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 [II] - Ne cligne pas des yeux | Miles

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Latone
~ Orisha ~ Niveau I ~

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◈ Parchemins usagés : 2296
◈ YinYanisé(e) le : 24/05/2014
◈ Activité : Horticultrice
Latone
Dim 10 Fév 2019, 17:33

Catégorie de quête : II. Sauvetage
Partenaire(s) : Miles
Intrigue/Objectif : À l'instar de nombreux Marcheurs, Sauzin – fils de Kergaron – a quitté Ciel-Ouvert pour échapper aux menaces du Bleu Roi. Cependant, il a été maintes fois prouvé que fuir ne permettait pas d'annuler la malédiction. Le jeune homme sera plus en sécurité auprès de sa famille plutôt qu'au Voile Blanc, seul, alors que la saison Faugmi approche à grand pas. Accompagnés de quelques compagnons, Miles et Latone sont chargés de retrouver Sauzin et de le ramener sain et sauf.


Dans le corps de Léto.

L'apex de ces doigts épousèrent le verre, ce miroir ne reflétait qu'une légende vivante et difficile à supporter. Elle devrait voir sa propre image à travers le reflet, mais Léto persistait à envahir cet espace. Latone épousait facilement ses traits. Auparavant, elle n'en avait clairement cure : elle fut un électron libre – bien souvent une tempête, surtout au début – une entité qui prenait ce qu'il lui était due et partait au front. Refaire le portrait à ce type, détruire ces murs comme un château de cartes, faire échouer ce bateau sur la côte… Tant de faits d'arme qui déshonoreraient n'importe quel être en ce monde, auprès de ses proches, de ses amis, de sa nation. Mais non, elle ne fut qu'une arme, le dernier recours d'une fille en détresse. Cela aurait dû continuer ainsi, mais cette fameuse fille possédait un cœur étincelant : pour elle, cette frénésie intérieure représentait bien plus. Léto avait fini par humaniser ce qu'elle avait créé, et celle-ci prit forme sous ses yeux. Latone naissait dans le berceau d'Ezechyel et construisait pas à pas son identité. Il n'y avait rien de plus absurde pour un Esprit que de réellement goûter à la vie, voilà pourquoi Léto s'était fait don à elle. En tant que Chamane, son corps n'était qu'une attache ici-bas ; seule l'impétueuse furie bleue était digne de l'investir. Sa main effleura la joue marquée par les combats : elle s'était sûrement fourvoyée en pensant que c'était une aubaine. Certes, l'Hozro s'était bien déchaînée au commencement, mais plus elle observait l'entourage de sa maîtresse, plus elle se convainquit que le mérite ne se léguait pas : il se façonnait. Finalement, elle n'était peut-être pas juste une arme, peut-être bien pas juste une enfant.

Elle soupira :
" J'ai encore envie de me défouler… " Sans savoir si cela était dû à la possession ou si cela venait simplement d'elle, cette enveloppe semblait constamment victime d'une tension inouïe. Surement était-ce en partie de son fait, mais si Léto vivait avec ce maux… Ce n'était clairement jamais facile d'être la Souriante. Elle jeta un rapide coup d'œil dehors : l'aube se levait paisiblement, les préparatifs devaient être finalisées. Tout en attrapant le havresac, elle quitta les quartiers de la Vigilante. Kergaron leur avait donné rendez-vous à Aria, afin de constater par lui-même la fine équipe qui sera en charge de sauver son fils. Il avait lancé un appel plutôt vigoureux, il devait vraiment tenir à sa progéniture. Il ne s'était toutefois pas gêné pour convier certains noms en particulier. Dans le lot, il y avait bien sûr celui de Latone, mais elle retint surtout celui de Koërta. Le chouchou de Léto, le bien-aimé de Léto, le petit biquet trognon de Léto. Autrefois, Latone l'avait tellement charriée à son sujet, même l'élu y était passé à la moindre occasion ; après tout, elle ne savait point se tenir sous forme spectrale. Mais depuis que l'Esprit s'occupait de ce corps, elle se méfiait. L'Orisha avait eu le privilège de connaître leur secret. À tort ou à raison, qu'importait, cela relevait de la responsabilité de la Chamane. Malgré tout, Latone le voyait : ce regard que l'amant lui lançait. Il désirait très clairement ce corps, cela la dérangeait. Pas dégoûter : déranger. Peut-être était-ce dû au fait que la dernière personne que Léto s'était à ce point entichée fut Aëran Númendil. Il était tout bonnement hors de question que la catastrophe se réitère avec ce nouvel amour. Latone ne parvenait point à se décider entre le mépriser ou l'éviter pour qu'il puisse attendre sagement sa belle. Malgré tout cela, Miles possédait une chance inouïe : il était un Marcheur, et dans les bonnes grâces de Léto ; de ce fait, il méritait sa vigueur caractéristique.

" Salutations. Elle leur sourit, elle rayonnait comme un éclair qu'elle lâcherait volontiers sur ses hantises. Les yacks s'agitèrent un chouïa en sa présence, une manière pour eux de l'accueillir dans la caravane. Certains Marcheurs la prirent en haute estime, d'autres la saluèrent en retour comme de vrais frères d'arme. Kergaron réitéra de nouveau ses explications à certains retardataires ou nouveaux venus, en plus de faire un portrait très détaillé de son garçon. Latone avait déjà aperçu Sauzin à plusieurs reprises, elle reconnaîtrait sa crinière flamboyante aisément au beau milieu du manteau immaculée. Il ne leur restait qu'à prier la grâce des Ætheri pour que le Voile Blanc ne l'ait pas englouti. Et donc, il ne reste plus que Miles ? Leurs risettes instantanées, elles provoquèrent la naissance d'une certaine veine apparente sur son front. Certains d'entre eux – les plus vieux et les plus perspicaces – connaissaient leur lien d'amants, mais aucun d'entre eux ne s'étaient risqués à relever ce détail. Absolument aucun. Qu'est-ce que vous avez à ricaner ? " Ils ignorèrent la demande, c'était mieux ainsi. De toute façon, le départ sonnera bientôt.


861 mots ~



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Miles Köerta
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◈ YinYanisé(e) le : 20/09/2014
◈ Activité : Traqueur [Corvus Æris] | Marcheur
Miles Köerta
Mer 27 Fév 2019, 17:04





Ne cligne pas des yeux

# Et regarde la réalité droit dans ces derniers




« Qu’est-ce que vous avez à ricaner? »

À l’entente de cette voix, je n’ai pu m’empêcher de sourire, profitant de cet instant pour m’imaginer sa propriétaire. Ce visage, ses mimiques, tout ressemblait et appartenait à Léto. Habituellement, je pouvais l’observer pendant plusieurs minutes, sans bouger, simplement pour la contempler, mais à l’instant où je me permettais de faire un pas dans sa direction, ne serait-ce que pour la toucher ou bien pour l’étreindre, quelque chose dans son regard, lorsque je lui faisais directement face; quelque chose au plus profond d’elle, lorsqu’il me suffisait d’être à ses côtés, m’empêchaient d’aller plus loin. Presque instantanément, je me renfrognais, changeant d’approche, calmant mes pulsions qui, après ces quelques années de cohabitation auprès de la Souriante, s’éveillaient simplement par instinct lorsque je sentais sa présence à mes côtés. Mais je m’interdisais constamment, car celle qui possédait ce corps, à l’heure actuelle, n’était en rien la Chamane. Je le savais pertinemment. Léto, comme elle était actuellement, n’était qu’une enveloppe, un réceptacle qui accueillait en son sein cette autre entité… Exhalant un soupir, je finis par me décoller de la caravane sur laquelle je m’étais appuyé. Couvert d’un long manteau ainsi que d’une imposante cape en fourrure, je traçais mon chemin jusqu’à l’intérieur de celle-ci, m’installant à côté de la jeune femme. La gratifiant d’un doux hochement de la tête, je la saluais, elle, avant de réitérer le geste auprès de mes autres collègues. Le regard de certains nous observaient avec intérêt, une pointe de malice au fond des yeux, mais pour ma part, j’en faisais abstraction, préférant m’en tenir à la mission.

« Vraiment désolé pour mon retard! Je n’ai pas vu le temps passer », m’excusais-je auprès du petit rassemblement, mais surtout, auprès de l’homme qui nous avait tous rassemblé ici.

À l’instar des Marcheurs, il portait des vêtements plus sobres et familiers, le genre d’habits qu’aucun explorateur se permettrait de porter pour s’enfoncer dans les contrées du Voile Blanc. Il avait bonne mine, mais une ombre planait néanmoins sur son visage; l’inquiétude d’un père, je pouvais reconnaître. À ce constat, mon cœur se serra et je me mis à écouter l’homme, tandis qu’à l’extérieur, les yacks soufflaient avec force dans le froid glacial de cet hiver éternel. Brièvement, Kergaron me fit donc part des informations qu’il avait communiquées au reste de notre formation alors que, d’un geste, je descendis le col de mon cache-cou, qui recouvrait une bonne partie de mon faciès, laissant voir les ravages de mon visage. Relevant ce dernier vers le paternel, je finis par lui tendre l’une de mes mains, ouverte, comme dans l’attente d’un présent.

« Et avez-vous ce que je vous ai demandé? »

L’homme parut incertain pendant un moment, jusqu’à ce que ses yeux s’illuminent. Activement, il se mit en quête d’un objet au fond de sa musette, extirpant une forme indistincte dans son poing. L’objet avait été soigneusement emballé alors que je le recueillis dans le creux de ma paume, le libérant de son enveloppe avec mille délicatesses.

« Aaah! Un vêtement de Sauzin. »

Et, sans autre forme de justifications, je me permis de renifler le vêtement à plein poumon. Aussitôt, l’essence qui avait été retenu par le vêtement imprégna non pas seulement mon odorat, mais l’envahi, plutôt, mon cerveau enregistrant cette nouvelle odeur comme étant celle de notre vagabond. Après autant d’années, j’étais enfin parvenu à maîtriser ces pouvoirs, les mutations que j’avais subies à la suite de mon intégration au groupe des Corvus Æris ayant décuplé la majorité de mes sens. Mais de grands pouvoirs ne pouvaient être obtenus sans conséquences, et les miennes, je les portais avec moi depuis des années. Elles marquaient mon corps. La moindre parcelle de ma peau en était recouverte, comme pour me rappeler de ce mal qui m’avait rongé, trois jours et trois nuits durant, d’un brasier non plus brûlant, mais carrément intenable et lancinant. À ce souvenir, je me permis d’échapper un bref ricanement, remballant le vêtement avant d’enfoncer ce dernier dans le fond de ma besace enchantée.

« Merci beaucoup, le gratifiais-je en souriant, les fissures qui se rangeaient sur les lignes de mes lèvres se contractant de même, laissant voir une vague pulsion agiter mes muscles faciaux. Nous retrouverons votre fils, soyez-en sûr. »

Puis, je remontais mon cache-cou jusqu’au-dessus de ma bouche, préservant au mieux mon épiderme de la froideur du Voile Blanc. Par ces temps glaciaux, ma peau m’avait toujours fait un mal de chien et il me fallait y porter une attention doublement plus vigilante afin de me protéger des agressions du climat. Même si l’air était doux à l’intérieur de la caravane, je préférais rester prudent et conserver cette protection.

« Alors, les gars, prêt à mettre les voiles? » M’enthousiasmais-je.

Et en réponse, tous acquiescèrent d’un hochement de la tête. Ravi, un Marcheur signala le départ au conducteur qui, à l’extérieur, incita aussitôt les yacks à avancer. Quelques secondes suffirent avant que l’on ressente des secousses agiter l’intégralité de la caravane et, dès ce moment, nous fûmes prêts à partir, traversant le quartier Aria de ce léger dodelinement caractéristique des voyages en convoi. C’est ainsi que nous quittâmes l’enceinte de Ciel-Ouvert. À l’horizon, l’immensité du désert glacé nous encerclait à des lieux à la ronde alors qu’une averse s’échappait du ciel pour se déposer en gros flocons sur le sol. Du blanc à perte de vue, des pics et des pierres gelées rajoutaient un brin de couleur, une subtile différence sur le relief environnant, tandis que le vent, d’abord brise puis rafale, balayait ce plancher éternel en marbre blanc.

« Cette histoire de Bleu Roi va finir par rendre les gens complètement fous… »

Pivotant mon visage dans sa direction, je me mis à la fixer intensément:

« Tâchons de ramener Sauzin au plus vite avant que la nature – ou sa raison – s’occupe de lui, murmurais-je avant de forcer un sourire en coin. Je n’aurais jamais cru dire ça un jour, mais… je comprends ce que ressent Kergaron, au fond, lui avouais-je sans détour. S’il s’agissait de mes propres enfants… »

J’avais laissé la phrase mourir sur le bord de mes lèvres, comme si mes actions étaient suffisamment prévisibles pour ne pas être décrites. Dans les faits, j’’aurais été assez stupide pour foncer tête baissée afin de les retrouver, seul.

« Par ailleurs, tu pourrais rendre visite de temps en temps, si ça te dit. Je sais que tu es pas mal demandée ici et là, surtout ces derniers temps, et que le confort de la maison n’égale en rien celle de la Vigilante, mais j’en connais quelques-uns qui seraient ravis de te revoir. »

À cette mention, je ne pus m’empêcher de ricaner.

« Un en particulier voudrait de nouveau croiser le fer avec toi, le bougre. »


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[II] - Ne cligne pas des yeux | Miles Signat16
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Latone
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Latone
Dim 07 Avr 2019, 16:41

Dans le corps de Léto.

Le voilà. En sa présence, à sa simple vue, le cœur de Léto devait s'emballer comme les tambours de guerre d'une bataille imminente. Pour Latone, ce fut une vague d'anxiété et de sympathie qui envahissait son être. En tant qu'Esprit "imposteur", elle ne ressentit jamais de culpabilité : ce fut ancré dans le marbre que la jeune Chamane, à l'époque, s'était sacrifiée pour s'offrir à Latone. Mais cet élu savait, il connaissait toute l'histoire. Et depuis, il eut une descendance avec elle. Jouer la comédie avec Miles était limite un jeu d'enfant, emprunter cette part de la vie de Léto était, cependant, complexe. Les héritiers des deux amoureux ne sauront sûrement jamais ce qu'il se tramait chez la Chamane, pourtant ils étaient en toute franchise de bons petits gaillards. Léto abandonnait tant par cette entreprise que Latone ne pouvait y être indifférente. Cette prise de conscience, elle s'en rendit compte depuis quelques temps déjà : petit à petit, elle grandissait en tant qu'humaine.
" Tu as de quoi être désolé : tu étais encore en train de roupiller chez toi, avoue ! " C'était ainsi que Latone répondait face à toute cette pression sociale : la frénésie. Ricaneurs, les Marcheurs assistaient à plusieurs reprises à ce genre de scène ; pour Miles, c'était d'autant plus vrai depuis que la furie entrât dans sa vie. Fausse révulsion et franche camaraderie.

Les recherches furent lancées aussitôt la troupe rassemblée et les préparatifs finalisés. La caravane était composée essentiellement de bleusailles déterminées à faire leurs preuves, sous la bonne grâce des rares vétérans dirigeant cette mission. Latone sentait qu'elle allait se prendre un torrent de regards importuns, un manque de reconnaissance qu'elle devra combler pour faire de ces novices des guerriers aguerris. Ceci faisait parti de "sa" vie, compter sur le charisme de la Souriante. Heureusement que l'Esprit était barricadé par le Corps, dans le cas contraire ils seraient nombreux à déchanter face à l'amas inconstant qui y rôdait. Avec la plus grande discrétion dont elle était capable, la déchaînée fixa en biais Miles, forcément placé à ses côtés. Il était un véritable monstre, mais dans le sens qui plaisait énormément à Léto : c'est-à-dire, le bon. Les deux protagonistes se ressemblaient énormément de par leur passif : des Orishas en quête de liberté, d'une forme de justice qui ne plairait qu'à eux. Latone avait assisté de fond en comble à leur attachement croissant, pour finir par fonder ce qui était chère à leurs yeux : une famille. Certes, la vie d'une Chamane défiait les codes que l'Orisha pouvait espérer, cependant ils semblaient s'en être bien sortis au fil du temps. L'ultime preuve de confiance que Léto lui offrait, c'était tout bonnement de lui avoir présenté Latone. À présent, il partageait sa vie avec une seule femme qui en masquait deux. Pour l'Hozro, ce ne fut point juste fréquenter un nouveau Marcheur pour la gloire de Ciel-Ouvert, c'était réellement accompagné un père, un homme qui avait son respect total.


" Tout le monde a atteint sa limite : il ne se passe pas un jour sans qu'on vienne me gueuler à la face que le Bleu Roi nous emmerde. Elle ne lui rendit pas tout de suite son regard, concentrée sur l'horizon brumeux du Voile. Si ce n'est pas lui-même qui me nargue quand je ferme les yeux… Et ceci étant d'autant plus troublant qu'un Esprit ne devrait pas être affecté par des "cauchemars" de ce type. Sa patience céda et finit par rendre l'œillade au Molosse. Son être éveillait en elle un certain intérêt : tout comme elle, il était une anomalie. Léto lui expliqua autrefois que les albinos représentaient une minorité chez ses racines. Pourtant, la Souriante n'en avait eu cure, ce furent plutôt ses marques, les afflictions qu'elle percevait en son Âme qui la taraudaient. Latone avait fini par la comprendre : à sa manière, Köerta se présentait comme un atout de poids. Ses connaissances acquises auprès des Corvus, ses capacités physiques et mentales, son dévouement pour la cause de la Marche Terne… Il était un élément que Léto ne pouvait laisser partir. La Descente se souvint brièvement de sa requête auprès de Kergaron ; rien que par ce geste, il prouvait qu'il était l'homme de la situation, pour un père en détresse. Latone s'étonnait d'être plutôt admirative, mais sûrement était-ce dû à la confiance que lui avait déjà accordé sa maîtresse. Miles finit par couper court à son égarement et par lui proposer ce qu'elle redoutait : une demande qu'il devrait adresser à la Draugr. L'Hozro se renfrogna, ne répliquant pas de suite, mais se laissa toutefois abattre par l'ultime quolibet. Ha ! Son sourire fut instantané et son expression moins affligée. Kaine veut sa revanche ? Je n'ai jamais connu de garçon aussi intime avec la poussière ! Quoi que je devrais en profiter : quand ce n'est pas lui, c'est Toesia qui me coursera après pour faire mumuse… Elle a toujours une épée en bois dans les mains, pire que sa mère ! Son rire éclata, repenser à ces mômes lui apporta une certaine fraîcheur dans son esprit en ébullition. Calmée, elle fixa Miles, le regarder ainsi fit déteindre un chouïa son euphorie. Ce n'est pas le confort de la Vigilante qui m'y fait restée : je trépigne d'impatience de franchir à nouveau la Porte et de poursuivre l'exploration. J'y reste pour accélérer la chute du Bleu Roi. Bientôt on lancera enfin la Marche avec les Guides. Bientôt… Ses yeux s'attardèrent sur le plancher du chariot, mûrissant le flot de pensées qui la traversa. Toi, tu pourrais passer à la Vigilante. Tenta-t-elle à son tour avant de lui réoffrir son attention. Même t’asseoir sur l'un des trônes… Son corps se pencha en sa direction, lui chuchotant tout bas : Quelques-uns sont vides et il n'y a que des vieux corniauds maintenant, je suis censé battre le Bleu Roi aux côtés de la ligue des croulants ? " Tout en s'éloignant à nouveau, son ricanement fut aussi discret que la proposition qu'elle venait de lui faire. Miles avait toutes les qualités requises pour prétendre au titre de Guide, peut-être lui manquait-il encore quelques faits d'arme pour étendre son influence, mais avec le temps, il s'en sortira.

Silencieuse, l'Esprit porta sa vigilance sur leur environnement. Au sein du Voile Blanc, la moindre seconde d'inattentions pouvait être fatale. Ils étaient déjà bien nombreux à veiller tout autour d'eux, pourtant c'était bien l'appel du combat qui maintenant son instinct actif. Ils n'étaient point encore assez éloignés de l'emprise de Ciel-Ouvert pour se concentrer enfin sur les recherches, mais bientôt, ils devront agir en tant que véritables Marcheurs.
" D'accord. Lâcha-t-elle finalement, pressée de donner une réponse définitive avant d'arriver. Je passerai. Les iris bicolores de Léto retournèrent sur l'Ashkaä. À une condition : tu croiseras aussi le fer avec moi. Une lueur combative s'alluma en elle : pour l'avoir observé maintes fois à l'œuvre, elle n'eût jamais l'occasion de se confronter à lui. Je dois devenir plus forte pour en finir avec tout ça. " Léto, Tlalee-Aan, Hëarëel, ils étaient tous une source de pouvoir auprès de laquelle Latone pouvait se perfectionner. Avec Miles, l'Hozro espérait qu'il en soit de même.


1267 mots ~



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Miles Köerta
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◈ YinYanisé(e) le : 20/09/2014
◈ Activité : Traqueur [Corvus Æris] | Marcheur
Miles Köerta
Lun 13 Mai 2019, 00:06

En voyant l’expression rayonnante de la Guide, je ne pus m’empêcher de rire, haussant des épaules à sa remarque quant à l’acharnement des gamins.

« On se demande de qui ces gosses ont hérité leur caractère! » Lui lançais-je en feignant l’exaspération absolue devant l’énergie débordante – et qui me paraissait sans limite – de ces deux enfants.

Cependant, le contentement et l’amusement qui s’illustraient sur les lignes de mon faciès criaient un tout autre message. Kaine et Toesia étaient ce que j’avais de plus cher et rendaient chaque jour de mon existence plus belle et radieuse, quoi que légèrement épuisante. Mais qu’était la fatigue en comparaison à tout ce que ces gamins pouvaient m’offrir? Ils avaient beau ne pas tenir en place, chercher sans cesse la confrontation pour prouver leur force et leur mérite, ils étaient, d’abord et avant tout, toujours en quête de dépassement, l’acharnement dont j’avais défini leur ambition s’apparentant davantage à de la persévérance et à de la détermination. Un sourire un peu benêt avait fait son chemin jusqu’à mes lèvres, comme à toutes les fois que je songeais à eux, mais, pendant un instant, un voile assombri légèrement mon expression : le visage d’un garçon avait brièvement fait son apparition derrière l’obscurité renvoyée par mes paupières et, doucement, j’avais relevé ces dernières. L’expression évasive et nostalgique des traits de mon faciès se recomposa presque dans la seconde tandis que, machinalement, je posais mes pupilles sur le visage de la Chamane, meut par la volonté de cet être spirituel, et dont les palabres se formaient depuis une bouche qui n’était guère la sienne. Je l’observais longuement, hésitant à lui poser la question qui me brûlait les lèvres, au risque de la couper d’un instant à l’autre dans ses propos. Mais finalement, tout ce que j’eus le courage de faire, ce fut de la gratifier d’un regard désolé, accentué par une expiration à peine perceptible entre les coutures de mon cache-cou.

« Je comprends, je comprends. Pas besoin de te justifier, vraiment. C’est juste que… »

Le reste de ma pensée ne franchit jamais mes lèvres, malgré une courte pause qui semblait indiquer une continuité. Plutôt, un rire s’échappa de ma gorge, comme s’il s’agissait d’une plaisanterie plus que d’une véritable demande, alors que ma main vint se frotter contre ma nuque.

« Tu dois te concentrer sur le problème du Bleu Roi, t’as bien raison », lui accordais-je.

Je ne pouvais que m'imaginer la pression qu’on lui imposait quant à cette situation : le Bleu Roi menaçait la population de la Cité des Chansons et en tant que cheffe de cette communauté libertine, instigatrice accidentelle de l’éveil de cet entité aussi dangereux qu’étranger, je pouvais parfaitement comprendre que sa présence soit constamment réclamée entre les murs du siège de la cité. Les uns lui demandaient des comptes tandis que les autres jugeaient de loin l’enchaînement de ses actions, mais tous s’inquiétaient davantage sur ce dernier point : que ferait-elle maintenant qu’elle avait ouvert le chemin sur la Cité Miroir? Que ferait-elle pour renverser celui qui nous tourmentait depuis l’ouverture de cette damnée Porte? Ciel-Ouvert souhaitait en finir le plus rapidement possible avec cette menace, devenue omniprésente dans notre quotidien, tout comme Latone, qui s’était portée garante de la tâche de porter ce poids sur ses épaules. Pour autant, j’aurais aimé… Non, c’est ridicule, me dis-je avec raison car, ce que j’aurais véritablement aimé, l’Esprit ne pouvait me le donner. C’est pourquoi je parvins à accrocher son regard, sans broncher, laissant quelques éclats de malice briller au plus profond de mes iris.

« Outch… Tu sais, j’ai mal pour le Guide Stofeick. Tu trouves vraiment qu’il est si vieux? Attend que j’ailles lui dire ça… Plaisantais-je tout en lui adressant un sourire, qui se refléta sur les traits de mon visage. Je pourrais, sans doute, mais d’autres ont plus de mérite que moi : j’ai encore bien à prouver auprès de la Marche pour réclamer un tel titre. »

J’avais bien conscience que mes aptitudes pouvaient être d’un grand soutien pour les besoins du groupuscule et l’aide ponctuelle que j’avais apporté aux Marcheurs, depuis plusieurs années déjà, m’avait permis de me faire un nom auprès d’eux. Cependant, auparavant, je ne m’étais jamais vraiment vu comme un Marcheur, définissant plutôt ma relation avec l’organisation comme celle qu’entretiendrait un consultant avec l’association à laquelle il se serait affilié. L'idéal de la Marche me tenait profondément à cœur et c'était pour cela que, volontiers, je leur offrais mes services, mon travail consistant principalement à leur récolter des informations. Cependant, je ne m’étais jamais considéré comme l'un des leurs, au contraire d’autres hommes, comme Asche, qui se dévouait à la cause de la Marche à cent pour cent. Cela étant dit, les temps ont changé et, petit à petit, j’imagine, que je commençais tout simplement à m’intégrer à la famille.

« Croiser le fer? Et c’est tout? M’exclamais-je avant de faire mine de réfléchir. Si ce n’est que ça, marché conclu. J’espère que tu parviendras à suivre la danse. Car la cadence n’en sera que plus démente! Chantonnais-je doucement sur un air énergique. Montrons à cet autoproclamé Suprême qui sont les véritables Rois de Ciel-Ouvert! »

Par habitude – surtout depuis que je m’étais créé une poignée de main personnalisée avec Kaine, quand il était tout petit – je présentais ma paume ouverte à la jeune femme, dans l’attente qu’elle la saisisse pour une poignée ou pour qu’elle vienne plutôt la frapper de sa propre main. Cependant, à l’instant où j’eus un contact avec sa main, je gardais celle-ci quelques secondes au creux de la mienne, ancrant mon regard dans celui de l’Hozro. À mon tour, je lui confiais, tout bas :

« Elle te donne une chance de faire tes preuves, elle croit en toi et pour ça, tu as tout mon soutien. Si tu as besoin d’aide, n’hésite jamais à demander. »

Mes iris s’éclairaient d’un vif et brillant éclat, la promesse de protection des miens et de ma maison réanimant mon instinct. Il n’était pas question de laisser ce revenant faire sa loi, et j’étais persuadé que Léto, en offrant son corps à Latone, était tout à fait consciente de cela : l’entité qui possédait son corps aspirait certainement à de grandes choses.

« Cough! Cough! »

Mon regard se porta lentement sur le gaillard qui venait de tousser, comme dans l'intention d'attirer notre attention. Finalement, je lâchais la main de la jeune femme, me redressant.

« Eh bien? Vous vous l’appropriez tout le temps. Moi aussi, j’ai bien droit à un petit moment avec elle », déclarais-je avec légèreté.

Je rigolais tout en traçant mon chemin jusqu’au porche d’entrée de la caravane, posant l’un de mes pieds au bord de l’ouverture, sentant le froid du désert polaire me fouetter le visage.

« Pour en revenir à notre affaire, je vais me poster à l'extérieur pour voir si je suis en mesure de pister Sauzin et – pourquoi pas? – accessoirement tenir compagnie à notre brave Odhéra, dehors. Il doit se sentir bien seul, à conduire ses bêtes.

- Tout le monde sait qu'il ne se sent jamais seul avec ses yacks. »

On ne pouvait que lui donner raison. Quoi qu'il en soit, j’étais prêt à traquer le fuyard jusqu’aux limites du Voile Blanc s’il le fallait. C’est pourquoi, dans un rictus impétueux, je tendis mes bras vers le ciel, abandonnant mes collègues pour me hisser agilement sur le toit de la caravane. Je m’installais alors en équilibre, les yeux grand ouverts. Alliant mes dons raciaux à ceux obtenus auprès des Corvus, je me concentrais sur l’odeur de Sauzin, sur l’effluve que j’étais parvenu à extirper du vêtement que j’avais préalablement humé, ainsi que sur les mouvements que je pouvais percevoir à l'horizon, priant de trouver rapidement sa trace avant que le temps, par un caprice de la région, se dégrade au cours de nos recherches.


1 321 mots | Post II



[II] - Ne cligne pas des yeux | Miles Signat16
Merci Léto ♪:
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Mar 18 Juin 2019, 18:04

Dans le corps de Léto.

Éperdue en le fort intérieur de Köerta, Latone peina à détacher son regard du sien. Le message que lui confiait l'Orisha la troubla plus que de raison. Pourtant, elle le savait, elle savait très bien que Léto lui accordait une confiance inestimable, à un point qui dépassait les rouages du Cycle. Toutefois, le fait que ces mots sortissent de la bouche même d'autrui… L'Esprit se tut et se contenta de songer aux possibilités qu'on lui offrait. Miles pourrait peut-être bien lui apporter bien plus que ce qu'elle n'espérait. Les doigts de Léto glissèrent le long de sa paume à mesure qu'il achevait ce contact amical. Ignorant les sarcasmes de leurs collègues, elle le regarda prendre ces initiatives pour le groupuscule. On l'attendrait au tournant, elle aussi ; plus que tout autre. Difficile pour autant d'être lassé par son rôle lorsque l'on avait sous la main le corps de Léto Sùlfr. Il lui restait encore beaucoup à apprendre sous ces traits, chaque jour était une nouvelle expérience enrichissante. Une nouvelle leçon que la Souriante lui inculquait indirectement, en remerciement pour sa plus pure des amitiés.

Le temps s'écoulait aussi naturellement que leur avancée au sein du Voile Blanc, que la chute des flocons sur les vastes étendues désertiques. Même à l'abri, on ressentait déjà les affres d'une imminente et rude saison… Shakluth les bercerait encore plus quelques lunes, néanmoins Faugmi ne tardera pas à s'imposer pour la suite. La brume s'installait confortablement sur leur sillage, isolant tant bien que mal la moindre particule solaire. Les Marcheurs craignaient que cela ne se dégradât davantage, alors que les recherches furent lancées expressément tôt pour ne pas avoir le mauvais temps comme ennemi. Latone fit grincer la pierre à aiguiser sur la lame de sa faucille. Ses nombreuses péripéties aux côtés de la Chamane lui firent penser que c'était le meilleur choix dans son arsenal. Elle n'était point un génie de la guerre, mais elle saura bien souvent se distinguer par son approche non-conventionnelle du combat. Ces terres la connaissaient, elles furent son berceau de naissance. Cela la comblait de lui rendre encore une fois hommage par le sang.
" Ils veillent pourtant. L'Hozro aiguisa à nouveau son arme, tout en fixant cette énergumène qui psalmodiaient des inepties depuis tout à l'heure. Le fantôme, un brin tourmenté, invisible aux yeux des autres Marcheurs, prenait place là où l'Orisha s'était tenu, et ne lâchait point la grappe. Puisqu'il savait, il lisait en elle. Ils vivaient tous ici, heureux et épanouis, un nouveau départ loin des royaumes qui gangrènent votre confort. Il s'attarda sur la faucille rougeoyant à chaque pression exercée sur elle. Puis un jour, il but leur vie jusqu'à la dernière goutte, il draina leur chair et en fit Lui. Guère touchée par les plaintes du spectre, Latone se contenta de le darder davantage, de le dissuader par son essence de laisser sa chance aux Vivants. Ils sont là, et Lui. " L'irréel se dispersa dans le doux cyclone du Voile Blanc. Cet individu ne fut point le premier fol à cultiver des prophéties au sujet du Dévoreur, ils étaient nombreux à terrer dans leur sarcophage de glace… Pour Latone, le plus irritant dans cette affaire, c'était d'être la seule à devoir se les farcir.

La caravane finit par s'arrêter tout près de ce qu'il semblait être une piste fraîche. Un à un, les membres de l'expédition s'extirpèrent de la caravane et sécurisèrent le périmètre, attentifs au moindre signe qui méritait leur attention. D'un pas lourd, Latone s'avança vers les Yacks et laissa les pisteurs faire leur boulot. L'Hozro ne repéra aucune présence sur le plan spectral, nourrissant davantage la réputation du Voile Blanc. Ce ne serait pas avec les lamentations des défunts qu'ils retrouveront Sauzin. Tant pis, elle usera de son propre flair pour cela.
" Alors, Molosse, qu'est-ce qu'on a ? Le sobriquet fut davantage affectueux que réellement blessant. Qui aime bien châtie bien, une philosophie de vie qu'elle trouvait fort appétissante. Cependant, l'euphorie de l'instant s'estompa très vite. La brume, peu épaisse, enserrait le groupe au sein d'un carcan qui ne lui plaisait guère. Des frissons parcoururent l'épiderme de la Chamane, un danger imminent – ou, en tout cas, potentiel – était sur le point de se produire. Un à un, ils ressentirent cette impression, quelques lames fusèrent lentement tandis que les esprits s'échauffaient. Latone pivota la tête vers l'Est et remarqua, à son tour, la relève d'un brouillard. Celui-ci les couvrit progressivement, réduisant leur visibilité au minimum. Il aurait été trop tard pour déplacer la caravane : on les avait pris en chasse. Des murmures bestiaux se firent entendre tout autour d'eux. La Descente balaya son regard, aux aguets, avant de comprendre : Des Skeces. Des créatures qui prennent vie dans les brumes les plus tenaces, et plus communément les brouillards ; informes pour beaucoup, ces bestioles sont pourtant bien immuables, juste difficilement visibles pour eux. Comment imaginer que le brouillard lui-même était un ennemi ? Les gars ? " Évidemment, les Skeces profitaient de leurs formidables aptitudes pour isoler leurs proies. Latone pourrait très bien être à un mètre d'un allié, elle ne le saurait pas, elle ne l'entendrait pas du tout, et sa présence lui paraîtra si faible que son esprit n'en tiendra pas compte. Une attaque de sa part pouvait être bien redirigée vers l'un de leurs hommes… Des Skaloperies. En somme. La bonne nouvelle dans tout cela, c'était l'espérance de vie très courte de ces monstruosités ; après tout, la tempête n'est point éternelle. Surtout en présence des Marcheurs, rares guerriers à leur tenir tête en ces contrées hostiles.

La nébuleuse créature qui l'avait isolée tournoyait autour d'elle, tel un serpent se languissant de son futur repas. Par précaution, Latone déclipsa la faucille de ses chaînes : tenter des attaques sur une large zone ne serait pas avisé. Elle recula doucement et entendit des cris tout autour d'elle, certains épris par la ferveur guerrière, d'autres horrifiés. Un Marcheur parvint par miracle à rejoindre son périmètre avant d'être à nouveau englouti par le brouillard, elle devina quelques traces de sang avant la disparition totale. Une taillade lui traversa l'épaule, l'Hozro pivota en rythme pour dessiner mentalement le parcours du Skece. La bête produisait des sifflements et des craquements, prête à réitérer son assaut. Latone renifla et repéra à temps la présence meurtrière : elle tapa du pied sur le sol pour couper la charge du Skece et, entretemps, lui éclaboussa de la neige dessus. Grâce à sa main libre et sa magie, elle produisit davantage de neige pour trahir le monstre tapi dans le brouillard. Déboussolé, ce dernier encaissa une entaille de la faucille et tenta de faucher en retour la guerrière ; celle-ci repoussa le coup d'un revers de la main et fit glisser la lame courbée pour sectionner proprement la créature. Le "cadavre" partit aussitôt en poussières, un énième amas de particules dans cette tempête. La victoire lui apporta un champ visuel moins encombré, mais le vent glacial persistait et il ne lui était point évident d'estimer le nombre de Skeces dans le brouillard. La furie laissa échapper un rire bref, consciente qu'il fallait agir vite et avec panache. Elle leva la main vers les cieux et pria Vëtëtimë de lui accorder quelques miettes de sa violence. " Attention les yeux ! " Des éclairs s'abattirent autour d'elle, secouant et illuminant parfois pendant plusieurs secondes les alentours, afin d'aider ses alliés à s'y retrouver dans cette pagaille. Peut-être que cela dissuadera les Skeces, ou attirera leur attention sur elle ; après tout, Latone savait briller et irriter.


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Miles Köerta
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Miles Köerta
Jeu 25 Juil 2019, 04:35

Je tendis ma main dans la direction de Latone pour lui présenter les preuves du passage de Sauzin. Un rictus partagé entre la fébrilité et l’arrogance s’était dessiné sur la commissure de mes lèvres à la même occasion, laissant entrevoir une partie de mon enthousiasme quant à la perspective que me promettait cette traque. Je les avais d’abord aperçus, ces traces infimes, puis ensuite sentis à l’aide de mon odorat, mais même avec cela, je dû réitérer, plus d’une dizaine de fois, l’exercice de validation, inspirant de grandes bouffées d’air à tout-va afin de m’assurer de la pertinence de la trace. Et ce, jusqu’à ce que j’ordonne à Odhéra de changer notre cap et de stopper la caravane à proximité des empreintes. À présent les deux pieds dans la neige, à laisser le vent du Voile Blanc piquer le peu de chair que je laissais vulnérable à ses caprices, je me sentais étonnamment dans mon élément : celui de la Chasse, de la Traque. Même si, aujourd’hui, je ne prêtais pas mes facultés à la poursuite d’une bête quelconque venue terroriser adultes et enfants, le même sentiment m’envahissait pourtant : mes instincts de Corbeau, sans cesse nourris par les années que j’avais passé à leurs côtés, prenaient rapidement le dessus et, d’avance, je m’en excitais de manière à ce que certains – de ce que j’avais entendu – décrive mon engouement comme étant insolent. Cependant, c’est ainsi que j’avais été façonné, au fil des ans; c’est ainsi que j’avais trouvé ma véritable vocation, à force de servir comme Molosse à la solde des Corvus Æris ou de toutes autres entités. À cette pensée, je ne pus m’empêcher d’agrandir le rictus qui défigurait mon faciès, sous les coutures de mon cache-cou.

« Une odeur… Lui appris-je en reportant mon attention sur le sol, concentré à ma tâche. Elle est récente, mais… »

Je passais mon doigt sur l’étendue de neige, y prélevant quelques cristaux de glace pourpres. Délicatement, je les fis rouler entre mes doigts, constatant qu’un liquide visqueux s’attachait désormais à ma peau.

« Ça sent les ennuis », laissais-je tomber en relâchant un rire sans joie.

J’amenais mes doigts jusqu’à mon nez afin de renifler le parfum qui s’en dégageait. Celui-ci était ténu et extrêmement difficile à saisir malgré la finesse de mon odorat. Néanmoins, je parvenais à suivre l’effluve, à l’attraper du bout des doigts pour que celle-ci me guide jusqu’au fuyard que nous devions ramener auprès de ses pairs. La perception pouvait s’apparenter à une sorte de fil, un fil conducteur que je me contentais de remonter afin que ce dernier me mène à la source de l’odeur. Cependant, ce fil se mélangeait malencontreusement à travers un amalgame d’autres ficelles, toutes représentatives de parfums multiples et variés que j’avais appris à distinguer et reconnaître au fil de toutes ces années. C’est pourquoi, il me fallait démêler, une à une, chaque effluve qui se confondait les unes à travers les autres dans cette énorme pelote de laine, illustration à peine imagée du bordel qu’étaient ma mémoire et mon cerveau.

Cependant, je n’eus pas le temps d’analyser plus que cela les preuves qui se trouvaient à mes pieds. J’entendis à peine l’éclat de voix de Latone que le voile grisâtre de brume et de brouillard se densifia autour de moi, me séparant presque instantanément du convoi et des autres Marcheurs. Leurs silhouettes se décomposaient étrangement dans le verglas, me permettant de distinguer quelques expressions de stupeur et d’irritation avant que ces derniers disparaissent complètement de ma vue. Bientôt, leurs mots et même la modulation de leur inflexion ne portèrent plus jusqu’à ma position, comme si, en un instant, l’on m’avait enfermé dans un pot en verre, coupé du reste du monde. Mes sourcils se froncèrent à ce constat tandis que, dans les ombres de l’embrun de givre, une figure se distingua; une forme entre l’homme et la bête qui se mouvait à quatre pattes, et qui ne présageait rien de bon pour notre groupe d’opération. Et sans même réfléchir, cette dernière engagea l’offensive immédiatement, quittant la couverture du brouillard pour se jeter contre ma personne, dents et griffes sorties.

Alerte, les pupilles de mes yeux se rétrécirent à la manière des félins, tandis que les veines près de mes tempes se gonflèrent presque instantanément, comme si le flux de Magie les enflait considérablement. Pour autant, à la seconde où j’usais de mes dons de Traqueur, les mouvements de mon adversaire me parurent superflus et prévisibles; ce n’était pas ses gestes qui étaient particulièrement lents, puisque je ne possédais aucun don qui puisse influer sur le temps, comme il en était question, à l’époque, avec un Vampire que j’avais connu au sein des Corvus Æris. Au contraire, c’était ma vitesse d’analyse qui surpassait le temps de réaction de la créature. C’est pourquoi, en une fraction de seconde à peine, je sus ce qui me restait à faire. Levant l’un de mes bras en direction du Skece, je fis soudainement apparaître un lampion entre lui et moi. La bête freina et dérapa brusquement, prise de court par cette attaque surprise, mais se rendit rapidement compte qu’il ne s’agissait que d’une ruse. Une ruse qui, par ailleurs, avait fonctionné avec brio, puisque je profitais de l’inattention de mon ennemi pour me glisser derrière lui, effaçant et camouflant ma présence à l’aide de la Magie pour pouvoir optimiser mes déplacements furtifs. Puis, doucement, j’approchais ma main de son dos. Des éclairs, en même temps, se firent entendre non loin de ma position – du moins, c’est ce qui me semblait, tant la notion d’espace, dans ces prisons éphémères, pouvait porter à confusion. Bonne ou mauvaise nouvelle? La bonne, c’est que le Skece se laissa distraire par ce soudain déchaînement de Vëtëtimë, et la mauvaise, c’est qu’en se retournant, il remarqua, finalement, que je n’étais qu’à quelques centimètres de lui. Cela étant dit, un grand sourire s’arqua sur mes lèvres. Parce qu’il était déjà trop tard.

« Au revoir », susurrais-je à son oreille avant de façonner une boule de métal au creux de ma main, la rejetant de toutes mes forces contre l’omoplate droit de mon adversaire.

Ce dernier poussa un hurlement strident avant de tomber en poussière, ses restes retournant au tourbillon que lui et ses frères engendraient. Je m’aperçus, avec joie, que le voile qui m’entourait se dissipa quelque peu, mais mes environs m’étaient encore cachés par la brume qui enveloppaient mes compagnons. Cela étant dit, dans le brouillard environnant, je remarquais la silhouette d’un Marcheur et à cette vue, je ne pus m’empêcher de rire : le moment Latone, comme j’aimais l’appeler, était encore en train de frapper.

Et, après réflexion, ce n’était peut-être pas plus mal. Voyant que l’attention de plusieurs Skeces se tournait vers la Bleue, je dissimulais de nouveau ma présence, suivant le pas de certaines créatures que je filais à pas de loup en alliant ma vélocité naturelle à mes pouvoirs : si les Skeces profitaient de la brume pour mener à bien leurs attaques sauvages contre les voyageurs, je ne voyais aucune raison de ne pas en faire autant. Après tout, nous n’avions aucunement besoin de combattre au corps-à-corps avec ces bestioles, puisqu’elles ne possédaient qu’une seule faiblesse, en raison de leur corps qui paraissait immatériel. Avec une bonne précision et une force non-négligeable, il était possible de venir à bout des Skeces et ce n’était pas en leur coupant la tête, les bras ou même les jambes que l’on parvenait à les mettre à terre, puisqu’à tous les coups, ces créatures se regénéraient simplement en s’alimentant dans la tempête et la brume. Non, il suffisait de viser une partie de leur corps, oui, juste là, derrière ce qui pouvait s’apparenter à leur omoplate droite.

« Alors, Latone, tu en as fauché combien? » Lui demandais-je à proximité, dans son dos, alors que le corps du Skece que je venais d’éliminer s’envola dans la brume.

En entendant le nombre de créatures qu’elle était parvenue à mettre en poussière, je tirais une grimace, lui lançant un regard défiant.

« Tsk! Tu n’es pas surnommée la Descente pour rien, maugréais-je avant de reculer de quelques pas, évitant le passage d’un Skece qui ne perçu même pas ma présence, tant il était concentré sur Latone. Fais gaffe quand même! Je vais finir par te rattraper! » M’enthousiasmais-je en me replongeant dans mon style de combat, qui privilégiait la défense et l’esquive à l’attaque brute et sauvage.

Puisque, dans ma philosophie, il était mieux de terminer un combat le plus rapidement qui soit et ce, avec un coup bien placé, bien visé. C’était la manière de faire des assassins, c’était la manière de faire des gens de l’ombre. Et c’est pourquoi Latone était tout simplement parfaite. Parfaite pour attirer les regards, parfaite pour me servir de camouflage.


1 466 mots | Post III
Si tu veux, tu peux dire que Miles te vole des kills avec son mode furtif, huhu <3 /sbaf/



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Latone
Mer 28 Aoû 2019, 21:14

Dans le corps de Léto.

" Quatre ! S'exclama la furie afin de gonfler son égo. Outre sa première victime, les éclairs trouvèrent leur cible sur deux Skeces, qui trépassèrent sur le coup. Ensuite de quoi, elle eut juste à achever un dernier sur la route pour rejoindre les autres. Le destin voulut que ce soit Miles. Latone ne capta pas la joie qu'elle exprimât lorsqu'elle se rendit compte qu'elle retrouvait l'amour de Léto. Face à la ténacité de son partenaire, la bleue exprima une sorte de désaccord par un léger écart de ses lèvres, ses dents serrés tels des crocs avides. Dans le doute, on dira qu'un double meurtre donne un point supplémentaire : cinq pour moi ! Tout en lui offrant un regard de défi, elle se remit en garde. Essaye de rattraper ça ! " Contrairement à la battante, Koërta excellait dans l'art de la furtivité. Ensemble, ils semblaient inarrêtables, inatteignables.

Dans le manteau de cette tempête, trois créatures préparaient leur assaut. Latone dévoila toutes ses dents à l'entente de leurs sifflements, de leur approche imminente. De sa main libre, elle dégaina une autre lame, la fameuse courte épée qui accompagnât Léto tout le long de ses périples. En dehors des affrontements en un contre un, Latone préférait de loin utiliser tous les atouts à disposition. Une manière à elle de respecter le réceptacle dont elle disposait, également. À vrai dire, elle doutait très fortement que Miles le prît bien qu'elle fasse n'importe quoi avec l'héritage de la Souriante. Enfin, presque n'importe quoi.
" Ramenez-vous avant que je ne vous foudroie la tronche ! " Message compris ou non, les engeances de la brume fondirent sur elle, griffes prêtes à la charcuter. Durant la charge, elle remarqua que l'un d'entre s'était, "étrangement" fait prendre en tenaille par un invité surprise. Les deux autres ne remarquèrent rien et atteignirent la Guide. Elle para les deux coups tout en insufflant une portion de sa force – ou plutôt, celle acquise par son hôte – dans ses lames ; les monstres furent repoussés simultanément dans un grand souffle oppressant. Latone se jeta sur l'une d'elle et fit fuser les deux armes à travers la chair spectrale. Sans se retourner, elle souriait déjà au dernier survivant qui se fit emporter sans pouvoir faire quoi que ce soit. L'Hozro se redressa et commença à apprécier cette valse qu'elle partageait avec l'Orisha. Il était une véritable bête, une frénésie sur le champ-de-bataille. Dans un sens, elle le jalousait, car elle exécrait qu'on lui volât ses proies potentielles. C'était son but d'être le centre d'attention, sa philosophie de vie. Pourtant, d'un autre côté, elle appréciait sa hargne, sa motivation. Peut-être bien qu'il parvînt à gagner sa confiance tels ses collègues à la Vigilante, si furent exceptées les prises de bec au sujet de Linos. Miles était… un vent de fraîcheur au sein de cette tempête.

Plus véloce que ses compères, un Skece isolé sembla traverser tout le brouillard pour lui foncer dessus. Latone ne repéra sa présence que bien trop tard, esquissant une garde guère affermie, malgré tout elle put compter sur la vigilance de son frère d'arme pour surveiller ses arrières.
" Hé ! Héla-t-elle à travers la brume. Celui-là était à moi ! Elle resserra sa poigne, quelques arcs électriques prirent source au niveau de sa nuque. Je suis encore dans la course, tu vas voir ! Les éclairs filèrent le long de ses lames et de sa silhouette, profitant une nouvelle voie de son statut de leurre. Les derniers Skeces furent attirés comme des insectes et se noyèrent tout autant dans leur soif de vaincre. Les chants de Ciel-Ouvert résonnèrent dans sa tête et ses déplacements firent office de danse macabre, où les sorts et les lames se balancèrent dans un rythme endiablé. Latone se laissa emporter par cette furie dont elle était friande. Sans discrétion, ses yeux épièrent tout autant les mouvements de Miles, curieuse à chaque instant de ses intentions, afin d'anticiper lorsque l'occasion se présentait. Ceci finit par arriver au moment où elle entama un estoc suffisamment long pour toucher en même temps que le Molosse une ultime proie ; Latone termina son assaut par un mouvement rotatif, éjectant le cadavre dans la brume. Toutefois, elle y perdit l'équilibre et s'embourba les pieds dans la neige. L'unique prise disponible fut Miles qui, évidemment, chuta avec elle. Les cheveux bleus entremêlés avec les mèches argentés, Latone se redressa soudainement pour comprendre ce qu'il venait de se passer, avant de remarquer enfin la position embarrassante dans laquelle ils se trouvaient, elle à califourchon sur lui. Pour autant, en tant qu'Esprit on ne peut plus unique, la bleue se contenta de croiser les bras tout en fixant l'Orisha, un air fier gravé sur le visage. Alors, qui a gagné ? J'ai arrêté de compter à partir de dix. " Ses yeux se plissèrent succinctement, en attendant le verdict. La tempête se dissipa aussitôt, tous les Marcheurs réussirent à lutter vaillamment. " Ce n'est pas le moment de se bécoter ! " Rit l'un d'eux en les remarquant. Latone lui tendit un majeur fier en se dégageant du pauvre Orisha qui supportait la masse musculaire de la Sùlfr.

Les Marcheurs évaluèrent leurs pertes à zéro, certains en ressortaient avec des blessures mais rien de plus superficielles. Une fois les Yacks rassurés, la caravane reprit donc sa route, avec cette fois de plus gros effectifs à pieds pour répondre à toute menace imminente. Latone préféra faire ce bout de chemin aux côtés de l'Ashkaä, la Conservatrice se remettait à peine de ses émotions. Pour elle, il était vital de continuer à les exprimer.
" C'était un beau combat. " Lui concéda-t-elle en toute simplicité ; elle ne regrettait presque plus son choix de se présenter chez les Köerta. La nouvelle piste les entraînait assurément sur des territoires hantés par les engeances du Voile Blanc. Néanmoins, les Marcheurs ne reculaient aucunement ; au contraire, ils s'engouffraient avec panache dans la gueule du loup. C'était ainsi dans la Marche. Bientôt, ils atterrirent tout près d'une grotte peu profonde, où un campement de fortune fut établi mais vide. " Sauzin ou un autre ? " Émit-elle alors que lieux étaient déjà passé au peigne fin.


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Miles Köerta
Sam 14 Sep 2019, 17:11

Malgré la posture dans laquelle nous nous étions retrouvés après cette violente chute, je ne pus m’empêcher de rire à la réaction de la bleue, étirant un sourire carnassier à son attention, ne remarquant pas tout de suite qu’au cours du combat, mon cache-cou avait fini par descendre sous mon menton, révélant les craquelures sinueuses de ma peau au grand jour.

« Dix? Eh bah, dis donc, toi aussi? Ricanais-je avant de porter l’un de mes bras jusqu’à mes yeux, exhalant une longue respiration. Raaah! J’étais vraiment à dix par contre », haletais-je en reportant mon regard sur la Marcheuse, lui adressant un grand sourire, ravi.

J’avais l’impression de flotter sur un nuage malgré le poids qui se faisait sentir au-dessus de moi. Le corps de la Chamane contre le mien, la bleue me maintenait fermement au sol et pourtant, je ne m’étais jamais senti aussi léger et exalté depuis plusieurs mois. L’adrénaline se faisait encore sentir à travers l’ensemble de mon corps, brûlant mes veines et mes muscles, mes membres et ma tête, cognant l’intérieur de mon crâne avec force. La condensation que prenait mon souffle à chaque expiration reflétait l’intensité et la frénésie de l’échange et du combat qui s’étaient précédés. Je me sentais bien et serein, la quiétude actuelle de mon âme contrastant pourtant avec violence à cette hardiesse indomptable et irrésistible qui réchauffait mon esprit en ébullition. J’avais l’impression de m’être retiré d’une danse infernale, emporté par une musique inaudible qui s’était mise à coordonner mes mouvements à celui de la Descente tout au long de cet assaut à deux. J’avais l’impression d’avoir valser avec la Guerre elle-même, mais dans une danse où nous nous guidions mutuellement, sans que je ne sois envahie par elle. Bon sang, qu’est-ce que cette frénésie m’avait manqué! Une fois encore je me mis à rire, contemplant l’iris clair et célestien de ses yeux, me surprenant à perdre mon regard dans le sien. Une fois de plus, je lui souris et, sous une impulsion instinctive, ma main remonta la hanche de la guerrière. Sincèrement, il me semblait que cela faisait des années que je ne m’étais pas défoulé de la sorte, surtout en compagnie de Léto… Et à cet instant précis, j’avais envie de recommencer afin de l’entraîner dans un tout autre divertissement, de l’entendre pousser un tout autre cri, aussi bestial que réjouissant, mais la voix de l’un de nos compagnons de route brisa soudainement ma minute de fantaisie pour me reconnecter lentement à la réalité. Et alors que le regard de Latone se détachait du mien, je sentis mon sourire se décomposer sur mon visage. Bleu… Ce n’était pas le véritable coloris des yeux de Léto. Cela me pris quelques secondes avant de constater que le poids du corps de la Souriante ne me clouait plus au sol et, me relevant de la couche de neige sur laquelle j’avais été brusquement étendu, je parvins à reconstruire les traits de mon faciès pour échanger un sourire malicieux avec le Marcheur qui nous avait interrompu.

« Tu veux qu’on en parle, de la dernière fois avec Lanicia? » Lui criais-je comme répartie, voyant soudainement le rouge monter aux joues du guerrier.

Un éclat général secoua la compagnie : nous n’étions pas obligés d’être les seuls à être taquinés ici. Surtout que ce n’était pas nous qui, en plein milieu d’une réunion, avions été surpris en train de s’éclipser en douce pour pouvoir profiter d’un peu de temps intime avec une jeune cuisinière de la Vigilante. Après avoir répondu au « Va te faire foutre! » du Marcheur en étirant un rictus, nous revenions lentement de nos émotions, l’ambiance joueuse et exaltante de nos combats contre les Skeces s’altérant peu à peu pour que nous retrouvions le sérieux tout particulier et naturel de la Marche. Ce n’était pas le moment de tergiverser : nous avions encore une mission à accomplir après tout. Cependant, en reprenant la route, Latone eut tôt fait de revigorer ces souvenirs dans mon esprit.

« Et comment! Tu aurais dû te voir : on aurait dit une véritable déesse de la guerre, lui admis-je, sourire aux lèvres. Par contre, cette chute, à la fin, c’était un peu moins gracieux. J’ai tellement failli perdre mes côtes. »

Comparativement à elle, j’étais plus chétif, musclé, mais de manière plus fine, mon corps svelte palliant mon extrême vélocité, et à côté de la silhouette de la Souriante, je paraissais plutôt minuscule malgré ma grande taille. C’est pourquoi, joignant le geste aux paroles, je simulais une lancinante douleur à mon flanc, tournant néanmoins mon regard vers l’horizon. Je plaisantais, comme ça, mais je dirigeais entièrement mon attention sur ma mission, sur la piste que j’étais parvenue à attraper avant l’attaque des Skeces.

« Il pourrait tellement y avoir d’autres Skeces! Et dans ce secteur, y’a toujours trop d’Imbakas », soupira un Marcheur, au cœur des assauts du vent.

Imbaka, nom que la Marche donnait aux ours des neiges de la région, particulièrement agressifs et territoriaux, qui, au contraire de la majorité des ursidés, vivaient en clan d’une dizaine d’individus. Leurs griffes faisaient la longueur de couteau tandis que leurs crocs supérieurs dépassaient constamment de leur gueule, comme des dents de sabre. Par chance, nous n’eûmes pas l’opportunité de nous frotter à eux, les contours d’une grotte apparaissant dans notre champ de vision tandis que nous nous éparpillons dans celle-ci afin de quadriller le secteur.

« C’est Sauzin », décrétais-je avec assurance en redressant mon nez afin d’y capter les effluves environnantes.

Passant en mode traque, je me mis à explorer son antre temporaire, analysant l’intérieur du campement, remarquant une aiguille et une bobine de fil au sol, tâchées de sang. Je passais en revue la zone, captant qu’il n’y avait aucun sac dans les parages. À ce constat, mes sourcils se froncèrent.

« Il était blessé… Supposais-je en pliant les genoux pour observer les différents éléments qui se trouvaient au sol : le sang que j’avais prélevé, avant l’attaque des Skeces, pouvait en témoigner. Il était en train de coudre une plaie, mais il est parti… Précipitamment. »

Je me redressais, posant mon regard sur Latone.

« Est-ce qu’il aurait attiré d’autres bestioles? »

Peut-être faudrait-il que je fasse plus confiance à mon ouïe pour ce travail qu’à mon odorat.

« Ou tente-t-il plutôt de nous fuir? » Dis-je en grognant.

Du coin de l’œil, j’observais la progression des autres Marcheurs, ne sachant s’ils trouveraient autre chose qui puisse nous indiquer la localisation du fuyard.


1 081 mots | Post IV



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Sam 12 Oct 2019, 21:31

Dans le corps de Léto.

" Alors qu'on tente de l'aider ? " Ironisa la bleue en soufflant, davantage saoulée par le probable comportement de leur proie qu'empathique. Évidemment, Latone continuait d'espérer la survie de Sauzin, mais le jeune homme multipliait les situations dangereuses. Les Skeces, les Imbakas, sans parler des potentiels étrangers malintentionnés. Enfin, depuis leur occupation remarquable en ces contrées, les bandes criminelles limitaient autant que possible leurs activités. Verillon instilla à merveilles sa réputation dans les têtes, au point qu'on craignait davantage d'être mis aux fers par la Marche plutôt que d'être exécuté sur-le-champ. Latone pensait ainsi que cette histoire ne se résumera qu'à une périlleuse course-poursuite avec un inconscient. Et qu'ils auront tôt fait de rentrer au bercail sans encombre.

L'inspection par les Marcheurs amenèrent plusieurs hypothèses à l'affaire : Sauzin s'était bien préparé pour ce voyage. Des traces de paquetages différents ont été laissé derrière lui. Il se pourrait même qu'il ne soit pas seul dans cette entreprise. Latone en doutait, car elle faisait entièrement confiance à Miles sur ce point : s'il ne captait que la présence du jeune Marcheur, alors il était réellement seul. Pour le moment. Pour le reste, Delkan tomba sur des empreintes spécifiques à un membre de la faune locale : l'Azu. Sauf que la parfaite passivité de cette espèce fut depuis longtemps confirmer, et l'idée que Sauzin ait fui une menace en la personne de l'Azu les fit rire en chœur. Latone se laissa aller également, il était vrai que les Azus étaient des créatures plutôt livrées en pâture aux monstruosités du Voile, un animal voguant entre terre et ciel, majestueux pour les poètes, mignon pour les jouvencelles. L'Azu en question devait être seul – surtout par ce temps – et en quête de compagnie.
" C'est qu'on rit beaucoup, par ici ! S'exclama Odhéra en les rejoignant. Tous ces indices semèrent le doute chez Delkan qui quémanda l'expertise d'Odhéra, le maître des bêtes. Celui-ci confirma alors qu'ils avaient bien affaire à un Azu. C'est un animal plutôt lent d'esprit, d'où les traces bien visibles d'ailleurs. Il y en a qui sont benêts à souhait, un peu comme toi, Delkan ! On se moqua de lui un instant, avant que l'homme qui chuchotait à l'oreille des Yacks reprit, plus grave : Il doit suivre Sauzin, c'est une chance de retrouver sa trace, surtout s'il est blessé. " Latone hocha la tête : suivre l'Azu et trouver Sauzin ensuite, avec cette occasion que leur offrait la bête et grâce au flair de Miles, nul doute qu'ils finiront par enfin tomber sur cette énergumène.

" Eh ben, qu'est-ce qu'on attend ? Ils se tournèrent vers elle, les yeux braqués sur son visage. Un seul éclat dans leurs prunelles lui firent comprendre que, au fond, ils attendaient un plan d'action clair de sa part. Intérieurement, la Descente céda : elle était une Guide après tout, et surtout leur cheffe autoproclamée, au grand dam des plus ambitieux tel que Narn. Ce ne serait qu'une petite victoire à ses yeux, mais une guerre ne se remportait que par des batailles. Sans s'en rendre compte, Latone se tint plus droite, plus imposante pour rendre son verdict, alors qu'elle jouait encore avec la chaîne de Léto autour de son bras. On fonce et on le rattrape. Ils n'eurent même pas le temps de se questionner. Allez ! " Ils acquiescèrent en trombe et s'activèrent aussitôt sous l'injonction très simple et ironiquement très efficace de leur fougueuse guerrière. Pour elle, les Marcheurs devaient poursuivre sur-le-champ : Sauzin n'était plus là ? Alors autant ne pas tergiverser et faire vite, le blizzard ou les Skeces risquaient de les surprendre une nouvelle fois.

Soudain, alors qu'ils sortaient du campement, il y eut comme un déclic, un cliquetis métallique du côté de la caravane. Latone s'immobilisa, les hommes derrière aussi. Ils fixèrent leur char alors qu'il s'effaçait peu à peu à cause du brouillard ambiant, puis ils entendirent les Yacks s'agiter. Odhéra s'inquiéta, bousculant quelques-uns de ses collègues pour mieux voir. Les yeux de Latone se plissèrent, méfiante, son instinct traquant le moindre signe d'un potentiel danger. Leurs deux buffles montagnards se firent bien entendre, et leur détresse s'amenuisa peu à peu. Confrontés à la juste panique de leur gardien des troupeaux, les Marcheurs se mobilisèrent pour joindre la caravane le plus rapidement possible ; ils constatèrent alors le sabotage de leur caravane, et surtout la fuite des Yacks.
" LES YACKS ! Ses hommes répétèrent ses mots, effarés, Odhéra manquait même de s'évanouir dans la neige. Latone se tourna en direction des énormes traces laissées par les pattes et l'épaisse fourrure des bêtes. Avec moi ! " Hurla-t-elle, invitant les plus rapides à les rattraper, tandis que les autres sécuriseront la caravane, afin de commencer à enquêter sur le sabotage.

La bleue filait à toute vitesse, profitant des jambes aguerris de sa maîtresse-Chamane pour foncer. Elle enjamba assez aisément le tas de neige qui se présentait, d'autant plus avec le passage créé par les Yacks. Ces derniers prirent la montée, histoire de rajouter un peu plus de difficulté à la tâche. Latone serra les dents, avec ce froid de canard et leurs bêtes de damnés qui cavalaient dans le Voile ; à cause de quoi, qui ? Pas le moment d'y penser, là ! En plus, ces nigauds finirent par se séparer : Latone décida de suivre la trace de gauche. Elle entendait enfin le cri du Yack, elle tendit le bras pour lui chopper la fourrure, aller à son rythme.
" On se calme, mon grand ! L'Hozro tourna brièvement la tête derrière elle : elle ne voyait personne avec ce fichu blizzard. Vous allez m'aider, oui ?! Sans le vouloir, encore une fois, ses pieds s'emmêlèrent à cause de la neige. L'Esprit s'accrocha à l'animal et dut tirer, se hisser sur lui pour ne pas perdre sa trace et conserver le peu de dignité qu'il lui restait. Et la voilà à chevaucher un Yack en panique et à toute allure – vitesse de Yack. Reste là toiii ! En tant que grande bourrine, sa première idée fut de lever son poing et de tenter de l'assommer par la simple force de ses poings. Pour le plus grand soulagement de la bestiole en détresse, et celui des amoureux des bêtes, Latone abandonna cette idée avant d'essayer et opta pour la magie. Elle parasita les idées du Yack, mais ce sort ne fit qu'accélérer sa course, manquant de se viander par terre. Les doigts joints avec véhémence autour des poils bruns, la battante regarda tout autour d'elle, qu'une solution se présentât ; sinon l'envie d'en faire son dîner viendra ! Les gars ! Miles ! Qu'on l'arrête PAR TOUS LES DIEUX ! "


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Miles Köerta
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◈ YinYanisé(e) le : 20/09/2014
◈ Activité : Traqueur [Corvus Æris] | Marcheur
Miles Köerta
Sam 02 Nov 2019, 20:27

La situation du côté des caravanes semblait être sous contrôle. Un Marcheur s’assurait que l’amoureux des bêtes reprenne son sang-froid tandis que le reste du groupe s’était naturellement divisé en deux équipes : la première investiguait les alentours de la caravane et du lieu du sabotage afin de comprendre, concrètement, ce qui s’était produit pendant que nous avions tous le dos tourné. Le ou les responsables de cette confusion ne devaient pas être bien loin en réalité. Entre le moment où Odhéra avait abandonné son poste pour nous rejoindre et l’instant où nous avions pris conscience du problème qui s’agitait dehors, il s’était à peine écoulé quelques minutes, quelques minutes durant lesquelles les saboteurs n’avaient pu aller se cacher bien loin dans les environs et que le vent, caractéristique de la région, n’ait eu le temps d’effacer leurs traces de pas dans la neige. La couche était épaisse et loin d’être particulièrement solide sous nos poids : il n’y avait qu’à prêter un peu d’attention à notre situation actuelle, alors que nous progressions dans le froid et la neige, et que nos bottes s’enfonçaient plus ou moins profondément dans cette dernière à chacune de nos enjambées. Ils avaient dû laisser des traces de pas à moins que nous ayons à faire à des saboteurs flottants, voire même volants? Et s’ils avaient usé de Magie pour affoler les bêtes et les libérer depuis une distance non négligeable? Les scénarios étaient multiples et avec le peu d’indices que nous avions présentement en main, tout ce qu’il était possible de poser, n’était que des suppositions. Pourquoi avoir fait fuir les yacks? Pourquoi maintenant? Était-ce un coup de Sauzin? D’acolytes qui lui avaient filé un coup de main? Dans l’un ou l’autre des cas, la recherche des coupables n’en serait alors que plus ardue, mais l’équipe de recherche assurerait l’investigation aussi bien que la surveillance de la caravane : il était possible d’échapper à la vigilance de la Marche une première fois, mais sachez qu’il n’y en avait rarement une deuxième, et c’est pourquoi j’avais pleinement confiance que nous réussirions à prendre ces imbéciles la main dans le sac avant qu’ils nous mettent en scène un nouveau spectacle pour nous faire tourner en bourrique. Quant à la seconde équipe?

« IL EST LÀ! JE LE VOIS! » Perça une voix au milieu du givre et du vent du Voile Blanc.

Au même instant, j’atterris doucement au sol grâce à mon pouvoir de supers sauts, tournant immédiatement mes yeux en direction de la voix que j’avais aisément entendu malgré tout le branle-bas qui s’animait dans les parages. Peu importe, il me fallait me concentrer sur une seule et même cible pour le moment. Si, à mes tous débuts, la maîtrise de ces pouvoirs avait été long et fastidieux, rendant mes jours comme mes nuits presque impossibles à vivre au point où, à plusieurs reprises, la pointe d’un couteau m’avait paru charmant, voire même très attirant, aujourd’hui, je me surprenais de constater à quel point j’avais progressé et que j’arrivais désormais à me contrôler. Tout mon être me paraissait plus sensible, plus alerte et plus infaillible. Qu’il s’agisse des mouvements, des odeurs ou des sons, tout était plus forts, plus perceptibles et évidents. Et c’était sans parler de ma naturelle agilité, qui me permettait de me mouvoir aisément au cœur de l’environnement sans trop de difficulté. C’est pourquoi, en deux bonds seulement, je parvins à rattraper le Marcheur qui avait retrouvé le yack, le dépassant à mon deuxième atterrissage avant de foncer de nouveau à pleine vitesse dans le blizzard, mes dons de Traqueur et d’Orisha m’aidant à positionner rapidement l’animal des montagnes.

« Tout doux! Tout doux! » Lançais-je pour rassurer la bête en m’accrochant aux poils de son encolure, mon saut m’ayant directement fait atterrir sur le dos de la monture en pleine course, qui s’était brusquement arrêté dans sa foulée, paniquée comme une folle lorsqu’elle perçu ma présence sur son dos.

Mais l’affolement du yack ne dura que quelques secondes, mon utilisation du Nesh'Baäsa m’aidant à calmer le vif traumatisme de la bête, progressivement.

« C’est bon, Miles? Tu l’as? »

Haletant, je me tournais vers les Marcheurs que j’avais doublé, confirmant d’un signe de tête tout en me glissant au sol.

« Ramenez-le à la caravane! Il est calme maintenant, mais on ne sait jamais : tenez-le bien! Je vais voir où en sont les autres avec le deuxième yack! »

Les hommes acquiescèrent d’un hochement de tête, prenant le col de la bête avant que je ne fonce, cette fois-ci, vers le petit comité qui s’était porté garant de rattraper le deuxième yack. J’entendais des cris, une multitude de voix que je reconnus malgré la distance, mais plus je me rapprochais de leur éventuelle position et plus mon identification put se préciser, reconnaissant, à travers toutes ces intonations, la voix de la bleue. À entendre ce qu’elle disait, je pense qu’elle était l’heureuse élue à avoir retrouvé la bête perdue. Aussitôt, je changeais mon cap pour m’ajuster aux déplacements qu’effectuaient Latone, tout cela grâce à sa voix, et après un certain temps, je la retrouvais sur le dos de la bestiole, à s’accrocher fortement aux collets de la bête pour ne pas chuter. La créature était plus en panique que celle que j’avais appréhendé et, en faisant un tour d’horizon, je m’aperçus que les autres Marcheurs encerclaient plus ou moins bien le yack en cavale. Prenant une grande inspiration, j’usais de nouveau de Magie pour marquer la bestiole afin que tous les Marcheurs présents dans les environs puissent voir le yack en surbrillance. Malgré le blizzard, tous seraient alors en mesure de distinguer la créature et pourraient se diriger vers la bête pour venir en aide à Latone, même s’ils ne possédaient pas les yeux que j’avais. Une bonne chose de faite… Ne pus-je m’empêcher de songer avant d’atterrir lourdement au sol, à une vingtaine de mètres de mes compagnons qui tentaient de se rassembler autour de la bête pour la calmer. J’ai peut-être abusé… au niveau de la Magie, songeais-je en tombant au sol. À genou, le souffle court, je tentais de rattraper ma respiration à travers le tissu de mon cache-cou, mes environs s’embrouillant irrémédiablement. La traque, le combat contre les Skeces, et maintenant ça… Je ne m’en rendais compte que maintenant, mais tenir pratiquement tout en même temps mes capacités étaient un lourd fardeau qui demandait à ce que je paie un certain tribut. Et sur ces pensées, je libérais soudainement une certaine quantité d'électricité afin que l'on puisse me positionner. J'espérais que quelqu'un l'ai aperçu pour qu'il puisse venir me chercher.


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[II] - Ne cligne pas des yeux | Miles Signat16
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Latone
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Latone
Lun 11 Nov 2019, 13:17

Dans le corps de Léto.

" Je te laisse même pas une minute pour t'arrêter, sinon… ! " La brute était prête à montrer comment elle pouvait être effrayante, comment l'arme de la Marche Terne pouvait s'abattre sans sommation au nom de la Liberté ! Les idées grandiloquentes lui montèrent à la tête, la folie gangrenait peu à peu son bon sens. Latone exécrait l'humiliation, elle ne pouvait la tolérer, encore moins l'accepter. La situation lui échappait tellement qu'elle ne savait clairement plus quoi faire de toute sa magie débordante, si ce n'était la faire virevolter entre ses doigts, à l'instar d'une flèche mortelle sur le point d'être décochée… Quitte à perdre toute son emprise sur le corps de la Draugr. L'Hozro finit par saisir les cornes du Yack, parée à commettre l'irréparable. Quand soudain, elle aperçut un plumage singulier, juste sur leur gauche au loin. Ce ne serait pas… ? Elle plissa des yeux, elle n'aura peut-être qu'une fraction de seconde pour confirmer ses soupçons, tant la bestiole redoublait de vitesse à s'en épuiser. Dandinant durant sa petite marche insouciante, la créature que Latone vit lui arracha un sourire ravissant. " L'Azu ! Elle força sur les cornes du Yack pour l'obliger à le suivre, en vain étant donné l'état de la pauvre monture. Suis-le ! À quelques centimètres de sa main, un solide lasso s'enroula autour de la corne droite. Latone eut tout juste le temps de constater l'arrivée de la cavalerie avant que le Yack ne stoppât net sa charge, immobilisé par les Marcheurs. NON ! " L'Esprit fut projeté en avant et roula-boula jusqu'à l'Azu, se remit sur ses pieds en conservant la cinétique emmagasinée et l'attrapa en se jetant en avant sur lui. Calme et docile comme jamais, l'animal réputé pour son esprit aucunement vif se raidit entre ses bras. Latone n'eut guère le temps de souffler et de se questionner où il allait qu'une voix retentit à quelques mètres d'elle. " Elle est là, cours ! " La Guide releva ses yeux bleutés sur les deux hommes qui la fuyaient, ceux-là tentant de se réfugier dans quelques hauteurs jonchées des Crocs du Voile du Blanc. Est-ce que tu peux encore tenir, Léto ? Fougueuse, elle mit à exécution son pari et fonça telle une furie sur l'un des protagonistes, lui assénant un coup sur le crâne qu'il n'était pas prêt d'oublier. Quant à l'autre, un autre lasso s'en occupa, les Marcheurs ne lui laissèrent pas le loisir de se débattre bien longtemps. " Beau travail ! Va falloir dresser la cage… Ces têtes me disent quelque chose. " L'Azu quitta les bras de la furie, sûrement traumatisée à vie par ce qu'il venait de subir. Pour autant, il resta à leurs côtés, totalement benêt, à fixer quelques éclairs qui fusèrent au loin. Naturellement attirée par cet élément, Latone alla voir.

Curieusement, le corps de la Chamane semblait plus difficile à mouvoir, exactement comme toutes ces fois où elle tenta de dépasser ses limites. Malgré tout, Latone était peu encline à croire que la Souriante n'était capable que de ça ; le problème ne pouvait venir que d'elle-même. Le chemin sera encore long… Tirée de ses déceptions, la bleue arriva à la source du signal et constata, avec déjà quelques Marcheurs sur place, la reddition de Köerta.
" Il est juste dans les vapes, il s'est beaucoup dépensé… Tenta de justifier l'un d'eux, ils étaient, après tout, tous au courant de la manière de faire de leur Guide. Elle n'aimait que peu voir ses hommes à terre, résolus. Ils se disaient que, sans doute, le Molosse n'aura pas un traitement de faveur. Latone grogna un peu, le souffle quelque peu coupé par l'attroupement autour d'elle. Au loin, des hurlements félins se levaient, tandis que le ciel s'assombrissait peu à peu.
- Guide, nous avons encagés les deux fuyards. Ce sont sûrement nos saboteurs… L'Azu apparut entre ses jambes et continua son bonhomme de chemin entre les rustres. Ou des alliés à Sauzin. Dans tous les cas, on va devoir les cuisiner un peu pour en apprendre plus. Ils sont encore… réticents.
- Je vais les faire parler sur-le-champ.
Déclara la bleue, prête à redémarrer aussi vite que possible tant que la trace de Sauzin était encore fraîche.
- La nuit va bientôt tomber… Et les loups cristallins sont déjà sortis de leur tanière. Il était vrai qu'on entendait leurs jappements depuis peu, des canidés féroces dont l'appellation demeurait au bon soin des Marcheurs ; un autre débat faunique pour le Voile Blanc. Les gars sont épuisés, nous devrions lever le camp le temps de régler tout ça. Latone croisa les bras, le regard baissé, un peu comme une enfant. Ils n'étaient pas des défunts, leurs ressources n'étaient pas inépuisables. Elle allait bien devoir leur concéder du repos suite à tous ces événements. En levant les yeux au ciel, elle fut convaincue que Sauzin n'irait guère loin dans l'obscurité. Ils étaient proches…
- Bon, d'accord. Réfugions-nous entre les Crocs. Elle passa devant chacun d'eux, leur assénant un petit poing amical sur le poitrail pour les motiver. Mangez, dormez, faites-moi parler ces gugusses et on repartira cueillir Sauzin !
- Oooh ! "
Élevèrent-ils en cœur avant de s'attaquer au rassemblement.

~~~

Phoebe paraissait bien visible pour une nuitée au creux du Voile Blanc, les heures suivantes seront, avec un peu de chance, les plus calmes de leur périple. Les prédateurs du coin continuèrent leur chasse nocturne, mais le feu et l'attroupement des Marcheurs les dissuadèrent de s'aventurer jusqu'à eux. Le vent s'allégeait pour ne caresser qu'avec délicatesse les tentes aménagées en hâte. Le corps de Léto lui échappant, Latone préféra se reposer sous la toile de Miles, qui dormait toujours. " Merci. " Dit-elle à celui qui lui apporta de quoi grailler, avant de laisser place à l'intimité. Assise près de l'Orisha, étendu, l'Hozro le fixa telle une curiosité. Les sentiments humains persévéraient dans leur mystère. De par sa nature, Latone se sentait plus en phase avec les émotions fortes, les plus subtiles – comme l'attirance de la Sùlfr pour le Köerta – lui échappaient. Devait-elle trouver cet homme attirant, le constater jusque dans son âme ? Devrait-elle vraiment s'immiscer dans sa vie, avec ses enfants ? La Conservatrice aurait pu continuer de fuir, de ne pas s'engager sur ce terrain qui, au tout début, ne l'intriguait pas le moins du monde. Pourtant, depuis, c'était comme si en évoluant sur la destinée de Léto… elle s'imprégnait de son essence. Au point où elle en était, il lui était inutile de se raccrocher à une ancienne vie qui n'existait pas : elle renaissait en tant que Léto Sùlfr, rien d'autre. Penchant la tête sur le côté, elle déposa les écuelles, leur contenu encore bien trop chaud à son goût. Il fallait bien que l'Ashkaä en profite aussi, alors… Il existait une tradition à Ciel-Ouvert où on chantonnait au chevet des affligés pour alléger leurs maux, à l'instar d'une mère vis-à-vis de son enfant apeuré dans le noir. Certes, on ne prêtait pas à Latone de belles performances sur ce terrain-là, mais sa voix fut la clé pour la Porte de Linos… Un coup d'œil derrière, quelques œillades sur les côtés, l'Esprit s'assura qu'aucun Marcheur ne s'apprêtât à rentrer avant de s'éclaircir la voix. " Hum hum… " Tout bas, à portée pour l'Orisha, elle émit le refrain de "Un parfum de Liberté".

Soif insatiable, j'étouffe au zénith.
Conjurer ou réclamer la source bénite ;
Je songe, lorsque mes doigts s'effritent.

Son regard flamboyant s'égara dans un coin, ses hommes s'agitèrent pour une réplique de l'un de leurs prisonniers, apparemment. Secouant la tête, la jeune femme se rapprocha un peu plus du convalescent.

A fleur de peau, cette promesse d'une limite distante ;
Fuite de l'hiver canonique et traque de l'été onirique.
Les dévoreurs rampent sur une géhenne inconstante,
Enivrés par l'envol de cette chimère lyrique.

Ses paupières se refermèrent, singulièrement emportée par cet art. Son buste se tordait au fil des vers, penché un peu plus au-dessus du Köerta. Les longs cheveux de la blonde cascadaient autour du faciès de ce dernier.

Soif insatiable, j'étouffe au zénith.
Conjurer ou réclamer la source bénite ;
Je songe, lorsque mes doigts s'effritent.

La chanson conclue, son visage transparaissait une légèreté qu'on ne pouvait prêter qu'à la Chamane, tant les mimiques de son Hozro entachaient le portrait. Elle rouvrit les yeux sur un Miles bien conscient de son environnement. " Enfin réveillé ! S'écria-t-elle en se redressant. Tiens, mange un coup. Elle lui tendit sa part, et alterna entre bouchées et explications concises. On a les Yacks, on a l'Azu, on a deux vagabonds du Voile. Toi aussi, tu sens que Sauzin est bientôt entre nos mains ? La bleue laissa échapper une mine enchantée, son sourire et l'éclat dans les prunelles de Léto montraient à quel point Latone était ravie d'être si proche de la victoire. Dehors, la sérénade des canidés continuait de bercer, et menacer, leur aventure nocturne. Son propre repas bientôt fini, elle se pencha en arrière, les deux bras tendus vers le sol pour maintenir l'équilibre. Un morceau de sa cuillerée trônait sur le coin de sa lèvre, mais elle s'en contrefichait. J'adore le Voile Blanc ! Chaque visite me comble : dangers constants, mystères entiers ; il y a tout à y découvrir et tout à y faire ! Elle darda l'Orisha, comme pour lui réclamer son approbation, ou alors cherchait-elle, instinctivement, à le démasquer un peu plus. Il n'y a que la Marche, nous, pour fouler ces terres et en revenir grandis. " Le Voile fut son berceau, celui dans lequel elle poussa son tout premier cri. Au final, c'était une connexion qu'on pouvait expliquer mais qu'elle ne comprenait pas entièrement, tant la Vie lui semblait embrumée.


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Miles Köerta
Mer 20 Nov 2019, 00:20

J’étais éveillé depuis quelques secondes déjà, mon regard posé sur son visage léger et serein. Une énergie vibrante se dessinait sur ses traits alors que le souffle de son inflexion réchauffait doucement mes joues. L’ondulation des notes, de ses lippes, au rythme de la chanson, m’hypnotisait et je déployais toutes mes forces pour m’éviter d’être tristement repéré en train de la contempler. Mais que ne fût pas ma surprise, après que l’on m’ait brusquement arraché à mon sommeil, d’apercevoir le faciès de Léto aussi proche du mien. Durant quelques secondes, je crus à un rêve, jusqu’à ce que les sensations du froid et les bruits de l’extérieur me parviennent distinctement au creux de l’oreille. J’étais bel et bien réveillé et pourtant, Léto chantait pour moi à cet instant. Ses cheveux taquinaient mes sens, ma peau, alors que son visage frôlait pratiquement le mien. Il ne me faudrait qu’étirer le cou pour atteindre le berceau de ses lèvres et les sceller brièvement, dans un baiser. Je ne m’en rendais compte que maintenant, mais j’avais besoin de la sentir près de moi, de pouvoir la toucher : j’avais besoin de son contact.

« Soif insatiable, j'étouffe au zénith.
Conjurer ou réclamer la source bénite ;
Je songe, lorsque mes doigts s'effritent. »

Impulsivement, je m’étais mis à murmurer la fin du couplet en une drôle d’harmonie avec la Marcheuse. Ma main traçait déjà son chemin jusqu’à son visage, mais la fin de la chanson s’abattit et ses yeux, quant à eux, s’ouvrirent. Immédiatement, je sus que je venais de rater ma chance, l’illusion se brisant de nouveau à quelques centimètres à peine du bout de mes doigts alors que Latone se décalait avec un enthousiasme qui me glaça. Putain… Grommelais-je en laissant retomber mon crâne contre la couche improvisée sur laquelle j’avais été déposé. Je me forçais à lui rendre son sourire tandis que la guerrière s’éloignait légèrement pour me tendre, ensuite, mon repas. Momentanément, je considérais le dîner, avalant quelques bouchées pour faire passer mon malaise et le tournis qui m’envahissait. J’avais bien conscience que Latone n’était aucunement en faute dans cette histoire. Elle possédait son corps, son visage et à toutes les fois que je la contemplais, bon sang, je ne pouvais m’empêcher de me dire à quel point cela faisait longtemps que Léto n’avait plus été auprès de moi. Son corps était là, et j’avais cette soif insatiable à vouloir la prendre dans mes bras, mais son absence, surtout, creusait un vide dans mon âme. Et à chaque fois que je regardais la bleue, à chaque fois que je me perdais dans ses yeux, cette réalité me rattrapait et me lassait.

« Qu’est-ce qui s’est passé? » Finis-je par lui demander posément en fixant l’écuelle remplie de nos provisions, qui avaient été cuisiné par les gars pour notre repas du soir.

Mes souvenirs, après mon évanouissement, étaient flous et incertains. Je me rappelais sans mal du froid qui m’avait enveloppé au moment où mon corps s’était étendu dans la neige, mais à part cela, c’était le néant le plus complet dans ma tête. Enfin, jusqu’à ce que j’entende cette voix, sa voix. La mélodie s’était tout bonnement imposée à mon esprit, en réalité, et sans que je ne sache ni comment ni pourquoi, je m’étais détendu et avait commencé à revivre certaines réminiscences de mon passé. Les mémoires n’avaient suivi aucune ligne directrice ou bien chronologique, la naissance de mon premier enfant pouvant brusquement apparaître sous mes paupières à la suite d’une conversation que j’eus, des années auparavant, auprès de mon père. J’avais pu admirer, tel un narrateur omniscient, l’évolution de mon petit Hakiel tout en essuyant, du dos de la main, les larmes de la jeune Toesia lorsqu’elle s’était exercée à faire ses premiers pas et qu’elle s’était brutalement renversée à cause du coin d’un tapis qui traînait sur son chemin. Les mémoires n’avaient pas tous été joyeux, mais étrangement, ils s’étaient accordés aux vers de la chanson, au ton de son chant et à l’émotion que la Conservatrice avait fait vibrer au creux de sa gorge. Et à un moment, j’avais simplement ouvert les yeux, croyant à un rêve, croyant au retour de l’être aimée. Avant de réellement me réveiller et de constater la vérité. Malgré tout, ce n’était plus mon style de me plonger ainsi dans la mélancolie, adressant un sourire carnassier à l’intention de la jeune femme.

« Ouais, je le sens bien. Promis, dès que nous reprendrons la route, je lui mettrais la main dessus, histoire de me faire pardonner cette pause inutile. »

Elle ne l’avait pas précisé, mais je supposais que cet arrêt était en partie dû à mon soudain évanouissement. Tous les figurants étaient présents sur la table de jeu; il ne restait plus que l’acteur principal, qui se faisait languir, on ne savait trop où, quelque part, dans les profondeurs du Voile. Nous étions si près du but pourtant. Je relâchais un grognement, conscient que je nous avais ralentis.

Cependant, la Marcheuse me sortit brusquement de mes pensées lorsqu’elle fit simplement exploser son enthousiasme et sa fascination pour le Voile Blanc. Elle ne se tarissait d’éloges pour cet insaisissable désert enneigé, et la voir aussi fébrile me fit rire.

« Mais d’abord, faudrait que tu apprennes à manger sans t’en mettre absolument partout, qu’est-ce que t’en penses? » Plaisantais-je avant de lui prêter la manche de mon manteau, frottant minutieusement sa joue pour en retirer la nourriture.

Un peu plus, et on pourrait croire que tu le fais exprès, Latone… Ne pus-je m’empêcher de songer alors que je m’étais naturellement rapproché d’elle pour l’essuyer. Mes yeux se perdaient sur ses lèvres, un instant, et je souris pour m’éviter de m’embarrasser.

« La Marche est unique, à l’image de ce désert de glace et de son caractère imprévisible. Et franchement, c’est le plus bel endroit qui m’ait été donné de parcourir. Et j’en ai vu des endroits. Mais pas aussi enchanteur et irréel, comme celui-ci. »

C’était étrange ce que je disais. Surtout que le Voile Blanc n’était pas connu pour sa poésie, mais surtout pour ses dangers et périls. Pourtant…

« Je ne sais pas, cet isolement peut-être, aux pieds des Montagnes de l’Edelweiss enneigées, ou bien est-ce cette promesse de l’aventure, du frisson et de l’adrénaline qui m’attire tant, mais ici, j’ai simplement l’impression d’être chez moi. »

Posément, je me mis à réfléchir.

« Et c’est au cœur de ce berceau de neige et de froid que mes enfants ont vu le jour. Forcément, je m’y suis attaché. À la Marche, à Ciel-Ouvert, au Voile Blanc. »

Des étoiles se mirent à pétiller au fond de mes yeux. C’était également aux confins de cette plaine de givre que j’avais fait la rencontre de la Chamane. Une rencontre pour le moins inoubliable.

« Tu es une fille du Voile, à n’en point douter, laissais-je tomber en riant, finissant enfin ma portion de nourriture. Et une enfant des Chants. Tu n’y parais pas comme ça, mais, en fait, t'as une sacrée voix, tu sais? »

J’étirais un rictus.

« Nuages noircis, smog envahisseur.
Mon soleil, mon éternel chasseur,
Ton étreinte, tes baisers écarlates.
Telle une comète, le sauveur se hâte.

Les barreaux éclipsent la lueur du jour,
La tyrannie ferrique m'enlace toujours.
Avec moi, tous ensembles, frères de sang,
Entonnons le chant le plus violent. »

La tassant affectueusement du coude, je l’incitais à me suivre. Le temps d'un chant, un seul.

« Fais pas ta timide! J’ai besoin de me dégourdir et me fatiguer pour la nuit! Je vous ai lâché aujourd’hui, mais demain, tu verras, j’en reviendrais grandi! »


1 203 mots (sans les chansons) | Post VI



[II] - Ne cligne pas des yeux | Miles Signat16
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Latone
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Latone
Sam 30 Nov 2019, 18:12

Dans le corps de Léto.

Figée, l’Esprit sentit le bref contact sur le coin de sa lèvre, quasiment paternel à son égard. Latone n’acceptait pas forcément qu’on franchît son cocon de sécurité, du moins c’était ce que son instinct lui dictait, une attitude qui régissait le moindre de ses faits et gestes. Pourtant, cette glace qui la couvrait, elle fut en grande partie forgée par les Marcheurs, incertains sur sa nature, ses intentions, et ce depuis sa "naissance". On n’approchait pas la Descente, tacitement ; tout comme on ne découvrait pas une lame à tout bout de champ. Pourtant, Latone ne se révélait plus comme une arme au fil des années, mais telle une véritable entité à part entière. Elle acceptait que Miles ose et ne serrait aucunement les poings. Ses iris bleuis suivirent le frottement avec attention, très franchement peu habituée à ce qu’on lui daigne une telle attention. Quelque part, elle commençait à se dire que Léto avait de la chance : elle la voyait avec ses amis, avec ses proches, elle entendait ses rires en leur compagnie, leur contact si intime. Tout cela, c’était une mélodie que Latone n’effleurait qu’à peine. Comme le Köerta ne se contentait que d’une douce tendresse.

Fascinée, l’Hozro écouta l’Orisha s’empêtrer dans le même discours que le sien, leurs visions de cette partie du monde coïncidèrent avec une exactitude effroyable. Miles venait d’ailleurs mais comprenait tout autant cet amour – devrait-elle le considérer ainsi ? – pour le Voile Blanc. Elle sourit de plus belle, comme touchée par ses mots.
" C’est exactement ça ! Il n’y a pas mieux que notre Voile dans le monde ! Et Ciel-Ouvert, sûrement la plus belle œuvre de la Marche. Elle croisa les bras, tout en se tenant bien droite. Et je me dis que… on peut peut-être même faire mieux. Je ne sais pas si cette expédition à Linos nous apportera beaucoup, mais j’y irai avec frénésie, quitte à ne me contenter qu’un bottage de cul de ce fichu Bleu Roi. Elle le pointa du doigt, en se penchant un peu plus en sa direction, comme pour apporter une précision complice. Le tout dans les règles de l’art. Conclut-elle sur un ricanement propre à elle. Silencieuse un petit instant, elle finit par rajouter tout bas, sans vraiment vouloir l’exprimer. J’aurais aimé que Léto m’accompagne. " L’Esprit se souviendra pour toujours de cette promesse qu’elle émit, de devenir ensemble la guerrière la plus forte. Leur union apportait beaucoup, rien que par sa présence, que simplement la hargne de Latone. Du moins, c’était ce qu’elle croyait, ainsi imperméable du mode de pensées des Vivants.

" Tu trouves ? Au fond, cela la ravissait qu’il complimentât sa voix. Elle ne s’était pas prêtée à l’exercice pour rien. Elle devrait sûrement essayer plus souvent… Miles ne tarda pas à l’entraîner avec lui. Elle braqua son attention sur lui, écoutant son interprétation de "Ciel-Ouvert", le premier chant avec lequel elle s’était entraînée. Après tout, ne pas connaître ses classiques s’avérait être un comble pour la Cité des Chants. Rêveuse, l’Hozro ne vit pas arriver le coup de coude et ne put décemment riposter avec l’invitation de l’Ashkaä. Son aura de défi refit surface, alors qu’un air taquin se dessina sur le visage de la Chamane. Ouais, t’as été nul sur la fin. Lui lança-t-elle pour l’abattre, même si elle se trouvât bien trop délicate, pour une fois. Ce n’était pas ta journée. Elle ferma les yeux, inspirant un bon coup. Mais demain est un autre jour. "

La voix des libérés déchire le voile,
Dévoile les astres, cavaliers de l'hiver,
Sans s'éteindre, elle accompagne nos étoiles,
Elle te souhaite bienvenue à Ciel-Ouvert.

Elle rouvrit les yeux sur lui, un chouïa souriante. Ses lippes s’étirèrent davantage lorsque, entraînés par leur ariette, les Marcheurs encore éveillés se prêtèrent à l’exercice. Reprenant depuis le début l’air de leur hymne, Latone adressa un rire complice au Köerta. Ils chantèrent ensemble jusqu’au dernier vers, plus fort, louant leur belle cité à les recueillir une fois leur tâche accomplie.

Elle te souhaite bienvenue à Ciel-Ouvert.

Sans s’en rendre compte, Latone baignait dans un état où ses attaches au corps de Léto ne comptait plus. Comme si elle se libérait des entraves sans laisser tomber sa fidèle camarade. D’une ardeur endiablée, elle se leva et entonna avec entrain un nouveau chant, afin d’épuiser l’Orisha.

C'était à l'aube d'une de ces nuits
Où même la neige virait au gris
C'était à l'aube d'une de ces nuits
Où même le rouge s'était terni.

Le campement entier s’emporta dans les couplets mélancoliques, "Quand le rouge s'est terni". Certains Marcheurs, censés profiter de leurs quelques heures de repos, quittèrent même les bras d’Harabella pour suivre la troupe dans son escapade poétique. Du haut de sa taille titanesque, l’Hozro s’étirait, levait les yeux aux cieux pour rendre hommage à ce lieu si sacré à ses yeux, à ce groupuscule dans lequel elle se sentait accueillie. À travers sa prestation, Latone embrassait tout simplement son destin de Fille des Chants.

À l'aube de cette nuit
Une plume s'éleva au firmament
À l'aube de cette nuit
La guerre émit son dernier chant.

L’ultime vers s’éteignit sur ses lèvres, alors que les Marcheurs rirent et applaudirent à l’extérieur, enhardis, le moral au plus haut. Latone baissa les bras, l’adrénaline engendrée s’estompa peu à peu. Elle sentit son souffle plus affolant, comme si on la jetait à nouveau en proie aux Skeces. Futilement, l’Esprit repensa à l’adresse de l’Orisha, à ses capacités, prêt à valser dans son carnage dont elle était la source. Un instant, elle hésita à se retourner, comme bloquée. Sa tête pivota tout de même en sa direction, son œil gauche épiant la silhouette du Marcheur. " Pourquoi tu me regardes comme ça ? Bien qu’elle n’attendît pas spécialement de réponses – les Hommes ayant tendance à la perturber de par leurs étranges actions – il lui paraissait bon de comprendre les pensées de son camarade. Elle se retourna entièrement, sans pour autant se rapprocher de lui, fière et droite. Ce n’est pas tout, mais j’espère t’avoir suffisamment épuisé. T’es sûr que t’as pas la voix trop enrouée ? Rajouta-t-elle avec taquinerie, fidèle à elle-même. Je sens que ce corps a besoin de son repos salvateur. J’ai toujours su que Léto était incapable de suivre ma fougue, héhé. La titanide s’assit en seiza, les mains bien à plat sur les cuisses. Hâte de te voir grandi, demain. " Son sourire s’effaça peu à peu et ses paupières se refermèrent sur les ténèbres. Au fil du temps, Latone s’était exercée à rentrer dans cet état semblable au sommeil des mortels ; l’esprit s’égarait dans le néant de son âme, tandis que le corps se reposait, récupérait progressivement de la journée. Incapable de s’engouffrer dans les songes, l’Hozro se contenta de cette altération de l’inertie.

~~~

Latone sortit de sa léthargie quelques heures plus tard, bien avant que le départ se devait d’être prononcée. Dehors, le froid mordait mais ne frappait pas, pas encore. Elle se releva, constatant la somnolence très invasive de Miles. Ah, c’était donc ça dormir ? Ce devait être une maladie commune à tous les humains. Quoi qu’il en soit, elle sortit rapidement d’ici pour rejoindre quelques Marcheurs près de la cage. On avait offert une boisson chaude aux prisonniers, et on les avait surtout déplacés hors de l’extérieur. " Ils ont été plus coopératifs que prévu. Devine quoi, ce sont des amis à Sauzin… Du moins, eux aussi ont organisé leur petite escapade. Ils regrettent. Constata-t-elle dans leurs regards. Latone croisa les bras, il ne lui était pas si difficile de comprendre les codes. Peut-être devrait-elle s’y adonner davantage pour mieux les régner… Nous avons la position de Sauzin. Il a dû se réfugier près d’un Croc non loin d’ici. Est-ce qu’on envoie les éclaireurs avant que le jour ne se lève ? " L’Hozro fixa les bambins, effrayés autant par les menaces du Bleu Roi que par leurs propres manières de faire. Mettre aux fers leur propre peuple… Jusqu’où cette mascarade ira-t-elle ?

" Évidemment ! S’époumona-t-elle pour relancer l’ardeur de ce corps. Qu’on relâche l’Azu, s’il tient tant à retrouver son copain, qu’il nous y emmène ! Prévenez nos meilleurs pisteurs et en route. Dagnomm, tu prends les commandes du campement. Que la caravane soit prête et les autres sur le pied de guerre à notre retour. Elle frappa les poumons de Léto, galvanisée. Entonnons le chant le plus violent ! " Ils y répondirent avec entrain.

Sur le point de partir, Latone termina de resserrer les lanières de son équipement lorsque Miles se présenta enfin à elle. Sans s’y attendre, les lippes de la Souriante éclaircirent son visage.
" Ce sera une course. Elle savait que, l’Orisha aussi, était électrisé par la compétition. Mets-lui la main dessus, tu m’en as fait la promesse. Son sourire se mua en l’incarnation de la démence. Mais sache que je ne te laisserai pas faire. " Qui en aura le prestige ?


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Miles Köerta
Sam 04 Jan 2020, 01:47

Musique du Yicaly : Can’t Fight This Feeling par Bastille ft. London Contemporary Orchestra

« Pourquoi? Parce que je te trouve absolument magnifique! Voilà pourquoi! » Souriais-je en laissant échapper un dernier rire de ravissement, sans aucune gêne quant à ce que je venais de lui avouer.

L’euphorie de l’instant me prenait encore les tripes au moment où je lui avais partagé ces mots et pourtant, je ne les regrettais ou ne m’embarrassais aucunement de ceux-ci, bien content, au contraire, d’avoir pu lui transmettre ma pensée sans filtre ou hésitation. C’était ce que je ressentais après tout, ce qui avait traversé mon esprit dès que mes yeux s’étaient posés sur sa silhouette. D’une valse théâtrale, dans un dernier pas croisé, dans une ultime expiration relâchée par ses poumons d’acier, elle s’était doucement arrêtée dans la frénésie que nous avions enclenchée, observant les Marcheurs qui s’étaient joints à son ivresse à l’instar d’une cantatrice qui saluait depuis le haut de sa scène la foule qu’elle avait levé, réchauffé et fait vibrer au plus profond de leur être et de leur âme. Je l’avais regardé à cet instant-là, et je n’avais pu m’empêcher de la trouver tout simplement éblouissante : l’Éclat du Voile Blanc brillait encore ce soir malgré la nuit noire qui nous enveloppait de toute part. Alors que nous dansions à nous en essouffler les poumons, que nous chantions à nous en briser les cordes vocales, l’étincelle et le feu de Ciel-Ouvert s’étaient brusquement éveillés au cœur de son indomptable lieu de prédilection. Et je réalisais, une fois de plus, pourquoi je me sentais si bien dans ce domaine de blizzard et d’hiver perpétuelle, malgré les dangers et les houles insoupçonnés qui pouvaient nous emporter. Car, peu importe ces derniers, j’avais l’impression que nous pouvions tout contrer. Le Bleu Roi? Nous l’écraserons. Les Skeces? Nous les balayerons. Les vents et les tempêtes? Nous les déchirerons. Tout me paraissait possible, accessible et ce, par l’unique force des chants qui nous unissaient.

« Oh, tu sais, j’ai Toesia Eses à la maison : à elle seule, elle compte pour trois gamins. Il m’en faudra plus pour perdre la voix et tomber de fatigue, j’peux te l’assurer », plaisantais-je tout en me laissant, pourtant, tomber au sol, sur le séant.

Un mouvement de la part de la guerrière attira mon attention et je remarquais que la Descente s’abaissait jusqu’au sol, s’asseyant sur ses jambes dans une posture de méditation. Je n’y prêtais qu’un bref intérêt sur le moment, mais lorsqu’elle formula ses salutations pour la nuit, je ne pus m’empêcher de relever un sourcil, intrigué.

« Sérieusement? Tu vas vraiment dormir comme ça? »

La bleue m’adressa un sourire en guise de réponse, ce dernier s’éteignant doucement au fur et à mesure que sa léthargie l’envahissait. Je la dévisageais, plus curieux que véritablement choqué, me disant néanmoins que ce serait certainement plus confortable pour elle de s’assoupir en se couchant au sol. Je haussais mollement des épaules, exhalant un soupir, esquissant un sourire.

« À demain, Kaosh mhel Keajiak… »
« À demain, Fille des Chants… »

Latone semblait apaisée, sa tête dodelinant à peine malgré la position dans laquelle elle s’était figée. Cependant, plus je la contemplais ainsi et plus un éclat intéressé se mit à briller au fond de mes pupilles vermeilles. D’un mouvement parfaitement silencieux, je me décalais sur le côté pour lui faire complètement face. À mon tour, je m’assis en posant mes genoux contre le sol, me surprenant à perdre mon regard sur le basané de sa peau. Tendrement, je tendis mes bras dans sa direction, encadrant son visage entre mes mains, qui se mirent à caresser délicatement les lignes de son faciès. Mon cœur battait follement au fond de ma poitrine, je pouvais l’entendre distinctement se fracasser contre ma cage thoracique. J'étirais mes lèvres dans un sourire qui dévoila la blancheur de mes dents, et je finis, tout bonnement, par me redresser de ma posture initiale pour coller mon front contre celui de la belle. Une joie indescriptible prenait mon cœur et mon âme d’assaut, alors que je pouvais sentir son souffle doucement se briser contre la chair fracturée de mes mains.

« Aärk hëmjinilsh ejk Därka gölsh kaälif, murmurais-je si faiblement que je me demandais si je ne m’étais pas imaginé prononcé ces mots de vive voix. Toesia et Kaine se portent comme des charmes et Latone tout autant. Tu nous manques, à chacun d’entre nous, mais nous restons forts : le tout dans les règles de l’art, comme dirait ta protégée. »
« J’espère que tu vas bien »

Je m’écartais momentanément, parce que la seconde suivante, je glissais doucement mon visage sous le nez de la Chamane, lui volant un baiser en refermant mes lippes sur les siennes. Un courant électrique traversa tout mon être à cet instant précis, extatique et ravissant. J’esquissais un sourire contre ses lèvres, me reculant doucement tout en conservant, malgré tout, son visage entre mes doigts, qui repassaient distraitement sur les courbes de ses pommettes. Je la contemplais longuement, amoureusement, sans oser briser pour autant le toucher que je maintenais entre nos deux êtres. C’était… étrange et si réconfortant à la fois. Il s’agissait vraiment d’une drôle d’impression en réalité. Je savais qu’elle n’était pas réellement là, mais pouvoir lui parler, la toucher et me rapprocher ainsi d’elle, faire perdurer ce contact qui me tuait de créer depuis le début de la journée, cela suffisait pourtant à me combler d’un bonheur follement recherché et d’une prospérité que je ne saurais adéquatement définir entre l’allégresse et la tendresse. Si Kaine m’entendait… Il me prendrait pour un tordu… La réflexion fit chemin jusqu’à mon esprit à l’instant où je pris conscience que je m’étais vraiment tenu trop longtemps dans cette position. Qu’attendais-je exactement? Qu’elle se réveille, peu importe la personnalité qui prendrait le relais? Que Léto réapparaisse subitement et me réponde par un nouveau baiser? Légèrement embarrassé, je secouais vivement la tête, perturbé par mes propres pensées.

« Raaah! Je m’fous moi-même les j’tons maintenant! » Marmonnais-je en retirant vivement mes mains de son faciès pour mieux enfoncer le mien à l’intérieur de mes paumes.

Étais-je à ce point obsédé par la Chamane ou n’était-ce qu’aujourd’hui que j’avais un si grand besoin de rapprochement? Je finis par relever la tête dans sa direction, admirant une dernière seconde l’expression détendue de ses traits. À cette vue, je sentis un sourire jouer sur le bord de mes lèvres. Obsédé ou non, cette femme était véritablement tout pour moi.

« Douce nuit, Léto… Je t’aime. »



Le lendemain matin, Latone était d’une humeur absolument éclatante.

« Je t’ai promis Sauzin, et tu l’auras, mais si tu te mets sur mon chemin, je ne te ferais pas de cadeau, Descente ou pas. »

Je bronchais à peine à l’air de défi qui maquillait les traits de la Marcheuse. Elle voulait déjà jouer à ça, si tôt dans la matinée? Humpf… Ça m’allait parfaitement en réalité. Si je n’étais pas bâti pour les longs combats au corps-à-corps, j’avais pourtant pleinement confiance en mes capacités de pisteur et de coureur, ayant, durant des années, parfais mes sens pour en arriver à ce résultat.

« On n’arrête pas un molosse sans laisse lorsque celui-ci a ciblé sa proie. »

D’un geste, je portais mon sac à mes épaules, lui adressant un rictus railleur.

« On se revoit sur la piste de course », la saluais-je en me rapprochant de notre équipe.

Le départ, après un instant, fut alors décrété, une partie de l’expédition ayant été mandaté pour surveiller notre camp tandis que la seconde moitié s’occuperait de sortir Sauzin de son trou. Je pris une grande inspiration, laissant mes poumons se remplir de l’air glacial du Voile Blanc. La moitié du visage dissimulé derrière mon cache-cou, je portais mon regard sur l’Azu que l’on venait de libérer. Dans une tempête de plumes et de piaillements, l’oiseau quitta son abri dans un soubresaut fou, ses longues pattes l’entraînant dans une course effrénée. Je tournais alors mon visage vers la bleue, la gratifiant d’un clin d’œil. Et, sans plus de cérémonie, j’étais… parti. Je n’attendis même pas que les Marcheurs esquissent leurs premiers pas, filant comme une flèche dans la direction qu’avait pris l’oiseau du Voile tout en aiguisant ma vue et relevant mon nez. Mes supers bonds me permettaient rapidement de réduire la distance qui nous séparait encore des Crocs alors que ma vue et mon odorat cherchaient à retrouver de quelconques traces de Sauzin dans les environs. Tsk! Pestais-je intérieurement, conscient qu’il aurait été vraiment plus simple de le coincer la veille, alors que la neige n’avait pas encore eu le temps d’effacer ses pas. Aujourd’hui, le plateau avait de nouveau été tourné et retourné sous la force des bourrasques, empêchant toute identification de traces à sa surface.

À intervalles, je surveillais mes arrières, conscient de la progression de mes camarades – et de la Marcheuse, tout particulièrement. Atterrissant une énième fois sur la couche de neige, je pris quelques secondes pour retrouver la piste de l’Azu avant de me propulser de nouveau dans les airs, favorisant de bas et courts sauts secs et rapides pour les préférer aux grands bonds étendus, qui ne m’auraient en rien donné l’avantage en matière de vitesse. Car, à l’heure actuelle, je ressemblais à un animal en pleine chasse, n’hésitant pas à enfoncer mes mains dans la neige pour amortir mes descentes et renforcer mes élans vers l’avant. Où te caches-tu? Où te caches-tu, Sauzin? Mes narines analysaient chaque souffle que j’inspirais, tentant de retrouver le parfum du fuyard de Ciel-Ouvert. Les Crocs se rapprochaient de plus en plus, mais l’odeur du fils de Kergaron n’était encore en rien percepti… Mon corps eu un brusque sursaut… Mes yeux se plissèrent tandis que les veines à mes tempes se gonflaient exagérément. La bestialité de mon sourire, dès lors, se reconnu sur mon visage.

« Sauzin… »

J’émis un ricanement, freinant brusquement mon pas dans la neige, qui ne put être complètement arrêté en raison de la glisse qui entraîna mon corps dans un drôle de dérapage.

« IL EST PARTI VERS L’EST! » Hurlais-je à l’attention de mes camarades, le souffle court et l’haleine coupée, prenant néanmoins quelques secondes pour dessiner une flèche dans la neige afin d'indiquer, à la minorité qui traînait derrière, la direction prise par notre déserteur.

Ce travail accompli, je repris ma course sans plus tarder. J’étais motivé à retrouver Sauzin. Pour son propre bien, pour son père qui s’inquiétait, mais ça aurait été mentir que de dire que le défi de Latone n’y était pour rien. L’adrénaline aiguisait ma détermination, mon instinct, et mon terrible esprit de compétition pour tout vous avouer. Mais cela, sans conteste, payait. Parce qu’à ma vue, des traces de pas se distinguèrent progressivement dans la neige. Je m’arrêtais, les examinant, écoutant, à quelques mètres de là, l’avancée effarante de mes compagnons. Je redressais la tête, sondant le désert qui se profilait sous nos yeux, les veines tout près de mes yeux devenant proéminentes. C’est alors que je m’aperçus d’une ombre à travers l’immaculé de la neige. Mon cœur failli rater un battement, ma respiration s’affolant encore plus. Aussitôt, je repris mon sprint, alliant ma vitesse et ma vélocité pour le rattraper le plus rapidement possible. En même temps, j’apposais à distance la Marque de l’Assassin sur notre cible, afin que tous les Marcheurs présents puissent voir la silhouette de Sauzin en surbrillance. Et je continuais de m’avancer, de me rapprocher, poussant mes muscles à leurs limites afin de distancer au mieux ma compétitrice de l’heure. Je pouvais entendre ses pas qui faisaient craquer la neige sous son poids, je pouvais entendre ses halètements, qui se mêlaient, à mes oreilles, à mes propres essoufflements. Et pourtant, dans un dernier saut, je fus le premier à plaquer violemment Sauzin par terre, qui venait soudainement de prendre conscience de la chasse dont il était la proie. Haletant comme un bœuf, cela ne m’empêcha pas de lui adresser un sourire, visiblement satisfait.

« Tu t’en allais quelque part? Expirais-je tout en le maintenant solidement au sol, l’arrivée tout aussi rapide de mes partenaires s’accompagnant de leur courte respiration. Sérieusement, t’as vraiment été une plaie à retrouver… »


2 026 mots | Post VII | Je… n’ai aucune excuse : je me suis emportée /sbaf/ En tout cas, Sauzin est tout à toi XD



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Latone
Dim 05 Jan 2020, 23:56

Dans le corps de Léto.

Il l'a embrassée. Se le répéter lui paraissait aussi anecdotique qu'important. Latone ne se sentait pas directement visée par les actes du Köerta ; alors que, quelque part, elle le devrait. Toutefois, la défunte et anomalie du Cycle ne s'encombraient pas de la perception des Mortels. Ceci représentait autant sa force que sa faiblesse. Son regard azuré et brûlant lorgnait du côté du Molosse du Voile Blanc, jusqu'à qu'il s'adonnât à sa chasse. " Qu'est-ce que vous attendez ?! Allez, on le poursuit ! " Enjoignit-elle la troupe pour effacer cette réflexion parfaitement mal placée en l'état. Miles était peut-être l'un de leurs meilleurs pisteurs, pas question de le laisser prendre toute la charge sur ses épaules. Encore moins avec elle dans les parages qui voudra, comme énoncé, toujours grapiller une place de choix sur le devant de la scène. Néanmoins, l'ardeur affolante qui animait l'Esprit s'éteignit aussitôt que les Marcheurs émirent leur cri de guerre. Cette scène de la veille la hantait trop. Elle ressentait encore le toucher de l'Orisha sur son visage, le contact de leurs lèvres. Même en passant ses doigts sur sa bouche, rien ne fît disparaître cette incessante sensation, c'était comme si elle replongeait à chaque fois. Être Léto, hein ? Non, ce n'était plus possible. Elle était née dans ces montagnes, elle y vivrait jusqu'au trépas, du moins jusqu'à que ce corps pourrisse et qu'elle trouve un autre moyen de maintenir l'emprise sur ce monde. La Marche comptait trop pour elle et maintenant, cet homme rentrait tout autant dans son histoire. À cela, pour l'une des rares fois, elle ne sut comment répliquer.

" Il l'a. " Évidemment, l'Éclat ne doutait pas une seule seconde qu'il avait réussi à le chopper. Entre un éclaireur surentraîné et un garnement effrayé, il existait un gouffre. D'un pas assez léger, une hâte sans pareille la fit flotter jusqu'à l'Ashkaä, maintenant le principal souci de leur expédition. Sans vergogne, elle bouscule d'une main l'Orisha pour choper Sauzin et le relever. Sa poigne sur son col se resserra et elle lutta avec vigueur pour ne pas laisser cette main emplie de violence filer droit dans les gencives de cet idiot. Les yeux de la Chamane, écarquillés et rougis par la colère, lancèrent un froid beaucoup plus virulent au sein de la troupe, la plupart – connaissant la brutalité de leur Guide – craignait un débordement qui serait injustifiable pour Kergaron. Latone brûlait intérieurement, enhardie par ces émotions qui lui échappaient. Serrant les dents, elle se focalisa sur le réceptacle de la Chamane pour noyer sa nature. Soudain, Sauzin se retrouva dans ses bras, l'air à la fois ahuri et terni par le regret. Il se mit à pleurer sur son épaule durant l'étreinte, Latone se contentant de le maintenir en place ; une ou deux tapes sur l'épaule, c'était également comme cela que Léto affirmait son ascendance. Lorsque la raideur de ses muscles perdit en intensité, l'Hozro relâcha tout autant sa domination et fit glisser ses mains sur les frêles épaules du petit, qui se morfondit en une moue désolée. " Bon, ce n'est pas tout, mais tu vas faire le retour en cage. " La Marcheuse lui adressa son sourire le plus éclatant, et surtout le plus malicieux.

En n'adressant qu'une simple œillade approbatrice, Latone s'éloignait de Miles et s'enfermait dans un profond mutisme vis-à-vis de tout ça. La mission était terminée et avec un franc succès, autant dire que l'euphorie passa à une vitesse remarquable. La bleue se comportait toujours ainsi, comme si elle redescendait d'une ascension trop rapide. Ainsi, lorsque les deux groupes se réunirent et que le campement fut déjà levé, la caravane reprit le chemin du retour, et ce sans le moindre encombre. Latone n'offrit que quelques regards en direction des fuyards, à des collègues également, mais tout autant au Köerta, à qui elle n'ouvrit pas une seule bribe de conversation. La route vers Ciel-Ouvert prenait alors des allures de pèlerinage, tout en solennité et silence. Pour elle, c'était relaxant, mais également annonciateur du calme avant la tempête. Par contre, ils ne parvinrent pas à se débarrasser de l'Azu, grandement attaché à Sauzin.

À Ciel-Ouvert, Kergaron les accueillit en premier et on ouvrit aussitôt la cage une fois les détails passés. Latone salua de loin la gratitude du père et les Marcheurs réglèrent ainsi les dernières broutilles. On vint également cueillir ses complices. En somme, l'affaire se cantonnait à un trio de garnements souhaitant faire le mur pour toujours. Pourtant, ils étaient plus en sécurité ici qu'en dehors, et l'Éclat comptait le prouver.
" Merci Odhéra pour la caravane, tes bêtes sont solides ! Le concerné renvoya le compliment et salua ses frères d'arme avec entrain. Certains, ce soir, fêteront leur dur labeur accomplir. Miles, je te raccompagne. Annonça-t-elle d'un coup à l'Orisha, une fois que celui-ci fut libéré des accolades. Ils marchèrent d'un pas assez affirmé à travers les rues du quartier Aria. Pas un mot fut prononcé lors des premières secondes, et à vrai dire, Latone voulait grappiller le flambeau en première. Seulement, ses yeux plissés et dirigés à moitié vers le sol trahissaient une intense réflexion. Hra Commença-t-elle, plutôt incertaine, avec un accent que le Corvus devrait sûrement reconnaître. Hrakeri (Félicitations) ? C'est comme ça qu'on dit ? Oh, elle ne cherchait pas à réellement assimiler son dialecte, d'autant plus qu'elle-même n'avait guère d'attache. Mais Ciel-Ouvert partageait une histoire avec les Orishas, il n'était ainsi point rare d'entendre quelques-uns de ces mots. Les innombrables marches cernant Verillon se dessinèrent sous leurs pieds. Quand je serai revenue de Linos, je passerai. Elle le fixa. Chez toi, avec les enfants. Elle reporta son regard sur l'ascension. Ce sera mon repos, je suppose. Puisque je reviendrai avec sa tête et toute une cité à mes pieds, héhé. Son ricanement ne dura qu'une minime seconde. On se fera quelques passes d'arme, Kaine en profitera pour tenter sa chance aussi, et pourquoi pas Toesia. Il y a toujours ce type-là, comment il s'appelle, Dærion ? Bref, y a intérêt à avoir un bon dîner, car j'aurai très, très faim. Le quartier Ode, avec ses chants si raffinés et ses nombreux bardes à chaque coin de rue, se profila au fur et à mesure. Latone elle-même connaissait l'itinéraire pour se rendre chez les Köerta, car après tout, elle devait être Léto. Donc voilà, préviens tout le monde et… L'Hozro s'arrêta tout en pivotant vers lui. Elle ouvrit la bouche et la referma, abandonnant sa première idée, hésita un brin et finit par confier : Léto t'aime aussi. " Sans se retourner, la Guide se dirigea plutôt en hâte vers la Vigilante, trahissant sa discrétion vis-à-vis de la relation qu'entretenaient les deux tourtereaux. Enchaînée entre les deux êtres, Latone n'émit qu'un vœu : s'en délivrer.


1188 mots ~



By Jil ♪
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[II] - Ne cligne pas des yeux | Miles

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