-35%
Le deal à ne pas rater :
Pack Smartphone Samsung Galaxy A25 6,5″ 5G + Casque Bluetooth JBL
241 € 371 €
Voir le deal

Partagez
 

 [Q] Zhi'dov [Kaden | Solo]

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
Invité
Invité

avatar
Mar 12 Nov 2019, 22:07

Partenaire : /
Intrigue/Objectif : Kaden apprend les bases de l'écriture

Kaden
Zhi'dov
Kaden n’était pas allé à la taverne. Enfin, il n’avait pas pu. Il n’avait pas osé. La peur l’avait pris pendant quelques minutes, parce qu’un homme vraiment étrange avait voulu lui adresser la parole. Il était saoul. En soi, cela n’était pas un problème. L'enfant avait l’habitude avec ses amis adultes. Mais celui-ci s’était approché, titubant et zigzagant comme un ours unijambiste, un grand sourire aux lèvres. Kaden avait senti l’alcool émaner de lui dès lors qu’il avait pu l’apercevoir à l’autre bout de la rue. Il ne comprenait pas bien les effets de cette gamme de liquides pour n’avoir jamais passé le « baptême », celui qui était supposé rendre ses idées incohérentes. Jusqu'ici, il n'avait goûté que des fonds de verre. Ses amis l'avaient fait boire un peu pour « qu'il s'habitue à être un dur », mais ça n'avait jamais été assez pour le désinhiber. De toute façon, il n'aimait pas trop ça. C'était fort, ça brûlait parfois la gorge et ça le faisait tousser. On lui disait qu'en grandissant, il finirait par changer d'avis et vouer un véritable culte à l'alcool, mais il restait encore sceptique. Il ne comprenait pas comment on pouvait devenir accro à un tel goût. Mais bref. Kaden n’avait jamais vu un cas aussi avancé que celui qui se tenait devant lui. Il pensa qu'il s'agissait du genre d'individu que l'on pouvait rencontrer à des heures très avancées, comme avaient pu le lui décrire ses amis, mais il n'en était pas certain, puisqu'il rentrait toujours se coucher plus tôt pour éviter d'inquiéter ses parents. L’inconnu s’était donc approché. Le garçon l’avait timidement salué par un « bonjour », l’air de rien, se disant que le gars ne ferait que passer et qu'il serait de nouveau tranquille dans les secondes qui suivraient. Malgré tout, il avait senti l’angoisse monter et l’envie de fuir ces lieux à tout jamais le chatouiller doucement. A ce simple mot, l’alcoolique s’était encore rapproché, très près. Très très près. Il avait eu l’air heureux. Très heureux. Un enfant en ces lieux après tout, c’était… unique ! Et après… et après il s’était encore rapproché, et… Kaden était parti. Il avait couru aussi vite que possible, ne cherchant pas à savoir s’il avait été suivi – mais il lui semblait que non. Non. L’alcoolique l’avait simplement regardé partir sans trop comprendre, les bras balans, le regard aussi vif qu’un Weltpuff endormi, puis il était parti pisser.

A l’approche de sa maison, le garçon avait cessé de courir. Il voulait reprendre son souffle avant de rentrer. Il ne voulait pas inquiéter ses parents pour une raison aussi vaine que celle d’avoir croisé quelqu’un de « louche ». Kaden tenait ses bras et les gardaient contre son torse, crispé. Il avait pris le chemin le plus court pour rentrer à la maison. En temps normal, il aurait tourné çà et là avant de prendre la bonne voie. Il aurait papillonné sans réel but, si ce n’est pour divertir son esprit et stimuler son imagination à base de rien. L’enfant s’arrêta devant la porte quelques secondes, jeta quelques regards autour de lui et l’ouvrit enfin. Reiner et Varda étaient là. Ils étaient tous les deux assis à la table de la pièce principale. Reiner buvait tandis que Varda griffonnait sur un morceau de parchemin. Ça n’était pas vraiment dans ses habitudes, d’écrire. Il n’était même pas certain de l’avoir déjà vue le faire. Les deux adultes levèrent les yeux. Varda lui lança un sourire affectueux puis l’invita à s’asseoir avec une voix trop douce pour être d’elle. Le garçon s’exécuta. Décidément, cette journée n’était pas normale, et ça l’angoissait.

-Dis, Kaden. Reiner et moi avons eu une discussion, et on se demandait : tu ne sais pas lire, pas vrai ? ni écrire ?

Il répondit en secouant la tête. En réalité, on lui avait appris à lire quelques mots à la taverne, notamment ceux inscrits sur la pancarte sale et noircie accrochée au-dessus du comptoir, à côté des prix. Ainsi était-il devenu un véritable professionnel en ce qui concernait les noms d’alcool et la valeur de chacun.

-Hm, c’est bien ce qu'il me semblait. Ouais, du coup avec Reiner, on se disait qu’il serait peut-être temps de t’apprendre tout ça.

Varda et Reiner étaient vraiment des parents formidables, conscients et responsables. Ils connaissaient leur fils sur le bout des doigts.


-C’est que tu grandis trop vite, voulut se justifier la femme avec un rire gêné, consciente qu’à son âge, il aurait dû l’avoir appris depuis longtemps, tu n’es pas resté bébé longtemps, et avec tout ça… On n'a pas eu le temps de s'adapter.

Mais Kaden se fichait complètement de ses explications. Il ne leur en voulait pas le moins du monde. Même s’ils ne faisaient rien comme des vrais parents – d'ailleurs, qu'étaient-ce que de vrais parents ? – il les aimait bien. Grâce à eux, il vivait une bonne vie en bonne santé. Il avait un toit pour dormir et de quoi manger copieusement. Ils ne le grondaient jamais. Par contre, eux, ils s’engueulaient très fort au moins une fois par semaine. Dans ces moments-là, l'enfant allait s'enfermer dans sa chambre, faisant mine de ne rien entendre, et se cachait tout entier sous sa couverture. Étalé sur son matelas, il écoutait leurs paroles au rez-de-chaussée, sans trop comprendre le pourquoi du comment ils en étaient arrivés là. De toute manière, ce n'était plus trop quelque chose qui lui importait : c'était devenu une routine. Ça ne s'éternisait jamais, et ils continuaient de s'aimer malgré tout. Alors il était heureux.

-Hmm, bon. Euh… On devrait commencer par l'alphabet.

Sur le parchemin devant elle, Varda commença à tracer des lettres. Elle semblait le faire dans un ordre bien précis. Kaden n'était même pas au courant qu'il y avait un ordre. Il en reconnaissait un certain nombre et attendit que sa mère ait terminé pour les montrer du doigt. En revanche, il n'était pas toujours sûr de connaître le son. Il n'avait appris que les mots. Pas les lettres qui les composaient.


-C'est pas grave, c'est quand même super ! L'encouragea sa mère. Kaden ne l'avait encore jamais vue aussi calme et… maternelle. Alors regarde : ça par exemple, c'est le A. Ça se prononce A. Et ça c'est le B, qui se prononce « Beuh ». Comme euh… Borm ou Bormah.

Elle devait le prendre pour moins mature qu'il ne l'était. Elle lui parlait comme s'il n'avait que cinq ans, alors qu’il en faisait presque le double. La preuve, c’était qu’elle s'était retenue de dire « bière », comme si cela aurait pu le choquer. Néanmoins, dans toute sa patience, Kaden ne se préoccupait pas de ce détail qui en aurait énervé plus d'un. Il était trop happé par la curiosité pour réellement y faire attention. Varda fronçait les sourcils. Elle ne savait pas trop comment s'y prendre. Dans un éclair de lucidité, elle se souvînt soudain de son propre apprentissage.

-Ah oui ! Quand j'étais gamine, je devais retracer ces lettres des dizaines de fois. C'était un peu long parfois, mais c'était comme ça qu'on apprenait. On va faire pareil, je te montre comment on trace et après tu fais pareil, ça te va ?

Le garçon acquiesça. Il y avait un ordre et un sens ? Il n'était pas non plus au courant. Disons qu'il ne s'était jamais posé la question. Tant qu’on obtenait la même forme au bout du compte, il ne voyait pas en quoi cela pouvait influer sur le sens, mais soit.

Copiant Varda, Kaden effectuait maladroitement ses traits. Il était concentré, tête baissée, louchant et le nez à même pas dix centimètres de son œuvre. Même avec toute l'application du monde, il ne parvenait pas à reproduire la calligraphie de la Réprouvée, qui s'était, elle, perfectionnée au fil des années. Il maniait maladroitement son crayon, objet qu'il ne tenait absolument jamais entre ses mains. D'ailleurs, Varda venait aussi de lui apprendre comment bien le tenir. En le voyant galérer comme un tétraplégique à qui on venait tout juste de rendre ses membres, elle avait levé les yeux au ciel en marmonnant « ah, le détail qui tue... ». Réécrire l'alphabet fut une tâche plus longue que ce qu'avait imaginé la mère. Alors qu'elle avait commencé son petit cours avec toute l'attention du monde, elle était maintenant nonchalamment accoudée, la joue écrasée par son poing, observant son fils former le dernier Z.

-C'est très bien, déclara-t-elle dans un soupir las. Maintenant, tu peux écrire ton prénom.

Il lui fallut encore cinq bonnes minutes pour y parvenir. Varda le félicita. Malgré le temps qui commençait à se faire long, elle était ravie de voir les progrès de son fils. Elle était aussi très fière de lui avoir appris tout ça. Reiner n'était plus là pour constater l'exploit. Ayant bien vite compris que l'exercice prendrait du temps, pour ne pas dire toute la journée, il avait déserté la pièce principale à la lettre D.

Le soleil avait fait un beau trajet. Il était passé de l'autre côté de la voûte céleste depuis longtemps lorsqu'on revit enfin l'ombre de Reiner, qui revenait en quête de nourriture. Il avait un peu bu. Ça se voyait parce qu'il avait l'air plus détendu que d'habitude. Cependant, il tenait encore très bien sur ses jambes et marchaient à peu près droit. Il demanda des nouvelles des avancées de son fils et se pencha vers sa feuille, où s'alignaient les lettres, puis son timide nom tout en bas.

-Wow.

Et il le pensait vraiment. Ça avait été l'idée de Varda de lui apprendre tout ça. Lui n'aurait jamais été capable de le faire. Il n'était pas connu pour sa patience, ni pour sa fibre intellectuelle. Sa femme non-plus, d'ailleurs, c'est pourquoi il était doublement impressionné. En fait, il ne l'avait presque jamais vue dans cet état : elle était très calme et sereine. La dernière fois qu'elle avait été comme ça, c'était lorsqu'il lui avait présentée le petit Kiir'Sahqon. Elle l'avait pris dans ses bras avec une douceur incroyable, les yeux pétillants de quelque chose de nouveau. Et il s'était senti encore plus amoureux d'elle. Après, elle était restée gaga pendant trois jours, et ça l'avait soûlé. Ils s'étaient disputés, puis le gosse s'était mis à chialer, et c'était là qu'il s'était dit que bordel de merde, c'était vraiment chiant un enfant. Heureusement, celui-là avait grandi vite, donc il n'avait pas eu à se lever la nuit pendant des mois et des mois, comme on le lui avait dit des années plus tôt. En seulement quelques jours, Kaden faisaient déjà des nuits complètes. Quelques jours qui avaient amplement suffi à Reiner. Il se souvenait encore des droites monumentales que lui avait foutu sa femme pour qu’il aille changer ses langes et lui donner à becter. Elle, elle se souvenait de toutes les insultes qu’il avait pu lui sortir en un temps record. L’expérience avait été courte, mais intense, si bien qu’ils s’étaient mis d’accord : peu importe par quel miracle, plus aucun bébé ne logerait sous ce toit. Reiner posa ses yeux sur son fils maintenant alphabète. Et ils avaient eu de la chance avec lui.


~1859 mots~

Revenir en haut Aller en bas
 

[Q] Zhi'dov [Kaden | Solo]

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

 Sujets similaires

-
» [EVENT solo Partie IV - solo] Rétablir un semblant de vie
» [Q] - Ẹṣọ Kọọ | Solo
» [Q] La fin | Solo
» Le contrat [solo]
» | Solo - Infamie
Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Les Terres de Sympan :: Zone RP - Océan :: Continent Naturel - Ouest :: Terres d'émeraude :: Stenfek-