La Forêt des Murmures

Région ancienne à l’histoire trouble, la Forêt des Murmures paraît liée à l’essence même des Alfars. Discrète, son aura mauve n’inspire pas nécessairement la peur au premier regard. Pourtant, ils sont nombreux à se méfier de ces bois immenses et symétriques, à raison. Celui qui demeure trop longtemps en ces lieux pourrait bien y laisser la vie. En définir les contours est complexe : elle change, s’adapte et trompe les sens. Le quidam peut penser être resté à la lisière de bois pendant quelques minutes, avant de se retourner pour contempler des arbres à perte de vue.

Un visiteur se rendra rapidement compte que la vie au sens où il l’entend semble avoir quitté ces terres. Certes, la végétation règne, mais elle forme un paysage trop parfait, irréel, que l’on croirait sorti de l’imagination d’un artiste lugubre. Le décor en général lui semblera vide et faux, l’atmosphère s’assombrira. L’étranger pensera certainement être plongé dans une illusion, mais se pincer ne le réveillera pas. Tout est réel, et il ne pourra en réchapper que si la Forêt le désire.

Ensuite viendront des voix, à peine perceptibles et pourtant rapidement infernales. C’est ce phénomène qui donna son nom à la Forêt des Murmures. La panique commencera à le gagner, tandis que la brume qui couvrait à peine les lieux s’épaissira au point de devenir opaque. Plus de temps il passera à fouler ce sol, plus les mirages se multiplieront. Il entendra quelqu’un marcher derrière lui, alors même que ses propres pas seront anormalement muets. Il se sentira suivi. Il croira voir une créature l’épier au loin. La beauté de ce phénomène fait qu’à ce stade, il est difficile de différencier ce qui est issu de la magie des lieux des psychoses inventées par le cerveau de la victime. Les deux ne feront qu’un, à un moment ou à un autre.

Beaucoup sont fascinés par cet endroit, à en oublier le nom et l’essence de ceux qui vivent en son sein. Cette erreur est grave. Les Alfars sont prêts à assassiner tout intrus qui se ferait trop curieux, et capables de tisser les légendes les plus atroces pour conserver leur tranquillité. Rares sont les indésirables qui osent pénétrer les lieux, et les enfants de Dothasi s’assurent que la légende ne perde pas en horreur avec le temps. Le lien qui existe entre la Forêt et ses habitants est unique. Impitoyable et symbiotique avec les elfes au cœur noir, elle leur offre ce dont ils ont besoin tout en punissant ceux d’entre eux qui ne feraient pas preuve de prudence.

Comme toujours, les rumeurs abondent, de la part des étrangers. Certains pensent que des trésors cachés attendent celui qui saura triompher de cet endroit, ce qui pousse quelques jeunes assoiffés d’aventures à s’approcher. D’autres disent que les lieux recèlent de nombreux secrets, mentionnant des donjons souterrains et autres manoirs immatériels au milieu des ronces. Officiellement, en dehors des cités de Drosera et de Shali, il n’existe que peu de constructions. L’une d’elles est un bastion de la Faction des Épines. Malheureusement, il est invisible et ne vient donc pas perturber le schéma répétitif des arbres. Pour le voir, il faudra donc être un Alfar et appartenir à l’ordre correspondant : écouter le murmure des Amarantes est le seul moyen d’être guidé jusqu’à l’entrée. Le Souverain du peuple est l’une des rares personnes extérieures à la Faction capable de s’introduire à l’intérieur du bastion.

Toutefois, la Faction des Épines n’est pas le seul ordre à s’être implanté au creux des bois. La Coalition des Ombres essaye généralement d’expérimenter en dehors de la ville, et construisit entre les ronces un avant-poste paré à toute éventualité. C’est aussi là que finissent la majorité des jeunes aventureux mentionnés plus tôt : ils font des sujets de laboratoires gratuits et pleins de vitalité, prêts à parer les contrecoups des artefacts. Confiants, les architectes décidèrent de ne pas dissimuler ce bâtiment. Seul un fou oserait attaquer un lieu gardé, d’autant plus lorsque ce dernier est fortement armé en reliques.

Informations

Qui peut fouler le territoire ? : Toutes les races des Terres du Yin et du Yang peuvent fouler la Forêt des Murmures. Toutefois, au vu des rumeurs qui courent sur les lieux, il est rare de croiser autre chose que des Alfars dans les parages.

Niveaux de dangerosité :
■■■■□□□□□□ : Les Alfars doivent faire preuve d’une certaine prudence, la forêt n’étant pas protégée. Cela étant dit, le don d’Envoûtement leur permet généralement de rester maîtres de la situation, et ils connaissent assez bien l’endroit pour éviter ses recoins les plus dangereux. Il est déconseillé de s’éloigner des villes si l’on est seul ou jeune.
■■■■■■■□□□ : Un étranger pourra rester à l’orée de la forêt un certain temps. S’il est chanceux, il partira aussi facilement qu’il est venu. Cela dit, il est aussi possible que ces bois le piègent. Dans ce dernier cas, s’en sortir sans séquelles est inenvisageable.
■■■■■■■■■□ : Un Alfar ne devra pas s’approcher de l’avant-poste de la Coalition des Ombres sans faire partie de l’Ordre, sous peine d’être réprimandé et sommé de s’éloigner. Un étranger, en supposant qu’il ait pu s’avancer aussi loin dans la Forêt, sera tué sur-le-champ si les Alfars le voient. Le gouvernement peut offrir des laissez-passer, mais la chose est rarissime.

Saisons :
- Drarohi : Assimilée au printemps, bien qu’un Alfar se défendrait de cette appellation. Les parterres de fleurs colorés et denses se retrouveront rarement, ici. Drarohi est une saison courte, caractérisée par une augmentation du nombre de champignons et autres moisissures due à l’humidité gagnée durant Llarum. La brume y est conséquente.
- Llodien : Assimilée à l’été. La température augmente légèrement, et la brume se raréfie. Les lieux sembleront moins menaçants, en cette saison. Pourtant, c’est aussi la période où certaines des espèces les plus dangereuses de la région chercheront à se reproduire. Mieux vaut donc faire attention où l’on marche.
- Vethres : Assimilée à l’automne. Cette saison est particulièrement courte, et sert la transition entre Llodien et Llarum. Les lichens, particulièrement la mousse, meurent et sont ensuite dévorés par la faune locale. L’atmosphère de la Forêt dissuade les étrangers d’y mettre les pieds, bien que ce soit en vérité la saison la plus calme en termes d’illusions.
- Llarum : Assimilée à l’hiver. Il ne neige pratiquement jamais, en ces lieux. On reconnaît donc l’arrivée de Llarum par des pluies conséquentes, pouvant durer plus d’un jour. La visibilité y est très mauvaise, et les accidents fréquents. Les Alfars seront prudents, en abordant cette saison.

Langues : Dans la Forêt des Murmures, la langue des Alfars, le Llandreri, est parlée. Cela étant, le langage commun est appris et compris par la majorité des habitants.

Économie : Les Alfars élèvent des scorpions, serpents et araignées endémiques. Leurs papiers et parchemins sont aussi produits à partir d’arbres uniques à la région. Néanmoins, ils ne vendent pas en ces lieux.

Monnaies : La principale monnaie ici est la Nasis. Les pièces de bronze, d’or et d’argent sont acceptées, mais puisque les ventes se font entre Alfars la majorité du temps, leur circulation est rare.

Religions : Sur les terres des Alfars, Dothasi est la plus priée. D’autres cultes ont cours, notamment celui de Méli, mais ils n’empiéteront jamais sur le respect que les Alfars portent à leur Déesse Protectrice.