Partenaire : Solo
Intrigue/Objectif : Léto continue de céder ses responsabilités à Latone, la véritable détentrice des souvenirs de Lolaha Kirzor, afin de se concentrer pleinement sur l'étude des Ridere et découvrir leurs véritables pouvoirs. Ce choix, pour autant, ne l'aidera pas à échapper à une sentence pire que la Mort.

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Musique

" J'te jure, je l'ai vu là ! " L'enfant tapa frénétiquement du pied pour se faire entendre, son père se gratta les cheveux : à l'évidence, il n'y avait aucune trace par ici. C'était comme si ce mystère s'adressait à un trappeur émérite. Loin de là l'idée que sa fille hallucinait, mais de ce côté de l'Île, il était plutôt rare qu'une "grosse peluche bleue toute mignonne aux oreilles de plumes" se baladait entre les monstruosités d'Awaku No Hi. Et pourtant, cet homme ne fut pas le seul à être au bout de cette peine au sujet de cette étrange apparition.

" Oh, du calme, Draaskag ! Léto déboula hors de l'édifice principal, alertée par les hurlements fanatiques de son fils. Armé d'une lance, le Souw'Ni intimait à la créature de repartir dans les feuillages et de ne plus jamais revenir. Quelques regards intrigués s'étaient tournés vers le jeune Köerta, néanmoins les villageois, étant habitués à sa fougue déplacée, ne lui accordèrent point plus d'attention. Sur le chemin, la Souriante jura l'avoir entendu implorer les divins Haziel et Sarina. Et toute cette agitation pour : une grosse peluche bleue toute mignonne aux oreilles de plumes. Elle déposa une main ferme sur l'épaule de l'adolescent, l'animal ne montrait aucun signe d'agressivité ; son intuition lui chuchotait que le sang ne coulera pas, que ce soit d'un côté ou de l'autre. Rassuré, la créature vola jusqu'à elle grâce à ses oreilles faisant office d'ailes. Kewa'Enre'O se redressa sous la contrainte, sans pour autant lâcher son arme. Il devait être prêt à protéger sa mère face à ce monstre envoyé par les hérétiques ! Salut, toi. Sa voix mielleuse sonna comme une berceuse pour le Kangela, il accepta volontiers de se laisser caresser le crâne. Tu es nouveau ? On ne t'a jamais vu dans les parages. " Elle devrait questionner Mior à ce sujet, voire Devaraj, bien que ce dernier préférât la compagnie de bestioles moins délicates. À son contact, Léto ressentit une incroyable envie de chanter monter en elle. Toutefois, elle fut enjointe par l'animal à le suivre. Un à un, les vers se succédèrent dans son esprit et Léto comprit enfin où elle était appelée. C'était l'heure.

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Le sinistre joncha son chemin, sur les traces du Kangela on ne peut plus calme dans un environnement aussi austère. Prudente, Souw s'avança à travers les dédales sécurisés par la Marche Terne et découvrit petit à petit les progrès réalisés. Sa place n'était plus ici, cependant une fierté guère masquée gonfla en elle : Ciel-Ouvert avait mis un pied sur Linos, un premier pas vers la conquête totale. Léto sut déjà qu'elle pouvait compter sur Latone et toute la troupe, ils étaient capables, et sûrement même destinés à redorer le blason de la cité déchue. Malgré tout, ce ne devait sûrement pas pour être mise au parfum que la créature ailée l'entraînait dans les profondeurs de la montagne. D'ailleurs, même si les barricades et le premier campement tenaient encore debout, la Chamane ne comprenait pas pourquoi aucune âme ne se manifestât. Pas l'ombre d'un Marcheur, pas les traces d'un passage… Sa propre route semblait toute tracée et aucun encombre ne devrait la détourner. Pour l'une des rares fois, la titanide déglutit : elle savait ce que sa présence impliquait, elle savait tout autant à quoi s'attendre.

Plus elle s'enfonça dans les ruines, plus les ténèbres s'épaissirent. Les échos se taisaient sous le claquement de ses bottes, sa respiration davantage audible. Seul l'air entraînant du Kangela l'aida à ne pas se perdre dans ce miasme oppressant. Quelque part, cela la peina de ne pouvoir découvrir les facettes cachées de la cité, de n'être la première à dévoiler son véritable visage. Cet honneur, Souw le laissa volontiers aux Marcheurs et Guides. Pour elle, les Ætheri semblaient avoir d'autres plans. Tout à coup, un vent glacial s'attaqua à sa peau et un décor hautement improbable se dessina sous ses yeux : de grandes plaines enneigées à perte de vue, un ciel sombre masqué par la brume. Dans son dos, les ombres persistaient. Linos semblait regorgé d'étranges surprises si la montagne accueillait un tel panorama. Et le comble étant cette personne qui venait à elle, cette vieille connaissance qui congédia la créature-guide d'un revers de la main. " Vous… Ses yeux globuleux scintillèrent au rythme des flocons sur leur passage. L'usurpatrice. " Siffla-t-il, acéré. Son empathie lui dictait ce constat : il ne comprenait pas le comment ni pourquoi de sa venue. Il se questionnait un court instant, où elle-même réfléchissait à la meilleure réaction. Toutefois, ce qui attira son regard, au loin, était cet édifice gigantesque, un joyau parmi la désolation : un palais.

La lame lui lécha la joue, Léto esquiva à temps pour dégainer son arme et affirmer sa position défensive. Il semblerait que le Bleu Roi n'avait plus la motivation de discuter avec les étrangers, il agissait avec les réflexes d'un condamné en sursis. Des gouttelettes perlèrent sur la prairie givrée, les prémices d'un affrontement titanesque. Il n'était pas sa proie, mais Léto ne refusait clairement pas une bonne correction ! La clé était la voix, elles avaient fini par le comprendre lors de leur dernière rencontre, puis le passé de Latone corroborait peu à peu ce fait. Sa magie concentrée dans sa gorge, la Chamane se rapprocha rapidement du titan et abattit sa lame sur la sienne ; elle ouvrit la bouche et un hurlement caustique s'en réchappa. Il rongea sa chair et l'obligea à reculer. Sans son Hozro, Léto n'avait pas une force suffisante pour contrecarrer toutes les manigances mélodieuses du Bleu Roi, mais elle se sentait capable de le déstabiliser suffisamment longtemps. Il tenta de l'attraper ou de la griffer avec ses pattes démoniaques, en vain, elle voyait clair dans son jeu : il n'était point du tout un guerrier aguerri. Ironique pour l'ultime rempart de Linos. Souw demeura tout de même sur ses gardes, consciente que sa magie, en revanche, était colossale. Elle ne lui laissa pas une once de répit, il fallait frapper fort et vite : ses doigts matérialisèrent une vague multicolore, qui tournoya autour de son épée, pour finir par s'écraser sur le visage du souverain. La guerrière le choppa à son tour par le col et l'obligea à se pencher en avant, résultant en un coup de genou dans son abdomen et un bon coup de boule. Désavantagé, le Bleu Roi fit mouvoir le terrain pour s'éloigner. Elle ne parvint pas à le rattraper, mais redoubla d'effort pour lui balancer d'autres assauts colorés ; ses yeux finiront bien par ne plus s'habituer à cet amalgame et c'est là qu'elle frappera.

Les chœurs cessèrent. Souw suivit son regard et le revit. Lui. Aussi charbonneux que les entrailles de Linos, Senere manifestait sa forme la plus horrifique entre les deux protagonistes, leur confrontation ayant dû le tirer de son sommeil. Instinctif, le corps de Léto commença à trembler, ses mains eurent du mal à maintenir sa garde. Le Bleu Roi s'agenouilla plus bas que terre, à la limite de l'évanouissement. Mécaniquement, la tête de l'Æther pivota en sa direction. Morbide. Non, pas cette fois ! Ses souvenirs n'étaient plus liés à Lolaha Kirzor, alors il ne lui restait plus qu'un ultime hommage à rendre aux Ætheri : Je fais don de ma Voix ! Vive, sa main invoqua le parchemin magique et le déroula sous ses yeux. Son chant suivit les vers illuminés par une fascinante lueur bleutée, mais aucun son ne se fit entendre de sa bouche. Du moins, cela n'impliqua qu'elle et son esprit imperméable, il en était de même pour le Bleu Roi étant donné son effarement palpable. Et pourtant… le sourire inhumain de Senere démontra sa gloutonnerie, ravivée par son chant. Une myriade de feux follets s'extirpa du papier, tel un halo grandissant entre les mains de la Chamane. Ils s'abattirent tout autour d'eux et les Ridere se manifestèrent, appelés à fortifier l'Équilibre. Léto tendit son index en direction du souverain, intimant aux avatars de l'apocalypse à juger par eux-mêmes la chimère de Linos. La dernière fois, je suis venue pour ma fille. Cette fois : c'est pour Latone. Maintenant, elles étaient quittes. Les géants se ruèrent sur le Bleu Roi, des chœurs s'élevèrent au même moment qu'il hurlât sa damnation. Avec une poignée de ses Ridere dans les pattes, Léto ne douta pas un instant que le "protecteur" de Linos aura beaucoup plus à s'inquiéter pour sa propre personne que pour ceux qu'il jugeait comme des intrus et des blasphémateurs. La Chamane profita enfin de l'agitation qu'elle venait d'abattre pour sortir d'ici, toutefois c'était sans compter Sa présence…

Silence.
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Le Lac Rouge, quelques jours plus tard.

Le doux courant écarlate épousa la blancheur de ses jambes nues, le reflet se déforma sous l'impulsion des créatures vivantes à l'intérieur du lac. D'énormes cernes coulaient sous ses paupières, lourdes, si lourdes. Le khôl suivait l'écoulement de son fardeau, ces imperfections détruisirent le portrait d'ordinaire charmant de la justicière joviale. Assise au bord de l'eau sanguinolente, Léto laissait le bas de son corps tremper, les idées ailleurs. Elle n'avait pipé mot depuis son retour de Linos. D'ailleurs, on ne l'avait même pas entendue revenir. Tout court. Il serait grotesque de sa part d'affirmer qu'elle était capable de comprendre les intentions des Ætheri ; toutefois, dans ce cas précis, Léto se heurtait à une impasse horriblement contraignante. Son lien avec Latone était révolu – cette dernière le découvrira tôt ou tard – tout reposait sur ses épaules à elle. Alors pourquoi ? Pourquoi Senere l'avait condamnée au Silence ? Le Silence… Elle détacha ses cheveux cendrés qui retombèrent en cascade, la brise caressait sa tignasse, sa berceuse si réconfortante. L'incarnation des Échos devait s'assoir à la même table que Nīḍalu pour être aussi vicieux : le Silence ne s'immisçait que périodiquement, des moments de pur abandon plus ou moins longs. Il lui semblait, en réalité, qu'il se prolongeait graduellement. Sur l'Île Maudite, Souw se sentait plus en sécurité, comme protégée, néanmoins elle savait que ce ne serait que temporaire. "Un sursis", furent ses mots.

L'écume croissante près du rebord annonça la venue d'une bête que Léto connaissait bien : Lilith fit dorer ses écailles mouillées sous le soleil de plomb, s'étalant lentement le long de la berge. " Finie la baignade ? Parler lui faisait un bien fou, cela lui rappelait qu'elle était encore de ce monde, qu'il soit gouverné par Edel ou Ezechyel. Curieusement, la réaction du caïman se résuma à un dégueulis on ne peut plus ragoûtant juste à côté de la Souriante. Même l'odeur ne la fit pas fuir, tellement son état léthargique la clouait sur place. Alors que le fameux crocodile alla se promener plus loin, Léto fixa les restes avec un intérêt profond. Ses paupières papillonnèrent plus vite lorsqu'elle reconnut la forme de ce tronc, déchiqueté et décoloré par l'acidité gastrique. Fenjötim… " Malgré les dégâts, malgré le fait qu'elle l'avait volontairement poussé dans la gueule d— Ah non, il s'était fait trucider tout seul. Seul. Malgré tout ça, Souw était persuadée que c'était le cadavre du Ridere. Pourquoi ? Car la jeune femme ne pouvait décemment pas rater cette pierre brillante qui ressortait de la chair. Sa respiration momentanément retenue, elle se rapprocha assez pour extraire l'objet de sa convoitise. C'était bien la première fois qu'elle fut capable de toucher du doigt l'un de ces fameux cristaux. Son regard se releva sur l'étendue rouge : est-ce que les autres sont dans le Lac ?

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" Souw ? Ses yeux vairons fixèrent le cristal bleuté reposant sur un tissu rouge. Tout autour, des notes, de la paperasse au sujet des Ridere, des archives et ouvrages qu'elle avait conservés, datant de l'époque où la Chamane avait agi pour Seth Taiji. Elle ignorait toujours ce que le prédécesseur avait bien pu faire de ses trouvailles, mais au vu de leurs connaissances actuelles, il était clair que rien n'avait avancé de ce côté-là. Était-elle vraiment livrée à elle-même sur ce terrain ? Souw ? La blonde se retourna vivement, surprise, ses yeux écarquillés firent plutôt peur au Souw'Ba. Navré mais je n'ai pas entendu ce que vous m'avez dit… Les traits de son visage ne bronchèrent pas : elle ne savait pas si cela relevait du hasard ou si elle subissait, une fois de plus, les affres des Échos. Son regard s'abaissa, son cœur ralentit et estompa cette chamade.
- Tu peux y aller, Lver. " La Souriante ne se détourna pas : elle s'assura qu'il l'entendit bien avant de retourner à ses occupations. Forte, la guerrière ne se laissa pas abattre pour cette fois et focalisa toute son attention sur la pierre du Ridere. Léto n'en avait jamais vu de semblable auparavant, il en émanait une vibration magique, plutôt familière d'ailleurs. Elle ne parvenait pas à mettre le doigt dessus… Tant qu'à faire, elle se mit à saisir la pierre et s'allongea sur les fourrures. L'attention rivée sur le plafond, sa main rajouta l'artefact dans son champ de vision. Petite, bien taillée, ce caillou renfermait un secret de longue date. Il était bleu… Nuit. Bleu nuit. Était-ce vraiment du bleu ? Pour s'en assurer, elle le rapprocha de son œil ocre et constata avec émerveillement que l'intérieur accueillait des points lumineux, des petites lueurs à l'instar d'étoiles. Elles étaient nombreuses, très nombreuses, davantage que leurs cieux hantés par la Lune Écarlate. Plus elle fixa l'apparent contenu du cristal, plus l'impression que les astres s'y multipliaient se faisait ressentir. Jusqu'au moment où il vibra et l'aveugla d'un seul coup.

" J'AIME LES TARTES AU CITRON ! "
" Wow ! " La panique lui avait fait relâcher la dite-pierre qui reposait à nouveau sur son autel de prédilection. Qu'est-ce que c'était que ce bordel, se disait-elle et se dirait sûrement aussi tous les Souw dehors, si ce n'étaient tous les Chamans dans un rayon de plusieurs kilomètres. C'était sa propre voix qui s'était échappée de la pierre, Léto en était convaincue ! Bah tiens, vu l'agitation extérieure, elle confirmera ce fait avec eux. Quoi qu'il en soit, la Draugr se rapprocha encore de la pierre du Ridere et l'observa à nouveau sans la toucher. Elle était magique, c'était indéniable, et possédait un pouvoir pouvant porter sa voix jusqu'à des décibels très, très dérangeants. Cela lui rappela l'époque où la jeune femme fut capable de maîtriser cet art sonore… Silencieuse comme une tombe, son cerveau entra dans une ébullition folle, alors qu'on se précipitait devant chez elle pour comprendre ce qu'il venait de se passer. Le chaos… La lueur de la gemme fit scintiller ses iris bicolores. Le chaos est bruyant.

2560 mots ~
Merci à Dev' pour la réplique débile *sbam*