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 La Fin du Conte [Couronne Noire - Solo]

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Ven 10 Jan 2020, 21:09



La Fin du Conte



« Arrête ! » hurla-t-il. Il esquissa un autre pas dans sa direction. Aussitôt, elle pointa la lame vers ses propres cuisses, prête à continuer sa besogne. Il s’arrêta net. « Reste loin de moi. » Il détailla longuement la silhouette de sa femme, enfermée dans une petite robe qui devenait de plus en plus rouge. Elle saignait. Pas qu’un peu. Ses jambes vacillaient, comme si elles ne pouvaient plus la porter convenablement. C’était sans doute le cas, après tous les coups qu’elle s’était donnés. « Dégage. » Elle remonta doucement le poignard, près de son nombril. Cole leva les mains. « S’il te plaît. » murmura-t-il, en reculant. Son regard était si triste et misérable qu’elle hésita, pendant un court instant. Puis elle secoua la tête, bien décidée à camper sur ses positions. « Je ne veux plus te voir. » articula-t-elle, en détachant chaque syllabe avec soin. Juste quelques mots, qui semblaient lui avoir écorché la bouche. Elle avait presque les larmes aux yeux. Mais il était hors de question de se laisser aller à cette marque de faiblesse. Elle préférait se concentrer sur sa rage. « Eveana ... » Il passa nerveusement sa main dans ses cheveux en bataille, avant de frotter son visage aux traits fatigués. Résignés, plutôt. « Laisse moi simplement t’expliquer. » murmura-t-il. Elle eut un hoquet méprisant. « Je crois que nous nous sommes tout dit. » Elle appuya sur son ventre. Un filet pourpre s’échappa de la coupure, qu’elle faisait de plus en plus profonde. « Pars. » C’était presque une supplique. Cole dévisagea son épouse. Elle n’avait même pas pris la peine de le menacer. Elle s’était contentée de se mutiler. Judicieux. Il aurait presque pu applaudir la manoeuvre. Après tout, il aurait été vain qu’elle cherche à s’en prendre à lui. Mais ça ... Sous le regard horrifié du Maître du Temps, elle enfonça la dague dans sa chair. Encore. « Ne m’approche plus. Je me ferai bien pire si je n’aperçois ne serait-ce que ton ombre. » C’était une promesse. Il le savait. Cole contempla la jeune femme, comme s’il la voyait pour la dernière fois. Comme s’il voulait graver son image dans sa mémoire. Elle tremblait un peu. Il voyait ses doigts, qui frémissaient autour du manche de la lame. « Tu as toujours été mon évidence. » souffla-t-il, en ravalant ses propres sanglots. « Je ne regrette rien. » Il prit péniblement une grande inspiration, avant de poser un regard d’une infinie douceur sur Vanille. Elle chancela, moins à cause de ses blessures que percutée par les yeux de son mari. « Et je t’aime. » Elle avait la gorge nouée. « Moi … Je regrette de t’avoir rencontré. » Ils se dévisagèrent en silence pendant quelques secondes. « Prends soin de toi. » Il s’évapora, sans un mot de plus.

Vanille écoutait à peine les supplications de son fils, qui implorait qu’elle fasse usage de ses dons pour se soigner. Elle se laissa simplement tomber à genoux, les yeux fermés. Simplement épuisée. « Sale con ... » murmura-t-elle, tellement bas que personne ne pouvait l’entendre. Ils étaient une petite trentaine, autour d’elle. Un petit essaim en panique. Galaad se redressa d’un bond, pour chercher de l’aide. Il n’était plus question d’attendre et si sa mère n’était pas disposée à panser elle-même ses blessures, il trouverait un guérisseur pour le faire à sa place. Vanille se moquait de tout ça. Elle regardait ses mains, devenues poisseuses à cause de son sang. Elle posa sa paume sur son ventre. Son état n’était pas beau à voir. Elle n’avait pas hésité un instant à planter la lame, n’importe où. Sans se soucier un seul instant des bébés. Plus rien n’importait, en réalité. Elle esquissa un sourire amer. Son visage avait une expression étrange, avec ce petit rictus âpre et les joues ravinées par des larmes qu’elle n’avait pas su contenir. Pas une fois qu'il fut parti. La Khæleesi se releva doucement et balaya les environs du regard. Le petit essaim était toujours affolé. Ça piaillait et gesticulait dans tous les sens, en réclamant ceci ou cela. Vanille continuait à sourire. Il y avait quelques membres de la famille, des proches, des domestiques dévoués. Et elle s’en moquait. Un silence de plomb tomba sur les jardins. Un silence de mort, en réalité. Et Vanille souriait. Rien qu’une façade. Quelque chose de glacé. Sans un regard en arrière, elle tourna les talons.

Mais revenons un peu dans le temps.  


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Jeu 26 Mar 2020, 21:20




« Cette femme est tout simplement monstrueuse. » - « Un véritable bourreau, sans coeur ni pitié. » - « Je ne suis pas certain de pouvoir en supporter davantage. » - « Courage, mon frère. Cette torture finira bien par prendre fin. » - « Tu as raison. D’autant que … Je suis prêt à parier qu’elle nous infligera une torture encore plus abominable, si nous tentons de résister. » - « C’est évident. Il ne nous reste plus qu’à endurer. » Il posa doucement sa main sur l’épaule de son petit frère, avec un sourire pauvre et désolé sur les lèvres. « Ensemble. » - « Oui : ensemble, frangin. » Vanille soupira bruyamment. Elle planta sa petite cuillère dans sa glace au chocolat - avec un certain panache - avant de lancer un regard mauvais aux deux Von Illuynqi.  « C’est bon ? Vous avez terminé votre petit numéro ? Vous allez finir par m’arracher une larme avec votre cirque. » Elle croisa les bras, dédaigneuse à souhait. Ils ne s’entendaient jamais, sauf quand il était question de se payer sa tête. « Monter sur scène, dans le cas contraire. Vous faites d’excellents comédiens. » Cole tâchait de ne pas rire. Il affichait simplement une expression amusée, à la fois moqueuse et satisfaite, et étouffait deux ou trois gloussements dans sa main. Silas - quant à lui - ne comptait pas se priver de quelques répliques bien senties. « Meilleurs que les artistes qui s’y trouvent, c’est indiscutable. » Les saltimbanques ne semblaient pas particulièrement incommodés par les discussions de leur public, qui se résumait à la Dame des Abysses, son époux et son beau-frère. Ils se contentaient de jouer leur pièce. Après tout, le décor était somptueux et ils n’avaient pas à se plaindre des conditions de travail. Ils étaient dans l’un des palais de la Reine, dans un théâtre grandiose. Il était encore tôt. Vanille avait décrété, après s’être levée aux aurores, qu’elle allait passer sa journée à regarder des comédies, toutes plus niaises et candides les unes que les autres. Des contes pour enfants, des romances ou des histoires connus de tous. Rien de bien compliqué pour la petite troupe, qui ne s’était pas fait prier pour faire le déplacement, après avoir entendu la rémunération promise. Seulement - et au plus grand damn de Cole et de Silas - Vanille n’avait nullement l’intention de rester seule et elle avait entraîné les deux frères avec elle, qui se retrouvaient donc enfermés dans l’opéra pour la journée, devant un spectacle qu’ils n’auraient pas supporté même enfants, en compagnie d’une jeune femme enceinte jusqu’aux yeux et à fleur de peau, ainsi que d’une multitude de chocolats et de friandises dont elle adorait s'empiffrer. Pas exactement ce qu’ils avaient prévu pour aujourd’hui, en somme.

« Ils sont excellents. » - « Tout ce sucre te grille la cervelle, ma pauvre fille. » - « Je vous emmerde, mon petit pote. » Elle attrapa une fraise qu’elle s’empressa d'engouffrer dans la bouche de Silas, pour le faire taire. Il leva les yeux au ciel. « Il en faut davantage pour me museler, chérie. » - « J’en prends bonne note. » Cette fois-ci, elle prit une franche poignée de fruits pour les écraser d’un coup sec sur les lèvres d’un Silas, un peu décontenancé. Cole explosa de rire, sous les grondements de son frère qui essuyait les dégâts du mieux qu’il pouvait. « Je ne sais pas comment tu fais pour la supporter au quotidien. Je ne pourrais pas. » - « Ca tombe bien, frangin : c’est ma femme. » - « Oui, enfin ... » - « La ferme ! C’est mon passage préféré ! » grogna Vanille, en se précipitant sur un plateau de pâtisseries, pendant que les comédiens commençaient à chanter. Elle se mit à grignoter une tartelette, les yeux rivés sur la scène. « Depuis quand est-ce que tu es une romantique, toi ? » - « C’est la grossesse. Ca me rend sensible. » - « Je crois me souvenir que tu as déclenché une guerre et commis plusieurs massacres, enceinte de Zaäshiel. » - « Et pour nos jumeaux, elle ... » Elle les coupa : « Oui, bon. Ca peut me rendre sensible. » - « Susceptible, en tout cas. » - « Non, ça, c’est son état normal. » - « Laissez-moi profiter de ma pièce de théâtre ou je vous jure que je vais vous décapiter, chacun votre tour, avec les dents de l’autre. » Elle s’étira doucement les bras, avant de faire un grand sourire aux deux frères. « Faites moi un gros câlin, plutôt. » Elle précisa, devant la mine éberluée de l’un et friponne de l’autre. « En tout bien tout honneur, bande de pervers. » - « Loin de moi l’idée de remuer le couteau dans la plaie, mais ça n’aurait pas été la première fois que tu nous proposes quelque chose dans le goût. » Cole était déjà en train de câliner son épouse, qui scrutait le Sorcier avec insistance. « J’attends. » - « Je ne suis pas un homme qui papouille, chérie. » - « Ramenez votre petit cul par ici. » - « Tsss ... » Il souffla longuement mais finit par obtempérer, et ils continuèrent à enchaîner les pièces de théâtre, toute la journée.

Vanille chantonnait tout bas, en arpentant les couloirs vides de sa demeure. Ses mains glissaient doucement sur l’arrondi de son ventre qui commençait à devenir sérieusement encombrant. « Hum. » marmonna une voix rauque. Elle releva les yeux sur la silhouette qui se découpait dans l’ombre et sourit. « Tiens donc. Te voilà enfin. Tu es en retard.» - « Navré de ne pas être particulièrement pressé de me rendre à un tête à tête avec toi, Eve. » - « Tu es vraiment rabat-joie, Lord. »

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Dim 29 Mar 2020, 21:51


Vanille claqua férocement la porte du salon. Son arrivée fracassante jeta un froid sur la petite assemblée. Ils furent quelques uns - pour ne pas dire la quasi totalité - à préférer s’en aller sans un bruit. Ils avaient beau être du même sang que cette femme, ils n’étaient pas fous au point de rester dans la même pièce qu’elle. Pas quand elle semblait sur le point d’arracher les yeux du premier qui lui déplairait. Loin de se préoccuper de qui que ce soit, Vanille fonça vers le grand bar pour s’emparer d’un verre et d’une bouteille. « Tout ne s’est pas passé comme prévu ? » s’enquit une voix douce. Delorah se glissa auprès de son amie pour lui retirer son whisky, sous son regard mauvais. « Pas vraiment, non. » marmonna-t-elle, en louchant avec insistance sur la collection d’alcool qui trônait à portée de main. « Raconte-moi tout, ma beauté. » Elle glissa doucement ses doigts sous le menton de la Sirène, qui cherchait autre chose à boire. « Je suis navrée, mon canard, mais j’ai promis à ton époux de te tenir éloignée de la moindre goutte de vin ou autre tentation. Petite alcoolique dévergondée. » Elle s’esclaffa devant la mine boudeuse de sa meilleure amie. « Va t’asseoir. Je vais te faire une boisson. Ne t’emballe pas : sans alcool. » Vanille soupira longuement mais finit par obtempérer. « Niklaus a refusé en bloc, je suppose. » articula-t-elle tranquillement, en prenant un couteau pour couper des fruits. Vanille secoua la tête. « A vrai dire … Il a accepté. » Le Génie haussa les sourcils. « Réellement … ? C’est assez surprenant. » Elle continua sa petite préparation. « Pourquoi es-tu dans un état pareil, alors ? » Vanille passa la main dans son épaisse chevelure bouclée, un peu agacée. « Il demande quelque chose en échange. » Delorah ricana. « Rien de plus naturel, ma chère. Ce n’est pas une babiole que tu réclames, la bouche en coeur. Tu es déjà assez effrontée de lui demander quoi que ce soit. J’avais parié qu’il allait tenter de te faire avaler ta propre langue. Ca aurait été mérité. » Elle fit un petit clin d’oeil à son amie, qui lui adressa en retour un geste moins élégant.

Le Génie finit par s’asseoir à côté de la Sirène, en lui tendant une coupe avec une jolie couleur. Le silence commençait à s’éterniser. « Alors ? » s’impatienta-t-elle. « Qu’est-ce qu’il veut, le grand méchant Sorcier ? » La Dame des Abysses se mit à siroter son cocktail, pensive. « Un échange de bons procédés. Rien de vraiment extravagant.  » Delorah fronça les sourcils. « Je ne comprends pas. C’est quoi le problème ? » - « Il y avait une ambiance assez étrange, entre lui et moi. » - « Encore une fois, je ne vois pas vraiment ce qui est choquant. » - « Je me suis bien amusée, avec lui. » Delorah arqua un sourcil. « Pas comme ça, vile obsédée. C’est juste qu’après les répliques acerbes d’usage … On a discuté presque comme avant. C’est devenu étrange entre nous, quand on s’en est rendu compte. » Vanille croisa le regard perplexe de la jeune femme, et se reprit immédiatement. « Je me demande ce qu’il mijote. Cela fait longtemps que je ne me suis pas intéressée à ses manigances. » Delorah eut un éclat de rire, et elle se laissa tomber sur son amie qui grogna. « Ca te perturbe, hein ? La possibilité qu’il t’ait pardonné. » - « Ce n’est pas le cas. » - « Peut-être, après tout. Vous ne vous êtes pas fait de crasses depuis … pas mal de temps. » - « Il m’ignore et je lui rends bien. » - « Mais oui, mais oui. » Ils étaient très proches, auparavant. Bien plus que des amants. Tout avait basculé le jour où le caractère belliqueux de Niklaus avait pris le dessus. Il avait tenté de la trahir, et cela avait signé le début d’une remarquable et ignoble escalade dans la violence et les complots. Ils étaient aussi rancuniers, l’un que l’autre. « Dis … Toi, est-ce que tu lui as pardonné ? » - « Non. » Delorah dévisagea Vanille. « Hum hum. »

Vanille était tout simplement énervée. Elle ne voulait pas faire le moindre effort et se contentait d’afficher sa mauvaise humeur, pour éviter qu’un inopportun vienne risquer sa vie avec une remarque inutile ou un comportement puéril. Elle n’arrêtait pas de ressasser son entrevue avec l’Empereur Noir. Il s’était montré aussi morne et désagréable que d’habitude, avec une panoplie de remarques piquantes, perverses ou inconvenantes. Quelques menaces, deux ou trois mises en garde et une pointe de défis. Vanille n’était pas restée de marbre face à cette attitude, et avait pris un malin plaisir à être aussi garce, moqueuse, hautaine et insupportable qu’elle pouvait l’être. Un échange, avec mille et un rebondissements. Oui, ils s’étaient plutôt bien entendus. Vanille aurait préféré s’arracher les ongles, un par un, avec les dents, plutôt que de l’avouer mais … Parfois, Niklaus lui manquait.

En attendant, elle avait du travail, si elle voulait sa couronne.

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Ven 10 Avr 2020, 18:36


Cole venait tout juste de franchir le portail du domaine et il se traînait péniblement à travers les allées fleuries du jardin. Il semblait sur les nerfs, presque abattu. C’était souvent le cas, lorsqu’il revenait d’une impitoyable expédition à travers les âges à la poursuite des parias du temps. Ces missions étaient éprouvantes. Il avait besoin de repos, à présent. Dans un grognement, il se laissa tomber sur une petite chaise, sur le versant ensoleillé de la terrasse qui bordait le manoir. Il était encore tôt et il faisait un peu frais. Cola ferma les yeux pendant quelques secondes, pour profiter de la petite brise qui glissait sur son visage. C’était agréable. Il soupira longuement, en passant plusieurs fois les mains dans sa tignasse brune qui devenait de plus en plus désordonnée à force de fourrager là-dedans de manière frénétique. « Hum ... » marmonna-t-il, avant de soupirer d’aise. Il sentait les doigts de sa femme sur ses épaules, qui traçaient doucement des petits cercles sous le tissu de la chemise. « Non ... » murmura-t-il en sentant qu’elle s'écartait. « Continue. » Elle eut un petit éclat de rire mais reprit de bonnes grâces ses caresses. Il esquissa un sourire et pencha la tête vers son épouse, les yeux relevés pour la contempler. Elle continua à le cajoler durant de longues secondes, puis se pencha pour effleurer le front du magicien, du bout des lèvres. « Tu as une mine affreuse. » susurra-t-elle. Il lui pinça la taille. « Ton soutien me touche. » - « Je sais. » Il poussa la table d’un coup de pied, et attrapa la main de la jeune femme, pour l’inciter à faire le tour et à grimper sur ses genoux. Elle ne broncha pas et se blottit dans les bras du Maître du Temps. « Humpf … Il va falloir envisager de freiner sur les pâtisseries, chérie. » Elle releva la tête vers lui, une expression outrée sur le visage. « C’est de ta faute, je te rappelle. C’est toi qui ne peut pas t’empêcher de me faire des gosses au moindre signe de faiblesse. » - « Tu n’es pas obligée de vider les stocks de toutes les boulangeries à deux lieues à la ronde. » Il ébaucha un sourire goguenard. « Ne fais pas cette tête, ma furie. J’adore tes hanches. » Il ricana de plus belle devant le regard noir de son épouse. En réalité, elle avait beau être enceinte, elle était toujours aussi fine. Mais elle nourrissait une obsession déraisonnable pour sa ligne et c’était un plaisir de la taquiner à ce sujet. Même s’il appréciait réellement quand elle avait plus de forme que d’habitude, en vérité. « Fais attention à tes propos. » articula-t-elle, en agrippant son col. « Sinon … Quoi ? » demanda-t-il avec effronterie. Elle planta ses ongles dans sa peau. Il tapota doucement sa tête, avant de poser son index sur le bout de son nez. « Mais oui … Tu es mignonne, ma puce. » - « Respecte ma colère, abruti. » - « Jamais. » Il savait qu’il avait gagné. Elle essayait de le dissimuler, mais il lui avait tiré un petit sourire.

Vanille avait fini par quitter les bras de son époux. Il fallait bien qu’elle se mette à la tâche, si elle voulait que Niklaus tienne ses engagements. Cole avait protesté mais elle avait obtenu gain de cause, sa fatigue l’ayant emporté sur son esprit taquin. La Sirène prit quelques instants pour réfléchir. Il commençait à baisser la garde. Ou tout du moins, à avoir les pensées accaparées par ses missions. Il partait de plus en plus longtemps, pour des traques de plus en plus difficiles. Le moment approchait. Vanille avait la rancune tenace et elle n’était pas prête à tourner la page quant aux secrets du Maître du Temps. Elle savait qu’il cachait quelque chose - certainement de monumental - sur son ancienne compagne. Elle allait découvrir de quoi il s’agissait, que cela lui plaise ou non. Elle avait bien vu que son comportement avait surpris le Magicien. Ils n’avaient pas cessé de se quereller à propos de cette histoire, et elle avait soudainement arrêté d’en parler pour faire comme si de rien n’était. Elle était prête à être patiente, pourvu de remporter la partie en fin de compte. Elle chassa rapidement toutes ses réflexions pour se concentrer sur la Couronne des Sorciers. Elle devait se rendre en toute hâte à la Cité Engloutie et ce fut le cas, en un battement de cil. « Alta. » Il sursauta et fit tomber une pile de papiers. « Majesté. » répondit-il en remontant ses petites lunettes. « Je ne m’attendais pas à votre visite. » - « J’ai besoin des lumières d’Anésidora. » - « Je vous écoute. » Il fronça légèrement les sourcils en entendant la requête de la Reine. « Pourquoi avez-vous besoin de ... » Il se figea, conscient qu’il n’avait pas à demander une quelconque justification à la Dame des Abysses. « Peu importe. » enchaîna-t-il prestement. Il commença à fouiller dans ses documents. « Ce n’est pas banal comme recherche. » maugréa-t-il. « Cela date sans doute d’avant votre naissance ... » Elle ne répondit pas. Il parlait dans sa barbe, sans réellement se soucier de son interlocutrice. « Je me souviens ... » Vanille croisa les bras. Elle faisait confiance à Alta. C’était une véritable mine d’informations. Il bondit de son siège pour partir fouiller. Des livres tombaient. Des papiers volaient. L’Ondin maugréait. Ce petit manège s'éternisa, mais la Reine ne bronchait pas. « Voilà ! » Alta avait fini par revenir, avec un petit sourire satisfait. Il tenait une carte et pointa un lieu très précis. « C’est ici. » Il releva les yeux sur la jeune femme. « Cette zone doit être infestée. » Vanille se contenta de hausser les épaules.

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Dim 12 Avr 2020, 19:50




Ils ondulaient en silence au coeur des eaux froides de la mer des monstres, guettant avec appréhension les plus infimes mouvements de l’onde. C’était un territoire infesté, envahi par des créatures aussi implacables que féroces. Mieux valait être prudent, et ne surtout pas se complaire dans l’orgueil et la vanité. Namata surveillait les environs avec déférence, les doigts un peu noués autour du manche de sa lance. « Ils sont de plus en plus nombreux, votre Altesse. » murmura-t-elle, en épiant les ombres qui s’approchaient doucement du petit groupe. Vanille se contenta d’un vague hochement de la tête. Elle ne semblait pas particulièrement inquiète, au grand damn de la jeune caporale. Cette expédition était une mauvaise idée, à son humble avis. Seulement, elle ne pouvait pas se permettre d’en faire la remarque à la Reine. Au moins, la Khæleesi avait demandé à une dizaine de soldats d’élite de l’accompagner. Un véritable soulagement pour les hommes et les femmes chargés de sa protection, davantage habitués à ce qu’elle n’en fasse qu’à sa tête. « Majesté ? » insista Namata. Vanille s’était arrêtée sans crier gare, et scrutait l’immensité de l’océan, silencieuse. Elle fut rapidement entourée par ses sentinelles. Certains brandissaient des sphères lumineuses qui éclairaient les alentours. « Nous sommes presque arrivés. » annonça simplement l’Impératrice, qui apercevait les contours de sa destination. Une fois n’est pas coutume, elle fila sans annoncer ses intentions, talonnée de près par les membres les plus rapides de sa garde. Namata eut une sueur froide. Il ne fallait pas que la Dame des Abysses s'égratigne la moindre écaille. « Khæleesi ! » s’exclama-t-elle. « S’il vous plaît … Il faut que nous ... » Elle fut interrompue par l’un des soldats. « Caporale ! » Une créature serpentait tranquillement dans les flots. Titanesque et effroyable. Ils étaient tous prêts à attaquer. « Non. » trancha Vanille, sans même se retourner. « Celle-là est inoffensive. » - « Altesse. Notre rôle est ... » En un battement de cils, la Reine fut auprès de Namata. Ce face à face rendait les différences encore plus flagrantes. L’Enchanteresse avait une queue de poisson démesurément longue, avec des écailles aux nuances de givre et de lichen, aussi nacrées que irisées. « N’oubliez pas que je suis la Princesse des Monstres. » - « Bien sûr. Pardon, votre Majesté. » - « Dépêchons. » Ils continuèrent le chemin en silence, jusqu’à arriver dans un vaste champ de ruines, rongé par les algues et le corail. Les restes d’une ancienne cité du peuple des mers. C’était une évidence. Cependant … Il était clair que ce n’était pas les vestiges d’un petit village, mais plutôt d’une place forte qui aurait aisément pu faire de la concurrence à la Capitale, en terme de taille. Elle crut même reconnaître les traces d’un dôme. « Où sommes-nous ? » s’étonna Namata, avant de se pincer les lèvres. Vanille n’avait pas fourni de détails. C’était inconvenant d’en demander. Elle baissa d’ailleurs les yeux devant le regard froid de la Souveraine.

Seulement, il n’était pas question de s’arrêter dans les décombres de cette cité. Ils ne tardèrent pas à comprendre que la Dame des Abysses nourrissait d’autres desseins. Elle s’éloignait de la région délabrée, en direction d’un immense canyon. Un endroit prodigieux, qui ressemblait à d’interminables chutes sous-marines, à cause des courants. Personne n’osait poser la moindre question. Vanille ne souhaitait pas partager une quelconque information, de toute évidence. Ils avancèrent en silence, pendant de longues minutes. Le chemin qu’ils empruntaient était sinueux. Etaient-ils dans un dédale ? Peut-être, mais ils se rassuraient dans l’idée que la Reine avait l’air de savoir ce qu’elle faisait. Vanille manqua d’éclater de rire. C’était toujours plaisant de pouvoir connaître les pensées qui traversaient ceux qui l’accompagnaient. Surtout lorsqu’ils se trompaient à ce point. Elle nageait à l’aveuglette, en se fiant uniquement aux indications d’Alta et à ses pouvoirs. Mais elle était persuadée d’être sur la bonne route. Elle retint d’ailleurs un sourire de satisfaction, une fois devant une gigantesque porte de pierre, avec des inscriptions en vieux valærian. « Ecartez-vous. » Ils obtempérèrent sans broncher, à la fois inquiets et curieux. Namata scrutait la Reine, les sourcils froncés. Elle se posait beaucoup de questions, et se sentait frustrée de n’avoir aucune réponse. Elle n’était cependant pas assez suicidaire pour importuner l’Impératrice des Mers et des Océans. Alors elle se contentait de regarder, d’analyser et de décortiquer tout ce qu’elle voyait. « Qu’est-ce que ... » Namata pensait que la porte allait s’ouvrir lentement, de façon presque digne, et pourquoi pas avec un grondement sinistre. Elle avait dû lire trop de contes et d’histoires, puisque ce ne fut pas du tout le cas. La porte s’ouvrit rapidement, beaucoup trop rapidement, créant des rapides qui faillirent balayer tous les ondins. « Altesse ! » Namata affronta la force des eaux avec virulence, pour suivre la Reine qui persistait à progresser, peu importe que les autres suivent ou non. « Prenez garde, on ne sait pas ce qui ... » Elle ferma la bouche, interdite et tout bonnement stupéfaite par le spectacle qui s’offrait à sa vue.

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Dim 12 Avr 2020, 21:46




Ils étaient vraiment très nombreux. Quelques centaines, peut-être même un millier. « Par Ludia … Qu’est-ce que cela signifie ? » souffla la jeune Namata, dont les yeux ne cessaient de s’écarquiller face au spectacle sinistre de la crypte. Les soldats étaient interdits et examinaient la scène avec stupeur. Seule Vanille restait impassible. Elle se limitait à un examen froid et sommaire de la scène, sans trahir le moindre émoi. Pourtant, ce n’était pas banal. Ils étaient parqués comme des bêtes. Des silhouettes anonymes au visage blême, qui flottaient doucement. Ils étaient maintenus par des chaînes : trois étaient accrochées à l’épais collier métallique qui tenait leur gorge, tandis qu’une dernière était nouée autour de leurs chevilles et de leurs poignets. « Votre Altesse … Où sommes-nous ? » Certains semblaient appartenir au Peuple des Mers, puisqu’ils étaient fermement maintenus à grands renforts d’entraves qui immobilisaient les nageoires, mais ce n’était pas toujours le cas. En réalité, c’était même plutôt rare. « Votre Altesse ! » Namata se figea, transpercée par le regard brûlant de la Khæleesi qui s’était retourné pour lui adresser un silence équivoque. Le caporal baissa immédiatement la tête. Elle savait qu’elle avait mauvais caractère et qu’elle avait tendance à aller trop loin. Rien de grave, en temps normal. C’était bien plus délicat lorsque l’interlocuteur avait pouvoir de vie ou de mort. « Veuillez m’excuser. » Vanille soupira. Elle nagea vers l’un des prisonniers, pour effleurer doucement sa joue. « Ce sont tous des détenus. » murmura-t-elle. « Une prison, d’un ancien temps. » Namata prit le temp de digérer l’information. Cela ne ressemblait absolument pas aux méthodes de la Cité Engloutie. Pas les méthodes actuelles, en tout cas. « De notre peuple ? » s’obstina-t-elle. Vanille arqua un sourcil. « Qui d’autre ? » - « Il y a beaucoup de gælyan. Comment sont-ils maintenus en vie ? Et … Depuis combien de temps sont-ils tous enfermés ici ?» La Reine fit claquer sa langue. Elle avait consenti à livrer quelques détails, mais elle ne comptait pas disserter sur la question pendant des heures. Namata recula légèrement. Il était temps de se reprendre. « Vos ordres, Majesté ? » - « Je suis à la recherche d’un individu précis. » - « Très bien. » Elle claqua des doigts, et les soldats se déployèrent pour assurer la sécurité de la Reine. Namata s’empressa de la rejoindre, avec une sphère lumineuse pour l’éclairer.

Vanille restait concentrée sur sa tâche. Ses hommes étaient suffisamment forts et nombreux pour s’occuper des éventuels perturbations. Quelques créatures monstrueuses rôdaient dans les parages, et ils se débarrassaient des plus téméraires. Namata gardait un oeil sur les manoeuvres des soldats, sans quitter la Souveraine d’une nageoire. Vanille était un peu contrariée. Les prisonniers n’avaient pas très bonne allure et c’était assez délicat de trouver une personne précise parmi cette masse semblable. Ils dormaient au creux des abîmes depuis des siècles et des siècles. Autant de temps sans voir un rayon de soleil. La Sirène avait vu des cadavres avec une mine plus radieuse. « Hum. » Elle prit le visage blafard d’une jeune femme entre ses mains. Elle frissonna. C’était grisant de ressentir toute la magie qui était à l’oeuvre, dans le corps de cette fille. « Est-ce la personne que vous cherchez ? » - « Non. » C’était un homme qu’elle devait dénicher parmi cette foule d’inconnus. Inconnus … Ils ne l’étaient pas tous. Comme cette femme. Ce n’était pas pour autant que Vanille allait la libérer. Les recherches prirent près d’une heure. Puis la jeune femme s’arrêta devant un jeune garçon, qu’elle pointa du doigt. « Décrochez-le. » Namata releva sur elle un regard surpris. Elle n’avait pas la moindre idée de comment il fallait procéder. Vanille souffla, manifestement agacée par l’attitude du caporale. C’était la première fois qu’elles travaillaient ensemble, de manière aussi privilégiée. Namata avait fait des pieds et des mains pour avoir l’honneur d’assurer la sécurité de la Reine, avec son escouade. C’était un soldat d’exception, malgré son jeune âge. Fidèle à l’Impératrice, de manière presque fanatique. Elle avait été heureuse d’être désignée, à présent elle ne pouvait pas se permettre de la décevoir. « Je ... » Elle n’eut pas vraiment le temps de plaider sa cause. Vanille avait effleuré l’un des anneaux qui décoraient ses doigts et se retrouva avec un petit miroir entre les mains. La seconde d’après, le garçon avait disparu, et le miroir retourna dans l’habitacle. « Partons. » - « Ou … Oui, Altesse. » Namata avait la gorge serrée. Elle avait l’impression de faire n’importe quoi.

« Bien. » Namata et ses hommes se retournèrent vers la Dame des Abysses, qui semblait vouloir s’adresser à eux. « Il va sans dire que tout cela n’est jamais arrivé. » Les soldats hochèrent vivement la tête. Namata fit la moue. Tout cela était … tellement étrange.


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Lun 13 Avr 2020, 01:41




Vanille croisa doucement ses longues jambes fuselées, faisant tinter avec délicatesse les innombrables perles de sa robe. Elle examinait avec attention les visages crispés et pincés de la petite demi-douzaine de personnes, alignées devant les marches du trône. Personne ne murmurait le moindre mot. A vrai dire, ils osaient à peine bouger. C’était un silence pesant qui régnait dans la grande salle d’audience, tout juste perturbé par la respiration laborieuse de certains. Vanille tourna légèrement la tête sur le côté lorsqu’elle sentit qu’on effleurait le dos de sa main. Elle esquissa un sourire charmant à l’intention de son époux, qui siégeait à ses côtés. Cole traça de petites arabesques sur la peau blanche de la jeune femme, en lui rendant son sourire. « Contestez-vous les différents chefs d’accusation à votre encontre ? » finit-elle par demander, de sa voix claire et douce. Elle avait planté de nouveau son regard de jade sur la petite assemblée, réunie à ses pieds. « Non, votre Altesse. » lui répondit-on, sans timbre ni émotion. Namata gardait la tête basse, et les yeux rivés sur le tapis pourpre des escaliers. Elle ne voulait pas risquer de croiser les prunelles de la Reine. Elle s’y refusait. « Bien. » Ils étaient peu nombreux, à assister à la séance. Quelques membres de la haute aristocratie, de la garde ou de la politique. « Par la Loi de la Grande Aylidis, je vous condamne : Ehuarii Tanceram, Semeio Malraël, Kaupe Rengythæ, Hauni Vardunda et Maimiti Inbeldal, à mort par décapitation. » Il n’était pas question de s’encombrer d’une quelconque mise en détention avant l’accomplissement de l’exécution. Surtout pas pour des crimes aussi graves. La sentence allait être immédiatement exécutée. Namata releva très légèrement les yeux, juste assez pour épier l’Impératrice, en catimini. Toujours aussi exquise, dans l’une des tenues traditionnelles du royaume. Elle était presque couverte de perles et de joyaux. Les bijoux glissaient gracieusement le long de ses courbes, et étaient sublimés par le voile blanc de sa robe drapée. Il était plutôt rare que la Dame des Abysses se présente de manière aussi … couverte. Ce n’était pas vraiment la norme, chez les Sirènes. Mais elle était enceinte. Son ventre était rond, et elle posait souvent les mains sur ses jumeaux, qui ne verraient pas le jour avant quelques mois. Namata trouvait cela presque amusant. Ce contraste. Le Peuple des Mers cultivait l’élégance et la séduction. La Khæleesi n’était pas une exception, bien au contraire. C’était l’incarnation des charmes des filles des eaux, auréolée par une douceur incomparable et une innocence quasi candide. Vanille était charmante, comme toutes les Sirènes. Certains avaient donc tendance à oublier à qui ils avaient à faire. Tout ce luxe, toute cette beauté … Tout cela n’était que le vernis clinquant d’une société corrompue et cruelle. « Lady Namata Mynceria. » continua tranquillement la Souveraine. « Votre implication dans ce complot ainsi que la noblesse de votre sang m’incite à davantage de compassion à votre égard. » Elle ébaucha un ravissant petit sourire. « Vous êtes donc condamnée au suicide. » La bouche de Namata se tordit en un rictus narquois. C’était donc comme cela, que ça allait finir.

Vanille ne cilla pas lorsque les traîtres furent exécutés sous ses yeux, la tête tranchée, les uns après les autres. Ce n’était pas une sentence commune. La peine de mort était courante, mais pas sous cette forme. Dans un trait de miséricorde - loué soit Ludia - il était plutôt de coutume que les ondins soient jetés en pâture aux monstres des mers et des océans. Dans la fosse. C’était une façon de se rendre à l’écume et de continuer à voguer dans les flots, pour l’éternité. Un privilège qui n’était pas accordé à ceux qui se rendaient coupables de crimes de lèse-majesté ou d’offenses divines. C’était le cas pour les condamnés. Namata contempla en tremblant les dépouilles de ses proches. Le sang, qui n’arrêtait pas de se répandre sur le blanc immaculé de la faïence. Elle finit par briser ses bonnes résolutions, et leva le menton avec effronterie pour dévisager la Dame des Abysses. Elle avait tant de choses à lui dire. Et si peu, en même temps. Quelle bêtise. Une vraie petite sotte. Namata n’arrêtait pas de se maudire. Elle s’était trompée. Elle le payait très cher. Elle finit par baisser les épaules et la tête, incapable de soutenir plus longtemps le regard perçant de la Reine, et étouffa un petit sanglot. Elle ne voulait pas mourir. Encore moins de cette façon, sans avoir la possibilité de rejoindre Aylidis. Mais c'était ainsi.

C'était la fin.

« Détends-toi un peu. » murmura Cole à l’oreille de sa femme. Il était en train de lui masser le dos et il ressentait - de manière plus que évidentes - toutes les tensions contenus dans ce petit corps. Vanille ferma les yeux pour profiter de l’instant. Elle adorait se faire cajoler. Cela ne l’empêchait pas de réfléchir à la situation. Namata avait été une partisane de son camp pendant des années, avant de retourner sa veste pour rejoindre les rebelles. Ensemble, ils avaient tenté un coup d’état. Un de plus, un de moins … Ce n’était pas vraiment cela qui allait déstabiliser la Khæleesi. Elle était habituée à des adversaires bien plus retors que ces petits insoumis qui vendaient des rêves aux indisciplinés, dans l’espoir d'instaurer un monde dans lequel les privilégiés, ça serait eux. La Dame des Abysses avait simplement procédé de manière différente pour se débarrasser du problème, afin d’envoyer un message. D’ordinaire, elle agissait dans l’ombre. C’était plutôt plaisant de prendre les voies légitimes, avec le soutien de la population. Mais Namata … Elle avait changé depuis l’expédition dans les abîmes. Vanille savait qu’elle avait été ébranlé par ce qu’elle avait vu. Par ce qu’elle avait compris, puis ce qu’elle avait appris. Elle avait eu le temps de fouiller dans les pensées du jeune caporal, et saisir l’ampleur de ses nouvelles connaissances. Sur … ça. C’était un peu embêtant. Cela signifiait qu’il y avait des preuves, sans doute écrites. Il allait falloir les trouver et les détruire. « Je ne comprends pas. » avait dit Galaad, après quelques explications de sa mère. Elle n’avait pas répondu. Pour cause : elle n’avait pas tout révélé. Namata avait vu autre chose, dans la crypte.

Une chose qu'elle n'avait pas pu accepter.  

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Mar 14 Avr 2020, 17:04




« Parfait. » marmonna-t-il, un peu absent. Son regard était perdu dans le vague et il semblait réfléchir de façon insistante, sans éprouver le besoin de partager le fruit de son introspection. Pas davantage que le thème de toute cette méditation. « Je m’attendais à une réaction plus enthousiaste. » se moqua une petite voix caustique. Niklaus releva légèrement les yeux, pour dévisager Vanille. Il lui dédia un petit sourire. « Tu es vexée, ma beauté. » remarqua-t-il en croisant les bras. « Du tout. » Son ton - un peu sec - trahissait pourtant son mécontentement. « Je note simplement la singularité de ton comportement. » Il ricana tout bas. « Bien entendu. » Il tourna la tête pour contempler le petit miroir, qui tenait en équilibre sur l’accoudoir. « Tranquillise-toi : je suis satisfait. » Elle arqua un sourcil. « Voilà qui est rassurant. » Elle était railleuse. A vrai dire, elle n’avait pas envisagé pendant une seconde qu’il puisse être contrarié par ses résultats. Elle attendait tout bonnement qu’il daigne remplir sa part du contrat. « Tu parais prête à me sauter dessus. Que ce soit pour m’arracher mes vêtements ou le coeur : abstiens-toi. » Dans un trait de puérilité, il envoya un petit biscuit sur la jeune femme. Elle intercepta le gâteau sans mal, en affichant une petite moue. « Tu aimerais bien. » souffla-t-elle, avec un sourire mesquin. « Plutôt crever. » Ils se dévisagèrent pendant quelques secondes, avant de rire. Il flottait une atmosphère un peu étrange et embarrassante : ils ne savaient plus vraiment comment se comporter l’un envers l’autre. Ils s’étaient plus ou moins accordés sur une cessation des hostilités, mais la trêve demeurait fragile. Ils traînaient un passif trop lourd pour être simplement effacé, qu’il s’agisse des bons comme des mauvais moments. « Puis-je t’emprunter le miroir ? » Vanille fronça les sourcils. « Je ne préfère pas. » Il étira un sourire en coin. « Je trouverais cela bien plus pratique. Je ne tiens pas spécialement à ébruiter le retour de ce petit. Pas pour l’instant. » Il savait qu’elle n’avait pas confiance. Cela l’amusait beaucoup. La Reine croisa les jambes, les lèvres pincées. Elle réfléchissait. « Tout dépend de ta bonne volonté. » - « Arrête de tourner autour du pot, Eve. Qu’est-ce que tu veux ? » Il tira un petit coffret de la poche de son manteau, qu’il balança avec nonchalance sur les genoux de son interlocutrice. « A part ça, bien évidemment. » Il tenait à respecter ses engagements. Il était encore trop tôt pour rompre ses promesses.

« Hum. » Vanille glissa les doigts sur le bois de l’écrin, avant de soulever doucement le couvercle. C’était bien ce qu’elle désirait. La Couronne Noire, l’artefact capable de la faire Sorcière. « Je me disais que, dans ton immense générosité, tu allais m’accorder une identité susceptible de m’amuser au sein de ton peuple. » Après tout, elle n’avait pas convoité le diadème enchanté pour ajouter une nouvelle pièce à sa collection. Elle allait l’utiliser, et elle préférait le faire sous des traits d’emprunt. Niklaus laissa tomber sa tête dans la paume de sa main. « Je suppose que tu as déjà une idée à me soumettre. » Elle haussa les épaules avec candeur. « Peut-être. » - « Parle ! » s’impatienta-t-il. « Tu as beaucoup d’enfants. » Il leva les yeux au ciel en étouffant un rire. « Ca te va bien de dire ça. » Elle ignora sa réplique. « Il y a bien un nom que je peux m’accaparer dans ta descendance. » Devant la mine dubitative de l’Empereur Noir, elle ajouta : « Allez ! S’il te plaît, mon papounet chéri. » Il manqua de s’étouffer avec sa gorgée de whisky. « Ce n’est pas vraiment mon truc, de me faire appeler papa, poupée. » - « Je suis certaine que ça te plaît. Tu as les yeux qui brillent, espèce de pervers. » - « Il faut dire que je m’imagine en train de te donner la fessée. » - « Arrête d’imaginer. C’est inconvenant, petit dépravé. » - « De la part d’une femme aussi insatiable que toi, c’est un peu ironique. » - « Je ne suis qu’une petite joueuse, face à toi. Dans ce domaine là, en tout cas. » - « Hum … Je ne suis pas convaincu. » - « Niklaus … Je suis certaine que tu as plus de femmes que de chemises propres dans ton armoire. Et je ne parle que de tes épouses légitimes. Si on commence à compter tes maîtresses officielles, les occasionnelles et les courtisanes qui sont ta propriété exclusive ... » - « C’est bon, j’ai compris. » Il ricana. « Ce n’est pas faux. » - « Heureuse que tu l’admettes ! » Elle marqua une petite pause. « Alors ? » - « Je pensais m’être tiré de cette demande ridicule en mêlant le sexe à la conversation. Quelle déception. » - « Cette technique marche pour toi, Niklaus. Pas pour moi. » - « Hum … Je pensais vraiment que tu allais mordre à l’hameçon. » Il prit une mine étonnée. « Cette expression … Elle n’est pas offensante pour les membres de ton peuple ? » Dans un rire, il attrapa le couteau qu’elle venait de lui jeter à la figure.

« Merci, Niklaus. » Il s’apprêtait à partir. « Pardon ? Je n’ai pas très bien entendu. Tu as dis quelque chose ? » Elle soupira, en tournant les talons. « Merci aussi, Eve. » Quelques éclats de voix attirèrent leur attention. Ils étaient plusieurs à arpenter les couloirs. Parmi eux … Zaäshiel. Sa présence jeta un froid. « Bien. » murmura Niklaus en toussant. « Je suppose que malgré tout … Nous sommes capables d’agir normalement. Comme avant. » Vanille esquissa un sourire étrange, un peu torve. « Faire semblant, en tout cas. » Elle n’était pas idiote au point de croire que tout était pardonné. Oui, ils avaient décidé de s’entendre pour le moment. Mais tôt ou tard, l’un des deux allait vouloir prendre sa revanche. Niklaus était trop instable pour se contenter d’une relation cordiale et il estimait qu’elle avait encore des dettes à payer. Vanille … était vraiment rancunière. Était-elle simplement capable de pardon ? Elle l’ignorait, pour n’avoir jamais tenté l’expérience. Niklaus avait été l’une des personnes les plus importantes de son existence, autrefois. Il avait trahi sa confiance et c’était dans sa nature de recommencer. Ou plutôt … Il avait enfreint les règles bizarres de leurs rapports douteux. Une infidélité sur laquelle elle ne pouvait pas passer l’éponge. Oui, Vanille était férocement vindicative et ne supportait pas qu’on puisse se jouer d’elle. Elle était bien trop orgueilleuse pour excuser qu’on la prenne pour une imbécile. « Tu te souviens ? » demanda doucement Niklaus. Vanille fut tirée de ses pensées par la question, et elle scruta le Sorcier. « Pardon ? » - « Notre première rencontre. » Elle baissa les yeux. « Difficile d’oublier. » Ils se faisaient face, un peu troublés et mal à l’aise. Elle était petite, comparée à lui. Après une hésitation, il se pencha pour l’embrasser sur le sommet du crâne. Sa main - à lui - se glissa près de son oreille, entortillée dans les boucles cuivrées. Son geste était curieux, comme s’il se demandait si ce n’était pas le moment idéal pour retourner la situation. La trahir. La tuer. Mais il s’écarta et s’en alla, avec son miroir et une impression inhabituelle au fond de l’esprit.

La Fin du Conte [Couronne Noire - Solo] 555969singatureBLACKOSS


C’était un beau jeune homme. Il avait fière allure dans son uniforme militaire, avec ses cheveux bruns parfaitement peignés. « Laisse-moi t’aider, s’il te plait. » murmura-t-il doucement, en couvant la fillette d’un regard d’une infinie douceur. Elle était recroquevillée dans un coin de la pièce, occupée à dévisager le Magicien avec insolence. « Tu as besoin d’aide. » Elle feula, presque offensée par cette réalité. Elle ne voulait pas qu’on lui porte secours. Il se mit à rire, tout doucement. « Tu es une sauvage, toi. Comment tu t’appelles ? » Il finit par soupirer. Personne n’avait tiré le moindre mot de cette gamine, depuis son arrivée. Il s’approcha de la jeune fille, en se moquant de son regard assassin. Quels yeux, d’ailleurs … Immenses, avec de longs cils noirs, aux prunelles rouges et brûlantes. Avec précaution, il s’accroupit près d’elle. Elle était maigre. C’était flagrant, même dans les vêtements amples et chauds qu’elle portait. Elle était couverte d’ecchymoses et de plaies, aussi. « Je vais te soigner. » Il essaya de poser la main sur son épaule. Elle se redressa brusquement pour s’écarter tout aussi vite, dans une envolée de boucles céruléennes. « D’accord ! D’accord, je m’excuse. » s’empressa-t-il de dire, en la suivant. « Faisons connaissance, tout d’abord. Je me présente : Niklaus Salvatore. » Il lui tendit la main. Elle baissa les yeux sur cette poigne tendue, avant de remonter un regard dédaigneux. « D’accord ... » répéta-t-il, un peu gêné. Il se frotta les joues en soufflant. « D’accord. » Il semblait déterminé, à présent. Il fila vers les grandes baies vitrées pour tirer les rideaux et ouvrir les fenêtres. La fille rouspéta, incommodée par la lumière. Le Magicien balaya les environs du regard, en faisant quelques pas dans le jardin. Il effleura doucement les feuilles d’une jolie petite orchidée, qu’il cueillit du bout des doigts. « Je me permets d’insister. Toi et moi, nous allons devenir amis. Très amis, j’en suis certain. » Il retourna vers la jeune fille, en quelques enjambées. « Je ne vais pas te lâcher, petite. Jamais. » Il glissa la fleur derrière l’oreille de la demoiselle.

Une fleur de vanille.

1 500 mots - Fin pour la Couronne Noire.
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Mar 14 Avr 2020, 20:22



Vanille fronça légèrement les sourcils, bousculée par une multitude de sentiments incompréhensibles. Son coeur semblait partagé entre le soulagement et la déception, sans pouvoir choisir l’un ou l’autre. C’était stupide : elle aurait dû être satisfaite. Seulement, elle ne parvenait pas à se sentir comblée car elle n’arrivait simplement pas à comprendre. Tout cela ne rimait à rien. Mereana était une femme sublime, qui cumulait les qualités et les vertus. Mais … Ce n’était qu’une étrangère, morte depuis des siècles. Vanille n’éprouvait pas la moindre jalousie à l’égard de ce fantôme du passé et elle s’interrogeait vaguement sur les réactions de son époux. Le sujet était tellement tabou … Elle ne discernait pas l’ombre d’une explication rationnelle, pour comprendre les épanchements irascibles de son mari. Vanille continuait à observer Mereana, occupée à parcourir un ouvrage sur une petite nappe, au beau milieu des fleurs sauvages. Elle avait l’air fatiguée, avec un regard un peu triste. Rien d’émouvant aux yeux de la Khæleesi, qui n’était pas assez généreuse pour s'intéresser aux états d’âme de l’ancienne compagne de son conjoint. Elle réfléchissait à ce qu’elle contemplait, comme si elle ne pouvait pas concevoir qu’il s’agisse de la vérité. Pourtant … C’était le cas. Mereana n’était personne. Pas pour elle, en tout cas. Elle s’était férocement convaincue de l’importance de l’identité de cette femme, et elle subissait de plein fouet sa déconvenue. Ce n’était qu’une sirène, qu’un Maître du Temps qui avait fréquenté l’un de ses pairs. Presque frustrant. Vanille avait déjà prévu le plan de table pour les funérailles de Cole, tant elle s’était persuadée de sa colère, une fois le secret levé. « Tu ne devrais pas être là. » Vanille frissonna. Elle manqua de flancher, lorsqu’il posa doucement les mains sur ses hanches. Elle n’était pas dupe. Malgré la douceur de son geste, il était furieux. Elle se retourna en affichant un sourire innocent. « Je pensais avoir plus de temps avant ton arrivée. » murmura-t-elle, en détaillant le visage de Cole. Elle avait choisi de partir pour sa petite expédition, quelques heures après le départ du Maître du Temps, encore enrôlé dans des affrontements avec des Bannis. « N’oublie pas que je suis une incarnation du temps. Et toi ... » Il attrapa le menton de sa femme entre son pouce et son index. « Tu es une vilaine et petite rebelle. Tu n’as pas le droit de voyager dans le temps, Eve. » Elle haussa les épaules, pas vraiment impressionnée par la fureur du Magicien. « Il fallait que je la vois de mes propres yeux. » - « C’est fait, à présent. Tu es contente ? Je te ramène. » Il chercha à agripper sa main, pour l’emmener loin de son ancienne maison, mais elle s’écarta vivement.

« Je n’arrive pas à te comprendre, Cole. » souffla-t-elle. « Pourquoi tant de mystères ? Je pensais réellement découvrir quelque chose de monstrueux. » Il passa nerveusement la main dans sa tignasse brune. « Ce n’est pas une partie de ma vie dont je suis très fier, Eveana. » - « Pourquoi ? » - « Mereana méritait mieux que moi. C’était une femme exceptionnelle. Elle … » Il hésita une seconde, avant d’enchaîner. « Elle m’aimait. Je faisais mon possible pour la rendre heureuse mais ce n’était pas suffisant. Je n’étais pas capable de lui offrir ce qu’elle désirait réellement. » - « Qu’est-ce que c’était ? » - « Que je l’aime en retour. Sincèrement. De tout mon coeur. A mes yeux, elle était … Je ne sais pas trop. Une personne très importante, qui comptait bien plus que la majorité de mes proches. J’aurai tout fait pour elle. Mais déjà à cette époque ... » - « Oui ? » Il s’approcha doucement de Vanille, et se mit à jouer avec les boucles rousses de sa longue chevelure. « Il n’y a toujours eu que toi. » Ils se dévisagèrent longuement, en silence. Elle finit par poser ses petites mains sur les joues du Magicien, et se hissa sur la pointe des pieds pour déposer un baiser sur ses lèvres. Il esquissa un sourire, en glissant les doigts sur la chute de ses reins. Et sans crier gare, il la plaqua contre un mur en saisissant ses fesses, pour qu’elle enroule ses jambes autour de sa taille. Ils commencèrent à se déchaîner avec ferveur, faisant craquer la couture de leurs vêtements pour caresser chaque centimètre de la peau de l’autre. C’était brutal et passionné, déraisonnable et indécent. Ils s’en moquaient. Ils avaient terriblement envie d’assouvir ce besoin, qu’ils ressentaient entre eux. Vanille lâcha un petit gémissement impatient lorsqu’il empoigna sa poitrine sous le tissu de sa robe et elle se tortilla pour s’attaquer à la boucle de sa ceinture. Elle afficha une petite mine satisfaite, quand le pantalon tomba à ses pieds. Encore plus, lorsqu’elle le sentit en elle. Mais le charme sensuel et impudique de cette étreinte fut brisé par le hoquet effaré d’une personne, qui venait de les surprendre. Cole se détourna vivement de sa femme, en se rhabillant en quatrième vitesse. Vanille arqua un sourcil, en ajustant aussi sa robe. Ils n’avaient pas une allure très convenable, avec leurs tenues à moitié déchirées, leurs cheveux en bataille et les joues rosies par l’excitation. Mais cela ne perturbait pas vraiment la Dame des Abysses. Elle avait déjà été dans des situations plus embarrassantes. Elle n’était pas particulièrement honteuse d’avoir été interrompu par … une jeune fille. Cela aurait été plus fâcheux si cela avait été Mereana. Mais la gamine paraissait sidérée. Et Cole … Étrangement confus.

« C’est qui celle-là, papa ? »  

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Mer 15 Avr 2020, 20:18




Ce sentiment était difficile à décrire. Il tiraillait son coeur avec acharnement et froissait les maigres certitudes de son esprit. Il se frayait sournoisement un chemin dans les moindres recoins de son âme, malmenée par les manquements et les mensonges de son époux. « Je connais ce regard. » soufflait une petite voix, qu’elle n’était pas tout à fait prête à écouter. Seulement, elle se faisait de plus en plus insistante et résonnait dans sa tête, comme une rengaine entêtante. Cole adressa un coup d’oeil équivoque à son épouse, avant de s’approcher de sa fille. Il cherchait à apaiser son courroux, mais elle semblait hermétique à chacune de ses tentatives. Vanille restait à l’écart de la querelle, préférant écouter les reproches de la jeune adolescente plutôt que de prendre partie à la dispute. Elle imaginait aisément le trouble du Maître du Temps. Il avait fini par lui avouer - une fois - que malgré ses innombrables capacités, il n’avait jamais voulu naviguer à travers les époques pour revoir les membres de son ancienne famille. Ils étaient tous morts, de toute manière, à l’époque à laquelle il vivait, auprès de Vanille. Peu importe qu’il les avait plus ou moins abandonnés. Il avait été un père aimant mais absent, avant de s’évaporer dans la nature. Il n’avait sans doute pas vu son enfant depuis des siècles. Se faire surprendre dans une position aussi compromettante ne devait pas être une partie de plaisir. Mais … Tout cela, Vanille s’en moquait éperdument. Elle était bien trop occupée à détailler la silhouette de la jeune fille, qui s’agitait dans tous les sens en accablant son père. C’était une délicate petite poupée, avec un visage en forme de coeur, des boucles blondes et des yeux clairs. « Je connais ce regard. » s’obstinait la voix. L’adolescente ressemblait beaucoup à sa mère : elle avait hérité de sa beauté lumineuse et de sa peau dorée. Mais ses yeux … C’étaient ceux de son père. Des prunelles incapables de choisir entre le bleu et le gris, délicatement azurées et pâles comme le halo de la lune. Un regard perçant, troublant et tranchant, capable de percer l’assurance de n’importe qui. « Je connais ce regard. » répétait la voix. Cette évidence virait peu à peu à l’obsession, et elle prêtait moins attention à la discussion. Elle fouillait dans sa mémoire, à la recherche de la vérité. Elle s'insinuait tout doucement, comme une irrévocable fatalité. « Je connais ce regard. » murmura-t-elle tout bas. Et cela n'avait rien à avoir avec celui de son mari. Cole tourna la tête vers sa femme. Il affichait une mine triste, presque résignée. La jeune fille, quant à elle, irradiait de colère. « Toi ... » Elle pointa un doigt sentencieux vers la Dame des Abysses. « Tu devrais avoir honte de te comporter de la sorte. De jouer les traînées auprès d’un homme marié, à deux pas de la maison de son épouse malade. » Vanille souffla, sans rebondir sur les remarques de la petite ondine :  « Comment t’appelles-tu ? » C’était un véritable dialogue de sourd. « Je comprends mieux les interminables absences de mon père. » grinça-t-elle, partagée entre l’acerbe et la moquerie. « C’est toi. » cracha-t-elle. « Toi qui a gâché ma vie. » Elle secoua la tête, en lâchant un ricanement amer.  « Je gâcherai la tienne. Ce n’est pas une menace. C’est une promesse, petite pétasse. » Cole esquissa un geste pour poser la main sur l’épaule de sa fille.  « S’il te plait, Mar … Ma puce. Je peux t’expliquer. » Vanille ferma péniblement les yeux, en hochant la tête. Tout était bien plus clair, à présent. Il n’avait jamais voulu dissimuler quoi que ce soit, à propos de sa femme. Ce n’était pas elle, le problème. C’était les enfants qu’ils avaient eu ensemble. « Attends ! » Vanille fit la sourde oreille. Elle s’éclipsa, sans accorder la moindre considération à Cole.

Vanille passa nerveusement la main dans sa longue chevelure rousse. Elle avait congédié avec virulence les quelques individus, présents dans les jardins lors de son retour dans son époque et son domaine. « Il faut qu’on parle, Eveana. » articula Cole, qui avait évidemment poursuivi son épouse. « Alors … C’est donc ça, la vérité. » Elle planta un regard glacé sur son mari. « Tu es responsable de tout ce qui m’est arrivé. » Elle commença à rire de manière froide et mordante. « Tu m’as vraiment prise pour une abrutie, Cole. » Son coeur battait la chamade. C’était ce qu’elle ne supportait pas. Jamais. « Ne sois pas injuste. Ce n’est pas de ma faute si elle nous a surpris. » - « Bien sûr que si, Maître du Temps. Oh … Cela devait certainement se dérouler de cette façon, qui plus est. » -  « Eve. » Il attrapa doucement sa main. Elle lui retourna une gifle monumentale, qu’il encaissa sans broncher.  « Ce n’est pas ce que tu crois. » -  « Arrête. Tu m’as suffisamment traité comme une courge. » -  « Toute cette histoire … Ce n’est pas si grave. » Elle recula, les lèvres pincées. « Pardon ? » murmura-t-elle. Elle fronça les sourcils.  « Pardon ? » répéta-t-elle, en criant presque. « Tu as toujours tout manigancé. Tout ça pour … m’avoir ? Me façonner ? » -  « C’est plus compliqué que ça. » -  « Certainement, puisque tu es allé jusqu’à faire intervenir les Dieux pour m’enchaîner à toi. » -  « Eve ... » Il voulut s’avancer une nouvelle fois, mais elle s’esquiva avec habilité. Ils n’étaient pas nombreux à susciter une rage incommensurable dans le coeur de Vanille. Elle se sentait capable de composer avec n’importe qui, car ses proches et ses connaissances n’étaient ni des amis ni des ennemis, à ses yeux. En réalité, il n’y avait que deux personnes qu’elle détestait jusqu’au plus profond de son être. La première était Blanche, sa soeur jumelle. La seconde était le plus grand drame qu’elle avait vécu. Celle qui avait fait de sa vie un enfer, qui l’avait utilisé comme une marionnette et qu’elle avait dû combattre avec hargne pour gagner son indépendance. Celle qu’elle avait anéanti deux fois, et qui trouvait toujours un moyen de revenir et de la hanter. Celle dont elle n’avait jamais compris la rancune. « Marilyne ! » vociféra-t-elle, avant de continuer dans un murmure. « Son père ... » Elle faisait les cents pas, incapable de tenir en place. « Tu ne comptais pas me l’avouer, n’est-ce pas ? » demanda-t-elle, toujours aussi acerbe. Elle s’arrêta un instant pour dévisager Cole. Cet homme qu’elle aimait. Cet homme qu’elle avait épousé. Son ancêtre. Elle étira un sourire étrange, en pensant aux légendes sur sa famille. Il y avait du vrai, de toute évidence. « Tu as couché avec ton frère, Vanille. Ne me fais pas croire que tu es gênée à l’idée d’avoir fait la même chose avec moi, alors que nos liens sont diffus et lointains. » Elle hoqueta, agacée par la piqûre de rappel. « C’est ça, ton argument ultime ? C’est de l’inceste mais pas trop, donc je suis priée de passer l’éponge sur toutes tes machinations et la totalité de tes mensonges ? » Elle leva une main pour l’empêcher de répondre. « Dis-moi la vérité, Cole. Tu as fondé cette famille avec ta Mereana … uniquement pour fonder la dynastie qui allait me donner naissance. » Il ne répondit pas. Cela ne servait à rien de dire l’évidence. Elle ricana. « Je comprends mieux le désespoir de cette femme. Elle savait que tu ne pensais pas du tout à elle, quand tu la sautais. Elle savait que tu convoitais votre descendance commune. C’est vraiment sordide, Cole. Même pour mes standards. » - « J’ai toujours été très clair à ce sujet, Eve. Tu es la seule qui compte. » - « Tu es un grand malade. »

Vanille tourna les talons. « Dégage, Cole. Je ne veux plus te voir. Notre … mariage … vient de se terminer. » -  « Ne fais pas l’enfant. » -  « Choisis mieux tes mots, mon cher. Hors de ma vue. » -  « Il n’est pas question que je renonce à toi. » -  « Je comprends. Tu as tellement oeuvré pour que je t’appartienne … Dommage pour toi. » C’était difficile de faire entendre raison à Vanille, lorsqu’elle estimait qu’on l’avait trahi. Posez la question à Niklaus. « Il faut qu’on parle. » -  « Non. » Il souffla, dissimulant mal sa contrariété. « Bien. Tu n’arriveras pas à me chasser. » Elle arqua un sourcil. Il comptait utiliser sa puissance pour l’obliger à le supporter, à l’écouter ? Très bien. Elle attrapa un couteau et le pointa en direction du Maître du Temps. « Sois un peu sérieuse, chérie. » railla-t-il. Vanille afficha un sourire éclatant. « Je le suis. » D’un geste vif et brutal, elle planta la lame dans ses hanches, sous le regard effaré de Cole. Il s'empressa de faire un pas. Elle continua à se poignarder. Un coup pour un pas.

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La Fin du Conte [Couronne Noire - Solo]

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