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 [Q] Le sort en est jeté | Kaahl

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Priam & Freyja
~ Ange ~ Niveau III ~

~ Ange ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 3918
◈ YinYanisé(e) le : 02/02/2018
◈ Âme(s) Soeur(s) : La bière et le saucisson | L'adrénaline et les problèmes
◈ Activité : Berger [III], traducteur [II], diplomate [I] | Soldat [III], violoncelliste [I]
Priam & Freyja
Mar 03 Mar 2020, 10:50



Le souffle court, l’Ange ne le quittait pas des yeux. Elle avait presque cru qu’il allait la repousser. Loin de vouloir l’admettre, elle savait pourtant que son rejet l’aurait blessée. Elle se serait énervée. Sans doute aurait-elle voulu le frapper, incapable de contenir toutes les pulsions qui la traversaient avec véhémence. Explosion ou implosion. Sa vérité éclatait toujours au grand jour ; elle ne savait pas mentir face aux yeux du monde. Garder dans sa poitrine ce qui la tourmentait paraissait impossible. Tout s’exprimait. Son cœur frappait si fort qu’il ajoutait un rythme aux paroles du Magicien, qui bourdonnaient à ses oreilles. Elle fronça les sourcils. Elle n’avait pas envie de l’écouter parler. Elle avait envie qu’il l’embrassât, qu’il la touchât, qu’il la serrât contre lui. Elle voulait la caresse dans son cou plus insistante, plus sensuelle, plus avide. Alors fais-le, pensa-t-elle, si fort qu’elle ne sut si elle l’avait prononcé à haute voix ou non. Elle serra les dents. Au fond, si, elle voulait aussi qu’il n’arrêtât pas de parler. Il avait raison : elle voulait savoir. C’était ce qu’elle avait demandé ; c’étaient ses doutes et ses interrogations qu’ils menaçaient d’écarter comme s’il ne s’agissait que de futilités. L’Ailée voulait les deux et n’aimait pas l’idée de devoir faire un choix. Il pourrait bien répondre à ses questions après… ou avant ? Peut-être qu’elle n’aurait plus envie de l’embrasser, ou peut-être qu’elle ne voudrait plus jamais s’arrêter. Quelle était la pire des deux options ? Ses émotions enchevêtrées créaient un voile si opaque qu’elles en obscurcissaient son jugement. Elle plissa le nez. Pourquoi fallait-il qu’elle se fût intéressée à cet homme-là quand l’univers en comptait des milliers ? Pourquoi celui-là, avec tous ses secrets, ses mystères et ses mensonges ? Elle aurait mieux fait de tomber amoureuse d’Adriel, comme Jun l’avait suggéré. Ou même de céder à Hugh, tiens. Tout aurait été éminemment plus simple : et si elle doutait, elle s’en convainquait.

Et si elle agissait comme une Réprouvée ? Le baiser puis claquer la porte. Prendre son dû et l’abandonner dans ses draps encore chauds. Peut-être que ce n’était que ça, qu’une pulsion de vie à assouvir pour être libre des chaînes qui l’entravaient. Peut-être que défaillir la calmerait et qu’elle pourrait reprendre le cours normal de son existence, loin de cet empoté incapable de faire deux choses à la fois. Qu’est-ce que ça coûtait d’essayer ? Pourquoi regretterait-elle ce qu’un instinct ancestral, primitif et sauvage lui avait dicté de faire à cet instant ? C’était naturel. Non. C’était stupide. S’il s’agissait bien d’un désir sexuel, traître aux ressentis de l’âme, alors tout acte qui répondrait au feu de ses entrailles serait un aveu de Luxure. Ce n’était pas ça, ça ne pouvait pas l’être. Elle était une Ange, elle le resterait. Il y avait ces sentiments, là, dans le creux des ventricules, qui grandissaient et bataillaient contre l’appréhension, la colère et la raison. Ses lèvres près des siennes interrompirent le cours de ses pensées – pour mieux relancer le flot de son agacement en se posant trop loin de sa bouche. Il la narguait, en plus. Un sourire amer couvrit les traits de l’Ange, qui se tordit en grimace quand elle sentit son visage contre la peau de son cou. C’était pire que de l’embrasser. Pire, cent fois pire. Tant sur le plan de l’idée-même que de la réaction en chaîne qui se produisit dans tout son corps. Son pouls s’accéléra ; sa respiration suivit ; ses sens se mirent en alerte. Elle renversa la tête en arrière ; passa ses bras autour de lui ; remonta une main jusqu’à sa nuque. Ses doigts jouaient à la naissance de ses cheveux. « Pas sûre d’avoir envie. » lâcha-t-elle dans un souffle rauque. Comment est-on supposé résister, dans ces cas-là ? Comment faire abstraction de la chaleur, des frissons, de l’adrénaline ? Comment convoquer les Vertus quand on a le diable au corps ? « Tu me le paieras plus tard. » Elle parlait bas – chuchotements profonds venus de l’antre du désir. D’une pression de la main sur sa nuque, Laëth l’attira un peu plus à elle, puis inclina la tête afin de fondre vers sa mâchoire. Elle l’effleura de ses lèvres, juste assez pour faire sentir leur présence, juste assez pour provoquer l’insatisfaction. Plus tard ou tout de suite, c’était la même chose. Le temps lui échappait. Tout se confondait. Les sens, les émotions, les sentiments ; la logique, la rationalité, la raison. Les jours, les heures, les minutes ; là-bas, là, ici. La Vertueuse n’était plus maîtresse d’elle-même. Elle descendit dans son cou. Elle s’apprêtait à l’embrasser quand elle s’arrêta. Un sourire victorieux étira ses lèvres. Elle venait d’avoir une idée. « Tu ne fais plus rien avec ta bouche, là. » L’espièglerie perçait dans sa voix. « Tu n’as qu’à répondre à mes questions. » Il avait bien dit que soit il l’embrassait, soit il répondait, non ? Elle avait fait son choix. Au demeurant, il ne lui avait pas donné le baiser qu’elle espérait. A défaut d’assouvir son désir, il pouvait bien tempérer sa curiosité. « Moi, je peux faire deux choses à la fois. » Elle fit glisser le bout de son nez sous la ligne de sa mâchoire, respirant son odeur. « Alors j’arriverai à écouter sans problème. » Du bout des doigts, elle caressa sa colonne vertébrale de haut en bas. Qu’avait-elle demandé, déjà ? « L’équilibre entre les deux magies et les Momies. » précisa-t-elle, pour l’empêcher de feindre qu’il ne se rappelait pas. Son petit jeu était une mauvaise idée. Elle le sentait. Cela n’empêchait pas l’amusement de rehausser les coins de ses lèvres tandis qu’elle les promenait sur la peau du Mage. L’Ange peinait à conserver sa place quand les instincts et les pulsions de ses aïeux galopaient sur sa présumée chasteté, ne laissant dans leur sillage que sang et poussière. Pourtant, ses gestes reflétaient plus de douceur et moins d’empressement, plus de langueur et moins d’affairement ; et une fébrilité qui faisait vibrer à l’unisson son corps et son cœur.

Message XVI - 1014 mots
Je sais pas si cette idée est très mauvaise ou très drôle. Dans le doute, je m'enferme dans le déni /sbam




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Kaahl Paiberym
~ Sorcier ~ Niveau VI ~

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Kaahl Paiberym
Mar 03 Mar 2020, 16:06



Je tentai de penser à autre chose et de maintenir ma respiration à un rythme normal. En bon Magicien, il fallait que je m’inquiétasse de son état. Elle s’avançait bien trop. Elle marchait sur un chemin périlleux, en équilibre. M’aimait-elle ? Il fallait que je lui pose la question, pour être sûr de ne pas être la cause d’une bêtise qui la conduirait tout droit en Enfer.

Si j’arrivai à retenir un soupir de plaisir de sortir d’entre mes lèvres du fait de ses caresses, il n’en fut rien pour le sourire qui y germa, sans doute un peu perverti par des pensées concupiscentes. Elle s’amusait de la situation et je ne pouvais pas m’empêcher de me questionner. À quel point était-elle joueuse ? Je devais penser à autre chose. La situation me dérangeait à quelques égards, je devais me focaliser sur ces derniers. Je devais dompter mon désir. La Couronne de la Nuit m’avait fait entrevoir des possibles qui allaient m’échapper si j’approfondissais le sujet. Je voulais boire son sang depuis notre première rencontre, lorsque j’avais humé le parfum qui s'échappait de sa peau dans cette salle de bal, une fragrance pure et délicieuse. C’était comme renoncer à un plaisir immense au profit d’un autre. J’avais conscience qu’un seul ordre me permettrait de profiter des deux. Je devais la mordre d’abord. À cette idée, ma langue passa sur mes lèvres. Comment faire ? L’énerver pour qu’elle s’écarte de moi un temps et profiter de sa prochaine nuit pour la goûter ? Entrer dans sa chambre et la maintenir de force, le temps de planter mes crocs dans son cou ? L’empêcher de se débattre ? Appuyer fermement sur sa bouche le temps de faire en sorte que les cris de peur se transforment en gémissements de plaisir ? Un frisson remonta du bas de mon dos jusqu’à ma nuque. Je ne pouvais pas la laisser continuer. Elle n’avait aucune idée d’où est-ce qu'elle mettait les pieds. Si je m’imaginais sans mal la mettre à quatre pattes, attraper ses cheveux et lui tirer la tête en arrière, je devais prendre en considération ce que Kaahl ferait. Lui, l’aurait avertie. Il lui aurait soufflé le fond de sa pensée. Les conséquences potentielles ne seraient pas entrées en ligne de compte, jamais. Je devais me conformer à mon personnage, émettre l’hypothèse qu’elle fût en train de fuir la réalité en succombant à des plaisirs interdits. Elle demandait l’impossible. Si je me mettais à parler, son souffle arrêterait de brûler ma peau, ses doigts s’en ôteraient avec horreur. Pourtant, j’avais envie d’elle et n’étais pas certain d’arriver à faire passer mon égoïsme au second plan. Il fallait que je pense à son sang. J’émis un râle, pris entre plaisir et mécontentement. La situation me paraissait improbable, le fait que je fusse la voix de la raison et que je dusse faire en sorte que les choses ne dérapent pas complètement. « D’accord… »

J’enlevai mes mains de sur elle et me redressai un peu avant d’échanger nos positions. Contre le mur, je laissai ma tête tomber en arrière. Je lui donnais ainsi un accès privilégié à mon cou mais l’empêchais par là même de joindre ses lèvres aux miennes. Elle ne pouvait plus non plus s’en prendre à mon dos, ce qui réduisait ses prises à ma gorge et à mon torse. Je ne la pensais pas aventureuse au point de glisser ses mains plus bas. J’inspirai. Je devais me détendre, de manière générale mais pas seulement. Je serrai la mâchoire brièvement et essayai de rassembler mes pensées pour répondre à ses questions avec une voix assurée, qui ne tremblerait pas sous ses caresses, avec des mots non entrecoupés de soupirs. Je me rendis compte rapidement que ça n’avait rien d’aisé, ça l’était bien plus de se murer dans le silence. Je ne la regardai pas et dus m’y reprendre à plusieurs fois pour interdire à mes mains de venir saisir ses cheveux, sa taille ou ses fesses. « L’équilibre entre les deux magies… » Déjà mes bras n’étaient plus le long de mon corps. Je les y remis. Si je recommençais à la caresser, le cercle deviendrait de plus en plus vicieux. « C’est comme pour les Anges, une question de volonté. Si la volonté est pure, les actes sont ceux d’un Magicien. Si la volonté ne l’est pas alors ils sont ceux d’un Sorcier. » Je serrai encore la mâchoire. « Un peu comme le sexe. » Parler de sexe était une bonne idée. Je râlai de nouveau. Je n’aimais pas rien faire, être passif, subir. J’avais envie de la toucher. Il fallait qu’elle se calme. « Laëth… » murmurai-je en fermant les yeux. « Je ne suis pas sûr que tout ça soit une bonne idée. » Amour et Luxure. Je devais aborder le sujet mais j’étais toujours partagé. Je pouvais encore me retirer, retourner m’asseoir calmement sur le fauteuil et me resservir à boire. Elle me tuerait mais je pourrais toujours lui dire que j’essayais de faire les choses dans l’ordre, pour elle. Pas seulement, mais elle n’avait pas besoin de savoir que le Vampire en moi avait envie de la prendre, d’une façon un peu différente de la version classique des choses.

Mes mains se refermèrent brutalement sur ses poignets et je baissai les yeux vers elle, enfin. Je la regardai un instant tout en essayant de reprendre un air sérieux. « Arrête. » Ça me coûtait, vraiment, et ça devait se voir. J’avais envie de heurter violemment ses lèvres avec les miennes et de l’acculer, tellement qu’elle devrait me supplier d’arrêter. Le désir devait se lire dans mes prunelles. J’essayai de me stabiliser. Mon regard glissa pourtant jusqu’au tissu manquant de son haut. Mes lèvres frémirent. J’avançai, en la maintenant, jusqu’au fauteuil le plus proche. Je la poussai dedans et lui grimpai dessus, sans la lâcher. Je fis pression pour l’empêcher de bouger. « Bon. » fis-je d’une façon autoritaire et décidée. « Les Momies. » J’aimais assez la voir dans cette position. « Hum. » Je devais réfréner mes envies de la soumettre, maintenant. Je me radoucis un peu. « Je ne pouvais pas parler tout en te laissant faire… ce que tu faisais. » avouai-je, en restant vague, comme si le simple fait de me rappeler de ses mains et de ses lèvres sur moi aurait menacé l'équilibre que j'essayasse d'instaurer. « Malheureusement, je me déconcentre vite quand tu es là. » Je souris. « Tu penseras à me remercier de t’éviter la déchéance. » Elle ne risquait rien mais je devais me montrer prudent. L’amour n’était pas éternel, si tant est qu’elle m’aimât réellement. Si ce n’était pas le cas, elle aurait déjà fui depuis longtemps. « Les Momies, donc. » Mes doigts se desserrèrent un peu mais je ne la lâchai pas pour autant. « Je n’en suis pas sûr mais elles auraient été créées à partir des Anges tués pendant le génocide. » L’inconfort de la position me fit grimacer. Je nous téléportai dans la chambre, sur le lit. « Je te délivre, d’accord ? » dis-je, avec le ton de quelqu’un qui redoutait une attaque par surprise. Je m’exécutai avant de rouler sur le côté. Sur le dos, je tournai le visage vers elle. « C’est une théorie… Je ne sais pas si elle est vraie ou pas mais les chiffres correspondent. C’est ce que le Roi des Chamans m’a dit. Le créateur serait Jun mais je n’ai aucune preuve de ça. Je ne l’ai pas revu depuis le labyrinthe, quand il est apparu derrière toi. Je sais seulement que nous devrions réussir à les contrôler, à l’avenir, Devaraj et moi. » Quand l’Enfer ne serait plus plongé dans le chaos. Ma tête retrouva son axe habituel. Je fermai les yeux. J’étais bien là. Mon excitation était légèrement retombée et mon souffle avait repris un rythme régulier. « Laëth ? » Il y eut un petit temps et je finis par tourner les yeux vers elle. « Je sais que ce n’est pas moi qui dois poser les questions normalement mais je dois savoir. Est-ce que tu m’aimes ? »

1294 mots
C'est très drôle je trouve [Q] Le sort en est jeté | Kaahl - Page 3 2289842337

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Priam & Freyja
Mar 03 Mar 2020, 21:50



Il cédait ; et plus il cédait, plus elle cherchait de la résistance. C’était jouer avec le feu. C’était idiot et déraisonnable. C’était captivant et envoûtant. S’engager dans cette quête des limites relevait-il de la pathologie ? Ses pensées désordonnées ne s’attardaient pas sur ce qui ressemblait alors à des détails. La petite voix de sa conscience murmurait, encore, toujours ; mais elle ne criait pas, car le temps passé chez les Anges et sa volonté farouche de se conformer n’avaient pas assez épaissi sa tessiture. Ce que la fille de Réprouvés avait rejeté en bloc durant des mois la frappait de plein fouet, comme motivé par la vengeance. La règle se peignait en lettres de chair : on ne saurait enchaîner la nature, car elle reprend toujours ses droits. La fatigue avait terrassé la bienséance et le savoir-vivre : il ne demeurait que les pulsions, irrésistibles et terribles. Laëth se rendit rapidement compte qu’elles avaient le dessus, et qu’il lui était en fait assez difficile de se concentrer sur ce qu’il disait sans être étourdie par son parfum ou distraite par ses propres gestes. Elle se figeait puis reprenait, à mi-chemin entre deux mondes – celui qui l’attirait et celui qu’elle aurait dû écouter. Comme le sexe. L’Ange arrêta sa main prête à glisser sous son haut et le tracé des baisers sur la naissance de son épaule. Les sourcils froncés, elle serra les dents. Evidemment, il le faisait exprès. Elle expira lourdement par le nez, comme un bicorne excédé. Bien sûr que c’était une mauvaise idée. Elle avait toujours de mauvaises idées. Les problèmes étaient entichés d’elle. Ils devaient savourer l’énergie instable qui l’animait, cet équilibre précaire qui menaçait trop souvent de s’effondrer. Laëth était comme une toupie. Elle tournait, tournait, tournait, sans s’arrêter, dans un sens ou l’autre, sans contrôle. Lorsqu’elle s’interrompait, elle retombait dans un choc sourd et le monde autour d’elle tanguait douloureusement. Elle dansait sur des airs illusoires qui parfois se brisaient sur le silence mat de la réalité. « Hum. » Elle ne voulait pas s’arrêter, parce que si elle le faisait, la vérité lui ferait mal. La vérité lui dirait qu’elle était trop faible pour résister à ses propres envies, alors même que celles-ci menaçaient l’éclat opalin de ses ailes. Pourtant, lorsqu’il le demanda, elle cessa tout mouvement et releva la tête vers lui. Dans les yeux de l’homme, elle voyait le reflet flamboyant de ses propres iris. Guidée, elle recula. Un pas, deux pas, trois pas ; autant qu’il en fallut pour que l’arrière de ses genoux percutât le bord du fauteuil et qu’elle basculât dedans. Prête à le voir repartir en sens inverse pour s’asseoir sur son siège, elle fut surprise qu’il s’installât sur elle. Et troublée, juste assez pour lui faire oublier son péché. Néanmoins, la jeune femme n’aimait pas être coincée de la sorte. Elle essaya de bouger mais la position de Kaahl et son poids l’en empêchait. Plissant les yeux, elle lui jeta un regard farouche. La sensation d’être prisonnière et privée de contrôle sur la situation enroba son esprit. Il lui faisait ce double effet terrifiant. Son aura l’attirait et lui donnait envie de rester à ses côtés, de se blottir contre lui et de lui faire confiance. Pourtant, dès qu’elle sentait qu’il prenait clairement le dessus, sa prestance l’effrayait, et l’Ange ne concevait pas d’autres solutions que de se rebeller ou de paniquer – les deux à la fois, souvent. La peur serpenta jusqu’à son cœur. Il s’emballa à l’évocation de la déchéance, et ses yeux s’arrondirent un peu, comme si elle ne l’avait pas envisagée de façon sérieuse.


« Quoi ? » Ce fut le seul et unique mot qu’elle fut capable de produire suite à sa déclaration. Laëth se laissa retomber sur le lit, comme sonnée. L’annonce semblait avoir annihilé le désir qui la faisait frémir. L’inquiétude et l’irritation s’étaient aussi évaporées. Elle ne bougea même pas lorsqu’il la libéra. L’impression d’avoir reçu un coup de massue sur le crâne l’assaillait. Les corps n’avaient jamais été retrouvés. Quatorze millions, laissés sur la Terre Blanche aux bons soins de la nature et du temps. Elle cligna des yeux. Quatorze millions d’Anges transformés en Momies et jetés sur l’Enfer pour décimer les Démons. Fallait-il goûter l’ironie du sort ou s’écœurer de l’éveil des morts que les Vertueux considéraient avec chagrin et piété ? La brune ramena ses mains sur son visage et souffla. Ses rétines la piquaient. Elle avait envie de pleurer, sans savoir exactement pourquoi. Pour la perversion de la Mort drapée dans un manteau de Vie ? Pour l’utilisation de cadavres ayant déjà trop souffert ? Parce qu’on leur refusait le repos qu’ils méritaient ? Pour le Czírnúma ? Pour l’atteinte portée au deuil que toutes les épaules angéliques devaient charrier ? Parce qu’il mentionnait Devaraj, le roi d’un peuple que les rumeurs décrivaient comme atroce ? Parce qu’ils allaient contrôler des monstres, à cheval entre deux mondes ? Parce qu’il parlait de Jun et de cet horrible souvenir dans le labyrinthe ? Exténuée, ses émotions la martyrisaient plus encore qu’à l’accoutumée. Elle serra la mâchoire et pinça l’arête de son nez à l’aide de ses majeurs et de ses annulaires. Elle appuya la tranche de ses index courbés contre ses orbites, à s’en faire légèrement mal, juste assez pour être certaine qu’elle ne rêvait pas. « Oui ? » souffla-t-elle. Elle renifla et passa un doigt sous son nez. Comme il ne continuait pas, elle écarta ses mains de sa figure et tourna la tête pour le regarder. Sa déclaration avait au moins eu le mérite de calmer ses ardeurs. Elle n’avait plus du tout envie de lui sauter dessus. Juste de se rouler en boule dans un coin et d’attendre que tout passât, jusqu’à l’endormissement. Se mettant sur le côté, elle ramena ses jambes contre elle et entoura un genou de ses bras. La lueur qu’elle vit dans ses yeux lui crispa l’estomac, et face à sa question, elle resta muette. Son cœur bondit et parla cent fois pour elle, mais elle était la seule à pouvoir entendre le tambour de ses acquiescements. Ou n’était-ce que la montée d’adrénaline provoquée par une demande chargée de tant d’espoir ? Elle ferma les paupières et soupira, d’un soupir haché d’émotions. Une larme s’échappa du coin de son œil, descendit sa tempe et imbiba ses cheveux bruns éparpillés sur le drap. Elle en chassa la trace humide sur sa peau. « Je… » Laëth rouvrit les yeux. Elle contempla ceux de Kaahl, silencieuse. Sa question, dans ce contexte, lui paraissait affreusement maladroite. Cependant, elle comprenait son origine. L’Amour devait être placé au centre des relations sexuelles des Anges, alors si elle le voulait comme elle l’avait voulu quelques minutes plus tôt… Et lui l’aimait. N’était-il pas insupportable de côtoyer l’autre sans connaître ses sentiments à son égard ? De ne pas pouvoir témoigner toute la tendresse que l’on souhaiterait, pour cause d’ignorance ? Le cœur ne se languissait-il pas des silences et des non-dits, toujours plus pénibles ? Dans les Sources, elle lui avait fait comprendre que la réciproque ne la touchait pas. Elle se sentit coupable, de ses paroles comme de ses actions, et sa gorge se noua. « Oui, je crois. » fit-elle d’une voix blanche. Elle éprouvait des difficultés à déblayer l’amas de sentiments et d’émotions qui s’étaient abattus sur elle au cours de la journée. La colère, la haine, la peur, la méfiance, la joie, le bonheur, l’excitation, le désir, la tristesse, la souffrance, l’affection… l’amour ? « Je ne sais pas. Je crois que oui. Mais je ne sais pas à quel point… mais oui, sûrement, sans doute. Oui. Sinon, je serais partie… Je n’aurais pas… je… » Elle s’arrêta, consciente que plus elle parlait, plus elle créait de l’incertitude. Elle pinça les lèvres, puis passa la main sur son visage avant de la tendre vers la sienne. Elle la caressa du bout des doigts avant de fermer son poing. « Je suis désolée. Je ne veux pas paraître incertaine mais je suis fatiguée, et tout… tout s’emmêle. » A nouveau, elle soupira, puis souffla comme si elle pensait à voix haute : « Comment est-ce que les gens font pour être sûrs ? » A cet instant, trouver la vérité dans l’anarchie émotionnelle et sentimentale qui tourbillonnait dans sa poitrine lui paraissait d’une délicatesse outrancière. Elle inspira profondément.

Message XVII - 1395 mots
Bon j'en ai mis deux parce que y'a rien dans ma playlist de mars
qui colle à "oh on a transformé les Anges morts en Momies. Dis, tu m'aimes ?" xDD




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Kaahl Paiberym
Sam 21 Mar 2020, 11:05



Je l’observais perdue dans ses explications. Je retins un petit sourire moqueur et le remplaçai par un sourire plus tendre. Je soupirai pourtant. « Généralement, ça se sent plutôt facilement. » Je l’avais murmuré juste avant de détourner le regard. Je réfléchis. « Mais tu as raison. La situation rend les choses difficiles et je pense que si j’étais à ta place, je n’en saurais pas beaucoup plus sur mes propres sentiments. » Les yeux sur le plafond, je finis par m’obstruer la vue avec mon avant-bras. Je restai ainsi un certain temps, silencieux, avant de me tourner vers elle. Je m’approchai en douceur pour caler mon visage contre son cou. Je n’avais pas la Couronne de la Nuit sur la tête mais depuis que je l’utilisais, j’avais parfois des envies de sang particulièrement virulentes. Si proche de sa jugulaire, c’en était presque difficile de résister à la tentation de la croquer. Je savais pourtant que ça ne servirait à rien. Ce serait désagréable, pour elle comme pour moi. Je déposai simplement un baiser chaste dans sa gorge avant de me déplacer de nouveau pour la dominer. J’étais au-dessus d’elle mais ne tentai rien de particulier. « Je pense que tu as raison sur un point. » Appuyé sur l’un de mes avant-bras, je caressai sa joue avec ma main libre. J'avais vu la larme couler jusqu'à sa tempe. Je voulais qu’elle me regarde droit dans les yeux, qu’elle s’y perde, qu’elle s’y noie. « Tu devrais dormir, ça clarifiera tes idées. » continuai-je, avant de rectifier pour en faire un ordre. Elle allait m’obéir. « Dors, maintenant. » dis-je d’une voix plus ferme. Elle avait envie de s’assoupir et son esprit ne résisterait pas à l’opportunité que je lui offrais, celle de fuir momentanément, d’oublier tout ça dans le monde onirique. Je demeurai immobile, jusqu’à être sûr qu’elle fût plongée dans l’inconscience. Sa respiration se fit plus dense et sa poitrine commença à se soulever en un rythme régulier et profond. Je souris et mon expression changea légèrement. Je paraissais moins doux, plus vorace. Je l’embrassai et plongeai de nouveau mon nez dans son cou. Je sentis son odeur, soudainement tenté par l’utilisation de la Couronne. L’Ange m’était offerte. Je pouvais faire en sorte qu’elle ne se réveillât pas, percer ses veines, m’abreuver de son sang et la soigner une fois mon repas terminé. Si facile et si délicieux. Je m’écartai pourtant afin de reprendre une position plus confortable. Endormie ainsi, j’aurais pu lui faire tant de choses… L’envie ne manquait pas mais j’avais une identité à tenir. Petite chanceuse, pensai-je. Elle l’était. J’aurais pu la vider de son sang et la tuer. J’aurais pu l’attacher avant qu’elle ne se réveille et la torturer avec délice pendant plusieurs longues minutes. Elle aurait alors compris à quel point elle se fourvoyait. J’aurais pu partir à la découverte d’endroits plus intimes de son corps, sans aucune autorisation ni aucun ménagement. L’éventail des possibilités était si grand. Pourtant, je n’en fis rien. Je finis même par réellement sourire face à sa naïveté. C’était presque maladif, chez elle.

Je me levai et allai chercher une couverture dans l’armoire qui se trouvait non loin. Je la dépliai et la lui posai dessus. Je m’assis sur le bord du lit et caressai ses cheveux quelques secondes. « Repose-toi bien. » lui murmurai-je, en sachant pertinemment qu’elle ne m’entendrait probablement pas.


Après quelques modifications de l’environnement, notamment grâce au domestique des lieux, l’un des bureaux de l’endroit était à présent disposé dans la chambre où l’Ange dormait. Je m’y installai. Je n’avais pas sommeil. La douleur que je ressentais à la jambe ne m’aurait pas laissé dormir, de toute façon. Mes doigts caressaient mon menton. J’observais Laëth, pensif. Je me demandais si les questions brûleraient de nouveau ses lèvres à son réveil. Elle ignorait encore mon identité sorcière. Celle-ci emportait plusieurs constats : j’étais l’héritier du trône, j’étais mauvais et j’étais marié. La réputation d’Elias parlait pour lui. C’était exactement ce que j’avais voulu et les mystères de sa vie passée provoquaient l’effroi. La propagande avait fonctionné à merveilles et si je devais continuer à nourrir le mythe, il me suffisait de faire quelques coups d’éclat macabres de temps en temps. Comment réagirait-elle, lorsqu'elle l'apprendrait ? Je finis par détourner les yeux, pour m’intéresser à un coffret. Je l’ouvris et en sortis l’anneau sigillaire afin de prendre connaissance des dernières nouveautés. Je l’activai et me mis à parcourir les différents rapports des espions sur l’ensemble des Terres. Seul le Kamtiel pouvait les voir. Vu de l’extérieur, mes yeux parcouraient le vide par mouvements saccadés de gauche à droite. Mes doigts touchaient le néant. Quelques affaires courantes m’attendaient, sans urgence. J’aimais néanmoins toujours rester à jour, voire prendre de l’avance. Je détestais déléguer et, pourtant, c’est ce que j’avais dû faire concernant la Terre Blanche. Les scientifiques travaillaient actuellement sur quelques projets, sans en connaître les causes. J’avais simplement exigé des expériences plus poussées sur la téléportation ainsi que la construction de navires au cœur même de Valera Morguis. Le reste était encore trop incertain pour que je m’y penche réellement. La grande inconnue restait les Momies, les fondements de ma maîtrise et ses conditions. Je n’étais pas idiot. Rien n’était jamais gratuit. Je me questionnais souvent sur ce que je serais capable de sacrifier pour obtenir la puissance nécessaire à mes ambitions. Mon regard se fixa sur l’Ange. Elle ? Peut-être.

Quelques heures plus tard, j’avais expédié la plupart de mes obligations et quitté la Maison pour prévenir Gustine que nous ne serions sans doute pas présents pour le dîner. J’avais également attendu que la vieille Magicienne ait le dos tourné pour aller chercher Ârès dans la cave et le ramener avec moi à l’intérieur du jouet. En voyant la jeune femme, un rictus malsain et pervers naquit sur ses lèvres. Mes sourcils se froncèrent. Il avait grandi dans un tout autre monde, un monde au sein duquel il n’avait qu’à se baisser pour ramasser ce qu’il désirait. Il avait torturé des millions d’individus avant de fuir ce temps. Il avait été un bourreau, un exécutant particulièrement efficace et horrifique. Ses forces avaient été mangées à son arrivée ici. Il n’était pas dans son monde et ce constat le rongeait à petits feux. En détaillant davantage la Fille de Réprouvés, son expression devint étrangement animale. Il avait envie de la prendre ou de lui arracher cette pureté bien trop dérangeante à son goût, les deux sans doute. Je comprenais. Je lui avais expliqué la situation. Il avait consenti à se tenir tranquille mais rien n’était jamais sûr avec lui. Je restais supérieur mais il semblait qu’il fasse d’énormes progrès depuis quelques temps. Je jouais avec le feu, en le gardant en vie et en le laissant rencontrer l’Ange. Je me rassis à mon bureau et laissai mon double tripoter chaque objet pour s’occuper les mains. Ça le changeait de la cave. Il était sale, plus bestial. Ses cheveux descendaient dans le bas de son dos. Il s’était rasé. C’était déjà ça. Ça m’agaçait de le voir si négligé. Après quelques minutes, il finit par s’installer par terre, jambes repliées, bras sur les genoux. « Si elle ne se réveille pas, je vais finir par l’y aider. » dit-il, provoquant. Je ne fis aucun geste, ni même ne relevai les yeux vers lui. J’écrivais des lettres et n’avais pas l’intention de lui donner l’impression d’avoir plus d’importance qu’il n’en avait. Son ego était déjà un véritable problème.

1235 mots
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Priam & Freyja
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Priam & Freyja
Dim 22 Mar 2020, 23:46



GIRL by Wang REi (on artstation.com)

Le sort en est jeté

En duo avec Kaahl



Epuisée, elle sombra. Ce fut d’abord un sommeil sans rêve, où le néant emporte le temps. Peu à peu ou par sursauts, des formes éthérées se dessinèrent. C’était Lumnaar’Yuvon et ses champs d’or, Priam et son sourire narquois, Arz’Lus et ses combats. Elle défiait Kaahl, dont la silhouette et les ailes rouges l’appelaient toujours plus fort. Au prix d’efforts persistants et en dépit de la vigueur de son adversaire, elle gagnait. A terre, battu ; debout, victorieuse. Puis c’étaient ses lèvres sur les siennes, et son corps dans le sien, à même le sol, à peine cachés derrière la végétation, dans une étreinte où la douceur cédait la place à la passion. C’était une vie qui n’existait pas et qui n’existerait jamais. Ce n’était que la formulation de fantasmes impossibles. Le songe laisserait suffisamment son empreinte pour qu’elle s’en souvînt au réveil. L’Ange soupira et, toujours endormie, se tourna. La couverture remontait jusqu’à son menton : de l’autre côté, un pied dépassait et pendait dans le vide. Ses cheveux formaient des arabesques improbables sur les draps. Sa bouche s’ouvrait par intermittence, et parfois, elle bafouillait quelques mots. Le monde onirique la fit voyager. Elle songea aux explorations. Elle revit la faune et la flore déjà découvertes et en inventa d’autres. Des bicornes aux longs bois de cerfeuils, des chats avec des dents de Vampire, des lys aux tiges criblées d’épines, des rivières engorgées de cristaux bleus. Elle rêva de ses entraînements avec Hena et de ceux avec Jenna, comme s’ils s’étaient produits en même temps. Adriel regardait et riait gentiment des quelques erreurs commises par les Recrues. Peut-être qu’après leur séance, Gustine leur offrirait ces gâteaux qu’elle préparait si bien… Son estomac gronda, et ce fut ce qui l’éveilla.

Laëth ouvrit de petits yeux et battit plusieurs fois des paupières. Elle avait faim. La sensation se cramponnait à son ventre. Elle inclina un peu la tête. Face à elle, Kaahl était assis à un bureau dont elle n’avait pas remarqué la présence auparavant. Un sourire incertain glissa sur ses lèvres, puis elle s’étira de tout son long, féline. Ses muscles étaient endoloris. Elle grimaça. Sans doute les effets de son entraînement avec Adriel... Lui non plus n’y allait pas de main morte. Comme dans ce rêve où… Elle cligna des yeux et rougit. C’était un autre songe, qui lui revenait en tête. Ses iris glissèrent sur le dos du Magicien, et une nouvelle forme de gêne et de honte naquirent dans sa poitrine. Au moins, dans son rêve, leurs intentions avaient été les mêmes. Ils s’étaient mutuellement désirés et n’avaient pas cherché à réfréné leurs pulsions. Pas comme… combien de temps avait-elle dormi ? La notion du temps lui échappait parfaitement. Aucune importance, de toute façon. Que ce fût la veille ou quelques heures auparavant, son refus l’avait visiblement travaillée. Si elle ne s’en était pas formalisée sur le moment, sans doute trop épuisée, il lui revenait désormais en pleine figure. Comme une claque, au détail près qu’elle trouvait cela encore plus humiliant et blessant. Elle préférait la lui mettre véritablement que la recevoir à travers un rejet. La jeune femme pinça les lèvres et fronça les sourcils, dents serrées. Toute personne sensée aurait tenté de rationaliser, se serait dit qu’il avait ses raisons, aurait inventé toutes sortes d’explications, comme le fait qu’il pouvait avoir douté de son amour et voulu préservé la pureté de ses ailes ou la possibilité qu’il ne se sentît lui-même pas prêt. Laëth, non. D’abord, parce qu’en bonne fille de Réprouvés, il lui était difficile de concevoir que l’on pût changer d’avis du tout au tout lorsque l’on avait enfin l’occasion d’assouvir son désir envers un partenaire convoité depuis quelques temps ; ensuite, parce que de toutes les blessures qu’elle avait accumulées au fil des années sans songer à les soigner, celle creusée par l’exclusion, le rejet et l’abandon constituait peut-être sa plaie la plus béante. Elle attrapa un morceau de couette dans sa main droite et commença à la triturer du bout des doigts. Est-ce qu’il avait changé d’avis ? Non. Il lui avait fait comprendre qu’il n’était pas indifférent du tout à ses caresses, et de toute façon, elle l’avait bien vu. Non, il avait simplement refusé, pour des raisons assurément obscures et détestables. La guerrière ne bougeait pas, ankylosée, et aussi alourdie par son cœur qui titubait sous ses émotions négatives. Qu’est-ce que cela lui aurait coûté, de l’embrasser et de la prendre contre le mur, hein ? Ou même sur un fauteuil, un canapé, sur un tapis, dans un lit, sur une table basse. A dire vrai, elle s’en foutait. Elle aurait juste voulu sentir ses lèvres contre les siennes, ses mains agrippées à son corps et son souffle perdu dans ses cheveux. Elle n’avait jamais eu autant envie de quelqu’un, et cet abruti avait trouvé le moyen de la repousser. Certes, elle était extrêmement fatiguée à ce moment-là, mais l’inverse n’aurait rien changé. Si. Non. L’Ange ne savait pas et s’en fichait. Tout ce qui comptait, c’était qu’elle avait initié quelque chose et qu’il avait tout envoyé voler en éclats. Ça la gonflait. En plus d’être vexée et blessée, elle était frustrée. Il l’avait ensorcelée puis s’était défilé. Et à cause de ça, à cause de lui, elle faisait des rêves qui lui auraient valu un aller sans retour pour l’Agbara. Honte et culpabilité s’immiscèrent dans son esprit à peine remis de la torpeur du sommeil. Voilà, elle était de mauvaise humeur. Elle expira bruyamment par le nez avant de rouler sur elle-même pour changer de côté.

Un hurlement strident s’arracha à sa gorge. Laëth se redressa si rapidement que le sang fut propulsé jusqu’à son crâne et la fit un peu tourner de l’œil. En s’écartant, elle manqua de tomber du lit et se raccrocha de justesse à la tête de celui-ci. Il y avait quelqu’un d’autre. Il y avait un autre homme. Un étranger, qui la fixait avec une intensité absolument malsaine. Sans réfléchir et surtout sans le quitter des yeux, elle se leva et recula avec précipitation jusqu’à heurter le bureau du Mage Blanc. D’une main tremblante mais ferme, elle attrapa son épaule et serra – peut-être un peu plus fort que nécessaire, mais c’était de bonne guerre, puisqu’il ne savait pas apprécier son contact lorsqu’il se faisait moins agressif. « C’est qui ça ?! » De longs cheveux noirs encadraient l’expression mauvaise de l’inconnu. Il était rasé de près, ce qui permettait de faire ressortir la ligne de sa mâchoire. Ses iris noisette brillaient de lueurs dérangeantes et l’aura qui l’entourait faisait frissonner d’horreur l’Aile Blanche. Il y avait autre chose, aussi. En fait… Elle plissa les yeux, puis les écarquilla de stupeur. Il était plus sale et négligé, et son attitude terriblement différente… mais il lui ressemblait comme deux gouttes d’eau. Ses ongles s’enfoncèrent dans la chemise du Sorcier, sans que ce ne fût volontaire, cette fois. « Il… pourquoi il… » Elle inspira profondément. « Pourquoi il te ressemble ? » Droite comme un i, elle demeurait collée contre le bois du bureau, chacun de ses muscles gainés par la tension que la surprise avait instaurée en elle. La blessure, la frustration, la colère ; elle ne les oubliait pas. Elles revinrent même gratter furieusement à la porte de son esprit, réaction inadéquate pour ne pas perdre la face. Elle n’aurait même pas dû les ressentir ; elle n’aurait même pas dû avoir toutes les pensées qu’elle avait formulées dans le silence de son intimité. Il lui avait complètement retourné le cerveau, et le regard insistant de son double la faisait se sentir encore plus sale. Avec brutalité, elle relâcha Kaahl et s’écarta aussi de lui. « Ça va pas, de me faire des coups pareils ? T’es complètement taré ou quoi ? » Si elle avait su.



Message XVIII – 1301 mots

Je crois qu'elle est pas fan des offres promotionnelles (:5:) Et RIP ta petite màj bousillée en 24h... haha... pardon... c'est de la faute du confinement /sbam




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Kaahl Paiberym
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Kaahl Paiberym
Mer 25 Mar 2020, 11:29



Le cri me fit sourire. Ârès, lui, ne la quittait plus des yeux depuis longtemps. Il sentait son caractère profondément angélique et envisageait, depuis quelques longues minutes, le meilleur moyen de se débarrasser de moi pour pouvoir s’amuser un peu avec l’Ange. Sa notion de l’amusement était approximative et ce qui le rendait heureux, lui, rendait forcément malheureux les autres, à moins qu’ils ne partagent son goût pour la cruauté, poussée à l’extrême. Lorsque je lisais ses pensées, certaines de ses idées me dégoûtaient profondément. Les morceaux de sa vie que j’avais pu distinguer ou qu’il m’avait raconté me paraissaient irréalistes. En plus d’être un bourreau et un commanditaire, mon double était également un scientifique, un psychologue et un amoureux de l’art en général. Il devenait donc aisé de deviner qu’il utilisait ses passions pour mener à bien son rôle de Général. Des Anges, il en avait massacré énormément. Ce qui l’enchaînait à moi, actuellement, était son infériorité. Il essayait de gagner du temps et avait remarqué que depuis qu’il me côtoyait, il récupérait petit à petit ses facultés.

Je soupirai à la morsure des ongles de l’Ange sur mon épaule. J’aurais pu lui parler d’Ârès avant de le faire entrer ici mais je voulais créer un automatisme chez elle, un réflexe d’évitement. J’y avais réfléchi plus en détails le temps du repos de Laëth. Je ne rendrais pas mon double bénéfique. Son aura était malfaisante et il n’avait aucune envie de la cacher. Il était fier d’être un Sorcier. Il ne jouerait jamais le jeu de la gentillesse. Si j’avais envisagé de peut-être le faire rester au Lac Bleu durant mes absences et de l’utiliser éventuellement pour la formation d’un éventuel mariage, l’idée s’était vite avérée stupide. La seule utilité de cet homme serait chez les Mages Noirs, avec tous les risques qu’un tel déplacement stratégique comporterait. Si je ne trouvais pas de quoi le rendre fidèle à ma cause, il essaierait de me doubler. Il n’était pas censé y arriver car son Destin avait été brisé mais je m’interrogeais. Je n’en étais pas si certain. Dans tous les cas, je souhaitais que l’Ange le voie, qu’elle en eût peur et que son instinct de survie lui crie de se détourner de lui si elle venait à le croiser de nouveau à l’avenir. Ârès n’attendit d’ailleurs pas que je réponde à la jeune femme pour se relever et s’avancer avec un sourire pervers. « J’avais hâte de t’entendre crier en me voyant. » lui dit-il, en passant sa langue sur ses lèvres. En la fixant bien, il ouvrit rapidement la bouche avant de faire claquer ses dents entre elles, comme s’il s’apprêtait à la dévorer. Son sourire s’élargit, signe évident d’une taquinerie macabre. Plus elle aurait peur de lui, plus ça l’exciterait. En me levant, mes yeux heurtèrent les siens avec désapprobation. Son sourire s’éteignit mais son regard se fit défiant : il me murmurait un avenir déplaisant pour moi, dès qu’il en aurait l’occasion. C’était la même chose que d’essayer d’apprivoiser un dragon. Parfois, je réussissais à le faire plier mais il y avait toujours ce risque d’être réduit en cendres par le fait d’une assurance trop grande en mes capacités. « Assis. » fis-je fermement. Il serra les dents et eut un rictus mauvais. Il analysa rapidement la situation. Il se doutait que je ne ferais rien de bien cruel devant l’Ange mais aucun élément ne lui garantissait sa survie après l’entrevue, si celle-ci se passait mal. Quelques secondes s’écoulèrent, pendant lesquelles il essaya de percer mon esprit pour connaître exactement mes sentiments concernant l’Ailée. Il aimait se repaître des faiblesses de ses adversaires afin de leur préparer un spectacle macabre à souhait. Il avait déjà envisagé plusieurs façons de me tuer. Finalement, comme il ne parvenait pas à percer ma magie, il recula après un petit commentaire à l’attention de Laëth. « J’ai bien aimé te prendre en rêve. » J’eus l’impression que la totalité de ma dentition allait éclater sous la pression exercée par ma mâchoire. Mes mains devinrent des poings. Le domestique de la demeure apparut à ma demande silencieuse. « Monsieur ? » « Faites-le sortir d’ici et enfermez-le, le temps que je revienne le chercher. » « Tu ne pourras pas m’enfermer pour toujours. » me dit-il, mécontent de ne pas pouvoir assister à la conversation qui allait suivre. Il aimait entendre les horreurs qu’il avait commises dans la bouche d’un autre. Il avait d’ailleurs déjà fait lire ses exploits à ses victimes, à voix haute, pour les informer de leur sort futur. Je ne répondis pas, ne quittant sa silhouette du regard que lorsqu’elle disparut. Mon pouce et mon index se placèrent sur mes sourcils d’exaspération et rejoignirent l’arête de mon nez. Je soupirai. La fatigue se faisait sentir, à présent. « Excuse-moi. Il est… » Mes yeux rejoignirent ceux de l’Ange, sans que je ne cherche pourtant à la rapprocher de moi après sa fuite. Au lieu de quoi, je m’écartai davantage d’elle. Je m’allongeai sur le lit, tout en essayant de calmer mon envie persistante de le tuer.

« Bon. » finis-je par déclarer, avec le ton de quelqu’un de résolu. « Je sais que tu es sensible Laëth mais je ne peux pas te ménager là-dessus. C’est trop important et tu dois avoir peur de lui pour qu’il ne puisse jamais te tromper. Pour l’instant il n’y a aucun risque que cela se produise. Il est comme emprisonné, jusqu’à ce que je trouve une solution. » La fatigue me prenait au mauvais moment. Je la repoussai tout en déboutonnant ma chemise. « J’aimerais que tu te rapproches. » lui dis-je doucement, tout en fermant les yeux quelques temps. « Hum. » Je me redressai pour enlever le vêtement. J’aurais pu le faire disparaître mais il fallait que je bouge un peu. J’en profitai pour rehausser les oreillers pour maintenir une position plutôt droite et ne pas risquer l’endormissement. « Tu ne dois pas l’écouter. Il est maléfique, vraiment. La mauvaise nouvelle c’est qu’il est moi. » Un léger rire sarcastique envers moi-même s’échappa d’entre mes lèvres. « Je préférerais ne pas en parler mais puisque nous en sommes là et que j’ai promis d’être honnête, je ne peux pas te cacher ça. » Mon regard chercha le sien. « C’est assez difficile à expliquer tant la situation est complexe mais je suis bien le fils de Jun Taiji. Lui aussi. » Je grimaçai, pas pour l’information en elle-même, mais plus pour les explications qu’il allait falloir que je fournisse. « Je l’ai appris récemment et la situation frôle la démence. » Je plaçai mes mains sur mon visage, en cherchant la meilleure manière de dire les choses. « Le temps est une notion compliquée. Tous les possibles se superposent mais il n’y a que… » La pression de mes mains devint plus forte. Je finis par les écarter. « Sache simplement qu’il est un clandestin. Il ne devrait pas être ici. Il vient d’ailleurs et je dois m’occuper de lui parce qu’il est dangereux. » Mes mains se placèrent devant moi, traçant des schémas approximatifs à l’encre qui se mirent à flotter entre elle et moi. « Disons qu’il était puissant et maléfique dans son temps. Le problème c’est qu’il a senti que ce temps était faussé et qu’il allait disparaître. Il l’a donc quitté pour venir ici. Il ne devrait pas être là. » C’était vrai. Mes traits étaient tendus. Je semblais extrêmement déstabilisé par la situation et ce n’était pas surjoué. Je l’avais laissé en vie mais les risques augmentaient de jour en jour. Je devais le convaincre. « Il m’effraie parfois. Ce n’est pas comme s’il était mon frère. Il est vraiment moi, avec une autre éducation, ailleurs. Il est ce que j’aurais pu devenir et… probablement ce que je pourrais devenir si… » Si Lux in Tenebris continuait son œuvre, si le mal m’englobait davantage. J’avais quelques principes. Je n’étais pas dénué de comportements qui auraient pu être jugés comme bénéfiques. Ârès n’en avait pas. Il ne sauvait pas les enfants, il ne préservait pas la nature, il n’essayait pas de minimiser les pertes, au contraire. Ses ténèbres à lui étaient complètes, absolues, et je m’en étais aperçu en le côtoyant. Il y avait une différence fondamentale entre lui et moi. « Si… » J’hésitai et repris sur autre chose. « Si un jour tu as un doute sur moi, que je te parais différent, plus sombre… Si tu veux encore me voir après ça… » Je déglutis en fermant les yeux. « Ce que je veux dire c’est que… Tu pourras toujours vérifier en me demandant de te montrer les séquelles de mon accident. » Je fis une pause. « Laëth… Si je te dis tout ça, si j’ai envie de te montrer ce que je suis devenu et si je me retiens de… » te baiser. « … céder à tes avances, c’est parce que j’ai des sentiments pour toi. Je ne veux pas que tu penses que j’essaye de t’abuser, que je ne pense qu’à coucher avec toi. » Lire dans les pensées était un avantage qui n’était pas négligeable. « Parce que oui, j’avais envie de toi et j’en ai toujours envie mais céder à mes pulsions alors même que tu ne sais rien de moi… Et ne crois pas que je te protège. C’est moi que je protège. Je ne veux pas trahir ta confiance et je n’ai pas envie que tu me rejettes après coup. Je préfère que tu saches tout maintenant et qu’on puisse envisager de construire quelque chose sur une base solide, si tu m’acceptes comme je suis et non pas comme je parais être. » Je bougeai un peu mon cou qui craqua. « Tu dois aussi savoir qu’en amour je suis possessif. » Je me redressai davantage. « Regarde-moi, Laëth. C'est à ça que je ressemble vraiment. » lui dis-je en laissant se déliter le contrôle de la magie que je maintenais normalement sur mon corps. Elle m'avait déjà vu ainsi, une fois auparavant. Mes cheveux blanchirent et devinrent plus longs. Ma corpulence augmenta. L’armée allait me permettre de justifier l’écart musculaire qu’il y avait entre la réalité et mon apparence magicienne. Mes yeux devinrent dorés, perçants. Le côté droit de mon corps se parsema de tatouages, de mon visage à mon pied. Ils cachaient les cicatrices laissaient par l’explosion, ainsi que les séquelles du produit. Les dessins qu'elle avait déjà vu, dans mon dos, réapparurent également. Ma peau fonça. Je ressemblais à un Alfar et le pointu de mon oreille droite en donnait davantage l’impression. Je paraissais plus sauvage. Je me murai dans le silence.

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Jeu 26 Mar 2020, 14:44



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Le sort en est jeté

En duo avec Kaahl


Son pouls se mit à battre frénétiquement. Elle ne pouvait plus reculer. Elle avait quitté le bureau ; le mur bloquait sa fuite. Le chasseur avançait, menaçant et malsain. Le sentiment des proies condamnées l’étreignit follement lorsqu’elle croisa ses yeux chargés d’une abjection bestiale. Les dents serrées, les poings fermés, le soldat demeurait prêt à se défendre de la moindre attaque. Il l’effrayait, cependant, les sursauts de vie s’avéraient plus puissants que la paralysie de la terreur. Ses iris s’assombrirent et l’Ange toisa l’infâme avec une animosité à peine masquée. L’effet de surprise dissipé, elle percevait d’autant plus clairement son essence maléfique. Elle aurait presque pu la voir racler sa peau de ses langues noires et tranchantes, avides de sang, de souffrance et de malheur. C’était ce genre d’ignominies qu’elle serait amenée à combattre, un jour. Sa colère comme moteur, elle demeurait droite et inflexible, prête à riposter. Toutefois, elle eut un petit mouvement de recul, accompagné d’une exclamation étouffée, quand il claqua des mâchoires dans une attitude hostile. La crainte secoua son ire ; l’intervention de Kaahl lui permit de reprendre contenance. Juste l’espace d’une seconde. « Que… » Le rouge lui monta aux joues en même temps qu’aux yeux ; la souillure de ses mots raviva sa colère et, surtout, distilla en elle un malaise poignant et insidieux. Même lorsque l’homme eut quitté la pièce, le mal persista, profond, lourd. Tandis que ses sens revenaient à une acuité plus banale, Laëth frissonna violemment. Au son de sa voix, elle tourna la tête vers Kaahl, toujours courroucée. Cependant, elle ne dit rien. Au moins, il l’avait fait partir. La tension qui maintenait ses muscles diminua. Elle croisa les bras et, comme si elle avait froid, ceignit sa cage thoracique, attrapa sa peau sous le tissu du pull, serra. Elle déglutit, dans la tentative de reprendre ses esprits. Il n’était plus là. Elle inspira, puis relâcha l’emprise de ses bras, qui retombèrent le long de son corps.



Souffle bref et court, comme un soupir de soulagement. Ses iris coulèrent jusqu’au Magicien, étendu sur le lit. « Je me serais bien passée d’une telle frayeur au réveil… » ronchonna-t-elle. C’était tordu, quand même. Avait-elle l’air si imprudente qu’il avait ressenti le besoin de la confronter ainsi à son Némésis ? Peut-être. Ses parents, Priam, Hena ou encore Adriel le lui avaient répété des centaines de fois, peut-être même des milliers : fais attention, sois prudente, ne te précipite pas. Elle dévisagea le brun, silencieuse, l’hésitation suspendue entre eux. Finalement, elle marcha jusqu’au lit et s’assit au bout de celui-ci, dans un coin. Ses jambes restèrent quelques instants libres, avant qu’elle ne les ramenât près d’elle afin de se mettre en tailleur. Ses mouvements lui arrachèrent une grimace. Elle était courbaturée de partout. Pour trouver une position plus confortable, elle bougea un peu et étira son dos, puis posa ses avant-bras sur le haut de ses genoux, et regarda le Mage. Elle l’écouta. Son cœur rata un battement. Puis deux, puis trois. L’Ailée fronça les sourcils. Je le savais. Jun Taiji. Un pli amer tordit sa bouche, mais la rancœur disparut bien vite. Il avait fini par l’admettre. Il lui faisait assez confiance pour cela, désormais. Considérant comme il avait récusé ses suppositions, ce secret devait, d’une façon ou d’une autre, lui tenir à cœur. Jun Taiji… Maintenant que le couperet de la vérité était tombé, quoi ? Elle aurait dû se relever et s’en aller. La rancune des Réprouvés était tenace : Laëth avait été éduquée dans la haine de cet homme qui avait ravagé son village, et de tous ceux de sa race. Les siècles avaient passé et on ne voyait plus trace des destructions enflammées, mais la mémoire demeurait. Et elle… elle, elle restait au bord de ce lit, face à son fils, le cœur toujours plus accroché à lui. Elle n’avait jamais été douée pour ériger des remparts. Avant de quitter Lumnaar’Yuvon, elle avait durement essayé de maîtriser les sursauts de ses sentiments. Elle ne voulait aimer personne. Le temps passant, elle s’était demandé si elle n’avait pas réussi tout simplement parce qu’elle était déjà attachée à quelqu’un. Elle n’aimait pas y penser et rejetait tout en bloc, parce qu’il l’avait abandonnée et que cela lui était insupportable. Mais Nikolaz avait toujours été là. Peut-être qu’elle n’avait simplement rien vu. Peut-être que ça avait été si lent, si délicat et si naturel qu’elle ne s’en était jamais aperçu. Elle avait été en colère, elle avait pleuré. Elle avait toujours attribué cela au fait qu’il avait été son meilleur ami et qu’il l’avait trahie. Elle ne savait plus. Elle ne voulait pas savoir non plus. L’Ange refoula tout ce passé qui n’avait pas d’avenir. Le temps recelait bien des mystères : elle le concevait en se concentrant sur ce que Kaahl disait.

Les émotions qui peignaient sa figure bousculaient l’Ailée. Une part d’elle avait envie de s’approcher et de le prendre dans ses bras pour apaiser ses tourments. L’autre était toujours blessée, à la manière d’une petite fille qui boude. Elle n’avait aucune envie d’expérimenter un second rejet, et c’était tout ce qui la faisait rester à sa place – malgré son propre besoin d’être rassurée. Elle avait conscience de ce qu’il laissait sous silence. S’il avait pu tourner ainsi dans une autre réalité, un autre temps, un autre monde – la distinction était rendue difficile par le fait que concevoir le temps comme une fresque qui n’avait rien de linéaire relevait d’un défi intellectuel –, rien ne garantissait qu’il n’empruntât pas le même chemin ici et maintenant. Laëth joignit ses mains et commença à triturer ses doigts, les yeux baissés sur eux. Elle ferma les paupières. C’était pénible. Plus il parlait, plus elle mesurait la dangerosité de la situation de Kaahl et, par extension, de la sienne. Durant moins d’une seconde, un remords idiot lui susurra qu’elle aurait mieux fait de refuser le savoir et de rester dans l’insouciance. Elle le chassa avec irritation. C’était égoïste. Si elle l’aimait vraiment, elle l’aiderait à porter ses fardeaux. Quand le noir l’étoufferait, elle essaierait d’être cette lumière à laquelle se raccrocher. Elle… L’Ange rouvrit brutalement les yeux, la tête toujours inclinée vers l’avant. Je compte sur vous pour faire disparaître le mal. Les mots de Jun venaient de la percuter avec puissance. Elle ne les avait jamais oubliés, cependant, elle ne les avait jamais compris. Désormais, ils faisaient sens. Elle serra les dents. Et si c’était déjà en train d’arriver ? Et s’il sombrait déjà ? Son pouls détala sur quelques secondes. « Je ne pense pas ça. » souffla-t-elle, presque inaudible, en tournant le visage pour éviter son regard. Elle fixait le pied du lit. Son discours faisait écho à celui qu’elle lui avait tenu plus tôt. La honte d’avoir agi sans même y repenser se cramponna à sa poitrine. C’étaient pour les exactes mêmes raisons qu’elle avait demandé des explications. Elle pinça les lèvres, puis massa machinalement sa cheville droite, toujours assise en tailleur.

A sa demande, elle se redressa pour le regarder, un peu timidement. Elle se sentait maladroite. Elle craignait ce qu’il allait faire, aussi. Était-elle vraiment prête à tout ? N’allait-elle pas se dérober ? Et si tout son être se révoltait malgré elle ? Ses phalanges se crispèrent autour de ses jambes, tandis que le Magicien se délestait de la magie qui maintenait son physique impeccable. Les mâchoires contractées et les muscles tendus, Laëth le dévisageait sans ciller. En proie à une vive émotion, ses prunelles semblaient trembler. Elle l’avait déjà vu sous cette forme. C’était celle qu’il avait prise dans les rues de Caelum, quand elle avait paniqué sous les œillades appuyées des badauds. Dans le silence qui s’installa, elle scruta ses iris. Puis, ses pupilles glissèrent jusqu’à son oreille charcutée, et sur les tatouages qui couraient sur toute la tranche droite de son corps. Durant un long moment, elle demeura immobile et muette. Après quoi, elle s’appuya sur un bras pour délaisser sa position et se rapprocher de lui, à quatre pattes. Ses cheveux tombèrent devant ses épaules. Elle tendit la main vers l’encre qui décorait sa peau mais ne l’effleura même pas, comme si ce contact aurait pu la brûler. En frissonnant, elle repartit vers l’arrière pour s’asseoir sur ses talons, les mains sur ses cuisses. Toujours dévouée au mutisme, elle le contempla. Qu’aimait-elle, au juste ? Une apparence ? Des cheveux noirs, des yeux bruns et une peau claire ? Une allure qui appartenait au passé ? Un bouquet d’illusions ? Était-ce juste cela ? Un attrait frivole pour les beautés superficielles ? Son désir n’était-il motivé que pour satisfaire une vanité mal placée ? Le voulait-elle, l’aimait-elle simplement parce qu’il était beau et non pour la vérité qui se dégageait de son être ? Du bout des lèvres, elle esquissa un sourire contrit, alors qu’elle ne fautait en rien. Elle laissa ses yeux couler sur les draps, puis les remonta vers son visage. Telles étaient donc les conséquences de l’accident qu’il avait enduré pour répondre à son devoir auprès de l’Ultimage. Le Sorcier ressemblait plus à son apparence précédente, et elle saisissait donc bien l’importance de pouvoir vérifier ainsi son identité. « S’il n’a rien à faire ici et qu’il représente une menace… pourquoi est-ce que tu le gardes ? » demanda-t-elle, curieuse. Il aurait pu le tuer. C’était probablement ce qu’aurait fait n’importe quel Ange en découvrant son double démoniaque. Elle-même s’y serait sans doute résolue. Toutefois, ce n’était pas le sujet principal de leur conversation, et elle le savait. Elle ne cherchait pas à l’éviter. Juste à ne pas se laisser submerger – intention bien vaine aux yeux de tous ceux qui la connaissaient un peu. La jeune femme inspira profondément, puis lâcha : « Ça m’est égal. Je veux dire : peu importe à quoi tu ressembles vraiment. Merci de me l’avoir dit, mais ça ne change rien. Et c’est pareil pour le reste. Peu importe ce que tu diras. » Elle gardait une distance honorable entre eux. « Je t’ai promis que je resterai, et je le ferai. » Son ton était sérieux. Elle ne voulait pas qu’il pût croire qu’elle prenait tout cela à la légère. Elle était réellement persuadée de ce qu’elle avançait, car les sentiments qui l’enlaçaient ne laissaient pas de place au doute. Ils n’avaient aucune raison d’être ; ils ne trouvaient aucune explication. Ils l’avaient frappée, comme un éclair embrase le sol, et des cendres naissaient désormais de précieuses fleurs. « Alors bien sûr que je voudrai encore te voir… demain, après-demain, et puis tous les autres jours. » Ses prunelles sondaient ses yeux d’or. « Du coup… » Elle détourna le regard, la nuque inclinée vers l’avant. Elle s’humecta les lèvres, puis mordit l’inférieure. « Ouais. » Elle releva la tête : une étincelle poignante s’agrippa à sa rétine. « La réponse, c’est oui. Oui je t’aime. » Elle eut l’impression de vaciller un peu. Elle sentait son cœur pulser à travers tout son corps. Elle n’entendait plus que lui. Fais attention. Sois prudente. Ne te précipite pas.



Message XIX – 1846 mots

Ouais. Je me suis dit "excellente idée !". Et puis voilà. Hahaha.




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Kaahl Paiberym
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Kaahl Paiberym
Mer 01 Avr 2020, 15:45



Je restai silencieux un instant, à la fixer, interdit, comme si je n’avais pas compris ce qu’elle venait d’avouer. « Tu… » murmurai-je doucement. Sans doute avais-je l’air d’un homme qui ne pensait que très peu probable qu’elle puisse me dire qu’elle m’aimât dans de telles conditions. Je finis par détourner les yeux. Un début de sourire apparut sur mes lèvres, caché rapidement par mon poing qui se plaça sur ma bouche quelques secondes. Je baissai la tête, songeur. Je finis néanmoins par la regarder de nouveau. Je pensai brièvement qu’un homme, un jour, avait vu une enfant naître, la sienne, et qu’il l’avait éduquée du mieux qu’il avait pu en espérant sans doute que rien d’horrible ne lui arriverait dans la vie. Ça avait donné Laëth, une Ange, actuellement assise sur le lit d’un endroit au sein duquel je pourrais l’enfermer pour toujours si l'envie m'en prenait, à avouer des sentiments bien trop profonds à quelqu’un qui ne les méritait pas et qui lui ferait du mal, un jour ou l’autre. Ce n’était qu’une question de temps.

Je repris la forme qu’elle me connaissait et m’approchai d’elle. J’attrapai sa main et la remontai doucement pour la poser sur ma joue. Je m’y appuyai un moment et fermai les yeux. Je paraissais soulagé depuis sa confession, comme si un poids venait de se retirer de mes épaules. Mes doigts caressèrent le dos de sa main et mes lèvres embrassèrent son poignet, avant de remonter le long de son pouce. Mes yeux se rouvrirent sur le vert des siens et un sourire en coin apparut sur mon visage, répondant parfaitement à l’air taquin qui brillait maintenant à l’intérieur de mes prunelles. Ce n’était plus de l'apaisement que je ressentais. Ce n’était plus de l’hésitation. Ce n’était plus de la confusion non plus. Le fait de la rapprocher de moi semblait avoir éveillé un instinct prédateur. À la différence d’Ârès, le mien n’avait rien de dangereux, pas dans cette configuration. Mon sourire s’accentua, juste avant que je ne la tire vivement vers moi. Je me décalai, traître, de façon que son dos heurtât le matelas. Je la rejoignis.

En appui sur mes avant-bras, de part et d’autre de sa tête, je laissai échapper un petit rire. Je la dominai du fait de ma position, tout en faisant attention à ne pas l’écraser. Elle et moi allions avoir un léger problème, à partir de maintenant, parce que je rêvais actuellement de la mettre à quatre pattes et de lui lier les mains dans le dos pour abuser d’elle sans ménagement. Aussi, ses mèches de cheveux n’avaient cessé de me narguer depuis notre première rencontre, à se promener sur sa peau librement, à la caresser à chaque fois qu’elle faisait un mouvement. Je désirais depuis longtemps les empoigner pour lui tirer la tête en arrière tout en l'empalant sur moi. Pourtant, je doutais très sincèrement que priver l’Ange de sa liberté de mouvements la mît à l’aise, pas plus que faire entrer un soupçon de violence dans nos rapports, surtout maintenant. C’en était presque frustrant. Néanmoins, je n’étais certain de rien. Elle avait vécu de longues années chez les Réprouvés et ceux-ci n’étaient pas réputés pour leur douceur, dans tous les domaines de la vie. Je lui souris avant de descendre mes lèvres dans son cou. Au détour d’une inspiration, l’envie de la mordre refit surface. Mes dents se refermèrent délicatement sur sa peau, même si ce n’était pas ce que je désirais, au fond. Alors que mes doigts couraient dans sa chevelure avec une avidité que je retenais à grande peine, j’étais en train de penser que ce que je voulais, surtout, c’était enfoncer mes canines profondément dans ses jugulaires, et la prendre comme ça. Je me remis à songer que si je continuais sur cette voie là, je n’aurais plus l’occasion de le faire. Bien sûr, son sang resterait de qualité puisqu’elle était une Ange mais elle ne serait plus vierge. Je souris, contre son oreille. « Moi aussi, je t’aime, Laëth. » y murmurai-je avant d’attraper son lobe. J’étais plus joueur, plus détendu aussi. Je redressai un peu la tête et bousculai gentiment son nez avec le mien. Je n’allais pas lui faire l’amour, pas maintenant. Je voulais la mordre avant. Je n’avais aucune idée de comment faire mais je trouverais. Lui avouer ? Je me voyais difficilement le lui avancer. Peut-être qu’elle pourrait comprendre, plus que si je prenais des libertés sans la prévenir et qu’elle finissait par les découvrir. J’avais envie qu’elle aimât ça, qu’elle me laissât la posséder pleinement.

Je me redressai pour glisser, à genoux, entre ses cuisses. Mes mains se posèrent dessus. Je n’étais plus très sûr de ne pas vouloir faire ça maintenant. J’étais partagé entre deux désirs différents. Adam appréciait la morsure mais son sang n’avait rien à voir avec celui qui coulait dans les veines de l’Ange. Il était bien trop corrompu. Mes doigts se resserrèrent sur sa peau. « J’ai envie de toi. » finis-je par dire, tout en usant de télékinésie pour la ramener à moi, de façon qu’elle chevauchât mon bassin. Mes bras se resserrèrent autour d'elle et mes mains appuyèrent sur son dos pour la coller contre moi fermement. Son haut disparut. Je souris, contre son épaule, en sentant sa peau chaude sur la mienne, plus fraîche. « Mais si tu ne veux pas, je comprendrais. » ajoutai-je entre deux baisers, en passant le bout de mes doigts le long de sa colonne vertébrale. Je ne comprendrais pas, non. La fatigue que j’avais ressentie plus tôt avait totalement disparu. Ne restait plus que cette affreuse ambivalence entre le désir de la faire mienne par la chair et celui de la faire mienne par le sang. Plus je m’engageais dans une voie sexuelle, plus l’irritation de celui que j’étais lorsque je devenais un Vampire me harcelait. Un instant, j’envisageai de lui parler d’Ârès, pour répondre à sa précédente question, mais je n’en fis rien. Peut-être qu’elle prendrait mon silence à ce sujet pour un non-dit et qu’elle s’énerverait, ce qui aurait au moins le mérite de la décoller de moi. Le Vampire le souhaitait. Le Sorcier voulait qu’elle s’abandonnât à l’étreinte.

1053 mots
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Jun Taiji
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Jun Taiji
Jeu 02 Avr 2020, 19:43


Le sort en est jeté



Dans le Futur – Juste après le Rp Dirigé

Il apparut au sein de l’Enfer. Il façonna une montagne sur laquelle il se posa, ses ailes blanches étendues de part et d’autre de son corps, comme s’il narguait le territoire. Un petit sourire en coin germa sur ses lèvres alors qu’il fixait l’immensité de l’endroit qui était à présent sien. « Tu comptes ignorer leur convocation encore longtemps ? » Il sourit de plus belle, avec une insolence qui se retrouvait très souvent sur les traits de ses enfants. Tous insolents. Tous sarcastiques. Tous taquins. « Non, je vais m’y rendre bientôt. » répondit-il, en tournant les yeux vers William. « Tu joues beaucoup avec le Temps. Ils ne manqueront pas de te le faire remarquer. » Jun fit un clin d’œil au Vide, des fois que les Esprits du Temple les espionnassent. « Tu seras là, de toute façon. » commenta le brun d’un air distrait. « Pour quelqu’un qui était pressé… » « J’étais pressé de recevoir la convocation. Maintenant ils vont attendre un peu. » Il devait être précis dans son projet. Tout devait être parfait, sinon, nul ne pourrait savoir quelle serait la sentence de ceux qui s’assuraient de l’application des Lois de l’Univers. « Ne joue pas aux plus malins. » « N’est-ce pas ce que tu as fait lorsque tu as promis monts et merveilles à la Reine Unique pour raviver le culte des Ætheri dans un Monde sans Dieux ou presque… William, l’avenir appartient aux audacieux. » Il rit. « Si je ne demande rien, je n’obtiendrai jamais rien. » L’autre soupira et s’envola, laissant le Dieu en tête à tête avec les quatorze millions de Momies qui le fixaient de leurs orbites vides. C’était un spectacle amusant. Le Génocide était fini. L’Enfer était presque vide. Il était temps de livrer son cadeau à ceux qui avaient relevé son défi. Ses ailes s’élargirent davantage, ce qui provoqua un déploiement d’ailes momifiées dans la foule. Le bruit se répercuta sur les alentours, comme des milliards de feuilles en papiers froissées d’un même temps. « Jezekael. » murmura-t-il, ce qui eut pour effet de faire apparaître l’Esprit de la Mort à ses côtés. Il lui tendit un ouvrage, petit. « J’aimerais que tu donnes ceci à Devaraj. Qu’il ne le crame pas, cette fois. » « Hum. » fit le Roi, pour signaler son accord. « Bientôt. » précisa-t-il. Son ton laissait supposer qu’il parlait d’une toute autre chose. C’était le cas. La situation sur la Terre d’Edel allait bientôt toucher à sa fin. Ne manquerait alors plus que le retour d’Amsès pour rendre aux Ombres une existence plus aisée. Peut-être qu’il se montrerait magnanime avec les traîtres. Jezekael ne s’attarda pas et disparut. Jun réfléchit quelques secondes et déplaça une partie des Momies dans les souterrains d’Awaku No Hi. L’autre partie irait tout droit à Valera Morguis. À présent, il devait fournir la clef de leur compréhension à Ârès. Il lui fallait un messager, quelqu’un de… « Oh, c’est vrai. » émit l’Æther, en se rendant compte qu’il avait omis un petit détail dans la chronologie. Jun sortit un outil qui ressemblait à une horloge d’une complexité certaine et le regarda quelques secondes. Il avait failli oublier Laëth.

Dans le présent

Invisible, Ezechyel fixait à présent son fils et l’Ange, sur le lit. Sa moue indiquait clairement qu’il aurait préféré se passer de voir ce genre de choses, même si c’était encore plus mignon qu’obscène à l’heure actuelle. Cela dit, eux, n’avaient aucun moyen de détecter sa présence. Tant mieux parce que, sinon, Devaraj ne serait plus le seul à le haïr. Ce n’était pas son genre d’interrompre ce type d’activités mais le Destin était plus important que quelques batifolages. Ils s’accoupleraient plus tard. D’un geste de la main, il ramena Laëth chez elle. Comme il n’avait pas l’intention de laisser les bras du Sorcier se refermer sur un vide malaisant, il troqua l’Ange pour une autre femme. Il était certain qu’elle lui plairait. La situation serait sans aucun doute gênante mais, qui sait, peut-être pourrait-il combler la frustration de perdre celle qui l’aimait par des retrouvailles chaleureuses avec celle avec laquelle il s’amusait parfois ? Taquin, il disparut lorsqu’il vit que Sylbille avait bien pris la place de Laëth.

Jun se matérialisa dans la chambre du Mage Noir. Il fixa un instant sa bibliothèque et y inséra l’ouvrage. Il était sûr qu’il le remarquerait vite. Rien n’échappait à l’esprit aiguisé de ceux qui aimaient la symétrie et le rangement. Il ressentirait sa présence comme une gêne. Ça l’irriterait.

759 mots
De rien \o/

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Priam & Freyja
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Priam & Freyja
Ven 03 Avr 2020, 13:13



GIRL by Wang REi (on artstation.com)

Le sort en est jeté

En duo avec Kaahl



Un sourire s’étala sur les lèvres de l’Ange. Son cœur tambourinait contre sa cage thoracique. Sa respiration sonnait plus rapide et plus profonde à la fois. Ses pupilles s’étaient dilatées. Elle glissa une main dans le dos de Kaahl et l’autre sur sa nuque. Sa peau s’électrisait sous ses caresses, qui éveillaient aussi toute la chaleur qui pouvait émerger de son bas-ventre. « Chut. » souffla-t-elle pour toute réponse, avant de le pousser pour le faire basculer vers l’arrière. Assise sur son bassin, les deux paumes posées sur son torse, elle le regarda avec défi, puis le gratifia d’un sourire espiègle. Elle s’inclina pour aller chercher sa gorge, qu’elle parcourut de baisers, sa main droite perdue dans la masse brune de ses cheveux. « Si, je veux. C’est pas trop tôt, même. » Si elle avait su toute la vérité, elle n’aurait sans doute pas voulu. Si elle l’apprenait un jour, elle regretterait peut-être. Aucune de ces hypothèses n’effleurait son esprit échauffé. Elle ne pensait même plus à sa question sur Ârès. Elle aurait tout le loisir de la reposer plus tard, de toute façon. Il n’y avait que l’instant présent ; ses doigts sur sa peau, ses lèvres dans son cou, et toutes les réactions que ses gestes provoquaient. L’appréhension enserrait un petit peu sa poitrine, aussi. Le sexe était un sujet aisément abordé, à Lumnaar’Yuvon. Les jeunes ne s’y initiaient pas sans rien en savoir et les partages d’expérience allaient bon train. Ainsi, elle savait que la première fois pouvait être douloureuse pour certaines. En ferait-elle partie ? Et si ça faisait trop mal ? Elle fronça le nez et, tant guidée par une pulsion que par le désir de chasser ses pensées, remonta jusqu’à la bouche du Magicien et l’embrassa. Elle était animée par une passion dévorante, qui commandait plus ses mouvements que toute rationalité spirituelle. Ses lèvres descendirent sur l’épaule du Mage. En appui sur son avant-bras droit, l’Ailée fit courir sa main gauche sur son torse, jusqu’à son pantalon. Ses doigts effleurèrent le tissu, puis s’enroulèrent autour de sa ceinture, qu’elle commença à défaire. Pour plus de facilité, elle se redressa, puis ramena ses cheveux en arrière. Elle accorda un regard à Kaahl, afin de vérifier qu’il était toujours bien avec elle et n’avait pas l’intention de lui jeter un nouveau seau d’eau glacé en plein visage. Comme elle croisait ses prunelles, son pouls battit encore plus fort et une vague de chaleur remonta tout son être. Elle jeta sa ceinture plus loin, avant d’attraper le haut du vêtement du brun et de le tirer pour l’enlever. Et puis, elle disparut.

***

Le choc fut abrupt. D’abord, parce qu’elle mordit littéralement la poussière. Ensuite, parce qu’elle se rendit compte qu’elle n’était plus du tout avec Kaahl. Enfin, parce qu’elle comprit qu’elle venait de revenir exactement là où elle se trouvait avant que Jun ne la balançât dans un paquet cadeau. Le temps ne s’était pas écoulé. « Laëth ? Tout va bien ? » La voix d’Adriel la fit presque sursauter. Son corps givra puis s’enflamma d’une nouvelle émotion : un sentiment d’urgence. A quatre pattes, elle baissa les yeux sur sa poitrine – elle avait miraculeusement retrouvé sa tenue d’entraînement –, puis releva la tête avec vivacité et s’assit sur ses talons. « Ça va. Juste un- un… un coup de chaud. » Au moins, ce n’était qu’à moitié un mensonge. Elle serra les dents, pinça les lèvres et inspira profondément, les doigts crispés autour du tissu de son pantalon. Jun. Forcément. Kaahl ne l’aurait jamais téléportée de cette manière rustre et inadéquate au beau milieu de leurs propres ébats. Sauf s’il se mettait subitement à vouloir qu’elle le détestât, ce dont elle doutait très fortement. Jun. Elle allait le… « Je n’aurais peut-être pas dû te pousser autant. » Elle ne faisait pas du tout attention à son professeur et à ce qu’il disait. Son esprit était focalisé sur cette espèce de connard auquel elle avait envie de péter les genoux. Il aurait pu la ramener ici n’importe quand. Bien sûr, il avait fallu qu’il choisît de… Ses yeux s’écarquillèrent de stupeur. Est-ce qu’il avait…? Beurk. Non, il avait simplement dû la faire disparaître et réapparaître ici. Elle l’espérait. Dans tous les cas, il était absolument certain qu’il ne remporterait pas la palme d’or du père de l’année. « Laëth ? Tu es sûre que ça va ? » Elle cligna des paupières. « Je- oui, désolée. » - « On devrait peut-être arrêter. » - « Non non, c’est bon, ça va ! » affirma-t-elle en se relevant. « On peut continuer. » Elle se défoulerait, comme ça.

Effectivement, elle parvint à faire exploser le bouclier de métal du premier coup. En revanche, la reconstruction fut beaucoup plus laborieuse.



Message XX – 796 mots

Qui ne tente rien n'a rien [Q] Le sort en est jeté | Kaahl - Page 3 1844408732
Mission réussiiie, moins de 900 mots, yeaaah !
T'as vu j'ai été gentille, j'ai fini en beauté avec du Tommee Profitt. Amusez-vous bien [Q] Le sort en est jeté | Kaahl - Page 3 1628 Courage Sylbille. T'as de la chance, il est sous son identité magicienne.
Et merci Jun pour la clôture nastae




[Q] Le sort en est jeté | Kaahl - Page 3 1628 :


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Le sort en est jeté

Sylbille se pencha en avant pour récupérer la pièce qu'elle venait de faire tomber. Alors que ses doigts s’apprêtaient à se refermer sur l'Ersch, la brune fut prise d'une étrange sensation. Comme sujette à une chute de tension, sa tête se mit à tourner brusquement, ses oreilles sifflèrent et sa vue se brouilla. Sans pouvoir rien y faire, l'Orisha eut l'impression que son corps basculait en arrière. C'était semblable à l'effet d'une chute en plein rêve. Sauf qu'elle n'était pas dans un songe. Elle était bien éveillée. Pensant réellement tomber du banc où elle était installée, la jeune femme ferma les yeux, se préparant à l'impact. Celui-ci ne vint jamais. A la place, elle se retrouva solidement ancrée sur ses genoux, les jambes écartées autour d'un obstacle et ses mains refermées sur un tissu. Surprise, l'invitée mystère ouvrit les yeux pour mieux identifier ce qu'elle tenait entre les doigts.

Un pantalon. Sylbille cligna des yeux une seconde, troublée. Elle n'avait pas la moindre idée de la façon dont elle était parvenue à attraper le vêtement – ce n'était généralement pas le genre de chose que l'on trouvait sur le sol. Cherchant à comprendre dans quelle situation elle avait atterri, elle remonta son regard sur la silhouette en-dessous d'elle. Ses yeux parcoururent le torse dénudé jusqu'à remonter sur la figure, liant leur regard un instant. Ne sachant comment réagir, l'Orisha lâcha la première réplique qui lui traversa l'esprit. « Bonjour. Vous avez un très joli pantalon. » On avait vu mieux comme phrase d'introduction, mais la brune ne s'en souciait pas réellement. Son cerveau cogitait dur pour comprendre comment elle avait réussi à se retrouver à califourchon sur le Baron Paiberym. Elle n'avait jamais eu l'honneur de rencontrer le magicien en personne mais sa réputation était largement parvenue jusqu'au domaine Liddell. Elle l'avait presque aussitôt reconnu. Si ce n'était pas le mage bleu, elle venait de trouver son parfait sosie. Très impressionnant. Toujours perplexe face à la situation, la jeune femme pencha légèrement la tête sur le côté. « Non pas que ce soit désagréable hein, mais j'aimerais comprendre pourquoi vous vous trouvez... Hum... Sous moi... » La chasseuse fronça les sourcils. Non. Ce n'était pas lui qui était sous elle. C'était elle qui était apparue là, comme ça. Était-ce lui qui l'avait invoqué pour continuer ce drôle de petit jeu auquel il s'adonnait – peut-être manquait-il de compagnie ? Fortement improbable. Si elle le connaissait de par sa popularité, elle doutait que la réciproque soit vraie. La Coupe des Nations lui avait valu une certaine notoriété mais l’événement commençait à dater, la replongeant dans le calme bienfaiteur de l'anonymat. Si l'homme s'était amusé à faire apparaître une femme, son choix se serait sans doute porté sur quelqu'un d'autre... La Corbeau avait entendu des rumeurs concernant une Ange. Peut-être s'était-il planté dans son vaudou pour la faire venir à lui. Si c'était cela, il devait être sacrément déçu du résultat. « Ou plutôt... Qu'est-ce que je fais sur vous... Bref, qu'est-ce que je fous là ? » Surtout, pourquoi était-elle en train de lui retirer son pantalon ? Prenant soudainement conscience de ce qu'elle était en train de faire – enfin, ce n'était pas vraiment elle qui avait voulu le dévêtir – la femme lâcha le vêtement, à croire qu'il venait de la brûler. Ne sachant quoi faire de ses mains, elle les plaça à plat sur ses jambes. Ses muscles se raidissant, elle força sur ses cuisses pour décoller son bassin. Son visage s'était décomposé. Elle venait de sentir à quel point le jeu avait été bien engagé. « Ouai... Euh... On va redescendre tous les deux, hein ? » Se disant, Sylbille passa sa jambe par-dessus le magicien, roulant sur le matelas avant de se lever.

Particulièrement embarrassée, la chasseuse fit quelques pas pour essayer de se détendre. Une fois suffisamment éloignée de l'homme, elle se retourna vers lui. Bien malgré elle, elle sentit un fou rire arriver. Le ridicule de la situation avait de quoi la faire disjoncter et puisque c'était la seule chose qu'elle parvenait à comprendre, son cerveau semblait ne vouloir réagir qu'à cela. Sans qu'elle puisse le contenir, un sourire éclaira son visage et ses épaules commencèrent à trembler, secouées par son rire qui perçait le silence de la maison. Avant qu'il ne devienne incontrôlable, la brune plaqua sa main sur sa bouche et se racla la gorge avant de prendre une grande inspiration. « Ceci est une rencontre... très intéressante, mais j'ai quelques trucs qui m'attendent, là où j'étais avant d'atterrir sur... vous. » Sylbille grimaça en secouant la tête. Elle agita les mains devant elle, comme pour attirer l'attention de son hôte. « Donc soyez sympa, inversez votre tour de passe passe pour me renvoyer là où vous m'avez pêché. Encore un effort et je suis sûre que la prochaine fois, ce sera la bonne partenaire qui vous sautera dessus ! »



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Kaahl Paiberym
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Kaahl Paiberym
Ven 10 Avr 2020, 14:16



Je souris en la regardant. « Je vois ça. » Une vraie fille de Réprouvés. Une partie de moi était ravie de la voir prendre les devants. L’autre regrettait amèrement la tournure que prenait la situation. Je voulais la mordre mais, lorsque je la voyais positionnée ainsi sur mon bassin, l’envie de lui faire l’amour se renforçait. L’ambivalence et la frustration allaient finir par me tuer. J’aurais voulu assassiner cette voix qui me retenait et m’exposait des désirs incompatibles. Les lèvres de l’Ange sur mon cou me firent pousser un râle de contentement. L’emprise de mes mains se resserra et je descendis l’une d’elle sur ses fesses et sa cuisse, cherchant sa peau avec ma bouche avant de trouver la sienne. Mes doigts se mêlèrent à ses cheveux et s’y refermèrent, comme si je voulais la garder proche de moi, contre moi. La mordre. Non, ferme-la. La main qui descendit le long de mon torse contribua à faire taire le Vampire. Mes yeux fixèrent son mouvement et remontèrent jusqu’à elle. Elle venait de se redresser. Ce que je voyais me ravissait. Je profitai de sa position pour anéantir le reste de ses vêtements. Je l’avais déjà vu nue à plusieurs reprises mais rien de tel. Le désir allait si bien aux Anges. J’avais envie de me redresser pour rejoindre ses lèvres de nouveau et la porter contre le dossier du lit pour l’y prendre. Je me retins. Je voulais voir jusqu’où elle pouvait aller d’elle-même, juste avec les encouragements de mon regard, assombri par un désir de plus en plus intenable. Je ne savais pas ce qu’elle avait l’intention de faire mais je voulais qu’elle le fasse vite. Ma ceinture par terre me crispa légèrement. Fille de Réprouvés, aucun doute. Il n’y avait pas que des avantages. Je fis disparaître l’objet pour ne plus avoir à y penser et l’aidai à retirer mon pantalon.

J’allais la rejoindre quand un phénomène particulier se produisit. Laëth n’était plus sur moi. Il s’agissait de Sylbille. Son trouble refléta le mien. Je retirai instantanément mes mains de sur elle. Je l’avais déjà touchée par le passé et le fait qu’elle puisse me reconnaître comme ça n’était pas à écarter. Je préférais ne pas prendre de risque, même s’il était peu probable qu’elle fasse le lien. « Merci. » répondis-je sans réfléchir, par pur automatisme. Que faisait-elle là ? « J’aimerais comprendre aussi. » soufflai-je en plissant les yeux. Il n’y avait pas cent réponses possibles et le coupable me semblait tout indiqué. Je ne savais pas si je devais maudire ou bénir mon père. Je n’aimais pas le fait qu’il ait pu ne serait-ce que regarder Laëth en train de me déshabiller. Pourtant, c’était purement idiot puisque, si Devaraj disait vrai, il était bien au-delà de tout ça. Aussi, je n’avais pas oublié que les Esprits nous entouraient, invisibles et silencieux. L’intimité n’était qu’une belle farce. D’un autre côté, le Vampire en moi était satisfait, ce qui n’était pas le cas de la tension dans mon bas-ventre. « Je l’ignore. » répondis-je, en essayant de reprendre une respiration normale. Couper quelqu’un en pleins préliminaires était imminemment frustrant. Je n’aurais pas incarné Kaahl à ce moment précis, j’aurais agi différemment. Nous l’avions déjà fait une fois, elle et moi, ça ne m’aurait pas dérangé de recommencer une deuxième, de façon plus directe. Ce n’était malheureusement pas envisageable et je devrais garder mon insatisfaction pour moi.

Mon regard se dirigea vers mon bassin à son commentaire. Je haussai les sourcils mais n’ajoutai rien, la laissant se retirer de sur moi. Je me redressai et, sans chercher à me rhabiller pour l’instant, je la regardai se déplacer. Que ce serait-il passé si elle avait été téléportée quelques minutes plus tard ? Ça aurait pu être pire. Au moins j’avais conservé mes sous-vêtements. Quand elle se mit à rire, j’esquissai un sourire désolé et compréhensif. Elle n’était pas la seule à être étonnée et confuse, même s’il semblait évident que je fusse bien plus dans le contrôle de la situation qu’elle. J’écoutai ses dires et restai immobile quelques secondes supplémentaires, le temps pour mon érection de disparaître totalement. Là, je me levai et enfilai mon pantalon en silence avant de me retourner vers elle. Je pris ma chemise sur le lit et m’avançai un peu, tout en veillant à conserver une distance respectable. Je commençai à la mettre tout en m’adressant à la femme de Raeden Liddell. « Je ne m’amuse pas à faire apparaître des femmes par magie sur moi, que ce soit clair. J’étais avec quelqu’un et cette personne a subitement disparu, remplacée par vous pour une raison que je n’explique pas. » Mon visage était sérieux. « Si on reste logique, elle devrait à présent être chez vous… » Je savais que Jun avait dû ramener Laëth à Iyora mais Sylbille n’avait pas besoin d’être mise au courant. Je fixai mon regard un instant dans ses yeux vairons. C’était amusant de l’avoir devant moi. Dommage que mes mains dussent absolument rester dans mes poches. « Vous êtes Sylbille Liddell, non ? Je vous ai vue lors de la Coupe des Nations angélique. » Je passai une main dans mes cheveux avant de revenir à ma chemise pour la boutonner. « Écoutez, je ne sais pas ce qu’il s’est passé, et je suis profondément désolé que vous ayez atterri sur moi dans ce genre de… situation, mais je m’inquiète vraiment pour L... ma compagne. J’aimerais savoir où est-ce qu’elle est, même si elle est entièrement capable de se débrouiller seule. » Je finis de m’habiller et passai une main sur mon front. J’avais l’air particulièrement perturbé par ce qu’il venait de se passer. « Je… C’est… Comment dire ? Je n’ai pas envie que votre mari se fourvoie sur mes intentions à votre égard. Je ne suis vraiment pour rien dans cette situation et j’ai peur que lui et mon amie puissent se retrouver dans une position délicate ou être blessés si ça venait à s’ébruiter. Je n’ai vraiment pas envie de la perdre à cause de… ça. » Je serrai les dents. « Je pense que vous devriez partir maintenant. » Ma main se referma sur son épaule afin que nous puissions sortir de la Maison de Poupée.

Une fois dans ma chambre, je lui fis signe de me suivre afin de trouver Gustine. Je boitai. Je m’aperçus qu’il était tard, trop tard en réalité. « Hum… » Je me retournai au beau milieu du couloir, pour lui faire face. « Il fait vraiment nuit maintenant. Je voulais vous confier à ma gouvernante pour qu’elle vous guide aux pontons mais ce ne sera pas possible de voyager comme ça avant demain matin. Je... euh... » J'avais l'air de réfléchir. « La chambre à côté de la mienne a été préparée plus tôt pour ma compagne. Vous pouvez y dormir si vous voulez, ce soir, sauf si vous avez un moyen de contacter votre époux pour qu’il vienne rapidement vous chercher. Je vais essayer de comprendre ce qu’il s’est passé de mon côté. » Je m’arrêtai de parler un instant. « Est-ce que vous allez bien ? Je peux rester avec vous un peu si vous voulez en parler. Vous souhaitez peut-être un thé ? Je suis désolé si je vous ai paru rude, ce n’était pas voulu. Je suis inquiet. Je vais essayer de communiquer par télépathie avec elle rapidement et, si vous voulez, après, on pourra discuter de tout ça, d’accord ? » Bien sûr, j'aurais pu la ramener moi-même mais je n'en avais pas la moindre envie.

1247 mots
Fin
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[Q] Le sort en est jeté | Kaahl

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