- Oui. Que les Jeux commencent.

La phrase avait été marmonnée, susurrée. L’Alfar s’installa confortablement dans son siège et ouvra le bouche plusieurs fois afin que sa mâchoire craque. Il sourit et accepta très volontiers le verre qu’on venait de lui proposer. En contrebas se dressait une sorte d’arène labyrinthique à cinq portes dans laquelle on venait d’ouvrir une cage par entrée. Les gens qui en sortaient étaient comme des animaux, traqués, prêts à tout pour survivre. A côté de chacun des sièges se trouvaient plusieurs manivelles, certaines comportaient des étiquettes avec des noms d’animaux ou des descriptions de pièges, et d’autres n’arboraient aucun signe. Les gens applaudissaient, sifflaient, les gradins arboraient un panel de races assez incroyables à voir avec un dénominateur commun, l’envie de meurtre et de torture. La vengeance était un plat qui se mangeait avec délectation, quelle que soit sa température. L’Alfar aux cheveux de neige comptait bien profiter de chaque cuillérée.

Le jeu était extrêmement bien construit, la possibilité pour le public de choisir si le candidat arrivé au centre les avait assez divertis donnait à ces derniers une attente toute particulière. Les adorateurs de Sympan n’étaient pas seulement des plats ou de simples pions, ils se devaient d’être des mets d’exception dont le raffinement saurait ravir les papilles cruelles de plusieurs dizaines de goûteurs.

Depuis le début de cette guerre, rares avaient été les moments comme celui-ci où Mwayer avait pu prendre le temps de se reposer. De plus, il avait été invité là et tout était fait pour que le public passe un excellent moment. Actuellement l’Alfar était seul et personne ne s’était encore assis à côté de lui. Il se sentait des airs de grand seigneur. Assez vite, alors que les participants ne s’étaient pas vraiment avancés dans le labyrinthe, il passa son doigt avec douceur sur les manivelles et en poussa une d’un coup sec. Elle ne comportait aucune étiquette, mais un chiffre, le numéro trois. Peut-être un numéro de cage, un degré de dangerosité, il n’en savait rien. Après que le mécanisme se soit complètement enclenché émettant un bruit sonore que l’on entendit résonner dans toute l’arène, Mwayer se pencha en avant pour voir ce qu’il avait activé.

Au milieu d’un des chemins venait d’apparaître une petite créature enrobée et habillée de manière ridicule. Elle arborait des frusques de couleurs qui ne s’assortissaient en rien et sautait dans tous les sens faisant secouer la graisse de ses joues roses. Une femme de taille moyenne, qui semblait toute petite avec la distance, s’en approcha et tenta de lui mettre un coup de couteau, mais la petite créature semblait intangible. Mwayer sourit et s’approcha un peu plus encore du bord. Il entendit la petite créature hurler :

- ENIIIIIIIIIIIIGME ! ENIIIIIIIIIIIIIGME ! Comment je m’appelle ?

La jeune fille bredouilla quelque chose d’inaudible et soudain, sans plus de cérémonie, la petite créature sauta sur le visage de la candidate et se colla à son visage. La participante rétrécit et sans que les gens ne comprennent vraiment pourquoi, une deuxième créature venait de prendre la place de la fille qui devait s’être trompé sur la réponse. Les deux créatures répétaient en chœur et en sautillant dans tous les sens :

- ENIIIIIIIIIIIIGME ! ENIIIIIIIIIIIIIGME ! Comment on s’appelle ?

Les gens qui étaient dans ce couloir devaient donc trouver cette réponse. Cela allait être extrêmement intéressant, étant donné que Mwayer ne voyait pas comment il s’en serait sorti ; et aujourd’hui ce n’était pas à son tour d’y réfléchir. Il s’adossa à son siège et regarda avec un sourire malsain la personne qui était en train de venir s’asseoir à côté de lui.

- Bienvenue !

Il partit d’un rire sardonique en concentrant à nouveau son regard sur ce qu’il venait de déclencher.

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Spoiler:

Les yeux rouges, démoniaques, le volatile se tenait en équilibre parfait sur la branche. Son plumage de jais projetait une brillance face à l’attaque solaire. Dressé, bien fier, le bec refermé sur un petit bout de papier, il me dévisageait. Allongé sur une branche, à une dizaine de mètres du sol, ma sieste avait été interrompue par ce sale corbeau qui, ne semblant nullement pressé, avait décidé que sa victime quotidienne serait l’Alfar que je suis. Sasa l’observait avec curiosité, son pelage de neige offrant un contraste choquant avec le grand oiseau. Il fallait avouer que le manuscrit trappé dans son bec me faisait de l’œil.

Relevant un peu la tête, libérant ma nuque, je fus en mesure de mieux analyser l’objet de mon intérêt et mon tourmenteur. Ses serres étaient énormes, saillantes. Son regard, brûlant de haine, démontrait un aspect rarement observé chez les animaux. Ce fut le moment qu’il choisit pour quitter son perchoir, en direction d’un se trouvant juste au-dessus de mon torse. Penché, la tête vers le bas, nos regards s’affrontaient. Le bleu glacial s’acharnant à éteindre les flammes. Le duel se termina par l’ouverture de son clapet, laissant s’échapper sa précieuse cargaison qui, n’ayant même pas le temps de finir sa course dans l’air libre, se fit harponner au vol par ma poigne. L’éclair sombre disparut, et il ne resta plus que moi, Sasa, et ce bout de savoir.

Voilà ce qui m’avait apporté aujourd’hui dans cette arène. Mon penchant Ætheri m’avait valu l’honneur d’être invité à un sacrifice. Et qui refuserait ce spectacle? L’avidité du meurtre palpitant dans l’entièreté de mon être, je me déplaçais entre les bancs libres, cherchant un promontoire suffisant pour apprécier l’ensemble des jeux qui allaient se dérouler sous mes yeux. Le discours accompagnant ma progression ne faisait que m’exciter encore plus. Avoir le contrôle sur la destinée d’un autre, voilà la vraie définition de pouvoir. Diriger n’était rien de plus qu’une flatterie à l’égo. La vraie puissance s’appropriait le droit de véto sur la vie des inférieurs. J’avais vécu toute ma vie en sachant cette réalité. Moi-même avais été victime de cette peur tenaillante, de cet état d’esprit de panique où l’on sait que rien ne pourra venir nous sauver. Mais le concept ici étant encore mieux. Laisser percer une mince lueur d’espoir, regagner un brin de confiance en ses capacités, voilà qui étant encore plus vile. La compétition engendrée par ce règlement allait probablement projeter les victimes dans une boucherie sanguinaire, une vague de désespoir.

Je trouvai enfin le siège parfait. Étant donné ma grandeur, je m’étais placé assez bas dans les estrades, le labyrinthe s’ouvrant clairement sous ma vue perçante. Je caressai les manivelles et boutons se définissant sur mon accotoir gauche, puis riva mon regard sur la cage la plus proche.

Hommes, femmes, et mêmes enfants se trouvaient tous dans la même situation. Certains paraissaient paniqués, d’autres complètements sereins. Ce serait les plus intéressants. L’expérience du risque avait déjà été leur lot, et la peur d’une situation comme celle-ci leur était inconnue. Et c’était le sentiment qu’il fallait partager si l’on voulait de meilleures chances de survie. Le stoïcisme et le raisonnement seraient deux armes très efficaces. M’écrasant plus profondément dans le moelleux du coussin de mon banc, je croisai les bras avec satisfaction en voyant les cages s’ouvrir. Les jeux commençaient. L’environnement immédiat m’entourant m’importait peu. Seuls les entrailles et le sang allant bientôt couler m’allumaient.

Le premier à tomber me fit sourire. Faible. Chétif. Je n’aurais même pas parié un os sur lui. La brute qui lui enfonça la tête dans l’un des murs avant de lui casser les deux bras pour finir par lui défoncer le dos d’un coup de genou devint immédiatement mon favori… Pour l’instant. Il faudrait voir lorsque les pièges et les épreuves commenceraient pour observer comment la brutalité s’en sortirait.

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 « Fascinante invitation. »

L'épître décrivait un charmant procédé, exhortant participation. De funestes jeux appelant au spectacle. Des rouages prenant essence dans la participation du public. Un gibier offert en pâture se taillant selon l'appétit de l'audience. Des proies ayant à charge de distraire les observants. Seuls les méritants avaient droit de vie, tandis que nous autres contemplateurs détenions celui de mort. Naturellement, cette mainmise nous conférait alors un rôle d'acteur. Il n'y avait nulle matière à contredire : la complexité de cette mise en scène macabre ne manqua point d'aguicher ma curiosité. Davantage intrigué par la teneur des mécanismes et de l'atmosphère émanant de pareille exhibition, je m'étais rendu au lieu désigné par la missive. Quelque peu incertain sur les attentes que je devais afficher, je pénétrai dans l'arène gigantesque en dispersant au possible tout a priori.

La vaste structure érigée pour l'occasion s'avérait remarquable. L'étendue des gradins, proportionnelle au labyrinthe aménagé pour la pernicieuse représentation, dégageait une forte impression. Sans doute ce dédale demeurait humble et étriqué en comparaison au chef d’œuvre Malkavian – dont j'avais fait les frais par le passé – mais je ne doutai point de son potentiel létal. En dépit de l'exorde promulguée par l'annonciateur attitré, les bancs se peuplaient encore. Le départ avait été donné, quand bien même, nombre de convives profitaient en amont du buffet mis à disposition. Sans doute ne tenaient-ils point en estime les premiers concurrents, pionniers de la découverte des pièges, pour la plupart à leurs dépens. Je comprenais cette attitude, et pris mon temps pour m'installer. Notamment, je guettai succinctement l'assemblée dans l'espoir de repérer quelque visage familier. Nul ne parut répondre à ces critères. Faisant peu de cas de cette absence d'accointance, je m'installai confortablement dans un siège m'octroyant le luxe d'une vue d'ensemble.

Plusieurs groupes avaient été formés au départ, et l'un d'entre eux avait, d'emblée, soutiré mon attention. La violence manifestée par l'un des captifs à l'égard de ses compagnons d'infortune me surprit. Ainsi, la restriction du nombre se révélait déjà source de rixes et de discorde ? Voilà qui m'amusa. Je décidai de me focaliser sur cet attroupement, et plus précisément sur le colérique preneur d'otages. En dépit de son statut de proie, il s'accapara un rôle de prédateur, jetant en pâture  son entourage pour assurer sa survie et menaçant quiconque lui déplaisant. Il avait, assurément, saisi les engrenages de la classification universelle : chasseur ou chassé.  « Que voici un attrayant personnage. » déclarai-je à mon voisin, non sans un sourire intéressé. Je décidai, à ce sujet, de récompenser le pseudo-bourreau. S'il voulait tester le terrain par ce biais, il m'apparaissait convenable de lui offrir quelque élément de réponse. Je déclenchai l'un des leviers mis à disposition pour activer quelque embûche. Suite à cela, une gigantesque faux accrochée tel un pendule vint balayer l'allée dans laquelle il se trouvait selon le sens latéral. Le massif dispositif tranchant entama un balancer perpétuel à allure non négligeable. Il apparaissait même que sa fréquence changeait à intervalle régulier, tantôt s'accélérant, tantôt ralentissant. Un piège pour le moins classique, mais néanmoins avec une touche atypique.

 « Intéressant. » Je me questionnai quant à la faculté de l'individu – et surtout du garçon qu'il détenait en otage – d'outrepasser cette difficulté. Elle ne me sembla guère insurmontable, vue de l'estrade, et j'espérais surtout, à vrai dire, qu'il émanerait de ce « meneur » une réaction distrayante. Valait-il suffisamment pour que j'en fisse mon favori ? A lui de m'offrir une réponse.

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Gains /RP:

Horreur et damnation. La peur lui déchirait les entrailles. La peur de mourir ici ou de souffrir, mais aussi la colère aussi forte qu'absurde et inutile. Colère pour s'être ainsi fait avoir, colère pour l'humiliation qu'il subissait maintenant, enchaîné comme une mauvaise bête, méprisé comme s'il n'était plus qu'un simple objet de jeu et de divertissement malsain. Le bélua s'était débattu en vain. Il n'avait pas la force de ses compères, ni le courage. Et si l'idée d'être mit en pâture aux yeux de tous lui déplaisait hautement, il ne pouvait rien y faire, à part essayer de survivre. Jiang-Li regarda d'un air absent la porte de sa cage qui s'ouvrait. Il avait été stupide de croire que la menace du Chaman avait été écartée. Il ne réalisait que maintenant seulement qu'il avait eut le malheur de s'attirer les foudres d'un fou furieux. Psychopathe, qui était allé jusqu'à le traquer pendant de nombreux mois pour le livrer en pâture aux organisateurs de cet odieux événement. Le lynx se demandait parfois comment était-il possible d'être passé du naïf ignorant au monstre sanglant en l'espace de quelques années seulement. Il admirait sincèrement le Mal qui avait réussi à autant ronger et façonner le Chaman. C'était une admiration empreinte de jalousie et de haine, car lui qui pouvait auparavant manipuler à sa guise Devaraj, se retrouvait aujourd'hui mendiant, miséreux et de surcroit avec une grande épée au dessus de sa tête qui ne demandait qu'à s'abattre brusquement. Le cœur au bord des lèvres, Jiang-Li tituba dans l'immense labyrinthe. Ses camarades de cage le bousculèrent sans ménagement, si bien qu'il trébucha dès le début. Quelques horribles mètres plus loin, il aperçut deux poupées qui s'approchaient dangereusement en psalmodiant une étrange question auquel il n'avait pas réponse. Effrayé, Jiang-Li fit déjà demi-tour et choisit une voix plus à droite, persuadé qu'il devait bien s'amuser à le voir se débattre inutilement. Il était déjà essoufflé et au bout de ses maigres forces lorsque une lame sortit du néant et lui embrocha l'avant-bras. Il avait évité de se faire complétement empaler, par chance... ou par malheur, car peut-être que ses souffrances auraient été moins grandes ainsi. Jiang-Li poussa un cri de douleur et défaillit et dégageant son bras. Il se retint de vomir et serra sa main autour de la blessure tout en titubant jusqu'au mur. D'une respiration saccadée, il leva les yeux vers les gradins plus haut et hurla à l'intention du chaman avec une rage qu'il n'avait jamais connu avant. "Je ne te ferais pas le plaisir de crever sous tes yeux !" Car il savait que Devaraj le regardait.

Le sourire mauvais du Chaman s'agrandit et il plissa les yeux pour mieux distinguer les lèvres du bélua en contre-bas. Il en déchiffra les paroles mot à mot et explosa littéralement de rire. Il trouvait la situation tellement tordante qu'il mit plusieurs minutes pour réussir à se calmer. Le Chaman inspira brusquement. "Parfait ! Merveilleux !" s'exclama-t-il, quittant le siège où il s'était affalé. Il bénissait intérieurement celui qui avait eu l'idée d'un tel événement et c'est dans un état complément surexcité qu'il parcourut les gradins. Non seulement le Chaman avait là l'occasion parfaitement d'assouvir sa vengeance envers l'homme qui avait osé se jouer de lui. Mais en plus les jeux allaient éliminer de façon tout à fait amusante une flopée d'hérétiques qui n'attendaient que ça. "Hihihi !" Son euphorie était si grande qu'il en avait des spasmes nerveux. Il s'assit brusquement à côté d'un jeune homme en haut des gradins. "Ah ! D'ici, la vue est meilleure..." susurra-t-il avant d'allumer sa pipe et d'en fumer quelques bouffées. Un tel divertissement n'allait pas sans herbe à pipe et puis il fallait bien qu'il honore ce surnom que la plèbe lui avait donné. Fumeur Macabre.

1 - 702

Aetheri | 4 = +1 en charisme et 7 = +2 en charisme

Kaemon, tu as désormais un psychopathe à côté de toi.  
Et sinon, Jiang-Li est en train de pisser le sang dans l'arène, voilà voilààà.

L’arène se remplissait. Des ombres se positionnaient sur les bancs, et la plupart arboraient une expression se rapprochant de la satisfaction. Ainsi, ils étaient tous là pour voir l’horreur que pouvait offrir ce genre de divertissement… Enfin, je l’espérais. La cadence se suivit et une nouvelle silhouette vint s’approprier le siège à ma droite. Mon intérêt n’étant nullement sur la nouvelle arrivante, je ne jetai qu’un rapide coup d’œil pour évaluer, et je fus bien déçu. Elle avait l’air trop… Différente. Une expression antagoniste de ce que j’étais. Le jour et la nuit. Et pourtant, si elle était là, c’était pour se rincer l’œil sur la souffrance des innocents… Même si certains les auraient considérés comme coupable d’impiété. Pour ma part, je n’avais pas particulièrement de sentiments négatifs envers Sympan. Ma voie me dictait que les Aetheri étaient une réalité beaucoup plus tangible qu’un créateur unique. La diversité. Je ne niais pas son existence. En fait, je souhaitais presque en mon fond qu’il soit plus qu’un simple nom. Cela me donnerait une référence plus captative pour mes connaissances…
Peu après son arrivée, des clameurs de surprises s’élevèrent. Une déception quant à une tournure d’évènements? Je ne l’avais pas vue. Ça ne me touchait donc pas… Pour le moment.

Enfin, alors que mes pensées dérivaient, une voix des plus banales me sortit d’un coup, faisant sursauter ma petite féline camouflée dans ma capuche.

Apprécier l’évènement… Un bien grand mot. Disons juste que ce moment de détente me permettait d’analyser le fond de mon âme et sur ce que je désirais réellement en tant qu’Alfar. En tant qu’individu d’une société se basant sur le pouvoir pour gravir les échelons. Il s’agissait de trouver des réponses à ses questions tout en admirant un rare spectacle.

- L’évènement en soi… Est assez original. Mais il ne faut pas apprécier la prise d’une vie. Ou le sacrifice de la masse. Il faut plutôt se laisser instruire par ce que nous pouvons observer.

Un discours bien philosophique pour quelqu’un qui avait bien aimé la mort du chétif un peu plus tôt aux mains de la montagne de muscles. Mais la vérité était que ses paroles dictaient ses pensées. Apprendre des erreurs des autres. La quête de la puissance et de l’élimination de la faiblesse de l’être passait par une éducation de sa propre personne à ce qu’il fallait éviter.

Je remis mon attention sur un jeune homme qui semblait terrifié par les évènements. Alors que son chemin allait croiser celui des deux poupées, il s’échappa par un couloir à sa droite. Je réglai son manque de courage en testant ses réflexes. Mon doigt s’appuya sur un bouton activant le piège adjacent. La lame lui transperça l’avant-bras. Rapide, mais pas assez. Cela aurait pu être sa dernière heure sur ces terres, mais il s’en était tiré. Un petit sourire cruel illumina mon visage ombragé par ma capuche. Je me tournai franchement vers la femme visiblement dans la vingtaine à mes côtés. Malgré sa posture étrange, elle semblait captivée par les évènements, elle aussi.

- Alors, qu’est-ce qui vous amène ici ?

Une question bien banale. Mais l’analyse d’un individu était une chose dans laquelle je voulais me développer. Ayant été seul la majorité de mon existence, les contacts me restaient mystérieux. Alors, en assimilant les différents comportements, il me serait peut-être possible de mieux répondre au non verbal de mes interlocuteurs.

- Et au fait, je m’appelle Layne.

Mon regard glacé se planta alors dans le sien. Mon faciès s’étira et ma cicatrice se déforma. J’appuyai sur l’un des boutons sans regarder le résultat. Le spectacle était pour l’ensemble de la foule… Alors pourquoi ne pas offrir un inattendu?

Spoiler:

Résumé:

Spoiler:

Il existe un temps pour mourir. Ni trop long ni trop courts. Le bon temps afin d’en savourer tous les instants. En tant qu’assassin, l’art de la mort n’est pas donné à tous. Il existe plusieurs panels de tueurs qui dégustent leur meurtre de manière trop précoce ou encore qui n’en voit la fin qu’à partir du moment où la proie ne parvient plus à se débattre, cependant, à ce moment précis, il est bien trop tard pour faire descendre la frénésie de cet appel au meurtre. Trop lent, trop rapide, trop bâclé ou hâtif. Ce ne sont que des aspirants assassins qui n’iront jamais à l’extase. Les manivelles descendirent trop prématurément dans l’arène, les prisonniers étaient trop rapidement tués, les monstres n’étaient pas rassasiés de ce bain de sang, ce qu’ils désiraient c’était ce que l’on ne pouvait voir que dans leurs yeux, qu’entendre dans leur voix, mais aucun prisonnier n’avait le temps de crier avant de mourir, aucun n’avait le temps d’espérer avant de voir cette foi briser, car leur cadavre s’empiler sans qu’une chance ne leur soit donnée. Mes mains glissaient sur la pierre, les yeux fixés vers ceux qui jouaient leur vie dans un jeu qu’ils ne gagneront certainement pas. Toutefois,  il fallait qu’ils croient avoir la chance de s’en sortir. Beaucoup de leviers furent tirés en leurs défaveurs, cependant, je perçus un sauveur qui voulait soit faire durer le jeu, soit sauver l’être perdu dans l’arène. Dans tous les cas, mon regard s’était maintenant rivé sur un homme qui semblait ne pas s’être retrouvé là que pour sa foi. L’hilarité de son adversaire fit se retourner plusieurs visages, mais personne ne s’en préoccupa plus. Mon ouïe fut accaparée par mon voisin de droite, qui, tout en parlant, appuya sur un mécanisme sans en regarder le dénouement. Devant celui se tenant le bras, les dalles de pierres tombèrent afin de dévoiler une sorte de marre rectangulaire, dont le grouillement de la surface de l’eau n’annonçait rien de bon. Nonchalamment, je déplaçais le mécanisme sur une autre branche, faisant se déplacer tous les pièges d’un cran. Je fixais un instant la proie et jetai un coup d’œil à celui qui semblait vouloir sa mort. Dorénavant, sa victime était la mienne, qu’il le veuille ou non, mon dévolu s’était jeté sur ce joueur.

Secondairement, mon regard se porta sur un autre compétiteur qui semblait plus acharné que les autres. Portant des coups sur les rivaux, avant de voir son équipe découpée par une faux oscillant telle une pendule. Je haussai un sourcil en saisissant du bout des doigts une étiquette accrochée à une manivelle. Celui-ci ne devait pas aimer la compagnie, dans tous les cas, il n’avait aucune affection sur les enfants et sans doute n’en avait-il pas non plus pour les plus charmantes compagnies non plus. La manivelle fut tournée et un pan du mur se leva pour dévoiler, tout au long du couloir, des miroirs dessinant un visage flou. Tous avaient une voie mi-homme mi- femme, les lèvres bougeaient, mais seul celui entre les murs étaient amène d’entendre ce que les entités avaient à dire : « Tu n’es même pas apte à protéger ton propre foyer, crois-tu vraiment pouvoir t’en sortir ici ? » les voies se répondirent successivement. « Ton père aurait été déçu. » « Il ne t’aurait jamais offert cette épée s’il avait su. » « Tu as toujours été un grand solitaire, n’est-ce pas ? » « Personne n’est ici pour te sauver, même pas toi. » « Il y aurait surement pu y avoir quelqu’un, mais tu as une nouvelle fois tout gâché. » « Même ton propre peuple ne souhaite pas de toi. » « Démon te nomme-t-on. » « Crois-tu vraiment que le Daedalus t’acceptera dans ses rangs ? » Tous les miroirs ce mirent à rirent d’une voix stridente.

Tandis que je me plaçais sur les gradins, attendant la suite des jeux, je replaçais mon regard sur l’homme blessé. Surement pouvait-il percevoir cette présence autour de lui, celui qui lui avait évité un piège. Peut-être croira-t-il à un ange, il se fourvoiera. Alfar de mon état, je serai bien évidemment là pour tester toutes ses facultés… cependant, pour tester qui que ce soit, il faut tout d’abord laisser la proie se prendre au jeu, le laisser croire en quelque chose, peut être en lui, peut être en ce protecteur irréel.

Résumé:

 Aëran est à gauche de Rubiel et Layne, j'ai donc utilisé le piège que Layne déclenche.