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 [Q] - Primitif | Solo

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Miles Köerta
~ Orisha ~ Niveau III ~

~ Orisha ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 1159
◈ YinYanisé(e) le : 20/09/2014
◈ Activité : Traqueur [Corvus Æris] | Marcheur
Miles Köerta
Lun 23 Déc 2019, 17:51





Musique du Yicaly : Léo Gagné par 2 frères






Partenaire : Solo
Intrigue/Objectif : Partis à la chasse avec son fils aîné, Kaine Köerta, Miles rencontrera une meute de loups et devra se défendre pour sauver leur vie.


Dans un puissant coup de hache, j’abattis une nouvelle fois la lame de l’instrument sur la fente que j’avais préalablement créée au-dessus du billot. À force de frapper et de cogner sur le morceau de bois, la bûche céda finalement comme un fruit bien mûr, s’ouvrant en deux dans un bruit sourd de craquellement tandis que des copeaux de bois éclataient dans toutes les directions. Satisfait, je repoussais machinalement les deux nouveaux rondins dans le chariot qui se tenait à mes côtés, m’essuyant le front du plat de la main, comme pour m’assurer qu’il s’agissait bien là de ma petite pause, le temps que je reprenne un peu de souffle avant de reprendre l’exercice. Le bois de chauffage ne manquait pas à la maison, certes, mais nous ne savions jamais à quoi s’attendre pour le lendemain, le climat des montagnes étant aussi changeant et imprévisible que l’humeur des marées de l’Océan. C’est pourquoi, en constatant la hauteur du stock, hier matin, que je m’étais planifié une session de bûchage, histoire de m’assurer que nos réserves ne manqueraient subitement pas à la tombée d’une tempête ou de tous autres inattendus. Surtout par les temps qui couraient. Et, tout naturellement, je me remis à penser à Latone, à la dernière expédition que la Marche avait entreprise de mener à l’intérieur de la cité maudite. Il ne s’en était fallu de peu, mais les Marcheurs étaient sortis victorieux de leur précédent affrontement contre l’entité de Linos, permettant ainsi aux hommes et aux femmes de Ciel-Ouvert de pénétrer plus profondément encore dans l’histoire et les secrets de la ville éteinte. À cette réflexion, je redressais brièvement la tête, portant mon visage vers le ciel, tout en soupirant une longue expiration. J’aurais souhaité les accompagner, leur prêter ma force et mes habiletés pour contrer l’ennemi ancestral qui s’accaparait la grande Cité des Chansons, mais je savais que ma présence était auprès de ma famille, de mes enfants : ils avaient besoin de moi. Peut-être m’en faisais-je pour rien, peut-être avais-je fini par devenir un peu trop protecteur à leur endroit, mais finalement, c’était bien plus fort que moi. Si Latone avait un devoir envers la ville, envers la Marche Terne, mes responsabilités, inévitablement, me poussaient à m’occuper de mes enfants.

Lentement, je tournais alors mon visage en direction de la petite Toesia Eses qui jouait follement dans la neige en compagnie d’Henos, le jeune loup de chasse de mon vieil ami Asche Jægër, qui avait été laissé en arrière par le Chasseur en raison de son comportement au cours de leurs sessions de chasse. Le canidé peinait encore à se tenir convenablement et à suivre les ordres de l’Orisha, et cela, c’était sans prendre en compte la terrible irritation qu’il pouvait créer dans le cœur et l’esprit de son homologue, Lake, qui en avait plus qu’assez, à certains moments, que le jeune loup se mette dans ses pattes. C’est pourquoi, en attendant que son comportement s’améliore et qu’il puisse être amené à la Chasse sans trop de difficulté, l’animal de traque restait à la maison avec les enfants, servant de garde du corps ou de compagnon de jeu selon la situation. Et aujourd’hui, il s’amusait comme un petit fou à essayer d’attraper, dans sa gueule, les boules de neige que lui lançait l’enfant, tout sourire. En les observant s’exciter de la sorte, un sourire finit par s’épanouir sur le pan de mes lèvres, mêlant tendresse et bonheur : des sentiments qui envahissaient tout père lorsqu’il portait son regard sur la joie de vivre et la bonne santé de ses enfants.

Puis, cette gamine était encore bien jeune – et surtout, bien trop téméraire – pour son âge. Elle élevait sa mère sur un piédestal presque divin, faisant de cette dernière son icône de la guerre, à l’instar du Dieu Haziel. Cependant, le véritable Æther, aux yeux de ma fille, s’était soit réincarné dans le corps de sa mère, soit cette dernière était, tout bonnement, le Dieu de la Guerre, de quoi faire rire et soupirer, selon les envies. Cela étant dit, peu importe ce qui avait pu être dit à l’endroit de sa génitrice durant la crise du Bleu Roi, la petite Orisha n’avait cessé de rêver de devenir la guerrière et la leader que Latone était. Cette dernière n’était peut-être pas sa vraie mère, mais aux yeux de Toesia, cela ne faisait aucune différence, les deux personnalités partageant le corps d’un seul et même être de sang et de chair : sa maman. Tout simplement, la guerrière inspirait la jeune enfant de douze ans, qui s’inventait, avec allégresse, de prétendues prouesses : elle voulait devenir aussi forte que maman, aussi belle que maman, aussi intelligente que maman. Elle gardait espoir, qu’un jour, elle puisse atteindre son idéal, qu’un jour, elle puisse ressembler comme son modèle de toujours.

Et malgré l’immense joie de vivre de Toesia, quelques fois, je me surprenais à capter une étincelle de tristesse dans son regard, une pointe de mélancolie, d’envie égoïste, qui passait brièvement au fond de ses pupilles avant de disparaître sous une explosion de joie, d’énergie et de dynamisme. Cette petite… Lunatique, je secouais la tête, reprenant ma hache en main, avant de me pencher pour cueillir un nouveau billot de bois, que je positionnais à la verticale avant de la trancher d’un coup sec et net. Elle était forte à sa manière, me direz-vous. Elle idolâtrait sa mère, mais celle-ci était plus ou moins présente à ses côtés. L’enfant aurait aimé qu’elle soit toujours là avec elle, pour qu’elle puisse absorber continuellement le savoir de celle qu’elle admirait, mais la petite Orisha avait également conscience du poids de tous les devoirs qui accaparaient l’esprit et le temps de celle-ci. Elle ne voulait pas détourner sa mère de ce qu’elle était, de ce qu’elle devait accomplir, mais quelque part, elle cherchait constamment une raison pour que celle-ci reste auprès de nous et rallonge son séjour.

D’un geste automatique, j’enchaînais les billots à couper à une vitesse impressionnante, les prenant au sol, les cassant en deux, avant de les jeter du bout de mes bras dans la charrette qui attendait à côté de moi. J’avais suffisamment de dextérité pour faire deux tâches à la fois, la divagation de mon esprit étant l’une de ces activités, alors que ma réflexion se détournait progressivement de Toesia pour se tourner, plutôt, vers mon fils aîné. Kaine n’avait pas voulu nous accompagner à l’extérieur : ses travaux et la préparation pour notre prochaine chasse le retenaient à l’intérieur des quatre murs de notre maison. Et comparativement à sa petite sœur, l’adolescent ne partageait pas la même énergie que Toesia, ayant une vision plus claire et mature de la situation. À la naissance de notre premier enfant, Léto était encore considérée comme une bannie par son peuple. Elle avait fait des efforts incommensurables pour retourner auprès des siens, mais cela lui avait demandé de se détacher, petit à petit, de sa famille, que je n’avais pas désiré mener sur l’Île Maudite. Et de cela, Kaine avait été témoin, même sans connaître tous les tenants et aboutissants de cette quête de rédemption. Il avait vu sa mère se démener pour regagner la confiance des siens et il savait, au plus profond de lui, et sans même les connaître, que les Chamans comptait pour elle. À croire que ce gosse était beaucoup plus mature que moi, du haut de ces seize années de vie.

Je me souviens de la dispute entre Léto et moi à ce sujet, à propos, notamment, de l’avenir de Draaskag chez les Chamans… Cependant, à l’époque, je me voyais vivre sereinement à Ciel-Ouvert, perdu à travers les Montagnes enneigées de l’Edelweiss, auprès de ma petite famille, sans jamais songer, une seule seconde, que l’on finirait ainsi. Lorsque Léto m’avait annoncé qu’elle repartait chez les Chamans, j’avoue m’être senti complètement… dépassé. Abandonné. J’avais tenté de la persuader de rester, mais elle devait y retourner. Je n’avais pas le droit de l’enchaîner de la sorte, comme j’avais voulu le faire, bien des années auparavant, avec mon père. Par peur d’être seul, par peur d’être quitté, délaissé, certainement. Et pourtant, maintenant que j’y songeais, je trouvais cela complètement stupide, égoïste et puéril de ma part, parce que je savais que ce qui nous unissait se contrefichait de la distance et des cultures. Je l’aimais, elle pareillement, et nous avions formé une famille, des enfants, que nous aimions plus que tout. Finalement, c’est tout ce qui importait. J’avais bien conscience que son absence me pesait, mais ça allait. Ça devait aller.

« Papa! Papa! »

Je me retournais lentement, abaissant la hache que j’avais soulevé pour couper une énième bûche. Ma fille courrait dans ma direction, les bras en l’air, poussant des cris sauvages en réponse aux jappements surexcités d’Henos, qui était à ses trousses.

« Regarde qu’est-ce qu’on vient de trouver! »

D’un mouvement de la main, je repoussais le petit loup, qui s’était mis à me sauter dessus pour recevoir quelques caresses et de l’attention, afin de mieux visualiser ce que ma fille me présentait.

« Une plume?

- Ouais! De Kangela! T’as vu? Elle est super bien préservée en plus! »

Sourire aux lèvres, j’abandonnais ma hache, appuyée sur la charrette, avant de m’abaisser à la hauteur de la petite Toesia.

« Ah mais ouais! Elle est à peine abîmée! M’exclamais-je en écarquillant les yeux, avant de porter mon regard sur le visage de l’Orisha. Tu sais c’que ça veut dire?

- Y’en a un pas loin?! »

J’hochais machinalement de la tête, levant les yeux au ciel pour inspecter le couvert arborescent que formait les conifères tout autour de nous. Rapidement, je perçu un mouvement dans les branches de l’un de ces arbres, étirant un sourire avant d’attirer l’attention de Toesia dans cette direction.

« Eh, ma chérie, regarde un peu ça… Lui dis-je. Est-ce que tu vois ses oreilles qui dépassent de la branche?

- Oh! Celle avec le gros pic de glace?

- Non, non, pas celle-là, l’autre, plus bas », lui indiquais-je en pointant la branche en question.

Le visage de l’enfant s’éclaira et elle failli pousser une exclamation de surprise en remarquant la présence non pas d’un Kangela, mais de trois Kangelas, assis les uns à côté des autres. Cela dit, j’avais rapidement posé l’un de mes doigts sur ma bouche pour lui faire signe de rester tranquille, histoire de ne pas les effrayer. Le trio se partageait ce qui ressemblait à un délicieux festin d’épines de sapin et de petites baies sauvages, cette variété – je la reconnaissais entre mille – étant particulièrement résistante au froid persistant du Voile Blanc.

« Wouah! » S’émerveilla la petite avant de baisser son regard sur la plume qu’elle tenait en main.

Puis, petit à petit, je remarquais qu’un sourire de plus en plus étendu s’étirait sur son faciès et rehaussait ses pommettes. À cette vue, un rictus tout aussi joueur fit chemin jusqu’à mon visage.

« Quand tu tires cette tronche, c’est parce que t’as une idée derrière la tête, toi. »

La jeune Toesia pouffa dans sa main avant de lever bien haut la plume de Kangela qu’elle venait de récupérer. Elle prit une grande inspiration avant de se mettre à sautiller en tournoyant, fredonnant un air que je reconnus immédiatement.

« Hahaha! C’est parfait! » Riais-je tout en me redressant, suivant la danse endiablée et frénétique de la jeune fille.

« Y'a rien d'plus important qu'l'amour qui nous rassemble
Rien qui traverse le temps si ben qu'la vie ensemble
Les tristesses, les chagrins on l'sait qu'ça passera
En famille, entre amis d'puis toujours c'est comme ça
À chaqu' fois qu'on l'peut nous aut' on s'prend dans nos bras

Ohohohooo hoo hoo oho hooh
Ohohoooooh oo ohh oh ohooh »


Je m’aperçus que les plumes des oreilles des Kangelas venaient de se redresser et que leur regard, curieux, se mirent à nous jauger.

« Entre Lyscenni, pis les Jardins de Jhēn
Y'a un p'tit village où on en a vécu tant
Des feux dans l'pit de sable, pis toutes les niaiseries au p'tit parc
Quand on y r'pense, c'était vraiment pas plate
Là on est plus des enfants, oh non!
On a pas perdu d'temps, pis on est devenu parents
Depuis qu'ces p'tites âmes sont arrivées ici on s'entend
Qu'on partage encore plus de beaux moments. »


Doucement, ils descendirent de leur perchoir, des baies plein les mains, des expressions ravies sur leur visage, à travers les poils de leur minois.

« Y'a rien d'plus important qu'l'amour qui nous rassemble
Rien qui traverse le temps si ben qu'la vie ensemble
Les tristesses, les chagrins on l'sait qu'ça passera
En famille, entre amis d'puis toujours c'est comme ça
À chaqu' fois qu'on l'peut nous aut' on s'prend dans nos bras

Ohohohooo hoo hoo oho hooh
Ohohoooooh oo ohh oh ohooh.

Pas besoin d'demander au ciel
Qu'cet amour-là soit éternel
C'qui nous tient c'est plus fort que tout
On a compris ça d'puis longtemps qu'la vie ça s'passe entre nous. »


Ils restaient pourtant à bonne distance, l’agitation effervescente du loup de traque, qui suivait nos pas enflammés, les dissuadant de se joindre à notre gigue.

« Y'a rien d'plus important qu'l'amour qui nous rassemble
Rien qui traverse le temps si ben qu'la vie ensemble
Les tristesses, les chagrins on l'sait qu'ça passera
En famille, entre amis d'puis toujours c'est comme ça
À chaqu' fois qu'on l'peut nous aut' on s'prend dans nos bras

Ohohohooo hoo hoo oho hooh
Ohohoooooh oo ohh oh ohooh! »


Ce sont les paroles de la chanson Nous autres par les 2 frères ♪


Dans un éclat de rire, Toesia et moi clôturâmes notre performance par une basse révérence avant de s’en taper cinq, hilares.

« Allez, l’artiste! On retourne à la maison, sinon Kaine va m’engueuler pour mon retard. »

Rien qu’à l’image de son frère qui devait les attendre sur le seuil de la porte, les bras croisés, le sourcil sévère et tressautant, Toesia se remit à rire. D’un mouvement, je soulevais la charrette, attendant que la petite me rejoigne.

« Bye-bye, messieurs les Kangelas! Et bon repas! »


2 040 mots (sans les paroles de la chanson) | Post I
Je me rattrape pour l’Événement que j’ai raté /sbaf/



[Q] - Primitif | Solo Signat16
Merci Léto ♪:
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Miles Köerta
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Miles Köerta
Lun 23 Déc 2019, 18:07





Musique du Yicaly : The Good, the Bad and the Ugly | Main Theme par Ennio Morricone






« T’as tout ce qu’il te faut? M’enquérais-je auprès de mon fils, qui refermait machinalement les coutures de son havresac avant de me le tendre

- Da, me confirma-t-il en Arshalà tandis que, dans un mouvement, je portais le sac à mon épaule. On peut y aller quand tu veux. »

J’hochais de la tête, portant mon attention sur Dærion et Toesia. Le majordome à la jeunesse éternelle courba doucement l’échine vers l’avant, signe qu’il prendrait soin de la petite pendant notre absence. Cette dernière, par ailleurs, nous adressa un simple sourire en agitant fiévreusement sa main devant son visage.

« Je veux du lapin ce soir! S’écria-t-elle, ce qui fit sourire son frère.

- T’as qu’à venir le chasser toi-même.

- Au moins, j’aurais la confirmation qu’on l’aura attrapé!

- Tu me l’as sortiras quand tu sauras tenir convenablement un arc, répliqua le jeune homme, faussement arrogant, pour faire réagir sa sœur, qui plongea tête baissée dans la provocation de son grand frère.

- Ouais, et quand je te planterais une flèche entre les deux yeux!

- Essaye déjà de me surprendre par derrière et peut-être que je retirerai ce que je viens de dire.

- Tu rigoleras moins quand une flèche « perdue » s’enfoncera dans ton cul! »

Je me pinçais l’arête du nez, étouffant un rire dans le creux de ma main. Kaine me jeta un regard en biais et je finis par éclater de rire, claquant mes deux mains entre elles pour mettre fin au litige.

« D’accord, d’accord, on se calme tous les deux. Allez, Kaine, arrête d’embêter ta frangine. On a des prises à aller attraper avant que le Soleil se couche, alors bouge tes fesses! »

L’aîné acquiesça avant de lancer un sourire à sa benjamine, qui riposta en tirant la langue, hargneuse et boudeuse. Son frère savait à quel point rien ne l’horripilait plus que de se faire dire ses quatre vérités à bout portant et, tout de suite, Toesia s’activait pour donner tort à ces dires. En réalité, elle détestait que l’on mette un point sur ses faiblesses. Considérant que sa mère n’en avait pas, elle se disait qu’elle ne pouvait se permettre d’en avoir à son tour. C’est pourquoi, à peine nous venions de fermer la porte dans notre dos, qu’elle couru chercher l’arc que je lui avais confectionné quand elle était petite afin de s’entraîner à bander la corde de son arme. Kaine ne payait rien pour attendre. Elle lui montrerait qu’elle pourra le surpasser!

« Tu sais, t’étais pas obligé de la provoquer de cette façon Soufflais-je en roulant les yeux vers le ciel, ce à quoi Kaine répondit simplement :

- Ça va lui occuper l’esprit un moment. Ce matin, elle est venue me voir en chialant parce qu’elle ne pouvait pas nous accompagner cet après-midi. Elle a beau sourire, je sais qu’au fond d’elle, Toesia est quand même très déçue de ne pas pouvoir venir. »

Une fois de plus, j’exhalais un soupir. Toesia était encore bien trop jeune pour ce genre d’activité et quand bien même l’enthousiasme et l’énergie étaient présents, nous ne pouvions pas nous permettre de l’amener. Du moins, pas maintenant. Discrètement, je portais un œil sur le visage de mon fils. Tout de même, ce n’est qu’à l’âge de quatorze ans que Kaine a pris en main son premier arc. Par conséquent, Toesia devra se montrer patiente.

« Eh, Pa’, c’est pas toi qui cherchais un cadeau à offrir à la bienfaitrice de Mama? »

Je m’arrêtais à sa hauteur, le terme m’ayant titillé un instant, sachant pertinemment que la relation entre Léto et sa grand-mère était bien plus profonde que cela, bien plus complice. Pourtant, je ne rattrapais pas mon fils, m’approchant simplement du commerce.

« Oui, en quelque sorte, pourquoi? »

Le jeune Orisha s’était stoppé devant un étal qui vendait des breloques de toutes espèces et de toute matière, son doigt dirigé vers l’un des produits artisanaux du comptoir. Mon regard suivit sa direction et je me figeais brusquement, admiratif du bijou. L’amulette avait une tête de loup, dont les contours argentés tranchaient harmonieusement avec l’intérieur plus foncé du bijou. Quelques arabesques finissaient l’œuvre au niveau des oreilles, des yeux et du museau de l’amulette, mais le plus enchanteur dans l’ouvrage était les yeux de l'animal. Ils ressemblaient à deux gemmes sinoples, saisissants et magnifiques sous les rayons de l’Astre-Roi. J’eus un sourire.

« Jolie trouvaille, le félicitais-je avant de porter mon visage fissuré et abîmé sur celui, bien plus lisse, du marchand. Combien pour ce pendentif? »

Je ne savais pas du tout si cela correspondait à ses goûts en matière de bijou, mais qui ne tentait rien n’avait rien. J’étais absolument nul dans ce genre d’activités, mais pour le coup, je faisais confiance au flair de Kaine et décida d’acheter le pendentif. L’artisan m’énonça le prix et je lui donnais presque immédiatement l’intégralité de la monnaie qu’il réclamait. Satisfait, j’attrapais le bijou entre mes mains avant que mon regard se porte sur un second objet. Je considérais sa forme, ses couleurs ainsi que le tracé de de ses arabesques, y trouvant un certain charme dans la simplicité de l’ouvrage. Une fois de plus, j’attirais l’attention du vendeur, lui faisant signe que je prenais ce collier-là aussi.

« Ah? Et c’est pour qui?

- Pour ta mère, chuchotais-je en le gratifiant d’un sourire, enveloppant méticuleusement les deux bijoux dans un tissus avant de les enfoncer dans l’une des poches de mon manteau. Il paraît qu’elle ira la rejoindre. Autant leur transmettre le tout en même temps. »

Kaine sourit également, reprenant la marche, tandis que je me replaçais à sa hauteur, ajustant le sac sur mon dos.

« Ça fait plutôt simple, tu trouves pas? Comparativement à l’autre collier…

- Ah! Euh… Tu trouves? Enfin, peut-être?

- Rooh, mais t’inquiètes! On parle de Mama, là! Si ça vient de toi, elle va adorer. »

Je soupirais, le poussant gentiment par l’épaule avant de le coincer sous mon bras.

« Allez, ne perdons pas plus de temps! »



« Concentre-toi sur ta cible » Murmurais-je à son oreille, aussi immobile qu’un chien en garde qui tenait la pose, mes yeux braqués sur la silhouette musclée du cervidé.

Je continuais d’humer les parfums qui s’échappaient des environs, captant aisément trois autres bêtes dans un rayon de moins de vingt mètres.

« Cochiken, Padryë, siffla brusquement l’adolescent avant de porter ses iris dissemblables dans ma direction. Est-ce que tu pourrais arrêter de renifler comme ça? »
« Bon sang, Papa! »

À cette mention, je ne pus réprimer l’amusement qui jouait sur la commissure de mes lèvres alors que, tout doucement, mon faciès se tournait vers celui de mon enfant.

« Qu’est-ce que je viens de te dire? Ne détourne jamais le visage de ta proie. »

L’Orisha roula des yeux, reportant son attention sur le cerf qui n’avait cessé de brouter malgré nos messes basses. Nous étions tout de même à bonne distance, les pouvoirs associés à nos gènes et à notre essence nous permettant d’être assez éloignés pour attaquer.

« Tu ne portes pas ton surnom de Molosse du Voile Blanc pour rien, répliqua tout de même le jeune chasseur à mon endroit, ce qui eut tôt fait de me faire sourire.

- Et c’est juste maintenant que tu le remarques? Tu me vexes, dis donc! M’outrais-je dans une feinte avant d’abattre ma main sur l’épaule de mon fils qui bandait l’arc et tenait la flèche. Trève de bavardage. Tu le tiens bien en joue? »

Kaine attendit quelques secondes avant de hocher de la tête. Satisfait, je le relâchais avant de me reculer de quelques pas légers et aériens. Je savais qu’il détestait que l’on le colle lorsqu’il s’apprêtait à tirer et c’est pourquoi je lui fournissais tout l’espace nécessaire pour qu’il soit confortable et détendu. Le regard du jeune chasseur était alerte, ses traits sérieux, et sa mâchoire était légèrement tirée sur l’arrière en raison de la corde de l’arc qui touchait le centre de son menton. Son œil de visée pointée sur sa proie, son second œil complètement fermé pour une meilleure précision, je remarquais, pourtant, le léger tremblement qui agitait les muscles de ses bras et de ses mains. Après tout, ce n’était pas surprenant, compte tenu de toute la force qu’il appliquait pour tendre au maximum la corde de son arme. Comme mentionné plus tôt, la distance à laquelle nous nous tenions par rapport à la position de notre proie était particulièrement grande et c’est pourquoi Kaine devait déployer toute sa force pour maintenir non pas seulement son équilibre, mais également pour s’assurer qu’il ne loupât pas sa cible à cause d’un manque de puissance. En le voyant aussi sévère et concentré à la tâche, un sourire s’étira sur mes babines, fier et fébrile. Allez, Kaine… Aärk hidelklsh ehr öit… (Je crois en toi…) L’index sous le menton de mon fils se figea alors, sa bouche se referma doucement, comme s’il s’apprêtait à plonger tête première dans l’eau, comme s’il s’apprêtait à sauter en bas d’un gouffre profond. Ses muscles étaient maintenus sous tension, son dos était parfaitement droit tandis que ses mains – d’arc et de corde – restaient alignés à son coude. Ses épaules s’étaient abaissées, signe qu’il était fin prêt à endosser son rôle de chasseur.

Le mouvement esquissé fût souple, dynamique et énergique alors que ses doigts s’étaient rapidement ouverts pour relâcher la flèche qui parti à toute vitesse à travers notre camouflage. Perforant l’air, repoussant les particules qui se laissaient traîner dans son sillage et son sifflement, le projectile finit sa course dans la chair de la pauvre bête qui poussa un cri d’agonie à l’instant où le contact du métal et de sa peau éveilla une morsure vibrante, brûlante, lancinante dans l’ensemble de son être. Je serrais les dents. C’était beaucoup trop bas.

« Immobilise-le! » Ordonnais-je à l’adolescent qui s’activait déjà à bander une nouvelle flèche sur son arc.

Il prit appui, se positionna, l’adrénaline battant jusqu’à ses tempes, avant de relâcher un second tir qui trouva chemin jusqu’au cou de l’animal. La douleur fit frémir les cordes vocales de la pauvre bête qui prit aussitôt la fuite dans un élan de panique. Mieux, mais encore trop bas… Reconnus-je. Je m’élançais aussitôt à toute vitesse vers le cervidé en échappée, qui titubait à tous les pas qu’il esquissait, tant la douleur engourdissait ses sens, enflammait ses bas instincts : fuir, fuir, toujours fuir, lui criaient-ils. Malheureusement pour l’animal, c’était son rôle en tant que maillon inférieur de la chaîne alimentaire. En tant que proie, en tant que nourriture de tous les carnivores, elle ne pouvait décemment passer sa vie en toute tranquillité. Constamment en train de courir, constamment en train de fuir, ses oreilles devaient se redresser, alertes et soucieuses de tout ce qui l’entourait et de ce qui pouvait le menacer.

D’une vélocité surprenante, couplée à ma naturelle agilité et à mes pouvoirs, je rattrapais à en peine quelques enjambés le cervidé qui faiblissait. Son sang maculait la neige du boisée. La bête agonisait; la bête souffrait et, à un moment, elle s’effondra tout simplement au sol, le souffle court, la silhouette frémissante. Elle était aux portes de la Mort, mais toujours bien en vie.

« KAINE! » L’appelais-je d’une voix forte, l’intimidant à nous rejoindre au plus vite.

Le jeune homme peinait toujours à suivre mon rythme de course et c’est pourquoi il arriva à notre hauteur après quelques minutes. Aussitôt, je lui montrais son arc du doigt.

« Mets fin à ses souffrances. Et la prochaine fois, essaye de viser la tête : elle n'aura pas à souffrir de la sorte ensuite. »

L’Orisha acquiesça sans même poser de question, extirpant une nouvelle flèche de son carquois avant de s’armer. De viser le crâne de l’animal. Et de tirer à brûle-pourpoint. Dans un dernier soubresaut, la proie s’effondra, définitivement inerte et inconsciente des douleurs qui l’avaient, quelques secondes plus tôt, torturée.


1 993 mots | Post II



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Lun 23 Déc 2019, 18:24





Musique du Yicaly : Verrückt par Eisbrecher






Üj, dökj, trëkj… … othöj! (Un, deux, trois… … huit!) Comptais-je mentalement tout en incitant Kaine à accélérer la cadence. Et ils avancent plutôt vite… Très vite même… Évaluais-je en couplant mon odorat à mon ouïe alors que mon regard, quant à lui, fendait l’espace droit devant nous.

« Comment avancent-ils? »

La voix de mon fils, qui faisait soudainement écho à ma pensée, me troubla quelques secondes, mais je finis néanmoins par lui répondre, d’un ton grave :

« Rapidement. Huit individus d’une meute, à ce que je sens. Ils savent où nous sommes, mais n’ont pas encore commencés à se déployer pour nous encercler. »

Du moins, mes sens ne percevaient aucune ruse de leur part : mon regard ne voyait d’autres individus en face de nous, mon odorat ne captait aucune nouvelle odeur et ce, à près d’une quarantaine de mètres de notre position. Trentaine… Vingtaine…

« Abandonne le cerf

- Quoi?

- Laisse-le tomber et accroche-toi à moi! »

Le timbre de ma voix était autoritaire, sans appel, et presque instantanément, Kaine rejeta tout bonnement le cadavre tiède de l’animal. Puis, d’un geste, j’attrapais mon fils par la taille, usant de ma Magie pour nous propulser bien haut dans le ciel afin de rejoindre la canopée. Les yeux du jeune chasseur s’écarquillèrent lorsque nous fûmes lancés dans les airs, des souvenirs incongrus de quand il était petit revenant soudainement à son esprit. Et avec une infinie délicatesse, je nous fis atterrir sur les branches robustes d’un imposant conifère, à moins d'une dizaine de mètres du sol.

« Nous allons leur laisser notre prise, pour cette fois.

- Mais Pa’!

- Ne t’en fais pas, nous avons encore du temps avant le coucher du Soleil. Nous trouverons quelque chose à nous mettre sous la d…! »

Je me tus brusquement, mon regard se tournant violemment en direction de nos poursuivants. Non… Ce n’était pas ça. Il y avait deux odeurs… Deux odeurs que je reconnaissais très bien, maintenant qu’ils étaient bien plus proches de notre position désormais.

« Oh non…

- Qu’est-ce qu’il y a? »

Un grognement s’éveilla au fond de ma gorge alors que je me positionnais pour rebondir vers la terre ferme, mais la main de mon fils m’arrêta brusquement dans mon action.

« Tu joues à quoi?

- J’ai senti l’odeur d’Asche et de Lake. »

Kaine cessa de respirer et, au même moment, dans l’ouverture offerte par la canopée, nous vîmes la silhouette géante et costaude de l’ancien militaire. À ses pieds, une louve, dont la robe blanche pouvait être plus ou moins reconnue sous le rouge cramoisi du sang, avait son pelage complètement hérissé et elle faisait vaillamment face à leurs assaillants, qui bondirent hors du couvert de la forêt pour rejoindre la clairière. Se plaçant aux côtés de son animal de traque, Asche tenait bien haut son arbalète, l’hémoglobine des bêtes tâchant également ses vêtements. Tsk! Voilà pourquoi je les ai pris pour des poursuivants!

« HEY! JE SAIS QU’IL Y A QUELQU’UN ICI! »

L’inflexion du Chasseur était puissante et les prédateurs reculèrent légèrement devant l’éclat de voix.

« JE SUIVAIS VOS TRACES EN ESPÉRANT VOUS RATTRAPER POUR QUE VOUS PUISSIEZ NOUS AIDER! »

Asche était essoufflé, sa respiration m’étant facilement discernable. D’un commun accord, Kaine et moi, nous nous échangeâmes un hochement de tête, et alors que mon fils bandait une nouvelle flèche sur son arc, je pris mon élan pour aller me poster en haut d’un nouvel arbre, à la vue de mon compagnon de longue date et de son animalier. Le regard d’Asche ne tarda pas à quitter momentanément la meute de loups et nos yeux se rencontrèrent dans un choc, un éclat de complicité. Il reprit un semblant de calme, gardant toujours en joue les animaux menaçants qui s’approchaient lentement de lui et de Lake.

La louve était irritée, et il ne fallait qu’observer la courbe que formait son dos pour comprendre qu’elle n’en menait pas large avant de sauter à la gorge de leurs attaquants, dont l’un d’eux jouait diablement avec ses nerfs en s’approchant un peu trop près de son espace intime. La louve blanche tourna violemment sa tête triangulaire dans sa direction, faisant claquer sa gueule dans le vide pour l’intimider. « Approche pour voir » semblait lui hurler ses deux pupilles ambrés qui toisaient avec mépris les membres de la meute. Ceux-ci se mirent à grogner de plus bel, l’un des spécimens de la troupe, par ailleurs, ayant une taille et une corpulence bien plus imposante que le reste de ses semblables. Il ne paraissait pas craindre l’arme du Chasseur et encore moins son animalier qui, malgré toute sa hargne, reculait à chaque pas que l’autre esquissait. C’est alors qu’un chien de la meute bondit sans crier gare en direction de Lake, la louve roulant sur le côté avec son adversaire pour s’engager dans un échange bestial et violent où les crocs et les griffes s’enfonçaient dans les chairs, labouraient les ventres et les dos sans aucune autre considération que de rester en vie. Et alors que les autres individus de la meute bondirent tous d’un même saut sur Asche, un premier carreau quitta l’arbalète du Chasseur, pénétrant l’œil de l’un des loups, tandis qu’une flèche, tout droit venue du ciel, transperça l’épaule d’un autre canidé qui s’effondra dans sa course, écrasant et tombant sur l’un de ses congénères.

Ils voulurent se relever de leur chute, maladroitement, leurs pattes s’étant emmêlées dans la bousculade, mais furent sauvagement retenus au sol par mon poids alors que je les utilisais sans vergogne comme tremplin après leur avoir infligé de profondes tenailles à l’aide de ma création et de mon contrôle du Métal. Restez à terre, leur intimidais-je intérieurement avant de me jeter, de toutes mes forces, sur le mastodonte de la meute. Le loup poussa un hurlement déchirant alors que je lui enfonçais le métal dont j’avais ourlé mes mains afin de créer des griffes de combat. Nous fûmes brutalement rejetés sur le côté en raison de mon plaquage et le dernier loup en piste fut rapidement retenu par Asche qui lui asséna un violent coup de pied à la mâchoire. Du haut de son perchoir, Kaine visait le loup qui se livrait une bataille acharnée contre Lake, attendant avec impatience une ouverture qui lui permettrait d’handicaper le sauvage afin de libérer la chasseresse de ses griffes acérées.

« À nous deux, toutou », minaudais-je à l’endroit de mon adversaire qui s’ébroua dans un mouvement brutal avant de braquer de nouveau son regard vermeil dans mes yeux.

De près, il n’y avait plus aucun doute : la créature était bien plus imposante, bien plus grande et musclée aussi que le reste de la meute. Je la fixais sans flancher et sans peur, me redressant lentement pour me remettre sur pied, mais à l’esquisse des premiers mouvements, la bête ne prit même pas de chance en me laissant me relever, sautant, toutes griffes dehors, dans ma direction pour me clouer au sol. Sans attendre, je pris appui sur mes jambes et mes bras, dans une posture de fuite évidente, avant de me propulser, dans une glisse habile, sur le côté pour éviter de me faire comprimer par le poids du mastodonte. Ses pattes s’enfoncèrent profondément dans la couche de neige alors que mon corps chuta dans une roulade à quelques mètres plus loin. Prestement, je finis par me remettre debout, toisant immédiatement la créature qui me faisait face. Celle-ci ne s’était même pas permis le luxe de souffler, son atterrissage à peine réalisé que ses muscles se bandaient de nouveau pour changer la trajectoire de son saut.

En le voyant foncer droit dans ma direction, je bondis agilement vers l’arrière, en un saut court et vif afin de creuser le plus rapidement possible la distance entre nous, me permettant ainsi, à intervalles réguliers, d’évaluer brièvement mon adversaire. Il s’agissait d’un loup, que je ne définirais pas de colossal, mais de suffisamment gros et imposant pour dire qu’il devait être unique en son genre. Une robe noire comme l’obsidienne roulait et s’agitait aux mouvements de sa silhouette, particulièrement costaude. Tsk! Il est quand même rapide le bougre! Pestais-je lorsque mes pieds touchèrent de nouveau la terre des yacks, et que mes jambes esquissaient déjà une seconde action de fuite. La gueule de la bête claqua à quelques millimètres à peine de mon faciès, alors que j’eus tout juste le temps de reprendre de la distance en m’éloignant sur le côté, loin de ses flancs qui gonflaient démesurément à chacune des bouffées d’air qu’il inspirait et relâchait, en condensation dense et fragile, dans cette atmosphère glaciale alpine. L’animal grogna, certainement énervé de me voir fuir comme un cabri à chaque fois qu’il se rapprochait, mais dans son regard et dans sa posture, il était évident de conclure qu’il avait l’habitude de ce genre de proie et de réaction.

L’enchaînement de mes pas était parfaitement calculé, parfaitement équilibré, alors que je l’engageais dans une valse extatique et endiablée. Une patte frôlait mon oreille tandis que je m’appliquais déjà à éviter le prochain assaut, les tempes près de mes yeux s’étant progressivement gonflés à l’utilisation et à l’intensité de la Magie que je déployais pour contrer ses assauts répétitifs, précis, mais surtout très vifs. Il était plus lent que moi, sans conteste, mais il était acharné et je devais avouer que je n’en menais pas large, la force de l’animal, sa corpulence ainsi que le tranchant de ses armes naturelles surpassant les miennes. Je contrais les coups les plus difficiles à éviter à l’aide des griffes que je m’étais créé, éloignant de plus en plus la bête de ses congénères.

Je savais qu’Asche et Kaine pouvaient se charger du menu fretin tous seuls et, qu’à l’instant où ils en auraient terminé avec les autres loups, qu’ils fonceraient me filer un coup de main. D’ici là, tout ce qu’il fallait, que je fasse, c’était gagner du temps, jouer avec la créature comme l’on balancerait un petit jouet pour amuser un chiot trop excité. À cette analogie, je me permis de sourire, tentant une première offensive en direction de la bête à l’aide de mes griffes, l’animal repoussant mon bras avec une telle puissance que je fus balayé sur le côté. J’enfonçais mes griffes dans la couche enneigée pour freiner mon plaquage, redressant vivement la tête pour voir la mâchoire hérissée du mastodonte s’ouvrir à moins de dix centimètres de mes cheveux. D’un bond, je me reculais précipitamment vers l’arrière, enfonçant la semelle de mes bottes dans la neige pour mieux me propulser en direction de la bête. De plein fouet, je fonçais sur le canidé qui leva une patte, qui manqua son coup, alors que ma main, enfin, se posa brièvement sur la fourrure nacrée de la créature. Je souris, ravi.

« Je ne peux pas contrôler sa direction, mais à une telle distance… »

C’était absolument parfait pour ne blesser que cette saloperie. Laissant courir ma Magie tout le long de mon corps, je libérais brutalement la Foudre de ma paume, l’animal se figeant net dans son élan.

« GRRAAAAAAAAAAAAAH!! »

Avant de se mettre brusquement à trembler, pris de soubresauts incontrôlés qui faisaient vibrer, dans un choc épileptique cruel et agressif, l’entièreté de son être. Les dents serrées, je me permis de plaquer ma seconde paume contre la fourrure de l’animal, enfonçant bien profondément les griffes de Métal dans sa chair. Le cri perçait mes tympans, horrible et bestial. Encore un peu… Encore un tout petit peu… M’encourageais-je, sentant mon énergie m’abandonner doucement au fil des secondes qui s’égrenait mais je finis, d’un geste sec, par retirer mes mains, éteignant du même fait toute contribution magique de mon être. Légèrement chancelant, je m’éloignais de la créature, son corps s’écrasant de tout son poids sur la couche de neige, s’enfonçant dans celle-ci sans fracas, mais non sans douleur. Bien. Il restera à terre pour un moment. J’expirais un longue respiration, les yeux tournés vers le ciel, percevant à peine le mouvement de la bête qui se relevait péniblement.


2 002 mots | Post III



[Q] - Primitif | Solo Signat16
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Miles Köerta
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Miles Köerta
Lun 23 Déc 2019, 18:42





Musique du Yicaly : Feel Invincible par Skillet






« GRRRR… »

Dans un bond de surprise, je me relevais presque instantanément, mes instincts redoublant brusquement la dose d’adrénaline qui pulsait dans mon sang. Mes yeux s’écarquillèrent à la vue de la créature, qui se relevait doucement malgré le choc électrique qu’il venait de se prendre. Co-Comment? M’offusquais-je, observant le loup se remettre sur ses quatre pattes, son pelage et sa silhouette, s’altérant bizarrement entre les brises du vent. C’était comme si des filaments de fumée avait remplacés son être corporel, ses crocs fendant une gueule à peine matérielle et palpable désormais. Aussitôt, je reculais de quelques pas, me positionnant à demi-recourbé vers l’avant, prêt à prendre la poudre d’escampette à tout instant alors que la forme du loup, après un moment, reprit son apparence initiale, fait de chair et de sang. Cette fois, je fronçais des sourcils tandis que les babines de l’animal se faisaient pourlécher allégrement par une langue affamée. Et que le pas de la créature s’accéléra soudainement. Je fis un dernier pas vers l’arrière, mon dos rencontrant le tronc d’un arbre. Mon cœur rata un battement, cette unique seconde de surprise me valant cher, puisqu’à peine je venais de saisir la situation que la patte de l’animal vint s’écraser contre mon torse, mon corps se faisant broyer entre les griffes de la bête et le tronc rugueux de l’arbre.

Attention /!\:

« Pa’!

- Miles! »

La voix du jeune Orisha et de mon ami percutèrent mon esprit avec tant de violence que je me mis à geindre douloureusement, tentant de me soustraire à la carcasse déchiquetée de la bête.

« Pa’! Tout va bien? Est-ce que tu es blessé? » S’exclama mon fils en m’aidant à sortir de sous le loup.

C’est alors que je vis deux ombres se poster devant moi, flous et légèrement tremblantes. Pour avoir déjà eu ce genre de problèmes de vision par le passé, surtout à mes débuts dans la Confrérie des Corvus Æris lorsque mes mutations n’étaient pas aussi stables qu’elles l’étaient aujourd’hui, je savais que je n’hallucinais pas. J’étais simplement nauséeux, le goût écœurant et métallique du sang envahissant chaque portion de mon palais, chaque recoin de mon esprit, qui s’enivrait de son parfum nauséabond. Mon corps sursauta, ma main se porta à ma bouche, mais le jet ne put être réprimé, la puissance et l’intensité du haut-le-cœur me prenant de court. À quatre pattes dans la neige, incapable de retenir plus longtemps au creux de ma gorge et de mon estomac le fiel acide du sang et du vomi, mon système ne s’activait que pour rejeter cette dernière, l’évacuation de la bile brûlant mon gosier et mes lèvres. À mes côtés, je pouvais sentir la présence d’Asche et de Kaine, qui veillaient sur ma personne tels deux faucons, armés de leur arbalète et de leur arc. Je restais dans cette posture disgracieuse un long moment avant qu’une toux n’explose au creux de ma gorge. Aussitôt, mes compagnons s’agenouillèrent à côté de moi.

« Miles, ça va?

- Je me suis clairement mieux senti, grognais-je dans un râle rauque et grave, mais ouais, ça va. J’ai avalé du sang de cette saloperie… »

- Vraiment? »

J’hochais faiblement de la tête, prenant sur moi pour me redresser. Je ne savais pas non plus qu’il y avait, dans ce secteur du Voile Blanc, la présence des Loups de brume. Par chance ils pouvaient être défaits si l’on s’attaquait directement à leurs organes et cerveau.

« Attention Padryë parce que c’est vraiment pas le temps de jouer au dur-à-cuire. »

Je tournais un œil livide, mais moqueur, à l’endroit de mon fils.

« J’ai simplement vomi comme après une bonne cuite, Kaine. Y’a pas à s’en faire, vraiment.

- Pour l’instant, tout ce que je vois, c’est mon père rempli de sang comme s’il venait de manger un animal cru à pleine dent.

- On dirait vraiment un Vampire à la suite d’une boucherie, en rajouta Asche, et le jeune chasseur lui donna raison d’un hochement de tête, tournant son visage vers l’ancien soldat.

- On peut pas le ramener comme ça à la maison en plus! Toesia va paniquer! »

J’esquissais un sourire.

« Ne vous en faîtes pas : j’ai des vêtements de rechange dans ma besace. »

Un soupir de soulagement collectif traversa la barrière de leurs lippes alors que je passais par-dessus ma tête la corde de la besace. À ce simple geste, cependant, mon visage se déforma et se décomposa, Kaine bondissant aussitôt dans ma direction pour m’assister.

« Merci. J’ai été malmené pendant un moment par le toutou. »

Le jeune chasseur émit un ricanement nerveux, m’aidant à retirer ma besace avant de la lancer à Asche, qui plongea machinalement sa main à l’intérieur.

« Vous avez vraiment le don de vous mettre dans des situations pas possibles. Je sais pas qui est le pire entre toi, Mama et Toesia », grogna l’Orisha tout en me dépouillant de mon manteau.

Le vêtement était complètement ensanglanté, l’hémoglobine de l’animal n’ayant épargné que le dos du manteau. Tout de suite, mon corps se mit à frissonner dans le froid du Voile Blanc, les fissures qui recouvraient ma peau n’en étant que plus sensibles et douloureuses. Kaine en était parfaitement conscient, retirant son propre manteau avant de le jeter sur mes épaules. Je refusais qu’il fasse cela en lui collant rapidement son manteau sur le torse.

« Prends-le! Tu vas geler autrement.

- Non, Kaine. Garde ton manteau. J’en ai un dans ma besace », répétais-je, souriant.

Et comme de fait, Asche me tendit un second manteau, propre comme à son premier jour, et sans attendre, nous fîmes l’échange : il reprit mon manteau maculé pour le laisser tomber dans la besace alors que j’attrapais le vêtement de rechange, l’enfilais, avant de rejoindre les attaches entre elles pour ajuster le vêtement à ma taille.

« E-Et tu es vraiment sûr que tu te sens bien? »

Une fois de plus, je lui adressais un sourire, confiant, joignant la parole au geste :

« Sûr comme un citron! »

Kaine n’était pas d’humeur aux blagues et je soupirais en l’attrapant par les épaules avant de l’attirer à moi.

« Ne t’inquiète pas », le rassurais-je en l’étreignant doucement et le jeune homme relâcha un soupir, répondant à retardement à mon accolade.

- Tant mieux alors. »

Satisfaits, nous nous dégageâmes des bras l’un de l’autre avant de reporter notre attention sur Asche, qui inspectait la carcasse du loup que j’avais tué.

« Nous rentrons, à moins que tu ais trouvé quelque chose? »

L’ancien militaire se redressa alors, soulevant un objet que je reconnus aussitôt.

« Ah! C’est l’amulette que tu voulais offrir à la grand-mère de Mama, non? »

J’acquiesçais, reprenant le collier au creux de ma main. En voyant l’état lamentable dans lequel il était, je ne pus réprimer un profond et long soupir de découragement. Il n’avait rien à envier au manteau sale que je venais de délester.

« Et le cadeau pour Mama? »

Asche s’activait déjà pour reprendre le manteau, fouillant dans les poches de ce dernier dès qu’il l’eut en main avant d’en extirper le second bijou. Rassuré, je récupérais également le collier pour ma femme, souriant vaguement avant de cacher les deux ouvrages dans l’une des poches intérieures du manteau.

« Bien, partons désormais. Si l’odeur du sang continue d’embaumer aussi fortement l’air, d’autres bestioles risquent de se pointer et, on ne sortira jamais de ce bois. »

Et pour une fois, nous nous trouvions tous sur la même longueur d’onde, longeant les troncs solides des conifères qui nous entouraient pour récupérer la carcasse de notre proie, gardée par Lake.



« Bonne nuit Pa’! »

Plaisantin, j’ébouriffais la courte tignasse de ma fille, joignant au geste un tendre sourire.

« Douce nuit äm aksoloök. Fais de beaux rêves », lui répondis-je avant de retourner à la porte de sa chambre, refermant le battant de celle-ci sans un bruit.
« Douce nuit ma guerrière »

M’appuyant contre le bois de la porte, je me permis de me planter là durant quelques secondes, soufflant un peu pour reposer mon esprit, envahi par toutes les émotions de la journée.

« Vous devriez retourner à votre chambre, maître Miles. »

À quelques pas à peine de ma position, Dærion m’observait de ses yeux lilas, cherchant certainement à entrer un peu de matière grise dans mon cerveau fatigué. Le gratifiant d’une œillade et d’un rictus, je finis par me décoller de la porte, tapotant gentiment son épaule du plat de ma main.

« Pas de soucis. Je comptais écrire ma lettre, envoyer les cadeaux à ma femme et sa grand-mère, et me coucher tout de suite après. La journée a été plus folle que prévue. »

Le majordome ne put qu’être d’accord. À l’instant où ses iris s’étaient posées sur les silhouettes du maître de la maison et de ses compagnons, il s’était aussitôt fait la réflexion qu’il faudrait préparer bien plus qu’un bain, ce soir, pour reposer tous les muscles endoloris de ces hommes. Et c’était sans compter ce qui l’attendait pour le nettoyage des vêtements…

« Oh, et Dærion, tu devrais te coucher tôt aussi. Tu as pas mal couru aujourd’hui à cause de nous : tu mérites tout autant de repos, lui indiquais-je avant de suspendre brièvement mon pas, lui jetant un regard par-dessus mon épaule. Et c’est un ordre. Je sais que tu ne m’écouteras pas autrement. »

Et il avait bien raison. Le jeune adolescent, habituellement inexpressif, eut un léger sourire, tournant son visage dans ma direction avant d’abaisser son buste vers l’avant.

« Vos désirs sont des ordres. Passez une belle nuit, maître. »


2 074 mots | Post IV | Fin
Cadeau pour Vanille | L’Éveil de la Bête : il s’agit d’une amulette en forme de tête de loup – apparence – et dont les yeux verts, saisissants, semblent vouloir sonder nos âmes. Ainsi, lorsque Vanille porte le collier et que la colère monte en elle, les yeux du loup dégagent une obscures fumée noire, qui s’élève autour d’elle pour prendre la forme d’un loup noir imposant. S’il n’est pas palpable et ne peut blesser ou tuer autrui, ce loup de fumée rend l’air ambiant lourd et suffocant pour ceux qui le respire et qui aurait offensé sa maîtresse. Une fois la colère de celle-ci apaisée, la Bête retourne dormir dans l’amulette.

Et en bonus, ce serait super gentil de ta part si tu pouvais filer à Léto ce collier également (parce que je considère, dans ma chronologie (xD), que ce RP se passe avant toute l’intrigue de la Lune Rouge). Il n’a aucun pouvoir magique, par contre, mais il contient tout l’amour de Miles pour sa femme, voilà #cucul /sbaf/

Et JOYEUX NOËL! nastae



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