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 [Événement - NaNoWriMo] Que votre Voeu soit Exaucé

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Mancinia Leenhardt
~ Humain ~ Niveau IV ~

~ Humain ~ Niveau IV ~
◈ Parchemins usagés : 11271
◈ YinYanisé(e) le : 01/05/2015
◈ Âme(s) Soeur(s) : Neah Katzuta | Ange | Compagnon
◈ Activité : Joaillière [Rang IV] - Médecin [Rang III] - Éleveuse de Vaches [Rang I] - Investisseur [Rang II] - Prêtresse d'Amsès [Rang I]
Mancinia Leenhardt
Mer 02 Déc 2020, 23:00


Illustration - Florian De Gesincourt
Que votre Voeu soit Exaucé


Assise sur un bloc de granit, au sommet d'une tour réduite de moitié et lézardé, reliquat de l'ancienne Cité désormais en ruines. Penchée vers l'avant, chaque coude reposant sur un de ses genoux et son menton sur ses mains jointes, Reine observait les images qui se mouvaient au rythme de la vie de ceux dont elle se voulait être la nouvelle Protectrice. Depuis son retour, elle avait voyagé dans quelques songes et n'avait pas hésité à se renseigner, au passage, sur l'état des Terres de Sympan. Maintenant, elle retenait, plus ou moins, l'identité et les visages de ceux qui auraient un rôle dans l'Avenir.

J'ai dit qu'il n'y aurait aucun problème à mon retour, dit-elle en redressant son buste et en relâchant ses bras. J'ai dit qu'en tant qu'invité, mes incursions seraient moindres ...

Prenant ensuite appuis sur ses membres pour se relever de son siège instable, elle croisait ensuite les bras contre sa poitrine en dévisageant l'intervenant.

Et toi, tu te pointes.

Une Aether ne passait pas entre les mailles lorsqu'elle revenait dans un lieu où elle n'avait pas vraiment sa place, mais si elle accordait la permission de passage à un de ses puissants alliés, même dans cet espace généreusement accordé, cela risquait de créer des remous. Cet être devait être une aberration sur les Terres de Sympan, qui plus est. On ne l'aurait pas dit ainsi, si on le voyait de dos, mais sous ses vêtements et son allure squelettique, cet homme n'en était pas vraiment un. De sexe masculin, certes, sa voix ne trompait pas, mais sans que les chairs, les muscles ou le sang ne circulent sur son anatomie. C'en était réellement un, de Squelette, un vrai. Uniquement des os, du cartilage et une puissance magique propre qui illuminait ses yeux d'un bleu luminescent.

Ça vaaaa. Qu'est-ce qu'ils vont me faire, après tout ? Les gros yeux ? Ah ! Je ne crains pas les êtres comme toi. C'est pour vous tenir tête que je suis né, Izanami.
Tu n'es pas chez nous, Níðhöggr.

Sans doute était-il surprit de la voir se servir de ce vieux nom, mais il n'en montrait rien. S'il aimait la contrariée, ce n'était pas non plus un suicidaire.

C'est vrai, reprit-t-il. Je tâcherais de dire bonjour si quelqu'un vient nous voir, ça te va ?

Son ton restait tout de même insolent, mais pouvait-elle tout lui reprocher ? Si elle l'avait pu, sans doute aurait-elle été comme lui, dans une autre vie. Reine savait mieux que quiconque qu'il ne l'écouterait pas.

Et puis, qui crois à ces conneries ? Tes incursions, moindres ? C'est souvent les pires !
Ce n'est pas vrai.

Si on aurait pu croire son visage immuable, il n'en était rien. Instinctivement, elle voyait l'ombre d'un haussement d'orbite. Consciente qu'il ne la prenait pas au sérieux, elle se permit de rajouter ;

Ne compare pas ça à ... ça.

Un sourire dévoilait les dents acérées de son interlocuteur devant son admission, mais ne dit rien de plus. La Créature pliait ensuite ses jambes, observant la vaste étendue sous leurs pieds, allant de la nature environnante, au Lac reposant dans son cratère, qu'aux structures variées présentes au centre du lieu, tout en tirant un coup sur sa cigarette. Reine eu une grimace, elle détestait cette odeur.

Tu as recréer les ruines de la Cité pour quoi ?
Pour ne pas oublier.

Combien de morts dans ce seul endroit pour tous les sauver ? Ces quelques précieuses minutes ...

Ils ont de quoi tenir tes Humains ? ... Si elle devait revenir, j'veux dire.
Non.
Bon. Ça explique les Précurseurs, alors.

Níðhöggr tournait la tête vers la droite, découvrant Vitharr descendant la montagne sans le moindre mal, restant visible au-dessus des arbres tout en agitant les alentours. Il était poursuivi par une multitude d'oiseaux, le suivant vers un autre coin de l'île, mais sans que leurs cris ne troublent le son lourd et millimétré de ses pas, résonnant sur des kilomètres.

J'aimerais éviter le bordel d'une nouvelle guerre entre territoires. Seulement ... Je ne peux pas garantir qu'elle ne reviendra pas, ou ne tenteras pas de causer du tort aux endroits à sa portée. S'il advenait qu'elle tente de toucher Eyjasandr, je pourrais remettre ses Précurseurs à Sympan, pour protéger quelques endroits de ses sbires ... S'il en a besoin.
Pourquoi tu attends son autorisation ? Si tu veux créer un nouvel Avant-Poste dans cet endroit, rien ne te retiens.
... Ce ne sera pas nécessaire. Si nous n'avons pas de Magie dans notre Univers, il n'y a pas de Point Zéro dans celui-ci.

L'Aether aurait presque juré l'avoir vu cligné des yeux, avant qu'un long silence ne s'installe entre eux, seulement interrompu par le vent glacé émanant des hauteurs.

Cet espace est intriguant.

Se redressant suite à sa déclaration, il revint à ses côtés pour contempler les images qui ne cessaient de se mouvoir tandis que les Mortels poursuivaient leurs existences, ignorant l'existence de cet endroit, ou même la leur. Comme si cette conversation n'avait pas lieu en cet instant.

C'est eux ? demanda-t-il en observant les concernés quelques instants. Ils ont l'air ... Intéressants.
Vaès le trouve aussi.

Tournant son buste vers l'arrière, ses yeux suivait la courbe d'une des ailes reposant sur l'amas de roche situé derrière eux. Elle était là depuis le début, mais terriblement silencieuse, au point que l'on oubliait sa présence. Posée sur ses incroyables serres, son corps de cinquante mètres ne semblait pas trouver sa position contraignante. Contrairement à ses homologues des Terres de Sympan, que Reine connaissait sous le nom de Thekēra et qui offraient une palette de couleur au niveau de leur corps, Vaès avait une paire d'oreilles, de cornes et une ligne de poils sous les yeux de couleur bordeaux, ainsi qu'un pelage noir aux reflets grisés. Déployant ses ailes aux envergures monstrueuses avant de les agités en dégageant de vent, soulevant poussière et gravas, la Précurseur approuvait d'un léger cri, caractéristique à sa race. Níðhöggr inclinait la tête pour la saluer. Elle lui répondit d'un même mouvement. Il sentait son énergie chancelante, conscient que son Souffle s'amoindrissait.

Tu as raison. Il est temps.

Son désir n'était pas de revenir sur le devant de la scène, mais les Humains avaient besoin d'une aide extérieure. Ils avaient été une race prestigieuse, mais longtemps délaissée par les Aetheri. Seule Drëjtesi s'était battue en leur nom et Reine veillerait à entretenir son souvenir dans son coeur. Ces derniers temps, Väaramar avait redonné une volonté de natalité au sein de la race, mais elle estimait ce geste maladroit. Comment protéger des milliers de petits êtres sans une puissance adéquate ? Ce n'était pas sur des alliés versatiles qu'ils devaient compter. Non. L'Aether avait déclaré ses intentions, elle y avait travaillé durant un temps considérable et désormais, les Ira allaient retourner au sein d'un hôte. Ils étaient peu nombreux à se targuer d'avoir un puissant Ma'Ahid et sans doute qu'une matérialisation ne serait pas immédiate, dans la plupart des cas, mais ce n'était rien. Pas à pas, vers une résurrection. Tendant le bras au-dessus de la masse des visages qu'elle savait être sensible à l'aura de Fenrir, son Rituel débutait. Agité dans son être, le Roi eu un hurlement, comparable à un rire, agissant comme un Appel. C'en était fini des murmures brouillés, des appréhensions, des cauchemars douloureux et la crainte d'être désarmé devant la Magie. Les Ira seraient une arme, à bien des égards. Pour eux. Tous.

Il est l'heure d'éveiller vos Sēnaṭīnēla, Ira. Alix. Lexa. Dahlia. Shapûr. Prenez soin d'eux. Samuel. Lancinia. Naya. Maximilien. Veillez sur eux. Horye. Asîlah. Idril. Aurel. Sjar. Ils sont vos partenaires. Hélène. Ihsan. Sharihzad ... Mancinia.

Níðhöggr manquait de s'étrangler en entendant ce dernier nom. C'était une blague, pas vrai ? ... Il observait de plus près. Non. Elles avaient la même tête. Par les Saintes Miches de la Création, encore une ! Son interlocutrice lui sourit, amusée et heureuse, tandis qu'autour de son bras glissait des masses noires qui se laissaient sombrer sur les concernés, qui ne mesuraient pas ce qui leur tombait dessus. Peu importe l'âge, le sexe ou l'avenir. Un par un. C'était une pluie salvatrice qui allait s'abattre sur la race, c'était une promesse. Ça avait été si rapide et si lent, mais sa besogne était terminée, la laissant un peu groggy. Chacun des petits étaient désormais au sein de l'esprit d'un Humain. Certains Génies seraient mécontents de son action, mais ils viendraient certainement se plaindre en tapant de leur pied invisible dans les environs.

Et maintenant ? l'interrogea son comparse. On attends ?
Je ne souhaite pas que leur première nuit soit cauchemardesque. Offrons-leur un doux songe. J'ai aussi promis une compensation aux autres ... Je suis moins limité qu'auparavant, alors ...

Élevant ses deux bras vers les cieux, laissant sa magie débordée, Izanami étendait son aura.

Eyjasandr vous attends. Et que votre voeu soit exaucé.

1497 mots

Explications

L'Événement est ouvert aux membres suivants : Mancinia, Maximilien, Nostradamus, Astriid, Léandra, Isahya, Dhavala, Kaahl, Ezechyel, Deccio, Priam, Jun, Omos, Latone, I&I, Adam, Kitoe, Djinshee, Tamina, Daé et Lexa. Vos DC's et Compagnons inclus. Merci de votre participation au NaNoWriMo 2020 !

Pour ceux qui ont atteints certains paliers, vous avez une réduction du nombre de mots, comme ce sera expliqué un peu plus bas !

Au niveau du RP, j'introduis une nouvelle Aether. Connue sous le nom de Reine aux personnes qui l'ont croisée, elle deviendra Izanami, l'Aether des Ira [ses représentations cachent son visage, qui est similaire à celui de Mancinia]. Ces créatures sont une représentation physique du Ma'Ahid. Ils mangent votre Magie au petit dej', en somme ! Elle concerne surtout les Humains, qui vont la découvrir progressivement, mais son espace, nommé Eyjasandr, est ouvert à tous en ce qui concerne cet événement. Tandis qu'elle discute avec une entité de son propre univers, elle remet un Ira à chaque Humain, ne délaissant pas les autres races pour autant ...

Et en conséquence, vous avez plusieurs possibilités de scénario, ce qui vous permettra de varier si vous voulez participer plusieurs fois !

Mission I - votre personnage est en lévitation au-dessus du lac, il ne peut pas bouger de là, l'endroit est très brumeux et il n'y voit pas à deux mètres, c'est très confus à ses yeux. Il rencontre un ou plusieurs PNJ de votre choix, qui peuvent avoir une apparence qu'il connaît ou non [et ça peut être des PJ, avec l'accord du Joueur]. En vérité, ce ou ces PNJ, c'est vous, le Joueur. Et c'est le moment d'avoir une conversation avec cet être qui ne sait pas qui vous êtes et qui va commencer à vous reprocher certains aspects négatifs de sa vie, ou bien souligner ses aspects positifs à son égard, sans pouvoir se contenir. Peut-être fera-t-il un mélange des deux ? À moins que vous ne décidiez qu'il se taise et de lui remémorer ses réussites, comme ses échecs. Vous l'avez compris, c'est bien la version moderne des Bonnes Résolutions ! Alors, avez-vous été sage ?

Mission II - votre personnage se retrouve entre la Cité au Lac et la montagne, il peut se balader un peu à l'extérieur de cette dernière avant de se sentir observer. Si vous levez les yeux, sur le flanc de la montagne, vous verrez Vaès. C'est ce qu'on appelle une Précurseur, une créature aux dimensions ahurissantes, se dressant sur cinquante mètre de haut, avec une envergure des ailes de deux cents soixante-cinq mètres. Selon notre bestiaire, c'est un Thekēra. L'illustration vous la montre, mais son pelage est noir avec des lignes bordeaux. Elle a un énorme charisme. Comme plus haut, vous allez avoir envie de raconter votre existence, votre avenir, vos ambitions. Quel que soit votre alignement, elle ne vous jugera pas : ce n'est que de la curiosité. Elle peut vous parler par télépathie, dire qu'elle est en fin de vie et qu'observer les autres lui permet d'apaiser ses vieux jours. Si vous êtes gentil, elle vous offrira un petit vol au-dessus des nuages, jusqu'à votre réveil [attention, son envergure est énorme ... elle va très vite et il fait froid dans les hauteurs, si vous n'avez pas de bonnes statistiques, ce vol vous tuera certainement, mais vous aurez atteint le septième ciel xD /sbaff]

Mission III - Pour les enfants - on pense à eux ! - vous êtes dans un village entre vous. Il n'y a aucun adulte pour vous embêter et vous savez qu'il n'y a aucun danger pour vous ici, puisque la Reine de la Forêt qui vous entoure veille sur vous, de loin [en fait, n'ayez pas peur de dire que vous la voyez courir pour vous balancer des boules de neige, sauter dans des congères, vous faire des cookies, vous raconter une histoire, faire du patin [elle ne sait pas patiner en vrai, ça peut être drôle], que sais-je, elle adore les gosses ! /mur]. Tout vous parait simple et doux. Rien de mauvais ne peut se produire et le Mal est chassé complètement - si vous voulez rebondir sur un RP entre vous à part, vous pouvez ^o^ - et si vous êtes un adulte et que vous souhaitez redevenir un enfant ... C'est votre voeu, on l'exauce 8D

Quel que soit votre choix, votre magie est inopérante et vos paires d'ailes sont apparentes. Toutes [maximum trois, de mémoire]. C'est pour vous mettre en sécurité. Seuls les Génies sont capables d'avoir recours à la Magie, mais s'ils abusent, ils seront traqués par les créatures de l'endroit [et si votre intelligence est élevée, vous allez prendre conscience qu'il y a des trucs dangereux aux alentours, derrière la neutralité des Précurseurs]. Prudence, donc !

A contrario, pour ceux qui en ont marre des rêves mystiques et veulent poursuivre leur vie tout en ayant le plaisir d'avoir de la chance ;

Mission IV - votre personnage vaque à ses occupations habituelles et croise, soudain, un canard en plastique avec des lunettes de soleil. Oui, ça ne s'invente pas. Ce dernier vous fait Coin ! avant de disparaître. Il peut aller à contrecourant dans l'eau, se retrouver au coin de votre bureau, au-dessus de votre armoire ou que sais-je, pour vous observer. Vous pouvez le toucher, mais il ronronne et vibre avant de disparaître. Il a un puissant charisme. En vérité, ce petit Coin ! bien placé est un cadeau de l'Aether, qui a choisi de vous offrir une journée où tout se passe bien dans votre vie. Personne ne vient vous importuner, remettre en cause vos décisions, votre travail sera plus simple, les conversations agréables, on dira oui à chacune de vos volontés et on sera plus enclin à vous donner ce que vous voulez, quelle que soit la demande. Attention, ne faites pas n'importe quoi, respectez vos statistiques et, surtout, retenez bien que l'effet ne durera que vingt-quatre heures, alors prenez garde aux conséquences pour vos personnages, selon ce que vous faites ... des personnes peu contentes de retrouver leur lucidité pourraient vous en vouloir par la suite !

Mission Spéciale - Pour les Humains, uniquement et, si vous le souhaitez, c'est le début de l'intrigue des Ira. Vous devez choisir une des missions se déroulant en rêve, obligatoirement. Peu importe votre niveau, vous allez seulement le voir. Ceux qui ont les statistiques nécessaires comprendront que n'est pas normal d'être suivi de cette manière. Si vous tentez une approche, l'Ira disparaîtra dans le sol, avant de reprendre son observation. Vous pouvez y voir un mauvais présage, puisqu'ils annoncent la Mort ... Ou essayer de comprendre ce qu'il se passe. Dans tous les cas, à partir de ce RP, tous les Humains PJ commenceront à voir leurs Ira en rêve. Dans l'éventualité où vous avez des Humains encore jeunes, mais que vous souhaitez qu'ils constatent sa présence également, l'Ira est lui aussi encore petit. Comme l'enfant ne se souviendra pas spécialement de cet événement en grandissant, l'Ira viendra jouer en sa compagnie, en fonction du rêve que vous voulez lui donner, il lui évitera tous les dangers [lui évitant de tomber, de se prendre une boule de neige, par exemple - oui, ils peuvent prendre part au scénario des enfants, juste que l'Ira sera avec lui, ça marche aussi].

Explications - Ira:
Eyjasandr:

Gains

Vous obtenez le Titre de La Plume de la Reine pour un seul de vos personnages. Choisissiez bien ! N'hésitez pas à lui trouver une justification RP au travers de l'événement ^^

Les gains vont au personnage avec lequel vous postez ^o^ Pour 3000 mots minimum, ou 1500 mots avec le barème ;

Pour les Races Magiques

- 1 Point de Magie - Parce que c'est Noël *O*
- Création de Cookies
- Création de Chamallow
- Création de Chocolat Chaud
- Bratchäs - synonyme de soirées conviviales et revigorantes, cette magie permet de créer un environnement autour d'une raclette, réalisant l'apparition d'une vaste tente rouge, à la décoration comparable à celle que l'on trouve sur Boraür. Il y a autant de chaises que d'invités, ainsi qu'une large table de bois regroupant d'excellents fromages et autres charcuteries, le tout avec des accompagnements et des boissons chaudes, ainsi que le nécessaire de cuisson de manière individuelle. Cet endroit est scellé magiquement pour ne pas être dérangés. Ou que personne ne puisse partir avant la conclusion du repas ?

Sinon ...:

Pour les Humains

- 1 Point d'Antimagie - Parce qu'on est les plus swag *O*
- Kandjar - il s'agit d'un poignard à lame très large et recourbée porté à la taille. Si l'arme semble normale, elle contient dans son coeur un violent poison. Réalisé par un savant Humain et s'inspirant de quelques sorts magiques, il aura conçu cette arme avec un mécanisme secret. Dans la lame se trouve un conduit, partant du manche vers la pointe, où est contenu le poison, préalablement préparé et rechargé entre chaque utilisation. Lorsque le mécanisme, qui est une sorte de bouton dissimulé dans le talon, est actionné, le poison s'injecte dans le corps de l'ennemi. Un mal infecte le tissu et dévore la peau, pourrissant les chairs. Il existe un antipoison, mais est-il nécessaire de le donner ?
- La Rose Bleue - création des mains de la Sertisseuse, en quelques exemplaires rares et exquis, il s'agit d'une bague, surmonté d'une labradorite bleue en forme de rose. Ce bijou remarquable ira bien avec une majorité de vos tenues, mais elle dissimule un secret. Un mécanisme permet d'ouvrir un compartiment entre la pierre et son socle, étant capable de contenir un médicament, un poison ou un antipoison, selon l'utilisation que vous lui destinez.
- Saira Sapāṭā - il s'agit d'un legs venu d'une entreprise qui vous est inconnue, mais qui vous permet de voyager avec tout le confort nécessaire. Vous avez besoin d'un guide, d'une monture, d'une hostellerie ou d'un repas ? Peu importe, tout cela vous est offert gratuitement ! Cette acquisition vous permet de voyager dans les plus beaux lieux, seul ou accompagné, dans les endroits les plus luxueux et avec tous les avantages.
- La Bénédiction de la Reine - lorsque le personnage croise une personne qu'il connaît, mais ne souhaite pas lui adresser la parole, ou être reconnu, ou encore le côtoyer, celle-ci ne la distingue pas. Selon les spécialités de chacun, elle aura l'impression de voir quelqu'un d'autre, ou de le voir sans le voir. Une assurance de discrétion.

- Titre - Sēnaṭīnēla [Sentinelle] => n'est accessible que si vous avez réalisé la mission des Ira, sinon, vous ne pouvez pas le prendre ^^ Il indique que vous êtes les précurseurs de la nouvelle religion, qui sera construite en RP au sein de la race, un peu comme des Élus, vous que vous serez les premiers à les posséder. Sur la durée, ce sera une grande marque de respect.

Pour les Enfants - on pense à eux <3

- Création de Cookies
- Création de Chamallow
- Création de Chocolat Chaud
- Le Bisou d'Aellun - il s'agit d'une eau se trouvant dans une gourde que le personnage transporte, ou qui apparaît auprès de lui au besoin. Elle est toujours remplie et, lorsque son contenu est bu, l'utilisateur voit ses maux apaisés. Ses plaies ne sont plus douloureuses et guérissent plus vite, son pouvoir permet de réconcilier des amis disputés ou de calmer les chagrins.
- La Reine dans la Forêt - l'on dit que lorsqu'un bébé est abandonné, la Reine de la Forêt vient le chercher et le conduit dans un village où il grandit sous son aile. Lorsqu'il atteint un âge de raison, elle lui remet un bracelet d'argent où est gravé un petit loup qui, lorsque le possesseur le porte, lui permet d'avoir une belle journée, de rêver sans cauchemarder ou d'entendre une belle histoire qu'il pourra raconter plus tard. Il s'agit aussi d'un lien entre tous les enfants, en gage d'amitié, pour que ceux-ci soient heureux d'avoir toujours des amis sur qui compter ... parce que si l'un d'entre eux se perd, les enfants à proximité le sauront et iront le chercher !

Pour les Enfants Humains

- 1 Point de Spécialité au choix
- Une petite lampe de sel en forme de bonhomme de neige qui s'allume quand on souffle dessus et qui change de couleur selon le temps qu'il fait.
- La Bénédiction de la Reine - lorsque le personnage croise une personne qu'il connaît, mais ne souhaite pas lui adresser la parole, ou être reconnu, ou encore le côtoyer, celle-ci ne la distingue pas. Selon les spécialités de chacun, elle aura l'impression de voir quelqu'un d'autre, ou de le voir sans le voir. Une assurance de discrétion.
- Le Bisou d'Aellun - il s'agit d'une eau se trouvant dans une gourde que le personnage transporte, ou qui apparaît auprès de lui au besoin. Elle est toujours remplie et, lorsque son contenu est bu, l'utilisateur voit ses maux apaisés. Ses plaies ne sont plus douloureuses et guérissent plus vite, son pouvoir permet de réconcilier des amis disputés ou de calmer les chagrins.
- La Reine dans la Forêt - l'on dit que lorsqu'un bébé est abandonné, la Reine de la Forêt vient le chercher et le conduit dans un village où il grandit sous son aile. Lorsqu'il atteint un âge de raison, elle lui remet un bracelet d'argent où est gravé un petit loup qui, lorsque le possesseur le porte, lui permet d'avoir une belle journée, de rêver sans cauchemarder ou d'entendre une belle histoire qu'il pourra raconter plus tard. Il s'agit aussi d'un lien entre tous les enfants, en gage d'amitié, pour que ceux-ci soient heureux d'avoir toujours des amis sur qui compter ... parce que si l'un d'entre eux se perd, les enfants à proximité le sauront et iront le chercher !

Pour avoir dépassé 10 000 mots, c'est la même chose, mais pour 1 500 mots pour un personnage, au choix : Omos - Ezechyel - Latone - Deccio - Kitoe - Isahya - Léandra - Priam

Pour avoir dépassé 20 000 mots, c'est la même chose, mais pour 1 500 mots sur deux personnages, au choix : Jun - I&I

Pour avoir dépassé 30 000 mots, c'est la même chose, mais pour 1 500 mots sur trois personnages, au choix : Maximilien - Astriid - Mancinia - Nostradamus - Kaahl

Suite à une décision administrative - et parce que c'est Noël nastae - les personnes ayant voté au Top-Site N°53 s'en voient ouvrir l'accès, mais il y a également une ristourne pour nos plus grands votants !

Participants - Sól, Astriid, Isahya, Mancinia, Léandra, Maximilien, Dhavala, Deccio, Priam, Kaahl, Latone, Mephisto, Mimi, Adam et Tamina, merci à vous !

De 40 à 79 votes = 1 500 mots sur un personnage, au choix : Mancinia
A partir de 80 votes = 1 500 mots sur deux personnages, au choix : Sól, Astriid, Isahya, Léandra, Deccio

Si vous avez aussi la ristourne du NaNoWriMo, c'est cumulé, tout simplement !

Bien sûr, vous pouvez le faire avec plusieurs personnages, mais le barème des 3000 mots se réinstalle ^^

Vous avez jusqu'au 31 Janvier 2021 pour poster.


[Événement - NaNoWriMo] Que votre Voeu soit Exaucé Chriss10
Art by Chrissabug

Meuh:
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http://lesterresdesympan.forumactif.com/t38147-mancinia-leenhard
Maximilien Eraël
~ Humain ~ Niveau III ~

~ Humain ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 2463
◈ YinYanisé(e) le : 18/09/2016
◈ Activité : Charpentier | rang II ; Ébéniste | rang II ; Soldat | rang II
Maximilien Eraël
Dim 06 Déc 2020, 17:24


Que votre Vœu soit Exaucé

Il y eut d'abord un moment de flottement silencieux où seul son pas qui entrât au contact de la terre se fît entendre, semblable à un léger froissement. Puis il s'arrêta et resta ainsi, immobile, le temps de quelques secondes. Sourcils froncés, son regard alla se perdre sur les différents éléments du décor pour se remémorer. C'était comme aller chercher quelque chose et, une fois arrivée sur place, oublier ce pour quoi l'on avait fait le déplacement. Il avait ce même sentiment. Toutefois, même en y réfléchissant bien, il était incapable de dire ce qu'il avait oublié. Pire ! Il ne se souvenait même plus quelle était sa provenance. Ce qui avait de quoi inquiéter en soi. Ses yeux parcoururent l'environnement plus en détail. Alors le bruissement des feuilles dans les arbres sous le vent lui parvint aux oreilles. C'était à peine si on y entendait le geignement des bêtes sauvages dans les fourrés. C'en était presque oppressant. Quel étrange endroit. Était-il à Alaitihad ? Il avait cru entendre que le lieu était cerné par la forêt et habité de créatures aussi étrange qu'elles étaient effroyables. Qui plus est, Taelora avait la réputation de ne pas être plus accueillant que le Continent Dévasté. A nouveau il balaya les environs du regard. Non. Le territoire Humain était neuf, en pleine expansion. Ici régnait la désolation. On se croirait sur les vestiges d'un champ de bataille. Dans les ruines d'une ville rongée par le temps. Un lieu que l'humanité avait abandonnée et laissée aux mains de Phoebe. Méfiant, Maximilien reprit son chemin. A chacun de ses pas, la terre humidifiée par les nombreuses cascades environnantes se marquait d'une emprunte qu'il savait temporaire, à l'image de tout, quoi qu'en pensent les plus orgueilleux des autres Races. Les Humains n'avaient pas le monopole de la Mort, les deux derniers Génocides en étaient une belle preuve. Il se retourna alors vivement. Du coin de l'œil, il lui sembla apercevoir une ombre. Il n'y trouva cependant rien. Avancer en solitaire dans l'inconnu mettait ses nerfs à vif, et les jeux d'ombres et de lumières que l'astre diurne effectuait avec la canopée carmins des arbres n'arrangeaient rien, son esprit finissant par lui jouer de mauvais tours. Le Kaahi inspira d'un long souffle qu'il expira de même. À trop être sur le qui-vive, il allait passer à côté de tout le reste, à savoir, la beauté sauvage des lieux et une éventuelle autre âme égarée comme il l'était. Peut-être était-ce pour cela qu'il était venu ? Il se le demanda. Il l'ignorait toujours. À l'évidence, ça ne lui reviendrait pas. Qu'importe finalement, car il prit conscience d'une chose à présent que son attention était totalement focalisée sur tout ce qui l'entourait. À mieux y regarder, il y avait un côté familier aux lieux. Ou nostalgique plutôt. La montagne avec les arbres à ses pieds. Cette aura pleine de mystères qui entourait l'endroit. Ces ruines, vestiges d'une civilisation disparue. Un rictus esquissa ses lèvres, mélange de mélancolie d'un passé balayé par les flammes et le sang, et de joie des souvenirs agréables de l'enfance qu'il avait eut loin du Désert et de la capitale. La chute de quelques pierres à flanc de montagne le sorti de ses songes. Il leva alors la tête pour découvrir la provenance des roches et eu un mouvement de recul.

Maximilien resta ainsi, sans bouger pendant de longues secondes, à simplement fixer l'immense créatures qui se tenait au-dessus de sa tête, celle-ci semblant le dévisager jusqu'au plus profond de son être. Pourtant, plus il détaillait la bête, moins il ressentait quelconque forme d'hostilité de sa part. Non elle semblait juste... Être là. Et patienter. Pour quelle  raison ? Que pouvait-elle attendre ? Et, surtout, que pouvait-elle bien être ? Une Précurseur. La voix résonna jusque dans les tréfonds de l'âme du Kaahi qui retint un hoquet de surprise. « Qu'est-ce que... ? ». Son regard chercha alentour celle qui prononçât ces mots avant de le reporter vers l'immense animal. Et je n'attends que la Fin. Le rouquin papillonna des yeux. La Fin ? Qu'entendait-elle par là ? Toute chose n'existe que de façon temporaire. ajouta la Voix pour toute explication. Dans un même temps, l'animal se détourna de Maximilien et tourna son regard vers le chemin que formaient les empruntes de de l'Humain. Alors il comprit que ce n'était autre que la créature qui s'adressait à lui. Mon nom est Vaès. Et toi, quel est ton nom ? Maximilien ne répondit pas immédiatement, toujours sous le coup de la surprise. Pourtant les mots finirent tout de même par franchir la barrière de ses lèvres. « Maximilien Eraël. Je viens d'Utopia. Par contre pourquoi j'en viens, c'est encore une autre question. » fit-il avec un rictus avant de froncer des sourcils. Elle ne l'avait questionné que sur son identité. D'où déballait-il ses origines comme ça ? Même si elles devenaient évidentes une fois confrontée à son Ma'Ahid, certes. Ignorait-il cependant que la magie était aussi effective en ces lieux qu'elle ne l'était à Boraür, et qu'il aurait été plus aisément comparable à un Réprouvé de par ses appendices dorsaux qu'aux Enfants de Sympan auxquels il appartenait. Un court silence uniquement brisé par un souffle bruyant de la Précurseur suivi les paroles du Kaahi. Utopia. Un Rêve. commenta la créature. Pourtant il n'y avait aucunes critiques dans ses mots. Aucunes moqueries. Il ne s'agissait là que d'une simple remarque dénuée de tout jugement. « Celui des Humains. » y ajouta Maximilien sans savoir quoi en penser. On raillait ou l'on dénigrait la Race Humaine. On avait pitié d'elle ou la supportait dans son courage et ses espoirs que parfois certains considéraient comme vains. Mais jamais il n'avait vu quelqu'un en parler en toute neutralité. Sans la moindre opinion. À nouveau un court silence suivi ses paroles avant que Vaès ne reprenne la première. Les Humains sont donc pourvus d'ailes. Un rictus cynique se glissa sur le visage du Kaahi. Était-ce le premier Humain que cet être croisait ? « Non. Il n'est pas commun pour un Humain d'avoir des ailes en réalité. » répondit le concerné en croisant des bras. « Normalement les Humains n'ont pas d'ailes, c'est une particularité magique. Une chose que l'on ne possède pas. Mais des enfants aux ailes d'Ange sont apparus un jour. Nos premiers Humains ailés. » continua-t-il en s'adossant à un arbre. Puis, à nouveau, il fronça des sourcils et se plongea dans le regard de la Précurseur. Il y avait quelque chose, c'était certains. Toutefois, même en ayant conscience de cela, il eut comme le besoin d'en expliquer d'avantage sur la condition de ces Enfants des Cieux et ce qui les différencier des ailés d'Odon do Dur. « Je dois bien dire que je me sens un peu coupable de ne pas m'être montré présent pour offrir un toit à l'un de ces enfants. Ils étaient nombreux à en avoir besoin, et ce n'est pas Sharihzad qui me fera rattraper cette erreur. » ajouta-t-il avec un sourire désolé en songeant à sa Pātorī. Il marqua un temps avant de continuer. « C'est quand même ironique. Ces enfants sont apparus sous le signe de la vie. Ils ont redonné l'espoir à notre peuple. Alors que tout ceux portant les ailes des Manichéens, comme moi, les avons obtenus sous le signe de la mort, au cœur d'un champ de bataille, dans la terre, le sang et la sueur. Jusqu'à notre Fin. ». En même temps qu'il prononça ces mots, une ombre traversât sa vision périphérique. Il se redressa et chercha du regard l'objet ou l'animal ayant attiré son regard. Ses prunelles rencontrèrent une forme obscure aux allures de canidé fantomatique. Le Kaahi s'immobilisa. La bête noire également., homme et bête semblant deux chiens de faïences se faisant face. Pourtant tu es ici, et en vie. résonna de nouveau la voix de Vaès. « Quoi ? » fit le Kaahi, son attention détournée de l'imposant animal sombre, son regard se portant sur le pelage tout aussi ténébreux de la gigantesque créature qu'était la Précurseur, avant de s'en détourner à nouveau. « Ah. Oui. » répondit-il malgré tout. « Je ne sais pas trop pourquoi. Probablement n'était-ce qu'un rêve. » Commun à beaucoup de monde dans ce cas, répartis dans l'ensemble des Races. Mais qu'est-ce que ça pouvait être d'autres ? « Finalement, c'est à croire que l'ignorance apporte plus que la connaissance. J'ai couru le monde en toute ignorance de ce qui se jouait réellement sur la table. Je me suis confronté à ces hordes d'ennemis en ignorant d'où ils venaient, qui ils étaient et où je me trouvais. Je me retrouve à devoir trouver une solution pour Concilier le monde en ignorant les véritables volontés de la déesse qui m'a mit dans le lot de ses Élus, ma seule piste, totalement subjective, étant de vouloir donner tort à une personne. ». Ce n'est pas commun comme raison. En même temps que Vaès s'exprima, le chien-loup-fantôme s'assit, sans se détacher de Maximilien pour autant qui restait également le regard rivé sur les mouvements du Monstre Noir. « Peut-être. Mais je veux penser qu'on peut régner sur le monde sans devenir ni avoir l'allure d'un tyran. » répondit-il avec conviction. « Je veux penser que l'on peut trouver matière à s'entendre de façon à ce que personne ne soit ni lésée ni avantagée. Qu'il n'y ait ni dominant, ni dominé. ». Le loup s'effaça totalement de son esprit à ces mots, Aurel y prenant toute la place. Dans un soupir, il s'adossa à l'arbre qu'il avait quitté plus tôt. « Je ne veux pas qu'Aurel souffre comme j'ai pu souffrir d'un monde sans pitié. ». Alors il exhala un long souffle, puis porta un regard dur sur la bête fantomatique qui avait simplement disparu. Il la chercha du regard. Introuvable. Vaès ne fit que peu de cas de cet échange silencieux qu'avaient pût avoir le canidé et son interlocuteur. Aurel est le deuxième nom que tu prononces. reprit-elle en réponse aux derniers mots qu'avaient prononcés Maximilien. Toujours déconcerté par l'absence soudaine de la bête noire, celui-ci ne répondit pas immédiatement. « Oui. Aurel est mon fils. Sharihzad ma filleule. Ils sont ma famille, celle qui me reste. ». Il avait fini par se faire à l'idée qu'il ne la reverrai jamais, celle qu'il avait abandonné ce jour funeste où il rejoint Utopia pour la première fois. « Ils sont une bouffée d'oxygène au milieu de cette pression que je m'inflige sûrement inutilement. Mais c'est agréable. La seule chose pour laquelle se prend la tête un enfant c'est parce qu'il a faim, qu'il est fatigué, qu'il n'a pas envie d'aller se coucher ou qu'il veut jouer. Il y a presque de quoi les envier parfois. » ajouta-t-il avec un rictus amusé, le Monstre Noir ne faisant plus partie de ses préoccupations présentes. Les nourrissons avaient l'incroyable pouvoir de chasser ses idées noires.

Au final, il ne compta pas le temps passé aux côtés de Vaès. Il ne s'en soucia plus. Il se sentait étrangement plus léger à chaque confessions qu'il lui faisait plus ou moins malgré lui. Elles venaient naturellement au fil d'une conversation qu'il menait presque seul, sans même que la Précurseur ne l'interroge sur quoi que ce soit. Parfois elle commentait pour appuyer certains points, ou le questionnait sur des choses qui lui étaient, semblait-il, flous. Il n'en fallait pas plus pour que Maximilien en dise trois fois plus que nécessaire. Si c'était quelque chose qui ne lui arrivait jamais, il avait fini par s'y faire. Même, arriva un moment il ne se retint même plus. C'était inutile, il l'avait comprit. Qui plus est, il y avait quelque chose d'agréable. Agréable de pouvoir dire ce que l'on vivait, avait vécu et voulait et espérait vivre sans subir quelques avis que ce soient.

Et, comme la Précurseur l'observait et l'écoutait depuis son arrivée, le Monstre Noir l'observait également, derrière lui, à l'ombre des bosquets, attentif aux gestes et aux mots de l'Humain aux ailes bichromées.
©gotheim pour epicode


Mots | 2010


We were never welcome here ~ Night time or morning time, we're going strong

Don't you tell me what you think that I can be

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Sam 12 Déc 2020, 22:16

[Événement - NaNoWriMo] Que votre Voeu soit Exaucé Fm3t
Que votre Vœu soit Exaucé





Dorian Lang

Race : Vampire (Douria)
Taille : 185cm
Âge apparent: 25
Niveau : I | Rahzdens

Spécialités :
- Agilité : 8
- Force : 9
- Charisme : 7
- Intelligence : 7
- Magie : 7
Le silence dans le salon était presque palpable, uniquement rompu par le tic tac rythmique de l'horloge. J'avais tiré les rideaux pour colmater la lumière pâle qui tentait de s'infiltrer sur les dernières heures de la journée. Une autre journée à passer sans dormir. J'avais allumé une chandelle au coin du bureau plus par habitude de mon ancienne vie que par besoin. Cette dernière accentuait les cernes qui alourdissaient mon visage alors que j'essayais de déchiffrer un ancien ouvrage écrit en Zarakh. Si j'éprouvais de moins en moins de difficultés à comprendre la langue âpre des Enfants de la Nuit, je ressortais toujours de ces sessions avec une migraine atroce. Je persistais pourtant car je préférais mille fois la compagnie de ces caractères imprimés en pattes de mouche à celle de la voix nasillarde de Selyne ou du regard évaluateur de Laysa. Je plaçais les mains au creux de mon dos pour faire craquer ma colonne vertébrale avant de lever les bras pour m'étirer en étouffant un bâillement. Mes paupières se rouvrirent pour se poser sur un canard d'un jaune hideux à la texture étrange et brillante qui portait des lunettes au reflet sombre. Je marquais un temps d'arrêt, peut-être même deux, avant de glapir et de basculer en arrière dans un fracas qui termina sûrement de réveiller les Vampires. Dans une position certainement comique, les jambes en l'air et le regard ahuri, je fixai l'animal qui me rendit mon regard placidement et les yeux semblèrent me sortir de la tête. «Qu'est-ce que...» Je me relevai et épiai à bonne distance le nouveau venu. Perché sur le banc en cuir à la fenêtre, il me fixait. Voyant qu'il ne bougeait pas, je m'approchais prudemment, laissant la magie envahir mes doigts d'un halo carmin. L'animal n'avait pas l'air dangereux mais je me méfiais de tout dans ce bas monde. Quand je fus assez proche, je me penchais un peu plus quand le canard bondit en l'air dans un «COIN !» assourdissant et je reculais précipitamment, les palpitations de mon coeur s'emballant de manière irrégulière. Bien qu'il fut impossible de deviner la moindre émotion sur cette... chose, je décelais une moquerie dans son attitude qui me déplut aussitôt. J'étais un peu paranoïaque. Ronronnant et vibrant de manière totalement inattendue, le canard disparut, me laissant seul avec une intense perplexité pour seule compagne. «C'est quoi ces conneries encore ?» Marmonnais-je, passablement contrarié du ridicule de la situation.
La porte s'ouvrit à la volée derrière moi et l'odeur de poule parfumée monta jusqu'à mes narines. Selyne. Mes lèvres se retroussèrent sur mes canines. Ses jérémiades n'étaient pas les bienvenues. «T'as jamais entendu de frapper avant d'entrer ?» Grinçais-je à son attention. «Pardon. Tu veux que je repasse plus tard ? Je voulais te proposer d'aller contacter une calèche pour aller passer nos commandes.» Je la regardais avec méfiance, cherchant l'intonation dédaigneuse qui transpirait toujours d'elle quand elle s'adressait à moi. Son visage ne laissait pourtant rien apparaître sinon une légère contrition. Je fronçais les sourcils et croisais les bras. «Qui êtes-vous et qu'avez-vous fait de ma soeur ?» Elle était sûrement possédée. Encore un coup de cette saleté de Sorcière à la mords-moi-le-nœud. Allait-elle un jour me laisser vivre ? «Pardon ? Je n'ai pas compris.» Sa surprise était évidente, m'emplissant d'une suspicion plus profonde encore. «Non rien.» Laissais-je tomber. «Oui, contacte un cocher pour avoir une calèche d'ici une heure. Tu vas venir avec moi ?» J'avais lancé la question sur un ton provocateur. «Oui, ce sera plus facile à deux. Sauf si tu ne veux pas ?» «Non je ne veux pas.» Acquiesçais-je sans me soucier de la blesser. «D'accord.» Elle ne paraissait pas ébranlée le moins du monde. C'était un peu décevant.
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«Voilà pour les alcools. Et si vous pouviez ajouter quelques bocaux de fruits confits ? Je sais qu'on vous le demande en retard mais...» Le commerçant balaya mes paroles d'une main négligente. «Non ça ne fait rien, c'est toujours un plaisir d'accéder aux désirs d'un client fidèle comme les Lang.» Muet de stupeur, je finis par le remercier à voix basse. Le Vampire était habituellement dur en affaire et était très strict sur les délais de commande. Laysa s'était lamentée la veille quand notre barman l'avait prévenue qu'il ne restait plus de fruits confits car ils étaient compliqués à obtenir à Merhoneän. «Belle nuit à vous mon petit ! N'hésitez pas à passer à l'occasion, j'ai toujours besoin d'un peu de main d'œuvre quand les périodes de forte affluence arrivent !» Lança le vendeur alors que je quittais sa boutique, trop surpris pour rebondir sur le surnom dont il m'avait affublé. Traînant des pieds dans la neige fondue, je récupérais la liste donnée par Laysa la veille pour voir ce qu'il manquait encore.
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De retour, je secouais mon manteau pour chasser les flocons qui s'y étaient accrochés, un sourire à peine visible sur mes lèvres. L'air dehors m'avait vivifié l'esprit et j'avais réussi à passer commande partout où Laysa le voulait, une petite victoire en soi étant donné que nous étions bien loin de faire partie des grosses économies de la Cité et que nous ne passions pas prioritaires aux yeux de ceux qui nous approvisionnaient. D'un pas léger, je pris l'escalier pour descendre à la Maison de Jeux qui était fermée cette nuit. Me dirigeant vers le boudoir que Laysa utilisait pour gérer ses comptes, j'entrais sans bruit et attendis qu'elle termine. Rapidement, elle reposa la plume sur son parchemin et se recula dans son siège pour poser ses iris écarlates sur moi. Je déposais les feuillets sur son bureau. «Merci mon chou.» Je grimaçais. Elle ne perdrait donc jamais cette habitude ? «Excuse-moi si je t'infantilise. C'est plus fort que moi, tu sais combien je t'aime.» Gêné, je fixais le bout de mes chaussures, souhaitant disparaître dans un trou de souris. «Mmh.» Marmonnais-je avec éloquence. «Je crois que Selyne a besoin de moi là haut alors je vais euh...» Mentis-je en indiquant de l'index le plafond avant de prendre mes jambes à mon cou, le bout des oreilles cramoisi. J'avais préféré couper court à l'élan d'amour de ma Créatrice, bien incapable de savoir comment y réagir. Devais-je la laisser tomber dans mes bras ? Je frémis. Non. Ce serait trop étrange, malsain. Nous étions liés par le sang bien que pas de la même manière qu'une mère avec son enfant mais au plus profond de mon coeur, je la considérais comme tel. Je grimpais les escaliers jusqu'à ma chambre et croisais Selyne dans le sombre couloir. Mû par l'envie de la provoquer à nouveau, j'arrêtais sa progression en me plaçant devant elle. «Tu as pensé à me préparer un bain chaud pour mon retour ? Il fait froid dehors.» Je n'étais pas sérieux, évidemment mais la Vampire me regarda avec autant de vie dans les yeux qu'une pierre. «Je n'y avais pas pensé. Tu veux que je te le prépare maintenant ?» Flippant. Je reculais pour m'éloigner d'elle. «Euh non. Non c'est bon je vais me débrouiller.» Répliquais-je faiblement, perturbé. Voyant que je ne bougeais pas plus, la brune me regarda. «Tu voulais autre chose ?» C'était surréaliste. J'hésitais quelques secondes, les neurones en ébullition. La Vampire était peut-être victime d'un sortilège ? Dans tous les cas, ce n'était pas désagréable. «En fin de compte, je veux bien que tu...» me laves les chaussettes ? L'image était amusante mais manquait de piquant. «Le caviste m'a donné une bouteille d'alcool en plus. Tu veux essayer ? On ne travaille pas cette nuit.» Selyne fronça les sourcils, un peu surprise. «Oui. Pourquoi pas.» Finit-elle par répliquer en haussant les épaules.
Quelques minutes plus tard, la bouteille en verre trônait sur la table basse et je remplissais nos verres. Je ne savais pas trop ce que l'alcool pouvait avoir comme effet sur un Vampire. J'en avais bu un peu parfois, surtout après ma Transformation mais en petites quantités, de sorte que je n'avais pas vraiment vu de différence. Quelques maux de ventre peut-être. C'était l'occasion de le découvrir. Je levais mon verre vers Selyne puis fit mine de boire et la regardait vider son verre avec un sourire torve. C'était déjà un exploit que nous passions un moment ensemble, sans remarques assassines qui plus est. Un frisson parcouru les épaules frêles de la Vampire et elle réprima un haut le coeur. «C'est vraiment pas bon.» «Tu ne buvais pas avant ?» «Je ne m'en rappelle pas.» Répliqua-t-elle fraîchement. Je me penchais pour la resservir et changer de sujet. Elle but le second verre plus lentement mais grimaçait à chaque gorgée. «Tu es différente aujourd'hui.» «Mmh. Tu ne bois pas, toi ?» Je rapprochais aussitôt le verre de mes lèvres. «Si si.» À la fin du second verre, le regard de Selyne ne parvenait plus à se fixer avec précision sur quoi que ce soit, ce qui ne m'empêcha pas de la resservir. «Je ne me sens pas très bien Dorian, je ne sais pas si...» «Mais si, mais si, tu n'auras qu'à aller te coucher après. Je te chercherais une excuse à dire à Laysa.» La rassurais-je. Elle acquiesça faiblement et rebut une gorgée qu'elle recracha presque. Au même moment, Laysa pénétrait dans le salon et évalua la scène d'un bref coup d'oeil. En temps normal, elle aurait demandé des explications à l'ainée mais cette dernière n'était visiblement pas en l'état de quoi que ce soit. Elle posa son regard sur moi mais j'avais pris soin de prendre mon air le plus innocent. Selyne se leva alors sur des jambes tremblantes et je dus me mordre la joue pour ne pas rire. De pâle, elle était passée à livide et elle s'approcha de notre Créatrice d'un pas incertain, des gouttes de sueur luisant sur son front. Je calais mon menton dans la paume de ma main, mes prunelles brillant de malice. Je ne sais pas ce que Selyne essaya de faire mais elle n'y parvint pas. La Vampire se figea devant Laysa, hoqueta violemment et son organisme rejeta enfin ce que nous n'étions pas supposés ingérer sur les pieds de notre Créatrice. «Oh mince alors...» Parvins-je à dire sur un ton neutre.



1806 mots | Merci pour cette event Mancinia nastae Dodo va sûrement payer pour l'étérnité cette petite farce et tu es entièrement responsable.


[Événement - NaNoWriMo] Que votre Voeu soit Exaucé Iuvu
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Daé Miirafae
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Daé Miirafae
Mer 30 Déc 2020, 17:51


[Événement - NaNoWriMo] Que votre Voeu soit Exaucé Alone-10
Que votre voeu soit exaucé




Yicali !
La lourdeur. Daé ne se remettait pas et c’était même pire que ça. C’était quelque chose de différent, qu’il n’avait jamais ressenti jusqu’alors. Quelque chose de profondément ancré à l’intérieur de lui : quelque chose de lourd, qui le rongeait et il était persuadé que le climat de la Vorace dans laquelle il passait maintenant bien plus de temps que dans sa ville natale ne l’aidait absolument pas à aller mieux. Il ne s’était pas remis de la mort de ses parents, il considérait toujours que Phoebe l’avait trahi et comme un enfant en crise d’adolescence qui n’arrive pas à pardonner à sa mère, il traînait avec lui cette colère envers la lune, en venant jusqu’à douter qu’elle était réellement la Protectrices des Rehlas. Sa foi était altérée, elle tremblait. Il savait qu’Ethleba le regardait aussi, du haut de ses nuits où la soeur de la Patronne du peuple noir était invisible. Il n’osait que peu la prier et pourtant sentait bien qu’elle lui apportait une énergie et une foi nouvelle. Etait-ce la nouveauté simplement qui l’attirait ? Il n’en savait rien, absolument rien. Mais une chose était certaine, il était plus que perdu. Il fit ses affaires, écrit un mot à Lyn pour lui dire qu’il ne reviendrait pas avant un certain temps et s’envola, telle la corneille, en direction de Lua Eyael, qui lui manquait terriblement.

Les paysages défilaient sous ses yeux et concentré qu’il était à ne pas perdre son cap, il ne réfléchissait plus à rien. Bonheur étant donné qu’il n’avait plus fait cela depuis des mois. De la hauteur à laquelle il volait, il ne percevait pas les identités, futurs et vies des gens qui ne le voyaient même pas et simplement, comme l’oiseau concentré sur sa migration parce que c’est une question de survie, il se concentra sur son voyage : parce que le répit était devenu question de survie.

Une pensée fulgurante, alors que le crépuscule arrivait sur la forêt qu’il survolait et que le froid se faisait de plus en plus mordant. Il se transforma à nouveau et déploya deux paires d’ailes. Deux ailes aux plumes grises magnifiques surplombaient une aile aux plumes d’ébène et une aux plumes de nacre. Il s’arrêta un instant dans les airs, ses ailes battant sans qu’il n’y réfléchisse pour se mentir en l’air et soudainement, fit un quart de tour en direction du sud et fonça à toute allure.

Il ne savait pas exactement où il allait, il savait qu’il y était attendu et il ne rechignait pas à la tâche, car il n’y était pas attendu pour accomplir quelques besognes d’une Ligne du Temps dont il ne comprenait encore que trop peu de choses, non. Il y était attendu pour avancer, la suite de son histoire se trouvait là où les étoiles naissantes du soir l’encourageaient à aller. Phoebe était recouverte par de lourds nuages gris pendant la totalité de son voyage et il remercia silencieusement les Aetheri qui voulaient l’entendre de lui offrir ce répit dans son conflit.

Ses ailes le portaient, elles faisaient le travail qu’aurait dû faire sa tête et elles l’emmenèrent, après plusieurs heures de vol qui ne l’épuisèrent que peu comparé à ce dont il avait l’habitude. Et il arriva dans un endroit où la plénitude mentale était immense. Il connaissait cette sensation. C’était la même que lorsqu’il était à proximité de certain.e.x.s humain.e.x.s. Certain.e.x.s de ses précepteur.ice.x.s lui avaient d’ailleurs parlé de se méfier du peuple humain, car leur capacité à annihiler la magie des Rehlas en faisait des allié.e.x.s qu’il était parfois difficile de quitter. Et ici, dans ce lieu étrange qui ressemblait vu d’en haut à un amas d’îles que le Caeli aurait été bien incapable de placer sur une carte, sa tête faisait enfin le silence. Il se toucha les oreilles du bout des doigts sentant comme des acouphènes dues au silence soudain de ses pensées et il descendit en direction de la terre. Derrière lui s’étendait la montagne dont il venait de passer la crête et il se trouva proche d’une cité. Il regarda les environs en laissant ses ailes sorties, sans savoir que le lieu faisait qu’il n’aurait pas pu les ranger même s’il l’avait souhaité. Il n’entra pas dans la cité, il était dans sa périphérie et derrière lui il sentait la force de la montagne qui lui donnait l’impression étrange de le fixer. Il se retourna calmement, se disant que s’il devait mourir il n’avait plus l’énergie de lutter et que si la Ligne du Temps en avait décidé ainsi, cela ne valait pas le coup de se battre.

Son instinct était juste (quelle surprise). Derrière lui se tenait peut-être la plus grande créature qu’il n’avait jamais vu. Et elle était aussi effrayante qu’impressionante que magnifique. Daé prit le temps de la regarder de toute sa splendeur. Des lignes bordeaux traversaient son pelage et elle semblait régner sur l’entier de la région. Il avait déjà entendu parler de ce type de créature, mais n’aurait pas réussi à dire précisément de quel animal il s’agissait. Et malgré sa splendeur et son danger qui aurait pu être manifeste, le Rehla n’avait pas l’impression que cette dernière lui voulait tant de mal que ce qu’il aurait pu croire. Elle le regardait, simplement. Comme les Aetheri devaient parfois se perdre à la contemplation de celleux qu’iels protégeaient. Ou du moins...celleux sur lesquels iels agissaient. Le Rehla leva les bras vers le ciel comme pour prouver sa bonne fois à la créature qui semblait maintenant avoir focalisé toute son attention sur lui et tranquillement, sans faire de gestes brusques qui auraient pu l’effrayer ou lui faire croire que le jeune homme aux cheveux de neige était hostile, il s’assit au sol, les jambes serrées contre son torse entre ses bras.

Et iels se regardèrent.
Et iels se contemplèrent.
Daé essayant de saisir chaque détail de l’immensité de l’être qui lui faisait face.
Cet être cherchant à sonder l’âme même de Daé avec ses yeux qui devaient faire la taille du Rehla.

Ses ailes qui n’étaient pas déployées, la couleur sombre de son pelage, ses yeux immenses, sa manière laconique d’appuyer sa tête contre une montagne qu’un.e.x humanoïde aurait mis des jours à grimper. Son calme, son envie de savoir, le silence que sa seule présence imposait. Ses pattes qui auraient pu raser des villages, mais qui n’en faisaient rien et qui parfois se déplaçaient sur la montagne créant des débuts d’éboulement. Le tout, sans aucune hostilité, nulle part. C’était donc ça que lui avaient réservé les étoiles. La rencontre avec l’Immense. Daé avait eu l’occasion d’y être confronté, plus d’une fois. L’Immensité du Destin, l’Immensité du Ciel, des Astres. Mais aussi l’Immensité des obligations, des faux choix, des peuples, des dirigeant.e.x.s. L’immensité de la guerre et de la violence physique lorsqu’il se battit aux côtés des Zul’Dov. Il avait connu ça. Mais rarement avait-il eu le temps d’y réfléchir et rarement avait-il vu quelque chose d’aussi concret, d’aussi physique, qu’un être de chair et de sang immense. Et le voilà. Daé sourit. Un demi-sourire créa de la créature créa un petit coup de vent au-dessus du Rehla. “Tous tes mouvements ont un impact immense sur ce qui est autour de toi.” Le sourire s’élargit légèrement encore. Imité par Daé. Puis le retour du silence.

Parfois lorsque des créatures si imposantes se trouvaient à un endroit, la faune, par instinct de survie, se faisait petite ou se cachait. Etonnamment, ce n’était pas le cas ici. Parfois, un oiseau voletait, s’arrêtait un instant sur l’immensité et repartait, comme si de rien n’avait été.

Et.
Le temps.
S’étirait.
Encore.

Daé était quelqu’un qui aimait le mouvement, qui aimait l’avancée, le fait que les choses soient prises dans un flux. Or il aimait cela depuis des années et le filet d’eau de ses pensées était devenu rivière, torrent, puis fleuve. Et là. L’eau. S’était. Arrêtée.

Les yeux perdus dans le regard colossal de la crétature, Daé fut soudain surpris par une voix qui retentit dans sa tête. La voix était grave et puissante, mais contenue, comme une voix faite de lave sous une cloche de verre. Et la tête du Caeli était si vide après ces heures passées à laisser le cours d’eau de son esprit se tarir, qu’il l’accueillit entièrement, la laissant résonner dans l’entier de sa tête. “Tu n’es pas comme les autres personnes que j’ai vues.” “Tu en as vu beaucoup ?” La tête alla de gauche à droite quelques fois. “Alors comment le sais-tu ?” “Vaès sent les choses, elle ne les sait pas forcément.” “Vaès…” Le nom de la créature se perdit contre la montagne. Daé baissa la tête un instant, se massa la nuque, puis se replongea dans le regard de cet être nouvellement nommé. “Non, je ne suis pas comme les autres. Je viens d’un peuple qui est différent. Sur plein d’aspects.” Daé parlait et la créature lui répondait toujours en faisant retentir cette voix dans la tête du jeune homme. “Tu veux me dire en quoi ton peuple est différent ?” Daé réfléchit un instant. “Je ne suis pas sûr.” “Pourquoi ?” “Parce que, j’ai passé ma vie à agir pour mon peuple et que lorsque je suis ici…” il regarda autour de lui ce lieu qu’il ne connaissait toujours pas “j’ai l’impression de pouvoir prendre le temps de penser pour moi avant de penser pour mes adelphes et pour les habitant.e.x.s de ces terres.” “Alors tu nourris tes pensées de magie ? C’est intéressant ça. Je ne sais pas faire ça.” Le Rehla sourit. Il n’avait pas pensé en voyant Vaès qu’elle ne savait pas tout faire. Il avait comme associé son aura avec ses compétences, mais il était vrai que même les créatures les plus impressionnantes n’étaient pas omnipotentes. Si même les Aetheri ne pouvaient pas tout faire, alors les mortel.le.x.s encore moins. Des noms lui passèrent par la tête. Que ne savait pas faire Caleb Suellan ? Et le Baron Paiberym ? Et Elsa ? Et Lyn ? Rarement parlait-on de ce qu’on ne savait pas faire. “Je ne nourris pas mes pensées de magie, la magie nourrit mes pensées.” Le silence de Vaès invitait Daé à en dire plus. “Je ne sais pas ce que je peux te dire, mais je vais partir du principe qu’ici Phoebe ne m’entend pas.” “Si tu préfères, nous pouvons passer un marché, Enfant de la Magie. Je vais mourir. Très bientôt. Parle moi, ça me fera du bien de voir de la jeunesse. En échange je t’écouterai et je mourrai avec tes secrets. Ce pelage en renferme bien d’autres..” Ses yeux semblèrent se perdre un instant dans son passé puis revenir à Daé. “Marché conclu, Vaès. Quand je te dis que la magie nourrit mes pensées c’est...littéral. Je ne pense que ce qu’on me souffle de penser et...je suis là pour le réaliser. Etrange, non ? Pas pour moi tu me diras, parce que je suis né dans cette culture, mais je sais que pour la majorité des gens c’est une chose étrange. Pas la notion de servir mon peuple, mais la notion de réaliser quelque chose qui est prévu. C’est d’ailleurs je crois un des plus beaux paradoxes de nos vies, devoir réaliser quelque chose qui va nécessairement se réaliser. La contingence n’existe pas. Et c’est beau, et rassurant en un sens. Me voilà encore à parler de généralité sur les Reh...sur mon peuple. Bref, cette nécessité a évidemment des côtés négatifs. Je pense que tu t’en doutes. Et depuis un moment...je ne vois plus que ceux-là, Vaès.” “Pourquoi ?” “Parce que...le Destin ne veut pas que je sois heureux. Je sais que cette quête de bonheur est d’une futilité infantile et je sais qu’elle est indigne de ma fonction dans le monde et sur nos terres, mais…” Le Rehla avait monté le volume de sa voix en disant cela sous l’effet de la colère. La voix pleine de Vaès le rassura : “L’avantage, Enfant de la Magie, c’est qu’ici tu n’es pas sur ce que tu appelles “nos terres”, alors oublie ce jugement et parle moi de ce bonheur.” Il nota l’indication géographique ou du moins...planaire ? dans un coin de sa tête et reprit après quelques respirations lentes pour se calmer. “J’aimerais être heureux, Vaès. Et je n’arrive pas à trouver mon bonheur dans la mission que m’offre la Lune. J’ai perdu foi en elle le jour où j’ai dû assassiner de sang froid mes parents, dans leur maison, alors que tout le monde. Tout. Le. Monde. Le savait. Et que personne n’a rien fait. Et iels m’ont regardé hurler le nom de Phoebe si fort que j’espérais qu’elle tombe pour venir la frapper encore et encore pour avoir osé me promettre un tel destin. Et je fais une...je fais une fixette, et le mot est petit, là-dessus. J’ai commencé à me tourner vers sa soeur, je ne sais pas si elle peut m’aider, mais à force de vivre dans la ville de ses protégé.e.x.s, je sens son influence me gagner. Peut-être que la dernière en qui j’ai encore confiance est la Grande Prophétesse. Oui, c’est peut-être elle qui me permet encore de tenir.” “Tu as perdu la foi, Martyr de la Lune ?” Martyr de la Lune. Ce n’était pas la première fois qu’il entendait ce surnom. Il se rappela soudain Elsa, qui l’avait murmuré alors qu’il s’était évanoui sous le choc de l’assassinat de ses parents. Pourquoi ce nom revenait-il ? Et pourquoi Vaès le connaissait surtout ? “Pourquoi m’appelles-tu comme ça ?” “Parce que tu me racontes que la Lune a fait de toi un Martyr, elle me semble tester ta loyauté, et pour l’instant tu sembles la garder, même si ta foi vacille. Si tu avais décidé de tout arrêter, alors tu ne souffrirais plus, mais tu ne le fais pas. Ce qui fait de toi un Martyr de la Lune. Ce nom te parle ?” “Je ne sais pas…” Un temps “Je repense à ce que vous dites, mais...je ne peux pas tout arrêter je crois. Je n’ai pas le choix.” “Et si tu acceptais l’illusion du choix. Ferme les yeux, veux-tu.” Le Rehla s’éxecuta, la mine renfrognée, frustré de ne pas comprendre où Vaès voulait en venir. “Imagine un monde où ce Destin dont tu parles ne t’est pas connu. Où tu ne sais pas qu’il va se passer. Est-ce que pour autant, ce Destin ne se réaliserait pas ?” “Il se réaliserait de toute façon, que je le connaisse ou non.” “Voilà, maintenant à l’intérieur de ce monde, imagine que tu as le choix. Non pas parce que tu l’as réellement, mais parce que tu ne sais pas que tu l’as. Quel choix ferais-tu ?” “Je...je proposerais à Yzex et à quelques ami.e.x.s d’aller vivre sur les Terres du Lac Bleu, pas loin d’un ponton assez central pour pouvoir bouger rapidement. On aurait une collocation, dans une vieille bâtisse qu’on aurait retapée.” “Ce serait un très beau choix, enfant Martyr. Maintenant, replonge toi dans ton monde, avec la connaissance de ce Destin.” Daé fronça les sourcils comme s’il faisait quelque chose de désagréable puis acquiesça de la tête pour inviter Vaès à continuer “Et rajoute à tout cela un paramètre, un seul. Choisis de faire ce que tu es destiné à faire.” Daé se concentra. Il réfléchit longtemps, la discussion semblait s’être arrêtée définitivement. Peut-être que le silence dura une minute, ou dix, ou trente, mais il réfléchit en repassant dans sa vie tous les moments où il avait fait les choses en sachant qu’il n’en avait pas le choix, que c’était ainsi et que son avis ne changeait rien là-dedans. Il enleva de ses paramètres les visions sur lesquels il avait le choix d’agir qui étaient encore rares à son niveau et se concentra sur ces obligations. En tentant de s’imaginer, le choix. Choisir d’aller tuer cette sorcière dans les rues sombres d’Amestris, choisir d’offrir ce cadeau à cette vampire, choisir de se rendre à ce dîner avec ce mystérieux inconnu qu’il semblait croiser absolument partout. Choisir Yzex, choisir Elsa. Même choisir Lyn. Choisir Amestris et la boutique, le peuple noir et Ethelba. Pour la première fois il se rendit compte que s’il avait commencé à tenter de parler à la Soeur de la Lune c’était sûrement parce que Phoebe elle-même le voulait. Et il y arriva, ce qu’il ne voulait pas faire, ce qu’il ne voulait absolument pas choisir. Choisir de tuer, de sang-froid, ses parents. Alors que l’un.e des deux pleurait et que l’autre semblait apaisé.e. Choisir de planter la lame, choisir de crier pour expier les conséquences de ce choix. Oui. Choisir de crier pour expier les conséquences. Voilà exactement ce qu’il avait fait. Il n’avait fait que choisir ce qu’il avait à faire de manière nécessaire. Et il n’aurait pas pu choisir autrement, mais...il avait eu ce choix. Vaès sembla avoir compris à la manière qu’eurent soudain les rides du Rehla de s’apaiser, de se détendre, brutalement. Comme si une partie de ses problèmes avaient quittés son corps. “Tu vois cette illusion de choix, Martyr de la Lune ? Peut-être que c’est là qu’il te faut creuser.”

Le Rehla rouvrit les yeux. Vaès souriait maintenant de manière assez visible. Daé avait été tellement pris dans ses pensées et dans ses réflexions qu’il n’avait pas senti l’air se mouvoir lorsque l’immense animal avait bougé, il n’avait pas entendu les éboulements provoqués, il s’était concentré sur cet esprit vide qui lui avait fait tant de bien. “Je suppose qu’à un moment ou à un autre, tu vas retourner sur tes terres, jeune Martyr. Avant de le faire, si tu souhaites écouter les conseils d’une vielle précurseure en fin de vie, prends le temps d’enregistrer en toi la sensation que tu viens de vivre. Peut-être qu’elle te sera utile un jour.” Et Daé fit ce que lui proposa celle qui venait de s’appeler une précurseure. Il nomma, en lui, ses sensations physiques, son parcours mental, les endroits où chaque émotion, chaque souvenir, chaque sensation s’était rangée. Il nomma tout cela un par un dans un temps hors du temps et dans un lieu hors de l’espace, face à l’immensité mourante qu’était Vaès qui ne l’avait pas quitté des yeux encore une seconde depuis le début de leur discussion. Au bout d’un moment, Daé sourit et étira ses bras derrière son dos ; ses ailes s’écartant pour faire de la place à cet étirement salvateur. Ses manches douces et légères de ses habits de voyage retombèrent sur ses poignets lorsqu’il abaissa ses bras. Il prit son inspiration pour poser une question à la Précurseure et elle l’invita d’un clignement d’oeil à faire ce qu’il avait à faire. “Phoebe. Si je ne te vois pas ce soir je sais que tu m’entends. Ethelba aussi, mais je te parlerai plus tard, un autre jour ou une autre vie, nous avons pu beaucoup échanger ces derniers jours. Phoebe, je t’ai perdu, non pas parce que tu m’as abandonné, mais parce que je ne voulais pas te trouver pendant un moment. Et cela m’a fait du bien. J’ai aimé ma colère contre toi. Merci de m’avoir laissé le temps de le faire tout en continuant de m’abreuver de ton énergie et de ta magie, merci de m’avoir offert la possibilité de comprendre, d’apprendre. Je ne veux plus revenir dans ce que nous étions avant l’une pour l’autre. J’ai été ton jouet et tu as été mon bourreau. J’ai envie d’être ton ami et que tu sois ma confidente. J’ai envie de choisir de t’aider chaque jour et chaque minute et j’ai envie de pouvoir recevoir les choix que je vais devoir faire avec douceur. Je ne sais pas si chacun.e.x. de tes enfants te demande ça, mais je sais que je te le demande et j’espère, au plus profond de mon coeur que tu abreuves chaque nuit ou presque de ton pouvoir, que tu sauras accéder à la démande d’un de tes enfants qui accepte d’être ton martyr cette nuit, dans ce lieu sans temps ni espace. Si tu l’acceptes, alors je suis tien, en entier, sans concession, je choisirai ce qu’il y a à choisir et je ferai ce que j’aurai choisi. Je ne parle pas de l’éventualité d’un refus, car jamais tu ne m’aurais guidé si loin sur ce chemin de pensée si ce n’était pas le bon. Même quand mes soeurs, tes filles les étoiles ne chantent pas, j’arrive à entendre dans leur chant passé que je ne me trompe pas. Et je les en remercie. Quant à toi, Grande Prophétesse, merci de m’avoir fait tenir dans ma lourde mission, merci de nous guider encore et encore et merci d’avoir pu être la médiatrice si utile de mes colères. Long règne à toi, Phoebe, Astre Reine et à toi, Grande Prophétesse, Guide de notre Peuple.” Daé dessina d’une main ferme dans les airs la constellation du Sablier qui le guidait depuis quelques mois et lorsqu’il releva les yeux, ce fut attiré par le bruit immense des ailes de Vaès qui se déployait jusqu’à ses pieds, l’invitant à monter sur son dos. Le Rehla partir d’un rire sincère. C’était un cadeau extraordinaire que lui proposait cet être titanesque. Il sentait d’ailleurs bien que cela semblait la fatiguer et la rapprocher encore un peu plus de son dernier souffle, mais elle avait l’air si certaine de vouloir lui offrir cela, qu’il n’hésita plus et monta sur son dos. Il semblait minuscule ainsi cramponné à des touffes de poil. Elle ne montrait aucun signe de douleur, c’est que sa prise devait être instinctivement juste. Il rabattit ses ailes de telle sorte à ce qu’elles fendent l’air en même temps que les deux airs qui s’envolèrent dans un battement d’aile qui résonna comme le tonnerre à des kilomètres à la ronde.

Le lac. Le vent. La sensation de se faire brûler par le vent tant il est puissant. L’air qui déforme la bouche. L’impossibilité de parler tant l’on est soufflé. La vitesse qui fait remonter les organes lors d’un piqué. La sensation de vie, de liberté, de simplicité. Se rapprocher du monde comme jamais. Ressentir la vie qui coule à l’intérieur de chaque atome de magie disséminé dans les airs. Rire. Rire si fort. Rire aux éclats. Puis entendre sa compagnonne rire aussi. Ralentir. Revenir. Tourner autour de la montagne pour atterrir en douceur.

Daé secoua la tête comme pour se rendre compte de ce qu’il venait de vivre. Il s’envola du dos de Vaès avant que cette dernière ne se pose, ne voulant pas tout de suite ressentir la terre ferme. Alors qu’elle volait autour de lui elle lui posa une dernière question : “Dis-moi, Martyr, pourquoi est-ce que tu m’as tutoyé directement ? C’est une pratique courante chez toi ?” Daé sourit. “Les étoiles ne connaissent que le langage le plus direct.” Il fit un clin d’oeil, coquin et enfantin, à celle qui lui avait fait vivre cet instant de merveille et de magie et ses deux paires d’ailes le ramenèrent en direction de chez lui.

Sur son chemin, Phoebe s’était frayée un passage au travers des nuages.



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Kitoe
~ Démon ~ Niveau II ~

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Kitoe
Mer 30 Déc 2020, 23:28

Toki
Que votre Voeu soit exaucé
Le paysage n’était pas ce dont elle avait l’habitude. C’était immense. Désert. Rocailleux. Au loin, elle pouvait voir un lac et des ruines. Tout autour de dressaient des montagnes comme elle n’en avait jamais vues. Toki n’avait pas la moindre idée de ce qu’elle pouvait bien foutre ici. La situation inédite lui rappelait les aventures que lui avait racontées Kitoe à quelques reprises, lorsque celle-ci se retrouvait téléportée de force dans un trou perdu avec d’autres gens pour accomplir une mission dont elle se serait bien carré le cul. Aujourd’hui, il semblait que c’était au Reflet que ça arrivait et cette fois-ci, il n’y avait personne d’autre qu’elle. Comme la plupart du temps, Toki arborait la personnalité d’Ellie. Et cette situation mettait Ellie de mauvaise humeur. Il n’y avait personne et qu’elle ne comprenait pas ce qu’elle devait faire. Ellie n’aimait pas perdre son temps avec des énigmes ridicules. Elle n’avait pas envie de chercher. Il y avait des choses plus importantes dans la vie.

-C’est quoi ce bordel ?

Elle espérait qu’en le disant à haute voix et de manière autoritaire, quelqu’un apparaitrait pour lui répondre ou mieux, la ramènerait chez elle. Elle savait d’office que peu importait ce qu’on lui proposerait d’effectuer, ça ne l’intéresserait pas.

« Bonjour. »

Ellie tressaillit à l’entente de cette voix qui provenait directement de son esprit. Les yeux exorbités, elle leva les yeux vers l’immense créature qui se tenait soudain devant elle, près d’une montagne. Elle hallucinait devant sa taille et sa prestance monstrueusement immense. C’était elle qui lui avait parlé ? Elle ne savait pas pourquoi, mais elle pensait que oui.

-Qu’est-ce que vous me voulez ?

La Vile n’était pas très sympathique. A tous les coups, ce machin voulait la bouffer. Si d’une elle n’en avait pas envie, elle se disait aussi que la créature avait raté sa cible : elle n’était qu’un Reflet pas plus consistant que de la brume et puis franchement : serait-elle si nourrissante au vu du rapport de taille ?

« Je m’appelle Vaès, je suis une Précurseur. Je souhaite juste te connaitre. Tu n’as pas à t’inquiéter, ce n’est que de la curiosité. »

Comme si elle n’avait pas compris, Ellie ne fit que cligner des yeux. Ce gros truc faisait flipper. C’était un gigantesque chat ailé et cornu pourvu de serres. Le monstre pouvait tout détruire sur son passage si ça lui chantait. Le Reflet était étonné qu’il ne l’ait pas encore fait et que sa seule volonté soit de discuter.

« Je ne te veux aucun mal. En fait, je vais bientôt mourir. Je ne cherche qu’à assouvir ma soif de connaissance en attendant ma fin et je ne connais rien à votre monde. Et au tiens, par conséquent. »

Leur monde ? Elle ne comprenait pas pourquoi ce devait être à elle de raconter sa vie à ce matou mutant. D’habitude, c’était son modèle qui se chargeait de ce genre de formalités. Toki n’avait pas à s’en charger, la première raison étant qu’elle n’était encore qu’une Obsession. Incomplète et donc incompétente. Rien de plus.

« N’as-tu donc rien à dire ? J’en doute. »

-Je ne vois pas ce que vous voulez. Je n’ai rien d’intéressant à dire et je ne sais même pas si je peux vous faire confiance.

C’était peut-être un peu culotté de dire ça face à une bête aussi puissante et imposante. Quand elle n’était pas d’humeur, Ellie était toujours trop franche.

« Si tu n’as rien d’intéressant à dire, je ne vois pas pourquoi il serait question de confiance ou non. » Merde. Pas faux. « Tu n’as qu’à me parler de toi, de qui tu es et de ce que tu fais. De ce que tu aimes ? »

Ses iris se perdirent dans la fourrure de la bête. La Démone n’osait pas la regarder dans les yeux.

-Vous me laisserez rentrer chez moi lorsque je vous aurais tout dit ?

« Oui. »

-Très bien. Concéda-t-elle dans un soupir. Je m’appelle Ellie, je suis une Démone et je travaille à la fois pour une boulangerie et une boucherie. Plus souvent dans la boucherie. C’est moi qui me charge de trouver des matières premières.

« Une boulangerie et une boucherie ? C’est plutôt… atypique comme association. Du moins, de ce que j’ai compris. »

Cette remarque était fatigante à la longue. D’un autre côté, quelle idée de vouloir gérer deux magasins si différents en même temps.

-Oui. C’est une amie qui tient les deux. Je ne fais que travailler pour elle.

« Alors tu gagnes de l’argent ? »

Non, mais le dire la ferait passer pour une esclave. Ce qu’elle n’était pas.

-Nous partageons l’argent. Nous sommes quatre. Enfin... Pourquoi hésitait-elle ? Ici, il n’y avait pas de Kitoe qui tienne. Juste elle. Elle était son modèle. Oui.

« Tu n’as pas l’air sûre de toi. »

-C’est interdit ? Se braqua-t-elle aussitôt.

Il n’y avait rien de plus agaçant que quelqu’un qui remettait ses paroles en question. De son côté, Vaès ne semblait pas tenir compte de son insolence. Ça l’étonnait. Elle s’était attendue à déjà avoir reçu une remarque ou deux, la menaçant qu’elle allait bientôt se prendre un coup de patte.

« Ce n’est qu’une constatation. Tu ne sembles pas satisfaite par ta position. »

Elle rit. Oui, mais c’était bien plus compliqué que ça. Normal, puisqu’elle mentait. Toki ne savait pas si elle tiendrait longtemps dans cette position. Si elles allaient trop dans les détails, ça ne serait plus possible. Elle n’avait pas encore les épaules pour. C’était une situation détestable, mais bon : que pouvait-elle faire ?

-Elles m’agacent, parfois. Elles sont… Elle accompagna son ressenti d’un geste en l’air. Hystériques. Fatigantes.

« Mais tu restes. »

-Oui. Elles sont aussi terriblement maléfiques.

A ce mot, elle ne put s’empêcher de sourire. C’était du sadisme. Ce dont elles étaient capables ensemble, cette cruauté inouïe… c’était magnifique.

« Et tu aimes. »

-Evidemment. C’est dans ma nature. Voir les gens tomber. Les piéger. Les tuer. Elles, elles les mangent parfois et les font manger. Nous nous complétons plutôt bien. Sa bouche s’affaissa de nouveau en une moue. Mais elles m’agacent. Lia est une idiote. Kitoe est trop autoritaire. Elle croit qu’elle est meilleure que moi, sans arrêt, parce qu’elle est la pièce centrale et parce que… je ne suis qu’une vulgaire copie.

Aurait-elle dû se taire ? Elle attendait de voir. C’était trop tard maintenant.

« Une vulgaire copie ? »

-Une vulgaire copie. Confirma-t-elle. Comment vous dire ça… Elle passa sa main sur son front et se redressa. Elle regardait le sol quelques mètres devant elle. Kitoe est l’originale. Elle est aussi une espèce de folle illuminée.

Malgré leurs quelques différends, Kitoe était une femme respectable qu’Ellie la considérait à l’origine de tout. Mais elle aimait aussi le manque de respect. La chose était d’autant plus plaisante lorsqu’il s’agissait de cracher dans le dos des concernés.

-Et en tant que bonne folle illuminée, Kitoe…

C’était vraiment étrange d’en parler soi-même. Décrypter la folie que l’on observait en face de soi tout en la vivant soi-même était très particulier. C’était comme nier et reconnaitre les faits en même temps. Kitoe était atteinte de troubles de la personnalité. Elle en était consciente autant que le Reflet. Mais elle ne se considérait pas comme folle ou malade. Ce n’était pas parce qu’elle avait ce trouble qu’elles l’étaient, l’une comme l’autre. Elles avaient parfaitement conscience d’elles-mêmes et du monde qui les entourait.

-… n’est pas seulement Kitoe. Elle est aussi Lia, Ellie et Kraa. Elle est quatre personnes distinctes à la fois. Et moi, en tant que copie, je suis ces quatre personnes aussi. Maintenant, je suis Ellie. En tant que copie, vous pouvez aussi m’appeler Toki.

« Oh… »

Elle avait le sentiment que son explication était chaotique, mais elle ne voyait pas d’autre moyen de l’exprimer.

« Alors tu n’es pas une Démone si je comprends bien. Qu’es-tu exactement ? Pourquoi la copie-tu ? Pourquoi elle que tu considères comme folle ? Aimes-tu cela ? »

-Je suis un Reflet. Le principe même de mon existence est de copier une identité pour devenir la personne choisie. La raison pour laquelle j’ai copié une folle hystérique est que je l’ai souhaité avant qu’elle n’en devienne une, car elle était une Ange à l’origine. J’ai voulu la rejoindre en Enfer. Par intérêt pour sa vie, j’imagine. Elle n’est pas banale.

« Alors tu vis pour copier et à présent, tu marches tout à fait dans les pas de celle que tu as choisi ? Est-ce que Toki et ces quatre personnes sont aussi différentes ? »

-Toki est ces quatre personnes au même titre que Kitoe est ces quatre personnes, l’une d’entre elles portant son nom. Pour le moment je ne suis pas encore capable de la copier totalement, alors je ne fais que la suivre.

« Et lorsque ce sera fait ? »

-Je ne sais pas.

Ellie se retourna pour contempler le paysage. C’était une question difficile. Elle y avait déjà réfléchi.

-Kitoe a besoin de moi de bien des manières.

Sans elle, les boutiques ne tourneraient sûrement pas et la Démone vivrait encore dans ce taudis où elle l’avait retrouvée la première fois. Elle n’aurait jamais pris le temps de faire tout ce qu’elles avaient fait ensemble. Pas aussi bien.

-Mais je n’ai pas envie de marcher dans son ombre pour toujours. J’aime être avec elle car ensemble, nous faisons de grandes choses. J’aimerais qu’ensemble, notre affaire devienne internationale. Mais j’imagine que ça ne durera pas éternellement. Des fois, j’aimerais faire ma propre vie ailleurs. Elle est ambitieuse, alors moi aussi. Je ne sais pas ce que je ferais. Tout ce que je sais, c’est que Kitoe se sentirait provoquée et que cela m’amuserait.

« Elle te provoquerait en retour. »

-Oui. Ce serait un combat.

« Y’aurait-il des morts ? »

-… Probablement.

« Tu n’aurais pas de remords à la tuer ? »

-Je ne sais pas. Sûrement un peu. Mais ça serait dans l’ordre des choses.

Il y eut un silence. Ellie regardait toujours dans le vague.

« Connait-elle tes projets ? »

-Je pense. Nous n’en parlons pas mais nous savons toutes les deux. Toutes les bonnes choses ont une fin. Elle est bien placée pour le savoir. Sa vie est chaotique, vous savez. Elle voudra me tuer dès qu’elle me verra partir. Kitoe est assez rancunière.

Toki n’avait jamais mis des mots sur tout cela. Elle n’avait jamais pensé à concrétiser la mort de son modèle ni quoi que ce soit d’autre que le moment présent. Après tout, Kitoe vivait au jour le jour sur beaucoup d’aspects et ne développait ses projets qu’un à un. Autrement, elle s’éparpillait trop et au final, rien n’aboutissait.

« Dis-moi… est-ce difficile de copier quelqu’un ? »

-C’est beaucoup d’observation. Je pense que je suis plus longue que la moyenne. Je vous avoue que je commence à m’impatienter de ma propre lenteur. C’est assez frustrant.

Elle ne souhaitait pas en parler davantage. Vaès le comprit.

« Pourrais-tu me montrer les autres ? »

Cela l’ennuya un instant, mais elle finit par s’y plier.

-Je ne maitrise pas Kitoe. Et je ne sais pas s’il est vraiment bon de faire appel à Kraa maintenant. Je peux demander à Lia. Toki marqua une pause. Elle se concentrait pour discuter avec son autre personnalité. Lia est impatiente de vous voir. Je lui ai dit que vous étiez un gros monstre-chat avec des ailes. Je préfère vous prévenir. C’est une enfant, elle ne se rend pas compte de tout ce qu’elle dit. Je vous laisse.

Vaès ne dit rien, attendant que le Reflet ne brise à nouveau le silence. Cette dernière était concentrée. Elle eut un rictus, puis bientôt sa moue se transforma en un grand sourire. La femme avait rétréci pour adopter l’apparence d’une gamine. Lia ouvrit grands les yeux, déjà à la recherche de l’énorme bête qu’Ellie lui avait promis. Quand elle l’eut trouvée – ce ne fut pas bien difficile – elle éclata d’un rire d’extase et la pointa du doigt.

-WAAAAAAAAAAH ! Mais t’existes pour de vrai de vrai en plus ? MAIS C’EST TROP BIEN ! T’es ENOOOORMEEEE ! Dis, tu peux détruire des villages ? T’as l’air toute douce ! Je peux monter sur ton dos ?

La Précurseur ne répondit pas tout de suite. Elle l’observait avec curiosité. Elle ressemblait beaucoup à Ellie, mais le contraste entre les deux caractères était déroutant. Ce que l’aînée avait voulu dire par « hystérique » et « fatigant » prenait tout son sens.

« Bonjour Lia. »

-Comment tu connais mon prénom ?

Lia était émerveillée à l’idée que cette créature soit complètement omnisciente. Si ça se trouvait, c’était un Aether !

« Ellie me l’a dit. »

La réponse la déçut. Elle ressentait même de la jalousie.

-Hannn, mais Ellie t’as dit beaucoup de choses ou quoi ? Vous parlez depuis longtemps et elle m’a rien dit ?!

« Nous avons parlé d’elle, de Toki et de Kitoe, de ce que vous faisiez ensemble. Nous avons parlé de vos projets. Mais je suis curieuse de connaitre chacune d’entre vous. Je connais Ellie, maintenant je voudrais te connaître, et puis Kraa. Mais j’ai cru comprendre qu’il serait plus compliqué d’avoir Kitoe. »

-Pff ! Même pas vrai, je connais Kitoe comme ma poche ! C’est moi qui ai fait ce qu’elle est devenue ! Avant c’était une Ange toute nulle et puis elle est devenue Déchue de la Gourmandise parce que c’était une grosse chochotte chouineuse et malheureuse, bouuuhouhouuu. Et puis moi je suis arrivée, et je l’ai sauvée ! Je lui ai appris plein de trucs, tu sais. Comment tuer des gens. Comment manger des gens. Et comment être liiiibre ! Voilà, tu sais tout. Je peux monter sur ton dos ?

« Ellie m’a dit que Kitoe était autoritaire. Tu sembles avoir eu une grande influence sur elle pourtant. »

-Rhoolala ! Oui, maintenant que je lui ai montré comment être heureuse dans sa vie, elle se sent plus trop péter. Hihi, péter. Mais elle est plus cool qu’avant. Avant, j’avais le droit de rien faire parce que sinon on allait se retrouver en prison. Maintenant je peux chanter, danser, acheter des jolies robes, manger plein de gâteaux et tuer plein de gens !

« Pourquoi tuez-vous des gens ? »

-Parce que c’est marrant !

Lia lui expliqua les principes fondamentaux qui rendait l’activité amusante et les bases du cannibalisme et de la torture. Elle lui raconta toutes ses passions d’enfant, lui avoua avec tristesse qu’elle n’avait aucun ami de son âge ni aucun ami tout court et que ça la rendait triste. Elle lui confessa aussi que parfois, elle volait des gâteaux dans la boulangerie pour le goûter et que Kitoe ne s’en rendait même pas compte. Elle lui raconta à quel point l’originale développait une obsession pour certaine personnes – dernièrement, Neah, qu’elle voulait tuer, et Bellada, qu’elle voulait chérir de tout son cœur –. Lia voulait d’ailleurs faire plus ample connaissance avec cette vieille dame qui avait plein de petits-enfants, donc plein de potentiels amis, mais Kitoe l’en avait interdite.

-Mais quand-même, on s’amuse bien ensemble. Surtout quand Kitoe devient Lia, comme ça on est deux Lia et on fait plein de bêtises ensemble ! Ah bah voilà ! Ma seule amie, c’est Lia !

En racontant ses histoires, Lia s’était assise par terre pour arracher l’herbe rase de montagne et la lancer comme plein de confettis. Là où elle se trouvait, il n’y avait pas de neige, mais elle convoitait fortement celle située sur les sommets. La gamine n’avait jamais vu la poudreuse de toute sa vie, alors elle en rêvait.

-Est-ce que je peux monter sur ton dos ? Je veux aller voir la neige. On pourrait faire une bataille ?

« C’est là ta seule ambition ? »

-Voir la neige ? Ouais. Sinon je sais pas. Ambition ça veut bien dire ce qu’on veut faire, hein ? Bah ouais. Moi je veux voir la neige. Et rester avec Kitoe parce qu’on fait des trucs chouettes. On s’amuse bien. Mais ça j’ai déjà dit. Du coup, je peux monter sur ton dos ?

« Pourrais-tu me montrer Kraa avant ? »

-Kraa ? Oui, je peux essayer, mais euh… elle parle pas beaucoup. Et pour l’appeler je vais devoir l’énerver. Sinon elle viendra jamais, elle est toute timide. Du coup si je hurle eh ben… c’est normal. Tu peux hurler avec moi si tu veux.

Pour se mettre parfaitement dans le bain, Lia ferma les yeux et pensa à des trucs énervants. Quand une de leurs victimes essayait de s’enfuir. Quand elle déchirait l’une de ses jolies robes de princesse. Pire, quand quelqu’un d’autre l’abîmait. Quand on lui volait son repas.

-Kraa ! KraaaAAAaaAAAAAAaaaaa ! KRAAAAAAAAAAA !

La bête était là, tout près. Lia continua de l’appeler. Qu’elle ne se manifeste pas l’énervait, ce qui l’incitait à se manifester. C’était un cercle vicieux stupide, mais qui fonctionnait. Le corps de la gamine devînt complètement noir, allongé, difforme. Elle dégageait tout à coup une aura particulièrement sombre. La bête rugit de toute ses forces alors qu’elle se reposait sur ses pattes avant. Un long filet de bave coulait d’entre ses dents. Elle jaugeait Vaès avec méfiance, désirant l’attaquer mais sachant pertinemment qu’elle ne ferait jamais le poids. Elle grogna.

« C’est donc toi, Kraa. »

La créature noire ne répondit pas. Elle n’était pas douée de parole. Elle ne comprenait pas pourquoi on lui avait demandé de se manifester. Elle n’avait rien à faire ici. De son côté, Vaès tentait quelques approches verbales, mais ses interrogations restèrent sans réponses face à l’animalité qui, au mieux, émettait quelques interjections. La situation ennuyait Kraa. Elle voulait repartir, laisser sa place.

« Lia, tu es toujours là ? »

-Oui !

Le changement de personnalité se fit en un clin d’œil. Cela rendit fière la petite, qui avait l’impression d’avoir les choses en main, comme une grande !

-Je t’avais dit qu’elle parle pas beaucoup. Je peux monter sur ton dos maintenant ?

« Hm… Oui, tu peux. Mais attention il fait froid là-haut. »

-Pfff ! Même pas peur ! Moi j’ai jamais froid d’abord !

Accourant vers la Précurseur, Lia grimpa sur son dos à l’aide de ses ailes. Lorsqu’elle fut assise, elle s’agrippa à sa fourrure.

-Ooooh tu es toute douce ! Je t’aime !

Elle plongea sa tête dans le pelage de la créature. Pendant ce temps, celle-ci prenait son envol. Lia contempla le paysage.

-On pourra aller voir la neige ensuite ?

« On pourra. »

-Ouais !

Lia se blottit dans les poils de Vaès. Elle commençait déjà à trembler. Ce chat géant avait raison : il faisait froid, mais Lia ne voulait pas admettre qu’elle avait eu tort. Elle se mit à grelotter. Ses mains devinrent bleues. Elle se plaqua davantage sur la bête pour récupérer de sa chaleur. Instinctivement, elle ferma les yeux. Bientôt, elle sombra dans l’inconscience.



3179 mots



Bijin
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Astriid
~ Ygdraë ~ Niveau II ~

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Astriid
Mer 06 Jan 2021, 13:23

Que votre Vœu soit Exaucé





L'Elfette soufflait sur ses moufles pour tenter de réchauffer ses mimines. Sa petite taille rendait difficile sa progression dans la ruelle immaculée et elle s'enfonça plusieurs fois jusqu'aux cuisses dans les congères. Elle sentait déjà le bout de ses bottines s'humidifier et transformer ses orteils en minuscules glaçons. Seïh n'était malheureusement pas là pour qu'elle puisse se cacher derrière lui et marcher dans ses traces. Ses grands yeux écarquillés se plissèrent quand les rayons du soleil blanc d'hiver se réfléchirent sur la neige. Un gros bonnet en laine tentait vainement de rester accroché à sa tête malgré sa tignasse débordante. Wen (Maman) avait essayé de la dompter en essayant de tresser les mèches rebelles mais celles-ci disparaissaient purement et simplement dans la masse rougeoyante. De toute façon, ça ne dérangeait pas vraiment Astriid qui passait le plus clair de son temps à gambader et le vent ramenait alors ses cheveux en arrière pour dégager sa vision. Le fait que Wen ne soit pas là ne semblait pas l'inquiéter outre mesure et l'Ygdraë marchait d'un bon pas entre les petites maisons recouvertes de quelques centimètres de poudreuse. Ce village lui était inconnu, pourtant, ça ne la troublait pas non plus, l'Elfe sentait inconsciemment que rien ne pouvait arriver ici. Elle évoluait peut-être dans un rêve car ce n'était définitivement pas un des villages qui parsemaient les terres de Melohorë. Le froid avait rougi ses joues comme deux petites pommes et rien ne semblait pouvoir entacher le sourire qui laissait entrevoir quelques quenottes. En effet, Astriid avait pu entendre quelques minutes auparavant des éclats de rire qui ne pouvaient que provenir d'autres enfants. Essuyant d'un bras son nez qui commençait à couler, la petite rousse accéléra le pas pour rejoindre la place centrale. Son gros manteau avec une doublure intérieure en laine entravait un peu ses mouvements et elle se déhanchait étrangement pour avancer malgré tout, ses bras à l'horizontale pour garder l'équilibre comme un oiseau qui essaie d'apprendre à voler.
Quand elle aperçut au loin une dizaines de petites silhouettes qui couraient les uns vers les autres, Astriid oublia les plaques de glace se mit à courir en sautillant comme un lapin en criant : «OHEEEEEEE ! OHEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEE!» Quand elle fut assez près, elle ne put en dire plus le temps de reprendre son souffle. Les autres enfants s'étaient tus en la voyant arriver. Tous habillés chaudement, ils provenaient de peuples différents. Certains arboraient des ailes qui pendaient derrière eux. Un coup d'oeil circulaire lui fit voir les multiples bancs, quelques arbres et des lampadaires recouverts de givre. Une petite fontaine trônait au centre mais l'eau n'y coulait pas, gelée par les basses températures. Les oreilles frétillant sous son bonnet, l'Elfette ramena son regard sur les autres enfants. «Vous jouez à quoi ? J'peux venir ?» Babilla-t-elle, les prunelles brillant de mille feux. De la neige parsemaient leurs cheveux et leurs moufles étaient recouvertes de plaques de glace. Le temps que ces informations montent aux étages dans sa petite tête, une boule de neige s'écrasa sur le côté de son cou. Humide et compacte, elle se désagrégea pour venir chatouiller sa peau et Astriid poussa un petit cri qui se termina en gloussements. Les autres enfants s'étaient déjà éparpillés comme une volée de moineaux pour échapper à d'éventuelles autres attaques et reprendre leur bataille. Un petit rire se fit entendre plus loin et l'Ygdraë eut le temps d'apercevoir une brune bondir pour se cacher derrière un grand chêne, un large sourire plaqué sur son visage. La mine réjouie, Astriid se pencha aussitôt pour confectionner à son tour des boules de neige qu'elle se mit à lancer à tout va mais surtout au hasard en direction des enfants et de la brune. Ce ne fut l'affaire que de quelques minutes avant qu'elle soit, à son tour, recouverte de neige, ses mèches écarlates trempées pendant pitoyablement autour de son visage tout rouge. Il ne fallait pas s'y tromper mais malgré sa petite taille, l'Elfette n'avait pas raté une seule fois depuis ses trois ans les grandes batailles de boules de neige à chaque Eliël dans son village à Melohorë. Vive comme les petits chiots que sa famille élevait, Astriid virevoltait entre les enfants, une boule de neige dans chaque main pour faire bonne mesure. La compétition dans l'âme, il était hors de question que chaque boule éclatée sur elle ne soit pas récompensée par pas moins de deux attaques consécutives sur le malheureux qui l'aurait prise pour cible. Du moins, c'était ainsi qu'elle voyait les choses. La réalité était qu'elle en prenait autant, sinon plus, que les autres. Une idée lumineuse la frappa soudain et elle attrapa un des gamins, un roux comme elle, par le bout de l'écharpe pour l'empêcher de fuir. Le rapprochant avec autorité d'elle, elle lui murmura son plan à l'oreille, ses pieds sautillant légèrement et tassant la neige sous elle. Dès qu'il acquiesça, elle l'entraîna vers un des arbres où elle poussa l'enfant sur ses quatre pattes pour pouvoir grimper sur son dos et atteindre les branches qui étaient trop hautes pour elle. Dès que ses mains crochetèrent une branche assez solide pour son poids, elle se hissa dessus après non moins de dix essais infructueux. «Roh ça va, j'suis pas si lourde.» Râla-t-elle vers celui qui devait supporter son poids et avait commencé à geindre dès l'instant où elle avait posé un pied sur lui. Allongée sur la branche, elle tendit son bras vers lui pour l'aider à grimper à son tour. Ils se mirent alors à entreprendre les branches plus hautes, cherchant les ramifications les plus complexes, celles qui avaient amassé le plus de neige et qui menaçaient d'engloutir les imprudents qui passeraient dessous. Formant rapidement de petites boules compactes, les deux compères bombardèrent les autres à leurs pieds dans un grand cri de guerre. L'alliance des deux roux dans l'arbre modifia la tendance du jeu et les autres enfants cessèrent le combat pour se concerter et chercher une solution pour se débarrasser d'eux. Pendant ce temps, Astriid faisait des grimaces affreuses en se moquant de ceux en dessous quand la brune s'approcha. Un sourire malicieux arqua ses lippes et elle déclara. «Ceux qui me délogent ces deux chenapans auront droit à des chamallows dans leur chocolat chaud.» Dans de grands cris qui résonnèrent (Est-ce que j'ai mentionné que ce rp était bruyant ?), les enfants formèrent un cercle autour de l'arbre mais furent aussitôt canardés comme des démons lors du génocide. Toutefois, ils étaient trop nombreux et certains réussirent à grimper à leur tour dans l'arbre pour y déloger les roux. Ils dégringolèrent tous dans les congères qui entouraient l'arbre, essoufflés autant par l'effort que par leurs rires.

Réunis en demi-cercle sur un épais tapis aux couloirs rouges chatoyantes, les enfants bavardaient gaiement, leurs mains gelées se réchauffant autour d'un chocolat chaud. Leurs vêtements gouttaient un peu plus loin et ils écartaient leurs orteils nus devant l'immense cheminée où crépitait un feu qui diffusait une douce chaleur sur eux. Des plaids tout doux étaient pliés à leurs côtés mais ils gigotaient trop pour les garder sur leurs gambettes. À cet âge-là, on a une énergie inépuisable et seule une dizaine de minutes suffit à les reposer avant de repartir de plus belle mais la brune - elle leur avait demandé de l'appeler Reine de la Forêt, ce qui plaisait Astriid mais la plongeait aussi dans la perplexité car la seule Souveraine de la Forêt qu'elle connaissait, c'était Hora Suellan - avait su capter leur attention. Assise en tailleur, elle demanda le silence en échange d'une tournée supplémentaire de cookies pour les tremper dans le chocolat chaud. De tels arguments étaient imparables et Reine profita de leur calme temporaire pour commencer son histoire d'une voix douce qu'elle modulait pour faire vivre son récit. Rapidement impatiente, Astriid se mit d'abord à littéralement vibrer sur place avant de ne plus pouvoir se retenir et de lever une main qu'elle agita frénétiquement. La dame finit sa phrase et l'invita à poser sa question. «Moi j'ai pas compris pourquoi l'Aether, il trompe sa femme.» L'infidélité était un concept totalement inconnu à ses yeux et elle s'était bloquée sur cette partie de l'histoire de la brune. «C'est vrai quoi. On est pas censés être unis pour la vie ? Il l'aime non ? Non ? Et puis j'ai pas compris la tempura.» «La temporalité ?» «Oui voilà. Comment la Magicienne, elle peut se retrouver à deux endroits ? C'est pas possible, pas vrai ?» Quelques têtes acquiescèrent silencieusement. «Moi j'ai déjà essayé en courant très très vite mais ça n'a pas marché.» Avoua-t-elle en fronçant le nez de frustration. Quelqu'un à côté d'elle se moqua d'elle en faisant un commentaire sur son intelligence limitée et elle lui fourra un coup de coude dans le ventre pour la peine. Elle fut reprise par Reine et l'Elfette fit mine de bouder après un dernier regard noir vers son voisin. Avec patience, la femme répondit à ses questions puis à celles des autres et quelques heures plus tard, voyant que leur patience s'effilochait plus vite qu'une pelotte de laine entre les pattes d'un chat, Reine se releva, une lueur dansant dans le fond de ses prunelles. «Qui veut faire du patin à glace ?»



1614 mots
Help, je veux devenir une enfant à nouveau



[Événement - NaNoWriMo] Que votre Voeu soit Exaucé Iuvu
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Ven 08 Jan 2021, 21:27


Illustration - Florian De Gesincourt
Que votre Voeu soit Exaucé


La jeune femme cligna des paupières. Une fois. Comment diable s’était-elle retrouvée en ces lieux ? Deux fois. Peut-être ne s’agissait que d’un rêve, et, qu’assoupie sur son bureau, elle avait préféré la compagnie d’Harabella à celle de ses ouvrages ? Trois fois. Le paysage, pourtant, lui criait sa réalité. C’était à n’y rien comprendre. Mollement, une tunique terne, semblable à celle que portaient les moines, mais d'un gris altéré par le temps, d'un gris de cimetière, dérobait son corps aux regards. Affligé de la même punition, le ciel emprisonnait son chagrin dans un lourd manteau de nuages. Un instant, elle resta simplement là, à contempler son éclat morose, saturant ses iris d'un soleil invisible. Quels yeux, autres que les siens, en parcouraient sans un bruit les courbes avortées ? Dans le silence, elle fit quelques pas ; la fraîcheur de l'humus entre ses orteils lui arracha un sursaut. D'une humidité de marais, la terre, dont les entrailles remuaient si furieusement au passage des insectes, venait lui rappeler que la situation échappait à l'ordinaire. Qu'avait-elle donc fait de ses chaussures ? Quelque peu déboussolée, elle s'éloigna de ce désagréable contact, trouvant refuge sur un chemin éclaté. Autour d'elle, des ruines. À perte de vue, des blocs de pierre présentaient leurs cadavres éclatés, qu'une pellicule grise, souvenir de ce qui avait un jour vécu, couvrait maternellement. Serrant l'inquiétude contre son coeur, Isahya se mit à marcher, au milieu de ces décombres de fin du monde. Une prière mourut sur ses lèvres. Qu'espérer de l'inconnu, et de ses solitudes muettes ?

Peu à peu, la crainte enracinée dans les entrailles de la Sorcière laissa place à un nouveau sentiment. Devant la profusion dévastée que ses iris parcouraient, l'admiration, d'abord diffuse, égaya sa promenade. Parfois, face à un édifice à demi-écroulé, elle marquait une pause. Ses iris fantasmaient la vie de centaines d’êtres dont elle ne connaissait rien, et, à l’ombre des pierres, elle inventait leurs secrets, leurs échecs, leurs espoirs. Dans leur gloire, quels déités avaient-ils remerciées, et quel divin courroux avait provoqué leur chute ? Vers quels êtres célestes s'étaient tournées leurs prières, lorsque la certitude de la fin les avait frappés ? Soudain, un mouvement attira son regard. D’une lenteur à couper le souffle, un trait noir découpait le ciel. Les yeux à la hauteur des nuages, elle devina le renflement d’une montagne, et aperçut le flanc d’une créature gigantesque. Loin d’éprouver la terreur attendue, elle resta de longues minutes immobiles, à regarder sa procession. Désireuse de la voir de plus près, la brune chercha un sentier. D’où venait la fascination, qui, d’un élan silencieux, la poussait à lever la tête vers le ciel pour s’assurer qu’elle ne fut pas l’émanation d’un songe, la dirigeant implacablement dans sa direction ? Inconsciente du passage du temps, elle finit par se rapprocher suffisamment pour distinguer le pourpre de sa fourrure. Etait-elle douce au toucher ? « Qu’est-ce que vous êtes, au juste ? » Sa question demeura en suspens. Toutefois, il lui sembla que la titanide tendait l’oreille pour écouter ses paroles.

Devant la réaction qu’Isahya supposait, un frisson parcourut son échine. « Ne le prenez pas mal, mais vous êtes un peu effrayante. Vous n’allez pas me dévorer, n’est-ce pas ? Vous savez, on raconte que la chair des Sorciers est pourrie jusqu’à l’os, alors, vous risqueriez de sérieux problèmes de digestion. » Nerveusement, elle s’essayait à l’humour. Les éclats de rire restèrent bloqués dans sa gorge. D’un geste brusque, elle se frappa le front. « Mais, j’y pense. Nous ne parlons peut-être pas le même langage ! Pourtant, vous avez l’air de comprendre. Vous n’avez pas envie de me parler ? Je comprends. En général, peu de gens en ont envie. C’est que, je ne suis pas très maligne. » Sa réserve subitement dissolue, elle dialoguait toutefois pour deux. « J’imagine que c’est assez logique. Je n’ai jamais été à l’école, et j’ai beau étudier chaque jour, les mots ont tendance à m’échapper. Souvent, je ne retiens pas grand-chose. Ce n’est pas faute d’avoir essayé toutes sortes de méthodes. » Il lui semblait que ses paroles coulaient naturellement de sa bouche, comme les flots d’une rivière rejoignant l’Océan. « Tenez ! Quand j’étais plus jeune, et que je croyais éperdument en ma réussite, j’avais mis en place un système. Quand je n’étais pas satisfaite de ma progression, je ne mangeais qu’une fois dans la journée, ou pas du tout. Parfois, j’allais même dormir en cachette à la cave, à côté des esclaves. » Nul doute que s’il l’avait appris, César l’aurait condamnée à subir leur compagnie définitivement. La chance lui avait souri, autrefois.

Pour la première fois depuis longtemps, la jeune femme évoquait ses souvenirs. « Lorsque je parvenais à retenir les grandes lignes de ma leçon, je pouvais manger, et quand les détails me revenaient en tête, je me préparais un grand bol d’asperges, et je les trempais dans le miel au coin du feu. Quels merveilleux moments ! » Brièvement, elle eut l’impression que le sucre perlait au bout de sa langue. C’était agréable ; elle ne méritait pas sa douceur. « Malheureusement, les punitions et les récompenses n’ont jamais vraiment fonctionné. Ce que je retenais un jour, je l’oubliais le lendemain. J’ai un peu abandonné, aujourd’hui. Je travaille sans espoir, j’apprends sans plaisir. » Sa mémoire ayant la forme d’une passoire, la morosité avait fini par remplacer la curiosité, et à la vue d’un ouvrage, l’ennui la prenait plus souvent que l’envie. « Je suppose que je devrais me tourner vers de nouvelles perspectives, et me plier enfin aux obligations qui m’incombent. Récemment, une Mage Noire est venue clamer dans mon salon, avec un dégoût certain, que l’Aether de la Conciliation m’avait choisie. Mais c’est une erreur. » Un soupir passa. « Cela dit, elle en est convaincue, et je ne possède aucun moyen de la détromper ou de me dérober à ses ordres. Bientôt, je devrais me rendre à l’entraînement, avec les autres, et apprendre à devenir le parfait petit assassin. Pour être honnête, ça me fiche la trouille. Je n’aime pas les miens, et je préférerais passer du temps à honorer les Grands. » Tendue à la pensée de devoir accomplir sa mission, elle se massa l’épaule.

Ses prunelles revinrent flotter sur la silhouette bienveillante de la créature. « Est-ce que vous en êtes un, vous aussi ? Non, bien sûr. Vous ne vous abaisseriez pas à écouter divaguer une Sorcière dont l’action la plus vile a été d’acheter un esclave. » Mentionner le Vampire lui arracha un pauvre sourire. « Vous imaginez ? Je n’ai pas su en faire cette chose fragile et lamentable qui aurait imploré ma clémence à genoux. Quand j’ai compris que je ne saurais pas faire plier sa volonté, je n’ai même pas réussi à l’achever. Mon père aurait été affligé de ma performance. » Elle n’avait pas besoin de contempler le mépris dans la glace de ses iris pour haïr ses faiblesses. « Je crois que j’ai simplement eu envie de voir jusqu’où cet idiot pourrait aller, rien que pour le plaisir de me faire du mal. Peut-être qu’au fond… J’ai envie de grandir suffisamment pour le faire souffrir à mon tour. » D’un geste un peu brusque, ses doigts se refermèrent sur un caillou. Que son esprit ne lui permît pas d’envelopper le brun de la noirceur des siens la rendait folle. « Ne me prenez pas pour une adolescente égarée. Je ne crois pas en ces choses stupides qui font sourire les Magiciens. » Qu’on put l’associer aux Mages Bleus, de près ou de loin, lui donnait la nausée. Pourtant, sans qu’elle n’en ait conscience, le sens du devoir enfiévrait ses neurones de la même détermination. « Oh ! Bien sûr, si j’avais le privilège d’avoir un époux, je ne me plaindrais pas. Je lui offrirai ma virginité sans une hésitation. Je lui donnerai de beaux enfants, et, en son honneur, je les rendrais infiniment plus forts que je ne le suis. Si j’avais cette chance, je ne regarderai même pas les hommes marcher dans la rue. Je serais la meilleure femme qui soit. »

Comme la Sorcière eût senti un mouvement de son interlocutrice, elle s’interrompit un moment pour réfléchir. Le besoin de s’épancher la poussait à un aveu qu’elle n’avait jamais formulé, pas même dans son sommeil. « Même si… Il y a peut-être un regret que j’enfouirais dans mon coeur. C’est que… Il y a un prêtre, à Amestris. Il rend hommage aux Grands avec le visage le plus solennel qui soit. » Un tremblement admiratif secoua son timbre. Il lui suffisait de penser à leurs rencontres pour que des picotements lui démangent le ventre. « Parfois, il remet à plus tard son œuvre sacrée, et il vient converser avec moi sur les bancs du temple. Je m’en veux de lui voler ainsi son temps, mais pour rien au monde je ne laisserai ces discussions prendre fin. » Au fil de leurs conversations, elle avait fini par se convaincre que la Déesse ne s’en offusquerait pas ; ils ne parlaient jamais d’autre chose que de religion. « Si ma famille n’attendait pas que j’accomplisse la volonté des miens, et la promesse de mes fiançailles, j’aurais aimé qu’il m’apprenne à honorer le divin, à sa sublime façon. » Un rêve persistant, qui, depuis l’enfance, faisait luire ses prunelles lavande, et que, pourtant, elle n’avait pas la force de concrétiser. « J’aimerais entendre un jour Ethelba murmurer à mon oreille. » Quoi de plus agréable, pour une croyante, que de recevoir un signe de celle à qui elle dédiait son existence ? Sa colère, toutefois, n'était pas dirigée contre la Mère du Chaos. « Ceux qui sont incapables d’éprouver de la reconnaissance envers leurs créateurs… » Son poing se serra. « Ne méritent pas d’être en vie. » La pierre lui écorchait les phalanges. Contemplant le sang qui rougissait ses extrémités, un murmure lui échappa. « Oui, c’est forcément une erreur. » Prise d’une soudaine fatigue, elle ferma les yeux. Claire et affirmée, une voix s'éleva sous son crâne,

N’oublie pas de croire, Isahya.
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Mar 12 Jan 2021, 20:10

[Événement - NaNoWriMo] Que votre Voeu soit Exaucé Fire-e10
« J'aimerais une PS5 »



Suspendu ainsi au-dessus de la ville, le temps sembla lui aussi avoir arrêté son cours. Les gens vaquaient à leurs occupations sans que rien ne puisse les en détourner. Et ce brouillard, cotonneux, l'isolait de tout. C’était comme de caresser l’espace réduit entre la frontière du réel et celle de l’imaginaire, le laissant seul à seul avec ces chimères avides et avares de ses possessions les plus intimes. Que désiraient-ils sinon de se prendre un coup dans les tibias et un autre dans la mâchoire. Deccio se tenait sur le qui-vive par précaution. À tout moment il se sentait en état d’activer son mode combat, pour casser toutes ces tronches qui ne lui revenaient pas. À quoi bon lui briser les noix maintenant alors que son seul objectif consistait à répandre le sel des péchés ici même ? Venir pour chômer n’avait à ses yeux aucun intérêt. Et puis c’était sans compter la gueule de six pieds de long qu’ils tiraient. Les regarder lui évoquait bien trop les porcs avec qui il avait dû traiter récemment. Des bons à rien comme on en faisait plus. Flattant le manche de sa hache, la vigueur de l’homme vint le nourrir intrinsèquement jusque dans ses veines. Il chargea la première offensive d’un élan plus vif que la célérité du vent. Mais au dernier moment, avant de toucher la gorge du ciblé, le Démon se rétracta, les yeux exorbités. Ce n’est pas comme si l’individu avait réussi à se dérober de son sort. Seulement, une étrange aura émanait de ce dernier. C’était pareil pour tous les autres ici rassemblés. Le blond recula, retournant à sa place initiale. « Vous êtes qui au juste ? C’est la première fois que je ravise. » « Je l’ignore. Mais j’ai la conviction que nous devrions tous échanger. Sur nous, sur notre passé et notre avenir. Sur nos regrets et nos fiertés. Ouvrez vos cœurs mes frères, et ainsi nous pourrons repartir sur un meilleur pied. » « Tsssa. N’importe quoi l’autre tanche. Qu’est-ce qu’il nous chante le chauve ? On devrait lui arracher les côtes avec une cuillère à moitié rouillée. Il chopera peut-être le tétanos, comme ça il pourra le foutre dans ses réussites mwhahaha ! » « Ce n’est pas une façon de s’adresser à autrui mes aïeux. On devrait jouer le jeu. Je ne sais pas ce que ça nous apportera, mais c’est toujours mieux que rien. Je suppose. » « Je suis d’accord. Cette scène n’est de toute façon pas très réaliste. J’ai le sentiment que nous sommes tous liés les uns aux autres. Que quoique nous fassions, ça n’aboutira pas. Écouter et parler nous donnera davantage d’informations. Autrement dit, je ne vois pas d’autre alternative pour optimiser notre temps. »

« Tcha ! Des tapettes comme vous j’en chie tous les matins. » « Ce n’est pas le propos jeune homme. Et comme j’ai initié cette hypothèse, je me porte volontaire pour commencer. Mon parcours a été semé d’embûches. En de si nombreuses fois qu’il aurait pu me rendre fou. J’ai fait des choses dont je ne suis pas très fier, mais j’ai toujours essayé de faire au mieux selon mes valeurs. J’ai perdu un être cher à cause de mes erreurs, et si c’était a refaire, sans doute aurais-je pris un autre chemin. » « Tu parles ! Les regrets appartiennent aux trouducs. Ils nous façonnent, pour le meilleur ou pour le pire. Les connards que j’ai tués méritaient de finir six pieds sous terre. Et ceux qui se sont dressés sur le passage, tant pis pour leurs sales faces. Pour être craint et respecté, on doit éclater des tronches, c’est la base. » « Sans doute devrais-tu apprendre à être un peu plus mesuré. J’suis d’accord pour dire que la colère c’est cool. Par moments, on en a besoin pour avancer et écraser l’adversité. Pour autant, il ne faut pas négliger le reste de ses émotions. J’ai moi-même agi avec trop d’emportement parfois. J’ai provoqué des types qui étaient hors de ma portée. Résultat j’ai failli crever. Avoir des ambitions c’est cool, à condition qu’elles ne soient pas démesurées. Personnellement, j’ai envie d’être plus prudent à l’avenir. » « La prudence c’est comme la peur, elle ne sert à rien d’autre qu’à t’informer que t’as perdus tes boules. J’suis une putain de bête qui a effacé ces instincts de merde pour les remplacer par des machins plus utiles, comme l’audace et la férocité. J’en ai rien à carrer de votre réunion de pétasses, parce que moi je continuerais de détruire tout ce qui m’est insupportable. En fait, j’crois que j’ressens le besoin d’être encore un plus gros connard que maintenant. C’est comme ça qu’on entre dans la légende, bande de merdes. On se souvient des guerres quand elles ont étés investis avec le chaos. Tout le monde s’en tape des temps de paix. C’est d’un ennui sans nom. »

« Sur ce point-là, je ne peux pas lui donner tort. Le chaos exige néanmoins certains sacrifices et il faut être prêt à en assumer les conséquences. » « Il faudrait être fou pour renoncer à son humanité. Beaucoup s’y sont essayés, résultat ils ne sont plus là pour témoigner de leurs excès. C’est pourquoi je vous suggère, messieurs, de ne jamais annihiler complètement cette part qui recèle au fond de votre cœur. Atteindre le bonheur impose de faire quelques concessions. Devenir un monstre sans états d’âme ou un enfant de chœur plongé éternellement dans l’innocence, sont-ce là vos seuls recours ? » « Encore une saloperie de discours à l’eau de rose. Tu raisonnes comme un perdant parce que t’as pas les couilles d’assumer ta part de ténèbres et tu nous fais ta leçon à deux balles ? M’fais pas marrer, tarlouze. J’vais vous révéler mon grand projet à moi. Il consiste à ouvrir cette grande boîte qu’on appelle le coffre infernal des vices. Tous les enfoirés de cette terre sont des enfoirés par définition. Même ceux qui se décrètent comme des chevaliers de la justice renferment ce qu’ils combattent. La seule chose qui les différencie de moi, c’est la peur. Ils ont peur de laisser cette part prendre le dessus et de kiffer ça plus que tout. Mon objectif consiste donc à les éveiller à cette nouvelle source, à faire en sorte qu’ils puissent enfin s’entretenir avec leur alter ego. Ouais. J’ai bien l’intention de faire cesser cette hypocrisie de merde. Qu’ils comprennent la gaule que ça donne putain. » « Et toi alors, que penses-tu de tout ceci ? Tu es bien silencieux depuis le début. »

« Ce que j’en dis c’est que vous avez tous plus ou moins raison sur les faits. Me concernant, je n’ai aucun regret. J’en avais autrefois, mais ils se sont dissipés avec le temps. Je suis devenu tel quel grâce à mes erreurs passées, alors à quoi bon les éviter ? Non, je préfère me souvenir de mes réussites et penser que celui qu’on appelle à tort le destin est en train de me tendre les bras. Ce dont je suis sûr, c’est que voir les miens être traînés dans la boue prendra bientôt fin. La génération actuelle doit laisser place à la prochaine, ainsi l’ère des Démons pourra résonner à travers le monde. Pour les relever de cette chute inexorable, ils ont besoin de quelqu’un qui ne flanche jamais pour leur tendre la main. Pour être cette personne, il faut accepter de prendre des coups. Beaucoup de coups. Qui d’autre que moi pourrait endosser ce rôle ? S’il existe, j’aimerais bien le rencontrer, mais… s’il n’est pas encore né, je l’attendrai au sommet. C’est tout ce que je peux faire. Je n’ai pas d’autre résolution en ce qui me concerne sinon d’être meilleur. Devenir immensément fort, voilà la malédiction qui sera mienne. » Que pouvait-il dire d’autre ? Il le pensait sincèrement. De plus, c’est grâce aux choix qu’il avait accomplis jusqu’à maintenant qu’il se retrouvait mêlé à toutes ces histoires, plus intrigantes les unes que les autres. Sa vie, il l’appréciait telle quelle, endiablé et diabolique. Elle offrait au Vil la plus pure des émotions : l'enthousiasme. Alors, à quoi bon avoir des regrets puisqu’ils ne rimaient à rien. Ils n’apportaient que la débauche et l’insatisfaction personnelle. Ce n’était pas dans les mœurs du Démon que de regarder en arrière afin de se questionner sur ce qu’il aurait pu mieux faire ou non. Il acceptait la personne qu’il était devenu, c’est pourquoi il ne ressentait aucunement le besoin de changer ; d’agir différemment en fonction des erreurs passées. S’il s’avérait qu’un jour il bascule dans la désolation à cause de ses regrets, alors c’est qu’il serait temps pour lui de passer le flambeau et de disparaitre. Tout simplement. « En tout cas vous m’avez fortement inspiré pour la suite de mes aventures et je vous en sais gré. Mais inutile de remuer les fantômes du passé ni ceux du futur. Ils m’appartiennent, et je sais parfaitement comment les apprivoiser. Adieu. » Ce terme, articulé avec l'inflexion qui lui était due sonna le glas des intervenants. En quelques secondes, ils se désagrégèrent, s’éclipsant progressivement dans les cieux. Leur visage s’éteignit dans sa mémoire, réservant la place à ses déboires grandiloquents. Il arrivait, plus fort encore. Bon, mais avant ça, il avait grave envie de pisser. Se grattant les parties intimes, il hésita à se soulager ici. Après réflexion, non en fait.


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Sam 16 Jan 2021, 20:18


Que votre Voeu soit Exaucé




LéandraCe monde était aussi similaire que dissemblable au mien. Je flottai à la dérive dans un océan de vide, comme un corps jeté dans une mer agitée d’un balancement lancinant. Je plongeai toujours plus profondément dans le néant oppressant, à la recherche d’une image ou d’un son familier auquel me raccrocher. Mais les sensations étaient radicalement différentes de celles du Monde des Songes et je me perdais dans l’étrangeté des lieux. Je ne reconnaissais rien qui eut permît de me sauver de cette noyade au coeur de ma propre quintessence. J’ignorai comment le temps s’écoulait dans cette alternative à l’Univers qui m’avait vu naître - mais il me semblait interminablement long, comme une boucle qui ne cessait de se répétait à l’infinie. Cette pensée traversa brièvement mon esprit avant de disparaître dans ses méandres, emportant avec elle mes doutes ; rien ne me permettait de dire que les événements se reproduisaient effectivement. J’étais seule, isolée dans l’étendue du Rien, à l’affût du moindre signe de vie, de la moindre indication qui me permettrait de comprendre ce qui m’attendait. Je constatai cependant, à mon grand déplaisir, que ni la lumière, ni le bruit ne réussissait à altérer cette perturbante ataraxie. Comme si cela pouvait m’aider en quoi que ce fût, je me recroquevillai en boule tel un nouveau-né, cherchant une sécurité qui m’avait été ôtée.SéparateurLe mouvement s’arrêta finalement. Je me serrai encore davantage contre moi-même. Une angoisse sourde s’emparait de tout mon corps. J’avais envie de crier, de pleurer, de m’enfuir mais la voix me susurra que tout cela ne servirait à rien. Je ne voulais pas embrasser ce lieu du regard, j’avais trop peur de ce que j’y découvrirai. Un élan de courage me convainquit néanmoins d’ouvrir les yeux. Et ce que je découvris me réconforta un peu. Au coeur de la vacuité, un simulacre de paysage se dessinait. Je flottai à l’orée d’un ciel nuageux, telle une équilibriste suspendue par un fil. Le vent caressait mon corps, imposant son contact glacial sur ma peau nue. Je frissonnai. En contrebas, une multitude de conifères entourait un immense lac à l’eau sombre. Une voix sonna soudain, réchauffant mon coeur engourdi.

« Si on m’avait dit qu’un jour je te trouverai dans cette position ! » s'esclaffa l’individu.

Je fis volte-face pour découvrir Dastan. L’Iblis au regard malicieux me toisa de ses yeux rubis. Je me recomposai une contenance, gênée de m’être laissée apercevoir dans un tel état de déchéance.

« Je te serai gré d’oublier ce que tu crois avoir vu.

— Je te promets d’essayer, indiqua-t-il avec un sourire.

— Mais… Que fais-tu ici ? Et où sommes-nous au juste ? »

Il écarta les bras comme pour m’accueillir dans un endroit familier. Une lueur étrange éclairait son visage ténébreux.

« Mais nous sommes plongés dans les pensées de l’Auteur, très chère. »

Je fronçais les sourcils, interloquée par ses révélations. Je connaissais les mots qu’il utilisait indépendamment les uns des autres mais, dans sa phrase, je n’arrivai pas à en capter le sens. Il ne s’en soucia pas et haussa les épaules.

« Il s’est passé beaucoup de choses cette année. Comment te sens-tu ?

— Ma foi… j’imagine que je me porte plutôt bien, non ?

— Je ne sais pas, sinon je ne te poserai pas la question. »

Il semblait y avoir quelque chose de différent chez lui sans que je réussisse à mettre le doigt dessus. Était-ce le ton de sa voix ? Sa posture ? Ou les traits qui marquaient son visage? Je n’en avais aucune idée.

« Je te le redemande donc, comment vas-tu ?

— Oh ça va, ça va ! Et puis pourquoi tu me poses la question d’abord ? Tu n’as rien de plus intéressant à faire ? A moins que tu n’aies trouvé personne d’autre à importuner ? »

Je ne comprenais pas pourquoi il cherchait tant à m’agacer. Nous avions eu l’occasion de partager bien des choses et nos intérêts communs se rejoignaient souvent. Pourtant, son comportement n’évoluait pas - et il ne cessait de chercher à m’ennuyer.

« Je m’inquiète pour toi. Tu devrais savoir que je prends mon rôle de Génie Passeur très à coeur, indiqua-t-il d’une voix pleine de fausseté. (Son visage s’étira en un sourire qui dévoila ses dents blanches.) Ton premier Cycle s’est écoulé. J’ai juste pensé que tu aurais envie d’en parler, c’est tout.

— Le premier Cycle ? répétai-je sans saisir la notion.

— Celui qui a commencé lorsque tu t’es libérée de ton habitacle.

— Tu dis des choses étranges, Dastan. »

Je ne comprenais pas de quoi il me parlait. D’abord cette histoire d’Auteur, désormais le Cycle. Tout cela me laissait perplexe. Cependant, ses mots éveillèrent en moi les souvenirs de ma vie depuis ce qui me semblait être une seconde naissance. Les images se bousculaient dans ma tête, se succédant les unes aux autres. Je revis le visage de ma première Maîtresse, et celui du nourrisson souillé par la boue et le sang que j’avais surveillé. Qu’était-il devenu depuis lors ? Je n’en savais rien - et, pour être tout à fait honnête - cela ne m’intéressait guère.

« C’est vrai que beaucoup d’événements se sont succédés depuis lors…» avouai-je d’une voix étouffée par le vent tandis que d’épais nuages se déplaçaient jusqu’à moi. Je fus bientôt submergée par un brouillard glacé. Les gouttelettes glissaient sur mon corps et m’arrachaient des frissons effroyables. Mon précepteur s’effaça soudain. Avait-il fui fasse à la tempête qui se préparait ? Je tentai alors de m’enfuir, en vain. J’étais piégée.

« Les rôles semblent inversés désormais ! »

Je n’eus pas besoin de me retourner pour reconnaître cette voix. Je l’avais entendu parler, supplier, hurler et pleurer. Laëth Belegad venait régler ses comptes.

« Alors ? Cela t’a plu de m’épier durant tout ce Cycle ? Ton existence me dégoûte. Tu n’as fait que m’enfoncer plus bas que terre à plusieurs reprises. Qu’as-tu à dire pour ta défense ? »

Elle se plaça face à moi et je pus lire dans ses yeux toute la colère et la haine qu’elle éprouvait pour ma personne. Je l’avais rencontrée dans les Songes - alors qu’elle s’adonnait à une cérémonie dangereuse. J’avais assisté à la scène, à ce viol consenti que ses souhaits n’arrivaient pas à écarter. Nous nous étions revus plusieurs fois par la suite - mais c’était surtout dans les Cauchemars, que nos contacts étaient les plus prégnants. Mon ancienne concurrente - à l’instar de la majorité d’entre elles - s’était vu gratifiée d’une nuit d’épouvante. L’ambiance de la Coupe des Nations avait grandement inspiré mes offrandes aux Aetheri des Rêves Tourmentés. Mais la perte de mon contremaître - sacrifié pour mon salut - m’avait contraint à quitter les lieux précipitamment pour me consoler dans les Rêves de Mancinia Leenhardt - l’humaine que j’abhorrai le plus au monde.

« Rien. Et je n’ai pas besoin de me défendre. Je n’ai fait que rendre grâce à A’zar et Elzédor. Mon Art ne fait qu’aviver tes peurs, si tu es si abîmée, je n’en suis pas responsable. Ce n’est pas moi qui est causée tes fêlures. »

L’Ange disparut alors, me laissant seule face à la tempête.

« Et moi ? Était-ce aussi pour célébrer tes Dieux que tu m’as torturé ? »

Derrière ses lunettes, deux rubis étincelants m’observaient avec rage. Le vampire aux cheveux noir de jais me toisa de toute sa hauteur.  Une expression de surprise traversa ma figure et ses lèvres ensanglantées découvrirent des canines acérées.

« Dorian ?

— Hé oui ! Heureuse de me revoir ? Cette fois-ci, c’est toi la proie. Alors, je te répète ma question. Est-ce pour tes Dieux que j’ai souffert ?!

— Oui », répondis-je d’une voix blanche.

Je me rappelai la scène comme si elle avait eu lieu hier. Je m’étais plongée sciemment à la recherche d’un Rêveur à tourmenter et c’est vers lui que le Destin m’avait mené. Sa passion dévorante pour sa défunte femme en avait fait une marionnette à la merci de chacun de mes châtiments.

« Et tu avoues cela sans remord ? Tu es un monstre. Que t’ai-je fait ?

— Tu ne peux pas comprendre la complexité de mon être. »

L’excuse était aussi vraie mais elle ne répondait pas à sa question. Chacune des identités que j’empruntais influait sur mes propres comportements. J’étais comme une éponge qui se gorgeait du caractère de mes créations. Heian, Esther et Shalendra étaient autant de facettes qui nourrissaient mon existence et - il fallait bien l’avouer - c’était la sorcière qui avait pris le pas sur les autres. Pourtant, j’avais meurtri le vampire bien avant qu’elle n’existât. Je n’eus d’autre choix que d’accepter l’évidence : je l’avais torturé pour mon simple divertissement. Il ne m’avait rien fait. Il avait simplement était là au mauvais endroit, au mauvais moment. A cette révélation, il disparut à son tour, tout comme la tempête.

La foule des Maîtres et Maîtresses que j’avais floué et servi firent leur entrée. Je reconnus Daé, Orion et Dragon parmi eux. Ils me jugeaient tour à tour, chacun à sa manière, portant un regard différent sur moi. Pour certains, mon âme était pure, pour d’autres elle n’était que corruption. Je me bouchai les oreilles pour faire taire les voix qui m’accusaient et me glorifiaient.

« Ça suffit ! » hurlai-je, à bout de nerfs.  

Mais tout ne faisait que commencer. Les personnages défilèrent les uns après les autres. Le Chapelier, Gaston et Scar condamnèrent mes agissements en tant qu’Aladdin. Mais le Prince Voleur ne faisait partie de ma vie que par un triste coup du sort. Je les renvoyai dans les limbes mais ils furent bien vite remplacés par Khaal et Mertle, puis Astriid. La rousse ne cessait de répéter « Melohorë » en chantonnant joyeusement. Et, à chaque fois, ce mot ouvrait en moi une faille dans lesquels mes doutes s’engouffrèrent. Dastan l’avait prononcé lui-aussi, m’indiquant que c’était là que se trouvait les vestiges de mon passé. Chaque seconde en cet endroit s’étirait davantage. Et le temps, qui me semblait éternel, me poussait toujours davantage vers la folie. Il fallait que ça s’arrête.

« Contemple notre Faveur, accepte nos préceptes »

Avec horreur, je détournai les yeux vers les silhouettes ombrageuses qui m’entouraient. Vêtus de leur toge cérémonielle - et armés de leur marteau - ils s’approchaient dangereusement.

« Non ! Laissez-moi ! »

J’essayai de fuir mais je ne pouvais plus bouger. C’était comme la première fois. Je tremblai. La douleur qu’ils m’avaient infligées était au-delà de tout ce qui était imaginable. Je les suppliai pour ne plus revivre le rituel. Les larmes coulaient à flots sur mes joues.

« Elias » murmurai-je en tendant le bras vers lui alors que je l’aperçus derrière mes assaillants.

Mes muscles m’abandonnèrent et je m’écroulai. Je voulais le rejoindre, j’espérais qu’il me protège, je priais qu’il me serrât dans ses bras.

« Elias » répétai-je

Le temps reprit son cours. Je chutai. Et lorsque mon corps s’enfonça dans l’eau du lac, je me réveillai en sursaut sans aucun souvenir des événements que je venais de vivre.


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Maximilien Eraël
~ Humain ~ Niveau III ~

~ Humain ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 2463
◈ YinYanisé(e) le : 18/09/2016
◈ Activité : Charpentier | rang II ; Ébéniste | rang II ; Soldat | rang II
Maximilien Eraël
Mar 19 Jan 2021, 20:17


Que votre Voeu soit Exaucé

Un regard se posa sur les bambins. Ils ne seraient pas les seuls enfants ici. Autant qu'ils en profitent pleinement. Ainsi, quelques secondes plus tard, chacun des deux avaient pris trois bonnes dizaines de centimètres supplémentaires, possédaient un bien meilleur équilibre dans la poudreuse dans laquelle ils se tenaient et avaient des traits légèrement plus mâtures qu'actuellement. « Aaaaaaaaah ! ». Avec un cri surprit, la petite Humaine trébucha en arrière, emportée par le poids de ses ailes immaculée qui avaient croîs en même temps qu'elle. Un tendre sourire se dessina sur le visage observateur. L'équilibre, ce n'était, a priori, pas tout à fait ça pour l'enfant de Varaämar. « Sha ! ». Dans une exclamation, le rouquin se précipita comme il put, peu habitué à ce genre de décors, sur sa sœur qui se trouvait les fesses au sol afin de l'aider à se relever. Saisissant fermement de ses deux mains celle de l'Humaine ailée qu'elle lui tendait, il la tira de toute ses forces pour la remettre sur pied, celle-ci l'aidant en prenant appui de son autre main libre sur le sol gelé. « Ouf ! Merci. » fit-elle une fois debout en se tenant fermement au bras de son frère pour éviter une seconde chute. « Fais attention. » répondit le garçonnet. « J'ai pas fait exprès. » rétorqua la petite avec une moue avant d'enfin lâcher le rouquin, non sans une once d'hésitation. Alors, constatant qu'elle eût enfin trouvée son équilibre, un large sourire éclaira son visage. « Viens ! On va jouer ! C'est pas souvent qu'on a de la neige à la maison ! » ajouta-t-elle en se mettant à faire de grand bond dans la neige qui craquait sous ses pieds, devant parfois se rattraper avec ses mains alors qu'elle manquât glisser à plusieurs reprise. « Il a déjà neigé à Utopia ? » s'interrogea alors le garçonnet à la dernière remarque qu'eût faite sa sœur, levant le nez vers le ciel clair d'où tombait quelques flocons léger. Puis, tandis que son regard revint au sol, il paniqua. « Sha ! ». Elle avait disparu ! « Sha, t'es où ?! » - « Par ici ! » répondit enfin la voix aiguë de Sharihzad comme il vit sa main s'élever d'une congère pour lui faire signe. Lorsque son frère la rejoint, il la trouva allongée de tout son long dans l'épais tas de neige, ailes toutes déployées. « Tu m'aides à me lever ? En plus ça commence à être froid dans la nuque. ». Un sourire moqueur se glissa sur le visage du petit Humain. « Tu crois que je vais faire que ça, t'aider à te lever ? » - « Mai-euh ! Aurel ! » le fâcha la fillette. « Oh, je rigole. » répliqua-t-il en lui tendant à nouveau la main. L'Humaine ailée se redressa alors d'un bond et fit face au dessin incrusté dans la neige. « Tadaaaaa ! Un Ange de neige ! » s'exclama-t-elle en écartant les bras avec un air enchanté. « En plus il tient celui-là. » ajouta-t-elle ravie. Parce que, si elle s'amusait à faire également des Anges de sable dans le Désert, ceux-là s'effaçaient bien trop vite sous les assauts des vents chauds, d'autant que la forme ne se dessinait que sur quelques millimètres dans les dunes malgré l'insistance qu'elle y mettait.

Un léger craquement sur le côté attira l'attention des deux enfants ainsi que celui de la vigilante, toujours présente, loin des yeux des petits Humains. Hum, ce n'était qu'eux. Alors, après un dernier regard sur les enfants, elle s'éloigna. Ils sauraient veiller sur eux autant qu'elle pouvait le faire. « Un chiot ! » se réjouit Sharihzad, les yeux brillants, en voyant le petit canidé s'allonger dans la neige à quelques mètres d'eux. « Tu crois ? » demanda Aurel en penchant la tête sur le côté. « Il a de grandes oreilles  pour un chien, non ? » - « C'est quoi si c'est pas un chiot alors ? » répliqua la petite ailée comme si c'était évident à ses yeux que ce ne pouvait être rien d'autre que ce qu'elle annonçait. « Je sais pas. » admit alors le rouquin en haussant des épaules. « Ah ! Donc, c'est un chiot ! » conclut, triomphante, Sharihzad avant de s'accroupir et tendre la main devant elle. « Petit. » l'appela-t-elle sans qu'il ne réagisse plus que secouer la queue. « Il doit être timide. ». La fillette soupira, déçue. « Tant pis. ». Elle se détourna de l'animal et suivi les pas de son frère qui prenait déjà une autre direction, ne pouvant voir alors le canidé se redresser et les suivre du regard avec curiosité.

Saisissant sa sœur par la manche, Aurel tendit son index devant lui. « Regarde ! ». Devant eux se tenait un alignement de bonhommes de neige, chacun ayant son propre visage et sa propre forme. On pouvait même deviner un ou deux Elfes dans le lot. « On fait un bonhomme de neige nous aussi ? » fit-il à l'enfant ailé, les yeux pétillants. Sharihzad se tourna vers son frère et, avec un même regard, approuva d'un signe de tête avant de le devancer en courant vers les sculptures de neige déjà existantes. Là, elle commença à amasser la neige pour en faire un tas de plus en plus imposant, jusqu'à se tourner vers le rouquin pour le réprimander de son retard. « Bah aide-moi ! » - « J'arrive ! » répliqua le concerné suite à la remarque de sa sœur, manquant s'étaler dans le tapis blanc gelé dans sa précipitation. Tassant le petit monticule glacé, les enfants commencèrent à le faire rouler en une large boule épaisse dans l'objectif d'en faire une base plus importante encore que n'importe quel bonhomme de neige déjà existant. Une plus petite boule vint alors s'écraser sur l'ersatz de sculpture qu'ils avaient fait, les arrêtant net dans leur création, surpris. Le duo se tourna d'abord l'un vers l'autre, puis, dans un même mouvement, ils portèrent leur attention en direction de la provenance du projectile. Un petit groupe d'enfant avait commencé à se former plus loin et s'attaquer à coup de boule glacée. La question étant, celle qui leur était parvenue était-elle préméditée ou était-ce un accident ? Les deux Humains se jetèrent un nouveau regard connivent comme un large sourire esquissa les lèvres de chacun d'eux. En vérité, la réponse n'avait aucune importance. Enfonçant leurs mains dans l'énorme boule de ce qui aurait dû être la base de leur bonhomme de neige, sans aucun scrupules alors que la sculpture s'effondra en plusieurs gros morceaux, les deux enfants se préparèrent un petit tas de munition pour l'affrontement à venir. « Tu les tiens ! Je lance ! » - « Et pourquoi c'est toi qui les lance ? » s'indigna Aurel, déçu de ne pas pouvoir attaquer le groupe. « Et pourquoi pas ? » répondit la fillette sans argumenter plus. Le garçonnet fronça des sourcils et, tirant la langue à sa sœur, l'abandonna non sans être parti avec de quoi se défendre, laissant celle-ci avec son tas de boule de neige sans pouvoir en faire grand chose d'autres que les garder ou les porter, sinon les abandonner à son tour. « Aureeeeleuh ! » s'insurgea la petite ailée en le voyant s'éloigner en courant. Puis elle se laissa tomber au sol et croisait des bras, en colère contre le garçonnet.

Avec un rire, le rouquin rejoint le groupe d'enfant, faisant clairement entendre sa participation par l'ultime cri de guerre universel. « A L'ATTAAAAAQUE ! » cria-t-il tandis que son projectile atteignait déjà la tête de l'un de ses nouveaux camarades de jeu. Comme inconsciemment, deux groupes principaux avaient finis par se former, Aurel rejoignant sans réellement en prendre la décision l'un d'eux, se protégeant comme il le pouvait face à la pluie de boules de neige du camp ennemi tandis qu'il se rendait compte qu'il manquait clairement de maîtrise. Pourquoi il neigeait pas plus souvent dans le Désert ? C'est drôle la neige et en plus il serait plus fort aux batailles de boules de neiges puisqu'ils en feraient plus souvent. Alors qu'il comptait jusqu'à trois, le garçonnet entassait entre ses mains de quoi faire le plus gros des projectiles qu'il avait jamais fait jusqu'alors. Puis, comme il se redressa, il lança la boule en direction du premier qui passait. Pas de chance, il faisait parti de son équipe. Ça ne l'empêcha pas néanmoins de s'esclaffer en le voyant se ramasser l'énorme boule. Son regard fini enfin par tomber sur la silhouette de sa sœur qui avait continué à bouder tout ce temps. Jusqu'à maintenant du moins. Car il la vit en train de s'éloigner de la place, échappant à son regard. « Sha-Aaaaaah ! ». Alors qu'il s'apprêtait à rejoindre Sharihzad, il fut coupé dans son élan, vivement rattrapé par l'écharpe par la rouquine s'étant elle aussi ajoutée au groupe avec retard et qui n'en avait, vraisemblablement, pas fini d'en découdre avec ses assaillants. « Quoi ? » l'interrogea-t-il, surprit par cette soudaine agression. Son regard virevolta de la petite Elfe à l'un des arbres les cernant, pour rejoindre l'emplacement où se trouvait précédemment Sharihzad. « Hum. ». Elle avait disparue. Finalement il acquiesça d'un signe de tête. Ce n'était pas en se perdant lui aussi qu'il pourrait l'aider. Il suivi donc l'Elfette - quoi qu'elle ne lui laissa guère plus de choix - et, alors qu'il allait s'agenouiller pour permettre à la fillette de se servir de lui comme d'un escabeau de fortune, celle-ci décida de s'y prendre d'une toute autre manière. « Raaah ! Mais pas besoin de me pousser. » fit-il en crachant un peu de neige qu'il eût avalé dans la bousculade. « Dépêche-toi, tu m'écrases ! » continua-t-il à ronchonner tandis que la petite Sylvestre l'escaladait pour atteindre les premières branches. Lorsqu'enfin il put se remettre debout, Aurel marqua un temps en voyant le chiot de tout à l'heure de l'autre côté de la place. Ou en était-ce un autre ? Il semblait un peu plus grand. La main tendue de la rouquine le tira de sa contemplation. Levant les yeux vers cette dernière, il se saisit à pleine main de la sienne pour la rejoindre en hauteur. De leur perchoir, ils avaient vu sur la totalité de l'espace de jeu et des participants. Pourtant ce n'était pas suffisant. Après avoir retrouvé un minimum d'équilibre, le garçonnet s'affaira à escalader un peu plus le ligneux, non sans un regard vers l'Ygdraë qui semblait s'en sortir avec bien plus de dextérité que lui, ce qui n'avait rien d'étonnant en soi. « Ouf ! » s'exclama-t-il enfin au sommet. Heureusement qu'il avait quand même déjà eut l'occasion d'escalader les orangers ou aurait-il été vraiment en galère. Ainsi commença-t-il à rassembler un petit tas de munitions à proximité de lui à partir de la neige accumulée sur les branches à proximité, avisant de temps à autre ceux qui traversaient la place au pied de l'arbre et jetant à intervalles réguliers un œil en direction de l'endroit où s'était échappée Sharihzad. Puis, une œillade complice en direction de la rouquine, il se mit à bombarder les autres enfants en contre-bas, un éclat de rire finissant par lui échapper en voyant l'air ahurit qui marquât le visage de leurs cibles. Leur ascendant fut cependant de courte durée. Retrouvant le contact de la terre malgré lui, il se frotta le nez du revers de la moufle avant de lever les yeux vers ses adversaires qui l'achevèrent d'une dernière ruée de boule de neige.




Les joues gonflées, l’œil rivé sur la tignasse rousse de son frère, un jappement fini par détourner l'attention de Sharihzad qui se tourna en direction de l'animal. « Oh ! Encore toi ? » fit-elle avec un nouveau sourire en découvrant le chiot qu'ils avaient abandonnés plus tôt, Aurel et elle. Aussi elle se releva, passa un coup rapide sur ses vêtements pour se défaire de la neige gelée, et commença à s'approcher du petit canidé. « Aurel a raison. Tu ressembles pas beaucoup à un chiot en fait. » commenta-t-elle avec amusement. Le pas-chiot répondit avec un aboiement avant de tourner sur lui-même, déclenchant un petit rire aiguë chez la fillette qui chercha à l'approcher. Face à ce mouvement, le canidé se mit en alerte, avant de s'enfoncer dans l'une des rues du village. « Attends ! » lui intima la petite Humaine en commençant à le courser sans plus se soucier d'où il la mènerai et de la façon dont elle quittait sans un mot son frère. « Je voulais pas t'embêter ! » se justifia-t-elle dans sa course. Elle finit pourtant par s'arrêter, bien qu'elle n'ait pas retrouvée l'animal. Une épaisse buée se formait devant son visage au rythme de sa respiration  rapide, cause de sa course effrénée. Tournant son regard à gauche, puis à droite, puis encore à gauche, l'Humaine ailée poussa un soupir déçu en constatant qu'elle avait perdue la trace du petit canidé. « Tu ne joues pas avec les autres ? ». Avec un hoquet de surprise, Sharihzad virevolta sur elle-même pour faire face à l'inconnue, trébuchant par la même occasion et la faisant chuter en arrière. « Aïe ! » lâcha-t-elle lorsque son fessier vint une nouvelle fois à la rencontre du sol. « Fais attention. » commenta l'inconnue en relevant la petite. « Aurel m'a dit pareil. » répliqua la fillette, boudeuse. « Il a peut-être raison. Elles sont fragiles. » fit l'adulte d'une voix douce en caressant du regard les plumes immaculées de la fille de Varaämar. Puis elle lui sourit. « Tu t'appelles bien Sharihzad ? J'ai fais des biscuits à la cannelle. Tu en veux ? ». La petite ailée leva des yeux brillants vers l'étrange dame. « Oh ! Oui ! » s'exclama-t-elle en se saisissant de la main qui lui fût tendue. « Et toi ? Comment tu t'appelles ? » - « Je suis la Reine de la Forêt. ». La petite dévisagea l'inconnue avec des yeux ronds. Une Reine ! Ainsi la Dame la guida dans une petite maisonnée de laquelle s'échappait la lueur et la chaleur d'une flambée, ainsi que l'agréable odeur épicée et sucrée des gâteaux pour lesquels Sharihzad était venue. Allongé devant les flammes crépitantes du foyer, la petite ailée retrouva le petit canidé qu'elle avait coursée plus tôt. « Ah ! Mais t'es là ! » s'exclama-t-elle en allant le rejoindre. Cette fois-ci, il ne s'enfuit pas. « Je crois qu'il a été attiré par l'odeur des biscuits lui aussi. » commenta la Reine en voyant la fillette commencer à offrir quelques cajoleries derrière les oreilles du petit animal. « C'est quoi ? Je pensais que c'était un chiot mais en fait Aurel avait raison. C'est pas un chiot hein ? On dirait un renard. En tout petit. Mais ça existe pas les renard noir, si ? ».




Lorsqu'il put enfin se remettre sur pied, Aurel se tourna une nouvelle fois en direction de la dernière position de Sharihzad, puis il se pinça les lèvres. Ça commençait à faire long. « Je reviens ! » fit-il au petit groupe sans savoir s'ils l'avaient entendu. Il n'avait pas l'impression que quoi que ce soit ou qui que ce fut puisse réellement nuire à sa sœur. Était-ce l'ambiance qui régnait qui lui offrait cette sensation ? C'était possible. Néanmoins, il n'était pas vraiment inquiet pour elle. Ce qui n'empêchait en rien que la savoir absente depuis tant de temps commençait à le turlupiner quelque peu. Tandis qu'il allait en la direction qu'avait prit Sharihzad, sans trop savoir non plus où la chercher exactement, il se retrouva face à l'animal qu'il avait vu plus tôt, avant d'escalader l'arbre en compagnie de la petite Ygdraë. Il s'arrêta et observa quelques secondes la bête, la tête penchée sur le côté. Par effet de mimétisme, le canidé fit exactement de même. « T'es pas le chiot de tout à l'heure. Tu ressembles un peu plus à un chiot que lui toi d'ailleurs. ». Mais c'était pas encore tout à fait ça. L'animal fit un bon à l'intérieur de la rue avant de se tourner, toujours sautillant, vers le garçonnet, la tête au sol et l'arrière-train relevé, sa queue fouettant rapidement l'air, comme une invitation à jouer. Voyant la non réaction du rouquin, il réitéra le mouvement, y ajoutant un jappement aiguë cette fois-ci. « Hum, d'accord. » fit alors le petit Humain, résigné, en attrapant un bâton qui se trouvait, par un étonnant hasard, à quelques pas de sa position. Puis, avec élan, il lança le bout de bois à travers la ruelle. Pourtant, la seule réaction qu'eût le canidé fût de suivre le morceau de bois de son regard brillant, jusqu'à ce que celui-ci ne disparaisse dans la neige dans sans un bruit. Alors l'enfant détailla la bête, étonné. « C'était pas ça ? » interrogea-t-il, sans s'attendre pour autant à une réponse de la part de la créature qui se roula sur le dos, exposant en glapissant son ventre. « Ah ! Bah fallait le dire. » répliqua avec un sourire amusé le rouquin en s'approchant de l'animal pour lui gratter le ventre, l'éventuel chiot réagissant immédiatement. « T'es tout seul ? Moi je cherche ma sœur. T'as de la famille ? C'est ton ami le tout petit chiot ? ». Aurel enchaînait les questions comme il les aurait posé à un être humanoïde alors qu'il savait pertinemment que la seule chose qu'il aurait en retour étaient des grognement et des glapissement ravi de l'animal au vu de sa situation actuelle. Pourtant, lorsque l'enfant eu fini sa tirade, le semblant de chiot s'arrêta brusquement, tournant légèrement la tête sur le côté et fixant quelques instants le garçonnet. Enfin, il se redressa, surprenant le petit au passage qui manqua chuter dans une congère, et commença à s'éloigner, interpellant de quelques aboiements aiguë Aurel lorsqu'il se fût distancé de quelques pas, comme une invitation à le suivre. Après une hésitation, le rouquin se décida à aller à la suite du petit canidé, courant après lui avec plus ou moins de difficulté, l'animal semblant bien plus à l'aise dans l'environnement que lui. Tricheur. « Attends ! Pause ! » fit le garçon après quelques minutes, essoufflés. Ce qu'il ignorait, c'est que, cette fois-ci, ce n'était pas après lui que l'animal aboyait.

À quelques pas de sa position, là où se trouvait la bête, une porte s'ouvrit. Y émergea une silhouette. Elle ressemblait à la brune qui avait voulu les déloger, l'Elfette et lui, de leur arbre d'attaque. Elle lui offrit un sourire. «Vous voilà. Rentrez vous mettre au chaud. Sharihzad est ici. » fit-elle en les invitant d'un geste du bras avant de retourner dans l'habitation. Après une seconde d'hésitation, Aurel s'approcha et, avec un regard à l'intérieur, il s'exclama en voyant sa sœur « Sha ! ». Pénétrant la bâtisse, et suivi par le canidé, il couru vers sa sœur pour se jeter dans ses bras. « Aurel ! » répondit en écho l'Humaine ailée entre surprise et ravissement. « Oh ! Un chiot ! Vraiment cette fois ! » ajouta-t-elle en voyant l'animal derrière le garçonnet qui rejoint le petit renard pour jouer avec ce dernier. « Tu veux des biscuits ? La Reine elle en a fait pleeeeins ! » continua-t-elle en écartant les bras de toute son envergure. Le rouquin se tourna vers leur hôte, l'interrogeant du regard. « Bien sûr, sers-toi. Ils sont fait pour être manger. ». Alors un large sourire se dessina sur le visage de l'enfant qui alla se saisir d'une poignée de biscuit à la cannelle. « Pourquoi t'es partie ? » demanda enfin Aurel à sa sœur entre deux gâteaux. « C'est toi qui m'a laissé ! » répliqua celle-ci, boudeuse. « Je pensais que tu viendrais. » rétorqua le garçonnet d'un même air. Puis il se tourna vers la Dame. « C'est vrai ? Vous êtes vraiment une Reine ? ». Elle en avait l'allure aux yeux du petit Humain. Ce n'est pas comme s'il avait eu l'occasion de croiser des Reines tout les jours il faut dire. L'intéressée sourit, amusée. L'interprétation de ces enfants n'était pas étonnante en soi. Leur innocence parlait pour eux. « OH ! Mais il y a tout les autres ! » s'exclama soudain Aurel en se redressant d'un bond, ne laissant pas l'occasion à la Reine de la Forêt de lui répondre. « Viens, on va leur en ramener des biscuits ! » ajouta-t-il avec entrain. « On peut ? » demanda-t-il en se tournant vers l'adulte. Un regard et il eut sa réponse. Enfournant quelques gâteaux dans la bouche - premier arrivé, premier servi comme on dit, tant pis pour les autres s'ils en ont moins - il récupéra un saladier plein de biscuits avant de se diriger vers la sortie. « Viens ! » insista le rouquin avec un signe de tête envers sa sœur encore près du feu. Celle-ci se leva alors rapidement et se saisit d'un second saladier tendu par la Reine de la Forêt, suivant son frère à l'extérieur au pas de course sous l'œil attentif de la Reine.

Lorsque le duo arriva, non sans peine et un nombre incalculable de chute évitée in extremis, à proximité du reste de la troupe enfantine, ils les interpellèrent d'une même voix. « HEEEEEEE ! » - « ON A RAMENE DES GATEAUUUUX ! » ajouta Sharihzad, guillerette, alors qu'elle avalait juste un énième biscuit qu'elle venait de chiper dans le saladier qu'elle portait.
©gotheim pour epicode


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We were never welcome here ~ Night time or morning time, we're going strong

Don't you tell me what you think that I can be

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Stanislav Dementiæ
~ Sorcier ~ Niveau II ~

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Stanislav Dementiæ
Jeu 21 Jan 2021, 08:22


Que votre vœu soit exaucé
Gloria Regali
Vulpina s’arrêta et releva la tête devant la créature qui se tenait assise sur le flanc de la montagne qu’elle parcourait. Si elle avait croisé cette gigantesque monstruosité de la nature dans la réalité, la sorcière aurait instinctivement cherché à prendre la fuite : elle aurait craint pour sa vie, et à juste titre ; elle se serait méfiée de sa taille démesurée lui conférant une force et une rapidité inégalable, se serait défié des griffes acérées pouvant la déchiqueter et de la gueule remplie de crocs risquant de la gober. Dans ce rêve néanmoins, elle ne fut aucunement agitée par ses instincts naturels. Bien au contraire, la mage noire était traversée par une paix intérieure qui la maintenait sereine, même face à ce danger. La bête n’en restait pas moins impressionnante, tant par ses proportions que par le charisme qui se dégageait d’elle : la femme la contempla en silence pendant plusieurs minutes, son regard sombre se frayant un passage sur son pelage obsidienne, remontant le long des courbes bordeaux, des cornes et des plumes. L’animal lui renvoyait son regard, ce qui la déstabilisa quelque peu : elle n’avait pas l’impression d’être épiée par une simple bête, ni même par un prédateur ; c’était davantage ce qu’elle ressentait lorsqu’elle échangeait des coups d’œil avec un humain. Ebranlée par cette constatation, la brune ne put s’empêcher de parler. « Bonjour. » commença-t-elle naturellement, avant de froncer les sourcils. Elle ne portait pas les bestioles dans son cœur. Elle n’avait jamais aimé leur compagnie, les considérant davantage comme des parasites que comme des compagnons. Leur manque d’intelligence flagrant les rendait inutiles à son égard, et ne faisait qu’ajouter une charge dont elle se passait volontiers. Seuls les reptiles échappaient à cette vision réductrice, pour une raison qui n’était pas rationnelle. Ce fauve n’aurait donc en temps normal pas su s’attirer ses faveurs : jamais l’idée de se mettre à lui parler, même pour la saluer, ne lui aurait traversé l’esprit. Malgré cela, Vulpina ressentait le besoin de continuer à s’adresser à cet interlocuteur sur quatre pattes – elle tentait d’ignorer la petite voix moqueuse qui soulignait l’appartenance au règne animal de son auditoire.

« Je ne suis jamais venue dans cette région. A vrai dire, je ne me rappelle même pas comment je suis arrivée jusqu’ici. » se confia-t-elle. « De quelle citée êtes-vous originaire ? » questionna en retour l’animal. La Raagus écarquilla les yeux, choquée d’entendre une voix raisonner dans sa tête. Pourtant, il n’y avait aucun doute à avoir : il s’agissait bien de la voix de cette bête. La surprise passée, la sorcière esquissa un rictus avant de répondre. « Je suis née sur le territoire de ma patrie, dans un petit village des terres aujourd’hui connues sous le nom de Nementa Corum. A mon époque, elles n’étaient pas aussi prestigieuses et étaient craintes du reste du monde pour l’immense prison qui y avait été bâtie. Un vestige duquel on ne peut à présent que se souvenir, à cause de cette catin de sirène à crinière rousse ! » Une once de colère traversa son visage, déformant ses traits – il s’agissait pour une fois des siens, de ceux avec lesquels elle était venue au monde, et non pas de l’apparence de son hôte ni de celles qu’elle arborait lorsque la vue de la magicienne la lassait. « J’ai cependant fuit cette région familière : j’ai dupé quelqu’un de rancunier et, pour ma sécurité, j’ai préféré fuir. » Là où la noblesse et l’honneur en aurait poussé certains à affronter le résultat de leurs agissements, la Vile n’avait aucune honte à prendre la poudre d’escampette pour sauver sa peau. Elle trouvait stupide de se heurter à plus puissant qu’elle et risquer sa vie pour quelque chose d’aussi sot que l’honneur. « Je vis désormais dans une région bien plus agréable. Le spectre de la Dame. C’est un lieu bien plus ensoleillé. » commenta-t-elle, comme s’il s’agissait de la principale importance du lieu. Comme si la mafia qui y sévissait n’était pas la raison pour laquelle elle s’était réfugiée sur ce territoire.

Prenant ses aises, la sorcière imita la bête et s’assit, prenant appuis sur une souche morte. L’animal en profita pour s’allonger, faisant presque trembler le sol à chaque mouvement. « Pourquoi avoir trompé cet homme ? » voulut savoir la bête. « Mmh je suppose qu’il s’agissait en réalité d’un caprice de ma part. » admit la brune, sans la moindre once de regret ou de culpabilité. « J’étais autre fois quelqu’un de puissant et de redouté. Peu connaissaient mon identité mais beaucoup redoutaient ma visite : ceux que je rencontrais sur mon chemin repartaient rarement indemne. J’avais fait du meurtre un véritable Art. » C’était là un aveu de son orgueil : à l’écouter, on aurait presque pu croire qu’elle avait été celle capable d’élever cette besogne à l’état d’Art. Ils étaient nombreux à s’en être chargés avant elle. A vrai dire, elle avait tout juste réussi à se faire un nom à son époque. Un sourire étira ses lèvres carmines, tandis qu’un souvenir lui revenait en mémoire. « La cartomancienne. C’est le nom qu’ils m’avaient donné. » A cause des cartes de tarot qu’elle laissait sur les cadavres qu’elle abandonnait. « Toujours est-il que j’ai perdu cette puissance. Je pensais être capable de la retrouver en côtoyant cet homme – lui aussi pratique cet art subtil auquel je m’adonnais – mais je me suis retrouvée à lui servir de bonniche. Cette situation ne m’allait aucunement. Alors je me suis contentée de partir. Bien sûr, il ne m’aurait pas permis de le quitter aussi simplement : j’ai dû prendre quelques mesures pour être certaine qu’il ne chercherait pas à me retenir ou à me tuer. Une distraction qu’il n’a pas véritablement appréciée. Il a lâché ses chiens à mes trousses. Il veut ma mort. Je suppose que c’est une conclusion à laquelle je ne pouvais pas échapper. Mais je ne compte pas me laisser faire pour autant. Ce sera amusant… Une sorte de danse, où le moindre faux pas pourra nous faire basculer dans les bras d’Ezechyel… » Son sourire s’était fait rêveur. Elle racontait ces confidences sans la moindre crainte, les paroles sortaient d’elles-mêmes : à sa propre surprise, la bête ne la sermonnait pas, ne la jugeait pas.

« L’empire qui m’accueille désormais est à même de me donner ce à quoi j’aspire. Malheureusement, des chaînes de mon passé me retiennent encore. » « Quelles chaînes ? » « Mon corps. Ou du moins, celui que j’habite. Il appartient à une magicienne qui a décidé d’épouser un Ange avant que je ne puisse l’en empêcher. A l’époque, je n’étais pas suffisamment puissante pour influencer ses décisions, ni pour prendre le contrôle de son corps : imaginez ce que cela aurait donné si, au moment fatidique, j’avais été capable de bafouer ses vœux. Ça aurait été grandiose… Haa, mais il ne sert à rien de ressasser les occasions manquées. Je suppose que Dolores aurait trouvé le moyen de m’enchaîner à un autre emplumé, d’une façon ou d’une autre. Elle sait comment je fonctionne et elle sait que j’aurai cherché, à un moment ou un autre, à reconstruire ma lignée. Cette tradition barbare que pratiquent les Vertueux m’empêche de mettre mes plans à exécution. » Une moue répugnée se dessinait désormais sur son visage, tandis qu’elle repensait à Nefraïm. « Je trouverai une autre solution. » La Raagus avait déjà quelques pistes pour contrer les manigances de sa fille. Aucune ne lui semblait néanmoins plaisante. « Une fois que ce souci aura été réglé, je n’aurai plus qu’à m’élever dans l’ombre. Je regagnerai ma puissance et, lorsque j’en aurai eu assez de jouer au chat et à la sourie, j’irai mettre un terme définitif au règne de Dolores. Je suppose qu’il s’agit du devoir d’une mère. De briser les désillusions de ses enfants. De les punir pour les bêtises commises. Je suppose que j’ai été trop tendre avec elle. J’aurais dû l’éradiquer dès l’instant où j’avais remarqué sa tare – celle d’être née imbibée de magie bleue. Néanmoins, ces quelques décennies à guerroyer avec elle ont été distrayantes. Je suppose qu’une part de moi est fière d’elle. Je ne l’ai pas éduqué totalement en vain : elle s’est révélée être une adversaire redoutable. Peut-être un peu trop. Il est temps que je mette fin à ses fantaisies. » La sorcière commencerait par tuer les petits protéger de Dolores, un à un. Ses pupilles, qu’elle éduquait afin d’en faire ses meilleurs guerriers contre son ennemie naturelle. Au passage, elle se débarrasserait également de la vermine qui l’adulait comme une AEther. « Peut-être épargnerais-je Shiva. Elle m’a été, après tout, d’une grande aide. Elle a une valeur sentimentale. Et puis, la voir désemparée a quelque chose de délicieux. » En particulier, la voir tiraillée entre l’amour éprouvé pour son époux et l’affection éprouvée envers Slen l’amusait particulièrement. Une fois, elle avait surpris dans les pensées de la magicienne qu’un cœur aussi aride se délectait de sa situation par simple jalousie : elle convoitait secrètement ce qu’elle ne pouvait obtenir. Cette pensée aurait été hilarante, si elle n’avait pas capté la pointe de pitié éprouvée par son hôte.

Vulpina continua à discuter avec la Précurseur, lui confiant ses plans afin de s’élever vers des rangs plus prestigieux. La bête lui posait des questions pertinentes qui la firent, à plusieurs reprises, réfléchir sérieusement. A la fin de leur discussion - il lui semblait qu'une nuit toute entière s'était déroulée-, elle avait de nouvelles idées en tête pour parvenir à ses fins.

1561 mots - I/V
Merci Manci.  nastae



Merci Kyky  nastae
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Eiko
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Eiko
Jeu 21 Jan 2021, 08:51


Image par G xy
Que votre Voeu soit Exaucé

Eiko releva la tête pour observer l'endroit où elle se trouvait. Elle n'avait pas la moindre idée de ce qu'était ce lieux, ni même de la façon dont elle s'y était rendue. Pourtant, elle ne se sentait pas le moins du monde inquiète. Peut-être était-ce grâce à sa témérité naturelle, ou bien l'effet apaisant de ce village. Ce dernier était très différent d'Onikareni. Son architecture était totalement dissemblable et l'atmosphère qui s'en dégageait également. C'était intriguant, pour la jeune exploratrice. Avec un sourire, elle se mit à marcher, partant à la découverte des secrets qui se cachaient ici.

L'Orine s'arrêta soudainement. Elle était face à une adulte. Sa beauté la captiva. En tant que fille du Beau et des Arts, la Hanatsu aimait contempler les œuvres d'Arts, et les personnes qu'elle trouvait belles. Cette inconnue entrait indéniablement dans cette catégorie. Alors, ne voulant pas l'importuner, la fillette resta immobile, l'observant silencieusement. Il y avait dans ses mouvements une maîtrise qui lui rappelait la grâce avec laquelle sa maman et les autres Orines se mouvaient. Elle-même était encore loin de savoir faire preuve d'une telle dextérité. Au contraire, elle était plutôt empotée et maladroite - pas plus que les autres enfants, ceci dit. En grandissant, elle apprendrait à devenir plus adroite. Plus gracieuse et sensuelle, aussi. « Qu'est ce que tu attends, Eiko ? » demanda la femme. Surprise qu'on l'ai remarqué, la fillette écarquilla les yeux et se redressa promptement. « Comment vous connaissez mon prénom ? » demanda-t-elle d'une petite voix. Avec un sourire attendrit, la femme acquiesça. « Je t'attendais. » répondit l'interrogée, mystérieuse. La brunette fronça les sourcils. Ce n'était pas exactement le genre de réponse auquel elle s'était attendue. « Est ce que tu as faim ? » proposa la dame, indiquant d'un mouvement de bras les pâtisseries et le verre de lait qui avait été disposé sur une table. « Oh oui ! C'était l'heure du goûter ! » se souvint soudainement la plus jeune, comme si c'était une évidence. Avec gourmandise, elle trottina jusqu'au buffet où elle trouva des mochis de différentes variétés - à la fraise, au thé matcha, à la vanille, un nature. Elle laissa une exclamation de joie lui échapper puis s'empara de la gourmandise, qu'elle enfourna dans sa bouche. « Mmh, ch'est drop bon ! Merchi !» commenta-t-elle en mâchonnant, un sourire ravi aux lèvres. L'enfant profita de plusieurs autres pâtisserie puis bu quelques gorgée du lait d'amande qui lui avait été servi. Lorsqu'elle eut terminé et essuyé sa moustache blanche, elle se tourna de nouveau vers l'adulte. « Qui êtes-vous ? » questionna-t-elle. « Je suis la Reine de la forêt. » répondit l'intéressée, d'un air mystérieux. « Han, pour de vrai ? » Des étoiles dans les yeux, la petite fille s'extasiait de nouveau devant l'adulte, impressionnée par cette révélation. « Est ce que vous êtes Mère Nature, alors ? » Elle faisait référence à Phoebe, sa divinité préférée. « Ici, oui. » « Ouah... »

Eiko se trouvait à l'extérieur, collée aux jambes de l'AEther. « Tu peux aller jouer avec les autres enfants, si tu en as envie. » La fillette releva les yeux vers la plus grande. De nouveau, sa beauté la percuta. Elle déglutit avant de regarder de nouveau les autres enfants, qui étaient déjà en train de s'amuser. Une moue contrariée défigura ses traits : elle était partagée entre son envie de rester cramponnée à Dame Nature et celle de rejoindre ses camarades - elle adorait jouer, comme tous les enfants de son âge. Après quelques secondes de réflexions, elle lâcha finalement la main de l'adulte. « D'accord, à tout à l'heure. » finit-elle par dire en se dirigeant vers ceux de son âge, sans se retourner - c'était l'avantage de l'insouciance, faire des choix sans plus se poser de question ensuite, pouvoir écouter ses envies sans avoir à se préoccuper des conséquences ; elle savait que la Reine de la Forêt veillerait sur elle et que si elle en avait besoin, elle reviendrait à elle.

« Bonjour. » dit-elle à un petit garçon, occupé à former une grosse boule de neige. « Je m'appelle Eiko, et toi, c'est quoi ton prénom ? » Elle attendit la réponse avant de lui sourire à pleine dent. « Dis, tu veux bien que je joue avec toi ? » Une fois qu'elle eut obtenu son autorisation, elle s'accroupit avec lui puis commença à rassembler la poudreuse blanche vers la sphère de son nouveau copain. « D'où est ce que tu viens, toi ? » Elle ne connaîtrait sans doute pas, à moins qu'il habitât dans une capitale. La petite fille commençait tout juste à étudier les cartes du monde. Ça lui donnait envie de découvrir tous ces endroits auxquels elle n'avait pas encore accès. « Moi, je vis à Onikareni. » expliqua-t-elle naturellement. Les confidences étaient plus faciles, avec le cœur léger de l'enfance. « C'est un village à côté de Lua Eyael. C'est très très joli, et puis il y a toujours des spectacles, et des gens qui chantent ou qui jouent de la musique... » Elle marqua une seconde de réflection avant de reprendre avec enthousiasme. « C'est comme Ciel-Ouvert ! Ma Masutā, elle m'a parlé de là-bas, et elle a dit qu'il y a tout le temps des musiciens et puis des chanteurs, et des danseurs aussi ! Moi, quand je serai assez grande, j'irai à Ciel-Ouvert, et puis je deviendrai la meilleure chanteuse. » C'était son rêve. Un rêve de petite fille. « Et puis, j'inspirerai les musiciens : ils trouveront tout le temps des nouvelles mélodies à composer. Et puis les chanteurs, ils inventeront plein de paroles pour aller avec ! » Elle avait levé les bras d'un air triomphant, emportée par sa passion. « Et toi, tu es déjà allé à Ciel-Ouvert ? » demanda-t-elle avec curiosité : si l'enfant lui répondait de façon positive, elle l'interrogerait des heures durant, pour en apprendre davantage. Elle était fascinée par cet endroit qui faisait vibrer son âme d'artiste. Songeuse, elle se mit à chantonner un air traditionnel de son peuple, tout en continuant à entasser de la neige. Au bout d'un moment, elle s'immobilisa. « C'est assez grand, tu penses pas ? » D'un commun accord, les deux enfants décidèrent de s'arrêter là. Usant de leurs petits muscles, ils soulevèrent la boule et la déposèrent sur une seconde, plus volumineuse. « Bien, maintenant, tu peux faire la tête. Moi, je vais aller lui chercher des bras ! » informa l'Orine.

Heureuse, elle alla chercher des brindilles dans la forêt qui entourait le village où ils se trouvaient. Elle entendait les rires des autres enfants qui jouaient à cache-cache, ou se livraient à une épique bataille de boule de neiges. Elle resta en retrait, se concentrant sur sa quête. Une fois qu'elle eut trouvé les bras, elle chercha des cailloux pour dessiner des boutons, des yeux et une bouche au Bonhomme de Neige. Elle les choisit soigneusement : il ne s'agissait pas seulement de prendre la première pierre qui lui tombait sous la main ! Une fois son trésor en main, elle trottina jusqu'à son camarade. « Tiens, regarde ! » Elle lui montra ses trouvailles, fière. Puis, avec toute la délicatesse dont elle savait faire preuve - c'est à dire pas beaucoup - elle monta les bras à la statuette de glace. Le garçon entreprit de l'aider et commença à dessiner son visage avec les petites pierres colorées qu'avait trouvé la brune. Une fois qu'ils eurent terminé, Eiko pencha la tête sur le côté. Elle analysait leur création d'un œil critique. « Mmh... Il manque quelque chose... » affirma-t-elle. Elle retira ses gants et les enfonça sur les bouts de bois pour lui donner des mains, puis enleva son bonnet qu'elle déposa sur la boule la plus haute du bonhomme de neige. Enfin, elle se tourna vers son camarade et regarda son écharpe avec insistance, jusqu'à ce qu'il comprenne qu'il doive également s'en défaire. Lorsqu'il la luit tendit, la petite Orine étira un sourire radieux. « Merci ! » s'exclama-t-elle avant d'enrouler le tissu tricoté autour du coup inexistant de leur oeuvre d'art. « Tadaaaaam ! » Elle se tourna vers son nouvel ami. « Alors, qu'est ce que tu en penses ? » demanda la fillette. Elle écouta à peine la réponse du jeune garçon avant de se retourner, cherchant quelqu'un du regard. « Ah ! » Dès qu'elle eu trouvé la personne en question, elle s'empara de la main de son partenaire et se mit à courir dans la direction de l'adulte. « Dame Nature ! » la héla-t-elle. Elle était avec d'autres bambins, leur distribuant des cookies - arrivée à sa hauteur, Eiko en chipa un de plus. Leur goût sucré lui arracha un soupir rêveur. « Regarde ce qu'on a fait ! Il est beau hein ? » dit-elle en pointant leur bonhomme de neige. « Dis, on peut aller faire du patin à glace ? Tu nous accompagnes ? »
1522 mots - II/V
Merci Manci.  :)



[Événement - NaNoWriMo] Que votre Voeu soit Exaucé B6vi

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Sam 23 Jan 2021, 18:57


Que votre vœu soit exaucé

Thème.


Les bâtiments défilaient à toute allure. Les iris de la Déchue apercevaient par saccades des couleurs et des formes indistinctes. Le quartier, dont elle commençait à connaître la configuration, se déformait au rythme de ses pas. Marron et beige étalaient confusément leur suprématie. Les pavés, le bois, les tuiles ; tout se confondait en un gribouillis vertical. S’efforçant d’oublier la nausée visuelle qui la saisissait, la jeune femme se concentrait sur les sursauts de sa respiration. Loin de la maîtrise que conférait l’expérience, ses inspirations se succédaient comme le halètement d’une bête épuisée. Source de vie, le souffle s’appliquait consciencieusement à lui brûler les voies respiratoires. De la pointe de son nez aux sacs de ses bronches, il causait sur son passage une sensation presque violente.   Chaque nouveau pas semblait amplifier les dégâts. Une douleur lancinante se diffusait peu à peu, remontant le long de ses tibias. Lorsque ses pieds heurtaient le sol, les impacts venaient gaiement la raviver. L’exercice n’avait rien d’agréable. Au début, elle avait seulement parcouru quelques mètres, avant de s’écouler à terre, anéantie par l’impression que ses poumons allaient imploser. Cependant, à force de régularité, elle parvenait désormais, non sans fierté, à courir une vingtaine de minutes. Malgré la douleur, elle ressentait le besoin étrange de recommencer au lever du soleil, si bien que la course s’était naturellement inscrite dans son quotidien. L’activité présentait l’immense avantage de lui permettre de prendre un bol d’air frais sans que son péché ne prît le dessus.

À bout de forces, elle s’arrêta. Assoiffée par ses efforts, elle se traîna jusqu’à une fontaine. Sur le côté de celle-ci, un robinet de cuivre permettait de s’hydrater. Goulûment, elle se désaltéra, tâchant d’ignorer les tambours qui, à l’intérieur, continuaient à s’affoler. Puis, mollement, elle s’affaissa sur le rebord de l’infrastructure. La fatigue s’abattait tout à coup sur elle, crispant des muscles heureux d’avoir ainsi été sollicités. En dépit de la fraîcheur de la matinée, de grosses gouttes de sueur perlaient sur son front. Dénouant la serviette qu’elle avait préventivement noué autour de sa taille, elle les épongea en silence. Autour d’elle, la cité commençait à s’éveiller, et des habitations, quelques individus sortaient, s’envolant vers le confort de leur travail ou la fureur des Halles. À les voir s’élancer joyeusement dans les airs, une pointe de jalousie lui pinça le cœur ; elle maudissait la faiblesse de ses membres. Envieuse de leur liberté, elle regardait les silhouettes s’élever, jusqu’à ce qu’ils ne fussent plus que des points noirs entre les passerelles. Que n’aurait-elle pas donné pour posséder la vigueur de leurs ailes ! Se mordant la lèvre inférieure, elle songeait à toutes ces fabuleuses aventures qu’ils devaient vivre, là-haut, et, que, seule sur son banc de pierre, elle ne connaîtrait pas. Une aigreur coutumière envahissait son esprit. Combien de moments de joie ponctuaient leur journée, et pourquoi ne pouvait profiter, elle aussi, de l’allégresse qu’ils portaient au visage ? Sa mâchoire se contracta. Allait-elle gâcher sa vie à contempler incessamment le bonheur des autres ?

Le clapotis de l’eau la tira de sa rêverie avide. Une sorte d’animal flottait dans la fontaine. D’abord, elle crut qu’il s’agissait que d’un jouet. Peut-être venait-il de glisser du sac de l’un des envolés. Un instant, elle s’imagina parcourir les rues d’Avalon, à la recherche de son propriétaire. Toutefois, elle remarqua que des pattes s’agitaient sous la surface, formant des vaguelettes. Incrédule, elle se pencha pour l’observer de plus près. Au mépris de toute logique, il arborait des lunettes d'une teinte sombre. Dépourvu de plumes, il s’enorgueillissait d’une peau jaune canari, que les projections du liquide faisaient luire. Fouillant dans les recoins de sa mémoire, elle tâcha d’identifier son espèce ; son père lui avait récemment envoyé un ouvrage fascinant, au sujet des diverses créatures peuplant les Côtes de Maübee. Découvrir leurs caractéristiques au fil des pages lui avait plu, et elle avait même envisagé de demander à Joliel un voyage dans les environs pour mettre sa lecture en pratique. À première vue, sa silhouette s’apparentait à celle d’un canard, mais certaines informations discordaient. La cervelle en ébullition, la Déchue détaillait la bestiole. Il ne lui vint pas une seconde à l’esprit que le plastique ait pu être animé par la magie. Parfaitement lisse, son bec ne présentait pas les nervures que, petite, elle aimait gratter au bord de la rivière. Attendrie par le souvenir, elle tendit la main pour le caresser. « Coin ! » Sans crier gare, la bestiole disparut, lui faisant froncer les sourcils. Ses cellules privées d’oxygène subissaient-elles la visite imprévue d’une hallucination ?

Sur le chemin du retour, la jeune femme eut la surprise de découvrir une bourse de cuir. Cette dernière traînait dans la poussière, au détour d’une ruelle. À l’intérieur, des pièces d’argent reposaient sagement, attendant qu’une main vienne chaleureusement les dépenser. Jetant un coup d’œil alentour, elle remarqua que personne ne paraissait y prêter attention. Ramassant l’objet, elle se dirigea vers l’individu le plus proche. « Est-ce que vous avez perdu quelque chose, récemment ? » Dubitatif, l’homme se gratta le menton, fouillant distraitement ses poches, et secoua la tête. Craignant que le propriétaire se trouvât dans une situation délicate sans sa monnaie, la blonde remonta la rue. Consciencieusement, elle s’arrêtait auprès de tous les passants. Néanmoins, ses recherches se révélèrent infructueuses, et, à déambuler ainsi dans le quartier, la jalousie assombrissait son humeur. Ne pouvait-elle garder sa trouvaille secrète, et s’en servir pour quelques achats ? Le larcin lui tendait les bras. Qui s’apercevrait de son crime ? Alors que la tentation pressait ses tempes, une vision l’en délivra. Une soldate patrouillait dans le secteur. Sans réfléchir, elle courut dans sa direction pour lui faire part du problème. Visiblement de bonne humeur, elle la remercia pour sa prévenance. « Si tous les citoyens d’Avalon avaient votre honnêteté, je n’aurais plus de travail. » Le rouge monta aux joues de la Déchue. Loin d’être mérité, le compliment ne faisait que souligner l’indécence de ses pensées. La culpabilité l’empêcha de répondre. « Je viens de finir mon service, mais je connais bien les environs. Je vais vous aider. »

Elles passèrent une bonne partie de la matinée à battre le pavé, sans succès. En dernier recours, la militaire prit son adresse, lui promettant qu’elle la transmettrait au malheureux, si d’aventure elle le trouvait. Rassurée par cette promesse, Calanthe rentra à l’atelier. Joliel venant à peine de se lever, elle procéda à quelques ablutions. Exceptionnellement tiède, l’eau lui procura un profond bien-être. À sa sortie de la petite pièce qui tenait lieu de salle de bains, son confident lui servit le petit-déjeuner. Dégustant avec plaisir les viennoiseries encore chaudes, ils discutèrent de tout et de rien. Comme à leur habitude, ils se séparèrent ensuite. Pendant que le brun s’attelait à la confection d’un nouveau collier, la blonde monta à l’étage. Joyeusement, elle commença ses travaux de couture. Le fonctionnement des patrons lui échappant, elle avait décidé de se focaliser sur des exercices à sa portée. En l’occurrence, elle sortit de la malle une large pièce de soie. La taie d’oreiller de son meilleur ami ayant grand besoin d’être changée, elle avait entrepris de la remplacer. Lamentable échec, sa précédente tentative l’avait conduite à de chaudes larmes. Tranquillement, elle s’assit sur le sol, plaçant le tissu devant elle. Après avoir longuement réfléchi, elle le replia sur lui-même. Satisfaite de l’épaisseur, elle enfila l’aiguille sur le côté qui lui était opposé. La patience lui servant de compagne, elle cousit toute la longueur, et réitéra l’opération sur la partie la plus proche. Ôtant le coussin de son enveloppe, elle le passa à l’intérieur. Pinçant les bords, elle s’employa à les refermer. Estimant son ouvrage achevé, ses ciseaux découpèrent attentivement le surplus de soie.

Folle de joie d’avoir réussi, la jeune femme dévala les marches pour offrir à Joliel le fruit de ses efforts. À la manière de bambins réjouis d’un rien, ils sautèrent sur place, se prenant dans les bras l’un de l’autre. Touché par son attention, il finit par lui planter un baiser sur le front. Affirmant que la bonne humeur provoquait des miracles, il lui proposa de s’exercer à l’écriture. Le cœur léger, elle s’installa à son pupitre. « Tandis que les paletots se cambraient davantage sur les mannequins qui prenaient une âme, » Davantage que la joie, la régularité produisait son effet. Tracer des lettres devenait presque naturel, et ses extrémités se crispaient moins sur la plume. « Et que le grand manteau de velours se gonflait, souple et tiède, comme sur des épaules de chair, » Se mordant la lèvre inférieure, elle écrivait sa dictée, attentive à ne pas faire baver la mine. « Avec les battements de la gorge et le frémissement des reins. » Alors qu’elle venait de mettre le point final, le carillon de la boutique résonna. Il s’agissait du propriétaire de la bourse, qui, le visage enchanté, venait récupérer son dû. S’empressant de lui rendre, elle eut la surprise de se retrouver avec la moitié des pièces au creux de sa paume. « La soldate qui m’a donné votre adresse m’a dit que vous aviez passé la matinée à me chercher. Acceptez donc cette modeste récompense. Considérez que c’est votre jour de chance. » Lui adressant un clin d’œil complice, le vieillard s’éclipsa avant qu’elle ne puisse refuser. N’osant croire à sa chance, elle resta interdite, sur le seuil de la porte. « Je ne sais pas ce que tu as aujourd’hui, mais tu n’as pas fait la moindre faute. » Un franc sourire illuminant ses traits, Joliel lui tendit le parchemin. Après qu'elle eut vérifié, non sans s'être frotté les yeux pour s'assurer qu'elle ne rêvait pas, il la prit par la main. « Et si nous allions au restaurant ? » Elle l’avait bien mérité.

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Sam 23 Jan 2021, 21:55

[Événement - NaNoWriMo] Que votre Voeu soit Exaucé Vk6h
« Rêver, c'est plus fort que tout. Même contre les pigeons. »



C’est pas vrai, encore une tentative infructueuse ! Je commençais à en avoir ras la collerette de pas être foutu à chasser correctement du gros gibier. J’avais beau me rappeler de la procédure d’agression comportementale en milieu rural et forestier, ni l’une ni l’autre ne fonctionnaient comme je m’y attendais. Je ne pouvais pas éternellement me contenter de lapinous ou de pangolins. J’avais beau ne pas être très difficile en termes d’alimentations, mais de là à ne consommer que des cochonneries de ce genre, ça allait finir par me donner des crampes d’estomac. Si je continuais, j’avais peur de choper une maladie exclusive aux Vampires, comme le tétanos ou la COVIDence. Ma Créatrice évoquait beaucoup celle-ci ces derniers temps, comme quoi ils infectaient les papilles gustatives et donnaient au sang le goût de pisse. Non pas que je buvais fréquemment mon urine, mais pour avoir une meilleure idée de ce qu’elle voulait dire par là, j’ai tenté d’en siffler une petite coupelle. Bilan : c’est vraiment dégueulasse, je le déconseille fortement aux aspirants. Ne reproduisez pas ça chez vous messieurs-dames, et laissez faire les professionnels. Enfin bref, tout ça pour dire la lune m’avait dans le collimateur. Pourquoi diantre refusait-elle de s’aligner en faveur de ma destinée ? Juste une fois, juste une nuit. A croire que je n’étais pas fait pour la vie de Vampire… quelle drôle d’idée ! Bien sûr que je l’étais, et j’allais le prouver. Il me suffisait de dégoter une grosse prise et de la faire mienne, de séduire une femme, vierge et complètement nue. Pourquoi nue ? Pourquoi pas ? Personne ne les corrompait dans leur plus simple appareil, donc c’était une manière pour moi de me démarquer. Fier de cette trouvaille qui m’avait pris toute la matinée à élaborer, je me déplaçais discrètement de nuit pour subvenir à mes besoins les plus primaires.

Dissimulé derrière le tronc d’un arbre plus mince que mon buste, je focalisais toute mon attention sur les sons ambiants pour discerner la présence de ma prochaine cible. Les animaux étaient nombreux à vaquer à leurs occupations, que ce soit les écureuils qui s’échangeaient leurs meilleurs plans noisette ou les porcinets qui se roulaient dans les flaques marécageuses. Je me détournais immédiatement d’eux lorsqu’un « pouet » me fit sursauter. Aux aguets, je me préparais à déchirer la gorge de ce malandrin qui avait l’audace de me défier dans le royaume de la nuit. Un « Grrrr » plus tard, et mes yeux se portèrent sur une étrange bestiole : un petit canard jaune qui produisait de drôles de bruits. Alors certes, je n’étais pas le mieux placé pour identifier tous les tenants et les aboutissants de la faune et de la flore, mais j’étais presque certain de ne jamais avoir croisé le chemin de cette créature auparavant. D’après ce que j’avais entendu dire, la rareté amenait le caractère unique d’une chose, donc si je suivais cette logique, son goût devait dépasser l’entendement. Il ne sentait pas grand-chose, mais qu’importe, je fus comme subitement porté par mon instinct ainsi que par le charisme contrariant de ce truc qui me narguait. Mes yeux se convulsèrent, l’appétit me titillant les crocs comme jamais auparavant. Rapidement, je me tins sur le qui-vive pour ne pas la perdre des yeux, mes grandes jambes s’empressant de réduire la distance qui me tenait loin d’elle. Surgissant par le dessus, j’élançais ma main pour lui trancher les artères fémorales, ou n’importe quoi du moment que ses tripes s’étalaient à mes pieds. Raté. Elle passa outre ma prise en sautant au moment le plus propice, se servant de ses papates pour s’enfuir. J’aurais sans doute renoncé en temps normal, mais pas cette fois. Mon sang bouillait tellement de l’intérieur qu’il était presque en éruption, c’est pourquoi je la pourchassais encore et encore, inlassablement sans recourir à rien d’autre que ma volonté pour enfin porter mes doigts sur lui. Je le tenais ! C’est du moins ce que je croyais, mais le canard disparut aussitôt après s’être moqué de moi d’un « coin » offensant. Nani ? C’est donc de cette façon que se terminait notre duel datant d’un millénaire ? Mon ennemi juré, le capitaine Couak-Couak, troisième du nom, qui avait tant de fois interrompu mes conspirations ? Bon, d’accord, j’allais beaucoup trop loin pour une espèce dont je ne connaissais rien, sinon un style plutôt sympa avec cette paire de lunettes sur le bec. Moi aussi j’en portais ; un signe particulier commun à tous les grands hommes.

Malheureusement, j’avais perdu beaucoup de mon temps à essayer de le pourchasser. La lune n’étant pas très aimable, elle avait continué son petit bonhomme de chemin sans se préoccuper de mes attentes. Il me restait assez peu de marge pour me nourrir et recouvrer mes forces, quel idiot ! Désespéré de m’être laissé distraire une fois de plus, j’eus la brillante idée de grimper sur la cime d’un arbre pour me repérer. D’habitude, je n’étais clairement pas assez habile pour entreprendre pareille ascension, mais cette fois, une force inconnue me porta assez facilement jusqu’en haut. Je ne savais ni comment ni pourquoi, mais c’était le pied. D’ici, je pouvais apercevoir une bicoque esseulée aux abords de la forêt ; une chance inouïe de tomber — peut-être — sur une personne sans défense qui se ferait une joie de se laisser sucer. Et même si elle s’y opposât, je me ferais une joie de la contraindre. D’une certaine façon, je trouverais même cela plus excitant, comme si le désir de chasser l’emportait sur ma soif insatiable. Glissant ma langue sur la pointe de mes canines, je me laissai choir de mon point d’accroche, mes pieds s’enfonçant dans la vase pour amortir ma chute. Et puis soudainement, ma course fut immédiatement engrenée par la contraction de mes muscles, stimulés par un je ne sais quoi qui me pourvut d’un regain de confiance. Sans me vanter, je me débrouillais à merveille, à tel point que je me demandais si une abeille ne m’avait pas piqué en m’injectant des stéroïdes ou n’importe quoi dans le sang. Si c’était le cas, je passerais sous silence mes prières à Lubuska pour les porter à la protectrice des ruches et du miel. Je me ferais aussi appeler Uliel Pops et me dégoterais une tenue toute rayée pour lui faire savoir toute ma reconnaissance. Mais avant de démêler le vrai du faux, je m’introduisis discrètement dans la demeure éclairée en chevauchant les Ombres.

Le foyer n’étant pas très spacieux, je me plaçais devant la porte, usant de mon sang pour former un loquet et ainsi neutraliser toute tentative d’évasion. Le plus étonnant dans cette histoire, c’est qu’une jeune femme se tenait sereinement sur son fauteuil à bouquiner un ouvrage, complètement nue. Je ne maitrisais pas très bien les vraisemblances, mais j’étais presque certain que la chance de me trouver dans une telle situation frôlait le néant. Le ciel avait surement décidé de me donner un coup de main, c’est pourquoi j’aurais été le pire des idiots de ne pas la saisir. « Écoutez-moi attentivement. » Ma voix devenue paisible et enchanteresse se fit également plus suave. Plus nuancé qu’avant, je me sentis tout de suite plus captivant. Pour la première fois depuis que j’opérais sous la bannière des Vampire, j’avais l’impression d’être pleinement à ma place. J’avais à disposition tous les instruments qui me permettaient de m’élever plus haut que je ne l’étais actuellement. « Ne criez pas. Ne faites aucun bruit. Contentez-vous de vous imprégner de ma voix et de suivre mes instructions sans faire d’histoires. Je n’ai pas envie de vous blesser. » L’aliénation fut instantanément effective. Je n’avais guère besoin de réitérer le renforcement de ma capacité pour la contraindre à m’écouter. Lorsque son regard se porta sur moi, son attitude ne trahissait aucune intention de me nuire, expression caractéristique du succès de l’hypnose.

Je retirais ensuite ma cape pour la déposer à l’entrée, de manière à me mettre le plus à l’aise possible. « Qu’attendez-vous de moi ? Que puis-je faire pour vous ? Vou… vous êtes égarés ? » Je m’approchais d’elle, un rictus au bout des lèvres. « C’est tout le contraire. Je crois que je me suis trouvé. J’ai longtemps été égaré en allant à contresens de mes instincts, peut-être parce que j’avais peur. » « De quoi aviez-vous peur ? » « De moi. De quoi d’autre pourrais-je avoir peur ? Regardez-moi, l’évidence ne pourrait être plus frappante. » « Ah bon ? Je vous trouve plutôt séduisant, moi. Approchez. Ne faites pas votre timide. » Sans me faire prier, je passais derrière elle, mes doigts s’imprégnant de la douceur de ses cheveux. L’odeur de son parfum flattait mes narines d’une légère euphorie. « Ne vous en faites pas. J’ai pris conscience de mes erreurs passées. Je ne prétends pas que je ferais tout à la perfection à partir de maintenant, mais je ferais des efforts pour ne pas être laissé sur le carreau par mes semblables. J’ai trop longtemps été sous-estimé. Il est temps que je grandisse. Je comprends enfin ce qu’elle essayait de m’inculquer depuis le début. » « Dans ce cas, servez-vous de moi pour vous élever. » « Avec plaisir. » Subitement, je plantai mes canines dans sa chair fraiche. Les yeux révulsés, le plaisir éprouvé était détonnant de jouissance. Voici donc ce que les autres appelaient un orgasme ? Magnifique. Je ne voulais plus la lâcher, pas avant que je ne l’ai vidé de tout son sang. Je devais pourtant résister, pour faire de ce corps le mien. Non. J’en trouverais d’autres, car je n’avais aucune envie d’être raisonnable. Pas cette nuit.


1602 mots
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Andrea
~ Orine ~ Niveau I ~

~ Orine ~ Niveau I ~
◈ Parchemins usagés : 208
◈ YinYanisé(e) le : 31/10/2020
◈ Activité : Andrea : Harpe & Tatouages | Natsu : Danse des épées
Andrea
Dim 24 Jan 2021, 12:29

[Événement - NaNoWriMo] Que votre Voeu soit Exaucé Y54j
Que votre Voeu soit Exaucé




Le bout du nez plissé, Natsumura observait son œuf de si près qu'elle en louchait presque. L'objet avait beaucoup excité la curiosité de ses sœurs mais voyant qu'il ne se passait rien, il était retombé dans l'oubli général. Toutefois, la jeune fille passait de nombreuses minutes chaque matin à le regarder quand le soleil promenait ses premiers rayons dans sa chambre. De la même manière que ses séances de méditation, ce rituel l'apaisait bien qu'elle éprouvât une vive impatience à découvrir son timide habitant. «Quand montreras-tu le bout de ton nez, mon Xīnzàng ?» (= coeur) Murmura la Hanatsu sans attendre de réponse. Elle sourit. Il était comme elle, il voulait prendre son temps avant de sortir. Qui pouvait lui en vouloir de préférer rester dans un cocon de chaleur ? Après une dernière caresse dans les longs poils de l'oeuf, la Hanatsu se redressa et commença à effectuer les étirements que sa Masutā (= mère) lui avait inculqués pour toujours commencer une journée du bon pied. Assise avec les jambes écartées de chaque côté, Natsu essayait tant bien que mal de coller son buste au sol. Elle grimaça quand elle sentit sa souplesse lui faire défaut. S'efforçant de rester plusieurs secondes dans cette position, elle poussa un soupir de soulagement quand elle se redressa, passant ses doigts sur ses cuisses pour consoler ses muscles fourmillants. L'Orine allait enchaîner sur la prochaine position quand un mouvement sur son lit attira son regard. Surprise, elle laissa un petit cri de surprise lui échapper. C'était un petit oiseau, un de ceux qu'elle n'avait jamais vus, que ce soit à Maëlith, dans les livres ou même lorsqu'elle était partie en voyage. D'un jaune anormal tant il réfléchissait la lumière, le plus étonnant était certainement la paire de lunettes teintées de noir qui semblait fixer son regard énigmatique sur elle. Par réflexe, elle regarda son œuf avec appréhension, mais fut rassurée de le voir intact. Elle en avait honte mais elle était contente que l'animal qui se logeait dans son œuf n'était pas cet étrange canard. Il y avait bien de ces animaux près de l'étang dans un des nombreux parcs de Maëlith mais ces derniers arboraient de multiples couleurs et surtout, ils avaient des plumes. Curieuse, elle s'approcha et tendit les doigts vers le canard en le rassurant à mi-voix même s'il n'avait pas du tout l'air effrayé. La Hanatsu était sur le point de le toucher quand il bondit en l'air dans un «COIN !» sonore. Et il disparut comme il était venu. Eberluée, Natsu se gratta la tempe mais aucune explication logique autre qu'une hallucination ne lui vint en tête. Serait-ce un signe des divinités ? Mais qui aurait quelle signification ? Peut-être ne priait-elle pas assez Hahanaru Shizen et cette dernière montrait son mécontentement avec cet étrange oiseau ? Non ça n'avait pas de sens. Elle haussa les épaules et décida d'oublier l'incident. Elle était presque en retard pour sa leçon de toute manière. Elle prierait Mère Nature avant de se coucher quand elle aurait terminé sa journée bien chargée.
Les neuf Orines s'étaient retrouvées dans la pièce rectangulaire au plancher laqué qui leur était allouée. Le fond de la salle était recouvert d'un miroir sur la longueur et sur le côté, une large porte-fenêtre donnait sur une cour. Pour le moment, comme il était encore tôt, seul un couple d'Orines y étaient installées, accordant leurs instruments pour s'exercer mais dans la journée, elle était pleine de vie, traversée par des nuées de petites Hanatsu jouant ou d'autres Orines perfectionnant leur Art. Natsu discutait gaiement avec Iseul tout en s'entraidant pour échauffer leurs muscles. Assises face à face, leurs pieds se touchant, elles avaient relié leurs mains et se tiraient l'une l'autre pour réveiller leurs muscles dorsaux. Toutes deux étaient vêtues de la même manière. Comme tous les groupes qui se formaient à partir d'un certain âge, les jeunes Orines avaient un uniforme pour leur donner un sentiment d'appartenance. Ces groupes aidaient à la cohésion des jeunes Orines entre elles et formaient souvent des amitiés qui duraient sur le long terme. Lorsque plusieurs groupes pratiquaient la même discipline, ce qui arrivait fréquemment, les Orines se réunissaient pour organiser des compétitions amicales. Cela permettait aussi aux jeunes Hanatsu de voyager et d'aller visiter les différents lieux de vie de leur peuple. En plus de créer du lien, ces voyages leur faisait également découvrir d'autres activités et les amener à trouver l'Art Divin qui leur conviendrait. Natsumura faisait partie du Rairakku Sagi, soit le Héron Lilas en référence en long bec pointu de l'oiseau qui rappelait leurs épées et le lilas pour la couleur de leur uniforme. Celui-ci était composé d'un haut court dont les longues manches étaient larges et transparentes et d'un large pantalon indigo en soie qui montait jusqu'au nombril et serrait leurs hanches avant de s'évaser sur les jambes. La matière arachnéenne du tissu donnait l'impression de voir une envolée de papillons maladroits lorsque les Hanatsu exécutaient leur chorégraphies. Iseul leva un visage tourmenté sur son amie et Natsu relâcha aussitôt la pression qu'elle lui imposait. «Pardon !» «Non, ce n'est pas ça. Tu crois que Fuyuko Sau va nous faire un examen surprise ?» Il était vrai que lorsque la Niseira et son fils Nao arrivaient avec du retard, c'était en général car elle leur avait concocté une évaluation. Les deux Orines partageaient avec le groupe leur savoir et leur expérience. Ayant fait de Geommu son principal Art Divin, Fuyuko était une des mieux placées pour l'enseigner aux jeunes filles qui envisageaient de suivre sa Voie. Son fils était un talentueux danseur qui n'était pas encore parti à la recherche de son Aisuru. Il aidait souvent sa Masutā en prodiguant ses conseils aux jeunes Orines. Natsu haussa les épaules et feignit l'indifférence. «Ça ne fait rien, tu es douée et on travaille dur.» En réalité, la Hanatsu craignait ces évaluations. Sa peur de l'échec était si grande qu'elle la paralysait parfois, lui faisant perdre l'équilibre dans des mouvements pourtant répétés des centaines de fois. C'était uniquement la satisfaction de voir les regards admiratifs ou appréciateurs de ses sœurs lorsqu'elle parvenait à effectuer une chorégraphie sans faire d'erreurs qui l'empêchait de partir en courant. L'arrivée de Fuyuko, suivie par Nao, fit augmenter d'un cran la tension des deux amies. Dans les mains de la Niseira, des petites feuilles carrées réduisirent en cendre les espoirs des deux filles. Les Hanatsu cessèrent leurs échauffements et saluèrent leurs professeurs de manière synchronisée.
Assise en Zazen pour favoriser sa réflexion, Natsumura fronçait les sourcils en fermant les yeux, ses doigts serrant avec fermeté son papier. Les caractères en Niseis inscrits dessus dansaient derrière ses paupières closes. «Celui qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit.» Comme à son habitude, Fuyuko leur avait donné un thème et les jeunes Hanatsu devaient s'en inspirer pour inventer une chorégraphie. L'Orine était une enseignante rigoureuse, elle exigeait une technique irréprochable mais cherchait également à éveiller l'âme des jeunes Orines. Si ses leçons étaient beaucoup axées sur l'angle précis que le bras devait avoir lors de telle position car les Hanatsu ne maîtrisaient pas encore bien Geommu, la perfection n'était atteinte selon elle que lorsque l'Orine vivait sa danse et invitait ses spectateurs à surprendre quelques secondes de leur grâce. C'était seulement là que l'Orine pouvait parler non plus de danse, mais de véritable Art Divin. La Niseira préparait alors de temps en temps ces petites évaluations où elle leur laissait peu de temps pour préparer leur passage afin de ne pas trop réfléchir et de laisser leur corps suivre le cheminement de leur esprit sans la contrainte de devoir mémoriser une chorégraphie donnée. Natsumura adorait ces exercices d'improvisation basés sur des proverbes ou de simples mots bien qu'ils soient aussi une source d'angoisse car Fuyuko se basait sur ces exercices pour déterminer si oui ou non, l'Orine était réellement faite pour cet Art. Natsumura était toutefois rassurée car elle avait eu de la chance pour une fois. Les proverbes des Orines étaient parfois aussi mystérieux que leurs énigmes et Natsumura se cassait la tête à essayer de les comprendre. Mais aujourd'hui, l'interprétation n'était pas compliquée, restait à savoir comment elle allait exprimer ça avec ses dan geom.
En appui sur ses orteils et ses genoux, Natsumura tentait de maîtriser les palpitations erratiques de son coeur alors même qu'elle n'avait pas commencé à danser. Les jointures de ses doigts blanchissaient autour des manches usés des courtes épées et elle se força à les détendre un à un. La Hanatsu voyait son reflet dans la glace, légèrement pâle. Elle se força à inspirer doucement. Qu'importait si elle faisait des faux-pas, son sujet lui donnait une liberté peu commune dans cette discipline. Nao prit son janggu, un tambour en forme de sablier et entama un rythme lent avec son bâton en bois. L'Orine adapterait sa mélodie à la chorégraphie de la Hanatsu et Natsu fit le vide dans sa tête. Elle dressa ses bras au dessus de sa tête en cambrant le dos pour avoir le buste presque en face à face avec le plafond. Une fine couche de sueur luisait déjà sur son front mais la jeune fille se força à tenir la position bien que les muscles de ses jambes criaient déjà grâce. Elle ignora leurs plaintes et fit tourner d'un geste vif, reproduit déjà des milliers de fois, les dan geom. Aussitôt, les anneaux accrochés à la base des lames produisirent leurs sonorités cristallines quand ils claquaient entre eux et tranchantes quand ils heurtaient le métal. Natsumura ferma les yeux pour s'isoler dans son univers et ne pas se laisser distraire. Elle ne se risquait pas beaucoup à faire ça car cela terminait en général par une chute directement sur ses camarades mais elle sentait qu'aujourd'hui, elle pouvait prendre ce risque. Elle reprit confiance en elle et exécuta les mouvements appris de manière aussi aléatoire qu'une feuille entraînée dans les remous d'une rivière. Ses mouvements s'enchaînaient de plus en plus vite et l'Orine accumulait les erreurs mais elle ne s'en formalisait pas. N'était-ce pas ça la folie ? Parfois commençant une pirouette puis changeant d'avis en plein milieu, son numéro était un tourbillon de non-sens et sa tête tournait, tournait, tournait aux sons désordonnés des anneaux. Le janggu laissa résonner une note ultime et Natsu s'effondra sur le sol, à bout de souffle, les joues écarlates d'avoir fourni un tel effort. Toutefois, ses yeux brillaient et elle les releva pour regarder la réaction de Fuyuko. La Niseira se fendit d'un sourire et prit le temps de terminer d'écrire ses notes sur son carnet avant de donner son verdict. «On ne peut pas dire que les mouvements étaient parfaits, c'était brouillon mais c'était l'intention n'est-ce pas ? Oui, cette interprétation était inévitable pour ton niveau. Cependant, tu étais vraiment dedans et je te félicite. Tu t'es emparé de ton thème et tu l'as retranscrit comme je l'espérais. Maintenant, imagine refaire ce que tu as fait mais en respectant tes tenues de position ? Essaie d'aller jusqu'au bout de tes mouvements, de leur donner la même netteté que lorsque tu écris. Ce sera ton devoir pour la semaine prochaine. Moon, c'est à toi.» Les membres encore tremblants, Natsu rejoignit Iseul, les yeux brillants. L'exercice l'avait exaltée et recevoir les compliments de Fuyuko, bien qu'elle n'en soit jamais avare, semblait lui donner des ailes. Elle n'avait qu'une hâte, s'entraîner sans relâche pour récolter de nouveaux éloges.



Fin | 2005 mots sans le proverbe



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