Le Deal du moment : -25%
-100€ Barre de son Hisense Dolby Atmos 5.1.2
Voir le deal
299.99 €

Partagez
 

 La Couronne de la Nuit [Solo]

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
Invité
Invité

avatar
Dim 31 Mar 2019, 16:16



La Couronne de la Nuit

« Arrête de faire ta mauvaise tête ! » maugréa-t-il, en attrapant sa femme par la taille pour la soulever du sol comme si elle ne pesait rien, et en faire ce qu’il voulait. Vanille protesta, les lèvres pincées. Elle n’était pas d’humeur à encaisser les sarcasmes de son époux, à qui elle continuait de faire payer son absence prolongée. « Lâche moi. » Cole se moquait éperdument du comportement glacial de la Khæleesi, et subissait sans broncher le flot de pouvoirs morbides qu’elle déversait dans ses bras, où elle avait planté ses ongles. « Jamais. » Elle fronça délicatement le nez, le regard assassin. « Je n’ai pas le temps pour tes sottises. » Il s’esclaffa. « Tu es tellement teigneuse ... Tu comptes me faire ramer encore longtemps ? » Elle planta ses grands yeux verts dans les siens, implacable et inflexible. « Des mois. Des années. Des décennies ! Un siècle ou deux. C’est tout ce que tu mérites. » Il soupira, bien qu’un sourire taquin ourle ses lèvres. « Qu’il en soit ainsi ! Je savais à quoi m’attendre, en te mettant la bague au doigt. On ne peut pas tomber fou amoureux d’une petite furie au  tempérament de peste et lui reprocher d’agir exactement comme telle. » Il aimait bien lui parler de cette façon. C’était une manière de lui rappeler qu’elle n’était pas la femme crainte, redoutée et à la puissance phénoménale que connaissait les Terres du Yin et du Yang, lorsqu’elle était dans ses bras. Ils étaient d’une force similaire et pouvaient se tenir tête, rivaliser. Il avait même souvent le dessus, à son plus grand plaisir. Cela flattait son orgueil de mâle. Elle attrapa ses joues entre ses petites mains, furieuse. Elle voulait effacer la suffisance qu’elle voyait sur ses traits. « Tu ... » Elle n’eut pas le temps de proférer la moindre menace. Cole commença à parcourir son corps de ses doigts agiles et elle se mit à se tortiller dans tous les sens, sans pouvoir mettre les pieds par terre. Cole était bien plus grand qu’elle. « Ils sont tellement nombreux à craindre la belle et terrifiante Enchanteresse … S’ils savaient à quel point tu es chatouilleuse ! Le mythe prendrait un coup. » Elle commençait à céder. Il le voyait dans ses yeux. « En plus … Tu es incapable de résister à mes papouilles. » Il ne put s’empêcher d’étirer une mine satisfaite et triomphante, en voyant qu’il avait fini par lui arracher un sourire. Vanille souffla rageusement, avant de glisser ses bras autour du coup du Magicien. « Tu es insupportable. » murmura-t-elle en laissant tomber sa tête contre son épaule. « Ça fait partie de mon charme. » - « Je suis toujours furieuse. » crut-elle bon de préciser. Cole haussa les épaules. « Je saurai me faire pardonner. » Il la serra plus fort contre lui. « Petite tête de mule. » Il frotta sa joue à la barbe naissante, contre la sienne tellement douce. « Tu piques. » - « Oses prétendre que ça ne te plaît pas ! Tu ressembles à un petit chaton en mal de caresses. » - « Tu n’es qu’un enfoiré. » - « Oui et seulement le tien. » - « Est-ce que tu peux me reposer maintenant ? » - « Hum ... » Il fit mine de réfléchir. « Non. Pas envie. » Elle soupira. « Cole … Je suis attendue dans moins de cinq minutes pour ... » - « Je suis un Maître du Temps, chaton. » Elle haussa un sourcil perplexe. « Tu tiens vraiment à ce que ce bon vieux Sin Luxinreïs te tombe dessus ? » Il prit un air innocent, une moue adorable sur le visage et un sourire ravageur sur les lèvres. Il savait comment faire craquer son épouse. « Il s’en moque … Tout le monde fait ça à Lua Eyael ! Lui le premier ! » - « Quoi ? Se servir des dons du temps pour coucher avec sa femme et l’emmener à l’heure à ses rendez-vous ? » - « Entre autre chose ... Tu serais surprise ! » Il avait déjà pris la direction de leurs appartements privés. Vanille se laissa faire. Elle n’avait pas envie de résister, de toute manière. « Tu es vraiment quelqu’un d’entêté. » - « Il faut au moins ça pour survivre à tes côtés, ma jolie. » - « Tu crois sans doute que tu es facile à vivre … ? » - « Non … Mais je suis bien plus agréable et sympathique. » Elle ricana. « Tu es surtout dégénéré, obstiné, un brin pervers et incroyablement caustique. » - « Parce que tu estimes que tu es quoi, toi ? Douce, mignonne et attentionnée ? » - « Parfaite description de ma petite personne. »  dit-elle en hochant résolument la tête, ce qui le fit rire de plus belle. « A deux ou trois détails près. » Ils arrivèrent dans la chambre. Cole jeta presque Vanille sur le lit, un éclat lubrique au fond des yeux. « Pervers. » marmonna-t-elle, un vague sourire aux lèvres. « C’est de ta faute ! Tu es tellement … belle.  Tes cheveux roux sur ta peau blanche … Tes jolis yeux d’émeraude … Ton corps de rêve … » Il s’était avancé près d’elle comme un prédateur prêt à bondir sur sa proie, à ceci près que la gazelle n’était pas tendre et innocente. « Ma petite poupée aux charmes dévastateurs ... » - « On est déjà marié, tu sais. Pas la peine d’en faire trop. » - « J’aime t’admirer. » Il était à présent sur elle, un index sur ses lèvres. « Toi et ta jolie petite bouche insolente. » - « En fait … Tu es juste en manque de sexe. » - « Bien évidemment ! » railla-t-il. « Je suis habitué à devoir combler ton appétit vorace et voilà que tu me rejettes sans cesse pour me punir ... » Elle afficha une petite mine bougonne. « C’est amplement mérité. » - « Que dirais-tu de cesser les hostilités pour l’heure à venir ? Je sais que tu en as autant envie que moi ... » Elle n’hésita pas longtemps. « D’accord … Mais c’est uniquement parce que je suis magnanime. » - « Que les Dieux préservent ta bienveillance et ta miséricorde ! » clama-t-il, grandiloquent. « Maintenant … J’ai bien envie de vérifier quelque chose ... » articula-t-il entre deux baisers. Elle fronça les sourcils, un peu dubitative. Elle sentait qu’elle allait regretter de poser la question. « Quoi donc ? » Il releva la tête vers elle, et son air goguenard lui indique qu’elle avait raison. « J’aimerai m’assurer que tu mérites réellement qu’on t’appelle La Dévoreuse. » Il semblait très fier de lui, et elle lui asséna une pichenette entre les yeux. « Sérieusement … ? » - « Oh que oui. »

Ils étaient à bout de souffle, allongés l’un sur l’autre en travers du lit. Ils s’étaient déchaînés, et le calme venait à peine de revenir, entre eux. « Hum ... » marmonna Cole en agrippant les hanches de son épouse., qui commençait à quitter les draps.  « Esquisse le moindre mouvement d’évasion et je sévis, chaton. » Elle leva les yeux au ciel. « Ton heure est écoulée.» - « Tu es dure en affaires. » - « Je crois que tu n’as pas vraiment à te plaindre de l’issue des négociations. » - « C’est vrai … » Il avait l’air enchanté, victorieux et un peu ironique. « Alors … ? » finit-elle par demander après un long silence. Il eut un hoquet amusé. « Tu le sais déjà, chaton. » - « Dis le quand même. » Il glissa ses doigts sur sa petite frimousse, avant de lui pincer la joue.  Il avait le regard tendre, derrière la joute verbale et la moquerie qu’elle imposait. Dieu qu’il aimait cette femme … « Oui … Amplement mérité, ce surnom. » Elle gloussa en retournant se blottir contre lui. « C’était pas mal aussi, toi ... » - « Pas mal ? » s'offusqua-t-il en arquant un sourcil. Il savait qu’elle faisait exprès. Certaines choses ne mentaient pas. Certains cris, surtout. « Tout juste acceptable. Il faudra t’entraîner assidûment. » - « Oh … Je vois. » Une façon « vanillesque » d’en redemander sans trop en dévoiler. « Pas de souci. Je te l’ai déjà dis, la vanille est mon parfum préféré. » - « On me fait ce genre de blagues à longueur de journée, Cole. » - « Tu parles ! Personne n’ose te dire quoi que ce soit. » - « Tu oublies que j’ai eu l’honneur de rencontrer le Phénix. » - « Ne t’approche pas de ce type, Eve. » - « Tu es méfiant, jaloux, possessif ou inquiet ? Dans les quatre hypothèses … Je suis vexée. » Il embrassa son front. « Contente toi de m’écouter. »

Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Lun 28 Oct 2019, 01:12



La Couronne de la Nuit

Il esquissa un petit sourire, posant un regard infiniment tendre sur la silhouette - qui lui paraissait tellement fragile - recroquevillée sur un tapis, par terre près d’une cheminée où il ne restait plus que quelques braises. Il s’accroupit près de la jeune femme sans faire de bruit. Il ne voulait pas la réveiller. Elle semblait épuisée. Cole soupira, en secouant sa tignasse brune. Il laissa ensuite tomber sa main près du visage de son épouse, pour écarter doucement quelques boucles de son joli minois de poupée. Puis il glissa un bras sous les jambes de la demoiselle, et il agrippa sa taille de l’autre. C’était un poids plume : il la souleva sans mal. Un petit grognement attira son attention. Gribouille. Il était perché sur une fenêtre et scrutait la scène de ses grands yeux verts. Evidemment. Il veillait sur sa reine. Elle n’était jamais sans surveillance. « Approche. » murmura-t-il simplement, et le chat se releva, s’étira paresseusement, puis sauta sur les épaules du Maître du Temps. Sans perdre une minute de plus, il se dirigea jusqu’à la chambre pour déposer doucement sa bien-aimée sur le lit, tandis que la bestiole alla s’installer sur le rebord de la fenêtre. Vanille ... Elle avait encore fait une folie, il le savait. Ce n’était pas une Sirène qu’il dévisageait, mais une Rehla. Elle s’entêtait à porter cette couronne en son absence, malgré ses incessantes revendications à ce sujet. Elle avait dû s'évanouir. C’était une bêtise ! Elle était enceinte. Il fallait qu’elle fasse attention. Cole souffla à nouveau, avant de commencer à se dévêtir pour se glisser sous les draps avec elle. Il n’avait pas vraiment sommeil. Il était encore tôt. Mais il ne pouvait pas se résoudre à la quitter. Il était parti tellement longtemps … Elle lui avait tant manqué. Il enfouit doucement son nez dans la chevelure cuivrée de Vanille, pour respirer son parfum. S’en enivrer. Presque s’en droguer. Il faufila ses doigts sous le tissu des vêtements de la jeune femme, pour caresser doucement la peau nue de ses hanches et de son ventre. Quelques minutes s’écoulèrent, avant qu’il ne se décide à chuchoter : « Comment est-ce que tu te sens ? » Elle ne dormait plus depuis quelques temps déjà. Mais elle n’avait pas bougé d’un cil, alors il s’était contenté du silence et avait continué à la câliner. « Ca va. » marmonna-t-elle, un peu en maugréant. « J’ai l’impression que … C’est un peu plus gérable. » - « Question d’habitude ou mes papouilles ont des vertus insoupçonnés ? » Elle eut un petit hoquet de rire, et se retourna lentement vers son mari. Son regard était un peu voilé, et Cole effleura délicatement sa joue. « N’en fais pas trop non plus, chaton. » Elle fit la moue, avant de prononcer les quelques mots qui firent tomber l’artefact. Elle soupira, soulagée malgré tout. « Je commence à comprendre pourquoi ton Roi est un dégénéré. » Cole ricana. « Je suis presque certain que c’est de naissance, chez lui. » Vanille eut un petit sourire, un peu triste, qu’il ne parvint pas à interpréter. « Sans doute. Il était déjà exubérant, à l’époque où je le fréquentais. » - « Arrêtons de parler de lui. Il va finir par débarquer pour prendre part à la conversation. » La jeune femme soupira, avant d’enfouir son visage dans le cou de son mari. « Je suis fatiguée ... » Cole prit une mine alarmiste. Ce comportement était inhabituel, chez son épouse. « Tout va bien, Eve ? » - « Je … » Elle fondit en larmes, sous le regard désemparé du Magicien. Il se releva un peu et prit le visage de sa femme entre ses grandes mains. « Chaton … Qu’est-ce qui t’arrive ? » Elle bredouilla quelques mots, à peine intelligibles. « Doucement, ma beauté … Répète. Doucement. » - « Je … » - « Dis moi tout. Tu sais que je ferais n’importe quoi pour toi. » Elle releva de grands yeux implorants sur lui.

C’est précisément ce qu’il fit : n’importe quoi. Cole croisa les bras sur son torse en soufflant. Il faisait la queue et il y avait du monde, chez le petit commerçant de Pabamiel. Il n’avait cependant pas le choix. Vanille exigeait de façon spécifique les petites baies “toutes violettes et teeeeeeeellement sucrées” qui ne poussaient que sur les terres du Spectre, et elle avait tout particulièrement demandé à ce que ses précieux fruits soient achetés chez “la petite brune teeeeeeeellement gentille” qui récoltait chaque graine une à une. A ses dépends, Cole avait appris que - s’il adorait taquiner sa femme - mieux valait ne pas trop la contrarier lorsqu’elle était enceinte. Fichues hormones. « Tiens donc … Voilà qui est surprenant. » Cole se crispa légèrement. Il ne supportait pas le propriétaire de cette voix, et se retourna très lentement vers lui. « Lucia. » Le Phénix hocha la tête en guise de salutation. « Votre charmante épouse n’est pas dans les parages ? » - « Non. Par ailleurs, vous êtes prié de rester loin de ma femme. » Il avait prononcé les derniers mots d’un ton possessif. Lucia arqua un sourcil, un sourire narquois aux lèvres. « Vous êtes un petit homme amusant. » - « Faites attention. Vous n’êtes pas de taille. » Il haussa les épaules. « Qu’est-ce que vous allez me faire, au juste ? » demanda-t-il en penchant la tête sur le côté. Cela réveilla immédiatement l’envie au Professeur d’être l’instigateur de la rencontre entre son poing et la face de ce pervers, dans l’objectif à peine dissimulé de lui faire tomber deux ou trois dents. « Je sais ce que vous prévoyez. » Le Sorcier eut un petit rire pincé. « Vous ne me ferez pas croire que votre délicieuse compagne ne prévoit rien à mon égard. C’est une vraie … vipère. » Ce n’était pas exactement le terme qu’il comptait employer, mais il s’était ravisé en voyant l’expression de son interlocuteur. Il voulait le provoquer, mais en évitant un esclandre public. Ce n’était pas dans son intérêt. Pas pour l’instant. « Mais une vipère très séduisante. J’ai hâte de la connaître plus en profondeur. » - « Allez vous faire soigner. »            

Vanille fronça les sourcils. Elle ne semblait pas particulièrement ravie par le contenu de la lettre qu’elle parcourait des yeux. Le papier commença à s’enflammer entre ses mains, et les cendres tombèrent sur le bureau. Tout doucement. « Sale garce … » murmura-t-elle, la mâchoire un peu crispée. Elle allait s’occuper du cas de cette imbécile, qui aurait définitivement mieux fait de rester morte, prisonnière entre plusieurs mondes. Captive d’un coin de sa tête. Cette femme … Elle la détestait. Tout simplement. Depuis le premier jour. C’était un comble qu’il s’agisse de la seule et unique personne qu’elle ne pouvait pas se permettre de faire assassiner comme un chien. Elle aurait pris un tel plaisir à entendre ses os craquer sous les dents de ses dragons. A voir la chair se déchirer, lentement. Néanmoins … Rien ne l’empêchait de lui bâtir une prison sur mesure. Une bâtisse où elle resterait captive, pour l’éternité. Ce ne serait pas une première. Elle avait déjà ce genre d’expérience, avec Nausicaa. Ses techniques étaient bien plus perfectionnées qu’à l’époque. Cependant, le retour en fanfare de cette pimbêche - en plus de poser une multitude de problèmes - soulevait quelques questions. Comment était-ce possible ? Cela faisait des siècles et des siècles, qu’elle avait été réduite à l’état de murmure, dans un coin de son esprit. Vanille savait que quelqu’un complotait dans son dos. Quelqu’un qui cherchait à lui nuire, de toute évidence. C’était sans doute cette même personne qui avait pris la peine de soigner l’esprit malade de Niklaus. Qui était capable de tels prodiges ? Vanille avait plusieurs pistes. Aucune qui lui plaisait. Oh … Elle était certaine que la bonne réponse se trouvait dans ses hypothèses. Mais cela ne lui plaisait absolument pas. Elle soupira longuement, en prenant sa tête entre ses mains. « Entrez. » finit-elle par articuler d’une voix claire, quelques secondes après les trois coups qui avaient résonné contre sa porte. Galaad entra doucement dans la chambre de sa mère. « Il me semble que vous vouliez des nouvelles de cet enfant des rues, qui s’était interposé en faveur de Moana. » La Princesse était impertinenente, à ses heures. Un trait de caractère que Vanille avait bien du mal à reprocher à ses descendants, puisqu’il faisait parti de son propre héritage, à coup sûr. Elle avait échappé à la vigilance de son garde du corps et avait manqué de se faire enlever par des sbires d’Ava. « Oui ? » - « C’est un orphelin, échappé d’un établissement douteux d’Amestris. Il est à la tête d’une petite bande de vauriens qui sévit à la Capitale. » Elle acquiesça sobrement. « Je vois. » Elle s’accorda quelques secondes pour réfléchir. Pas plus d’une ou deux, en réalité. « Je veux lui parler. » - « Bien. » Il s’inclina brièvement avant de tourner les talons. « Galaad. » Il s’arrêta aussitôt et se retourna, la mine un peu perplexe. Elle s’approcha de son fils, qui baissa les yeux pour la dévisager. Elle était tellement petite, comparée à lui. « Tu sembles un peu fatigué. » murmura-t-elle, en écartant quelques mèches bleues des joues de l’Ondin. « Je ... » Il essaya de détourner le regard. Elle emprisonna son visage entre ses mains. « Je compte beaucoup sur toi, Galaad. Tu ne dois pas perdre pied. N’hésite pas à me demander si tu as besoin d’aide. » Il hocha la tête, un peu nerveux, avant de s’enfuir d’une démarche pressée. Vanille esquissa un petit sourire. Elle savait qu’elle n’était pas très douée pour les démonstrations affectives. Pas avec ses enfants. Mais elle avait une estime et une tendresse particulière pour certains d’entre eux. Galaad en faisait partie. Elle savait qu’il agissait de façon inconsidérée ces derniers temps. Elle allait finir par s’en mêler.

Cole déposa un baiser sur la joue de sa femme, profondément endormie. Il appréciait de la voire ainsi. Calme et détendue, dans son sommeil. Cela n’avait pas toujours été le cas. Elle avait toujours été très prudente, d’une méfiance excessive. Elle avait mis du temps à baisser sa garde avec lui, comme si elle ne pouvait pas envisager qu’il ne cherche pas à la poignarder dans le dos, métaphoriquement ou non. Il s’empara des petites boites dans lesquelles il avait ramené les fruits, réclamés par son épouse, avant de sortir discrètement de la chambre. « Tu as enfin réussi à tranquilliser la panthère. Félicitations. » Le Magicien grinça des dents. Il connaissait parfaitement le propriétaire de cette voix et n’était pas ravi de l’entendre. « Qu’est-ce que tu fiches ici, Silas ? » Ce dernier s’avança de quelques pas. « Je n’ai donc pas le droit de venir rendre une visite à mon petit frère ? » Son ton était cynique. « Crache ton venin et dégage d’ici. » Le Patron ricana. « Tu as peur que j’essaie de te ravir ta belle, frangin ? » - « Tu la veux. » - « C’est vrai. » Il s’approcha davantage du Maître du Temps. « Comme tout ce que tu possèdes. » dit-il calmement, loin de se soucier de l’ambiance lourde et pesante qui régnait à présent. « Mais ce n’est pas la peine que je fasse des pieds et des mains pour te ravir ton chaton. Elle tombera dans mes bras, tôt ou tard. » Cole eut un hoquet méprisant. « Tu n’auras rien de plus que ce que tu as déjà. » - « Bien sûr que si. Quand elle apprendra la vérité … Elle te détestera. Et je serai là. » Il plaqua une enveloppe sur le torse du Magicien. « Oh … J’ai aussi ça pour toi. Amuse toi bien. » Et il tourna les talons, sans accorder un autre regard à Cole. Ce n'était pas sa journée, avec les hommes qui tournaient autour de sa Vanille.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Dim 03 Nov 2019, 21:45



La Couronne de la Nuit

Quelques injures s’échappèrent des lèvres de la jolie Cælys, éprouvée par les douleurs de la mise au monde de son enfant. Ce n’était encore que le début et une guérisseuse soufflait quelques conseils à son oreille, même si elle écoutait à peine. « Où est Pendrake ? » murmura-t-elle dans un petit sanglot, son minois caché dans ses mains. Elle était déjà épuisée. Elle ne se souvenait pas d’avoir été aussi harassée par l’accouchement de sa fille aînée, Lucrezia. « Depuis quand est-ce que tu réclames sa présence ? Je ne savais pas que tu étais devenue une petite chose délicate et sentimentale, toi aussi. » se moqua Mælodya, plantée près des rideaux. « Son enfant s’apprête à sortir de mon corps par un trou absolument pas taillé pour son passage, alors excuse-moi d’exiger la présence de celui qui est responsable de mon état. » Elle étouffa une plainte, avant de grimacer. Elle pencha doucement la tête en arrière, le temps de reprendre son souffle. « Il ne me touchera plus jamais. » marmonna-t-elle. « Plus jamais. » répéta-t-elle, crispée, après une nouvelle contraction. « Qu’est-ce que tu fiches là, toi, d’ailleurs ? » Elle planta son regard dans celui de la Sirène, nonchalamment accoudée à la fenêtre. « Dégage. Je ne veux pas te voir. » Mælodya se releva tranquillement pour se diriger vers la sortie. Elle posa une main sur la poignée de la porte avant de reprendre, d’un ton détaché : « Galaad est allé chercher ton cher mari. Il est à Sceptelinôst. Je ne pense pas qu’il sera de retour à temps. » Ce fut la guérisseuse qui termina de chasser la vipère, pour laisser la jeune femme se concentrer sur cet instant plutôt important. Un peu prématuré, aussi. Cælys n’était pas supposée accoucher aussi tôt. Rien d’alarmant cependant, d’après les médecins. « Ne vous inquiétez pas, ma Lady. Je suis certaine qu’il arrivera à temps pour assister à la naissance de son enfant. » Khimera - qui était restée à l’écart de la conversation jusque là - se rapprocha du lit et prit doucement la main de la Dame Bleue. « Est-ce que tu veux que je reste ? » Cælys acquiesça doucement. Elle ne voulait pas être toute seule. Ce n’était guère dans ses habitudes d’avouer une quelconque faiblesse. Toutefois, elle estimait qu’elle pouvait bien se permettre d’être un peu égoïste et sensible, une journée comme celle-ci. « Je ... » Elle fut interrompue par une contraction, bien plus forte que les autres. « Il est temps de pousser, ma jolie. Le bébé arrive. »

« Non. Cela ne m’intéresse pas vraiment. » Vanille était en train de lire, confortablement installée sur une méridienne. Cole caressait doucement la peau nue de ses chevilles, qui reposaient sur ses genoux. « Elle est encore immature. Je suis certain qu’elle tremble de peur, comme une gamine. Tu devrais aller la voir. » - « Ce n’est pas son premier enfant. » - « Certes, mais Lucrezia n’était pas vraiment prévue. » Le Magicien remonta doucement ses doigts le long des jambes de sa femme. « Cette fille est ton clone, Vanille. Tu ne penses pas que c’est … un peu comme tes enfants ? » Elle releva sur lui un regard mauvais. « Des membres très proches de la famille, en tout cas. » reprit-il rapidement, conscient que sa comparaison était un peu hasardeuse. Vanille prenait relativement soin des membres de sa lignée, à présent, mais cela restait quelque chose de récent et de fragile. Elle peinait encore à tolérer la présence de certains de ses descendants, notamment Nausicaa. La deuxième née de sa fratrie, tout comme l’enfant à qui Cælys s’apprêtait à donner la vie. La Khæleesi referma doucement son ouvrage pour le poser sur le verre de la table basse, sans quitter du regard son mari. « Qu’est-ce que j’ai encore fait ? » marmonna Cole, faussement outré. « Je suis à peu près sûr de passer un sale quart d’heure, quand tu me fais ces yeux là. » Elle ricana. « Idiot. Je me demandais seulement ... » - « Oui ? » - « Tu es vieux. » - « Charmant de le souligner. Tu n'as plus vingt ans non plus, si je peux me permettre. » - « Idiot. » répéta-t-elle. « Ce que je veux dire … C’est que tu étais déjà plusieurs fois centenaires, à notre première rencontre. Tu as eu d’autres femmes, avant moi. Tu connais tout de moi. L’inverse n’est pas vrai. » Cole se gratta la gorge, un peu mal à l’aise. « Oui. Et ? » - « Tu ne veux pas en parler ? » - « Normalement, on fait la liste des ex au troisième ou quatrième rendez-vous. Pas après des décennies de mariage. » - « Nous n’avons jamais été conventionnels. » - « Pourquoi est-ce que ça t’intéresse, soudainement ? » Vanille pencha doucement la tête sur le côté. Elle connaissait son Maître du Temps. Il lui cachait quelque chose. Rien de tel pour déclencher le mode inspecteur. « Je suppose qu’il y a au moins une femme dont tu n’as pas très envie de me parler. Pourquoi ? Tu la vois toujours ? » - « Possessive, chaton ? » - « Non, du tout. » répondit-elle en croisant les bras. « Mais si tu la vois encore, je lui arrache les organes par ordre alphabétique. » Il éclata de rire. « Il n’y a que toi et tu le sais. » - « Oui, mais avant ? » - « Il y en a eu d’autres, qui ne comptent pas. » Vanille réfléchit quelques instants. « Tu étais marié ? » - « Non. Je ne me suis risqué à cette périlleuse entreprise qu'avec toi. » - « Mais tu avais une famille, avec cette fille dont tu ne veux pas parler. » Il souffla bruyamment. « Oui. » Il attrapa un verre de vin pour le vider d’une traite. Vanille fronça les sourcils, un peu perplexe. « Tu réagis de façon étrange, Cole. » - « Je n’aime simplement pas parler d’elle. » - « Pourquoi ? » Le ton commençait doucement à monter. « Cela ne te regarde pas. » - « Pardon ? » Ils furent interrompus par l’arrivée de la jeune Khimera, qui paraissait particulièrement mal en point. « Quoi ? » s’agaça la Princesse des Monstres, dont les réserve de patience avait été épuisée par le comportement de son époux. « C’est … Cælys. Il y a un problème. »

« Tu ferais mieux de retourner te coucher, Cælys. Il faut que tu prennes du repos. » Elle était assise sur le rebord du lit, le regard dans le vague. « C’est une petite fille. » murmura-t-elle, sans bouger d’un cil. « Elle s’appelle Oria. Ses cheveux … Ils sont roses. C’est plutôt drôle et assez mignon. » - « Magnifique. Va t’allonger maintenant. Les médecins sont inquiets. » - « Oui, ils peuvent. » Elle se mit à caresser le visage de son enfant, avant de le déposer doucement dans le berceau. Puis elle se tourna lentement vers Vanille, qu’elle jaugea d’un regard froid et sombre. Elle pointa le nouveau-né du doigt. Cette fillette, au teint bleu, qui ne respirait pas. « Ramène la avec nous. » - « Elle est morte, Cælys. C’est triste. Ce sont des choses qui arrivent. Contente toi de prendre soin de toi. Ton mari sera sans doute ravi de te remettre un gamin dans le ventre. Toute une portée, si tu veux.» Le moins que l’on puisse dire, c’est que la gifle qui claque sur sa joue, Vanille ne l’avait pas vu venir. Elle dévisagea sa réplique, les yeux écarquillés. « Qu’est-ce que tu crois, à la fin ? Pourquoi est-ce que je suis là, à ton avis ? Tu penses vraiment que je reste à tes côtés par gaieté de coeur ? Que je suis heureuse à l’idée de te servir d’appât, de défouloir, de serpillère ou de n’importe quoi d’autre selon les idées à la con qui passent dans ta jolie petite cervelle de sociopathe ? Que je te sers et obéis à chacun de tes ordres sans attendre quoi que ce soit en retour ? » Elle parlait à voix basse, d’une voix égale. « Pas du tout, ma chère Eveana. Je ne suis simplement pas stupide. Il est très avantageux d’être auprès d’une femme comme toi, à bien des égards. Alors j’accepte tes conditions. C’est aussi simple que ça. Mais si tu me dis ... » Elle prit une grande inspiration.  « Si tu me dis que tu ne peux pas … ou que tu ne veux pas … ramener ma fille à la vie … Alors que je sais pertinemment que tu en es capable … Que tu en as la puissance … Je ne vois vraiment pas à quoi tu me sers. Je ne vois vraiment pas ce que je fiche ici et pourquoi je me soumets à tes lois sans broncher. Je ne demande jamais rien. » Elle commença à marteler de l’index la poitrine de son interlocutrice. « Ramène Oria à la vie. » Vanille était restée silencieuse. Elle se contentait de dévisager la jeune ondine, avec un éclat indescriptible au fond des yeux. Elles se défièrent en silence pendant quelques secondes, puis Vanille se dirigea vers le berceau. Elle posa sa main sur le petit corps sans vie de l’enfant. Quelques secondes plus tard, elle se mit à crier et à pleurer. Cælys se précipita vers sa fille pour la prendre dans ses bras, mais elle fut stoppée net dans son élan par la Dévoreuse. « Ce que je donne, je peux aussi le reprendre. Déplais moi une seule fois, de quelque manière que ce soit, et je me débarrasse de toi et ta gamine d'une façon que tu ne peux même pas imaginer. » La Dame Bleue acquiesça mollement, les joues un peu blêmes. Elle savait qu’elle était allée loin. Trop loin. Elle risquait de le regretter amèrement. Trois coups résonnèrent à la porte. « Ton mari est arrivé. Je vous laisse. »

Vanille était fatiguée. Ce n’était peut-être pas une idée très judicieuse d’utiliser les dons de résurrection, étant enceinte. Elle n’avait cependant pas pu faire autrement. Mine de rien … Cælys l’avait beaucoup impressionné. Ils étaient vraiment peu nombreux à oser lui parler de cette manière. Pour autant, elle n’hésiterait pas un instant à mettre ses menaces à exécution. Il y avait des limites. Une fois, mais pas deux. « Elle a vraiment osé te cogner ? » bafouilla Cole, encore hilare face à cette histoire. Vanille s’était allongée sur le lit, en compagnie de Gribouille, Fripouille et Paillette. « Oui. » - « Et elle n’est pas morte et enterrée dans le jardin ? » - « Non. » - « Ni dans l’estomac d’un dragon ou d’une autre bestiole ? » - « Non. » Il caressa doucement les cheveux de sa femme. « Je suis fier de toi. » - « Je comptais l’offrir à Niklaus, à vrai dire. Je suis certaine qu’il aura pleins d’idées amusantes à réaliser sur un de mes clones. » - « Vanille ... » - « Ca va … Je rigole. » Elle marqua une petite pause. « Plus ou moins. » Ce n’était pas comme si elle n’avait pas envoyé sa propre fille dans les bras de l’Empereur Noir, simplement pour la punir d’exister. « Ca sera pour la prochaine fois. » Cole soupira, avant de hausser les épaules. « Je suppose que ça reste une amélioration. Tu es moins impulsive qu’avant. » Un cri déchira la tranquillité du domaine. « Qu’est-ce que c’était que ça ? » - « Une objection, je suppose. » - « Qui était-ce ? » - « Hum ... Je savais que j'avais oublié de lui poser une question. »
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Lun 04 Nov 2019, 17:05



La Couronne de la Nuit

« Tu manques cruellement de souplesse et ta position est catastrophique. » - « C’est bien la première fois qu’une femme me reproche quelque chose comme ça. » murmura-t-il, avec un sourire un peu goguenard. Il exagéra une grimace, après avoir reçu un petit coup à l’arrière du crâne. « Concentre toi, Félix. » - « Je suis tout à vous, ma Dame, vous le savez. » Vanille leva les yeux au ciel. Ce jeune homme avait tendance à jouer les jolis coeurs avec la gent féminine, parfois de manière un peu excessive. Il restait toutefois courtois et supportable, au point de faire oublier ses premières impressions à la Khæleesi, qui avait eu le désagréable sentiment de converser avec le fils caché de l’Empereur du Spectre lors de leur première rencontre. « Tu es un peu jeune pour moi, petit bellâtre. » répondit-elle, avec un rictus moqueur sur les lèvres. « Dans un monde comme le nôtre, l’âge n’est vraiment qu’un chiffre. J'en connais des bien plus intéressants. » - « Je suis mariée. » - « Moi, fiancé. Qui est-ce que cela dérange ? » - « Tu as toujours réponse à tout, Félix. » - « Oui, toujours. » Elle pinça sa joue, de façon assez forte, de sorte à lui donner une véritable raison de se plaindre. « Tâche de m’écouter, bourreau des coeurs. Les erreurs peuvent être impardonnables, sur un champ de bataille. » - « Pardon, ma Dame. » marmonna-t-il tant bien que mal, puisqu’elle continuait à harponner ses pommettes entre ses doigts. « Reprenons. » décida-t-elle en s’écartant de quelques pas. Félix hocha la tête, prêt à en découdre. C’était une jeune recrue au sein du Royaume d’Aïdoha. Son dragon était jeune, avec un tempérament aussi fougueux et imprévisible que son partenaire. Ils promettaient de former une équipe haute en couleur. Vanille avait rapidement remarqué l’Orisha, dans les rangs des novices qu’elle entraînait. Il se battait bien, quoique de manière instinctive, en jouant sur les occasions du moment. Personne ne lui avait jamais appris, mais c’était un enfant des rues qui ne connaissait que la débrouille. A sa plus grande surprise, Vanille s’était attachée à lui, au fil de leurs exercices. Elle avait décidé de lui donner quelques cours particuliers, pour lui apprendre quelques techniques et revoir les bases, afin d’améliorer ses capacités. Il faisait des progrès étonnants, malgré une propension à la dissipation assez marquée. « C’est bien. » dit-elle simplement, après quelques échanges. Félix afficha un grand sourire satisfait. Vanille était plutôt avare en compliment. Ces quelques mots pouvaient paraître anodins, mais ils signifiaient beaucoup. « Je savais que j’allais finir par vous faire succomber à mon charme. » - « Ne m’oblige pas à te donner une bonne leçon, pourtant amplement méritée, Félix. Tes prétendantes ne se remettront jamais, si je devais amocher cette petite gueule d’ange. » S’il y avait bien une chose que ce jeune homme - plutôt séduisant - avait en abondance, c’était bien les soupirantes. Elles étaient nombreuses à s’être entichées du tombeur et il en profitait allègrement. Qui allait lui reprocher de profiter de son succès ?  « Ah ! Vous me trouvez donc à votre goût ! Tout n’est pas perdu ! » Elle ricana. « Tu n’es pas mon genre, petit. » - « Vous … Vous êtes le mien. » souffla-t-il, sans cacher qu’il reluquait la jeune femme. « Tout ce qui possède une paire de seins est ton genre, Félix. » Il fit mine de s’offusquer mais éclata de rire. « J’aimerai beaucoup vous accompagner lors de votre prochaine excursion, ma Dame. » reprit-il, beaucoup plus sérieux. « Je ne sais pas si tu es prêt, Félix. » - « Ne dit-on pas qu’un Dragonnier est prêt à partir en mission dès que son Dragon est capable de le porter ? » - « Il faudrait que j’en touche deux mots à Jarod. Je ne te promets rien. Je ne suis même pas certaine d’avoir envie de te traîner avec moi. » Il esquissa pourtant un petit sourire, un peu ému.

« Ma mère était une esclave. Elle avait été vendue à une famille de la noblesse d’Amestris, pour rembourser les dettes de son propre père. Mon géniteur était l’un des membres de cette lignée noire. Il ne voulait pas s’encombrer avec le bâtard de son jouet. J’aurai dû mourir quelques minutes seulement après ma naissance, mais la femme chargée de se débarrasser de moi n’était pas si mauvaise. Elle s’est contentée de m’abandonner dans un orphelinat, d’où je me suis enfui très tôt. Ces établissements ne sont guère fréquentables, dans les bas quartiers de la Capitale Sorcière. Je me suis renseigné sur mes origines et j’ai pu remonter la trace de ma mère. C’était le but de ma vie. Pendant des années, je ne vivais que pour cela. Retrouver celle qui m’avait mise au monde. Seulement … Je suis arrivé trop tard. Elle était atteinte de la Kurbus et la maladie l’avait emporté, quelques semaines avant. Cette nouvelle m’a … beaucoup affecté. Je pense qu’il fallait que je trouve un nouveau but à ma vie, avant de faire une bêtise. C’est à ce moment là que j’ai croisé la route des Dragonniers. » Il fit un pauvre sourire. « Et je suis vraiment heureux de vous connaître, ma Dame. » Il leva son verre, et Vanille fit tinter le sien, sans rien dire. Ils se mirent à siroter leur boisson respective - un peu de vin pour lui, juste du jus pressé pour elle - en silence. Elle finit par prendre la parole : « Jarod est d’accord pour que tu m’accompagnes, la prochaine fois. » Son regard s’illumina aussitôt. « Vraiment ? » - « Oui. Il m’a confié une mission. J’étais censé l’accomplir seule. Tu peux venir, si tu le souhaites. » - « Merci. » Spontanément, il la prit dans ses bras. Vanille resta interdite, surprise par ce geste. Puis elle posa doucement ses mains sur son dos, qu’elle tapota, en riant tout bas. « Je vais te mener la vie dure, tu sais. Les entraînements te paraîtront enfantins. » - « Je prends le risque. » - « Tu vas le regretter. » - « C’est vous qui allait regretter ! »

Vanille observait les plaines, vaguement contrariée. Elle n’appréciait pas vraiment cette mission mais n’avait pas le choix : il fallait non seulement qu’elle parvienne à régler cette histoire, mais en plus qu’elle le fasse en s’attirant les honneurs. Elle ne courait pas après le renom. Elle tâchait seulement de continuer à discréditer l’Empereur des Dragonniers, en se présentant comme une prétendante au trône bien plus intéressante. « Là-bas ! » s’écria soudainement Félix. Il était un peu plus haut, sur le dos de sa bête. Vanille tapota doucement le coup de Noisette. « Où ? » Elle fronça les sourcils. « Je ne vois rien. » - « Ils étaient là-bas. J’en suis sûr. » Elle le dévisagea brièvement avant de hocher la tête. Son dragon piqua alors sur le plateau à toute allure, talonné de près par celui de Félix. « Ils ne devraient pas être bien loin. » murmura-t-il, en balayant les alentours du regard. Quelques chasseurs cherchaient la gloire, en essayant de traquer une bête qui vivrait dans les parages. Vanille devait se débarrasser des gêneurs, tout en vérifiant les rumeurs sur la prétendue nouvelle espèce qui se serait établie dans les parages. Une véritable farce. Elle n’était pas enchantée à l’idée de courir après des imbéciles qui se feraient sûrement dévorer avant de décocher la moindre flèche, à supposer qu’ils n’étaient pas après des chimères. Jarod faisait toujours en sorte de lui confier des tâches dangereuses ou étranges. Il affirmait qu’il se devait d’exploiter les capacités remarquables de la jeune femme. Cette dernière était convaincue qu’il cherchait seulement à la piéger. Elle flatta les flancs de Noisette, qui semblait un peu agitée. Tout comme Howl, le jeune Dragon de glace de Félix. « Quelque chose cloche. » marmonna-t-il. « Hum ? » - « Un mauvais pressentiment. » - « Explique toi. » - « C’est dur à dire. » Une expression de sa nature, très certainement. Il n’avait cependant jamais vraiment maîtrisé les dons de son peuple, pour avoir vécu loin d’eux pendant une bonne partie de sa vie. « Prends garde. » - « Vous aussi, ma Dame. » - « Encore une fois : appelle moi Vanille. » Elle n'arrêtait pas de lui répéter. « Pardon, ma Dame. » Elle soupira, et il se mit à sourire. Près d’une heure plus tard, ils étaient encore bredouille. « Cette histoire me semble fumeuse. Il faut arrêter les frais. Ren ... » Elle se pencha pour examiner une empreinte qu’elle venait d’apercevoir. Cela ressemblait à une trace laissée par un jeune dragon, à ceci près que la forme était un peu inhabituelle. Elle souffla à nouveau. Une nouvelle piste. Elle était obligée de vérifier. « Bon. » Elle était un peu agacée. « Il y a des marques de pas. Humaines. Elles longent les empreintes. Ce sont peut-être nos chasseurs. » - « Sans doute. Ils sont venus à la même conclusion que moi, en voyant cela. S’il y a bien des dragons dont l’espèce n’est pas connue dans les parages, ils sont peut-être au bout de ce chemin. » - « On y va ? » - « Evidemment. » La journée touchait à sa fin. La nuit allait bientôt tomber. Cependant, ils touchaient au but et ni l’un ni l’autre ne proposa de s’arrêter. « Vous allez bien, ma Dame ? » s’enquit-il, poliment. Elle était enceinte, après tout. Son ventre était à peine rond, mais il le savait. « Parfaitement. Et toi, tu arrives à suivre, joli coeur ? » Il semblait un peu fatigué, avec le front en sueur et le souffle court. « Je ne pensais pas qu’une femme aussi petite que vous pouvait avoir d’aussi grandes jambes. » Elle ricana. « Travaille ton endurance, petit. » - « Une fois n’est pas coutume, ce n’est pas ce que me disent les femmes, d’ordinaire. » - « Si elles te supplient de terminer vite parce qu’elles en ont marre, ce n’est pas un compliment non plus. » Il mima une blessure au coeur, de façon très théâtrale. « Elles ne se sont jamais plaintes de mes talents, pourtant. » - « Question de politesse. » - « Vous n’en savez rien, vous n’avez jamais tenté l’expérience avec moi. » - « Dans tes rêves, petit. » - « Très clairement, oui. Vous avez souvent le premier rôle. » Elle leva les yeux au ciel, et il éclata de rire.

« Attention. » Vanille s’avança avec prudence dans la clairière, les yeux rivés sur la dépouille qu’elle apercevait. C’était un homme, dont l’âge devenait une véritable énigme tant il était méconnaissable. Il manquait plusieurs membres à son cadavre, mais ses vêtements étaient typiques des chasseurs de ces contrées. « Il y a bien des chasseurs. » - « Et des dragons, à en croire son état. Plutôt voraces, les bestioles. » remarqua Félix. « Les autres ne doivent pas être bien loin. » - « Reste près de moi, Félix. On ignore leur nombre. » - « Sans compter que les dragons peuvent très bien s’en prendre à nous aussi. » - « Oui. » - « Quelque chose vous tracasse, ma Dame ? » - « Je t’ai dit de m’appeler par mon prénom. » - « Pardon, ma Dame. » Elle souffla, avant de murmurer : « Restons simplement ensemble. Je crois que cela vaut mieux. » Elle jeta un coup d’oeil aux dragons, toujours aussi nerveux. Ils ne semblaient même pas intéressés par les restes du chasseur. Décidément, quelque chose n’allait pas.

Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Lun 18 Nov 2019, 23:39



La Couronne de la Nuit

Jarod haussa légèrement les sourcils. Il était vaguement décontenancé par l’arrivée fracassante de la jeune femme, qui venait tout juste de faire irruption dans son bureau. Elle n’avait pas annoncé sa venue, se contentant de claquer la porte avec autant de virulence que de véhémence. Vanille était furieuse, c’était évident. Jarod lâcha un petit soupir - loin d’être impressionné par le courroux de la Princesse des Monstres - et baissa les yeux sur sa paperasse. « Je sais que tu es habituée à n’en faire qu’à ta tête, ma chère Vanille … Mais je trouve tes manières bien cavalières, ce soir. » Il aimait ce petit ton détaché, qu’il employait avec elle. C’était une façon de la rabaisser, en la traitant comme une enfant turbulente. Avec un sourire narquois, il releva la tête pour ajouter une remarque dédaigneuse. Il fut coupé dans son élan par un coup de la Khæleesi, dont le poing venait de s’abattre sur la face de l’Empereur. Un geste rapide et efficace. Brutal aussi, au point de casser le nez de Jarod, qui s’empressa de retenir le sang qui coulait en abondance sur son courrier. « Surpris de me revoir ? » murmura-t-elle lentement, en le toisant avec mépris. « Ou simplement déçu ? » Elle parlait tout bas. Sa colère n’en était pas moins palpable. Jarod finit par essuyer son menton d’un revers de manche avant de se lever, pour faire face à la Furie. « Je commence à comprendre que tu es une vermine de la pire espèce, à force. » répondit-il, les mains tremblantes. Il aurait tellement aimé en finir, sans plus tarder. L’étrangler. Lui fracasser le crâne contre la tranche du bureau. Tout, n’importe quoi : pourvu qu’elle arrête de respirer. « Increvable. » souffla-t-il avec dédain. « Tu ne pourrais pas juste … crever ? Une bonne fois pour toute. Crois moi : ça rendrait service à pas mal de monde. » Elle éclata de rire. Quelque chose de glacial, de sans joie. « Mon pauvre Jarod … Tu me fais pitié. Tu as tellement peur de perdre ton trône, tes privilèges et ta puissance. » Elle esquissa un sourire carnassier. « Tu sais … Tout ça, c’est déjà à moi. Tu es simplement plus tenace qu’une tique. Tu finiras aussi la tête tranchée, ne t’inquiète pas. D’ici là … » Elle posa les mains sur le bois sombre du meuble, et glissa ses grands yeux verts sur le Souverain. « Je compte m’emparer de tout le reste. » Jarod se crispa très légèrement. « Notre petit arrangement ... » commença-t-elle, avec une expression mordante. « … est terminé. » Il savait très bien à quoi elle faisait référence. Cela le rendit un peu nerveux. « Tu ne peux pas. » - « Oh que si. » Elle croisa les bras. « Félicitations, Jarod. Je ne pensais pas que tu serais prêt à aller jusque là pour m’évincer. Malheureusement … Ton plan est tombé à l’eau. Merci de m’offrir davantage d’arme à braquer contre toi. » Elle plongea la main dans son sac, pour déposer son contenu sur les dossiers qui s’empilaient sur le meuble. « Bonne nuit. Fais de beaux rêves.» Son regard était meurtrier. Elle tourna les talons sans rien ajouter, laissant l’Empereur des Dragonniers face aux conséquences de ses choix. Il s’assit doucement sur son fauteuil, sans quitter des yeux ce qu’il avait sous le nez. Il devait sans doute se répéter qu’il faisait toujours les bons choix. Qu’il était irréprochable. Qu’il était prêt à tout, et qu’il ne regretterait jamais rien. Mais à présent, il doutait. Est-ce qu’il avait vraiment commis une faute ? N’agissait-il pas pour le bien commun ? La tête tranchée de Félix et ses orbites révulsés semblaient lui hurler la réponse.

Non.

Un peu plus tôt. Félix paraissait quelque peu déconcerté par la présence des petites créatures, qui s’affrontaient avec impétuosité sur les berges d’un marais plutôt modique. Ils étaient tout juste éclairés par quelques rayons de lune, quoique de façon suffisante pour être identifiés. « Ce sont de jeunes dragons de cristaux. » marmonna-t-il en fronçant les sourcils. « Ils n’ont rien à faire dans les parages. » A ses yeux, tout cela était incompréhensible. Il secoua la tête, avant de balayer le plateau du regard. « Une dragonne devrait rôder dans les environs pour veiller sur ses rejetons. Elle ne semble toutefois pas dans le coin. Ils ont été abandonné ? Ou bien les chasseurs ont-ils réussi à abattre la mère ? Cela me paraît pourtant improbable. » Il continua à réfléchir, tout en tapant du pied. A ses yeux, la confusion paraissait légitime. Ou tout du moins, tolérable. Ces bêtes étaient très rares, et n’étaient pas supposés se trouver dans la région. Quelqu’un avait pu croire en l’apparition d’une nouvelle espèce. « Ils ne sont pas encore assez grands pour causer un carnage. A moins qu’ils aient attaqué en bande. Qu’en pensez-vous, ma Dame ? » Il se retourna vers la jeune femme, prêt à ajouter une autre remarque. Il se contenta de bafouiller quelques mots à peine intelligibles, stupéfait par l’expression glaciale de la Khæleesi. « Ma Dame ? » osa-t-il murmurer. « Ils ne sont pas responsables  » trancha-t-elle, en claquant de la langue. « D’accord. » répondit-il simplement, un peu tendu. Il observa les traits de la jeune femme, en se demandant quel était le problème. Elle ne semblait pas disposée à en dire davantage, en tout cas. Le silence persistait, et Félix hésita longuement avant d’oser le briser. « Que fait-on ? » Elle resta muette pendant un long moment, au point qu’il crut qu’elle ne répondrait pas. Elle finit cependant par marmonner :  « Il faut les attraper pour les relâcher dans leur véritable habitat. Là où se trouve la mère. » - « Mais … Comment ont-ils pu atterrir ici ? » -  « Ne traînons pas, Félix. » Elle avait les poings serrés, et les jointures presque blanches. « Très bien, ma Dame. » Il était toujours présent pour faire une petite plaisanterie, mais il n’était pas fou au point de sortir quelque chose de douteux quand la Dévoreuse semblait aussi à fleur de peau. « Vanille. Appelle moi Vanille. » - « Pardon, ma Dame. » Elle était déjà loin, de toute manière. Occupée à pourchasser les petits dragons. Ce n’était pas facile. C’était délicat d’arrêter des créatures pareilles, sans leur faire de mal. « Il s’échappe ! » gronda Félix, en courant après le fuyard au tempérament récalcitrant. Vanille était en train d’immobiliser plusieurs d’entre eux. Elle fronça les sourcils en voyant que son apprenti s’éloignait. « Reste ici, Félix. » Il n’écoutait pas. « Félix ! » Il était suivi de près par son dragon. Vanille souffla, en reportant son attention sur les bestioles qui gesticulaient. « Doucement. » murmura-t-elle pour les apaiser. Ils étaient sauvages, après tout. Rien d’anormal à ce qu’ils se montrent virulents. La jeune femme jeta un coup d’oeil à Noisette, qui piétinait sur place. Puis un grondement, comme un coup de tonnerre. Un hurlement. Vanille s’élança à travers la plaine. « Félix ! »

Il était allongé dans les herbes folles, à peine conscient. Complètement couvert de sang, au point qu’il soit assez compliqué de déterminer l’étendue de ses blessures. Vanille lâcha un juron, en s’agenouillant près de son disciple. Son dragon gisait un peu plus loin, les ailes brisées. « C’était une connerie, hein ? » marmonna-t-il péniblement, en toussant. « Tais-toi, sombre crétin. Je vais m’occuper de toi. » En réalité, elle réfléchissait à ses options et elles n’étaient pas nombreuses. La Khaeleesi était parfaitement capable de soigner ses propres blessures, mais n’avait jamais pris la peine d’apprendre à soigner celles des autres. Il fallait qu’elle se presse, qu’elle le téléporte avec le plus de délicatesse possible vers des guérisseurs. Elle reviendrait plus tard pour les dragons. « Arrêtez de froncer les sourcils comme ça, ma Dame. Vous me faites carrément flipper. » Il avait du mal à aligner deux syllabes. « Chut. Appelle moi par mon prénom. C’est la dernière fois que je te l’ai dis. » - « Pardon, ma Dame … Je n'y arrive pas. Je crois que je vous respecte trop pour ça et puis, en réalité je ... Attention ! » Elle n’eut pas le temps de tourner la tête. Une grosse main s’empara d’elle. Des Zihaags. Ils étaient une bonne demi douzaine à approcher de la clairière, et trois à entourer les deux Dragonniers. Vanille haussa les sourcils, un peu prise au dépourvue. Elle n’eut cependant pas à réfléchir outre mesure. Le monstre s’effondra. « Besoin d’un petit coup de main, chérie ? » Ce ton était arrogant à souhait, et un brin moqueur. Cole. « Chaton ? » Elle ne répondit pas. En réalité, le Zihaag avait serré un peu trop fort, et elle sombra dans l’inconscience.

« Cole ? » - « Doucement, ma Princesse. Je n’ai pas encore eu le temps de prendre soin de ton petit corps sexy. » Il essayait de faire de l’humour, sans doute pour apaiser un peu la situation. Vanille ouvrit les yeux avec prudence, en serrant un peu ses doigts sur la chemise de son époux. Il caressait ses cheveux. C’était agréable. « Où ... » Ils étaient encore dans la clairière. Elle était bien moins jolie qu’avant, avec les cadavres des Zihaags qui gisaient de tous les côtés. Vanille observait son mari, sans rien dire. « Tu as une sale tronche. » - « Merci, mon amour. » répondit-il en ricanant. C'est vrai qu'il n'avait pas fière allure. Le combat avait été harassant. « Tu sais que j’ai dû abandonner mon escouade en pleine traque de bannis, pour venir sauver tes jolies petites fesses ? » - « Elles te manqueraient trop. » - « Pour sûr. » Il soupira. « Fais un peu attention, chaton. » Elle se releva d’un bond, sans écouter les protestations du Magicien qui l’incitait à la mesure. « Où est Félix ? » Elle le chercha des yeux. « Vanille ... » - « Cole ? » répliqua-t-elle, agacée. « Je … Je ne devrais même pas être là, tu sais. Ces monstres, ce ne sont pas des moustiques qu’on écrase facilement, la zone est infestée et ...» Elle fit quelques pas dans les herbes hautes, et finit par le retrouver. Elle écarquilla les yeux. « … Il fallait que je m’occupe de toi. Ils s’en sont pris à lui. Je suis désolé. C’était son heure. » Elle contempla longuement la dépouille, en silence, avant de tourner les talons avec une idée en tête. Il attrapa fermement son bras. « Non. » - « Je peux le faire. » - « Tu n’as pas le droit, Vanille. » - « Quoi ? Tu vas m’arrêter peut-être ? Qu’est-ce que tu vas faire ? » Il glissa ses doigts sur les joues de la jeune femme. « Tu sais bien que je serai incapable de te faire du mal. Ce n’est pas le cas des autres. Tu ne peux pas, Eve. » - « Je m’en fiche. » - « Chérie ... » Elle était têtue, et commençait à partir. Il agrippa ses hanches pour la plaquer contre lui, et l’enlacer. « Il est mort, ma puce. » - « Je vais le ramener. » - « Ne joue pas avec le Temps. » - « Essaie de m’en empêcher. » Il soupira. « Je me demande … Est-ce que quelqu’un que tu aimes est déjà mort ? Tu as déjà eu à faire un deuil, Vanille ? » - « Tu dis des bếtises, Cole. » - « Ecoute ... » Il la serra davantage contre lui. Elle lui semblait tellement petite et fragile, dans ses bras. « Ce n’est pas de ta faute. » - « Non. C’est la sienne. » Son ton était sans équivoque. Elle allait lui faire payer.

« Je prends le risque. » avait-il dit. « Tu vas le regretter. » - « C’est vous qui allait regretter. »


Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Mar 19 Nov 2019, 20:34



La Couronne de la Nuit

Point de vue de Cole. Elle était préoccupée, sans doute hantée par le spectre de son jeune disciple dont elle peinait à se remettre du trépas. Je partageais ses tourments, à défaut de pouvoir convenablement soutenir son chagrin. Elle n’arrêtait pas de répéter que tout allait parfaitement bien. Seulement, je n’étais pas dupe. Elle était malheureuse. Personne ne pouvait rien remarquer, à part moi. Il est vrai qu’elle paraissait normale, si tant est que ce mot puisse trouver une quelconque signification au sein de cette famille de fous furieux, enragés, farfelus et extravagants. Disons qu’elle agissait comme d’ordinaire. Elle était toujours furieuse contre Jarod - ce que je ne pouvais pas lui reprocher - et planifiait ses représailles avec une rigueur quasi militaire. Elle arpentait son bureau en long, en large et en travers, en aboyant des directives. Ses escarpins claquaient sur le parquet. De toute évidence, la vengeance était un plat qui se mangeait en talons hauts. Quelle paire de jambes, d’ailleurs … « Quoi ? » maugréa-t-elle en surprenant mon regard - assez insistant, je dois l’avouer - sur sa silhouette. « Laisse moi te reluquer en paix. » feintai-je. C’était une moitié de mensonge, assez pour biaiser la conversation sans pour autant que cela ne paraisse aberrant. « Espèce de pervers. » Cette remarque m’arracha un large sourire, sans doute un peu carnassier. J’avouais sans peine que j’étais fou du corps de ma femme. « Je ne suis qu’un homme. » Oui … Rien qu’un homme avec des idées un peu étranges, à ses heures. Discuter avec Eveana était parfois compliqué. Un bel euphémisme, pour atténuer le fait que cette handicapée de la communication n’était pas fichue de mettre des mots sur des sentiments aussi simples qu’élémentaires. Il fallait toujours lui tirer les vers du nez, et elle finissait par montrer les crocs parce qu’elle ne supportait pas de parler de ses émotions. Pas celles-là. Alors … Moi aussi, je me contentais de faire ce que je savais. Comme un parfait idiot, je me bornais à lui changer les idées avec mes pitreries et à la plaquer contre tous les recoins de cette baraque pour des parties de jambes en l’air endiablés. C’était stupide, et cela me donnait la désagréable impression de réfléchir avec mon entre-jambe. Est-ce que je cherchais à apaiser ses maux en lui donnant ce qu’elle voulait, ou est-ce que j’étais simplement un connard débauché qui préférait sauter sa femme plutôt que de risquer de se prendre une soufflante en voulant discuter ? Je ne préférais pas trop me pencher sur la question. J’avais un peu peur de la réponse. « Il est en retard. » marmonna-t-elle, après avoir jeté un coup d’oeil à l’horloge. « Qui donc ? » Quelque chose - dans son regard - me fit comprendre que je n’allais pas apprécier la réponse. Celle ci ne tarda pas à claquer dans l’air. « Ton frère. » Elle n’avait pas besoin de préciser l’identité de ce dernier. Elle connaissait à peine Daryl et Scott, et Jake lui inspirait - au mieux - de l’indifférence. « Pourquoi est-ce que tu l’as invité ? » Elle me décrocha un petit sourire, visiblement enchanté par mon ton possessif et jaloux. « Silas peut m’aider. » - « Moi non, peut-être ? » Elle tiqua légèrement. « Je ne sais pas. » Je haussai les sourcils, un peu déconcerté par sa réplique. Elle avait le visage fermé. « Vanille ... » Je fis quelques pas dans sa direction, avec la prudence d’un chasseur face à un prédateur. Ma gazelle n’en avait que l’apparence, et si je pouvais me vanter de la mâter dans la plupart des cas, la méfiance restait de mise. C’est qu’elle était vive, spontanée, et avait la main lourde quand il s’agissait de me cogner ou de déverser ses pouvoirs contre moi. Ma petite Furie à moi. « Est-ce que tu m’en veux ? » Elle releva ses grands yeux verts sur moi, avec sa tête des mauvais jours. Son regard était clair et me disait : mon gars, tu vas en prendre pour ton grade. « Je peux le faire revenir. » Cette conversation revenait sur le tapis. Encore. « Non, tu ne peux pas. » Elle possédait quelques pouvoirs du temps, des dons qu’elle n’était pas supposé avoir et qu’elle ne devait utiliser sous aucun prétexte. Il y a bien longtemps, c’était sous couvert de la surveiller que je m’étais rapproché d’elle. La bonne excuse. « C’est trop dangereux. » Elle haussa vaguement les épaules, arrogante au possible. « Qu’est-ce que je risque ? » Elle me mettait clairement au défi. Dans un soupir, je pris son petit minois de poupée entre mes mains. « Toi ? Rien. » Elle arqua un sourcil et croisa les bras, attendant la suite avec impatience. « Rien, parce que je serai toujours là pour veiller sur toi. Tu peux remonter le temps autant de fois que tu veux, Vanille. Fais ce qu’il te plaît de ce monde. Tord le à ta guise. Colle des migraines à toute mon engeance. Cela m’importe peu. Je serai à tes côtés. Je chasserai tous les Maîtres du Temps qui voudront s’en prendre à toi. Même mon Roi. Je deviendrai un paria pour toi. Je me fous de devenir un banni, tant que tu es heureuse et à mes côtés. Tu es la seule qui compte, à mes yeux. Est-ce que tu le sais, au moins ? » Mon monologue eut au moins le mérite de lui couper toute répartie. Oui, elle ignorait clairement à quel point j’étais prêt à tout, pour elle. Caleb et les autres, eux, le savaient très bien. Cela les inquiétait un peu. On me gardait à l’oeil, je le savais. Si ça pouvait les rassurer … « Ah. » marmonna-t-elle. Un petit rire m’échappa. J’aimais beaucoup la façon dont elle murmurait cette syllabe, avec une mine boudeuse et revêche, les joues un peu roses. C’était adorable. J’embrassai son front dans la foulée, en m’enivrant du parfum de ses cheveux. Elle sent bon, ma Vanille. Un parfum sucré et floral, comme du jasmin et du patchouli. « Tu es bien dramatique. » - « Je tiens simplement à ce que tu comprennes. » Moi, j’avais parfaitement saisi en tout cas. Elle cherchait un responsable à la mort de Félix, pour effacer sa propre culpabilité. Jarod était le coupable idéal, évidemment. Et il était effectivement instigateur de de la disparition du jeune dragonnier, car à force de comploter pour évincer ma femme, il avait choisi de sacrifier un innocent. Moi … J’étais celui qui empêchait le retour du jeune Orisha. Et Vanille ressassait ses propres décisions, comme celui de faire venir l’apprenti sur le terrain, avec elle. Ce n’était pas le pire. Je savais ce qui la tracassait réellement. Les Zihaags. Elle n’était pas responsable de l’apparition de ces monstres sur les Terres du Yin et du Yang - merci à la douce Mélodie Suellan pour ça - mais leur prolifération était de son fait. Vanille se sentait responsable de la mort de Félix. Alors elle cherchait à blâmer tous les autres. « On n’a pas besoin de Silas, ma Furie. » soufflai-je en glissant mes doigts sur ses pommettes. « Allons les massacrer. » Elle se pelotonna contre moi, comme un petit chat en mal de caresses. « Tu es sûr que tu es un magicien, toi ? » me questionna-t-elle en étouffant un rire. « C’est vrai que personne n’a pris la peine de vérifier depuis pas mal de temps. » - « Ca serait une bonne idée, pourtant. » - « Je peux te laisser faire. Il existe une méthode très simple qui consiste à ... » - « Tu n’arriveras pas à me mettre à genoux avec un stratagème aussi stupide. » - « Arf. J’aurai essayé, au moins. » Elle éclata de rire, avant de me voler un baiser et de faire volte face pour prendre une certaine boule de poils dans ses bras.

Vanille souriait. Ce n’était pas grand chose. Pourtant … Le simple fait de voir un petit sourire sur sa frimousse d’ange suffisait à me rendre heureux. Peu importe que le décor ne soit qu’un vaste champ de ruine, tout autour de nous. Kubera avait dévasté la région. « Miou. » Mes yeux se posèrent sur la silhouette féline de Gribouille, sagement assis sur le rebord d’une fenêtre. Fripouille était dans ses pattes. C’était encore un chaton, joueur et un peu inconscient. Ils étaient assez amusants, tous les deux près des carreaux. Il ne restait plus que ça, de toute manière. Le reste de la maison était en ruines. « Tiens donc … C’est lui que je cherchais. » Vanille avait repéré sa cible et fonçait vers lui, avec autant de finesse et de délicatesse qu’un Réprouvé bourré. Elle n’avait pas envie de faire dans la dentelle. Félix était mort de façon brute et sauvage. Elle réservait le même sort à ses proies. « Bonjour ! » entonna-t-elle gaiement, en se plantant devant un jeune homme au teint blafard. Je n’avais rien à reprocher à ce type. Mais j’allais le laisser crever dans d’atroces souffrances, simplement pour faire plaisir à ma femme. L’amour rend certains aveugles. Pas moi. Simplement … Indifférent. Désolé, petit gars. Mais je prendrais toujours son parti, à elle. Même quand elle a tord. « Je suis vraiment contente de faire enfin votre connaissance. » roucoula-t-elle, avec un charmant sourire. Il balaya le village du regard. Quelques dizaines d’individus armés arpentaient ce qui restaient des ruelles, sous l’oeil vigilant de plusieurs dragons et de deux ou trois membres de la famille de Vanille, dont Galaad. Un tableau apocalyptique. « Pourquoi ? » demanda-t-il simplement. Il avait un éclat fataliste dans le regard. Il ne s’attendait pas à survivre. Vanille haussa les épaules. « Désolée. » Elle ne l’était pas et cela se voyait. « Je crois que je suis un peu rancunière. » Quelle litote. J’en avais déjà fait les frais plusieurs fois, et je savais que cela n’allait pas aller en s’arrangeant. Je suivais à peine la discussion, ne captant que quelques brides. Je préférais la regarder. Elle. « Cela n’aurait pas dû se passer comme ça. » Question de point de vue. « Ne vous inquiétez pas. Il sera rapidement mis au courant. » Vanille n’avait pas tardé à jeter son dévolu sur ce petit bourg, après avoir découvert que l’Empereur des Dragonniers investissait une partie de sa fortune personnelle dans la région. Il était un Eversha de Sang-Pur, un fait relativement peu connu. Il avait gardé de bons contacts avec certains clans, dont les chefs de quelques meutes parmi lesquels se trouvaient un dénommé Thorm. Son ami le plus proche et le plus fidèle. L’homme à genoux devant ma femme. « Vous … » commença-t-il. « En fait … » Elle le coupa presque aussitôt. « Je m’en fiche. » Elle tourna les talons. C’était le signal. Les deux félins se ruèrent sur lui. Vanille ne se préoccupait plus de lui, ou de ses cris. « Ca va mieux ? » La vengeance ne résout rien et ne soulage pas, dit-on. Pas pour ma Sirène. Elle me gratifia d’un sourire éclatant. « Je me demandais … Tu crois qu’il m’en voudrait beaucoup si je m’en prenais à sa petite bâtarde de fille ? » - « Tu veux déclencher une guerre, chaton ? » - « Pourquoi pas ? » La situation risquait de rapidement dégénéré. Cependant, je ne pensais pas qu’elle était réellement sérieuse. Plutôt … En colère. Elle jubilait à l’idée des opportunités qui s’offraient à elle, depuis qu’elle avait décidé de rompre le pacte, qu’elle avait noué jadis avec Jarod. « Il n’est plus tenu de suivre ses engagements non plus, tu sais. » - « Evidemment. Sauf que moi … Cela ne me touche pas. » Je n’en croyais pas un mot. Mais je n’allais pas la contrarier maintenant. Il se faisait tard et je ne voulais pas dormir sur le canapé. « Hum hum. » Elle s’arrêta de façon nette pour me dévisager. « Quoi ? » - « Rien. » Elle me renvoya un regard peu convaincu, avec une petite expression agacée sur sa tronche de chaton grognon. « Tu es vraiment susceptible, ces derniers temps. » - « Ta faute. » marmonna-t-elle, en désignant son ventre rond. « Tu n’as pas besoin de ça pour être pointilleuse et irritable. » Elle souffla longuement. « Je risque de ruiner tes chances de continuer à fonder une famille, de façon définitive, si tu continues à m’énerver. Pour ma part ... ça m'arrangerait. » Toutes les alarmes se mirent au rouge clignotant au fond de ma petite cervelle de mâle, conscient que ma belle avait quelque chose à me reprocher. Et que ça n’allait pas tarder à me retomber sur le coin du nez. «  Qu’est-ce que j’ai fait, encore ? » demandais-je en surjouant l’exaspération.

Vanille ne me répondit pas. Elle alla voir ses lieutenants, pour parler un peu de l’avancement des troupes. Les soldats étaient en train d’amasser les trésors des villageois qu’ils avaient exécuté. Elle voulait jeter un oeil à leurs trouvailles, pour voir si quelque chose l’intéressait. Je savais que oui.

Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Lun 25 Nov 2019, 19:39



La Couronne de la Nuit

« Tu m’énerves. » Ils étaient encore en train de hausser le ton. Ce n’était pas rare qu’ils se chamaillent. En réalité, Cole et Vanille passaient le plus clair de leur temps à se quereller. Toujours avec raillerie, cela étant. Ils ne pouvaient pas s’empêcher de taquiner l’autre. C’était différent, depuis quelques semaines. Vanille était à fleur de peau. Elle avait du mal à encaisser les secrets de son époux, qui cumulait les énigmes et les mystères. Elle était certaine qu’il dissimulait quelque chose de vraiment important au sujet de son ancienne compagne, et remettait sans cesse le sujet sur le tapis. Cole restait toujours aussi évasif, se braquant à la moindre mention de son obscure amour d’autrefois. « Je n’ai rien à dire, c’est tout. » Vanille fronça davantage les sourcils. « Arrête de me regarder de cette façon. » Elle précisa, devant la mine vaguement interloquée de son mari : « Comme si tu parlais avec une petite fille capricieuse et ignorante. » Il souffla, les yeux au ciel, avant de secouer sa tignasse brune. « Tu es irritable et sensible, Vanille, ces derniers jours. Ce n’est pas le moment de ... » Elle éclata de rire. « Je ne suis pas complètement idiote. Tu me caches quelque chose. » Cole se laissa tomber sur le divan. « Et alors … ? » demanda-t-il avec une désinvolture que Vanille ne lui connaissait pas. « Ce n’est pas l’un des fondements de notre mariage ? » Il est vrai qu’ils avaient beaucoup fonctionné de la sorte. Cela avait été un contrat, presque tacite, entre eux. Elle pouvait continuer à se conduire comme elle le souhaitait, à multiplier les amants et les aventures et à agir comme bon lui semblait, pourvu de toujours revenir à lui. En échange de cette liberté, elle s’abstenait de l’interroger sur son passé. Cependant … « Les règles ont changé. » Il arqua un sourcil. « Tu tournes toujours les choses comme ça t’arrange. » - « Tu préfères peut-être que l’on revienne à nos anciennes promesses ? » Il grinça des dents, les poings un peu serrés. « Tu sais bien que non. » - « Parfait. Les efforts vont dans les deux sens, Cole. » Il secoua la tête. « Je ... » - « Oui ? » insista-t-elle. Elle était de plus en plus agacée. Le ravissement qu’elle avait éprouvé après le massacre du petit village des hommes-animaux avait été de courte durée, vite balayé par les disputes avec le Professeur. Ils venaient à peine de revenir, et ils n’avaient pas cessé de se heurter. « Pourquoi est-ce si important ? » - « J’espère que c’est une plaisanterie. » Elle ouvrit en trombe la porte de la chambre, suivie de près par le Maître du Temps. Sans un regard pour lui, elle balança sur le matelas quelques babioles, qu’elle avait récupéré de sa petite escapade meurtrière. Pas grand chose. Trois fois rien, à vrai dire. Simplement un petit diadème aux propriétés magiques qu’elle souhaitait étudier, et quelques bijoux qu’elle voulait offrir. La majorité du butin avait été récupéré par ses hommes, qui s’étaient partagé le tout.

« Tu ... » - « Je tombe mal, de toute évidence. » Vanille et Cole se tournèrent dans un même mouvement vers le propriétaire de cette voix - rauque et basse - qui venait de les interrompre. Silas était nonchalamment vautré contre le rebord d’une fenêtre. Les bras croisés, il contemplait son petit frère et sa belle-soeur. Elle souriait. Pas lui. « Qu’est-ce que tu fiches ici, Silas ? » Il ne bougea pas d’un pouce. « Elle m’a invité. » - « Vous êtes en retard. » - « Je suis certain que tu as quand même besoin de mes services, ma beauté. Je peine à croire que tu m’avais simplement convié pour une petite chasse entre amis. » - « C’est vrai. » Cole fulminait. « On est occupé. Repasse plus tard. » - « Votre petite scène de ménage est assez touchante. » Il quitta le mur pour faire quelques pas et s’emparer de la tiare, jetée sur le sommier. Il caressa l’ouvrage du bout des doigts. « Sais-tu ce que c’est, ma jolie ? » Elle s’approcha du Sorcier, intéressée.  « Non ? Je veux dire … J’ai une petite idée. Mais je ne suis pas contre quelques informations supplémentaires. » Silas releva les yeux sur son frère. « Tu aurais pu lui en parler toi même. A quoi est-ce que tu sers, au juste ? » - « Oui, moi aussi je me le demande. » Cole leva les mains. « Bien … Puisque tu sembles décider à rester … Pourrions-nous au moins aller dans le salon ? » Il ne semblait pas à l’aise à l’idée de discuter avec sa femme et son frère - aussi amant de son épouse - autour d’un lit. « Pourquoi ? » s’enquit Vanille. « Je suis bien ici. Avec vous. » Elle glissa la main sur les voilages des baldaquins, avant de relever un minois malicieux sur les Frères Von Illuynqi.  « Ca me donne des idées. » Ce qui eut le mérite de laisser médusé les deux hommes. Silas entrouvrit les lèvres pour une remarque, mais il fut prit de court par Cole, qui s’empressa d’attraper le bras de la Sirène. « Toi et tes hormones en furie de femme enceinte, vous allez avoir droit à une petite camomille. » Elle ricana, imitée par le Mage Noir. « Vous n’êtes pas très drôles. » - « Je n’ai pas dit non, personnellement. Est-ce qu'on pourrait revenir deux minutes sur la suggestion de la princesse ? » - « Ta gueule, Silas. » - « Au fait, quel était le sujet de votre dispute ? » Le sourire de Vanille se fana immédiatement. « Ton frère refuse de me parler. » - « C’est sûr que tu es irréprochable, toi, question communication. » Silas alla s’avachir sur un fauteuil, le diadème toujours entre les mains. Cole se dirigea vers le bar pour se servir un verre, tandis que Vanille préféra s’asseoir sur la méridienne. « Alors ? » - « Qu’est-ce que tu en penses, beauté ? » - « Une couronne raciale. Mais laquelle ? » Il lui tendit l’objet. « Tu ne veux pas tester ? » - « Non ! » tonna Cola. « Elle s’épuise déjà avec les deux autres. Il faut qu’elle se ménage un peu. » - « Elle n’a pas besoin d’être maternée. Arrête de jouer les chevaliers servants. Ce n’est pas une princesse en détresse. » - « Toi, arrête de la pousser à faire tout et n’importe quoi. » - « Tu gâches son potentiel. » - « Je la préserve. » - « Elle n’a pas besoin d’une maman. » Vanille laissa sa tête tomber dans la paume de sa main. « Vous vous souvenez que je suis là, les garçons ? » - « Difficile de t’oublier, ma jolie. » Cole tiqua, comme à chaque fois qu’il employait un petit surnom. Vanille - qui commençait à s’impatienter - prit l’artefact. C’était Gribouille, en réalité, qui avait rapporté la couronne. Il l’avait déniché sur le cadavre de l’ami de Jarod, qu’il avait dévoré avec Fripouille. Elle se demandait vaguement si c’était vraiment à lui, ou plutôt à l’Empereur des Dragonniers … Elle espérait que la deuxième hypothèse était juste. C’était bien plus amusant, de cette façon.  

Vanille se contentait d’écouter les frères, qui continuaient à s’envoyer des répliques désobligeantes à la figure. Son plan était plutôt simple : pousser Cole dans ses retranchements, et l’aide de Silas n’était pas de trop. Sa simple présence suffisait. Ils se détestaient, tous les deux. Tout du moins, ils s’entendaient très rarement. Tous les moyens étaient bons pour glaner des informations. Surtout qu’elle avait déjà essayer d’interroger le Patron, mais qu’il était resté étrangement ambigu et imprécis, à son plus grand étonnement. Vanille avait cru qu’il se serait empressé de semer la zizanie dans son couple. La Sirène finit par quitter le salon, pour chercher quelque chose à grignoter. Elle avait un drôle d’appétit, pendant ses grossesses. « Où est-elle ? » tonna soudainement une voix. Elle sentit une lame contre sa gorge, tandis qu’on tenait fermement l’une de ses mains dans son dos. De l’autre, elle tâcha de retrouver son équilibre. « Hum ? » Il resserra davantage sa prise. « Où est la couronne ? » Vanille fronça les sourcils. Elle n’appréciait pas vraiment que quelqu’un vienne lui demander des comptes, chez elle, d’une manière aussi cavalière. « Ne vous fatiguez pas pour rien. » la prévint-il. « Cela serait vain. » Il portait des gants, elle le sentait. Elle ne pouvait pas déverser sa magie de la manière qu’elle préférait. Ce n’était pas les moyens de riposter qui lui manquait, toutefois. Elle esquissa un petit sourire. « Courageux ou suicidaire ? » souffla-t-elle. « La couronne. » répéta-t-il. « Ici. » Elle étouffa un hoquet quand il pivota brusquement, pour se retrouver presque nez à nez avec les Frères Von Illuynqi. Silas souriait, de façon froide et provocante. Il faisait tourner le diadème autour de ses doigts. Cole était furieux. Vanille se mit à ricaner. Elle profita aussi de la situation pour dévisager son agresseur. C’était un Alfar. Sûrement un membre de la Coalition des Ombres, puisqu’il courait après la Couronne de la Nuit. « Il faut lâcher la dame, mon petit. C’est un conseil d’ami. » -  « Rendez moi la Couronne. » -  « Dis donc … Il ne manque pas de témérité, le petit. Tu es au courant que tu es fichu, là ?» - « Vous croyez que je suis seul ? Rendez la Couronne au Peuple Alfar. Et tout se passera bien. » Silas se tourna vers Cole. « Frangin ? » -  « Quoi ? Ca serait vraiment un problème s’il était accompagné ?» -  « Pas vraiment. Montre toi utile, c’est tout. » Cole grogna. « C’est un menteur. » répliqua calmement Vanille. « Comment tu sais ça, toi ? » -  « C’est l’un de mes dons, les garçons. Je sais quand on ne me dit pas la vérité. » Ils furent tous pris de manière collective par la contemplation de la pointe de leurs chaussures. « Ah. » -  « Surprise. » Après tout, elle n’était pas obligée de parler de tous ses pouvoirs. « Bref … Ils sont plusieurs sur les traces de la Couronne. Mais celui-là voulait récolter tous les lauriers. Alors il est seul. Et personne ne sait qu’il est là, ou que l’objet qu’ils recherchent tous est en ma possession. Tout ça, je l'ai lu dans ses pensées. Bonne nouvelle, non ? » L’Alfar s’écarta brutalement, les armes toujours pointées sur la Dame des Abysses.

« Pourquoi est-ce que les Alfars veulent récupérer la Couronne ? » -  « Son existence est une offense à la pureté de notre sang et aux volontés de Dothasi. » Vanille tourna la tête vers Cole. « Les croyants ... » Elle reporta son attention sur le jeune homme. Il était déjà bien amoché. Ils étaient deux à s’être donné à coeur joie, sous le regard amusé de la Dame des Abysses. Incapables de s’entendre, sauf lorsqu’il s’agissait de donner une bonne correction à quelqu’un qui s’en était pris à leur petite chérie. « Qu’est-ce qu’on fait de lui, mon chaton ? Tu veux appeler les petits chats ? » - « On peut s’en occuper ensemble. Une préférence, beauté ? » - « Hum ... » Elle prit quelques secondes pour réfléchir, avant de faire un grand sourire éclatant. Un sourire, qui fut rapidement imité par les deux frères, et qui glaça le sang de l’Alfar.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Lun 25 Nov 2019, 21:26



La Couronne de la Nuit

« Nads ! » s’exclama-t-elle. « Où étais-tu passé ? » - « Toujours sur les traces de la Couronne. » marmonna-t-il, en reprenant péniblement son souffle. « Je … On a un problème, Therana. » Elle croisa doucement les bras. « Parle. Qu’est-ce qui s’est passé ? » - « Je sais où elle est. » Elle écarquilla les yeux, un peu désarçonnée par cette révélation. « Réellement ? C’est une excellente nouvelle. » - « Pas tout à fait. Réunissons les autres. Il faut qu’on trouve une solution, très rapidement. » Il essuya ses lèvres d’un revers de la manche, pour enlever un petit filet de sang qui coulait le long de son menton. « Tu es blessé. » - « Rien de trop préoccupant. Ces chiens m’ont mis une bonne raclée mais ils étaient bien incapables de me retenir captif. Personne ne me fait prisonnier. Jamais. » Elle donna un léger coup dans l’épaule du jeune homme. « C’est certain. Tu as un as de l’évasion. » Il esquissa un petit sourire suffisant, tout en bombant le torse. Therana ricana, avant de reprendre son sérieux. « Qui sont-ils ? Qui a la Couronne ? » Il balaya les questions d’un geste de la main. « Allons trouver les autres. Je suis prêt à parier que vous allez avoir pléthores de questions. Je préfère éviter de me répéter. Le temps presse. » Elle tiqua légèrement mais hocha la tête. Quelques minutes plus tard, ils furent rassemblés autour d’une petite table. Ils avaient tous un visage grave. « On t’écoute, Nads. » commença Tolmera. « Tu as encore voulu jouer en solo. » lui reprocha Athal. « On commençait à croire que tu étais mort. Les autres groupes non plus n’avaient pas de tes nouvelles. » se moqua Indarys. Nads leva une main, pour demander un peu de calme. « Je sais. » finit-il par concéder. « J’ai commis quelques erreurs. Mais j’ai retrouvé la Couronne. » - « En possession de la mauvaise personne, de toute évidence. Arrête de ménager tes effets et parle. » Il soupira et se gratta la gorge, embarrassé. « Qu’est-ce qu’on est supposé faire, quand la personne qui détient l’artefact que l’on recherche est est personnage public connu, et entretient des liens avec notre Reine ? » Il y eut quelques froncements de sourcils. « Sois plus précis, Nads. » Il souffla. « En réalité ... » Il secoua la tête. « Je me suis confronté à la Khæleesi. C’est elle qui ... » Il laissa sa phrase en suspend. Quelqu’un étouffa un juron. « Pourquoi il a fallu que ça soit elle ! » - « Elle n’est pas la première propriétaire du diadème. Je crois qu’elle a simplement récupéré les biens d’un type, qu’elle a assassiné. » - « Comment est-ce que tu as pu lui échapper ? Elle n’est pas du genre à abandonner une proie. Cette femme est un vrai chasseur. » s’étonna un autre. Nads secoua ses cheveux en bataille. « C’est compliqué. » - « Explique. » insista Therana. Il haussa vaguement les épaules. « Je ne me suis pas vraiment échappé. » Cette déclaration fut accueillie par un silence pesant. « Qu’est-ce que cela signifie ? » Il y eut un petit bruit métallique. Le bruissement d’une lame qu’on retirait de son fourreau. « Tu nous as trahi, Nads ? » - « Non, évidemment. » Il fit un petit sourire. « Jusqu’à la mort. La Tâche, avant tout. » Ils échangèrent des regards perplexes. « C’est du moins ce qu’il m’a confié. Avant … Vous savez ? » - « De quoi est-ce que tu parles ? » - « Tu l’as dit, Tolmera. Je suis un chasseur. »

Vanille aurait pu se contenter de l’élimination de Nads. Cela aurait été amplement suffisant, après tout. Elle avait fini par juger qu’il valait mieux prendre quelques précautions. Les Alfars étaient des créatures entêtées. La disparition de Nads aurait entraîné des interrogations, et son groupe aurait cherché à remonter sa piste, sachant pertinemment qu’il tenait quelque chose. C’était plus simple de tous les massacrer, tous ceux qui étaient chargé de retrouver l’artefact. Bien sûr, la Reine risquait d’être furieuse. Une évidence, même. Elle n’était pas connue pour son bon caractère. Mais le message allait être limpide : où que soit la couronne, il ne fallait pas qu’elle cherche à mettre la main dessus. Vanille éclata de rire, tout en essayant le métal de ses griffes, qui dégoulinaient de sang. Elle était de mauvaise foi. Elle avait encore en travers de la gorge les événements liés au trépas du pauvre Imeg. Elle était donc toujours partante pour anéantir quelques Alfars, sous des prétextes plus ou moins nébuleux. En plus, elle était encore contrariée par la mort de Félix. Vanille avait un besoin impérieux de se défouler. Elle avait réussi à entraîner les Frères Von Illuynqi dans sa petite escapade meurtrière, en lançant un défi. Il y avait plusieurs petits groupes de la Coalition des Ombres, liés à la recherche de la Couronne de la Nuit. C’était à celui qui en éliminerait le plus, et de la manière la plus imaginative qu’il soit. Silas avait accepté sans réfléchir. Surprenament, Cole aussi. Le gagnant allait pouvoir demander un gage aux deux autres. Cela promettait d’être très intéressant, peu importe qui allait l’emporter. Ils avaient mis au point une petite grille de notation. Ils s’amusaient bien, en somme. Galaad, Ismaël et Zaäshiel avaient été embarqué dans cette histoire, en tant que juge. L’Ondin se tenait silencieusement dans l’encadrement de la porte. Il n’avait aucun commentaire à faire. Il se contentait de faire ce qu’on lui avait dit. Qui a dit que les activités familiales étaient forcément légères et innocentes ? « Imseti. Rera. Moros. » Les dragons surgirent. Ils n’eurent pas besoin d’instructions pour se jeter sur les dépouilles des Alfars, et terminer le travail en dévorant les cadavres. C’était aussi un bon moyen de sortir avec tous les monstres qu’elle avait dans sa horde, qui étaient enchantés par cette journée placée sous le signe du sang.

« Mission accomplie ! » dit la jeune femme, en prenant une pose victorieuse. Le tout avec un sourire éclatant et un rire cristallin. Elle venait d’ouvrir la porte du salon en grand. « Il ne reste plus que toi. » ronronna-t-elle en se glissant sur les genoux de Nads. Elle avait choisi de le garder en vie, pour le moment. Elle voulait qu’il soit le dernier. Qu’il se sente responsable de la mort de tous ses petits camarades. Les Alfars n’étaient pas réputés pour leur bienveillance, ou même leur capacité à éprouver des remords. Ils avaient néanmoins un sens particulier de l’honneur. Ils passaient leur temps à comploter les uns contre les autres, mais certaines choses étaient primordiales, comme les volontés de Dothasi ou les tâches. Autant dire qu’ils avaient lamentablement échoué. « Merci pour ta coopération, mon petit Nads. » Elle caressait doucement ses cheveux, du bout des doigts. Le pauvre … Il ne ressemblait plus à rien. Il avait été passé à tabac et devait souffrir atrocement. Cette pensée arracha un sourire à Vanille. « C’est bientôt ton tour … Il faut simplement attendre les deux frères. » D’ailleurs, ils franchirent le seuil de la pièce, un peu interloqués par ce qu’ils avaient sous les yeux. « Qu’est-ce que tu ... » maugréa Cole, en voyant la position de sa femme. Elle sauta immédiatement de la chaise, pour sautiller comme une enfant surexcitée. « Enfin ! Qu’est-ce que vous pouvez être longs, des fois ... » Silas arqua un sourcil. « Tu ne t’en plains pas, d’habitude. » Elle éclata de rire, tandis que le Magicien leva les yeux au ciel. « Sérieusement. » - « Alors ? Qui a gagné ? » Ils se tournèrent vers les fils de Vanille, qui comparaient leurs notes. Zaäshiel semblait se demander ce qu’il faisait là. Ismaël avait l’air de s’ennuyer fermement et Galaad … Le fils parfait, faisait ce qu’on lui demandait. C’est lui qui annonça : « Silas. » - « Roh. » - « Pff ... » - « Désolé, les gamins. Je suis le boss. » Sans davantage de cérémonie, il brisa le cou de Nads, puisqu’il avait été stipulé que le gagnant aurait aussi droit de mettre à mort l’Alfar, selon son désir. Le Patron fit ensuite un petit signe de la tête à Fripouille, qui frétillait sur le divan. Elle bondit sur le corps encore chaud, pour grignoter un peu. Silas - un sourire goguenard sur les lèvres - s’installa sur le canapé. « Qu’est-ce que je vais bien pouvoir exigé de vous ? » Cole croisa les bras. Il n’était pas ravi que ce soit lui, le grand gagnant de ce petit pari. Il savait qu’il aurait eu droit à une nouvelle scène de ménage, si Vanille remportait la partie. Elle aurait exigé des réponses. Mais Silas … C’était peut-être pire. « Et si on reparlait de ... » - « Même pas en rêve, Silas. » Vanille éclata encore de rire. « Tu es bien guillerette, ma beauté. » Elle haussa les épaules. « Ca vous dérange ? » - « Du tout. »

Cole était d’humeur massacrante, depuis le départ de son frère. Il était resté pour le dîner, et avait lancé avant de s’éclipser qu’il reviendrait plus tard, pour exiger sa récompense qu’il n’avait pas encore choisi. Vanille jubilait. Elle était plutôt contente que son époux soit frustré. C’était un juste retour des choses, à ses yeux. Assise devant sa coiffeuse, elle caressait les pierres qui ornaient la Couronne de la Nuit. C’était un bel ouvrage, à l’image de la race qu’elle représentait. Vanille était satisfaite de la trouvaille de cet artefact. Cela n’avait pas vraiment été prévu, mais elle s’intéressait de près à toutes les Couronnes. Après tout, elle avait déjà en sa possession celle des Rehlas et des Magiciens. A présent … Les Alfars. Elle ne comptait pas s’arrêter en si bon chemin. « Tu viens ? » soupira Cole, déjà affalé dans le lit. Il était toujours aussi bougon. Vanille ne s’en préoccupait pas. Au contraire, elle voulait qu’il soit dans cet état. « Oui, j’arrive. » Elle effleura le petit anneau qui décorait l’un de ses doigts, et l’artefact disparut de ses mains pour rejoindre les autres possessions de la jeune femme. Celles qu’elle voulait toujours avoir sur elle. Elle se glissa dans les bras de son époux, qui déposa un petit baiser sur son front. « Tu as passé une bonne journée, finalement ? » Il y avait un petit reproche dans sa voix, mais Vanille ne s’en soucia pas le moins du monde. « Excellente. » Mine de rien, il était content. Il ne voulait pas qu’elle rumine la mort de Félix. Elle était plus ou moins passé à autre chose. Elle en voulait toujours autant à Jarod, il le savait. Mais c’était une colère moins impulsive. C’était déjà ça.
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé


Revenir en haut Aller en bas
 

La Couronne de la Nuit [Solo]

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

 Sujets similaires

-
» Nuit, Nuit... [Quête - Solo]
» | La Couronne Blanche [Solo]
» La veuve et la couronne | Solo
» La Couronne de la Nature | Solo
» La Fin du Conte [Couronne Noire - Solo]
Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Les Terres de Sympan :: Zone RP - Océan :: Continent de Tælora :: Lyscenni-