

— Dans ce cas, que le combat… COIN ! »SéparateurJe sursautai et ouvris les yeux. Le décor se dissipa et je repris peu à peu mes esprits. La pièce tourna un moment avant de se stabiliser. La chaleur de l’eau n’était plus qu’un souvenir, et la vapeur couvrant les miroirs s’était dissipée. Tout cela n’était qu’un rêve - et cet imbécile de Pinpin m’en avait extirpé. Par curiosité ou par orgueil, je regrettai de n’avoir pu mener cette bataille illusoire. D’un air contrarié, je posai un regard froid sur le coupable. Je réalisai alors avec étonnement qu’ils étaient deux. Je clignais des yeux, perplexe. Il n’y avait jamais eu qu’un canard en plastique dans mon bain. D’où provenait le nouveau venu ? D’ailleurs, le son retentit à nouveau. Ce n’était pas mon Pinpin ; le bruit était davantage un ‘Coin’ alors que le mien faisait plutôt ‘Pouet’. Je n’étais donc pas seul ! Je jetai un bref coup d’oeil vers la porte ; elle était toujours verrouillée. Étrange… Était-ce encore un songe ? Je récoltai de l’eau dans le creux de mes mains et me frottai le visage avec vigueur. Lorsque mon regard se posa sur Pinpin, il était seul ; son homologue aux lunettes de soleil avait complètement disparu. Je fouillai encore un instant la pièce - rien. Il était parti - ou n’avait jamais été là. Après tout, sans doute étais-je mal réveillé.

Je sortis de la baignoire et entrepris de me sécher. Je ressemblais à un vieillard. Ma peau était toute fripée à cause des effets de l’eau. J’observai mes mains un moment en me demandant si une série de bains prolongés favorisait l’apparition de rides. Peut-être les vieux marquaient-ils à force de baignades. Dans ce cas, rester trop longtemps dans l’eau constituait une agression qu’il fallait mieux éviter. Je n’avais pas envie de devenir un pruneau avant l’heure. Et qui sait, peut-être était-ce là la cause des maux et maladies qui frappaient les anciens. Je me promis de me renseigner sur la question en m’habillant. Il fallait que je me dépêche : l’entraînement obligatoire n’allait pas tarder à commencer. Séparateur« Solheim, avance toi dans l’arène. Aujourd’hui, tu vas affronter Arak. »

Le moment que j’attendais était enfin arrivé : j’allais pouvoir rabattre le caquet de ce cul-terreux de paysan. Arak était un individu en tout point méprisable. Imbu de lui-même et valorisant les attardés de Purin d’Or, il ne perdait jamais l’occasion de descendre les habitants de la capitale. Nous nous étions plusieurs fois adonnés à des joutes verbales, mélanges d’injures et de jurons plus grossiers les uns que les autres - mais c’était la première fois que nous allions nous affronter - officiellement en tout cas. Nous avions déjà pu échanger quelques coups au cours de rixes clandestines, rien de sérieux malheureusement ; les instructeurs maintenaient une discipline de fer dans les rangs et il n’était pas autorisé de se battre en dehors des entraînements. Si nous nous amochions trop, nous risquions d’être sévèrement puni. Et, pour moi, il ne méritait pas que je prisses tant de risque. J’imaginai que ce devait être identique de son côté, car il ne s’en était jamais pris directement à moi. Mais les Zaahins avaient entendus mes prières et, aujourd’hui, j’étais libre de le massacrer : tous les coups étaient permis.

Nous étions au coeur de l’arène. Je le foudroyai des yeux, patientant jusqu’au début de l’affrontement. Je m’imaginai plusieurs scénarios pour sortir victorieux. L’un d’eux consistait en une attaque frontale, rapide et violente. C’était sans doute la meilleure manière de montrer ma supériorité sur cet imbécile. Pourtant, une voix dans ma tête me susurrait que ce n’était pas la tactique à employer : bien que cela me soit difficilement acceptable, il était plus fort que moi. Il me faudrait ruser pour réussir l’impossible. Alors, celle qui murmurait dans ma tête m’aida à construire un plan qui tenait la route. Je me résolu à le suivre, accepter de m’aider de la magie pour proclamer ma victoire.

J’accusai les coups de mon opposant, parant - parfois avec difficulté - les coups qu’il m’assénait. Mais, pour le moment, mon énergie était bien trop occupée à canaliser ma magie pour que je pusse répliquer. Les points d’ombre s’étirèrent sur le sol sablonneux de l’arène, le mouchetant de zone dépourvue de lumière. C’était la première étape du plan susurré par mon alliée inconnue. Alors, une nouvelle magie fût à l’oeuvre. Je sentis son pouvoir aspirer une partie de mes forces, et je ne pus esquiver le coup qui heurta ma cuisse. Un cri de douleur s’échappa de ma gorge, alors qu’Arak récupérait sa lame. Soudain, le bipolaire fut tourmenté par des forces invisibles. Les Ombres le poussaient, le chatouillaient et le perturbaient. Il recula face à cette magie qu’il ne comprenait pas.

« C’est quoi ce bordel ! » s'écria-t-il

C’était le moment de frapper. C’est ce que la voix m’avait dit. Alors qu’il était au prise avec mes Amis de l’Au-Delà, ma hache fendit les airs et s’abattit sur sa cuisse. Sans attendre, je lui assénai un autre coup qu’il para avec son bras droit ; mais mon arme contourna ses protections et s’allongea pour lui lacérer l’avant-bras. Arak cria.

« T’es qu’un faible, avec ta magie. Tu vaux pas mieux que les sorciers ! »

Ma hache reprit sa forme. J’étais épuisé. Les Ombres disparurent à leur tour - tous comme les zones qui les abritaient. Le reste du combat consista en quelques passes d’arme. Finalement, les blessures de mon opposant l’handicapèrent plus que les miennes. Et, bientôt; deux nouvelles attaques lui firent lâcher son arme. Il lutta jusqu’à la fin avant de tomber lourdement sur le sol. J’avais gagné. Et pour couronner le tout, je lui laissai la vie sauve ; à jamais, il se remémorerait avoir été vaincu par un habitant de Keizaal. Séparateur« Tu arrives bien tôt, aujourd’hui » m’accueilla le Maître Forgeron.

Je titubai jusqu’à lui. La blessure avait été soignée et bandée mais les guérisseurs n’avaient pas considéré que mes maux étaient suffisants pour user de leur magie. Dans cette région du monde, les bipolaires avaient tendance à user de leurs pouvoirs avec parcimonie.

« Un combat qui s’est mal passé ?

— Non, au contraire. J’ai gagné. Même si, comme tu le vois, ça ne fût pas de tout repos. »

L’homme éclata de rire et me félicita avant de reprendre son sérieux.

« On a reçu pas mal de commandes. Des armures, cette fois-ci. Je ne sais pas encore ce qui se trame, mais je pense qu’on va avoir pas mal de boulot. Je vais sans doute avoir besoin de renfort, ça te dirait d’apprendre à forger une cotte de plaques ? »

La joie m’envahit et je ne pus m’empêcher de sourire. Cela faisait longtemps que je n’avais pas appris de nouvelle technique de forge. La blessure mis à part, cette journée était absolument parfaite.

« Carrément ! J’arrive ! »

Je m’empressai d’enfiler ma tenue et de rejoindre mon Maître derrière son établi.

« Ce que je vais t’apprendre aujourd’hui, ce n’est pas tout à faire de la forge, m’expliqua-t-il. Il s’agit d’une spécialisation de notre art qui s’appelle le battage d’armure. Cela consiste principalement à battre de grande plaque de métal - généralement du fer - pour leur donner la forme qui nous intéresse. Normalement, une armure se crée sur mesure pour son porteur ; mais il est possible d’y intégrer des sangles pour ajuster le tout. Aujourd’hui, je te montre la technique. Demain, nous en ferons ensemble. Ensuite, je te laisserai la main pour que tu t’exerces en solitaire. Cela te convient ?

— Yep !

— Très bien, alors le principe est de chauffer un peu la matière et de donner de petits coups de marteaux. Regarde. »

Pendant les heures qui suivirent, je me perdis dans la contemplation de mon Maître et de sa technique. Chaque coup était précis, chaque geste calculé. Je me rendis bien vite compte que j’étais loin d’atteindre son niveau. Il excellait dans l’art de la forge et moi, je ne faisais que débuter. Je notai consciencieusement tout ce qu’il me disait pour garder une trace de son enseignement. Ses conseils étaient les plus précieux des diamants, et je les gardai jalousement. Je voulais devenir meilleur, être digne de l’enseignement de Tuz, et le surpasser. Je ne rechignai donc jamais à apprendre davantage avec mes enseignants.SéparateurLe soleil crachait des lueurs tirant vers le rose lorsque je quittai enfin l’atelier. J’étais pleinement satisfait de mon apprentissage - et j’avais hâte de mettre en pratique tout ce que j’avais appris. La tête pleine de projets, je me dirigeai vers la taverne où mes amis m’attendaient.

« Ah, voici notre champion ! lança Odosh d’un ton moqueur

— Notre Sorcier préféré, commenta Grehir, le plus musclé.

— Oh c’est bon les gars, c’est pas parce que j’ai utilisé un peu de magie que ma victoire n’est pas honorable, me défendis-je

— Non. Mais elle est moins éclatante, trancha la voix de Aeva, la fille de notre groupe - elle abhorrait la magie sous toute ses formes.

— Bon, on les commande ces bières ? », reprit le premier.

Et comme un seul homme, nous fîmes signe au tavernier. Il revint quelques instants plus tard avec quatre choppes et une planche de charcuterie.

« C’est qui le gars de la représentation ce soir ? demandais-je

— J’sais pas, jamais entendu parler de lui. C’est un étranger à ce qu’on dit, commença Grehir en haussant ses larges épaules

—  Boh on verra bien, ça peut pas être plus nul que le chanteur de la dernière fois, rappela la jeune femme. »

Nous étions à notre deuxième pinte lorsque le barde monta sur scène. C’était un homme tout ce qu’il y avait de plus banal : petit, efflanqué, les cheveux bruns et les yeux noisettes. Pourtant, lorsqu’il ouvrit la bouche, nous fûmes comme subjugués par ses paroles. Une musique étrange accompagnait ses histoires - et tour à tour, les flammes, la vapeur et les éclairs ponctuèrent ses récits. Il décrivait la majesté des dragons avec moult détails. Racontant des rencontres d’un autre temps avec l’une ou l’autre des espèces. Il évoqua leur force, leurs particularités. Et mentionna même ceux que les légendes glorifiaient. Le mot de ‘dragonnier’ fut finalement prononcé, et éveilla en moi un intérêt particulier. Mes yeux pétillaient comme ceux d’un enfant à la veille de la venue de Santa Klaus et - malgré l’alcool - les détails de cette rencontre me forgèrent un souvenir inaltérable.


1 996 mots - Merci pour l'Event
Revenir en haut Aller en bas
Miles Köerta
~ Orisha ~ Niveau III ~

~ Orisha ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 1159
◈ YinYanisé(e) le : 20/09/2014
◈ Activité : Traqueur [Corvus Æris] | Marcheur
Miles Köerta
Jeu 28 Jan 2021, 23:33



Une autre belle journée sonnait pour le village dans la forêt. L’Astre-Père commençait son ascension dans les cieux, dégageant par sa clarté l’obscurité et les frayeurs qu’apportaient naturellement les ténèbres de la nuit. Toutefois, le silence de cette dernière était progressivement remplacé par les sons de l’aube. Les animaux s’extirpaient de leur tanière malgré le froid ambiant, ouvrant leur gueule pour expirer quelques bâillements, tandis que le chant des oiseaux carillonnait l’heure de l’éveil. Bientôt, les enfants sortiraient de leur lit à leur tour. Ils iraient rejoindre la Reine de la Forêt, qui les accueillerait à bras ouverts, des assiettes remplies de ses fameuses crêpes du matin. Elles étaient tout simplement délicieuses, leur goût divin : avec du sirop d'érable en excès et une montagne de fraises, ce petit-déjeuner avait toujours des allures de noblesse et de richesse à mes yeux. Puis, après s’être remplis la panse, les enfants iraient se recueillirent de nouveau dans leur chambre respective pour mieux se vêtir. Emmitouflés dans leur manteau de fourrure, parés de bottes, de mitaines et de bonnets tout chauds, ils seraient ainsi tous prêts à profiter d’une nouvelle et amusante journée au cœur du village dans la forêt.



« Les Alfars veulent dicter les lois,
Mais ce qu’ils ne savent pas,
C’est que ce sont les Sorciers qui les conçoient. »

La chansonnette, pour une obscure raison, trottait au creux de ma tête. Le rythme se répétait entre mes deux oreilles et pourtant, ce n’est pas comme si l’un des enfants du village l’avait chanté récemment. Où est-ce que j’avais entendu cette comptine, du coup? Bonne question. Question que je me permis d’oublier sur l’instant afin de me concentrer sur ma tâche, un ciseau entre les mains.

« Les Anges veulent sauver les âmes,
Mais ce qu’ils ne savent pas,
C’est que ce sont les Sorciers qui attisent les flammes. »

À la mélodie fredonnée, les couinements de détresse du petit animal résonnaient avec violence entre les quatre murs de ma chambre. Il tentait de s’échapper de ma poigne et d’un geste délicat, je maintenais plus solidement sa tête contre le bois du plancher. Il s’agitait beaucoup trop. Ce n’était pas bon pour lui. C’était même dangereux. Momo n’avait jamais aimé les rats et c’est pourquoi il me fallait les éloigner. Ça lui ferait plaisir, n’est-ce pas? Elle serait heureuse, s’il me suffisait d’éloigner les rats.

« Les Démons veulent détruire,
Mais ce qu’ils ne savent pas,
C’est que les Sorciers souhaitent les détenir. »

D’une joie toute enfantine, un sourire s’étira sur mon faciès alors que je rapprochais les lames du ciseau à son niveau. Chop! Une première patte coupée. Le rongeur cracha, siffla, de la même manière que le sang suintait de son membre tranché. Rapidement, une flaque apparut sous son poids, d’un rouge foncé, sanglant. Tendrement, je caressais les poils de son encolure pour le rassurer. Avec une patte en moins, peut-être que le petit rat cessera de vouloir s’évader.

« Arrête de bouger autant. Je ne peux pas te laisser partir. Pas quand il y a Momo dans les parages. Elle n’aime pas les rats, tu comprends? Tu vas lui faire peur si elle te voit. »

Pourtant, même en m’assurant de l’immobilité relative du rongeur, ses cris, eux, ne se calmèrent aucunement. Il se contorsionnait dans tous les sens, ses incisives bien en évidence, alors que ses hurlements me vrillaient les tympans. Ils étaient si aigues, si bruyants. Je me serais bien bouché les oreilles, mais je ne pouvais pas abandonner ma position, sinon le rat s’enfuirait et ferait peur à Momo. C’est pourquoi je prenais mon mal en patience, inclinant doucement ma tête sur le côté pour rapprocher mon visage de son museau légèrement retroussé. Qu’est-ce qu’il essayait de faire maintenant? Il voulait me mordre? Inquiet, je multipliais les caresses sur le dessus de son crâne, espérant ainsi apaiser toute colère et agitation qui l’envahissaient.

« S’il-te-plaît, ne me mords pas. Je suis désolé, mais tu n’arrêtes pas de bouger. Je ne peux pas te laisser partir de cette chambre. Momo est de l’autre côté. »

Chop! Une deuxième patte coupée. Avec un tel handicap, maintenant, l’animal ne pourrait plus s’échapper, peu importe à quel point était grande sa volonté. Cependant, le rongeur n’en avait absolument rien à faire, son instinct lui rugissant qu’il devait s’enfuir. Il continuait de hurler, de chouiner, de se plaindre. L’irritation, soudainement, commença à bouillir de plus en plus férocement en moi. Il devait essayer de comprendre! C’était pour Momo! Elle n’aimait pas les rats et je ne voulais pas qu’elle ait peur à cause de celui-là! Nerveux, je clouais le corps de l’animal sous mon avant-bras tout en suspendant sa tête dans les airs en maintenant son museau entre mes doigts. Je forçais sur sa mâchoire pour qu’il la déploie et lorsque l’intérieur de sa gueule fût entièrement découvert, j’y insérais minutieusement les pointes du ciseau.

« Chuuuut… Arrête de pleurer. Tout va bien. »

Il me suffisait d’attraper sa langue et de tirer. Peut-être qu’ainsi, il arrêtera de pleurer. Peut-être qu’ainsi, il se sentira un peu mieux. C’était douloureux de pleurer, après tout. Tellement douloureux. Nos yeux nous piquaient, notre intérieur s’enflammait, notre cœur s’émiettait, notre respiration se perdait… Non, vraiment, ce n’était pas agréable de pleurer. Et même si Momo avait peur des rats, elle ne voudrait certainement pas que ce dernier soit triste. C’était compréhensible. Momo était une âme si gentille et adorable après tout. Mais aussi gentille était cette enfant, le rat, en contrepartie, était loin de se montrer facile, puisqu’à l’instant où mes doigts furent à sa portée, il claqua furieusement ses incisives, chopant l’un de mes doigts, le perforant avec rage et désespoir. À mon tour, je poussais un cri, mon corps se redressant, tel un ressort, sur ses deux jambes.

« A-Arrête! Lâche-moi! »

Je secouais violemment ma main pour que l’animal desserre sa prise, mais le rat persistait avec une persévérance suicidaire. Englué dans une panique exponentielle, je me mis à observer mes environs, mes mires s’arrêtant naturellement jusqu’au sol sous mes pieds. D’un geste, je levais ma main vers le ciel. Avant de l’abattre sans plus de réflexion sur le bois du plancher. Encore. Et encore. Et encore. Les éclaboussures de sang virevoltaient à chacun de ses fracas. Encore. Et encore. Et encore. Ses couinements s’acéraient à la manière d’une lame que l'on travaillait. Jusqu’à s’émousser au fil des secondes. Jusqu’à perdre de son tranchant. Jusqu’à ce que le corps du rat ne soit plus que chiffon. J’inspirais fort, trop fort. J’expirais rapidement, trop rapidement, ma respiration galopant selon les battements de ma peur et de mon affolement.

« Sha-Shadow? »

Je levais immédiatement les yeux, croisant les prunelles de Momo. À cette réalisation, un sourire, poussé par la joie et le fait d'avoir accompli ma mission, vint chatouiller mes fossettes.

« Qu-Qu’est-ce que tu as fait?

- Momo! Regarde, regarde! D’un mouvement rempli d’enthousiasme, je lui fis découvrir le corps sanguinolent du rat démembré. J’ai éliminé le rat pour toi! Oh! C’est vrai, héhéhé, tu n’aimes pas les rats. »

Embrouillé par ma joie, j’avais commis un geste idiot en lui présentant ainsi sa frayeur. Embarrassé, rouge jusqu’aux oreilles, je cachais promptement le cadavre du rongeur dans mon dos.

« Tada! Il a disparu! Tu n’as plus à t’inquiéter, m’extasiais-je en plongeant mon regard dans le sien. J’éliminerais tous les rats de ce village pour toi! Tu n’as plus à avoir peur! »

C’était une promesse. Qui mourut aussi vite qu’elle naquit dans mon esprit. Parce qu’au moment de voir son regard, un froid mordant glaça mon sang, mes muscles, mes os. Je restais là, tétanisé par l’horreur qui continuait de briller dans ses yeux. Pourquoi avait-elle encore peur? Il n’y avait plus de rats. Elle ne devrait plus avoir peur.

« Pourquoi tu me regardes comme ça, Momo? »

Lentement, pas à pas, je me rapprochais de sa position.

« J’ai éliminé le rat. Tu n’as plus rien à craindre. Il est parti, il n’est plus là. »

Cependant, la terreur éclatait avec toujours autant de fureur dans ses pupilles, à la manière de flammes éternelles. Je voulus prendre sa main, mais la jeune fille recula de plusieurs pas. Je ne comprenais pas. Avais-je fait quelque chose de mal? Avais-je fait quelque chose pour la déplaire? Qu’est-ce que c’était? De quoi il s’agissait?

« Je l’ai fait pour toi… »

Mais ma plainte ne s’achemina pas jusqu’à ses oreilles. C’était comme si elle avait rebondi contre la surface d’un bouclier invisible.

« Je l’ai fait pour toi », répétais-je en avalant les mètres qui nous distançaient pour lui enfoncer mes doigts dans son bras.

Je me mis à la secouer, à lui crier au visage, une détresse sans précédent s’écoulant de chaque hurlement qui s’extirpait de ma gorge. Momo tentait de se débattre, mais j’étais plus fort, plus désespéré, et je la poussais violemment sur le plancher.

« Je l’ai fait pour toi! NE M’ABANDONNE PAS!

- Lâche-moi! Arrête! T’es complètement fou! ARRÊTE!

- NON! NON! »

Mes poings, cette fois-ci, rencontrèrent sa mâchoire qui craqua; mes doigts, par la suite, se cramponnèrent avec désespérance et affliction à la hauteur de son cou. Non. Non. Elle ne m’abandonnera pas. Pas après tout ce que j’ai fait pour elle. Pas après tout ce que j’ai enduré pour elle.

« Tu resteras auprès de moi… Chuchotais-je au bord des larmes, un sourire anéanti flottant vaguement sur les lignes de ma bouche. Tu resteras auprès de moi, parce que tu es mon amie, pas vrai? »

Elle ne pouvait répondre. Elle suffoquait.

« PAS VRAI?! » M’époumonais-je, frappant de nouveau son crâne sur le sol.

Contact. Il était chaud, rassurant et maternel : une main venait de se déposer sur mon épaule, en fait. Automatiquement, mes mains cessèrent de serrer le cou de Momo; automatiquement, mes yeux vinrent se planter dans les siens. Dans les yeux de la Reine de la Forêt.

« Je croyais que te rendre cette apparence et ton esprit d’enfant parviendraient à étouffer le Mal qui est en toi.

- Ta-Tata… Elle voulait… Momo voulait…

- J’ai porté trop d’espoir en toi. »

L’effroi me paralysa sur place. Sa main, si chaleureuse, il y a quelques secondes à peine, devint alors froide, coupante, lancinante. Je grimaçais lorsque je sentis une morsure vindicative se répandre sur ma peau. Elle me faisait mal. Elle me faisait mal. Et elle m’avait complètement sous son emprise.

« Veir. Occupe-toi de cet enfant. »

Son regard était saisissant et implacable. Mais surtout, surtout, il me faisait ressentir toute la dangerosité de rester à ses côtés. Promptement, je voulus m’échapper, mais elle me retenait solidement, sa poigne continuant de dévorer ma chair. Elle allait me tuer. Elle allait me tuer. Je devais partir. M’enfuir.

« Non, Tata. Non… Non… NON!

- Qu’il disparaisse de notre vue. À tous. »

Ce ne fût qu’un murmure et pourtant, une fraction de seconde plus tard, le plancher de ma chambre se mit à vibrer, à trembler, à hurler. Vainement, je bataillais de toutes mes forces pour me libérer. Mais le sol continuait de trembler. Et de ses entrailles, faisant exploser le bois sous nos pieds, un ver émergea. Mon regard oscillait, incapable de se focaliser entièrement sur la silhouette longiligne de la créature. Pourtant, elle avait toute mon attention. Je ne me rendis même pas compte que la gorge de Momo ne se trouvait plus entre mes doigts; je ne me rendis même pas compte que la Reine de la Forêt ne me retenait plus prisonnier. Tout ce qui existait, désormais, c’était cette créature faite de chair et de sang qui laissait son corps glisser sur la surface écaillée du plancher. Sur les fesses, je me mouvais, accélérant le rythme de ma fuite pour éviter tout contact avec cette… cette chose.

« Je l’ai fait pour elle, hurlais-je pour justifier mes actes, ma peine, mon tourment éternel. Je l’ai fait parce que je me soucis d’elle! Mais Momo! Momo voulait m’abandonner! Elle voulait me quitter! Elle ne voulait plus de moi! »

La créature des cauchemars m’attrapa la jambe. Elle me tira. Tira. Pour me rapprocher de son horrible mâchoire. J’envoyais des coups de pied à son visage, je lui griffais la patte, mais rien à faire. Rien à faire. Je me retournais sur le ventre, essayant de m’accrocher de toutes mes forces aux failles du plancher, sentant mes os craquer. Mes ongles se brisèrent et éclatèrent. De cette douleur, un cri tonitruant déchira ma gorge. De l’hémoglobine marquait et traçait le sol de mon désespoir. Je pleurais sans savoir si c’était à cause de la souffrance ou de l’épouvante qui me causait une indigestion. Elle m’avait abandonné. Je ne voulais pas… Je n’avais rien fait de mal. Je ne voulais simplement pas qu’elle me tourne le dos. Je pivotais mon buste pour observer mon agresseur. Le ver avait la gueule grande ouverte. Je pouvais voir ses innombrables rangées de dents, aiguisées, grincer entre elles. Cyclope, elle n’avait d’yeux que pour moi, et moi pour elle. Même si c’était pour des raisons complètement différentes.

« Pitié… »

Le ver se redressa, tout le haut de son corps basculant vers l’avant pour rejoindre la hauteur de mon visage. Je pouvais sentir son haleine putride. La bile, immédiatement, remonta à ma gorge. Mon pantalon s’humidifia. Parce que je compris. La bête n’était qu’une bête. Et les ordres de sa Reine primaient sur tout le reste. Le message était plus que clair : ma place n’était pas ici. Et les crocs du Primordial finirent par s’abattre sur mon crâne.



« AAAAAAAAAAAAAAAAAHH!!! »

Sueur et sursaut. Je me redressais avec une rapidité violente, mes deux mains autour du cou. Un gargouillement affreux vibrait dans ma trachée et je tentais, par tous les moyens, de reprendre ma respiration entre les griffes du monstre. Respirer. Respirer. Mais j’étouffais toujours. Sa présence – et sa poigne – m’écrasait toujours. C’était horrible. Douloureux. Si horrible. Que des larmes vinrent à couler de mes yeux. Je tendis l’une de mes mains en direction du vide, comme pour repousser la menace, avant de comprendre. De comprendre qu’il s’agissait de ma propre personne qui m’empêchait de rattraper mon souffle brisé. Aussitôt que l’information s’achemina jusqu’à mon cerveau, je laissais tomber mes deux bras, balayant mes environs d’un œil apeuré et agité. Je ne me trouvais plus dans le village dans la forêt. J’étais dans ma chambre, sur mon lit, avec Vantelme qui dormait à proximité. Intensément, mon œillade se figea sur les épaules de ce dernier, l’angoisse tordant chaque tuyau de mon estomac. Il ne bougeait pas. Il dormait paisiblement dans ses propres draps. J’étais… chez la Maîtresse? Vivement, je laissais tomber mes yeux sur le mur en face de nos lits. Il était complètement transparent de notre côté de la chambre. Je pouvais voir la Maîtresse somnoler tout aussi tranquillement que mon colocataire.

« Mai… son. »

Mon menton trembla. Maison. La secousse engendrée créant un rictus particulier sur la commissure de mes lèvres. Maison… Alors qu’une chaleur des plus rassurantes s’éveillait au creux de mon ventre. Maison! Nerveusement, je quittais brièvement mes couvertures afin de recueillir le trésor que je cachais sous mon lit. Ce dernier était apparu complètement par hasard, au cours d’une nuit. Un soir, je m’étais couché sans, et le lendemain, je l’avais eu entre les bras. Je ne comprenais pas comment cela avait pu se réaliser, et en même temps, je ne cherchais pas à trouver un quelconque sens à tout cela. Il était là pour me rassurer dans mes moments de trouble et d’égarement. Oui, parce qu’il me suffisait de serrer mon nouveau doudou dans les bras pour que tous mes soucis volent en éclat. Je pris une grande inspiration. J’étais de retour à la maison.

« Wan… Hin nid gaudun’fent (Maîtresse… Vous ne m’abandonnerez jamais.) »

Plus fortement encore, je câlinais le doudou qui ressemblait trait pour trait à Morgane Taïmon.
« Lé Al…kars veuleut dickter les loua,
Mé c’qu’y savent pas,
Cé que sont lé Sour… Sourciers qui les conssouaent. »

Ah… Je me rappelais maintenant. C’était l’une des chansons qu’avait fredonné la Maîtresse en faisant ses devoirs aujourd'hui. Je ne savais pas le moins du monde le sens de cette comptine, mais j’aimais bien la mélodie.



Quelques minutes plus tard…

L’Elfe roula silencieusement sur le côté, observant ma silhouette qui s’était de nouveau abandonnée au sommeil. Une chance que la Maîtresse eût rendu inaudible les sons de cette pièce pour la nuit. Mes cauchemars avaient, plus d’une fois, perturbés leur sommeil. Si Morgane Taïmon avait droit au luxe de s’en prémunir, la réalité n’était pas la même pour le pauvre sylvestre qui se trouvait dans la même pièce que moi. Il me jaugea un certain temps depuis sa position, un froncement de sourcils marquant son visage d’une ride frontale.

« Psycho… » Marmonna-t-il sur un ton quasiment silencieux, avant de rabattre ses couvertures au-dessus de sa tête et d’essayer d’oublier le hurlement qui avait brisé ses propres rêves.


2 770 mots (Sans les paroles de la chanson, Comptine Sorcière.)

Notes : Déroulement du RP vu avec Mancy. Encore merci ♪





[Événement - NaNoWriMo] Que votre Voeu soit Exaucé - Page 2 Signat16
Merci Léto ♪:
Revenir en haut Aller en bas
http://lesterresdesympan.forumactif.com/t34827-miles-koerta#6795
Latone
~ Orisha ~ Niveau I ~

~ Orisha ~ Niveau I ~
◈ Parchemins usagés : 2309
◈ YinYanisé(e) le : 24/05/2014
◈ Activité : Horticultrice
Latone
Ven 29 Jan 2021, 15:23




Les iris bleutés dardèrent l’étendue sous ses pieds. Latone sentait cette lévitation la bercer, tentatrice d’une plénitude reposante. La singularité du moment l’obligeait à ne pas succomber aux songes et à trouver deux réponses primordiales : où était-elle et que faisait-elle ? L’entrée était la plus importante, la sortie ne pourrait qu’attendre. L’Orisha peinait à discerner plus loin qu’à quelques mètres. Tout n’était que brume et lui évoquait le manteau opaque du Voile Blanc. Le froid mordant s’abonnait toutefois aux absents. Ce n’était pas Ciel-Ouvert. Ce n’était pas plus son monde.

" Ce n’est pas un rêve. Je peux le sentir. " Que cela en fut un ou non, ce n’était point important.

La jeune femme était sur la bonne voie et la fierté gonflait. D’un œil attentif, une créature la lorgnait, proche d’elle. Curieusement, ses réflexes instinctifs se taisaient. L’aspect noirâtre et inconstant de son camarade d’infortune pourrait lui infliger effroi et silence, pourtant elle se rappelait l’avoir aperçu, il y a de cela quelques jours. Ses mots gravés dans son Esprit lui firent entendre la Hihtyx, son avertissement la baigna dans un profond sentiment de vide. De nouveau réunis, une seule interrogation galopait le long de ses cordes vocales.


" Qui es-tu ? "

Ma Voix résonnait.

" J’ai beaucoup de noms. Ils ne sont qu’une poignée à connaître l’essence même de mon existence. Thelor, Aeron, Alrik, Nagare, Archange, Tarion, Ashill, Vigane, Mahezia, Calvin, Keel. Tant de disparus au fil des saisons. Contrairement à eux, je t’ai préservé de l’oubli pour mieux te faire renaître. Tu es l’anomalie. Pour toi… Je serai Senere, le Dévoreur. " Un Dieu. J’étais un Dieu pour elle. C’était la vérité la plus proche, la plus palpable. Je me tus, je lui accordais un discours ou un silence. Elle était libre.

Comme je l’attendais d’elle, Latone réprimait un bref étonnement. Tout cet aspect mythologique et divin relevait d’une norme. Croiser la route du Dieu de la Mort et se faire embrasser par ce dernier. Vivre sous son joug et s’en retrouver libérée. C’était une curiosité, une femme qui découvrait et savait à la fois. Son existence était fascinante, je peinais bien souvent à croire ce que j’avais créé. En soi, c’était comme un honneur de pouvoir me retrouver sur le même plan qu’elle, de toucher son ressenti sur cette nouvelle Vie. Ainsi soit-il, j’incarnerai son Dévoreur.

Senere et Latone lévitaient au-dessus du Lac. Ignorant les spécificités du lieu, la Bleue triait de multiples interrogations qui enserraient sa psyché. Cela ne serait qu’une perte de temps, son instinct le lui dictait. Elle se sentait capable de démêler bien des aspects de son existence. Cette occasion, elle n’en aura pas de si tôt… Pas avant très longtemps. Senere mimait une posture assise, ses énormes globes oculaires fixaient un point aléatoire sous leurs pieds. Lorsqu’il parlait, aucune bouche ne ressortait, pas l’ombre d’une expression. Étant donné son nom, il valait mieux qu’il en restât ainsi.


" Quelle était mon offrande ? " Malgré le bouillonnant de son Esprit, sa voix était douce, simplement curieuse.

" C’est une réponse que tu dois toi-même trouver. "

Latone fronça des sourcils et esquissa à son tour une position décontractée. Elle demeura silencieuse quelques minutes. Oui, le Silence. Elle était la fille du Silence, ils n’étaient peut-être que deux sur ces terres à respirer encore. Elle. Le Bleu Roi. Leur berceau, Linos, attendait son heure de gloire, sa renaissance. Elle était une élue par bien des aspects et ne parvenait pas à faire honneur à son nom : Lolaha Kirzor. C’était une honte qui marquait son corps, mais, surtout, qui traçait sa lignée.

" Je ne comprends pas pourquoi tu m’as appelée. Elle releva la tête en direction du créateur des Échos. Je veux dire… On dirait… que tout ça était calculé, mais comment ? Comment est-ce possible ? J’ai vécu et je suis morte. Mes pas m’amènent à nouveau à toucher du doigt ces souvenirs qui sont les miens. Mais comment ai-je pu les oublier ? Comment peuvent-ils perdurer et porter une telle importance ? Que m’est-il arrivée ? Qu’est-t-il arrivé à Linos ? "

" Ce sont des vérités que tu dois encore traquer. "

" Pourquoi sommes-nous là alors, si ce n’est pas pour en parler ? "

" Car tu as des choses à me dire ? " Cela sonnait comme les gongs de l’évidence.

Une nouvelle fois, elle se mût dans le silence. En vérité, ses pensées convergeaient vers des réponses qu’elle préférât fausses. D’abord défunte, puis reliquat d’une anomalie, arme d’une jeune femme pleine d’ambitions. Il y a peu, usurpatrice d’une mère, reflet d’une amante absente, une fausse prodige aux compétences limitées. À présent, une personne à part entière. Une femme avec un nom ; son nom. Recroquevillant ses genoux contre son buste – comme si l’Orisha souhaitait repartir d’ici, se protéger – elle éperdit son attention sur cet environnement masqué.


" Je ne sais pas quoi penser de cette "Vie". Oh, je pourrais tout reprocher à Ezechyel, mais ce n’est pas suffisant. Tu l’as dit toi-même : je me suis donnée à toi. Peut-être que cela t’énerve que je suis les traces d’un autre ? Aucune animosité n’en ressortit. Tss. À quoi bon, alors ? J’ai juste à l’accepter. Très bien : je suis revenue. Suis-je une sauveuse de Linos ? Je ne vaux pas mieux que tous les Guides de la Marche Terne. Je ne suis pas plus puissante que mon propre Némésis, qui ose affirmer que toute cette dévastation est de ma faute. Ses yeux s’écarquillèrent. Tu sais quoi ? Il a raison. Tout ce que j’arrive à accomplir, c’est détruire tout ce que je chéris. J’aimais cette cité, j’aimais ma famille. J’aimais chanter, j’aimais donner de ma Voix. J’aimais notre peuple. Elle baissa la tête. Maintenant, il n’y a plus rien. Ciel-Ouvert subit d’autant plus les dégâts. J’ai ouvert les Portes et causé leur futur trépas. Je ne suis bonne qu’à me faire botter le cul, à être tournée en bourrique par les Ætheri. À être humiliée et rabaissée jusque dans mes rêves ! Je ne fais que perdre, qu’encaisser ! Je n’ai rien demandé de tout ça ! "

" Pourtant, ceci était ton ultime souhait. "

Latone haussa un sourcil, croyant l’espace d’un instant qu’il se foutait royalement de sa gueule.

" Tu as accompli bien plus que tu ne le penses. Tu rayes tout ce que tu as apporté à Léto, alors que tes actes et tes paroles ont été significatifs pour elle. Regarde-la à présent, elle n’a jamais été aussi épanouie qu’auparavant. Son chemin demeurera empli d’obstacles, car telle en est la volonté. Cependant, elle s’y confrontera avec ténacité et conviction. Peut-être qu’un jour, elle s’en retrouvera plus grandie encore ? Il en est de même pour toi. Senere tourna la tête en sa direction. Tu l’entends aussi. Et si tu n’es toujours pas convaincue, tu l’entendras de la bouche de Lolaha en personne. "

Latone chercha à comprendre, se remémora. C’était un exercice compliqué pour quelqu’un ayant connu qu’un vide entre ses deux existences. Elle en était consciente. Pourtant, rien n’était plus authentique que ces affirmations.

" … C’est vrai… Chaque… Chaque plongée en Linos me rappelle que je… je peux être grande, moi aussi. Elle leva les yeux au ciel et s’imagina des étoiles. Je peux chantonner au nom de notre Marche. Je peux les guider à mon tour. Je peux… devenir plus forte ? Oui, plus puissante encore. Je suis capable d’évoluer et de surpasser mes obstacles. Elle sourit, rêveuse. Je peux vivre. Vivre à mon rythme. Je pourrais… avoir un plus grand jardin, avoir des parquets de fleurs à ne plus savoir quoi en faire. Je pourrais… voyager, en apprendre plus sur nos voisins et encore plus loin. Me faire des amis, peut-être, des ennemis, sûrement. Je pourrais contribuer à ma ville, réparer mes torts et assurer un avenir radieux. Je pourrais… Je pourrais aimer. Je pourrais comprendre l’amour et le partager. J’en suis capable, je peux faire tout ça, j’ai… j’ai juste commencé à le faire. Ce n’est que le début. Elle se tourna vers le Dévoreur, plus légère. C’est comme un départ. Comme… une seconde chance. "

C’était exactement ça.

" Tu as encore tant de choses à découvrir. Tout ne relève pas que de tes croyances. Tant que tu restes la principale héroïne de ta Vie, tu y arriveras. Creuse tes pistes, creuse encore plus, jusqu’à combler ce manque qui te hante. "

Senere se releva et le brouillard sembla vouloir l’étreindre progressivement.

" Retrouve-toi, Vertigo, et tu me retrouveras. "


1506 mots ~
Merci pour l'évent ♪



By Jil ♪
Revenir en haut Aller en bas
http://lesterresdesympan.forumactif.com/t34266-latone#672534
Invité
Invité

avatar
Dim 31 Jan 2021, 00:22

[Événement - NaNoWriMo] Que votre Voeu soit Exaucé - Page 2 Kx8u
Que votre vœu soit exaucé



Zorah ouvrit les yeux sur un brouillard clair. Elle pouvait sentir la pureté de l’eau, plus bas, sans expliquer comment. Son corps était léger. Il lévitait, comme habité par un charme, par la volonté d’une magie de loin supérieure à son Ma’Ahid. Ce n’était pas bien compliqué. Elle n’était qu’au début de son existence et elle n’avait pas idée d’à quel point cette affirmation était véridique. Il fallait que je l’informasse de ce léger petit détail. Ses bracelets teintèrent lorsqu’elle tenta de sortir de cet espèce de piège dans lequel elle était tombée. Ça ne devait pas être évident. « Coucou ! Je suis ta créatrice. » Je devais bien commencer quelque part. Au passage, je fais une légère petite note pour la lecture : je parle en vert, parce que le vert c’est beau. Étant donné que je suis une voix sortie essentiellement d'un PNJ ou du néant, j’éviterai à l’avenir de parler en « je », pour me concentrer sur « elle ». « Je sais, ça doit te paraître un peu fou mais c’est la vérité. Tu es dans un rêve et tu ne t’en rappelleras sans doute pas avant bien longtemps. Sinon, ce ne serait pas du jeu. » « Pardon ? Qui me parle ? » Zorah ne voyait rien. Il y avait uniquement ce son qui sortait de nulle part et partout à la fois. Une silhouette se matérialisa, celle d’une personne qu’elle ne connaissait pas. C’était une enfant avec deux couettes brunes. Elle n’avait cependant pas une voix enfantine. « Qui es-tu ? » « Tu n’écoutes rien. Je suis ta créatrice. Je te l’ai déjà dit. » Elle resta sans voix. Qu’aurait-elle pu dire ? Sincèrement, ça n’arrivait pas souvent, de se retourner dans la rue sur une personne qui nous avouait être notre créatrice ; dans la rue ou ailleurs d’ailleurs. « Bref. Je dois t’avouer que je t’ai un peu créée sur un coup de tête. Je marche comme ça, je n’y peux rien. Ma raison peut prendre le dessus parfois mais ce sont avant tout mes émotions qui gouvernent mon comportement. C’est une question de hype, même si ça faisait longtemps que je voulais une Humaine. » « M… » « Chut. C’est moi qui parle. » La brune scella ses lèvres. « Bon, je disais, ça faisait longtemps que je voulais une Humaine. Le problème c’est que j’en ai déjà eu une, avant. Je l’aimais beaucoup. C’était à une autre époque. Et c’est un peu comme tout : une fois que t’as eu un personnage dans un peuple, que tu l’as monté au sommet en développant la race au passage, c’est un peu compliqué de recommencer sur du néant. » Il y eut un court silence. « C’est un peu comme Jun chez les Sorciers. Ça m’a longtemps dégoûtée de la race, parce que j’étais bien en le jouant Roi. Le fait qu’il finisse par perdre son appartenance aux Mages Noirs et son titre, ça m’a vannée. Du coup, je pense qu’il faut que le temps passe avant de pouvoir repartir sur le bon pied, avec un projet viable et, surtout, différent de l’ancien projet. Parce que ça ne sert à rien de refaire exactement la même chose, même si ça reste tentant, étant donné que c’est ce qu’on connait le mieux. » Nouveau silence. « Le fait est que j’ai eu plusieurs Humains depuis ou, du moins, j’ai essayé d’en jouer plusieurs. J’ai même fait revenir Violette, en tant que Yasmine à un moment. Cependant, c’est dur de jouer un personnage avec autant de vécu. C’était trop compliqué de lier le passé avec le présent. Surtout que certains personnages ne sont pas faits pour être faibles et que, personnellement, je trouve que changer de plans souvent, en cherchant la sensation qu’on avait avant sans la retrouver, ça casse le personnage à force. C’est un peu ce qu’il s’est passé avec Edelwyn. » « Je ne… » « Chut. Tu parleras après. » « Bon. » dit-elle, en essayant d’adopter une posture plus confortable, malgré la lévitation. « Je crois que, parfois, quand c’est brisé, il vaut mieux faire son deuil et passer à quelque chose de neuf et cohérent. Quand la ligne du personnage n’est plus logique, c’est dommage de le maintenir dans une sorte de demi-vie, uniquement à cause des souvenirs du passé. Cela étant, je ne dis pas, ça peut être compliqué, étant donné le temps qu’on a passé à en faire quelque chose. Ce n’est pas anodin comme décision. »

« Toujours est-il que j’ai décidé de te créer, un soir, comme ça. Mon projet n’était pas très clair. Je voulais quelque chose de différent de Violette ; quelque chose de différent tout court. Puis on avait parlé du domaine de la prostitution quelques jours avant. C’est un domaine qui m’intéresse parce que c’est loin d’être aussi simple que certains veulent bien le croire. Un peu comme tout finalement. Puis, ne t’inquiètes pas, j’ai demandé à quelqu’un de me donner des informations sur le sujet. Le.a joueu.r.se de Daé s’y connait pas mal. Donc ce sera ton quotidien mais je t’ai fait avec beaucoup d’ambition. » « … » « Je t’assure que tu ne te souviendras pas tout de suite de cette conversation. Heureusement, même si ça reste un rêve. Bref ! Ce que je voulais dire c’est que, généralement, quand mes personnages n’ont pas – dans leur caractère propre – de l’ambition ou des projets ultra importants, ça ne m’amène pas à avancer. Je préfère quand c’est dur (titre) et c’est pour ça que j’ai commencé à jouer le troisième mouvement de la Sonate au Clair de Lune de Beethoven. C’est l’un des plus durs morceaux classiques mais, au moins, je suis sûre de ne pas m’ennuyer dans mon apprentissage. Je n’aime pas quand c’est trop facile ou atteignable facilement. Ça me fait me reposer sur mes lauriers et dormir. Plus c’est dur, plus c’est bon (titre, encore). C’est donc pour cette raison que j’ai de bons espoirs pour ton avenir. J’ai des personnages, je sais qu’ils n’iront jamais très loin. Après ça me va aussi. Je ne peux pas prendre tous mes personnages en personnage principal, sinon je ne devrais plus faire que ça de ma vie et, en vrai, j’ai un emploi du temps ultra chargé ! Entre le travail, ma vie sociale, le piano, le violon, les échecs, la lecture, les séries, le sport, le projet de vidéos pour le forum, mon roman, les… En fait y a vraiment beaucoup de choses. Je pense que les journées devraient être multipliées par deux en termes de temps, mais que pour moi (et quelques autres). Bref, du coup ! Comme je t’ai faite avec de l’ambition, je pense que tu pourrais aller bien plus loin que la plupart de mes autres personnages. Adriæn en a, lui aussi. C’est vraiment cool parce que ça faisait longtemps que mes personnages vivotaient au gré du vent. Donc il ne te manque que des liens solides, avec des joueurs bienveillants et entraînants et ça glissera tout seul (titre ; décidément o/). » « C’est quoi, titre ? » « Tu ne veux pas savoir. » Elle ne voulait pas savoir, on est d’accord, hein ? « Donc, pour toi, j’ai quelques projets. J’aimerais bien que tu deviennes une prostituée connue, avec un grand Ma’Ahid pour mettre tes clients à genoux. Je vais augmenter ton charisme pour qu’ils veuillent de toi, alors même que tu leur voles l’un de leurs biens les plus précieux. Ce sera une petite victoire pour les Humains. Puis tu te rapprocheras sans doute des animaux : serpents – parce que le poison c’est cool, éléphants – parce que ce sont mes animaux préférés, rhinocéros – pas de raison, c’est juste cool. Comme Manci elle a fait un long sujet sur les danses, il faudra que tu les pratiques, avec d’autres disciplines. Tu verras, ce sera bien ! Tu vas sans doute en chier mais moins que certains de mes personnages. Bon, je ne peux pas le promettre parce que, parfois, ça part bien et puis, à un moment, ça vrille complètement. Il faudra sans doute que tu couches avec un personnage d’Alvine parce que c’est la règle. » « Alvine ? » « Oui, tu verras, elle est gentille ! » « … » « Enfin, c’est ton métier donc un peu plus, un peu moins… ça ne changera pas grand-chose à ton existence. Donc voilà ! J’aurais pu te faire plus riche dès le départ, te faire appartenir à une grande famille ou que sais-je. Cela dit, comme tu as très peu de souvenirs de tes parents, on pourra creuser à ce sujet plus tard. En attendant, tu devrais regarder par là-bas. Je crois qu’on t’observe. » Elle tourna la tête et perçut un animal. « Qu’est-ce que c’est ? » questionna-t-elle. « C’est un Ira. Tu verras plus tard. Tu risques de faire des rêves dans lesquels le tien apparaîtra. Ce n’est que le début d’une longue intrigue. Je pense que ça te plaira et je ferai de mon mieux pour que tu puisses participer à tout ! Il y a pleins d’événements qui vont apparaître bientôt chez les Humains, alors prépare toi ! » « Des événements ? » « Oui ! Tu verras aussi ! Sur ce, bisous ! » Je m’envolai. Finalement, j’avais menti, je ne l’avais pas laissée en placer une.

1565 mot

Revenir en haut Aller en bas
Mancinia Leenhardt
~ Humain ~ Niveau IV ~

~ Humain ~ Niveau IV ~
◈ Parchemins usagés : 11413
◈ YinYanisé(e) le : 01/05/2015
◈ Âme(s) Soeur(s) : Neah Katzuta | Ange | Compagnon
◈ Activité : Joaillière [Rang IV] - Médecin [Rang III] - Éleveuse de Vaches [Rang I] - Investisseur [Rang II] - Prêtresse d'Amsès [Rang I]
Mancinia Leenhardt
Dim 31 Jan 2021, 01:00


Illustration - Claudia Gironi
Que votre Voeu soit Exaucé

Érina essayait de courir, ses petits pieds ayant du mal à aplatir la neige et lui donnant l'air de canard en train de se dandiner, elle attirait les regards et les sourires amusés. Ses deux mains soulevaient au mieux un panier en osier, il était rempli de bonnes choses à manger. En vérité, il n'était pas vraiment remplis, de crainte de voir l'Ange se blesser en transportant une partie du repas. Ce soir, c'était Bratchäs ! Fromage, charcuterie, pommes de terre et légumes cuits à volonté ! La Reine de la Forêt viendrait sans doute manger avec eux, elle adorait manger ça, elle aussi ! C'était bon ! Et c'était aussi joli, parce qu'ils mettaient plein de bougie sur la table pour cuire comme ils voulaient sans se blesser ! Vivement ! L'Aile Blanche s'imaginait savourer une pomme de terre chaude, à peine extrait de sa chaleur et parsemé de fromage fondu. Ils allaient la préparer tous ensemble, c'était la tâche de certains cuisiniers parmi eux. Elle-même se défendait, mais ne pouvait pas tout gérer, aussi s'assurait-elle qu'ils ne manquaient de rien pour accomplir le service.

Zé mwa ! dit-elle avec un sourire.

En entrant sous la tente, elle tapotait ses petits pieds sur le bois pour ne pas tout salir. Oh, hisse ! C'était lourd. Elle reposait son panier avec maladresse, déversant quelque peu son contenu sur le sol terreux. Reprenant son souffle et regardant un peu qui était présent, elle ne put s'empêcher de s'interroger.

Où qu'elle est ma zoeur ?

C'était sans doute l'interrogation qui lui revenait le plus souvent en bouche, avant qu'elle ne cligne quelques fois des paupières. Pourquoi parlait-elle d'une soeur ? Elle n'en avait pas. Oh, mais bien sûr ! Ce devait vraiment être une personne très proche, au point qu'elle le considère comme un membre de sa famille. Il n'y avait qu'une personne correspondant à cette description ... Mancinia, évidemment ! Un sourire sur les lèvres, elle se dandinait sur place à son souvenir, puisqu'elle ne se trouvait pas en leur compagnie. Érina l'imaginait assez explorer les alentours avec son n'amoureux. Ah, ça oui, elle l'aimait bien Neah. Ils étaient collés ensemble très souvent. Peut-être qu'ils se bisoutaient ? La Reine de la Forêt disait que c'était normal d'avoir des rougeurs au moindre regard, de se tenir la main en promenade et de mettre ses lèvres sur celles de l'autre quand on avait un n'amoureux. Et l'Ange trouvait ça trop bien ! Ne pouvant s'empêcher de battre ses ailles d'excitation en se souvenant des échanges entre sa soeur et son Ange à elle. Elle aussi, elle était l'Ange de quelqu'un ! De Lumi ! Mais elle n'était pas là, aujourd'hui. Pas grave, elle lui donnerait plein de bisous à son retour, parce que le temps des retrouvailles était précieux, elle serait empressée de l'embrasser ! Pourquoi Lumi n'était pas là, d'ailleurs ? Elle ... Un léger blanc. Érina commençait à avoir faim. C'était au tour de son ventre de se réveiller et lui aussi semblait très agité.

Une moue apparu sur son visage, car elle n'aimait pas cette sensation désagréable. Son sourire réapparut de plus belle en voyant sa soeur de dos. Elle ne savait pas trop pourquoi elle aimait Mancinia. Elle était plus vieille qu'elle et souvent trop « adulte » à son goût. Mais bon, elle était gentille quand même ... et elle aimait l'embêter ! Mais elle discutait avec d'autres enfants et on ne lui avait jamais appris à être malpolie. Tant mieux.

J'ai faiiiiim !

L'Ange sautillait vers la première table venue, y prenant place, prête à avaler un repas monstrueux, faisant à peine attention aux autres enfants déjà présents. Elle ne faisait que sourire bêtement, heureuse. Pourquoi en serait-il autrement, après tout ?

Je voudrais de l'eau sucrée avec des crêpes, des gâteaux, des cookies et des brownies !

Aux côtés de l'Aile Blanche, Candice avait tapé son poing sur la table, dans un bruit sourd, mais très peu violent. Quand elle eut terminé d'énumérer ses envies de menu royal, la Sorcière cherchait un nouveau sujet à aborder. Elle n'avait pas grand-chose à dire dans l'immédiat, mais elle refusait de perdre l'intérêt de l'auditoire. Peut-être que ...

Hier soir, il y avait un vilain dans ma chambre ! J'ai même pas eu peur !

Ce n'était pas vrai. Elle avait tendance à ne pas vraiment aimer le noir et ne se couchait jamais sans quelques appréhensions. Elle avait des rituels nocturnes, comme s'assurer d'être dans des draps bien coincés dans le sommier et ne pas laisser le moindre membre dépassé de son lit. S'il advenait qu'un de ceux-ci dépasse au réveil, c'était parce qu'on avait tenté de l'enlever, qu'elle s'était débattue comme une lionne et que le kidnappeur avait eu le frousse de sa vie ! Elle était puissante et brave, évidemment.

Han, c'est pas vrai ! s'exclama un des jeunes garçons. Y'a jamais de méchants ici !
Ils sont punis et les menteuses aussi ! approuvait une autre.
C'est toi, le menteur ! répliqua Candice, vexée.
Ne vous disputez paaas !

Érina agitait ses petits bras, soucieuse de ce qu'il se passait. Elle n'aimait pas que les gens se disputassent. Reine s'était retournée dans sa direction avec un sourire, alors que la petite Ange essayait d'apaiser les tensions. Ses interrogations étaient tournées sur l'absence étrange des meilleures aux cuisines. Jeanne et Kyra étaient vraiment les meilleures de l'équipe. Tenant Momo dans ses bras, cette dernière était comme endormie, ses blessures ayant été gommées. Son esprit serait préservé de sa mésaventure. Elle voulait vraiment que cet endroit soit paisible, certains ayant vraiment besoin d'une nuit d'évasion, mais malheureusement, le Mal était délicat à déraciné. Trop ancré, trop puissant. Elle observait Candice, qui avait énumérée ses envies, certaine d'avance qu'elle ne saurait manger tous les plats, mais dont l'aura s'était rapidement noircie devant la remise en question de ses paroles. Reine s'était mise en mouvement, dès que sa petite protégée eusse ouvert les yeux, pour la mettre assise sur son siège en bâillant. Érina écarquillait les yeux, sa bouche devant un rond, prenant conscience que ce n'était pas Mancinia.

Tu zezambles trop à ma zoeur ! admit-elle brutalement, bégayant devant l'aura de l'unique adulte. J'ai zonzondu ! Elle doit être avec son n'amoureux !
Ta soeur, ta soeur, ta soeur ! se moqua Candice en croisant les bras. Elle a plus qu'elle parce qu'Érina est pas aimée de sa maman !
Z'ai pas vrai !
Si c'est vrai !
Non, non, non !
Candice, souffla Reine, en signe d'avertissement.

L'Ange avait mis ses mains sur ses oreilles et les larmes s'étaient mises à couler. Des réminiscences, vilaines, revenaient dans son esprit, mais bloquées presque instantanément devant la Magie de l'endroit. Reine s'était interposée, mais à l'inverse de Shadow, qui avait été corrompu par sa partie sombre et l'influence néfaste de sa « Maîtresse », celle-ci ne souffla mot, se contentant de croiser les bras, baissant les yeux, mais demeurant buté sur ses actions. Puis, la petite tornade de boucles blondes vint se coller dans ses jambes. Elle sentait poindre les ennuis, entre ceux qui devenait doucement hystériques, les moqueurs, ceux qui embêtaient, ce repas risquait de se passer étrangement si elle laissait la situation dans cet état. La Reine de la Forêt leva son index devant eux, comme une menace, envers la petite assemblée.

Si vous devenez méchant, vous ne serez plus mes amis.
Oh nooooon !

L'Ange serrait les vêtements de la Reine de la Forêt, celle qui avait les traits de sa soeur, si courageuse et imprévisible. C'était parce qu'elle était tout ça qu'elle l'aimait et l'enviait un peu, mais il suffisait d'un rien pour devenir comme elle, après tout. Essayant de clamer ses hoquets de tristesse, Érina se retournait vers la vilaine qui se moquait de ce qu'elle avait endurée, ainsi que de l'absence de sa mère dans sa vie, les joues rougies et des larmes coincées à la naissance des yeux.

Z'ai pas peur, mwa ! Parce que ma zoeur, elle a dit que les corbeaux protégeaient des mauvais zesprits ! Elle a un corbeau qui me protège et pas toi ! Le malheur s'abat sur les méchants !

Reine observait Érina du coin de l'oeil, posant une main sur ses cheveux, contemplant sa mine rebelle et boudeuse. Ses paroles sonnaient comme une prophétie, mais sans doute savait-elle inconsciemment la vérité ... Candice était membre de son sang. Elle était la cadette de son Père, celui qui avait voulu briser sa mère, ainsi que celle de Mancinia, mais qui n'avait pas réussi. Cet homme dont le nom était détenu précieusement de l'Humaine, transmis par être des Rêves dont l'Aether n'oublierait pas le nom. Par ailleurs, sans doute était-elle désormais prête à se retrouver devant la vérité, celle, cruelle, où sa mère l'avait bel et bien abandonnée dans les mains d'un monstre et que, jamais, celle-ci ne l'aimerait. A contrario, l'Ange serait aimée de son aînée ... Et de l'enfant qui ne tarderait pas à apparaître dans son existence.

1605 mots


[Événement - NaNoWriMo] Que votre Voeu soit Exaucé - Page 2 Chriss10
Art by Chrissabug

[Événement - NaNoWriMo] Que votre Voeu soit Exaucé - Page 2 Licorn10

Meuh:
Revenir en haut Aller en bas
http://lesterresdesympan.forumactif.com/t38147-mancinia-leenhard
Invité
Invité

avatar
Dim 31 Jan 2021, 23:27


Illustration - Florian De Gesincourt
Que votre Voeu soit Exaucé


Aveuglé par le gris des nuages, tu bats des paupières. Le contact de la pierre sur ta joue te surprend. Allongé sur le sol, tu te relèves en douceur. Par habitude, tu procèdes à quelques étirements. Bien que tu te prémunisses des affres de l’alcool, les lendemains instillent toujours une raideur dans tes membres. Pourtant, aucune tension n’affermit tes fibres musculaires. Un peu étonné, tu fais quelques pas. Une brise légère joue avec tes cheveux. Ton regard se porte sur les ruines alentour. Ça et là, les édifices, rongés par le temps, se désagrègent en blocs inégaux. Par endroits, des pousses téméraires en verdissent la surface. Le paysage ne te dit rien. S’agirait-il d’un quartier oublié de Mynayiænis ? Les pavés de la cité te sont parfois étrangers ; il suffit de t’éloigner des rues joyeuses de Theialle et du chemin qui mène à la maison familiale pour te perdre. Alors qu’une illumination te traverse, tes sourcils se froncent gravement. La Bulle ne ressemble pas au ciel. Dérangé de deviner le lieu terrestre, tu avances à la recherche de l’eau. Son absence marque ton allure. D’une maladresse enfantine, tes gestes ressemblent à ceux d’un pantin dépossédé des phalanges qui l’articulent. Loin de ton élément naturel, la sensation _ imaginaire _ que des craquelures s’apprêtent à déchirer ta peau te donne des démangeaisons. Distraitement, tu grattes ton avant-bras, comme si l’air de la surface y agglutinait des parasites. À chaque pas, les interrogations se bousculent dans ta tête. Que fais-tu là, et où se trouve ce là ?

À la sortie de ce qui te semble être une ville déchue, une impression inédite te saisit. Sans réfléchir, tu scrutes le sous-bois qui te fait face. Craignant que des bêtes ne se tapissent dans les fourrés, tu portes la main à ta ceinture. Le vide te rappelle que ton éventail se trouve sur la table de chevet de Madame Stæl. Que ferais-tu, de toute manière ? Résolu à subir ton sort, tu t’immobilises, et tu fermes les yeux pour ne pas voir l’horreur avancer. Le souffle suspendu, tu attends. Toutefois, rien ne se passe. Une minute s’écoule, puis deux. Peut-être dix. Lentement, tu ouvres les paupières. Entre les troncs centenaires, une tige se dresse. Imperturbable. L’anxiété fait pulser le sang à tes tempes. D’abord timide, ton regard s’élève le long de cette ligne striée de poils. Enfin, tu aperçois la silhouette d’une chose splendide. Apaisante étrangeté des courbes. L’oxygène se rappelant à tes poumons, tu inspires brusquement. « Bonjour. » Des antennes s’étalent autour d’une face en trapèze. Au milieu de ce visage des abysses, l’opacité d’une prunelle te dévisage. Posée là comme un bijou de chair, elle est la source de ton intuition. « Bonjour. » D’une tranquillité de lune, la voix invite aux confidences. La curiosité, cependant, éclot dans ta bouche. « Est-ce que vous savez où nous sommes ? » L’inquiétude se retire de ton esprit. Que pourrait-il t’arriver, auprès de cet animal bienveillant ? « Oui. » Les battements de ton cœur ralentissent à leur tour. Un instant, le silence demeure.

Sans te presser, tu t’approches de ton interlocutrice. Tes phalanges se perdent dans sa fourrure ; elle ne semble pas s’en offusquer. « Je n’ai jamais vu une créature telle que vous. Seriez-vous une Oryanis ? » Tes méninges ne te permettent pas de réaliser l’idiotie que tu profères. Pourraient-ils seulement survivre, si loin des profondeurs ? « Non. Je suis autre chose. Tu n’as rien à craindre. » Confiant en sa bonté, tu ne remets pas ses paroles en doute. Peu à peu, des images s’imposent à tes rétines, avec une persistance de souvenir. Tes oreilles retiennent une mélodie. « C’est étrange. Je me souviens d’avoir dansé une bonne partie de la nuit, chez Madame Stæl, de l’avoir satisfaite, et de m’être endormi sur les coussins. C’était une soirée mémorable. » Les rires, le cristal, les baisers. La fièvre d’un corps que la musique possède. La chaleur des draps. Le tranchant des caresses. L'oubli. « Elle regarde rarement à la dépense, vous savez. Souvent, elle achète les costumes que nous portons, et elle choisit même les musiciens qui nous accompagnent. La dernière fois, elle a engagé presque tous les danseurs, si bien que le cabaret a dû exceptionnellement fermer ses portes. » Penser à tout ceci hausse ton timbre d’enthousiasme. Puisqu’elles remplissent les bourses de Phœbus, les parties privées de Magnolia te ravissent. Elle n’est pas une mauvaise amante, et la récurrence de ses invitations éveille en toi une fierté indécente. Son attachement aux performances de l’Orchidée ne se dévoile que dans l’intimité de sa chambre.

Absorbé par les visions de la veille, tu en oublies la présence de la créature. Celle-ci, pourtant, ne se détourne pas de toi. « N’aimes-tu que la danse ? » Nul besoin de réflexion. « Non. J’aime aussi apprendre. Je m’en sors bien avec les langues : j’arrive même à parler le langage commun. Seulement, ce n’est pas quelque chose dont je puisse être fier. C’est une offense, pour les miens. » Le mépris se glisse entre tes pensées. Tes sœurs haïssent les Gælyan, et l’indélicatesse de leur dialecte. N’ont-elles pas raison ? Toutefois, tu estimes que tout savoir mérite reconnaissance, et, succès majeur de ton parcours scolaire, tes copies sont dépourvues de rouge. « Ces derniers temps, l’école m’angoisse. Mes notes sont désastreuses, et j’ai peur de ne pas avoir mon diplôme. Certains de mes professeurs sont conciliants, mais je ne suis pas un bon élève. Souvent, je m’endors à mon bureau. » Passer les nuits à satisfaire les sens des autres a un prix. Au coucher du soleil, tu préfères la tendresse des inconnus aux bras du sommeil. Les conséquences, hélas, sont inévitables. Un frisson te parcoure l’échine. « Si Phoebus l’apprenait… Je crois bien qu’il me renverrait. » Ne lui as-tu pas fait le serment, quelques mois plus tôt, de ne pas délaisser les cours pour les plaisirs de la chair ? Que dirait-il, s’il découvrait tes cachotteries, et les remontrances de tes enseignants ? Ton poing se crispe.  À l’avenir, il te faudra te montrer plus sérieux. Jamais tu ne dois le décevoir.

Balayé par ton imaginaire d’adolescent, le ciel s’efface. Les nuages bas et lourds cèdent la place à l’azur. Le regard de l’Ondin envahit ton champ de vision. La fermeté de ses pas, la fluidité de ses gestes, la douceur de ses mots. « Je voudrais jouer à nouveau avec lui. Sentir ses doigts sur les miens pour guider mes mouvements, et son souffle s’accélérer. C’est quelque chose, vous savez. » Perdu dans tes souvenirs, tu retiens ta respiration. Que ne donnerais-tu pas pour te trouver à ses côtés, et recueillir les confidences qu’il ne murmure à personne ? Le carmin empourpre tes joues. « J’aimerais qu’il accepte de danser pour moi, un jour. C’est idiot, n’est-ce pas ? » Un rictus t’échappe. Comment peux-tu croire qu’il s’incline un jour devant ta volonté, lui qui a déjà la bonté de poser les yeux sur toi ? Ce n’est qu’un rêve. Néanmoins, tu le poursuis, avec toute la vigueur de ta jeunesse. La moquerie ne survient pas. « Non. Je comprends. » Les traits se dissipent, rendant à l’horizon son morne rideau. Une idée s’agrippe soudain à tes neurones. « Est-ce que vous voudriez bien me montrer la vue que vous avez, de là-haut ? » Une soif familière vient de se lever. Découvrir, coûte que coûte, ce que la vie peut offrir, et s’imprégner des tableaux qu'humblement, elle te présente. « Si tu veux. Grimpe. » Les prises sont nombreuses. Maladroitement, tu entames ton ascension, t’accrochant aux poils de la créature. Cette dernière ne semble pas en souffrir.

Alors que quelques mètres te séparent du sol, tu manques faire une chute. Maternellement, ton interlocutrice arque l’une de ses pattes, et, avec la patience que donne l’âge, elle te place sur son dos. « Tu le connais depuis longtemps ? » À une telle hauteur, la caresse de l’air n’est plus si agréable. Pour te réchauffer, tu frottes tes mains le long de tes bras. Ta chair rougit. « Oui. Je l’ai rencontré par hasard, quand j’avais douze ans. Je m’étais enfui de la maison. Ma tante est une femme violente. » Ton regard se voile. Ton corps ne porte pas les traces de ses coups. Avec le temps, il suffit de cligner des yeux pour qu’elles s’évanouissent. La mémoire, elle, ne s’y trompe pas. Silencieusement, la bête prend son envol. « Je ne voulais pas rentrer, mais je commençais à avoir faim. Il m’a donné son déjeuner, et nous avons discuté quelques heures. » Ne devrais-tu pas remercier la blonde de t’avoir battu, ce jour-là ? Que serais-tu devenu, sans la chaleur de son sourire ? Aurais-tu eu la force de survivre ? Entre les syllabes, tes dents claquent. Tu ne te rends pas compte du linceul qui, déjà, t’enserre. « Je ne l’ai pas revu tout de suite. Un soir, en rentrant de l’école, j’ai fait tomber mon violon. Il l’a amené chez un luthier pour le faire réparer, et il m’a prêté l’un des siens pour qu'on ne s’aperçoive de rien. Pour le remercier, je lui ai proposé mes services. » Respirer devenant difficile, tu observes le paysage. Une ligne de givre tombe sur le monde, saluée par des perles de soleil. En contrebas, des points de couleur se disputent l’attention du spectateur. « C’est magnifique. » Ta tête est lourde. Le froid abaisse tes paupières. Ce n’est qu’un rêve.

1 557 mots

Revenir en haut Aller en bas
Mancinia Leenhardt
~ Humain ~ Niveau IV ~

~ Humain ~ Niveau IV ~
◈ Parchemins usagés : 11413
◈ YinYanisé(e) le : 01/05/2015
◈ Âme(s) Soeur(s) : Neah Katzuta | Ange | Compagnon
◈ Activité : Joaillière [Rang IV] - Médecin [Rang III] - Éleveuse de Vaches [Rang I] - Investisseur [Rang II] - Prêtresse d'Amsès [Rang I]
Mancinia Leenhardt
Dim 31 Jan 2021, 23:47


Illustration - Nikittysan
Que votre Voeu soit Exaucé


C'était vraiment une sensation exécrable de se sentir compressé dans son armure, d'autant plus après une chute vertigineuse qui l'avait conduit à s'écraser en contrebas, dégringolant sur une centaine de mètres contre la paroi de la montagne. Par les Aetheri. Heureusement qu'il portait un casque, où il ne serait plus rien resté de sa boîte crânienne. Son corps était lourd et la sueur de ses efforts parcourait son visage, son souffle était erratique et il essayait, péniblement, de se concentrer sur sa respiration pour reprendre le dessus. Ce n'était pas assez. Se laissant sur le côté, Neah crachait le sang lui encombrant les voies respiratoires. Ses paumes semblaient s'enfoncer dans le sol terreux sous la lourdeur du métal, ses muscles tendus et épuisés semblaient lui crier d'arrêter de se battre. Ce n'était pas possible. Il devait y retourner. Il devait ... Une seconde. Où devait-il se rendre ? En un instant, toutes les douleurs de son corps se désagrégèrent, son armure de métal couverte d'eau, de suie et de sang n'était plus, remplacée par des vêtements blancs au bordures dorées, s'alliant tout en douceur avec ses ailes visibles. Qu'est-ce qui venait de se passé ? Il revoyait nettement la scène où la créature aux crocs démesurés lui avait sauter dessus, essayant de le broyer entre ses pattes mesurant le double de sa taille. Il s'était retourné vers cette femme en lui ordonnant de ne pas venir l'aider et de ramener tout le monde chez eux, à la maison. Elle avait refusée, le visage rageur, de le laisser en plan. Elle avait esquissé un pas dans sa direction, prête à sortir du cercle de téléportation, mais sa magie l'avait clouée. Ils avaient disparus dans un éclair et lui, il avait sombré.

Encore un peu et Neah aurait presque cru à un souvenir, devant les larmes qui lui coulaient sur le visage, sans qu'il n'en comprenne la réelle origine. Son avant-bras vint à la rencontre de ses yeux pour balayer les traces humides. Une nouvelle salve surgit pour remplacer l'autre, alors, l'Ange s'aidait de ses membres pour se redresser. Cet endroit ... Il se souvenait d'être venu ici, en quelques occasions, lorsqu'ils étaient sur Boraür. C'est en ces lieux que l'Ange avait rencontré Reine. Malgré la brume qui avait paralysée sa vision, l'ambiance environnante ne pouvait le tromper. A ceci près que son corps ne se trouvait plus sur le Lac, mais à côté d'une Cité en ruines et que l'Indésirable n'était pas présente. Pas encore. Pourquoi s'amusait-elle à son détriment ? Parce qu'il avait choisi la voie carrée d'être un époux et un père, tout en demeurant Capitaine ? Peut-être sentait-elle ses ambitions pourrir à ses pieds, mais cela ne voulait pas dire que d'autres n'étaient pas nées. Il relevait son visage vers le ciel, la montagne empêchait ... les rayons ... la montagne ? L'Ange écarquillait les yeux. Maintenant qu'il en avait conscience, cette présence au-dessus de lui était écrasante. Qu'est-ce que c'était que cette chose démesurée, dont les griffes acérées lui permettaient de s'attaquer aux éclats de rocailles ? Son souffle s'était bloqué dans sa cage thoracique, avant que son esprit ne reprenne le dessus en constatant qu'ils se dévisageaient l'un et l'autre. Si cette créature voulait le manger, elle l'aurait pulvérisé.

Relâchant la pression, son cerveau se remis en marche. L'Ange était bien conscient que l'endroit ne cesserait de le surprendre. Cette interprétation massive lui remémorait vaguement les Thekēra de l'Île d'Orhmior. Il avait lu les rapports, entendu les rumeurs ... Peut-être était son imagination qui donnait naissance à cette manifestation. Et lui, il ...

Elle.

Cette Voix avait résonnée dans son esprit.

Je suis Elle.
Tu lis dans mes pensées ?

Il en compris immédiatement l'origine. Ses oreilles s'étaient abaissées, puis redressées, comme si son interlocutrice était étonnée de le voir discuter normalement malgré cette évidence. Ça l'amusait. Neah en déduisait cette véracité, mais cela ne l'empêchait pas de discuter à haute voix, comme pour détruire le silence pesant de ce lieu.

Tu es ... seule ici ?
Non.
Je vois.

L'Ange imaginait aisément qu'ils ne resteraient plus en tête à tête très longtemps.

Reine est absente. Il n'y a que mes amis.

Tant mieux.

Je ne me suis pas présenté, Neah.
Vaès.

Leur conversation avait débuté de cette manière, naturelle et relevant de l'irréalisme. Son arrivée l'était tout autant, dans le monde de ce Thekēra aux dimensions gargantuesques. Peu à peu, les images de son songe particulièrement sombre laissèrent place aux vents de la légèreté. L'Ange s'était installé, assis sur un de fragment usé par le temps, pour converser avec elle. Il ressentait son intelligence et son grand vécu, sa race ne portait pas le même nom qu'il lui connaissait, mais d'un lieu à l'autre, les choses s'altéraient. Vaès avait aussi vécu son lot de souffrances, cela se ressentait dans ses remarques lorsqu'elle l'avait interrogée sur la situation des siens. Visiblement, c'était un combattant acharné dans la sauvegarde d'autrui et cela l'avait intriguée. Neah parlait. Énormément. Il ne se souvenait pas de discuter autant avec une autre personne que Mancinia. Ils oblitéraient certaines choses, douloureuses et récentes, que le Capitaine n'avait pas totalement réussi à gommer. S'il avait conscience que la vie se poursuivait, des paroles ou des visions le hanteraient encore longtemps. Elle comprenait et c'était sa recherche de quiétude qui l'avait conduite ici, en Eyjasandr - ce qui permettait de mettre un nom à cet étrange endroit. Pourtant, en ces lieux, elle s'ennuyait quelque peu.

Dis-moi, Vaès ... Tu sais danser ?

La Thekēra clignait des yeux, avant de tourner la tête vers son corps. Elle n'avait pas de jambes. Que de longues pattes et de vastes ailes. Neah eut un léger sourire.

Penses-tu que les Anges dansent uniquement sur leurs pieds ?

Elle inclinait la tête sur le côté et l'Insaisissable déployait ses longues ailes blanches aux bouts clairsemés d'or. Vaès les observait, curieuses. Ses appendices n'étaient pas comme les autres.

Tu les trouves belles ?

Il les observait du coin de l'oeil, partagé entre la fierté et l'amertume.

Je les aient longtemps détestées. Elles me rappelaient mes camarades morts au combat et ...

Neah ! Pars ! Maintenant ! Et ne pas se retourner. Toujours ... Toujours avancer.

Pourquoi moi ... et pas eux, hein ?

Son regard était mélancolique, le détournant pour ne pas qu'elle le voit, perdu dans les amas en ruines de la Cité derrière eux.

Cet endroit aussi semble avoir connu un mauvais moment, pas vrai ?

Vaès ne pouvait que le lui confirmer. Un Avant-Poste devant un Mal accablant, écrasant et dévoreur de toutes choses. Il avait tenu bon, avant de sombrer. De précieuses minutes pour engager une contre attaque presque immédiate.

Tu penses que c'est ce que nous avons permis quand nous avons perdus notre Patrie ? Une ... contre attaque des Sorciers ?

C'était assez délicat à exprimer. Lorsque la Terre Blanche était tombée, le Mal semblait l'emporter sur le Bien. Ils avaient été abandonnés par leurs alliés et, si l'équilibre précaire était maintenu par les Magiciens et même s'il leur devait la vie des rares survivants épargnés, Neah ne pouvait oublier les rumeurs d'une liaison entre le Monarque Démoniaque et l'Impératrice Blanche. Ça lui restait dans un coin de l'esprit, parce qu'il ne parvenait pas à omettre la Nuit Pourpre, parce qu'elle était restée inactive et toutes ces petites choses accumulées. Il savait ce qu'il lui devait, y compris ce qu'il ne lui devait pas. Pendant quinze ans, le Bien s'était retrouvé dos au mur. Les Sirènes n'avaient pas été punies malgré les exactions de leur saleté de Souveraine. Les Sorciers n'avaient rien endurés des abrutissement de la Guerre des Dieux, pire, le Chaos s'était renforcé. Les Alfars n'avaient eu aucune contraintes après avoir attaqués les autres races et ils se baladaient encore la tête haute. Vraiment, les Maléfiques s'en sortaient toujours à bon compte. La passivité des Magiciens l'exaspérait, autant que celles des Humains ennuyait Mancinia. Il avait serrer les dents lorsqu'Elias Salvatore leur avait proposé ce plan de Reconquête. Maintenant que Neah en voyait les résultats ... Il se demandait s'ils n'allaient pas connaître une période nouvelle. La Purge des Démons avait aussi réduit à néant leur ancienne hégémonie et les Lunes dans les cieux embrumés de cendres, au milieu de ce combat. Ça ne le rassurait pas.

Tout ira bien.

La Canine Blanche s'était retourné à son endroit. Curieusement, il la croyait.

Revenons à la question initiale, petite Vaès ... Sais-tu danser ?
Peut-être.
Peut-être ? demande-t-il en arquant un sourcil, amusé.
Je suis fatiguée.
Longue journée ?
Longue existence.

Neah fermait les yeux brièvement, une brise légère soulevant ses mèches, s'engouffrant dans les plumes de Vaès, avant qu'ils ne les réouvrent.

Je comprends. Il y a des personnes à qui tu aimerais dire au revoir ?
Et toi ?
Certainement.
Qui ?
Mancinia. Elle est mon égale, mais aussi celle qui partage ma vie. Et mes enfants, naturellement.
Je n'ai pas de compagnon, ni d'enfants.
Il y a un lieu chez nous où ils y a plein de petits de ton espèce.
C'est amusant, il m'a dit la même chose.

Neah penchait sa tête sur le côté. Qui ?

Mancinia ... Tu l'aimes ?
Non.

Il avait répondu immédiatement.

Ce n'est pas seulement un sentiment amoureux, c'est ... quelque chose de plus puissant.
C'est parce que votre Union est le plus rare qui soit. Pur, inconditionnelle et sanctifiée aux yeux de Ceux qui Observent. Quelqu'un qui tenterait de vous séparer ... n'aurait qu'une victoire temporaire.

Elle battit légèrement des ailes, soufflant les environs.

Je connais ce genre de transcendance.
Papa !

Neah bondit de son socle, devenant droit et en cherchant la provenance de ce cri à sa droite.

Idril !

Il n'eut pas à chercher bien loin. Sa fille était assise sur le sol, rieuse, tandis qu'une chose noire lui tournait autour, ce qui enclenchait ses rires quand elle essayait de l'attraper. Le sang du père était brusquement glacé. Jusqu'à ce que la créature s'arrête. Neah observait le loup, le loup observait Neah en penchant sa tête sur le côté, langue pendante, avant que l'Enfant des Cieux ne l'attrape au cou et que celui-ci ne réagisse nullement, profitant des caresses maladroites. L'Ange paru un instant déconcentré lorsqu'il se dégageait pour venir se perdre dans ses jambes. Il était un bébé, lui aussi.

C'est ...
Un Ira.
Il est ... étrange, nota-t-il. C'est parce que ma fille est une Élue d'Hel'dra ?

Vaès soufflait, mécontente de la remarque.

Ta fille est une Sēnaṭīnēla.

Une quoi ?

Izanami veut que les Humains redeviennent puissants.

Izanami ? C'était quoi ça ?

Et les Anges les ayant aidés ... Elle va déposer quelques aides sur le chemin.
Pourquoi ? était la seule question qu'il parvint à formuler.
Elle est insupportée de voir vos Dieux vous abandonner.

Il ne savait pas quoi dire. Comment ne pas le ressentir ainsi ?

Dis, Neah ... C'est bien Orhmior ?

Cette question le laissait perplexe après de telles révélations.

Je n'y suis jamais allé.
Moi, j'aimerais.

L'Ange ne savait plus exactement ce qu'il avait répondu, ni combien de temps ce moment silencieux en compagnie de Vaès avait duré. Ce qu'il savait, c'était qu'Idril dans ses bras semblait très heureuse de s'amuser avec son Ira. Puis, il l'avait prise et il avait danser avec elle devant la Thekēra, qui vocalisait une mélodie rien que pour eux.

1900 mots


[Événement - NaNoWriMo] Que votre Voeu soit Exaucé - Page 2 Chriss10
Art by Chrissabug

[Événement - NaNoWriMo] Que votre Voeu soit Exaucé - Page 2 Licorn10

Meuh:
Revenir en haut Aller en bas
http://lesterresdesympan.forumactif.com/t38147-mancinia-leenhard
Mancinia Leenhardt
~ Humain ~ Niveau IV ~

~ Humain ~ Niveau IV ~
◈ Parchemins usagés : 11413
◈ YinYanisé(e) le : 01/05/2015
◈ Âme(s) Soeur(s) : Neah Katzuta | Ange | Compagnon
◈ Activité : Joaillière [Rang IV] - Médecin [Rang III] - Éleveuse de Vaches [Rang I] - Investisseur [Rang II] - Prêtresse d'Amsès [Rang I]
Mancinia Leenhardt
Dim 31 Jan 2021, 23:57


Illustration - Sylvain Sarrailh
Que votre Voeu soit Exaucé

Mancinia, tu m'entends ?

L'Humaine ouvrit les yeux, elle semblait revenir de loin. En vérité, elle venait à peine de s'endormir sur les Terres du Yin et du Yang que son esprit avait été accaparé dans les méandres de l'Eyjasandr, à la demande de celle qui se dessinait devant ses yeux. Elle battait des cils, avant de prendre conscience d'où elle se trouvait. Au-dessus de ce Lac, à nouveau, avec les bâtiments meurtris, immobile, devant un être assis sur une chaise, derrière un bureau posé au-dessus de l'eau.

Reine ?
Presque, mais non. C'est une apparence d'emprunt.
Et donc ?
Loredana.
Oh.

Ce n'était pas une exclamation. Elle ne savait seulement pas quoi répondre, ni réellement ce qui la conduisait ici. Elles étaient visiblement nombreuse à saisir ses traits et à l'entraîner dans des songes de plus en plus étranges. D'un mouvement de la tête, Loredana semblait exercer une pression sur ses membres immobiles, lui permettant de se mouvoir, ce qui lui permis de mettre ses cheveux derrière ses oreilles et de ... marcher sur l'eau, créant des ondes à chacun de ses pas pour venir auprès de cette personne, qui semblait vouloir discuter avec elle. Assise, elle tournait la tête vers la droite, en se sentant observer. Elle croisait deux yeux blancs à l'aspect vaporeux. Le Loup agitait ses oreilles en l'observant, ainsi que sa petite langue rosâtre qui pendouillait. Étrangement, elle ne ressentait aucune crainte à son encontre, même s'il tournait autour d'elles.

Bon. Je suis là pour une raison, je présume ?
Oui. Je suis ... Disons ... Une aide supérieure à l'accomplissement de tes ambitions.
D'accord ? Je dois ... Vous parlez de mes ambitions pour que vous m'aidiez à les accomplir ?
Non, non, dit-elle en tapotant le bureau de ses doigts. Je les connais. Je vais t'aider. J'étais seulement venu discuter un petit peu, vu que j'en ai l'opportunité.
C'est aimable de votre part.

Il y eu un silence entre elles. Comme lui dirait probablement Léto, c'était ... embarrassant.

Bien. Je pense que nous pouvons discuter un peu des récents événements dans ta vie, parce que si tu as des questions ou des remontrances, c'est moi qui suit le plus indiquée pour les recevoir.
Comme par exemple ?

Bien que la question soit posée en tout innocence, elle pouvait presque entendre le « Merde » dans l'esprit de son interlocutrice. Loredana relâchait un long soupir, avant de reprendre une longue inspiration.

Eh bien ... Si tu t'es disputé avec Isley et Laëth ... C'est ma faute.
Quoi ?
Désolée.

Haussant les épaules négligemment, elle était aussi visiblement embarrassée. Mancinia avait la bouche ouverte, interloquée. Seulement un moment. Un sourire apparut sur ses lèvres, enchantée.

Oh, mais c'est encore mieux !
Je crois que les tentatives de réconciliations seront ...
Ça veut dire que je ne dois plus m'en vouloir et laissez ça derrière moi !

C'était au tour de la Conceptrice d'être bouchée bée quelques instants. Vu sous cet angle.

... C'est une idée.
L'avenir me tend les bras.
Et mes amis viennent de l'Au-Delà.

Mancinia eu un mouvement de la tête sur le côté, cherchant une raison à ses paroles.

Rien. Je ne sais pas pourquoi je dis ça ...

Mancinia se remis convenablement sur sa chaise, un poids enlevée de son estomac.

Je me disais bien que c'était étrange toute cette histoire. Je ne comprends pas vraiment certaines de mes actions, mais en vérité, c'est vous !
On est reloues, oui.
Mais c'est de votre faute, déclara-t-elle en croisant les jambes. J'ai perdu probablement le meilleur Parrain pour mes enfants. J'ai même dû changer le nom de mon fils.

Loredana semblait très crispée, les dents serrées. Cette situation ne lui plaisait pas non plus.

Je sais, Mancinia. Je sais. J'ai vraiment eu mal au coeur lorsqu'on est venu me le demander. Vraiment. J'étais blessée et en colère, mais ... C'était de ma faute. Je ne peux pas en vouloir à la personne qui s'en occupe de recadrer.
Pourquoi ? Isley a quelqu'un qui l'aide derrière, lui aussi ?
Oui, évidemment.
Vous ne pouvez pas lui dire de mieux l'aider ?
C'est ce qu'elle fait.
Non, je suis désolée, non. Si elle tenait à l'aider, elle ne l'emprisonnerait pas dans des souvenirs si douloureux. Elle essayerait de le rendre heureux.
Eh bien ...
Ce qu'il se passe entre Neah et moi, c'est vous aussi, n'est-ce pas ?

Loredana hochait la tête.

C'est douloureux, mais il y a un immense bonheur derrière. Je ne suis peut-être plus dans son existence, mais il est important pour lui d'avoir la vie qu'il mérite. Je ne sais pas pourquoi je pense ça. Peut-être à cause du Bal d'Encens ? Peut-être parce que j'ai été réellement heureuse qu'il soit en vie après la guerre ... Mais c'est une personne douce et travailleuse. Il mérite sincèrement de retrouver la Paix.

Comment devait-elle lui dire que c'était clairement mal barré sans qu'elle ne s'éveille de ce songe et ne déboule à Orhmior pour ... Pour quoi, d'ailleurs ? Elle se pointerait pour dire avoir eu un rêve prémonitoire. Isley la prendrait pour plus dérangée qu'elle ne l'était. Surtout qu'il y avait une chose qu'elle ignorait entre elle et lui. Ce détail pourrait soit les rapprocher, par chance, soit ... Soit rien.

Si tu veux qu'Isley soit aidé. Essaie de faire quelque chose pour lui.
Il m'a rayé de sa vie. Je respecte son choix. Si nous devons nous recroiser pour une quelconque raison ... Sûrement professionnelle. Nous le resterons.

Elle ne semblait pas vraiment vouloir reprendre contact, mais elle en crevait d'envie sous ses airs résolus. Loredana était la mieux placée pour le savoir. Elle se promettait de la balancer sur sa route. Et advienne que pourra.

Dans un cadre plus joyeux ... tu auras Astriid comme marraine de Sif.
Vous n'allez pas la rendre malheureuse, j'espère ?
Non, pas Astriid. Impossible.
Bien. Parce que je vous jure que je vous tue.

Elles échangèrent un sourire.

Je présume que Laëth Belegad va me mépriser toute mon existence ?
Sache que son aîné aussi.
D'accord, c'est compréhensible. Et Kaahl Paiberym ?
Heu ... Mitigé ?

Visiblement, elle avait encore une chance. Loredana ne pouvait pas lui dire qu'il était Elias Salvatore, ou lui parler de ses projets. Kaahl l'aurait probablement assassiné suite à cette lecture. On ne détruisait pas six ans de travail par caprice. Icarré allait sûrement survenir dans sa messagerie également. Elle n'avait qu'a pas lui écrire au milieu de la conversation avec Mancinia aussi ...

Je vais laisser le silence dominer, conclu l'Humaine. Si nous nous recroisons ... Heu ... Je présume qu'on essayera de discuter sans s'entretuer.
Bon plan.

Autant dire qu'il y avait eu des choses douloureuses ces dernières années. Loredana avait massacrée une partie de ses potentiels alliés. Elle avait mal, un peu.

Je suis tellement blasée qu'aucune remontrance ne me vient à l'esprit. Je n'ai sans doute qu'une seule interrogation.
Si c'est concernant ton mariage ... Sache que j'ai un pari en cours avec Léto et Miles et il n'est pas question de le perdre.
Léto et Miles ?
Oui.
Ceux derrière Léto et Miles ?
Exact.
J'ai le droit de savoir c'est quoi la mise ?
Si tu n'es pas mariée endéans les deux prochaines années dans mon monde, ils me devront un gage. Sinon, c'est moi qui leur en donne un.
... Je vais devoir attendre encore aussi longtemps ?!
Oui.

Elle était consternée, mais pas encore suffisamment pour l'étrangler.

J'ai de grandes ambitions pour toi, Mancinia.
Je veux savoir lesquelles pour autant retarder mon mariage alors que tout se déroule au mieux !
Je ne peux pas te le dire ouvertement, mais tu auras le tremplin tant attendu après des sacrifices. Ils ne seront pas définitifs. Accroche-toi à cette pensée. Ce sera long, mais tu seras aidée. Lancinia sera ta meilleure alliée et Maximilien sera là en soutien. Je te conseille d'en faire un de tes bras droit le moment venu.
C'est vrai que c'est un travailleur. Il a bonne réputation. Et il a l'air investi.
Plus que tu ne le penses. Essayer de veiller l'un sur l'autre, ne serait-ce que pour vos enfants. Sharihzad, l'Enfant des Cieux, sera tout aussi précieuse.

Il y eu un silence, très léger.

Wow, souffla Mancinia. Sharihzad ... Ce prénom est magnifique.
Je trouve aussi.

Un sourire éclairait ses traits, puis, elle observât ses mains.

Plus on avance, plus une question me submerge.
Je t'écoute. Je répondrais si je le peux.

Elle acquiesça, puis prit une inspiration.

Est-ce vrai que la Reine Nilsson a eu une relation avec Zane Azmog ?
Hem ... Je ne peux pas te répondre.

Mancinia fronçait les sourcils, cherchant à démêlé la vérité.

C'est plus compliqué.
Je comprends. Je n'y crois pas à cette histoire de relation amoureuse. Il devait y avoir autre chose.
Neah y croit.
C'est un Ange, répondit Mancinia en haussant les épaules. Et c'est compliqué aussi. Et puis, il y a Sa Majesté le Roi.
Sa Majesté le ... Ah ah ah ! Je l'avais oublié ! Il est tellement invisible celui-là, n'est-il pas malade ? Mort ? Peut-être.

Mancinia eu un moment de réflexion.

... Ça expliquerait les refus de me voir de la Reine. Je crois ? ...
Non. Il y a d'autres raisons.
Hum.

Cette interrogation, Mancinia la posait en tant que Marquise. Elle avait reçu une lettre du Nylmord lui demandant de recevoir la Reine et de converser en sa compagnie, mais jamais elle n'était venue. Au départ, l'Humaine avait cru que c'était dur de revenir dans cet endroit où avait vécu l'un de vos plus précieux ami et allié, mais le temps passant, cela lui avait paru étrange. Les souvenirs de Neah, son ressentiment envers l'Impératrice Blanche, parasitait de plus en plus son sentiment de loyauté envers la Couronne des Magiciens. Plus elle observait sa création, plus Loredana se disait que Kaahl pouvait y voir une brèche. Quant à Edoudou, elle était là où elle devait être. Quant à Mancinia, elle voulait également grimper dans les hiérarchies, mais seule elle savait vraiment. Aucun prix, ni aucun pouvoir ne saurait la satisfaire. Derrière ces yeux bleus germait un incendie. Elle devait l'interrompre.

Môman !
Ihsan !

Loredana avait brisé l'assise au même moment où l'Humaine se relevait par instinct vers son fils en le voyant en compagnie d'un loup, plus petit que celui qui leur tournait autour, certes, mais un loup tout de même. Ce dernier soutenait Ihsan qui marchait à sa rencontre, tel un petit canard au bord de l'eau.

Mais ... Qu'est-ce donc ?
Peu d'Humains sauront dans l'immédiat, mais ce sont des Ira. Ils serviront la volonté du Ma'Ahid. Ce sera sa manifestation. Tu es l'une de celle ayant le plus puissant Ma'Ahid, Mancinia. Laisse le dominer ton être et rendre malade autrui. Et ton Ira, lui, te suivra.

Elle observait le plus grand, qui demeurait à distance. Ils se regardaient. Ce serait une belle amitié.

Je n'ai plus beaucoup de temps, Mancinia, dit-elle en se redressant de sa chaise, posant ses deux mains sur le bureau. Je ne peux sans doute pas te donner de vrais conseils en ce moment, si ce n'est de croire en toi et en tes ambitions. Tu commettras des erreurs, mais tu seras aussi sur le bon chemin. Mitsuko veille aussi.
Mitsuko ...
Peut-être un dernier conseil.  Je ne sais pas si cela se réalisera, mais s'il advient que Kaahl vienne te voir pour une chose concernant les Magiciens ... Écoute-le.
Je peux aller lui demander, sourit-elle avec audace.
Il ne te dira rien. Cela doit venir de lui. Quoi qu'il en soit, écoute-le. Et accepte s'il te propose quelque chose. Tu auras l'impression d'être trahie, ou de trahir ce en quoi tu crois, mais cela en vaudra la peine.
Je ne comprends pas.
Crois-moi, moi non plus. Cela ne se passera peut-être jamais. Ou cela s'est déjà passé, qui sait ? Cours dans le Feu si tu le dois, Briseuse de Chaînes.

Cette dernière appellation lui paru énigmatique.

Bien, Iskandar. Je dois y aller. On se reverra sans doute.
Merci, dit-elle en s'inclinant doucement. Je sais des choses utiles. Je sais que je dois avancer et qu'il y a quelqu'un qui veille sur moi. Et dites à ... ceux dans notre dos d'arrêter de nous malmener. On a besoin d'être heureux, nous aussi.
Ne t'en fais pas, ils t'écoutent.

Mancinia sentait ses paupières alourdies. Ihsan aussi, mais il ne voulait pas s'éloigner de son Ira. Il l'oublierait pendant un long moment. L'Humaine, elle ...

Reine de la Liberté, ou Briseuse de Chaînes, le Soleil aimeras ton Nom ...
Regarde la mer pour suivre l'Appel.
Et Deviens la Reine des Humains.


C'est le moment que je t'attendrais.

J'espère que mes paroles seront entendues et demeureront en toi, même si tu ne te souviens de rien.

2142 mots


[Événement - NaNoWriMo] Que votre Voeu soit Exaucé - Page 2 Chriss10
Art by Chrissabug

[Événement - NaNoWriMo] Que votre Voeu soit Exaucé - Page 2 Licorn10

Meuh:
Revenir en haut Aller en bas
http://lesterresdesympan.forumactif.com/t38147-mancinia-leenhard
Contenu sponsorisé


Revenir en haut Aller en bas
 

[Événement - NaNoWriMo] Que votre Voeu soit Exaucé

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 2 sur 2Aller à la page : Précédent  1, 2

 Sujets similaires

-
» [RPPT] Que votre Voeuh soit Exaucé
» [Evenement] Loués soit Tharja & Seteth, comme dirait Quetzalcoatl !
» [Événement | Anges] À votre mémoire
» [Événement éphémère] - Votre jour de chance
» [Challenge] NaNoWriMo
Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Les Terres de Sympan :: Zone RP - Mers :: Mers - Est :: Mer de cristal :: Asgösth-