Plaisir d'offrir
Oriane fixait la statue d'un œil curieux avant de mettre une pichenette dans cette dernière, lâchant alors un geignement de douleur au contact du matériau. Elle avait la peau dur et pourtant, d'après ce que lui avait dit le Refute, elle savait y faire en douceur.
« C'est donc grâce à ça... C'est épatant. Dis-moi, c'est pas l'autre fille de... ». Un air malicieux se glissa sur le visage de Rajiv. Bien sûr que c'était elle. Épatant.
« Bien. Je te la confisque. » -
« Pardon ?! », hurla-t-il en se relevant du lit sur lequel il était vautré depuis tout à l'heure.
« Tu as très bien entendu. Tu crois que si les Luxurieux vont se frotter à la statue du Monarque Démoniaque c'est pour quoi ? » -
« C'est une question piège ? », fit-il un air défiant dans le regard.
« Absolument pas. ». Il marqua un temps.
« Pour se faire plaisir... ? » -
« Exactement ! Et c'est exactement la même chose pour miss. », ajouta la Luxurieuse en s'appuyant sur la représentation de la Magicienne.
« Je comprends pas. » -
« Que moi je suis là pour t'apprendre et que je tiens à avoir ta totale attention pour ça. », reprit-elle en pointant son index dans sa direction, dessinant de petits cercles avec.
« Donc, jusqu'à nouvel ordre, je te la confisque. » -
« T'es pas sérieuse ? » -
« Oh que si. ». Il se leva et lui fit face.
« Je suis sûr que je peux te faire changer d'avis. », fit-il avec une lueur maligne dans le regard. Oriane le défia du regard, prête à lui montrer qu'il avait tord. La vérité étant qu'elle ne s'était pas attendu à ce qu'il avait prévu. Il se pencha sur elle. Elle ne moufta pas. Il susurra quelques paroles dans son oreilles. Alors son expression changea. Ce n'était pas à elle qu'il s'adressait. A côté d'elle la statue se mit à se mouvoir, enlaçant l'Abjecto devant elle. Oriane sentie contre son dos la poitrine, soudainement plus rebondie, de la figure se coller à son dos, ses mains se faisant baladeuse sur son corps. Trop baladeuse, alors que l'une d'elle se glissait le long de son bas-ventre.
« Ah, ça suffit toi. », fit-elle à l'attention de la statue en se dégageant d'elle.
« Et toi !... », elle se retourna vers Rajiv, le pointant d'un index accusateur. Visiblement le spectacle avait été appréciable.
« Pourquoi t'y tiens tant ? Y a pas assez de Luxurieux à Avalon ? ». Il réfléchit un instant, ses yeux pétillants perdu dans ceux d'Oriane.
« Bien sûr que non. ». Elle gardait le silence quelques instants avant de soupirer. Elle savait très bien ce qu'il avait en tête.
« Pas avec une statue, non. », fit-elle en lui mettant une pichenette sur le front, comme pour éjecter l'image qu'il avait de la tête. Cette fois, ce fut lui qui rétorqua face au coup. Bien fait ! Cet imbécile avait comprit trop rapidement comment fonctionnait la nature Déchue et il s'en jouait déjà alors même qu'il n'était pas capable de totalement maîtriser la sienne. Elle fini par lui tendre un mot qu'il déplia, alors il haussa alors un sourcil avant de rire.
« J'ai pas lu, je suppose que c'est le même que le miens. » -
« Qui est ? » -
« Je dois préparer un cadeau. Et pas à n'importe qui non plus. », fit-elle en retroussant le nez.
« Ah oui ? Dans ce cas qu'est-ce que je dois dire de la personne à qui je dois offrir le mien? » -
« Comment ça ? ». Un rictus se dessina sur les lèvres du Déchu.
« C'est une Deslyce. ». Oriane cligna des yeux plusieurs fois, sans détacher son regard de Rajiv.
« Quoi encore ? » -
« Rien... C'est juste que...Moi aussi. ». A son tour le Refute fixa la Luxurieuse sans un mot, avant qu'un sourire amusé n'éclaire son visage.
« Tant mieux, ça facilitera la distribution ! Tu crois pas ? ». Peut-être.
Il y aurait de quoi trouver son bonheur à Avalon... Du moins Oriane l'espérait. Elle était parti de son côté, laissant Rajiv se débrouiller avec la monnaie qu'elle lui avait confié. Traversant les différentes rues et allées, elle réfléchissait à ce qui pourrait convenir comme cadeau en même temps qu'elle regardait les vitrines. Une Deslyce... Ces gens avaient tout, sinon pouvaient se permettre de se l'offrir en un claquement de doigt. Face à la vitrine d'une boutique de jouet pour enfants, la Déchue s'arrêta pour réfléchir quelques instants. La tête penchée sur le côté, elle commença à faire tourner son esprit de façon à faire jaillir une idée. Il y avait bien quelque chose, forcément. Son regard se posa sur les différents objets ornant la vitrine. L'un d'eux attira particulièrement son attention. Alors un sourire satisfait étira ses lèvres. Ça y est. Elle savait ce qu'elle allait offrir à la Souriante. Il fallait simplement qu'elle trouve l'objet en question à présent. Aussi elle se remit immédiatement en marche, sachant que ce ne serait pas gagné d'avance et qu'elle avait plus de chance de se trouver dans une nouvelle impasse que de réussir à mettre la main sur son présent. En même temps une pensée vint se perdre pour Rajiv. Et lui... Avait-il trouvé quelque chose ? Mais surtout, qu'avait-il trouvé si c'était le cas ?
La créativité se situe à la rencontre de la discipline et de l'esprit enfantin.