Les griffes sanglantes
« La Vue du Traqueur »

« Une nouvelle mission? Fis-je écho aux paroles de l'homme qui était venu me voir dans la salle commune, ce dernier opinant du chef avant de reprendre d'une voix claire:

- Nous avons reçu un contrat, récemment, à propos d'un griffon. Il s'attaquerait aux voyageurs passant par un chemin qui sépare la ville Vampirique du Fjörd. »

À l'entente de ces mots, mon sang se glaça et j'adressais un regard noir à l'intention du messager. Pourquoi m'avait-on filé un tel contrat? Les Vampires... Depuis que cette femme était apparu aux bras de notre Souverain, les problèmes avec le peuple de la nuit n'avaient cessé de s’accroître, au point que les tensions entre nos deux peuples soient particulièrement vives. Enfin, les différends entre les Vampires et les Orishas n'étaient peut-être pas parvenus jusqu'aux oreilles du reste de la population, embourbé dans la guerre Divine...

« Personne ne sait pourquoi cet animal décide d'attaquer les passants, mais il faut mettre fin à ces agressions, continua le messager en me tendant un bout de papier, que je lis rapidement avant de soupirer, vaincu: peut importe ce que je dirais, je ne pouvais pas refuser ce contrat uniquement à cause de problèmes raciaux.

- Je pars avec qui? » M'enquis-je auprès de l'homme, qui fouilla dans ses feuilles de papier avant d'en extraire deux noms

Dante et Atax. Si le premier prénom ne me disait absolument rien, le second, par contre, alluma une lumière dans ma tête et je soupirais de plus belle. Je devrais faire équipe avec un Alfar, par dessus le marché... Je savais qu'Atax Mak'oh n'avait rien à voir avec ce qui s'était produit chez les Béluas, mais je ne pouvais pas m'empêcher de me méfier de tous les Elfes noirs à présent. Les prochains jours risquent d'être particulièrement longs... Songeais-je en faisant un signe de la tête au messager, lui signalant ainsi que je serais prêt à partir à l'heure convenue. Me fournissant les dernières directives, l'heure et la date du départ, il partit par la suite donner ces prochaines instructions à un autre Corbeau. Exhalant un soupir, je fis basculer ma tête par-dessus le dossier de ma chaise, fermant les yeux. Si je pouvais arrêter d'être autant à cran... Cependant, entre le dire et le faire, c'était assez compliqué compte tenu de la rage qui obstruait chacune de mes pensées lorsque je savais que la vie d'un de mes proches avait été menacé par un individu, un groupe d'individus ou un peuple tout entier. Enfin, j'avais deux jours pour me préparer et tenter de me calmer...


Le matin du départ, je préparais mon matériel, mes armes et mes vêtements, les enfonçant tous à l'intérieur de ma besace magique, lorsqu'un pas, derrière moi, attira mon attention et je me tournais vivement, apercevant Rakim le borgne, mon maître. Il me souriait avant de me demander comment j'allais depuis la dernière fois que nous nous étions croisés.

« Bien, répondis-je simplement, lui adressant un sourire en coin. Mais j'ai encore peur de faire des c*nn*ries... » Finis-je par admettre en passant la sangle de ma besace par-dessus ma tête, songeant irrémédiablement à ma dernière chasse, alors que j'avais pété un plomb.

Mais le grand Orisha aux cheveux rouges me rassura en disant que j'étais mieux entraîné, que mon corps acceptait plus facilement les mutations et il n'avait pas tort. J'étais plus habile à contrôler mes nouveaux sens, ne pétant pas une crise à tout moment. Amicalement, Rakim m’ébouriffa la tignasse et je soupirais alors que le borgne me souriait.

« Bonne traque! » Me souhaita-t-il avant que je ne parte et je lui rendis la pareille en le saluant de la main.

Traversant les halls et les corridors, je rejoignis enfin le hall principal, à l'entrée du Hédas. Sur place, j'aperçus une silhouette qui se découpait dans la lumière du jour et à sa taille, à la carrure de son corps, je su tout de suite qu'il s'agissait d'Atax le Chasseur. Discrètement, je reniflais l'air, ciblant une seconde effluve et lorsque je traversais la dernière portique, je levais la tête vers le ciel, notant sans difficulté la silhouette d'un homme, l'apprenti Chasseur Dante sûrement. Mais qu'est-ce qu'il fout sur le toit?

« Bonjour, Atax, saluais-je finalement le Corbeau en tournant mon visage dans sa direction. Et bonjour à toi aussi Dante... Dis-je en lui adressant un rapide coup d’œil avant de reporter mon attention sur l'Alfar, croisant mes bras derrière ma nuque d'un air flegmatique, le gratifiant d'un sourire indéfinissable. Alors on va rôtir un gros poulet si j'ai bien compris? Ça promet d'être palpitant... »


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Les griffes sanglantes
« La Vue du Traqueur »

Souvent comme ça, hein? Eh bien, il n'avait pas l'air d'être un rigolo, ce Dante, en plus d'être visiblement un bel arrogant, posté ainsi sur le toit du monde, à n'accorder attention qu'à l'horizon habillé de bleu sauvage et de faibles éclats qui caressaient les nuages. Haussant des épaules devant l'indifférence certain qu'il me portait, je m'adossais simplement contre le mur extérieur de l'école, attristé de ne pas avoir de compagnons plus sympathiques pour ce long voyage. En toute franchise, l'élève comme le maître me paraissait froid et distant, peu enclin à la plaisanterie, au contraire de mon mentor et de mon propre caractère. Je ne risque pas de m'amuser beaucoup entre deux arrêts avec ces deux « plaisantins »... Compris-je en exhalant un soupir, cette idée se renforçant plus encore lorsqu'Atax se mit à aligner les mots et les phrases pour nous modeler un discours aussi long que la chaîne des montagnes de l'Edelweiss. Misère... J'avais l'impression d'être dans l'armée. En même temps, à quoi m'attendais-je avec le célèbre Chasseur? Il était connu pour être quelqu'un de droit et de taciturne, peu porté à la rigolade et vêtu d'un sérieux aussi grand et large que les fourrures que je portais lors de mes excursions dans les montagnes. Toutefois, si je pouvais lui donner une qualité, c'était qu'il était particulièrement respectueux des autres et la confiance qu'il avait en ses capacités pouvait troubler n'importe quel adversaire qui lui faisait face. Atax était un homme de confiance et confiant, mais incroyablement sérieux en retour. Par conséquent, je me disais que son apprenti devait être du même gabarit. M'étirant les bras à la fin des instructions d'Atax, je me détachais enfin du mur, m'avançant vers le chemin qui s'ouvrait à nous et qui nous mènerait directement au Port Dirælla.

« Aller! Mettons-nous en route! J'ai les jambes en compote à rester immobile aussi longtemps! » M'exclamais-je ravi, prenant déjà les devants pour rejoindre le Port.

De là-bas, nous partirions vers le continent Naturel, droit vers la ville Vampirique. Cette situation ne m'enchantait pas tellement - que ce soit de partir en territoire vampire ou de passer ce voyage avec ces deux mecs trop sérieux - mais au moins, je pouvais être certain que je ne me ferais pas regarder drôlement en traversant les sentiers et en croisant des Vampires à chaque intersection: j'étais peut-être un Orisha, mais je n'en avais absolument pas le physique, à cause de mon albinisme. La couleur de mes yeux semblable, ma peau plus pâle que celle de mes congénères me distinguaient d'une façon comme d'une autre, et elle avait ses bons comme ses moins bons côtés, hein, surtout quand les personnes de mon propre peuple doutaient de la véracité de mes propos lorsque je leur affirmais être l'un des leurs. Du coup, je ressemblais à n'importe quel mec lambda du coin, un quota arrogant et usant de sarcasmes à tout bout de champ, ce trait qui, à mon plaisir, me donnait ce style un peu particulier d'espièglerie et de cynisme cachés. Je trouvais ça toujours agréablement drôle de voir les réactions des gens lorsqu'ils ne savaient pas si je rigolais ou si j'étais vraiment sérieux.


Le voyage en bateau s'était bien passé, mais sans plus. Dante et Atax étaient aussi discutables que le sujet sur la force de l'Orishala, et ce, en sachant pertinemment que les conversations sur ce sujet n'avaient même pas lieu d'être, puisque la puissance de mon Roi n'était plus à prouver à qui que ce soit, tout comme le mutisme, des fois pesant pour moi, de mes compagnons. Du coup, j'avais essayé de passer le temps, passant mes journées sur le pont, à discuter avec les marins de tout et de rien, découvrant même quelques astuces à propos de la navigation en mer. Je n'étais peut-être pas capitaine, mais peut-être qu'un jour, je considérerais avoir mon propre vaisseau marin. Ce serait génial, nan? Je voyais déjà le nom de mon navire, la proue avec une tête de corbeau fendant l'Océan, le sel composant ses eaux s'accrochant à l'écriteau qui présenterait le nom du bateau: Shal Kschalunda, littéralement « L’Insaisissable ». Bref, ce voyage m'avait fait rêver et considérer de nouvelles perspectives, quoi que toutes ces idées ne soient que les délires de ma pensée, mais il ne m'avait pas encore permis de cibler avec précision le caractère de mes compagnons. J'avais essayer d'entamer quelques discussions avec eux, et s'ils parlaient parfois, il restait que la discussion se terminait sur quelques propos stériles et sans grand intérêt pour nous trois. Par conséquent, retour au point de départ! Ahlala! J'avais même dit à Dante, la nuit avant notre arrivée sur le continent Naturel, de se décoincer un peu, ajoutant dans ma lancée ces quelques mots:

« T'as pas peur de prendre des rides à ton âge? Détends-toi! T'es trop sérieux! »

Après, s'il y avait eu des résultats ou non, je n'en savais pas grand-chose, puisque nous accostions le lendemain, tôt dans la matinée. À cette heure, le Soleil parvenait à peine à percer les nuages du firmament. Une couleur rosée habillait le ciel, nuancée par des teintes violacées et bleutées. Je pris une grande respiration en mettant pied à terre, heureux non seulement de pouvoir sentir autre chose que le sel de mer, mais également de pouvoir commencer cette mission. Humant une énième fois le parfum du matin, je finis par jeter un regard vers Atax et Dante, les gratifiant d'un sourire espiègle.

« J'espère que vous courrez vite, les gars! Les chemins entre le Fjörd et la Ville vampirique ne sont plus très loin, et de là-bas, on pourra faire la... euh... formation en tortue ou je sais plus quoi qu'Atax nous avait parlé... »

Me craquant les jointures, sachant pertinemment qu'ils allaient se mettre en route, je piquais une course droit devant moi, ma Vision d'aigle me permettant d'évaluer la distance qui nous restait encore à parcourir avant d'atteindre les frontières du territoire vampire.


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« La Vue du Traqueur »

« Ne me regarde pas avec ces yeux-là, glissais-je doucement à l'endroit de Dante, lorsque nos regards se croisèrent, et dans toute ma gentillesse, même si le Chasseur semblait en être dénué à mon sujet, je lui offris le sourire moqueur que je sentais naître sur la commissure de mes lèvres. Je sais ce que j'ai à faire: ne te fies pas aux apparences. »

Dans un bond, je me propulsais dans les airs, me posant en hauteur pour avoir une meilleure vue d'ensemble de l'endroit où nous nous trouvions. Derrière nous, nous avions abandonné le Port de Glace-Lune pour nous avancer vers le Val du Bois Chantant et à présent, à mi-chemin entre la large vallée et la région portuaire de la contrée, des bois à perte de vue s'étendaient devant nous. D'ici, je les voyais parfaitement, et des odeurs, des parfums tout aussi mystérieux que familiers, envoûtants et intrigants, vinrent cheminer jusqu'à mes narines, se posant à l'intérieur de celles-ci avant de se faire violemment aspirer par mon système. Pour l'instant, il n'y avait pas grand-chose à signaler, si ce n'était que je sentais la présence de bêtes sauvages, originaires de la région. À moins qu'il ne s'agisse de Vampires en quête d'énième proie à dévorer sous leurs canines acérées? À cette distance, je ne pouvais pas être sûr et si j'avais pu me rapprocher et pénétrer plus en profondeur dans la forêt du Val du Bois Chantant, je serais certainement parvenu, d'une manière ou d'une autre, à trouver le ou les propriétaires de ces effluves sauvages, mais là n'était pas ma mission à l'heure actuelle: j'avais un griffon dans ma ligne de mire et je ne pouvais laisser les autres odeurs me détourner de ma cible. C'est pourquoi je me concentrais davantage, sautant toujours plus haut et toujours plus vite au travers du couvert arborescent à la recherche d'un nid dans les arbres ou dans les extrémités anguleuses de la roches qui encadraient, comme des gardiens munis de lances, le cœur de cette vallée luxuriante.

Me remémorant les informations que j'étais parvenu à soutirer à Ley, la nuit précédant mon départ du Hédas, en lui offrant une pointe de tarte en échange des renseignements que je désirais obtenir - ne rigolez pas, il aime vraiment les tartes... et c'est un bon ami aussi - je pouvais d'ores et déjà dire qu'aucun griffon, du moins, habituellement, ne pouvait planer à une heure pareille dans le ciel. Chasseurs nocturnes, notamment grâce à leur capacité à voir dans le noir comme s'il s'agissait du plein jour, il était rare d'en observer à cet instant de la journée; tout au plus, je serais sûrement en mesure de trouver la piste de notre monstre s'il était du genre retardataire et qu'il était en chemin vers son nid, mais je nourrissais peu d'espoir pour ça. Cela dit, l'avantage que nous pouvions bénéficier d'un tel mode de vie était qu'il serait vulnérable une fois que j'aurais trouvé sa trace: traces que je trouverais sûrement sous forme de plumes, de boules de régurgitation, de fèces, de traces de pattes, etc. Endormi, Atax et Dante pourraient facilement mener l'assaut, du moins, je l'espérais pour eux, parce que Ley, le binôme de mon propre mentor, m'avait semblé particulièrement nerveux au sujet des griffons. Plusieurs rumeurs courraient, d'ailleurs, à leur intention et autant ces bêtes étaient prises pour des créatures divines, en raison de leur imposante carrure et de la noblesse de leur apparence, autant plusieurs personnes leur donnaient des affiliations avec le Mal réincarné. Allez savoir pourquoi leur attribuait-on pareille réputation, mais ce qui était certain, c'est qu'il faudrait être extrêmement prudent avec cette bête que les Chasseurs devraient tuer.

C'est alors que je balayais une seconde fois l'horizon des yeux, portant mon nez et mon odorat le plus loin que je le pouvais, que j'aperçus, un peu plus loin, dans les falaises entourant le val, une cavité creusée dans la roche. Elle était en hauteur, presque à sept ou huit cent mètres d'altitude de là où se trouvait Atax et Dante, restés en bas pour faire je-ne-savais-trop-quoi; des trucs de Chasseurs sûrement.

« Eh les gars! Je crois avoir quelque chose... Mais il faudrait s'en rapprocher pour... »

Je me tus brusquement, mes narines se dilatant violemment à l'entrée d'une odeur dont je n'avais pas fait attention. Elle était toute proche, se mouvait sous le feuillage des grands arbres touffus du val. Qu'est-ce que c'était que ça? Je tentais d'en identifier la nature, mais par prudence, je décidais plutôt de descendre agilement et avec rapidité de mon arbre d'observation, rejoignant les Chasseurs restés en bas, restant néanmoins sur une branche, à quelques mètres du sol.

« Quelque chose d'autre que le griffon approche... » Leur dis-je en tournant mon visage en direction des bois qui se tenaient devant nous.

Et un grognement, dans l'épaisseur du couvert latéral forestier, confirma bien assez tôt la nature peu amicale du danger. Ça n'avait aucune patte, du moins, au tout début, ça glissait sur le sol, c'était long et visqueux... Un serpent? Tout à coup, le corps de la créature sortit des fourrées et je m'aperçus qu'il n'y avait pas une, mais bien trois têtes accrochées à cette bête!


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« La Vue du Traqueur »

Toujours perché sur le bras ligneux de mon arbre d'observation, je suivais les mouvements des deux Chasseurs du regard, peu emballés de me frotter à ce Gargantua à écaille. Balançant ses trois têtes dans la direction des épéistes, ces derniers n'attendirent pas un instant pour réduire la distance qui les séparait de la bête, prêts à bloquer son assaut. Puis, dans un choc qui retentit fortement au creux de mes oreilles, au point que je m'en morde la lèvre, ils parvinrent à résister au premier contact entre eux et la créature à trois têtes. Ils n'étaient pas suffisamment puissants contre une telle force de la nature. Ils ne pouvaient pas l'emporter. Je le savais, rien qu'en examinant l'énergie et ce semblant d'aura qui paraissait se dégager de l'hydre: nous ne faisions clairement pas le poids. M'avançant au bord de la branche, ne commettant pas l'erreur de produire un quelconque son - puis, à travers ce vacarme de lames qui s'entrechoquent et de sifflements qui oscillent, difficile de porter une attention particulière à ma personne, camouflée et silencieuse au milieu du couvert forestier - je pliais mes genoux tout en songeant à mon ensemble de kunais, que je gardais précieusement au fond de ma besace magique. Instantanément, l'une de mes lames apparut dans la paume de ma main. Sentant le métal contre ma chair, je serrais aussitôt ma poigne autour du manche court de l'arme.

Je me gardais le droit de rester encore, pour quelques minutes, spectateur de cet événement. Atax et Dante venaient de s'échapper d'une nouvelle attaque de la bête en optant pour une fuite aérienne. À la suite de ce mouvement, l'apprenti Chasseur lança son épée vers le monstre à trois têtes, touchant la peau écailleuse et terriblement résistante de l'une d'entre elles. Pourtant, malgré la puissance qu'il semblait avoir mise dans ce lancer, la blessure n'était que superficielle, à peine de quoi faire gémir ce mastodonte aux yeux acérés. Pourtant, aller savoir pourquoi, Dante semblait s'en amuser. Était-il l'un de ces guerriers qui se plaisait à affronter plus fort que lui? J'imagine et, au vue du peu de caractère que j'étais parvenu à comprendre chez cet homme, cela lui correspondait bien.

Pour autant, ce n'était pas vraiment le moment de nous amuser avec cette hydre. Si elle se trouvait dans la région, cela voulait dire qu'elle avait élu domicile quelque part dans les environs, peut-être même en plein cœur de ces bois, réputés pour leur quiétude apparente et leur beauté à couper le souffle, même si d'ignobles histoires de Vampires venaient entacher sa belle robe de verdure d'une teinte cramoisie. Cette bête, était-elle seule ou en couple? Rien que pour m'en assurer, je sondais les alentours à la recherche d'une odeur se rapprochant de celle de la créature, mais mes efforts furent couronnés d'échec, ce qui était plutôt bon signe: aucun autre animal dans les environs ne semblait porter une odeur similaire à celle de l'hydre que nous avions face à nous - ce n'était peut-être pas la saison des amours, mais n'était pas un Spécialiste, je préférais ne pas trop m'avancer sur ce sujet. L'important, c'est qu'elle était bel et bien le seul danger immédiat qui nous fallait éloigner - ou fuir. Je ne doutais pas des talents d'escrime de mes deux compagnons, loin de là, mais cette bête possédait une puissance ridiculement grande.

En effectuant le moins de bruits possible, j'approchais la lame de mon kunai près de mon visage, calculant la force avec laquelle je devais lancer mon projectile, tout en attendant l'opportunité de tirer. Ainsi caché, je ne servais pas à grand-chose, pour le moment, mais j'étais peut-être le seul à pouvoir donner la chance à Atax et à Dante de se tirer d'ici. Moi? Ne vous inquiétez pas: si j'avais voulu partir, toutes les occasions auraient été bonnes et cette bête n'aurait même pas su me rattraper dans ma course. Cependant, je ne pouvais pas laisser mes coéquipiers dans cette posture. Ce n'était pas dans l'esprit des Corvus.

J'analysais le mouvement des trois têtes écailleuses, alors qu'elles ondulaient dans les airs, qu'elles se tendaient avec une rapidité meurtrière vers l'avant pour happer une jambe, un bras, voire même la tête, des Chasseurs, qui parvenaient soit à bloquer, soit à éviter de justesse l'assaut violent de la bête. Puis, à un moment, je serrais mes doigts sur le manche de mon kunai, écarquillant les yeux, ne lâchant plus ma cible des yeux. Maintenant! Me criais-je intérieurement alors que je tendis rapidement mon bras, projetant avec habileté et avec une précision toute calculée, le fil acéré de mon arme. Dans un bruit écœurant, la lame du kunai pénétra à l'intérieur de l'œil droit de la tête centrale.

À cette vue, je ne pus m'empêcher d'esquisser un sourire, lançant une œillade en direction de mes partenaires avant de filer, comme un éclair, vers le feuillage d'un autre arbre, dans lequel je m'accroupis à nouveau, caché par le couvert, armé, encore une fois, de l'un de mes kunais, que je tirais avec autant de précision vers le second œil de la tête centrale. Je ne laissais même pas le temps à mon deuxième tir d'atteindre sa cible que je voulus réessayer la tactique, alors que je me propulsais, dans les airs, vers un troisième grand végétal. Cependant, au moment de lancer ma troisième attaque à distance, l'hydre ne se laissa plus faire, détourna habilement ses têtes pour que le fil en acier de mes deux dernières offensives ricoche contre ses cornes frontales. Je serrais les dents, atterrissant avec légèreté sur une tierce branche, pestant silencieusement, hors d'atteinte de l'hydre, qui écumait de violence dans toute sa bestialité un peu plus bas.

En plus d'être dangereuse, cette bête n'était pas dénuée d'intelligence.


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« La Vue du Traqueur »

Et en plus d’être intelligente, cette bestiole était également particulièrement tenace! Dis donc! Je m’étais posé à une hauteur qui m’avait paru inaccessible et ce, en comprenant la longueur de son cou, mais elle voulut s’acharner contre moi malgré la présence des deux Chasseurs en contrebas. Je me mis immédiatement en position pour m’évader dans un nouveau saut, attrapant l’opportunité offerte par le blocage d’Atax pour fuir la colère de l’hydre, mais je n’eus pas le temps de réagir que les têtes foncèrent droit dans ma direction, leurs crocs et leurs yeux jaunâtres me soufflant un seul et même message: dévorons-le. À ce constat et ce, malgré la situation particulièrement désavantageuse dans laquelle nous étions embourbés jusqu’aux genoux, j’étirais mes lèvres dans un sourire cynique. Je n’étais pas comme Dante, qui semblait clairement s’amuser dans ce combat aux forces inégales, mais je trouvais que l’événement avait tout de même de quoi rire. Dans une arrogance à peine masquée, j’adressais ce sourire tout singulier à notre adversaire écailleux, me propulsant un peu plus long sur une nouvelle branche. Je narguais la bête, l’observant de haut, sachant qu’elle ne pourrait m’atteindre à cette altitude, mais celle-ci, frustrée, voulut s’en prendre à Atax qui était resté devant elle. L’hydre était enragée, l’intérieur de ses babines laissant écumer une salive olivâtre qui témoignait de la fureur qui l’animait et si ce ne fut pas de l’intervention soudaine et étonnante de Dante, je ne savais pas si Atax aurait pu se sortir indemne d’un nouvel assaut.

Mais ouais, le plus surprenant, ce fut ce qui se passa après! Je n’avais pas trop bien compris pour quoi le Chasseur alfar s’était soudainement mis à crier vers son apprenti, mais lorsque ce dernier lança une espèce de phrase-incantation magique dans une langue qui m’était complètement inconnue, je fus encore plus déboussolé par la situation qui se mit à s’animer devant mes yeux froncés. Sans que je saisisse comment ni pourquoi ni comment – je l’ai dit deux fois? – je remarquais immédiatement le mouvement leste et sauvage de l’hydre ralentir et celui plus brut et agile d’Atax décélérer au même rythme, comme si une force venue de nulle part les retenait et les soustrayait à toutes lois gravitationnelles; en comparaison, Dante semblait, pour sa part, avoir affreusement accéléré dans ses assauts et ses pas. Sa cadence, sans que je parvienne à me l’expliquer, venait brusquement d’augmenter, la fréquence de ses attaques se rapprochant au point où même la force et la frénésie de l’hydre de parvinrent à venir à bout de ses offensives; même moi, je n’arrivais pas complètement à suivre ses mouvements, tant ils étaient soudainement devenus rapides pour mes yeux pourtant si acérés. Que se passait-il? Était-ce Dante l’instigateur de ce phénomène? Je le voyais sauter comme un écureuil le ferait d’arbre en arbre, le voyais riposter aux vaines tentatives du monstre à trois têtes, mais lorsque mes yeux notaient le geste précédent, je le voyais déjà sauté sur une autre partie de l’armure de la bête, entaillant une nouvelle zone d’écailles qui ne pouvait que céder à la lame particulière et férocement redoutable des Chasseurs des Corvus. Mon cerveau essayait d’assimiler tout ce que mes yeux, eux, voyaient, mais c’était comme si, d’une manière ou d’une autre, je me sentais tout aussi ralenti que les autres. Pourtant, je n’eus pas le temps de confirmer ma réflexion, que, sans que je comprenne encore comment tout ceci s’était déroulé devant mes yeux, le temps reprit brutalement sa course. Au même instant, un bruit effroyable se fit entendre dans le fracas qui suivit la rencontre violente entre l’une des têtes de l’hydre et l’apprenti Chasseur.

En une seconde, Dante disparut dans le feuillage et à cette vue, mon sang se glaça. Cependant, je n’eus pas le temps de réagir ou même de réfléchir que la voix d’Atax m’interpella, m’ordonnant, avec une certaine explicité, qu’il était temps de foutre le camp d’ici. L’hydre était trop puissante, trop enragée pour que nous songions simplement à l’attaquer de nouveau de front. Même la ruse, à mon sens, finirait par se retourner contre nous. C’est pourquoi, sans dire un mot, je suivis le Chasseur par les airs, sautant d’arbre en arbre pour agrandir le plus possible la distance entre nous et cette bête. Durant notre fuite, je me demandais toujours ce qui venait de se produire, ce que Dante avait fait pour ainsi ralentir nos mouvements et s’accélérer à nos dépends. Et m*rde à la fin! Après une telle attaque, est-ce qu’il est encore en vie?! Aussitôt, pour m’en assurer, je relevais le nez, prenant de grandes bouffées d’air pour tenter de capter son odeur dans la forêt, la végétation, les animaux et cette bête, dont l’odeur me semblait encore si proche. Parmi tous ces effluves, je parvins à détecter un filet, un mince et léger filet de parfum. Est-ce que c’était Dante? On aurait dit, mais il y avait tellement d’interférences et l’adrénaline tapant dans mes veines, je peinais à me concentrer et sur ma fuite et sur l’odeur de l’apprenti Chasseur.

Cependant, lorsqu’Atax jugea que nous nous étions suffisamment éloignés – et encore, rien n’était moins sûr – je pus me concentrer davantage sur cette odeur que j’avais perçu un peu plus tôt. Elle était faible, lointaine, mais je n’hallucinais pas: elle était bel et bien présente. Je la distinguais parmi toutes les autres odeurs, mais elle était si loin, bon sang! Fläsh älsh indh edh mjöln sancheff, pestais-je intérieurement en Arshalà, cherchant à croiser le regard du Chasseur alfar qui se tenait en bas de moi, sur le sol, alors que j’étais encore posté, comme une sentinelle, sur la branche d’un arbre.

« Bon sang! En plus de nous être éloignés de notre cible, voilà qu’on a été séparé de Dante. Vraiment génial! »

Je ne me plaignais pas, mais j’étais en colère, frustré par la situation et inquiet pour l’apprenti Chasseur.

« Je suis capable de le sentir, je sais qu’il est quelque part dans cette direction, informais-je Atax en balayant une zone assez vaste du terrain qui se trouvait dans notre dos. Mais va savoir dans quel état il se trouve après une telle attaque! »

Avec souplesse et grâce, je me laissais tomber de mon perchoir pour atterrir à la hauteur de l’Alfar, braquant mes yeux céladons dans son regard.

« Et qu’est-ce que c’était que ce… phénomène au juste? Qu’est-ce que Dante nous a fait? »


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| Fläsh älsh indh edh mjöln sancheff = On est dans de beaux draps

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« La Vue du Traqueur »

Je préservais le silence qui s’était installé entre nous, bien trop énervé par ce que je venais d’apprendre pour discuter convenablement, c’est-à-dire sans trop hausser le ton, avec Atax. Pourtant, ce n’était nullement à cause de l’Alfar que cette colère vrombissait en moi comme une fourmilière en pleine expansion : c’était plutôt à cause de cet apprenti Chasseur qu’il nous fallait retrouver à l’heure actuelle. Ce mec s’était vraiment mis dans un beau merdier, tiens! Séparés par une distance que je peinais à mesurer et, sûrement, une bête à trois têtes qui ne réclamait que vengeance et chair fraîche, il fallait maintenant revenir sur nos pas, faire un détour pour éviter de croiser de nouveau ce monstre serpentaire et aller chercher le disparu. Tout ça… tout ça pour quoi? Parce que ce mec avait voulu jouer au héros! Il avait mis notre mission en périple pour quelques tours de passe-passe qu’il ne maîtrisait même pas encore! Vraiment, bel exploit! Voilà pourquoi je craignais qu’une telle chose arriver en sa compagnie. Vous auriez dû le voir, enhardi par le combat dans lequel nous étions en train de nous embourber contre l’hydre. Il souriait de toutes ses dents, se plaisait, je dirais même, à se frotter contre ce mastodonte écailleux pourvu de mâchoires et de crocs trois fois plus terrible que n’importe quelle autre bête de ce gabarit : à l’occurrence, posséder trois têtes avantageait la bête dans cette situation. Quoi qu’il en soit, ce qu’avait fait Dante était tout simplement irréfléchi. Pourquoi avoir fait une telle chose et risquer nos vies de la sorte? S’il savait que ce pouvoir lui échappait encore, pourquoi l’avoir usé dans de telles circonstances?! Il était au courant des dangers qu’il bravait, pour lui, mais avait-il simplement pensé à nous pendant deux secondes, à notre mission? Mon corps se mit à trembler à l’assaut de cette nouvelle vague trouble et agitée, secouant mon être de haut en bas alors que je devais me concentrer à filer cette odeur, perdue dans le paysage forestier. Mais j’étais en colère.

« Ce mec est inconscient… Marmonnais-je en fixant l’étendue de végétation qui escaladait les flancs de la vallée, ajustant ma besace contre ma hanche. Ah! M’exclamais-je avec acidité. Le pire, c’est qu’il était au courant de l’instabilité de son pouvoir… Il était au courant qu’il risquait de tous nous mettre en danger et de mettre en péril notre mission… Mais il se fiche complètement du contrat? Il se fiche complètement des conséquences que nous subirons suite à ses actes? »

Et ce gars, il n’était clairement pas le type à agir de cette façon simplement par « bonté de cœur ». Je le savais et ça, ce n’était pas très compliqué de le comprendre. Il était aussi froid que de la glace, aussi expressif que de la pierre : un mec pareil ne pouvait se soucier de personnes, à l’exception de lui-même. J’étais en colère. En colère contre Dante. En colère de le voir mettre ainsi en péril le succès de la mission qui nous a été mandatée. Comme moi… Ne pus-je m’empêcher de blâmer en mon for intérieur avant de me figer brusquement, rigide et droit comme une brindille. Mais je ne suis pas comme lui… Je pense à mes compagnons avant ma propre vie… Je pense à notre mission, à notre rôle de Corbeau. Pas lui. Lui, il vit que pour la baston, la guerre et le sang… Mes poings se serrèrent, témoins silencieux de mes efforts à vouloir réfréner l’élan de colère que je sentais poindre de plus en plus fortement au creux de mon esprit. Les souvenirs de ma propre bévue me revenaient en mémoire, mais je les éloignais, les repoussais de toutes mes forces. À ce moment-là, je n’avais pas été comme Dante durant ce combat. Je n’avais pas agi en toute connaissance de cause : j’étais complètement paumé, terrorisé par tout ce que j’étais en mesure de percevoir et de sentir à des kilomètres à la ronde. J’étais fatigué, irrité : en somme, je n’étais clairement pas moi-même. Alors que Dante… Il… Il savait pertinemment que la maîtrise de son pouvoir n’était pas du tout contrôlée. Alors pourquoi? Pourquoi avoir fait une chose pareille?

Rapidement, je secouais la tête, m’avançant dans les bois tout en gardant le nez légèrement relevé pour capter le vent et les odeurs que ce dernier me rapportait. C’est alors que mes yeux se posèrent dans le feuillage environnant et les branches tordues de la forêt : je percevais quelque chose dans cette direction. C’était toujours aussi faible, mais il me semblait qu’il s’agissait bel et bien de l’odeur de l’apprenti Chasseur. J’humais plus profondément les effluves qui m’enveloppait, balayant du revers de la main les autres parfums qui ne m’étaient pas nécessaires pour uniquement cibler l’odeur singulière de Dante. Oui, c’était bien lui… J’indiquais à Atax le chemin avant de prendre les devants, m’élançant dans le couvert en supposant que le Chasseur parviendrait à me suivre. Cela dit, il fallut bientôt ralentir mon pas, attendre qu’il me rattrape avant de repartir de plus bel. L’odeur de Dante se rapprochait, je le sentais. Tout ce qu’il nous restait à savoir, c’était de connaître son statut : vivant ou mort?

« Eh Atax, j’espère que tu vas me permettre de lui en coller une s’il est toujours en vie. Öm rhäs ëm schwarzelsh krabhë Shor ash tiempra… »


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| Öm rhäs ëm schwarzelsh krabhë Shor ash tiempra = Mon poing me démange depuis tout à l’heure

Les griffes sanglantes
« La Vue du Traqueur »

Au commentaire d’Atax, je ne pus m’empêcher d’exhaler un rire sans joie, considérant l’Alfar avec un drôle de regard.

« On se ressemble? Si c’est une blague, elle n’est vraiment pas drôle… »

Parce que je n’avais rien à voir avec ce mec qui relevait constamment son menton et se mêlait à des combats déjà perdus d’avance simplement parce qu’il kiffait ce sentiment de… de quoi au juste? De jouissance et d’extase? Je n’étais même pas capable de mettre un mot précis à l’émotion que j’avais pu apercevoir sur les traits de l’apprenti Chasseur à l’instant où il s’était jeté en solitaire sur l’hydre. Quoi qu’il en soit, le simple fait de l’avoir vu sourire à cet instant me suffisait pour me faire une opinion sur ce type : peu importe ses bonnes ou mauvaises intentions, ses forces ou ses faiblesses, il faudrait le tenir à l’œil. Vraiment, ou sinon, il risquerait de faire non pas seulement du tort à ceux qui l’entouraient mais aussi à lui-même, cet imbécile. Enfin, Atax pouvait bien dire ce qu’il voulait, je n’étais pas encore convaincu par les propos qu’il me partageait, mais après un moment, je préférais encore abdiquer et ne plus rien répliquer. Quoi qu’il en soit, Dante allait goûter à mon poing, c’est moi qui vous le disait : non, même que je vous le promettais.

Après plusieurs minutes à se faufiler entre les entrelacs du branchage et à filer sous le couvert du feuillage, nous parvînmes à un endroit assez particulier, notamment à cause des perturbations qui semblaient s’être jouées à même sur la végétation environnante. Mes sourcils se froncèrent à cette vue et je notais immédiatement la position du marquage qui se distinguait sur quelques troncs d’arbre. Bordel… Un combat entre gladiateur venait-il d’avoir eu lieu? Ou alors c’était des traces laissées par Dante lors de son vol plané? Dans tous les cas, et même si la possibilité qu’une arène naturelle eut été mise en place dans un endroit comme celui-ci, j’optais plutôt pour la seconde hypothèse ; tout d’abord parce que la zone que nous venions de découvrir se trouvait pile dans la trajectoire prise par Dante avant sa disparition dans les bois et parce qu’avec la puissance qu’il avait été rejeté par la créature, de telles marques ne me surprenaient même pas.

« Il a morflé, dis donc… » Dis-je en me penchant vers les feuilles et les branches qui avaient été dérangées.

Je fermais les yeux, m’imprégnant des odeurs que pouvait receler ce simple instrument avant de faire un tour sur moi-même.

« Ah ouais… Il a dégringolé par là-bas, notre copain. »

Sans perdre plus de temps, je guidais Atax à travers les bois et, à ma grande satisfaction, plus nous avancions et plus l’odeur de Dante se précisait dans mes narines. Nous avalions les distances rapidement jusqu’à ce que nous nous retrouvions au sommet… d’une falaise?

« L’odeur est puissante… Confirmais-je avant de baisser la tête et d’écarquiller les yeux devant la scène qui s’éclaircissait sous mon regard. La vache! » M’exclamais-je, surpris, avant de m’abaisser au-dessus de l’immense crevasse qui s’ouvrait sous mon visage.

À plusieurs mètres en contrebas, nous étions en mesure de voir un bloc de glace s’accrocher désespérément à la roche de la paroi montueuse et, un peu plus en dessous, nous étions capables de voir une silhouette se découper de la couleur terne, presque grise, du flanc rocheux. Amenant l’un de mes mains en porte-voix, je lançais à Dante :

« Elle est comment la vue?! »

Je me foutais de sa gueule, mais la situation restait alarmante, et Atax n’hésita pas à me le rappeler en me coulant un regard sévère. J’analysais la situation, le terrain, tentant de trouver une solution pour lui venir en aide. Après seulement quelques secondes, je me risquais enfin à dévoiler mon plan à Atax, lui signalant qu’il devra bien me tenir.

« Je vais lui lancer des Chaînes… Et compte tenu du poids de celles-ci, je risque de peiner à le remonter tout seul… C’est pour ça…, expliquais-je en faisant apparaître du Métal à la hauteur de mes pieds, le manipulant et le modelant de manière à ce qu’il s’accroche au tronc de l’arbre le plus épais que je pus apercevoir. … que cette attache m’évitera de tomber tandis que les Liens du Destin… Murmurais-je en tendant ma main vers Dante, en contrebas. … vont l’entraver. »

Aussitôt, je sentis les Liens entourer les poignets de l’apprenti Chasseur et à peine venaient-ils d’apparaître que je fus promptement emporté vers l’avant. Mais le Métal qui me retenait à l’arbre était efficace, et je ne tombais pas, moi aussi, dans la gueule de la falaise. Un sourire se dessina sur mes lèvres tandis que je jetais un regard en direction de notre suicidaire.

« Krishlsh öit Flash gölsh ët egüore edh sör »

Puis, Atax lança le signal et nous nous mîmes à tirer, à tirer de toutes nos forces pour remonter Dante.


❧ 830 mots | 7 post
Ou comment s’inquiéter sans vouloir se l’avouer /mur/
| Krishlsh öit Flash gölsh ët egüore edh sör = Accroche-toi : on va te sortir de là.