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 [LDM Sept-Oct] Un jour à la Cité Engloutie

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Mar 02 Sep 2014, 19:24



La Cité Engloutie

[LDM Sept-Oct] Un jour à la Cité Engloutie 495790ldm

Plongez dans les méandres d'un univers silencieux et mystique, où se mêle une infinie délicatesse aux couleurs froides de l'Océan. Comment ne pas désirer se changer les idées, après les maux insoutenables de l'époque à peine révolue ? Les âmes tourmentées se plaisent à flotter dans un monde onirique. Voilà ce qu'offre la Cité Engloutie depuis quelques temps déjà. Le peuple méconnu et mystérieux des Sirènes, dont les moeurs et la façon de penser ne ressemblent à rien de ce qu'on peut trouver en haut, a décidé d'ouvrir les portes de sa Capitale aux étrangers. La grande place de Symbor est l'objet de mille festivités. Musiques et danses rythment les jours et les nuits de la Cité. Suite aux désastres et aux crimes, même les Ondins semblent penser qu'il faut fêter ensemble ce renouveau. Sur l'immense balcon du Palais, les Néris contemplent les manifestations et les prières, en compagnie de la Khaeleesi. Les domestiques royales déambulent dans les rues, portant du bout des bras de larges plateaux d'argent. Ils distribuent à qui le demande différents échantillons de chocolat, dont les Sirènes ont le monopole. C'est dans ce contexte-ci que vous pouvez faire l'une des deux rencontres étranges de la Cité Engloutie.

I - L'Empoisonneur : Alors que la fête bat son plein, un homme hurle et s'effondre, l'écume aux lèvres. Une jeune domestique éplorée se tient à ses côtés et essaie de lui venir en aide. Nul doute sur ce qui s'est passé : l'homme a été empoisonné. S'il est encore en vie pour l'instant, les magies de soin ne semblent pas faire effet sur lui. Pour le sauver, il faut retrouver le coupable et lui soutirer des informations, avant de le livrer aux autorités ondines. La domestique vous fournit une piste : un autre domestique lui aurait rempli son plateau, un domestique qu'elle ne connaissait pas et n'avait jamais vu au Palais. Dans votre quête, une Sirène vous aidera. Elle se nomme Erzebeth et est Soldat de la Garde Royale. Peu loquace, la belle jeune femme est stricte mais attachée à l'ordre.

II - Le jeu des perles :  Erzebeth, Soldat de la Garde Royale, est chargée d'une mission qu'elle n'approuve guère mais rempli son rôle. La Cité Engloutie entière est l'objet d'un jeu de piste qui s'achève par la promesse d'un lot. Erzabeth porte à son cou une petite perle de nacre qui comporte le premier indice, qui vous menera à une seconde perle de nacre, dissimulée on ne sait où. Il y a plusieurs perles à trouver, elles vous meneront à une question à laquelle vous devez répondre auprès d'Erzebeth pour obtenir votre gain. Faites cependant attention, il parait qu'un empoisonneur se ballade.  

Explications


Vous avez le choix entre deux missions et ne pouvez en réaliser qu'une seule. Chaque mission a son gain associé. Vous ne pouvez pas faire la première misson et prétendre au gain de la seconde. Vanille est là [sous sa vraie apparence et tout, pour une fois x) ] mais vous ne pouvez pas allez la voir.

Gains


Gain Mission I -  Le clone de substitution [1 800 mots] : en remerciement de vos bons et loyaux services, la Cité Engloutie vous offrira un clone créé spécialement pour vous. Ce clone vous ressemblera comme deux gouttes d'eau et vous serra dévoué et soumis, comme une petite marionnette. Vous pourrez ainsi vous en servir pour vous sortir d'une situation délicate. Il est à noter que ce clone n'est pas forcément de la même race que vous. Les clones ne sont pas toujours parfaits .... + un pouvoir au choix. N'oubliez pas sa fiche.        
                   
Gain Mission II - L'amulette animale [1 200 mots] : voici le gain du jeu des perles ! Il s'agit d'un petit collier où se balance un pendentif à la forme animale. Lorsque vous le passez au cou, le bijou disparait et vous devenez l'animal représenter. Attention, Erzebeth ne vous laisse pas choisir de l'animal et vous donnera un animal plutôt qu'un autre suivant votre comportement.

Dans les deux cas, pour 450 mots de plus, vous pouvez obtenir 1 point de spécialité en plus pour votre personnage principal.
Récapitulatif des Gains


OK | Erine White : Une amulette animale [aigle] et un point de magie
OK | Vanille : un clone avec un pouvoir et un point d'intelligence
EN ATTENTE : ME MP | Lokys : un clone avec un pouvoir et un point d'agilité CODE ?
OK | Elros : un clone avec un pouvoir et un point de force. Ceci dit pas de " départ à machin  points de rp", ça ne compte qu'à partir du niveau 1.
OK | Elias : un clone avec un pouvoir et un point d'intelligence
EN ATTENTE : ME MP | Hayina : Une amulette animale [???] et un point d'intelligence. QUEL ANIMAL ?
OK | Scott : Une amulette animale [Ocelot] et un point d'agilité
OK | Emivia : Un clone avec un pouvoir
OK | Obéron : un clone avec un pouvoir et un point de magie
OK | Ethan : un clone avec un pouvoir et un point de force
OK | Sherry : un clone avec un pouvoir et un point de force
OK | Cemilia : Une amulette animale [puma] et un point de charisme
EN ATTENTE  ME MP | Heavenly : Une amulette animale [???] et un point de force. QUEL ANIMAL ?
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Mar 23 Sep 2014, 18:24


La vie reprenait son court petit à petit et chaque personnes avaient repris leur trin trin habituel. J'avais été assez impressionné, pendant l'invasion des Ridères, de la solidarité de la plupart des personnes. Il n'y avait plus une réelle question de race ou bien d'appartenance à un groupe. Nous étions avant tout des êtres vivants et nous voulions survivre. J'avais profondément espéré que ce moment de solidarité absolu continu, qu'il dur. Ce qui malheureusement, ne fut pas le cas. Une fois que la plupart des cités furent reconstruites et que le plus grand chaos que nous avions à gérer était les petits enfants qui embêtaient d'autres petits enfants. Les différences raciales recommençaient à devenir un grand sujet de discussion, le racisme revenait rapidement et franchement, je n'aimais pas tout ça ! Pendant l'invasion des Ridères, nous avions tous prouvé que chaque personne était utile, peu importe la race à laquelle elle appartenait, plusieurs magiciens avaient sans doute sauvé la vie à des Élémentals et vice versa, mais non ! De nouveau, sur Aeden, j'entendais critiquer les magiciens. Certaines personnes étaient tout bonnement jalouse que les magiciens n'aient pas perdu de magie. Il est vrai que à un moment, même moi, je m'étais demandé pourquoi ma race dominante n'était pas magicienne. De cette façon, j'aurais pu préserver ma magie, enfin bon, c'était du passé, à présent, comme la solidarité entre les peuples.

Pendant mon séjour sur le continent du matin calme, pour participer à une réunion entre les races alliés aux Élémentals, j'avais pu voir et entendre qu'une fête aurait lieu dans la cité engloutie, dans l'océan, dans le meilleur élément du monde, et surtout, dans le territoire des sirènes. J'avais été franchement intéressé par cette information, car depuis mon plus jeune âge, je me demandais s'il y avait une différence entre notre maitrise de l'eau et leur maitrise de l'eau. Peut être avait-il des conseils à prendre des deux côtés pour nous améliorer. Enfin bref, j'avais parfaitement noté cette information dans le coin de mon crâne et la ressortit le matin même pour prévenir mes adorables compagnons qui pour une fois, ne se criait pas dessus. Je me leva donc le matin sous un magnifique soleil. Enfin, disons, que je me leva dans mes maisons et qu'un grand soleil surplombait la merveilleuse cité d'Aeden. Avec un immense bâillement qui en fit trembler les murs, je descendis les marches reliant les deux étages de ma maison et pus voir que mes deux amis étaient en train de manger l'un à côté de l'autre, ce qui, franchement, était un exploit. J'essaya cependant de faire comme si tout était normal car après tout ce n'était que le matin et que je voulais éviter d'engendrer un quelconque problème. « Bonjour tout le monde. Vous avez bien dormi ? J'ai un bon programme pour vous aujourd'hui. » Ils allèrent me répondre la même chose, cependant, ils n'aimèrent absolument pas la dernière partie de ma phrase, en général, ils n'aimaient pas trop ce dans que je les emportais. Disons qu'Ondine et Split aimaient avoir un petit confort et non risquer sa vie chaque jours en accomplissant des faits dangereux simplement pour avoir la sensation de bien faire. Ondine prit la parole en première et demanda avec une extrême crainte. « Et, où comptes tu aller avec nous ? » Lorsque je prononça le lieu où j'allais me rendre, je pus voir deux expressions totalement différentes, et surtout, entièrement opposée. Split semblait totalement dévasté tandis qu'Ondine resplendissait de bonheur. « Tu veux dire, que l'on va se trouver sous un océan, un machin remplis d'eau et où je risque de me noyer au moins trente fois par seconde ? » Je rigola après les paroles de mon jeune wyrm. Il était incroyablement négatif et n'aimait pas le fait d'être sous des tonnes d'eaux. Il ne détestait pas l'eau, mais disons qu'il préférait la regarder ou bien nager à sa surface. Je continua pour essayer de le rassurer. « Exact ! Cependant, pour cette fête, n'oublies pas que tu pourras respirer, sinon, il n'y aurait aucun intérêt à inviter chaque population du Yin et du Yang pour fêter le départ des Ridères et le début de notre ère. » Tout ce que je disais était totalement logique, même si je ne savais pas encore comment m'y rendre. Le fait est qu'avec ma maîtrise de l'eau et mon contrôle de l'air, je pouvais créer une sorte de bulle me permettant de respirer, cependant, je ne savais pas réellement où se trouvait la cité engloutie. Puis, je pensa que je ne serais sans doute pas la seule à me diriger dans cette cité. Alors, je suivrais les personnes voulant se rendre elles aussi à l'intérieur de la cité engloutie.

Une fois que j'eus mangé, j'alla préparer mes affaires, attacha mes cheveux en une couette relevée et sortit de la maison en prenant le portail de la cité d'Aeden pour me rendre sur le continent du matin calme. Une fois arrivée là-bas avec mes amis, je scruta chaque endroits pour essayer de trouver une file de personnes voulant se rendre dans la cité engloutie. Je ne vit absolument personne et décida donc de m'approcher de l'océan. Là, je vis un homme, d'un âge, rentrer dans l'eau, enfin d'une certaine façon, car une sorte de passage semblait se former et il ne semblait pas être mouillé. Alors je le suivis et rentra à mon tour dans ce passage magique. Il était assez impressionnant de pouvoir respirer alors que nous pouvions voir au dessus de nous de l'eau, avec des poissons plus ou moins gros. Il y avait également des méduses et quelques dauphins. C'était un spectacle magique. Je me sentais franchement bien, sans doute du fait que le lieu où je me trouvais était remplis de mon élément de base, l'eau. Pendant une grande demie heure, nous marchâmes en suivant le vieux monsieur devant nous, au fur et à mesure que nous avancions, le chemin se formait. Puis, à un moment, une forme ressemblant énormément à une place. Nous entrâmes donc tous à l'intérieur de la cité engloutie et je pus exprimer un énorme « Ouah!! » Franchement, cet endroit était magnifique, nous pouvions voir énormément de monde mais surtout, je trouvais que les bâtisses avaient une architecture magnifique. Je ne pouvais réellement savoir si les personnes se trouvant dans la place étaient oui ou non des sirènes car je ne voyais que des jambes. Cependant, ce n'était pas la chose la plus importante. Encore une fois, je décida d'explorer la ville, et que, même si certains endroits nécessitaient de savoir respirer sous l'eau, je pouvais très bien m'en accommoder. La journée passa rapidement et, le soir, nous pouvions voir un magnifique rassemblement. Il y avait tout d'abord sur un grand balcon, la reine des sirènes, la Khaeleesi si je ne me trompe pas. Elle était splendide, je ne pouvais réellement la décrire, mais pour faire une comparaison, la reine Takias pouvait se rhabiller et aller se coucher. Il y avait, à mon grand bonheur, des personnes distribuant des échantillons de chocolats. J'alla en prendre quelques uns et regretta que ce ne soit que quelques échantillons et non des gros blocs de chocolats. Enfin bon, nous pouvions également voir qu'une sorte de jeu était organisé, un jeu de piste pour être plus précise. Je réfléchis un petit moment et termina par me dire qu'après tout, ce serait un moment plutôt drôle. J'alla m'inscrire comme il était demandé et attendit le départ qui retentit quelques minutes après mon inscription éclair. Erzabeth, la personne s'occupant du jeu de piste possédait une sorte de perle. À l'intérieur de celle-ci, il y avait un indice, elle le montra à tout les concurrents et c'était à présent à nous de trouver la seconde perle de nacre qui contiendrait une question. Je rangea précisément l'énigme dans ma tête et partis à la recherche de la perle de nacre. Je ne savais pas réellement où aller et je voyais qu'Ondine réfléchissait tandis que Split, lui, se contentait de nous suivre. À un moment, ma fée élémentaire de l'eau s'arrêta et eus une idée, décidément, elle était douée pour les jeux de pistes cette petite fée. « Attendez ! Je pense avoir une idée. L'énigme disait, " au sommet de la couronne elle n'est point, rangée dans le coeur d'un souverain elle se trouve ". Au début, je me disais que c'était en rapport avec la Khaeleesi actuelle, puis, j'ai croisé quelques statues appartenant aux anciens souverains. Je pense que, la perle se trouve sur une de celle-ci, à la place du coeur. » Sans un mot de plus, ni sans attendre la moindre réponse, elle vola à toute vitesse vers les statues royales que nous avions dépassé quelques minutes auparavant.

Une soixantaine de secondes plus tard, nous arrivâmes devant ces statues et je remarqua, à mon grand soulagement personne ne soupçonnait la véritable place de la perle de nacre. Je scruta chaque coeur des statues, cependant, il n'y avait rien, jusqu'à ce que je remarque qu'une d'elle se tenait la main. Lentement, je vola jusqu'à sa main et la poussa délicatement. J'aimais la magie pour la simple et bonne raison que lorsque je déplaçais la main d'un ancien souverain statué, elle ne faisait aucun bruit. Une pierre commença à scintiller et je la pris, l'ouvrit, et lus la question. C'était une charade. « Mon premier est une note de musique, mon second, est un synonyme de terminer, mon tout, est un animal aquatique » Je chercha dans ma tête, et assez rapidement, je trouva la réponse, c'était un DO-FIN un dauphin. Je reposa la perle dans le coeur et replaça la main à l'endroit de base. Je retourna rapidement à la place de Symbor et me trouva devant Erzabeth. Je lui donna donc la réponse. « Madame, je crois bien que la réponse est dauphin. Est-ce exact ? » Elle me regarda er me fit un sourire, je pouvais donc en conclure que c'était la bonne réponse. « La réponse que vous avez trouvé est la bonne, tenez, en récompense. C'est un collier représentant un aigle. Il donne le pouvoir à celui qui le porte, de se transformer en l'animal représenter dessus. Je vous dit bravo. » Je fus tout d'abord surprise de voir que je venais de gagner, mais extrêmement heureuse de pouvoir rentrer chez moi avec une magnifique récompense. J'allais donc pouvoir me transformer en aigle à ma guise. Ce n'est pas le plus puissant des animaux, mais il est tellement mignon. Je montra mon collier à Split et Ondine et me mis à sourire avant que ne sonne la fin de la soirée. Je rentra donc chez moi en suivant le chemin indiqué.
Nombres de mots et gains:
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Jeu 02 Oct 2014, 21:07


« Khaeleesi, puis-je vous voir un instant en privé ? » La Dame des Abysses leva doucement ses grands yeux verts vers l'homme qui venait de lui adresser la parole. Allongée sur un large divan de velours pourpre, la Sirène contemplait, du haut du plus grands des balcons du Palais de la Cité Engloutie, les festivités qui battaient son plein à la Capitale. Pour l'occasion, la Reine avait revêtu l'un des plus beaux des costumes traditionnels de son peuple. La robe était légère et fluide, faite d'inombrables voiles aux nuances pastels, et laissait nue la majeure partie de son être. Des perles de nacre parsemaient le tissu et maintenaient la tenue en place. Sa longue chevelure, aux couleurs de la lave des volcans, était coiffée avec délicatesse et parée d'un diadème tombant qui cerclait sa tête. « Je me nomme Eldras, Khaeleesi. » Le moins que l'on puisse dire était qu'il était mal à l'aise. Inquiet, il scrutait les cinq dragons, à la taille plus ou moins respectacle, qui entouraient leur maîtresse. Celle-ci se redressa. « Bien entendu. Eldras. Vous êtes l'ancien précepteur d'Erzebeth. Elle m'a beaucoup parlé de vous, ainsi que des aptitudes que vous vous êtes employé à lui transmettre. » L'Ondin esquissa une révérence tout en murmurant les paroles d'usage. « C'est un honneur de vous rencontrer. » continua-t-il. Vanille se leva, douce et élégante. « Bien. Suivez-moi. » Ils quittèrent le balcon, trop exposé et animé avec les autres officiels, pour se rendre dans un petit salon plus intime. « Alors, que me voulez-vous que des oreilles indiscrètes ne doivent pas connaître ? » demanda la sulfureuse jeune femme de sa voix basse et chaude, tout en croisant lentement ses longues jambes. Assise sur un canapé, elle dévisageait Eldras, qui préféra rester debout malgré l'invitation silencieuse. « Je sais que vous avez ordonnez à Erzebeth de récompenser certains actes par la création d'un clone. Comme vous le savez aussi, j'ai moi-même enseigné cet art à Erzi. Je me questionnais alors ... » Il fit une brève pause, le temps de prendre une grande inspiration. « Je me disais que, peut-être, vous voudriez avoir un clone. Cet artifice est souvent prisé des têtes couronnées, comme vous. Auquel cas, je suis à votre entier service pour réaliser vos désirs. » Eldras se mit à genoux, rejetant son long manteau en arrière. Anxieux, il patienta sans sourciller tandis que le silence régnait. « J'accepte. » Eldras redressa la tête, surpris et ravi.

« De quoi avez-vous besoin, Eldras ? » L'intéressé cligna des yeux, étrangement subjugé par la Dame des Abysses. « Eldras ? » - « Oui, hum, je ... de presque rien, ma Dame. Si ce n'est une chose que je n'ose vous demander.» - « Parlez sans crainte. » L'Ondin entortilla ses doigts, nerveux. « J'aurai besoin que vous vous teniez debout face à moi, ainsi que vous me fassiez don de quelques mèches de votre belle chevelure. » Vanille sourit. Elle s'approcha doucement du maître de magie pour faire glisser une boucles dans le creux de sa main. « Le sort est long et je ne dirai pas qu'il est des plus agréables.» avertit l'Ondine. Vanille sourit. « Ne vous inquiétez pas pour moi, faites ce que vous avez à faire.» Si la conversation se déroulait jusqu'alors dans la mélodieuse et douce langue des mers, Eldras se mit à psalmodier dans un dialecte plus sombre et rèche, des paroles oubliées et maudites que la nymphe connaissait bien. Des runes se traçèrent lentement autour d'elle, écriture lumineuse de lueur bleue. Eldras serrait entre ses doigts la boucle, qui finit par s'embraser, lécher par des flammes à l'étrange couleur rose. Puis ce fut une explosion de lumière et de feu. Vanille, le regard planté dans celui d'Eldras, ne bougeait ni ne sourcillait, se bornant à attendre. Les secondes s'écoulèrent, puis les minutes. Le sort était long. Eprouvant. La Sirène finit par fermer les yeux. Elle était habituée à la douleur, elle l'appréciait même. Seulement, la magie incontrolable eut des effets indésirables et la Dame des Abysses finit par tomber, inconsciente. « Vous êtes forte, Khaeleesi. Ceux sur qui j'ai usé de ce pouvoir criaient de douleur. » Vanille rouvrit doucement les yeux. Elle était allongée sur le fauteuil, Eldras à ses côtés. « Avez-vous réussi ? » - « Voyez par vous même. » Vanille se leva. Assise, elle scruta celle qui se tenait recroquevillée à quelques pas de là. Nue, elle avait les jambes repliées contre sa poitrine et les bras en croix. Ses longs cheveux cuivrés serpentaient sur sa peau blanche. Presque implorante, elle leva ses yeux clairs pour observer Vanille. « Que ... Qui suis-je ? » bredouilla-t-elle, égarée. « C'est à toi de le décider. »  

« Donc, je suis comme vous. Physiquement, je veux dire. » - « Oui. » - « Je suis votre clone. » -  « Tout à fait. » - « Hum. » Le double semblait pensif. Recluse avec Vanille dans les appartements privés de celle-ci, elle s'habillait selon les usages des servantes tandis qu'une drôle de mixture reposait sur ses cheveux. « Quand je ne suis pas toi, je suis donc ta servante. » La Reine acquieça. « Disons qu'il s'agit plutot d'une couverture. Je t'aiderai à développer quelques dons. Il faut que tu puisses changer facilement d'apparence. Te colorer les cheveux avec du nacre et des pgments n'est qu'une solution temporaire. » - « Tu vas t'occuper de moi comme une mère. » Khaeleesi rit tout bas. « Une tutrice, dirons-nous. » - « Quel est mon nom ? » Elle réfléchit un instant. « Ce que je veux ? » - « Oui. » - « Cerise ? » Vanille soupira. «Ce que tu veux, sauf les prénoms comme celui ci. » Elle était surprise de son propre comportement, étrangement patiente envers son clone. Peut-être était-ce parce que, derrière les milliers de question de cette femme perdue, elle discernait le mal dormant. Elle était comme elle. Ses talents ne demandaient qu'à s'exprimer. « Je ... euh ... » Le clone se mit à déambulerà travers les meubles, s'arrêtant près de la grande bibliothèque. « Les contes d'Eowyn. Qu'est-ce ? » - « Les histoires d'une princesse déchue de ses droits à la vertu prépondérante. » - « Comment est-elle ? » - « Douce et forte. Ce sont des fables pour enfants. » Le clone sourit. « Eowyn. C'est ainsi que je veux m'appeler. » Il était étonnant de voir comment quelques artifices parvenaient à métamorphoser une personne. Avec ces cheveux roses, une touche de maquillage, une coiffure et quelques vêtements, Eowyn se différenciait de Vanille tout en ayant une vague ressembance avec elle, à l'instar de Nausicaa. Curieuse, la jeune femme s'approcha de la fenêtre. « Cet homme, Eldras, est dans les rues. » murmura-t-elle en écartant du bout des doigts les épais rideaux. « Est-ce que cela te dérange ? » souffla Vanille, dans la volonté de tester l'esprit de son double. Cette dernière porte doucement ses mains à son coeur. « J'ai l'impression qu'il ... qu'il doit mourir. » Vanille sourit. « Pourquoi ? » - « Parce qu'il sait. Il est le seul à savoir pour nous. Le tuer est protéger le secret. »

Tout était revenu à la normale. La Dame des Abysses contemplait sa Cité et les fêtes du haut de son balcon. Nul ne pouvait se douter que, dans ses appartements, son clone s'instruisait et étudiait pour parvenir à ses idéaux de perfection. Puis une femme hurla. Une petite foule s'amassait en un point. « Que se passe-t-il ? » s'enquit la Reine. Erzebeth se glissa à ses côtés et se pencha pour lui indiquer tout bas : « D'après les rumeurs, un homme est mort après avoir gouté à un chocolat. Ce serait un cas d'empoisonnement. » Vanille se leva. « Allons voir. » Les soldats escortèrent la Reine, sévères. Le peuple s'écarta à son passage. Les gens murmuraient tout bas, commentaient et formulaient quelques hypothèses. « Qu'est-ce que ... » Bouche bée, Erzebeth regardait l'homme étendu à même le pavé. « Eldras. C'est Eldras. Impossible. Eldras. » La guerrière était d'ordinaire tellement flegmatique, presque froide et distante. En cet instant, le masque s'était brisé. L'Ondin qui lui avait tout appris, l'homme qu'elle avait aimé, était mort. Doucement, elle s'accroupit près du cadavre. « Il devait être en route pour venir vous voir, Khaeleesi. Il m'avait confié qu'il voulait vous rencontrer dans la soirée. Il ... » Vanille baissa les yeux. « Erzebeth. Je suis navrée. J'aurai aimé le rencontrer, vous m'aviez tellement parlé de votre mentor.  » - « C'était un homme bon. » - « Il recevra des honneurs à titre posthum. » - « Et .. son assassin ? » - « Nous le trouverons, Erzebeth. Ce geste ne restera pas impuni. » - « Puis-je ... Puis-je aider ? » - « Va te reposer. » - « Khaeleesi ... » Le soldat se releva dans une grande inspiration. « Je dois participer aux enquêtes pour contribuer à la capture de l'individu responsable de ce crime. » La Reine sourit, avant de glisser doucement ses mains froides dans celles d'Erzebeth. « Laisse moi m'en charger. »

Vanille Deslyce. Au sein des peuples des mers ainsi que sur les terres, ce nom inspirait le respect puisqu'il s'agissait de celui d'une Reine. Prestigieuse, la Sirène incarnait la vertu et la grâce, l'élégance et l'éloquence. Aimée des siens, elle parvenait à édicter de grandes lois et redressait les économies maritimes. Ces paroles étaient d'or. Dans pareilles conditions, qui aurait pu soupçonner la douce Dame des Abysses d'avoir été l'investigatrice d'un énième complot douteux ? Personne ne pourrait imaginer telle scénario. Cela n'effleura pas un esprit. Doucement, l'araignée tissait sa toile et piègeait ses proies. Les filets se ressèraient jusqu'à l'étouffement. Ce fut facile. Une domestique du Palais de la Cité Engloutie ; troublée, naïve et un brin droguée sans qu'elle s'en doute ; affirma qu'un homme qu'elle n'avait jamais vu lui avait rempli son plateau de chocolats. Les murmures engendrèrent une rumeur. Un Empoisonneur sévissait dans les tréfonds des cités des eaux. Un homme d'honneur avait été tué. La traque allait débuter. Les soldats arpentaient les ruelles d'un pas militaire, l'arme au poing. Habitant et étrangers s'employaient aussi à garder les yeux fouineurs, presque inquisiteurs. Un cri finit par fendre les airs : « Là ! Il est là ! » Une ombre sombre filait. Essouflée à force de trop courir, elle cherchait cependant à fuir. Peu à peu, une foule se formait derrière lui. On le voulait. Sa vie importait peu : il devait payer pour son geste, déclaré coupable par le tribunal populaire des préjugés. Il avait l'air suspect. Son comportement était celui de la culpabilité. Alors il était l'Empoisonneur. Ce syllogisme parfait aux yeux du peuple n'était pas des plus dignes. Cependant, la manipulation de masse était une composante du plan de la belle Khaeleesi. « Ma Dame, nous vous apportons l'Empoisonneur. La domestique l'a formellement reconnu. » clamèrent des hommes en jetant un autre au sol, aux pieds de la Furie des Eaux. Celle-ci croisa doucement les jambes, dévisageant avec sévérité l'étranger au teint de craie. « Vous serez jugé selon les lois de notre nation. Maître Jairala s'est proposé pour votre défense. » La jeune femme récita ses droits à l'accusé, avant d'esquisser un petit geste de la main. Nul ne le savait encore mais il était condamné à mort.

Eowyn se releva doucement. Perdue dans un flot d'ouvrages poussiéreux, elle alla sur la pointe des pieds jusqu'à la fenetre pour jeter un coup d'oeil à la place de Symbor. Elle sourit. Le calme était revenu et elle savait ce que cela signifiait. Du bout des doigts, elle écarta les petites mèches roses qui tombaient près de son nez. Dans un léger rire, elle tourna les talons, retournant dans le cocon réconfortant des livres qu'elle dévorait, avide de connaissances. Un clone. Voilà ce qu'elle était. La pâle copie d'une autre. Pourtant, cette situation ne la dérangeait pas. Déjà dévouée, elle se sentait liée à Vanille. Sans compter que, quitte à être le reflet sans passé de quelqu'un d'autre, autant être celui d'une femme telle que Dame Deslyce. « Eowyn. » L'intéressée sursauta, levant les yeux sur le grand lit à baldaquin. Elle était là. « Vanille. Je ne vous ai pas entendu. » - « Tu apprendras. » - « A quoi donc ? » Vanille sourit doucement. « Tout. A être moi, à vivre ta vie. A devenir puissante. » - « Pensez-vous que je puisses êtr vous et autre, être forte ? » - « Oh oui. Tu le seras. » Ce n'était qu'un début, le simple commencement d'une histoire morbide dont les protagonistes étaient des femmes aussi sulfureuses que mauvaises. Les fables seraient de plus en plus noires. Les demoiselles, comme des soeurs, s'échangèrent un regard amusé. Il était bien loin d'etre certain qu'elles s'apprécieraient, ou meme qu'elles se portent quelques formes de respect. Malgré tout, elles collaboreraient. Chacune y trouvait son compte, avait des avantages à tirer de l'autre. Vanille savait qui serait Eowyn dans quelques temps. De son coté, Eowyn ferait tout pour atteindre les objectifs qui, peu à peu, se dessinaient dans son esprit. Une nouvelle partie débutait, celle où les alliés étaient aussi les ennemis.

" Un jour, l'ombre se détachera de la silhouette. Cela signera le début de la perte de l'Originale. " C'était ce qu'elle avait dit, un jour, il y a bien longtemps. Elle ne se trompait jamais.

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Dim 05 Oct 2014, 23:08

L’océan. S’étendant à perte de vue vers un horizon où déclinait déjà la belle lune noire. « Général, vous êtes sûr de vouloir y aller seul ? » Les naseaux d’un cheval renâclant l’air marin vinrent apostropher sa main pendante, attirant son regard vers l’homme qui avait parlé. « Je ne vous interdit pas de vous mêler à la fête, Lieutenant ! » Asséna-t-il abruptement, tandis que le soldat amenait soudain sa monture à se détourner. « Allons bon, vous avez peur des créatures marines, maintenant ? C’est peut-être une sage idée après tout. Vous m’accompagnerez ! » Ordonna le grand vampire en dispersant d’un geste le reste de son escorte. « B-bien, si vous insistez... » « Hâtons-nous. Le ciel ne tardera pas à s’éclairer... » Mais là où ils allaient, ce n’était pas chose à redouter.

Les deux hommes mirent pied-à-terre et marchèrent un bon moment le long de la plage. Une ambiance grisâtre s’était levée. Le jour n’allait pas être des plus secs. Au loin dans les eaux, une sombre masse noire agitait ses remous en profondeur, et Lokys sut par instinct que c’était là, la porte de leurs ardeurs... peut-être aussi l’élégante créature des ondées qui se tenait non loin lui avait-elle mis la puce à l’oreille. Délaissant sa grande monture noire, le vampire fit quelque pas dans l’eau jusqu’à se tenir assez près de la belle gardienne des eaux. D’une main gantée jusqu’à mi-phalange, il porta sa paume là où autrefois battait son cœur et s’inclina brièvement.
« Nous venons témoigner notre respect à la Reine des abysses en ces temps de paix retrouvée... » Miaula le vampire sur un sourire courtois, sans perdre son regard d’une innommable arrogance. « Suivez-moi, je vous prie... » Faisant signe à son acolyte de s’avancer, le grand ténébreux suivit la créature jusqu’au maelstrom. « Faites bonne route jusqu’à la grande place e Symbor, messires... » Et sans plus de discours, leurs carcasses furent projetées dans les abîmes.

Une longue descente les entraîna jusqu’aux sous-sols marins. D’un conduit d’abord noir et mort, une embouchure s’ouvrit alors vers un écosystème florissant, dansant au gré des eaux. D’autres visiteurs les rejoignirent bientôt dans leur chute. Puis face à eux, des grandeurs improbables en de tels lieux s’offrirent à leur regard ébahi... S’il ne l’avait vu de ces yeux, le général ne l’aurait sans doute jamais cru. Une ville cultivant la beauté dessinait ses reliefs en émoi parmi les battements de nageoires. Plusieurs sirènes jouaient à l’extérieur de la bulle magique, virevoltant dans les flots. Quelques regards intrigués se tournèrent vers les deux vampires qui s’engouffraient dans la dimension terrestre synthétisée.
« Bienvenue à la Cité Engloutie... » « Place de Symbor » s’inscrivait en lettre d’or sur plusieurs banderoles. De riches décorations marquaient la ville de la teneur des festivités, qui bientôt eut raison des craintes du jeune soldat qui avait été de force emmené. « Mon Général... c’est magnifique... » Ne démentant pas l’information, Lokys se contenta d’un ricanement triomphal et commença à se diriger vers le cœur de la place. Quelques pas plus tard, de charmantes courbes drapées judicieusement ondulèrent face à lui, et en ses mains furent remis quelques barres d’une étrange consistance, à la couleur aussi noire de le charbon. Le grand brun amena à ses naseaux fins le met, en humant la robe qui lui retourna un haut-le-cœur saisissant. « Eurk... Même si je pouvais en sentir le goût, jamais ne me viendrait à l’idée de mettre un tel immondice dans ma bouche... » Fit-il en rendant à la somptueuse créature ses horreurs gustatives. La mine boudeuse, la servante s’en retourna tandis que le vampire progressait d’un bon pas, cette fois sans être interrompu.

Le vampire contemplait, songeur, les beautés qui s’accumulaient partout autour de lui, autant parmi les habitants que l’architecture typique. Il se trouva à admirer l’inspiration divine qu’il avait déjà pu contempler à Pabamiel, au cours des quelques visites qu’il avait pu y faire... La grande cité de la Phénix en revanche se montrait beaucoup moins affable envers les étrangers, même si dans son cas, il n’en avait absolument cure et se trouvait autant à son aise dans les eaux profondes que sur ses abords dorés. Mais s’il était venu ici aujourd’hui, c’était bel et bien pour une raison précise... Pourquoi continuer de la chercher... Pourquoi perdre autant de temps pour une insignifiante vie. Le vampire la haïssait de l’avoir rendu ainsi, obnubilé par son inoubliable senteur, mendiant de la sensation liquoreuse de sa peau... Il avait envie d’en déchirer chaque parcelle, lamelle par lamelle, la réduire à la bouillie de chair sanglante, elle ne méritait pas mieux pour l’avoir rejeté... On ne le rejetait pas, lui !
« Un peu de vin, Monseigneur ? » Offrit soudain une charmante pousse printanière au grand vampire, le sortant de sa torpeur... Celui-ci laissa tomber son regard énigmatique sur le jeune garçon, portant sa main blafarde à la joue pulpeuse de ce dernier, avant de saisir la coupe pleine avec envie. « Merci, mon jeune ami... » Susurra-t-il en portant le nectar à ses lèvres. Le fort spiritueux parvint à assainir quelque peu ses pensées, tandis que s’alourdissait son envie de s’amuser, et de profiter des festivités. Quel meilleur hommage à rendre en effet à l’organisatrice d’une telle mondanité ? La guerre ayant pris fin, à son grand damne, il ne voyait vraiment pas de quoi se réjouir... Mais l’intérêt de la paix, était justement de pouvoir être brisée, bafouée et de permettre au chaos de revenir... Et justement, à cette succulente pensée, un cri venait de retentir...

Interpelé par l’agitation, le colosse reposa sa coupe sur un plateau ambulant avant de s’avancer parmi la foule. Il n’eut aucun mal, du fait de sa stature, à s’ouvrir naturellement un chemin jusqu’au centre de l’attention
. « Il est mort ? » « Mort... ? » « Oh par les Aetheri ! »
Le général n’eut aucune réaction en découvrant le corps de son acolyte dans sa dernière posture. Il posa lourdement un genou près de lui, et rejoignit de deux doigts la gorge inerte pour en tâter inutilement le pouls. « Mort. » Murmura-t-il, provoquant quelques cris faussement impatients de connaître un verdict déjà évident, ce qui le fit sourire intérieurement. Ses phalanges glissèrent ensuite dans la bouche écumante afin d’en recueillir le fluide, et de le porter à sa langue curieuse. « Du poison.... » Affirma-t-il en se relevant, s’ensuivit alors une nouvelle vague de stupeur... « Du venin... de vipère des abysses... » Chantonna-t-il, dégoulinant de désir... Le palpitant sourire qui venait de déformer son élogieux faciès en fit reculer d’autres, tandis qu’une flopée de gardes arrivaient. « Il est mort ? » « Vous avez vu quelque chose ? » « C-... C’était un invité ?... » Peu à peu, une panique commençait à s’installer dans la confusion grégaire, mais le vampire, pourtant repérable, venait de toute bonnement disparaître. Peu importait l’identité du malheureux... tout ce qu’il voyait à présent était le met fuyant. Le chaos revenait, la mort appelait son messager à appliquer sa sentence sur celui qui perturbait l’ordre établi des choses... et le messager répondait, plus fougueux, plus ardent que jamais.

Il avait vu sa silhouette un peu gauche, du fait de son handicap, s’éloigner en silence. La cape de velours qui l’encapuchonnait avait ses retors, car il n’était pas courant de voir ce genre de vêtement un jour de grande sortie... Se dissimulant dans les ombres, nombreuses ici bas, Lokys suivit sa proie. L’affût du chasseur en émoi, jusqu’à l’acculer, il ne la lâcherait pas. Se savait-elle  filée ? Sans doute son instinct le lui criait, de part la prestance étonnante de celui qui lui faisait l’honneur d’être son chasseur.
« Cours cours, petit furet... » La voix spectrale du maître des ombres raisonna soudain dans les ruelles désertes, redoublant la fugacité du fuyard. Un éclat de rire, écho de la menace, vint lui arracher un gémissement. Désormais, il n’était plus question de douter de la découvert de ses méfaits. Un sifflement strident, et le sang gicla dans une plainte terrible. « Hmm... quel fumet alléchant ! » Complimenta Lokys sans reparaître sous sa forme substantielle. Le premier croc du Tigre avait été nourri, et le second rugissait d’envie quand soudain... « AAaaaargh... » Le deuxième flanc graisseux fut tranché. Deux lames parurent dans la pénombre, toutes deux dégoulinantes du fruit de leur festin. « Tu es à moi... Empoisonneuse... » Un franc éclat de rire déchira le silence, et plusieurs volets claquèrent dans les hauteurs des bâtiments. La course de l’hère l’entraîna alors dans un endroit... surprenant. Arrivant par l’arrière, ce fut la petite porte qui s’ouvrit sur le passage de celle qui, dans son désespoir, semblait parfaitement savoir où se rendre. « Au secours... » L’entendit-il appeler de sa voix cahotante de douleur. Les ombres nobles du palais offraient un chemin tout tracé vers la prise. Plusieurs salles furent traversées, et dans un élancement trop téméraire, le corps de la jeune fille meurtri tomba soudain à la renverse. « Non... » Pleura-t-elle une dernière fois.
Se redressant sans pouvoir se relever, ses jambes galvaudées par la peur ne lui répondant plus, elle leva son regard alentour sans percevoir l’image de celui qui la voulait.
« Pardon... Pardon... Je vais vous expliquer... J-j’ai été manipul- AH ! » Déchirant le tissu de la pénombre, l’imposante stature du vampire parut soudain. Les ombres de son regard pourpre fusillaient la petite chimiste aux blondeurs découvertes. La capuche avait glissé sur ses épaules, dévoilant une longue rivière de cheveux mordorés, le genre parfait aux yeux du ténébreux. « Je n’ai que faire de tes raisons, ma jolie... A vrai dire... » S’agenouillant à ses côtés, sa main vint cueillir le visage tremblant. « Je me fiche complètement de ta culpabilité... tu m’as simplement laissé une bonne raison de faire ce que je fais de mieux.... » D’un geste vif, la jeune fille lança sa main valide tenant une fiole en direction du vampire, mais ce dernier fut plus rapide, attrapant la main qu’il cloua violemment au sol d’une de ses lames jumelles... « Belle tentative... Je reconnaîtrais ce venin entre mille... de succulentes notes d’armonium, un soupçon boisé... hmm... un arrière-goût putride à ravir le palais. » Fou... Cet homme était fou... L’alchimiste se débattit alors avec fougue... « Lâchez-moi ! » « L’une... ne va pas sans l’autre. » Pour conclure sa verve, la morsure du Tigre se referma à nouveau dans le second bras de la terrorisée... « Gyaaargh... » Le grand brun se redressa alors, enfermant toujours le corps frétillant de douleur entre ses puissantes cuisses.

Plusieurs reitres entrèrent dans la salle.
« Bravo pour votre bravoure, Monseigneur... » Le ton onctueux glissa sur lui comme un vent aride. Il reconnut aux toges somptueuses l’apanage des Hauts de cette ville... Mais la Reine ne semblait pas présente. « Remettez-nous la dissidente, nous allons l’interroger pour obtenir l’antidote... et vous serez copieusement récompensé... » Son homme n’était donc pas mort. Un sourire machiavélique priva la porte-parole de ses mots suintants de mensonges, puis le timbre glacial du vampire suivit. « Récompensé hein... » Pourquoi devait-il avoir le sentiment que cela impliquait bien plus qu'une simple bourser remplie d'or ? Un murmure parcourut soudain l’assemblée, mais Lokys se redressa, récupérant ses armes dans un nouveau cri de douleur de l’atterrée. « Je vous prie d’emporter votre sous-fifre... apprenez-lui l’art de la furtivité, si vous devez décider qu’elle vive... Quant à moi, je m’en vais. Et je vous mets au défi de m’en empêch- » « Personne ne songera à faire cela ! »
Dans l’embrasure de la porte, se détacha la silhouette altière d’une femme dont Lokys frémit de la prestance. Son regard hautain se porta sur la demi-morte. « Disposez de cette rature, et préparez l’antidote pour notre infortuné visiteur. » Quand tous se furent retirés, la femme s’approcha alors du vampire, ondulant dans ses voiles cossus autour de lui. Captivé par le mystère qu’elle incarnait, le chasseur se retrouva proie, prisonnier de son emprise, qui se redoubla quand sa mélodieuse voix creva le silence. « Par ici, beau Prince des nuits... il y a quelque chose que j’aimerais faire pour vous... »

Levant la main vers le ténébreux, celui s’avança afin de lui offrir son bras, et tous deux sortirent du lieu du drame. De l’immensité du palais, le vampire ne fut invité qu’à en contempler bien peu, jusqu’à la salle où la belle l’emmena.
« Après vous... » Les murs de la pièce entièrement composés de miroirs ne reflétèrent qu’un triste vide au bras duquel s’accrochait la jeune femme. Mutine, celle-ci délaissa le vampire pour se poster sur une petite estrade, l’invitant à sertir le milieu de la salle aux mille glaces. « Êtes-vous prêt ? » « Hâtez-vous, Sirène, j'ai perdu assez de temps... » Un léger rire sortit de la gorge de la sorcière, qui commença le rituel... « Je savais que j’arriverais à vous arracher cette confiance insolente, Vampire ! » Dès les premières secousses magiques, le guerrier si puissant s’était effondré, se rattrapant sur un genou tandis que ses bras enlaçaient sa jambe relevée avec force. Les hurlements de douleur se poursuivirent jusqu’aux dernières notes de la psaume, mais bientôt, se changèrent en une toute autre nature, beaucoup plus inquiétante. Lokys se laissa tomber sur le côté, le corps agité de spasmes. Son visage affichait une béatitude dérangeante. L’homme se complaisait littéralement dans la douleur... Longtemps, il l’avait subi, y étant sans doute plus résistant que la moyenne... Mais pire, il l’appréciait au point de la laisser faire corps avec lui... Bientôt, la litanie magique s’affaissa... les anneaux de lumières s’éteignirent, et le vampire reprit le contrôle de son corps, encore assailli de picotements gênants. « Vous allez bien, Vampire ? » Questionna inutilement la sorcière alors que sa victime se redressait. Allant répondre, le colosse se trouva soudainement sans voix à la vision étrange qui apparut face à lui... « Qu-... »
Un sourire berça les lèvres de la jeune femme. « Je vous présente... vous ! »

Et en effet, plus que jamais, Lokys avait face à lui son propre reflet. Les deux hommes s’observèrent un long moment, apprivoisant leur propre image que ni l’un ni l’autre n’avait l’habitude de voir.
« Je suis... vous ? » Questionna le clône. Le démentiel visage du général s’éclaira soudain, et sa main s’avança jusqu’à effleurer les courbes saillantes de son propre faciès. « Impressionnant... Un clone ? » « C’est exact. Faites en bon usage, mon ami... A présent, vous devez quitter le palais. Votre... subalterne a sûrement déjà repris ses esprits. »
Se laissant guider hors des lieux en compagnie de son reflet, Lokys ne s’attarda pas à sur la place, délaissant son semblable qui retrouverait sans doute seul la rouge des Fjörds. Il avait à présent bien d’autres sujets d’occupations à deviser avec.... lui-même... Un lui-même à son service, une coquille vide qui ne demandait qu’à être comblée...
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Lun 06 Oct 2014, 21:38

Le chuchotement des vagues s'allongeant sur le sable comblait le silence de la nuit, comme une douce complainte aux relents amers. L'homme avançait, seul, ses pieds chaussés de bottes s'enfonçant dans la terre meuble. L'océan s'étendait à perte de vue. Les lunes, inatteignables et hautaines, demeuraient dans le ciel sombre. Rien ne semblait perturber l'immensité noire. Mais, un peu plus loin... « Là-bas. » Il distinguait, dans la pénombre, une silhouette. Il s'était renseigné et avait dû, comme prévu, marcher un moment avant de trouver ce qu'il cherchait. « Mademoiselle ? » Svelte et aérienne, elle se tourna vers l'enfant de la nuit. « Vous venez pour la fête ? » Visiblement, elle se tenait là dans le seul but d'accueillir et de guider les invités égarés. Il hocha sensiblement la tête. De sa main fine, elle lui indiqua un trou, creusé dans l'eau elle-même. « Dans ce cas, plongez là-dedans. » - « C'est une blague ? » - « J'ai l'air de plaisanter ? C'est l'un des seuls moyens pour atteindre la Cité Engloutie, et de loin le plus simple. » Il la toisa quelques instants, étudiant son regard brun et ses lèvres relevées dans un léger rictus. Il poussa un soupir, puis tourna le visage vers le maelström. La suspicion picotait ses sens et attisait sa méfiance. Mais pourquoi diable l'enverrait-on à la mort ? « Soit. » Sans plus attendre, il obéit aux indications de l'Ondine, et se glissa dans le tourbillon.

La descente lui parut terriblement longue et affreusement courte. Son estomac se souleva, tandis que ses jambes filaient devant lui. Le tunnel aquatique le cernait, semblant tourner sur lui même, la force du mouvement le maintenant à sa forme circulaire, et évitant qu'il ne s'affaissât sur les malchanceux venus le traverser. Finalement, sortant du gouffre, il atterrit sur un sol pavé, accroupi. Il se redressa et jeta un regard au paysage environnant. La Place de Symbor. Il avait déjà lu des extraits de textes vantant son mérite et sa beauté, mais ils avaient désormais l'air de ne pas avoir trop osé décrire la magnificence du lieu. A l'abri d'une bulle d'air indestructible, une végétation luxuriante proliférait. Des plantes grimpaient le long des murs des bâtiments, tandis que d'autres pendaient aux balcons où fleurissaient sur des parterres. Le Parlement et le Palais, que l'on reconnaissait du fait de leur aveuglante prestance, veillaient sur la place tels deux éternels gardiens de pierre. Cependant, le plus inattendu dans tout cela, était la lumière qui se répandait sur les lieux. Elle se rapprochait de celle du soleil, pourtant, force était de constater qu'elle n'était pas nocive pour le Vampire. Un sourire étira ses lèvres. La lumière...

Il porta son regard sur le peuple et ses invités qui, au son de la musique, dansaient, aussi insouciants que des enfants. Il ne put que se désoler de ce spectacle. « Désirez-vous un chocolat, monsieur ? » Il pivota, pour se retrouver face à une jeune Sirène portant sur son plateau des chocolats de formes carrées, rectangulaires, triangulaires ou encore circulaires. Il n'avait jamais eu l'occasion d'y goûter. « Avec plaisir. » Tendant la main, il se saisit de l'une des friandises brunes, et la leva jusqu'à ses narines pour en humer le fumet. Bien évidemment, c'était le seul plaisir qu'il pouvait s'accorder, étant certain que dans sa bouche, la denrée prendrait un goût poussiéreux et âpre. Il l'y plaça tout de même et, après l'avoir mâché, l'avala. Sa fadeur le dégoûta presque. Il n'oubliait cependant pas son objectif premier. Il était venu ici pour retrouver quelqu'un, la fête n'étant qu'un prétexte parmi tant d'autres. Se mêlant à la foule, il tenta de scruter les visages, de happer les regards, mais rien en ceux qu'il croisât ne lui évoquèrent la personne qu'il recherchait. Pinçant les lèvres, et enfouissant ses mains dans ses poches, il finit par s'extirper de la masse grouillante. S'appuyant contre un mur, il laissa son regard vagabonder de balcon en balcon, se surprenant à apprécier leur architecture travaillée.

Ce fut là que, perchée sur le plus haut de tous, il aperçut une silhouette familière, étendue sur un divan. Une saveur revint aussitôt à ses papilles. Le sang. Il cligna des yeux et secoua la tête. L'instant d'après, elle avait disparu. Il n'eût point le temps de réfléchir plus : un cri retentit. La musique se tut. Elros perçut un bruit sourd, comme un corps percutant le sol. Aussitôt, un amas de curieux se forma, d'où s'échappaient hoquets d'horreur et complaintes désespérées. A son tour, il s'approcha de l'objet porteur de l'attention du public. Se frayant un chemin à travers la foule, il se retrouva parmi les plus braves, ou ceux dont la conscience était la plus morbide, au premier rang. Une jeune femme éplorée était penchée sur quelque chose. Sur le pavé gisait un homme. La tête renversée en arrière, il suffoquait. Une écume blanche s'échappait de ses lèvres pâles et coulait sur ses joues. « On l'a empoisonné ! Vite ! Trouvez un médecin ! » Il y eut un mouvement parmi les attroupés, et un autre homme se détacha de la masse. « Je vais m'occuper de lui. » S'agenouillant, il posa ses mains sur le thorax de l'homme, et une éclatante lumière blanche auréolèrent celles-ci.

Quant au Vampire, il plissait les yeux, intrigué. Qui avait bien pu commettre ce crime, et pourquoi ? « C'est moi qui lui ai proposé un chocolat... Oh mon dieu. » La domestique porta les mains à sa bouche. « Quelqu'un d'autre a rempli mon plateau. On me l'a juste donné pour que je fasse le service, je... je... » - « Qui ? » - « Je n'en ai aucune idée... Je ne l'avais jamais vu. » N'accordant pas plus d'attention à la serveuse, il parcourut l'assemblée du regard, les gens se tenant à l'écart, seuls ou en groupe, et finit par apercevoir le bout d'une cape flottant au vent. L'individu s'était engouffré dans une ruelle. Sans plus réfléchir, il poussa ceux qui le gênaient et se précipita dans la même direction que le fuyard. Loin de l'agitation, leurs pas résonnaient sur les pavés. L'empoisonneur jeta un coup d’œil par-dessus son épaule, surveillant son poursuivant. Malheureusement, cette tentative lui fut fatale. Trébuchant, il s'effondra face contre terre. Il voulut se relever pour repartir précipitamment, mais Elros s'était déjà saisi de son poignet. N'ayant plus le choix, il fit volte-face, obligeant le jeune homme à lâcher prise, et dégaina un couteau. « N'approche pas ! » Il recula sous la menace de l'arme, quand bien même elle n'aurait pas pu lui être fatale, simplement pour donner à son assaillant l'espoir d'une fuite. « D'accord, d'accord... Doucement. » La main du criminel tremblait, et on sentait qu'il était peu sûr de lui. « Tu m'as vu ! Je dois te tuer ! » La créature de la nuit fronça les sourcils. « Ce n'est pas nécessaire. » Il bondit à son tour et, plaquant l'homme contre un mur, tordit son poignet afin qu'il lâchât son arme. Celui-ci cria, puis le métal cliqueta contre le sol. Des bruits de pas se firent entendre. La garde avait été prévenue. On écarta le Vampire, en omettant de le remercier, puis deux soldats se saisirent de l'assassin. Il les laissa faire, puis croisa les bras. « Tant de suffisance... » Il tourna la tête. Une grande femme aux longs cheveux de jais avançait dans sa direction. « Je suis Erzebeth, soldat de la garde royale. » Sans relever sa première réplique, il se présenta à son tour. « Elros Stendorth. » Elle hocha la tête. « Venez. »

Il avait obtempéré et suivi la jeune femme. Elle le mena jusqu'à une demeure de pierre blanche, dans laquelle ils pénétrèrent. « Cela fait un moment que nous recherchons cet homme. Voilà des semaines qu'il parcourt notre ville et assassine. » Elle s'arrêta et planta son regard de glace dans celui de son interlocuteur. « Une récompense a été promise pour sa capture. » - « Oh. » Elle haussa un sourcil. Il était vraisemblablement inutile de lui déclarer qu'il n'était pas au courant : elle n'avait pas l'air de vouloir le croire une seule seconde. « Les gardes lui soutirent des informations. » Il hocha la tête. « C'est normal. » Elle n'ajouta rien, attendant sûrement qu'il partît, ou laissant son esprit réfléchir à une quelconque hypothèse concernant les motifs du tueur. « Vous avez l'antidote ? » - « Ça ne saurait tardé. Le poison met une heure à terrasser son hôte. C'est une mort... très lente. Je suppose qu'il parlera avant. » - « Certainement. » Il ignorait tout des pratiques qu'utilisaient les Ondins pour obtenir des informations, mais il ne doutait pas qu'elles pouvaient se montrer drastiques, en voyant le regard de la militaire. « J'allais oublier votre... récompense. » Lui intimant de la suivre, elle s'engouffra dans une autre pièce. « J'espère que vous avez le cœur bien accroché. » Ce fut à lui d'arquer un sourcil, tandis qu'elle s'emparait de ciseaux. « Qu'est-ce qu...? » - « Laissez-vous faire. » Elle tendit la main, attrapa une mèche de cheveux, et la coupa. Reculant de plusieurs mètres, elle se mit à psalmodier dans une langue aux assonances inconnues. Des runes se gravèrent sur le plancher en lettres de feu, et un cercle entoura bientôt l'étranger. Presque aussitôt, une douleur intense s'immisça dans le corps du Vampire. Il avait l'impression que ses os s'entrechoquaient, que ses muscles se contractaient jusqu'à se briser, que son cœur se remettait à pulser bien plus fort que cela était permis, et que son sang battait ses veines, tailladait ses artères tels mille couteaux aux pointes acérées. La vue brouillée, il tomba à genoux et porta une main à son cœur. Ses doigts se crispèrent et s'enfoncèrent dans sa chaire, tandis que la souffrance ne cessait d'éveiller les souvenirs de vieilles cicatrices. Des images lui parvinrent, frappantes et terrifiantes dans l'instantané, laissant un goût âpre dans sa gorge. Des noms valsaient sous ses yeux, des voix murmuraient dans sa tête, des sons perçaient ses tympans, des parfums éclataient ses narines, broyaient ses poumons désuets. Que faisait-elle, cette sorcière ? Était-ce ce qu'elle avait osé appeler une récompense ? Toute cette douleur, cette souffrance, étaient censées lui être bénéfiques ? De qui se moquait-elle ? Il suffoquait ! Il sentait la vie - ou plutôt la mort ; ou tout du moins, un mélange des deux - lui échapper. Puis, soudain, tout fut noir, et le monde s'estompa.

« Sauf le respect que je vous dois, madame, je crois que vous l'avez tué... » - « Non. Il est vivant. » A vrai dire, s'il était mort, elle aurait été surprise que d'autres plus faibles eussent pu survivre à la même opération. Erzebeth, les poings sur les hanches, fixait l'inconscient. Il était allongé sur un canapé, dans une vaste salle aux murs tapissés de livres. Près d'elle se tenait son identique. Même cheveux blancs, même yeux d'or et de lapis, même regard rêveur et intelligent, même taille haute, même stature. Ils étaient indifférenciables, à cela près que celui qui était sur ses pieds portaient des vêtements trop petits pour lui. Il avait fallu lui en trouver au plus vite et, malheureusement, les hommes de la maisonnée était plus maigrelets et moins grands que lui.

Elros cligna des yeux. Un univers trouble se dessina. Le ciel était rouge... Il fronça les sourcils. Une puissante migraine lui enserrait la tête. « Tu vois, il n'est pas mort. » - « Oui. » Les regards similaires se croisèrent, l'un chargé de stupeur, et d'une once d'effroi, l'autre comblé d'admiration et de curiosité. « Bon sang, qu'avez-vous fait ? » Croyant presque à une hallucination, il porta la main à son front, avant de se frotter les yeux et de se redresser. « Je vous présente... vous-même. » Le Vampire se leva. Son reflet. Il avait sous les yeux son reflet. Il secoua indistinctement la tête. Il avait presque oublié à quoi il ressemblait. Il avait oublié l'expression dure et froide que pouvait exprimer ses mires, il avait omis les traits durs de son visage. « C'est... terriblement impressionnant. » L'autre ne bougeait pas. « Oui. J'espère que cela vous plaît. » Il opina. « Tout à fait. Merci. » Déjà, il entrapercevait les possibilités que pourraient lui offrir l'existence de ce clone dévoué. « Maintenant je vais vous demander de partir. Avoir un clone est une chose rare, et doit le rester. Je ne désire pas que tous les habitants de la Cité affluent à cette porte pour m'en réclamer un. » - « C'est compréhensible. » - « Soyez discrets. » Elle leur indiqua la route à prendre pour rentrer chez eux, sur la terre ferme.

Les deux étrangers qui ne l'étaient pas tant quittèrent ensemble la maisonnée. Plongés dans la foule, ils se séparèrent, pour se retrouver à l'écart de toute agitation. Après quelques minutes de marche en silence, trop choqués pour échanger quoi que ce fût, Elros demanda : « Comment t'appelles-tu ? » - « Je... je n'ai pas de nom. » Le Vampire jaugea sa réplique durant quelques instants, sans rien dire. Il paraissait mal à l'aise, mais il devinait que sa personnalité, sûrement semblable à la sienne, ne demandait qu'à s'exprimer. « Eh bien... Je te laisse le droit de choisir. » - « C'est que je n'en connais pas tellement, de noms. » Il s'arrêta. « Y a-t-il un nom que tu apprécies ? » Elros pinça les lèvres. « Un nom... » Puis, ce fut comme une évidence. « Leran. » Son double sourit. « Soit. Je me nomme donc ainsi, à partir de maintenant. » Le Vampire sourit aussi. « Bien. »

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Mar 07 Oct 2014, 21:56

Quelle irréalité de voir tous ces êtres fêter la paix retrouvée, jamais n’avait-elle constaté la présence d’autant d’étrangers à la Cité Engloutie depuis qu’elle y était elle-même arrivée. Comme quoi.. les guerres et les ravages trouvaient peut-être leur nécessité dans le fond. Que ces désastres leur soient envoyés par la grande mansuétude d’un ciel encore sans nom la répugnait d’un dégoût fort joliment caché sous son sourire aimant, face à ces deux interlocutrices ondines d’une beauté céleste dans leurs robes vaporeuses. Leurs voix caquetaient avec élégance des propos qui l’intéressaient.. et pourtant dont elle se fichait éperdument. Les choses avaient commencé à perdre de leur importance depuis.. un souvenir qu’elle préférait entériné loin dans sa mémoire. Et cependant, c’était bien lui qui voilait à son regard les myriades festives de la place de Symbor, et les joies de retrouvailles tant méritées.. chaque fois qu’elle avait l’audace de parcourir de ses traits pâles les alentours.

Qu’allait-il advenir désormais ? L’ange déchue sortait d’un cauchemar mal perçu, dont chaque évènement qui avait depuis saisi sa vie n’avait été qu’un rêve mal éveillé.. où rien n’avait eu plus de sens que ce qu’elle avait essayé de leur en donner. La faible imagination d’avoir essayé de s’intégrer.. quand ne l’avait-elle jamais réussi de toute façon ? Une larme, loin d’égaler la valeur nacrée de toutes celles qui circulaient aujourd’hui, s’imprima en un couvercle tenace sur son œil droit. Elle se sentait fatiguée, sans avoir la possibilité de s’asseoir pour reprendre son souffle, pour comptabiliser les points que sa vie marquait..

« Ces chocolats sont vraiment délicieux.. » Marmonna Aurore, une pleine bouchée à moitié enfournée disculpant ses paroles de sortir trop de bêtises. Pour une fois qu’elle se tenait à peu près bien, sans s’attirer des ennuis ou râler sur le moindre caprice. Le petit lesovik n’était qu’à quelques pas derrière elle, chargé de la chaperonner constamment comme ce n’était certainement pas Elias qui s’en chargeait.. Les deux jeunes femmes entretenaient une relation plus égalitaire qu’il n’y paraissait. Et seule l’aînée avait eu la décence de faire un effort vestimentaire pour ces festivités. Vêtue d’une robe d’un bleuté océanique grisé qui se mariait entre un tissu écaillé et une soie légère, était-ce un hommage tout à fait convenable au peuple ondin. Mais Doc avait déjà remarqué depuis quelques temps que cette manie était loin d’être ponctuelle, de la même manière que les corolles d’épis clair qui ceignait son crâne en parfaits cercles. Une coiffure qu’une sirène plus ouverte que d’autre lui avait appris. Comme si tout son être cherchait à se détacher, à ce que plus aucun détail ne concorde, avec les souvenirs fallacieux d’un Temple aux murs froids marqués de griffes ensanglantées, d’orgueilleuses paroles et d’indifférence.. choquante. Suivi d’une plongée radicale dans l’oubli.

« Je préfère les espèces de trucs poulpies aquatiques… » Justement, un morceau du met dépassait encore de ses fines lèvres. « Ça ne veut rien dire Doc. » « Je sais mais je ne sais pas comment ça s’appelle. » L’œil cristallin d’Elias se déporta vers les mouvements floutés par l’atmosphère azurée des plus lointains convives – cela faisait un moment que les deux sirènes l’avaient naturellement abandonnée à cause de son inattention prolongée. « En tout cas c’est délicieux. » « Ça a l’air dégoûtant… » Les raies d’air à s’engouffrer dans ses poumons devenaient douloureux au passage de sa trachée.. contractée. Pourquoi avait-il juste fallu qu’il ne la rencontre ? Jamais le sanglot n’aurait explosé, mais un doute serait pour toujours permis car ce qui l’interrompit fut tout autre que sa froideur.

« AaaAAaaa Aah ! » Un cri dans ce genre, ça ne peut pas s’ignorer. Suraiguë dans l’affolement d’une très jeune sirène à la blonde et pure apparence, tous les regards adjacents s’étaient coulés vers elle. Son plateau complètement renversé à même la surface laissé s’échapper son contenu de liquide plus colorés les uns que les autres à proximité d’une silhouette effondrée sur le dos, dont les bras ballants et la bouche hoquetant débordant d’une abandonnant salive ne laissait guère se méprendre. « Mais que lui arrive-t-il ? » Une belle passante, auréolée d’atours et de manières hautaines qui craignaient manifestement que l’incident de l’atteigne, fixait le pauvre hère avec alarme. « Il est mort ? » « Impossible, mais qu’est-ce qu’il se passe.. » Les murmures d’une rumeur se développaient sans atteindre la jeune domestique, agenouillée près du corps.. dans l’espoir que ses vains mouvements agités redoraient la situation.

« Laissez-moi passer, je suis médecin ! » Ce n’était pas réellement la vérité, mais le crénelage spontané et si sincèrement inquiet de l’ange avait fait passer la priorité pour que les gens s’écartent naturellement jusqu’à ce qu’elle puisse s’agenouiller auprès de la pauvre victime. « Que s’était-il passé ? » S’enquit Elias, comme ces doigts tortueux s’alignaient déjà à ressentir les quelques fonctions vitales encore présentes. Malheureusement la domestique n’avait que peu de réponses à lui offrir, se contentant d’allouer de longs regards effrayés aux alentours. « Je ne sais pas.. Il s’est brusquement effondré ! » « C’est sans doute du poison.. » Si les symptômes avaient été plus durs à reconnaître, aurait-elle pu avoir une hésitation mais l’efflorescence baveuse qui giclait de ses lèvres étaient suffisamment caractéristique pour que même une personne lambda ait pu le déduire.

« Qu’était-il arrivé ? Ecartez-vous. » Forte d’une autorité respectueuse, sèche dans sa tranquillité, tout le monde s’écarta – non sans continuer les longs murmures – sur la silhouette droite et fournie d’une armure aux contours aussi délicats et fluides que la race ondine auquel répondait la nouvelle arrivante. « Dame Erzebeth ! » La domestique s’était relevé d’un bond, illuminé de l’espoir que provoque l’arrivée de quelqu’un qui saura tout prendre en main. « Est-il encore vivant ? » S’enquit immédiatement la dénommée, d’un regard plongeant sans daigner s’appesantir d’une plus grande proximité. « Oui, mais il a besoin de soin que je ne suis pas en mesure de lui fournir. Il ne réagit pas à la magie blanche.. » La magnifique sirène acquiesça promptement, vaquant rapidement à donner quelques ordres à la jeune domestique tandis que quelques nouveaux gardes s’occupaient du corps et de dispersaient avec un tact dès plus élégant les yeux curieux. « Vous ne m’êtes pas tout à fait étrangère.. Ce n’est pas la première fois que vous venez ici ? » « Non, non.. J’ai passé quelques temps à la Cité Engloutie dernièrement. » « Vous allez m’aider. » Le ton adroit et coupant n’admettait aucune répartie, comme le prolongement d’un fait naturel qu’Elias aurait elle-même pensé. Le dévouement de cette soldate ne faisait pas une once de défaut. « Daëlys. » que la jeune femme devina être la jeune domestique. « m’a décrit un inconnu qui aurait servi son verre. Elle est certaine de ne l’avoir jamais vu officier parmi les domestiques. Il faut le retrouver. » Les longues jambes effilées d’un instinct rapide et précis se démarquèrent brusquement des lieux du crime, s’engouffrant dans les auréoles dallées du tortueux cheminement qu’était devenu Symbor sous l’afflux des invités.

Alors que l’ange dans les tissus ondulés qui la différenciait jusque-là encore de rien des autres ne s’était pas encore engouffré à sa suite, ses brèves orbes bleutés s’inclinèrent vers Doc dont la bouche ne s’était toujours pas désemplis, une Aurore songeuse à ses côtés.. soit qui n’en avait strictement rien à battre. « Attendez ! » Erzebeth ne ralentit pas d’un pas, si ce n’était l’éclat de son regard qu’elle daigna lui accorder. « Trop de gardes éveilleraient une méfiance peu souhaité en cette journée, nous allons régler cette histoire vite et bien. » L’assurance qui dévisageait cette sirène était incroyable. « Je suis certaine que Khaeleesi aura déjà pourvue au reste. » « Je n’en doute pas non plus… » Termina dans un murmure Elias, désormais tout à fait au fait que cette soldate semblait avoir tout prévu. « Est-ce un incident isolé ou y en a-t-il déjà eu plusieurs ? » L’agitation festive, et leur démarche cadencée seules lui répondirent.

Rapidement, l’effervescence de la place de Symbor n’avait plus été qu’un vague souvenir dans les rues de la Cité Engloutie, toujours d’une beauté planante des mystérieux charmes ondins, mais déserte en ce jour de fête. Les deux têtes s’engouffrèrent finalement dans une boutique dont l’enseigne ciselé dans des courbes raffinées n’avaient rien des étales rustiques qu’on trouvait sur le Continent du Matin Calme. Si d’extérieur n’avait-elle pu se repérer, Elias comprit d’un coup d’œil sa fonction à l’attirail végétal couvrants les étagères éparses, lourds d’odeurs dont on préfèrerait s’abstenir. Erzebeth avait déjà gagné le comptoir d’où un homme à vieil allure, penché par-dessus, recevait ses mots avec grande attention. « Oui, je crois que votre description me dit bien quelque chose.. Attendez. » Se départant de des nouvelles venues, l’ondin disparut dans ce qui apparut être l’arrière-boutique, quoique les effusions d’intenses vapeurs bleutés qui en cachaient le paysage laissait à se demander. Comment ne parvenaient-elles d’ailleurs pas jusqu’ici ? Le savoir-faire de ce peuple était bien d’une ingéniosité qui leur était tout à fait propre. Même de son long séjour, en avait-elle retiré bien peu.. Enfin, fallait-il dire qu’il fut particulièrement mouvementé jusqu’en surface. « Vous pensez qu’il s’est procuré le poison ici ? » « Vous apprenez vite. » Ou la façon courtoise d’un ‘perspicace’ bien senti, de la sirène dont ouvrir la bouche n’était pas le principal souci. « Voilà, il s’agit de celui-ci. » Revint enfin l’ondin, chargé d’une herbe filandreuse qui s’apparentait à moitié à une mousse et du lierre. « Du Métu. Il donne lieu à un virulent poison, mortel s’il n’est pas rapidement soigné. Le remède n’est pas tant compliqué à faire, j’ai ici même tout ce dont vous auriez besoin seulement.. Il doit être concocté selon l’exacte même proportion de Métu qui fut administré au poison. Selon la charge que l’on n’y met, il est plus ou moins violent.. C'est un poison très efficace de par cette propriété et sa faculté a bloqué l'action des particules de magie. » « Il nous faut cet homme. » Erzebeth se dégageait déjà agilement pour regagner la porte, quand d’un mouvement d’épaule elle toisa un instant Elias. « Restez ici et préparez le remède, vous vous disiez médecin, non ? » « Oui, mais… » Avait-elle sensiblement exagéré, seulement la soldate avait déjà disparu dans le silence monotone et ô combien agréable des rues. « Ne vous en faites pas, je vais vous guider. » Répliqua à la place le marchand, qui vaquait déjà sur ses étales suspendus à récupérer ce dont ils auraient besoin. Vaincue, l’ange s’abattit sur un tabouret aux allures de méduse qui loin de l’effrayait, en apprécia-t-elle beaucoup la tournure artistique de ce peuple.

« Pourquoi ne pas simplement analyser la teneur du poison sur la victime ? » « Il faudrait pour cela avoir en notre possession la cruche dans laquelle le poison a d’abord été délié dans l’eau pour être versé dans son verre. Cruche disparue avec lui. Alors l’un ou l’autre… » « Je vois… » Durant leur cheminement jusqu’à cette boutique, Erzebeth avait consenti en quelques rapides paroles à lui faire la description du présumé coupable. L’esprit d’Elias ne pouvait cesser de s’appesantir dessus tandis que ses doigts malléables manipulaient les ingrédients dont patiemment l’ondin lui indiquait quoi en faire. Qu’est-ce qui pouvait pousser ce genre de personne au vice ? Lors de festivités d’une vie durement arrachée à un monde qui avait littéralement failli ne pas reparaître. Elle ne comprenait pas, et son propre désarroi la dépossédait de l’envie de se consacrer à ce remède. « Concentrez-vous jeune fille. » ‘Jeune fille’, avait-elle l’air si jeune que ça ? La pique eut l’effet escompté quand ses beaux yeux le foudroyèrent. « J’ai saisi, vieillard. » Pour toute réponse qu’un sourire mutin non offensé, il reprit la découpe précise du Métu pendant que la Déchue broyait finement du corail. « Que faites-vous donc sous cette surface ? vos yeux ont la couleur du ciel, pas celui de l’océan. » Un silence marqua sa réponse, alors que ses doigts filandreux recouvrirent le bol de quelques caresses destinés à en faire quitter les copeaux dans la solution qui chauffait. « J’avais besoin de m’évader.. Tout s’effondrait. » Quelle ironie. Avoir pensé qu’ici plus rien ne l’atteindrait, ses recherches incessantes et sa curiosité l’avait finalement amenée à tout perdre. « Cela vous a été profitable ? » « Pas tellement, vous n’êtes pas les plus accueillants.. » Beaucoup trop d’orgueil, et beaucoup trop d’amertume avait giclé son cœur pour qu’elle put répondre autre chose, même si la véritable raison n’aurait certainement pas percé pour un étranger. « J’ai failli me faire jeter un nombre incroyable de fois d’une auberge à cause de son tenancier. » « Il faut nous comprendre, les étranges ne sont pas ce dont nous avons le plus l’habitude. » Mais Elias ne l’écoutait déjà plus, plongée dans une récente réminiscence.. « Je reviens, ne bougez pas ! »

Si l’écart de temps n’avait pas été aussi bref, peut-être n’aurait-elle jamais fait de rapprochement mais il y a deux soirs, à l’Ecume, un homme à la même longue chevelure bleu caractérielle que celle qui lui avait été décrite avait été vue. Par elle, évidemment.. Boire était loin d’être son passe-temps favori, et sa seule présence ne répondait à l’unique explication que les auberges et tavernes en ces lieux revêtaient une élégance familière, une beauté ciselée même dans la peuplade, qu’il était agréable de s’y mêler. Et autant être honnête, n’avait-elle pas passé sa vie à la Cité soit dans la bibliothèque, soit dans son jardin secret. Et il y a deux soirs.. ce jeune homme avait un air terriblement mélancolique sur lequel on pourrait tout à fait se méprendre désormais. Et le fait d’une auberge.. fut qu’on y dormit.

« C’est pas vrai… » Malheureusement, merveilleux jour que nous étions, comme chaque parcelle de la Cité ne cessait de le rappeler d’une façon ou d’une autre, était-ce jour de fête.. et l’auberge se retrouvait fermée. Quelle idée de fermer une auberge ? Même pour assister à  de telles réjouissances.. Mais fallait-il dire que cette ouverture aux étrangers se devait exceptionnel. Il fallait qu’elle retrouve Erzebeth et vite ! Claquant les pans soyeux de sa robe contre sa peau, ses jambes repartirent d’une course vite malmenée par sa respiration à la boutique, seule encrage qui lui vint en tête.

Sa paume s’aplatit sur la vitre rutilante de la porte dont elle ne sut en reconnaître la pierre, comme sa voix s’échappait déjà de sa gorge. « Il faut que je trouve Erzeb- » Ce fut comme un typhon qui aurait crevé la bulle enchanteresse qui les protégeait et aurait ravagé les étagères. Verres éparpillés, et plantes défaites.. un faible gémissement lui vint du comptoir, précipitant ses pas à rejoindre le marchand dont elle ne put que deviner ce qui s’était passé. « Cet homme doit vraiment tenir à la mort de sa victime… Vous allez bien ? répondez-moi ! » L’accent inquiet trahissait toutes duretés dont son âme voulait se repaitre dernièrement. Une coulée de magie blanche le long de sa nuque, s’étendant au reste des souffrances du vieux corps suffit à lui permettre de formuler des mots cohérents. Bien sûr, évidemment que c’était lui.. Mais à peine la tête de l’ange put-elle englober l’intérieur qu’un violent coup traversa ses épaules. Ses coudes rencontrèrent le sol que son front ne tarda pas à rejoindre sous le deuxième assaut, ravageant ses pensées cohérentes comme l’effronté venait de la retourner.. sillonnant son regard d’une flopée de mèches bleues. Lui… Saisissant entre ses doigts le premier morceau de verre à portée, entaillant sa propre chair dans son incapacité à voir ce qu’elle faisait, le geste fut prompt et sans hésitation. Il s’enfonça dans l’œil droit de l’inconnu, déchirant leur atmosphère d’un cri aigu à n’en pas finir. Le souffle bombé de sa course puis de l’offensante attaque, Elias se dégagea sans grand mal tant il était occupé à sa souffrance.. Mais d’un regard acerbe, le revers de sa main cingla l’air pour jeter à terre ce qui restait de sa contenance. « Dites-moi la dose que vous avez employé pour le poison. » Et ce n’était plus seulement une question de remède. Avisant le couteau qui leur avait servi à hacher le Métu, ses doigts s’en emparèrent avec précision comme son genou venait de trouver grâce au sol, près de l’empoisonneur. Un ravissant sourire ourla ses lèvres maculées du sang de l’écorchure qu’il y avait instigué.


La piste remontant à la boutique n’avait finalement pu échapper à la soldate sirène, qui finit par débouler .. découvrant le paysage déconstruit, mais animé du marchand – un peu cassé mais en relativement bon état – et de la jeune femme qui ceignait une posture nonchalante, les jambes altières entrecroisées dans le vide. « Voici votre remède. » Le marchand, remis, lui offrit la même affirmation. Erzebeth s’en empara sans poser de question mais.. officia un constat qu’elle avait de toute façon deviné sur le côté. Leur empoisonneur… Son corps recouvert de multiples coupures laissait à penser ce qui avait pu se passer, mais rien n’avait besoin d’être dit, n’est-ce pas ? « Je l’ai soigné comme j’ai pu… » Finit par murmurer l’ange, dont les yeux s’étaient enfin éteint d’une douceur incompréhensible, de faibles regrets aussi peut-être. « Faites-le mener en prison. » Ordonna placidement la sirène à ceux qui l’accompagnaient, avant d’acquiescer.

Des perles rouges.. si horribles et si tentantes. Quelques-unes avaient entachées dans un ballet sensuel les pans de sa robe, d’une façon qui laissait presque pensé qu’elles furent là à dessin.. si seulement leur couleur ne tranchait pas horriblement avec les teintes froides. Un regard en arrière ne servait plus à rien désormais, ce n’est pas comme si les remords lui étaient si habituels.. non ? « Ça s’est bien passé ? » S’enquit sans véritablement s’en soucier Aurore qui n’avait manifestement pas arrêté sa dégustation de chocolat. Le fait qu’Elias ne lui réponde pas alla jusqu’à lui échapper, mais pas au lesovik dont l’attention perçante ne perdit absolument des vagues désordonnées qui s’insinuaient sur les remous transparents de la peau de son visage. « Nous allons repartir au Sanctuaire. » Etait-ce la morale de toute cette journée finalement ? « Comme tu souhaites… » S’il n’était pas convaincu par ce qui l’avait décidée, il n’eut en rien le temps d’en placer une que la sirène qui était venue la leur arracher une première fois revenait dans les délicats cliquetis de son armure.. et ne revenait pas seule. Le cœur du lesovik décrocha comme Elias ne l’avait cependant pas encore remarqué. « Avant de ne définitivement vous laisser profiter des réjouissances, nous tenions à vous faire un présent. Le voici. » S’écarter fut.. l’engouement de trop à la tension de la journée. Sa réplique parfaite.. ou tout du moins presque, le regard éhonté d’une pureté qu’elle n’aurait jamais, d’une innocence qui gagnait les tourments de ses propres orbes qu’elle voyaient se refléter. La ressemblances demeurant si frappante qu’aucun mot ne purent se décrocher. « Votre clone idéal, parfait et soumis.. mais appartenant à la race des elfes. » Le mot de trop d’un dialogue qu’elle ne désirait même pas initier, mais rien dans le silencieux regard chatoyant d’Erzebeth ne lui répondit comme elle détournait les talons.

Humiliant… était-ce humiliant. Pendant que le vertige de son regard éperdu d’horreur se perpétuait dans celui d’une profondeur saisissante de son reflet qui ne cilla pas, autant qu’elle ne l’aurait jamais fait. Une défiance de trop à la sommer d'oser nommer la honte qu'elle soutenait haut et pleinement.

« Nous sommes... pareilles. »

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Mar 14 Oct 2014, 11:02

Comment se changer les idées après toutes ces défaillances de la magie dignes d’un roman apocalyptique ? Rideres, Sympan, les esprits, les anges qui perdaient leurs ailes… Hayina avait vu pendant toute cette période des dizaines de choses qu’elle n’aurait jamais pu voir de son vivant. Mais désormais que la magie était revenue, le monde était plus joyeux que jamais. Partout où l’orisha allait, c’était festivités en tout genre et rires aux éclats. Megido, qui n’avait pas été plus épargnée par les Ridere que les autres villes, était en pleine reconstruction, et c’était une réelle renaissance à laquelle elle assistait.

Mais les affaires d’Hayina n’allaient pas pour le mieux. Le marché des enchères et des antiquités était sans dessus-dessous ; toutes les valeurs se bouleversaient car certaines choses avaient perdu de leur rareté, tandis que d’autres l’étaient encore plus et que d’autres choses encore venaient à peine d’apparaître, comme des morceaux de cristaux qu’on disait appartenant aux Rideres. Tant de mystères sur lesquels Hayina devait travailler et qui ne lui laissait pas le loisir de s’adonner aux festivités comme ses voisins insouciants.

Néanmoins, ce n’était pas pour cela qu’elle allait cracher sur la première possibilité qui s’offrirait d’allier le travail et la fête ; même, elle sauta dessus dès qu’une possibilité telle se fit apercevoir. Cette possibilité, Hayina l’avait obtenue grâce à un contact des Arlequins. Tout cela se déroulait à la Cité Engloutie, cette ville dominée par les Sirènes au fond de l’océan. A vrai dire, cette race ne lui avait jamais inspirée confiance, mais il fallait avouer que d’un point de vue professionnel, Hayina se doutait qu’elle devrait y mettre les pieds un jour, pour pouvoir faire affaire. Après tout, ce peuple possédait un grand monopole sur le domaine de l’océan qui renfermait des richesses sans pareille ; et cela en plus de leurs œuvres d’art nombreuses et de grande valeur. D’ailleurs, les ventes illégales concernaient bien souvent certaines de leurs ressources protégées comme le corail ou les oreilles d’hippocampes. Ah, mes parents avaient construit une belle petite fortune en dévoilant ces affaires-là au grand public…

Et voilà que, ses valises faites et ses nouveaux livres emballés, Hayina partit pour la Cité dès qu’elle le put. L’orisha avait tenté de lire un de ses nouveaux livres sur les us et coutumes des ondins, mais elle avait fini par abandonner ; elle ne comprendrait pas ce peuple tant qu’elle découvrirait leur univers elle-même.


*
« Cinquante, cinquante-cinq…soixante billets ! Bouya ! » s’écria Hayina.

Après une seule journée de vente, grâce aux sirènes expertes en leur art, Hayina avait gagné un salaire qui lui valait trois semaines de vacances… si elle daignait en prendre, ce qu’elle ne faisait pratiquement jamais. Pour fêter tous ces gains, elle avait accepté une invitation à une des nombreuses fêtes qui se déroulerait dans la ville, sur la place de Symbor, plus précisément.


*Bon, je vais vendre mes bouquins sur la culture des sirènes, avant la fête. Mes expertes se débrouillent très bien pour m’en informer plus rapidement.* Chaque sou comptait, après tout. Alors que l’orisha les triait, quelqu’un frappa à sa porte. Pas besoin de beaucoup réfléchir : cela devait forcément être Iméria, l’une des sirènes qu’elle avait engagé pour l’aider dans ses ventes aux enchères. A vrai dire, c’était la seule avec laquelle elle se liait un minimum d’amitié ; passionnée par les cultures étrangères à la leur, elle était la plus ouverte et la plus proche de sa propre culture.

« Hey ! Hayina ! Oh, tu es ravissante ce soir. Les animations spéciales à la fête vont bientôt commencer, viens donc ! »

Après lui avoir rendu ses politesses, Hayina la suivit jusqu’à la place Symbor. Arrivée là-bas, l'ambiance était bien au rendez-vous : une foule sans pareille prenait place, une partie dansant au rythme des violons, et une autre discutant en petits groupes en acceptant les échantillons de chocolat que leur servaient diverses sirènes sur des plateaux d'argent, toutes habillées de la même façon, mais d'une façon qui avait du goût. Alors que Hayina s'imprégnait de tout cela, à moitié ébahie, certaines paroles retinrent soudain son attention.


« …avec un lot pour le gagnant ! » Un lot ? Des sous ? Poussée par son intuition, l’orisha se dirigea naturellement vers la fin de phrase qu’elle avait entendue. Puis, elle se glissa derrière le groupe auquel s’adressait une sirène qui portait un des nombreux plateaux d’argent qui luisaient à la lumière océane. Mais dessus ne trônaient pas des chocolats; au contraire, il s'agissait de divers parchemins pliés.

« A chaque perle de nacre que vous trouverez, s’affichera une énigme qui vous mènera à la suivante etcetaera. Ainsi, le premier d’entre vous qui trouvera toutes les perles, et plus particulièrement la dernière, gagnera le lot ! »

Et sur ce, elle distribua la première énigme à chacune des personnes qui s’était approchées d’elle. Alors qu’elle les distribuait, certaines personnes, retrouvant leur âme d’enfant, s’en allaient à toutes jambes dans une direction sans même lire la première énigme, tandis que d’autres la lisaient tranquillement. Pour sa part, Hayina les observa pour trouver le ou les meilleurs alliés qu’elle pourrait avoir dans le jeu de piste. Alors que des alliances se formaient déjà de parts et d’autres, l’inconnue les avertit :

« Oh, au fait, chacun a une piste différente à suivre… il n’y a que quelques points qui se rejoignent dans vos chemins. Des points où il n’y aura qu’une perle pour plusieurs personnes… voilà. »
*Oh non, je ne vais pas pouvoir me servir de mon meilleur talent… je ne vais jamais y arriver…* un peu découragée, l’orisha regarda les gens partir chacun dans leur coin et lit sa propre affiche. Alors que son expression se défaisait à mesure qu’elle la lisait, elle sentit que quelqu’un se faufilait derrière son dos.

« Tiens, mais ça cible la Maison du Chocolat, ça ! »

« …Iméria ! Tu m’as fait peur… attends, tu viens de résoudre l’énigme ? En quoi ce truc peut signifier la Maison du Chocolat… ? »

« Facile : ‘Les lacs sucrés’ signifie le chocolat et ‘la racine du séquoia transformé’ signifie sa maison, qui est le lieu qui raconte les origines de son exploitation et ses évolutions au cours de l’Histoire… c’est une chasse au trésor ? » Hayina se tourna vers elle, les yeux ronds.

« Oh… d’accord, c’est évident. Bon, j’avais compris pour le chocolat, mais pas pour cette Maison ; d’ailleurs, je ne connaissais même pas son existence… je n’y arriverai jamais si toutes les questions concernent votre culture ! » Hayina marqua un temps de pause, faisant des yeux de merlans frits à son amie. Il n’aurait manqué plus qu’un couinement de chiot pour parfaire le tout.

« Très bien, faisons-le ensemble. Mais j’attends être remerciée comme il se doit ! »

« Si on gagne, bien sûr, héhéhé. »

Et sans attendre une seconde de plus, le duo se dirigea vers la Maison du chocolat en courant. Hayina suivit Iméria aveuglément à travers les rues et elles avaient beau s’éloigner de la place principale, la fête semblait ne pas s’éloigner ; les passants dansaient dans les rues, de la musique sortait de tous les restaurants et de certaines maisons. C’était comme si l’océan entier était en fête, et cela transportait petit à petit l’orisha dans une fébrilité qu’elle avait un peu oublié. C’était la fêtarde qui se réveillait. Enfin, au bout d’un moment, les deux filles arrivèrent à cette bâtisse qui semblait entièrement construite de chocolat. Eh bien, cela annonçait bien la couleur. Les deux filles n’eurent pas longtemps à chercher avant de trouver la perle, qui avait été accrochée à un fil sur l’une de ses fenêtres. Après avoir fait une danse de la victoire improvisée, elles lurent la seconde énigme et, comme pour la première fois, Iméria la devança largement dans sa résolution. Elles avancèrent ainsi à pas de loups dans le jeu de piste, et à un moment, devancèrent même deux autres groupes en prenant leur perle en premières. Et deux groupes de disqualifiés !! Puisqu’elle gagnait haut la main, Hayina s’amusait comme une folle. Néanmoins, c’était la dernière perle qui allait leur donner beaucoup plus de fil à retordre…

Au bout d’une heure de jeu, le duo avait trouvé toutes les perles, sauf la dernière. Et l’énigme qui devait y conduire était, cette fois, réellement difficile à élucider, même pour Iméria. Les deux filles s’assirent plusieurs minutes pour tenter de l’élucider… mais Hayina n’avait quasiment aucune piste, puisqu’une fois de plus, l’énigme concernait un lieu précis de la ville, ville qu’elle ne connaissait encore pratiquement pas ; du moins, jusqu’au début du jeu de piste, qui leur avait fait faire un bon tour.  Puis, soudain, Iméria eut une idée. Une idée dont elle n’était pas certaine, mais il n’y avait pas de temps à perdre, alors l’orisha la suivit sans poser plus de questions.


« La dernière se trouve dans le feu flamboyant de l’âme du premier Chapitre… je pense à l’Antre qui se trouve au début du Passage des rêves que tu as dû emprunter pour venir ici : quand vous sortez de ce chemin, c’est le premier Chapitre de votre épopée dans la Cité. Et le feu flamboyant…ben, c’est le cratère d’un ancien volcan, alors… » Pendant qu’Hayina suivait la sirène en écoutant, elle marqua un temps d’arrêt en s’imaginant retourner là où elle l’emmenait.

« Eh, attends… je ne veux pas retourner dans cet endroit, moi ! J’ai failli y perdre la raison, genre, vraiment et plusieurs fois ! Je… »

« Ne t’inquiète pas », l’interrompit Iméria. « Je gère. Je réduirai à néant toutes les illusions qui pourront nous assaillir. »

A peine convaincue par ses arguments, Hayina recommença à la suivre en soupirant. Après tout, elles n’avaient pas d’autre piste… même si tout cela lui paraissait louche. C’était un peu loin de la place et plus dangereux. Mais c’était la dernière perle… il était logique qu’elle puisse se trouver dans un lieu plus difficile à atteindre que les précédents. Une fois arrivées, elles s’aperçurent que c’était le premier lieu qu’elles atteignaient où la fête n’avait pas lieu. En fait, il était complètement désert, et on entendait à peine les sons d’une quelconque musique festive. Cela donnait des frissons à Hayina.[//i]

« T’es sûre de…ton idée ? »

« Pas le moins du monde », déclara simplement Iméria.

[i]Mais ce ne fut pas pour autant qu’elle fit demi-tour, contrairement à ce que voulait faire Hayina ; au contraire, elle entra dans le chemin sans même attendre l’orisha. Elle va vraiment trop vite… est-ce qu’elle en aurait peur, elle aussi ? Et Hayina s’y engouffra à son tour. Dès qu’elle fut à l’intérieur, son corps fut parcouru de frissons horribles. Puis, elle entendit ces échos qui se faisaient de plus en plus pressants. Elle ne les supportait plus, après avoir fait une traversée hantée de ces échos-là… des lamentations venant de toute part… puis, le déclic :


« ATTENDS ! Reviens, je sais où c’est ! » cria Hayina, du ton le plus convaincant qu’elle pouvait avoir à ce moment-là. La sirène voulut lui dire quelque chose, mais l’orisha tourna les talons tellement vite qu’elle n’eut que le temps de la suivre.

Une fois revenues dans la Cité, essoufflées, Iméria ne tarda pas à lui demander à quoi elle pensait. Hayina, pressée de revenir auprès de la musique tonitruante de la place Symbor, lui demanda juste de la suivre. Iméria était sceptique. D’ailleurs, Hayina savait qu’elle la croyait pas mais peu importait : l’orisha se fichait bien du lot, après tout. Elles étaient arrivées presque jusqu’au bout, et elle avait passé de bons moments avec la sirène. Mais maintenant, l’orisha voulait noyer toutes ses angoisses au fond d’un bon verre d’eau de vie, et dans les mouvements d’une danse endiablée.

Alors, sans plus se presser, elle continua à se diriger vers la place ; déjà, les échos des diverses musiques festives se faisaient de plus en plus fortes et bientôt, la foule était à portée de vue de Hayina. Cette vision la remplit de joie comme jamais. La fête. C’était maintenant. Elle avait déjà des visions de ce qu’il allait se passer ; elle rigolerait comme une folle avec Iméria, serait grisée sans trop l’être et danserait jusqu’à n’en plus pouvoir… pour finir la soirée avec un bel inconnu. Avec un ondin, ce serait même le nirvana. Je n’ai jamais eu d’amants sirènes. C’est le moment où jamais !


« Allez, on aura passé un bon moment ! Je vais t’offrir toutes les boissons que tu veux, ce soir ! Après tout, les affaires ont été bonnes aujourd’hui…on pourrait même inviter Bulle et Nomenig ? »
« Mh… tu as raison. Et puis, j’ai pu te montrer mon talent à résoudre les énigmes, pas vrai ? J’essaierai d’entrer en contact avec Bulle et Nomenig, mais je ne te promets rien pour Bulle… elle n’est… pas folle des fêtes. »

Hayina ne chercha même pas à comprendre ; cette fille était vraiment bizarre. D’ailleurs, elle avait récupéré une de ses œuvres –car comme beaucoup de sirènes, elle était artiste dans le sang, et c’était carrément morbide. C’était comme si une aura noire entourait cette inconnue. Oubliant bien vite cela, l’orisha changea de sujet de conversation puis se mit à blaguer avec Iméria. Finalement, elles revinrent à la place et se dirigèrent directement vers Erzsebeth, l’initiatrice du jeu. Alors qu’elles s’avançaient, se demandant qui avait gagné le lot, elles aperçurent une personne qui se précipitait vers elle en bousculant presque la foule, toutes ses perles à la main. Hayina se demandait pourquoi était-il si pressé alors que personne d’autre ne semblait se rapprocher d’elle… et puis, soudain, une lumière s’alluma dans son esprit.  

La solution à la dernière énigme, c’était elle. Erzsebeth. Et Hayina voyait très bien la dernière perle qu’elle devait acquérir : elle était accrochée dans les cheveux roux de la sirène. C’était ça, le sens du ‘feu flamboyant’… quant au premier chapitre de leur jeu de piste, c’était elle qui en avait été à l’origine. Mais voilà : l’homme était en train d’arriver tout proche d’elle, trop pour que Hayina y arrive avant. Il fallait à tout prix que l’orisha l’en empêche…


« Empêche l’homme de rejoindre Erzsebeth ! C’est elle la clé ! » s’écria Hayina en secouant Iméria. Puis, elle se mit à courir le plus vite possible vers la rousse.

Alors que l’homme arrivait à quelques mètres de cette dernière, soudain, il trébucha dans le vide puis s’étala parterre, toutes ses perles roulant au loin. De la chance ? Non, c’était forcément l’œuvre d’Iméria. Décidément, c’était une alliée parfaite. Hayina, quant à elle, continua à courir puis interpella Erzsebeth, qui les regardait curieusement :


« Pourrais-je avoir votre perle ? J’ai toutes les précédentes, regardez. » Et l’orisha ouvrit sa bourse en cuir qui contenait toutes les perles de nacre.

« ...Félicitations. »

*On a réussi. Non, Iméria a réussi. Les sirènes, c’est un peuple plus sympathique que ce que j’aurais imaginé ! Longue vie à Iméria… et à cette soirée qui promet d’être bien faste !*

Mots: ~2200... oups. XD
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Mer 15 Oct 2014, 02:14

    « Le savais-tu? Il paraît qu’il y a une fête d’organisé dans cet endroit… la cité engloutie. » Deux hommes, qui discutaient bruyamment autour de bonnes chopes de bières, capta le peu d’attention que je leur accordais. Je m’étais assis, dans un recoin sombre et reculé de la taverne, pour y être seul, sans dérangement extérieur. Ce lieu n’était pas fait pour un garçon de mon âge, mais il restait que c’était l’unique place auquel j’avais songé pour me reposer en solitaire. Cependant, quand ces deux adultes étaient venus s’installer sur la table de devant, la bulle de tranquillité que j’avais créé autour de moi s’était rompue aussi vite qu’elle s’était formée.

    Au commencement de leur discussion animée, les hommes n’avaient fait qu’échanger des formalités et d’autres détails banals. Encore là, je pouvais supporter leur présence à proximité de mon coin, mais à la seconde où l’un des deux amis s’étaient mis à parler d’une fête, célébrée dans les profondeurs de l’océan, ils avaient eu une soudaine recharge d’énergie et le ton de leur voix était devenue si forte que ça dérangeait même ceux assis un peu plus loin, vers le bar. « Sérieux? Tu crois pouvoir me faire gober que les sirènes ont décidés de laisser les étrangers pénétrés dans leur cité? Sans rechigner? » Ah… qu’ils se la fermèrent ses deux-là…La tête étendue sur la surface dure et froide de la table, mes yeux fixaient un point invisible au-dessus des cheveux bruns broussailleux du plus jeune des deux hommes.

    Mon moral n’était pas à son meilleur. À vrai dire, je ne pouvais pas être plus en proie d’un désespoir plus grand qu’aujourd’hui, un après-midi légèrement pluvieux sans trace d’un rayon solaire qui puissent percer la couche épaisse de nuage grisâtre et me remonter légèrement ma joie de vivre. Si j’étais venu ici, sur le continent au matin calme, il y avait bien une bonne raison, même si j’aurai préféré m’en passer plutôt que de laisser ma curiosité l’emporter sur mon jugement. Ça devait faire environ… deux mois que je n’avais plus remis les pieds ici? Enfin, après mon départ de mon ancienne maison, je n’avais jamais été tenté de revenir, à part aujourd’hui. J’avais beau déclarer haut et fort que ma vie passée ici ne m’intéressait plus, qu’elle n’avait aucune emprise sur moi, mais je n’avais pas pu repousser ses folles envies de revoir ma mère, histoire de voir comment elle menait sa vie à présent.

    Je n’avais peut-être pas osé rentrer dans la maison, comme ça, sans prévenir, mais ce que j’avais vu grâce à l’unique fenêtre du devant m’a mis sous le choc. Elle avait été là, dans les bras d’un mec dont le visage inconnu m’avait tout de suite incité à le détester. Du plus profond de mon cœur, de la plus grande quantité de haine que j’avais pu rassembler en moi. Je ne le connaissais pas : comme je l’avais précisé, c’était qu’un inconnu, mais je n’avais pas empêché mon cœur de se serré et de se briser quand j’ai sus que ma mère avait repris le court d’une existence heureuse, avec un autre que moi. Ça m’a terriblement vexé de savoir qu’après trois ans à fournir efforts pour qu’elle finisse par m’aimer de nouveau, elle ait pu, en moins d’un mois, retrouvé le sourire en ayant rencontré un homme.

    Ainsi, je compris que désormais, mon départ de la maison ne lui avait apporté plus de bien que de mal. Fin de l’histoire. Mais je n’arrivais pas encore à comprendre comment elle avait pu tourner la page de sa vie alors que moi… j’en étais encore au point de la déprime? « Je te le jure! C’est un de mes amis qui me l’a dit. Ça ne peut qu’être vrai alors. » Je me levai brusquement de ma chaise, qui vint tomber sur le sol dans un bruit assourdissant qui eut l’effet de faire taire les deux hommes.

    Leurs yeux se rivèrent lentement vers moi, qui m’étais entretemps rapproché d’eux. « Où est-ce? Comment peux t’on entrée dans la cite? » Les deux ami de bar me jetèrent un regard remplis d’incompréhension totale. Je poussai un soupir impatient. « L’entrée de la cité engloutie, quoi d’autre? » Ah, voilà! Une lueur commençait à poindre de leurs yeux foncés. « J’ai… j’ai entendu du dire que l’entrée… était dans les environs de l’océan, que nous ne pouvions pas la manquer. » Eh bien voilà! Ce n’était pas si compliqué après tout. Sans leur dire un seul mot en guise de remerciement, je quittai à grande vitesse la taverne. Quand la porte s’ouvrit, un vent un peu frisquet me frappa le visage. Ça m’a fait légèrement frissonné, mais je continuai ma progression à travers la ville, direction l’océan.

    Le continent était toujours aussi animé, les rues aussi bondées, mais je ne m’en préoccupai pas plus qu’à mon habitude. Je passai mon chemin sans grand intérêt pour ce qui se passait dans mes environs proches. Il me fallut en moyenne une bonne heure avant d’atteindre les rebords de l’immense étendue d’eau, dont les vagues frappaient avec force les rochers et entraînait avec eux sable et coquillage. J’eus un geste craintif à la vue d’autant de… bleu réunis en un seul même point, car voyez-vous… je n’ai jamais aimé cet élément. La raison ne venait pas vraiment du fait que j’étais un Élémental qui possédait une maîtrise du feu et que, techniquement, l’eau était le principaux ennemi de cet élément. Non, ça venait juste du simple fait que l’océan m’a toujours donné un certain malaise, car ils étaient si imprévisible que c’en devenait assez… flippant sur les rebords. Mais ce fut avec courage que je suivis la progression de quelques personnes se dirigeant aussi sur les lieux.

    Bon, je devais me l’avouer maintenant. Si la mer avait une apparence assez effrayante sur le bord d’une plage, quand je pénétrai à l’intérieur, ce fut une toute autre impression qui s’imposa dans mon esprit. Je n’avais rien à redire : c’était magnifique. Une autre preuve que la magie était créatrice de miracle. Sans vraiment en connaître le fonctionnement, le sort lancé dans ce tunnel me permettait de respirer sans ennui et les poissons pouvaient nager librement autour de nous, curieux de voir l’agitation qui régnait dans leur milieu naturel.

    Aux limites de l’hypnose, je touchai le corps d’un poisson aux écailles argentés, qui s’éloignait rapidement de moi en battant à une vitesse hallucinante ses nageoires habiles. Je laissai passer un rire timide entre mes lèvres. Durant l’espace de trois petites secondes, je faillis oublier la raison pour laquelle j’étais venu ici. C’était simple pourtant. J’avais besoin de me changer un peu les idées et la meilleure solution que j’avais pu dénicher, c’était d’aller voir ailleurs, découvrir quelque chose de nouveau, de captivant. Eh bien voilà, j’avais été généreusement servi en déambulant ainsi dans les rues de cette cité si différente des autres.

    Sur un balcon, je croisai le regard d’une femme, si jolie que je me mis à rougir avant de détourner rapidement les yeux, manquant de peu de frapper un serviteur qui marchait en proposant la dégustation de chocolats à tous ceux qu’il croisait dans le coin. Ça m’a au minimum permit de m’empêcher de regarder une seconde fois vers ce balcon. « Dé… désolé…» , dis-je d’une voix à peine audible. Le serviteur ne semblait pas du tout dérangé par le fait que j’avais failli entrer en collision avec lui.

    « Vous n’avez pas besoin de vous excusez, monsieur. Une petite dégustation vous serait-il vous faire plaisir? » Sans un mot, je ramassai du bout de mes doigts le chocolat que j’avalai d’une bouchée seulement. C’était… c’était délicieux. Le serviteur sourit en voyant mes yeux s’illuminer de la sorte. « Délicieux, n’est-ce pas? Cette fête est un véritable succès. » Il leva les yeux vers le haut, l’air rêveur. « La Khaeleesi doit en être ravie. »

    Le serviteur m’adressa ses salutations avant de reprendre son chemin, alors que moi, je me dirigeai vers la route à son parfait opposé. En déambulant ici et là dans les rues de la cité engloutie, j’eu vent qu’un petit jeu de piste se déroulait ici-même et que les inscriptions prendraient bientôt fin. J’hésitai à aller voir cet événement spécial de plus près mais… Et puis, pourquoi pas? Je suis venu pour me détendre. Je récoltai les informations sur le lieu des inscriptions à différents passants et je fus l’un des derniers à signer mon nom sur la liste. Le jeu de piste commencerait dans à peine cinq minutes. Je n’avais plus le temps de me promener pour revenir ici ensuite, alors je restai sur place, jusqu’à l’arrivée de l’annonciatrice, qui se présenta comme étant Erzebeth. À voir les expressions de son visage, elle ne semblait pas plus ravie que cela à l’idée d’annoncer le départ de ce jeu, pourtant si populaire aux vues du nombre de participants s’étant inscrit pour l’activité.

    Elle nous révéla le premier indice, inscrit sur une perle de nacre, en nous expliquant après que nous devions en trouver une deuxième, cachée quelque part ici, sur laquelle une question serait inscrite. La personne qui trouverait la réponse en premier se mériterait un prix. C’est parti. Je me mis en route, comme tous les participants, réfléchissant à l’indice qu’elle nous avait donné. Elle avait mentionné quelque chose par rapport à un chant des océans mais j’avais beau me creuser la tête, j’ignorai à quoi cela pouvait bien correspondre. Je tournai donc longtemps en rond, sans avoir la moindre idée où chercher l’autre perle de nacre, jusqu’à ce qu’un petit quelque chose m’attire mon attention.

    C’était une petite décoration, la seule qui soit faite à partir de coquillage seulement, qui produisait, à notre passage, une douce mélodie apaisante. Ça ne pouvait qu’être là où la perle se cachait. Je ne voyais aucun autre endroit. Avec précaution pour éviter de briser cette banderole, je regardais à l’intérieur de chaque coquille, jusqu’à ce qu’une petite brillance captive mon œil. Je plaçai ma main dans le coquillage suspect et quand je la ressorti, je tenais dans entre mes doigts une perle, identique à celle que nous avait montré Erzabeth. Ouf, j’étais le premier. Alors, quel était cette fameuse question ? « À la fenêtre, elle se tient en pleurant et avec chaque larme versée, elle voit sa vie s'écouler.»

    Je réfléchis à la réponse à cette… devinette, car ce que j’avais lu ne ressemblait pas vraiment à une question. Alors… quelque chose qui, à chaque larme versé, voit sa vie s’écouler… Réfléchis… Réfléchis… Si je comprenais bien, cette chose ou cette personne, à chaque fois qu’elle pleurait réduisait son espérance de vie. Qu’est-ce cela pouvait bien être? Mon cerveau était en pleine ébullition. Il aura fallu encore une fois toute la durée d’un minuscule tour de la cité avant qu’une idée ne vienne à pondre dans ma tête. Je n’étais pas tellement sûr de ma réponse, mais je n’avais rien trouvé de mieux pour décrire la situation. Je retournai voir l’annonciatrice du jeu, la perle de nacre dans les mains.

    « La réponse… c’est une chandelle, n’est-ce pas? À chaque fois que le feu la fait fondre, ça réduit la durée de son utilisation. » La sirène sourit du coin des lèvres et ramassa la perle que j’avais pour me donner une allumette, représentant un petit animal qui me faisait drôlement penser à un chat. « Bonne réponse. Ceci est le prix : une fois que vous enfilerez cette amulette autour de votre cou, vous deviendrez l’animal représenté dessus. Dans votre cas, c’est une transformation en ocelot qui vous attend. » Je la saluai respectueusement et je repartis avec le prix remporté.


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Jeu 16 Oct 2014, 22:40

La Cité Engloutie



La demoiselle n’en revenait pas. La Cité Englouties rouvrait ses portes une nouvelle fois. Un sourire machiavélique s’afficha sur ses lèvres.
- Une aubaine… Cette cité recèle un bon nombre de secrets que j’aimerai posséder… Je suppose que l’entrée est au même endroit que la dernière fois. Non ?
Installée confortablement contre le torse de son chéri, sur la terrasse située à flanc de montagne à prendre le soleil tranquillement, elle réfléchissait à voix haute. Les jeunes gens, Ryan, Maléna, Alexis ainsi qu’Aveline étaient aussi présents, s’occupant chacun à leurs manières bien distinctes. Ryan était pensif, caché dans la pénombre d’une petite grotte attenante tandis que l’orine bouquinait à l’opposé. Les paroles de la sorcière lui arrivèrent cependant sans aucun problème.
- Surement… J’peux t’accompagner ?
Emivia se redressa afin de pouvoir entre-apercevoir Ryan puis fit un petit sourire en coin.
- Pourquoi pas. Tu apprendras certainement quelque chose d’utile là bas. Toi qui désire tant étudier.
Le jeune homme fit un merveilleux sourire, se leva sans attendre puis couru à l’intérieur, parcourant les couloirs qui le séparait de son petit lieu d’habitation. Effectivement, l’île regorgeait de place et chacun avait son petit endroit à lui. Ryan avait choisi le côté Nord, le moins ensoleillé et par la même occasion, plus sombre et plus frais que les autres. Il possédait en tout 6 salles rien que pour lui. Une chambre, un salon, une pièce qu’il avait aménagé en bibliothèque, une mini cuisine sur conseil d’Emivia car lui ne mangeait que très rarement et la dernière semblait s’apparenter à une chambre d’ami même si elle ne contenait encore aucun lit. S’habillant de la tête aux pieds afin de ne pas fondre comme neige au soleil, il se pointa ensuite à la porte d’entrée et attendit que la demoiselle n’arrive. Partant du continent naturel pour celui du matin calme, la route allait être un peu longue et celle-ci pensa à se munir du plus que nécessaire. Sa nouvelle acquisition, la besace magique, était d’une très grande utilité. Elle pouvait embarquer la baraque toute entière sans que cela ne pèse plus qu’une plume, enfin presque. Elle pensa cependant à mettre une robe avec une petite poche sur le devant.

Ils partirent donc tout les deux, enfin avec Poupi et Hiei collés aux basques de leur maîtresse adorée, empruntant le passage secret qui les mena bien plus loin sur la plage. Ils marchèrent en silence encore un long moment avant que la demoiselle ne se décide à grimper sur le dragon, y invitant son acolyte. Le soleil commençait un brin à descendre, au plus grand bonheur du vampire qui n’attendait que cela. La nuit lui serait favorable et il prendrait surement les rennes de l’animal pendant que la brunette se reposerait. Ils arrivèrent au petit matin à l’embarcadère et empruntèrent un bateau aux larges voiles, se laissant transporter à bon port, l’entrée de la cité. Ils y foncèrent tête baissée cette fois, sans trop se poser de questions. Après tout, ils étaient déjà venus et la dernière visite avait été, disons, agréable pour la sorcière. La jeune femme espérait tout autant d’animation. Et, elle ne serait pas déçue du voyage. A peine arrivés, ils purent constatés que la fête battait aussi son plein ici même, comme à Utopia.
- Les gens s’éclatent ici…
- C’est désespérant.
- Hmm, tu penses qu’on peut manger à l’œil ?
- Eh bien, essaye donc.
- Ouah du chocolat ! Je n'crois pas avoir déjà eu l'loisir d'en manger un jour!
Ryan s’approcha de la sirène au magnifique plateau d’argent et avança une main timide. Celle-ci lui indiqua qu’il pouvait se servir sans aucune crainte en positionnant le plateau face à lui. Elle lui précisa quelques détails sur chacune des diverses friandises. Il en prit deux, une pour lui et l’autre pour la sorcière, se tenant à l’écart. Tandis qu’il fourrait son délicieux chocolat en bouche, il fit une drôle de tête puis se tint la gorge avant de lâcher un cri d’horreur. Emivia fronça les sourcils et accourut auprès de lui.
- Du poison !
Elle redressa un regard sombre, noir, meurtrier sur l’ondine qui s’était agenouillée auprès de lui, apeurée, éplorée.
- Tu l’as empoisonné, garce !
La jeune femme jura qu’elle n’y était pour rien. Le tapage ainsi causé attira la populace autour dont un semblant de médecin qui tenta un soin, sans succès, et quelques soldats. L’un d’entre eux sortit toutefois du lot, posant une main ferme sur l’épaule de la sorcière. Cette dernière tourna la tête ainsi que le regard sur celui, enfin celle, qui avait osé un geste amical. Le soldat avait un visage strict et assez sévère.
- Allons chercher le coupable. Il nous faut l’antidote au plus vite.
- Je viens.
- Je n’en attendais pas moins.
Emivia se redressa, pointa du doigt le médecin puis la servante.
- Toi, veille à ce qu’il ne trépasse pas avant que je ne sois de retour… Quand à toi, ne t’éloigne pas d’eux.

La sorcière n’avait aucune confiance envers cette étrangère et ces sois disant dires sur un quelconque autre domestique inconnu du bataillon. Si elle ne disait point la vérité, elle ne se gênerait pas pour la torturer à son retour, au minimum… La vie de Ryan était en jeu. Elle ne plaisanterait pas avec l’importun qui avait osé cet écart mal venu, bien que l’idée que d’autres aient pu en faire les frais lui aurait certainement plu dans d’autres circonstances. La brunette suivit donc la garde qui s’occupa des questionnements et de l’enquête en général sous les oreilles et les yeux bien plus qu’attentifs de la sorcière. Après plusieurs fouilles ici et là, elles finirent par tomber sur l’auteur de l’empoisonnement.
- Vous êtes en état d’arresta…
Emivia ne la laissa point finir sa phrase et s’élança sur l’homme, enfin se jeta dessus arme en main. Elle le plaqua violemment contre le premier mur, katana sous la gorge et main libre sur son plexus.
- Parle enc*lé !
L’individu hoqueta et grimaça légèrement sous la surprise puis l’impact sauvage.
- Parle ou je te fais ravaler ta langue !
- J’ai rien fait. C’est pas moi.
- Lâchez le voyons…
- Où est l’antidote !
La brunette fronça les sourcils et lui infligea une douleur vive dans l’épaule, arrachant un râle de douleur à sa victime.
- Je sais rien !
- Parle !!!
Le ton grimpait en flèche. Un point de douleur se forma à présent dans ses tripes, douleur qu’elle accentua jusqu’à avoir un cri horrible puis relâcha légèrement.
- Parle ou je te tue !
- Je… Heu… Pitié…
Le regard de la sorcière vira au noir intense. Elle sondait jusqu’à son âme afin de dénicher les moindres de ses petites peurs. L’homme blêmit puis se remit à hurler, essayant de se dégager de l’emprise de la jeune femme. La soldat s’approcha d’un pas.
- Restez en dehors de ça ! Il est à moi !
Elle s’arrêta. La voix de la sorcière était sombre, cruelle voir haineuse même. Elle le libéra alors de son emprise, lui laissant quelques secondes de répits.
- Je ne plaisante pas !  Tu t’es attaqué à la mauvaise personne, petit c*n sans cervelle !
- Le… La fiole verte, là bas.
Il leva difficilement une main et pointa une étagère.
- La rangée numéro 4…

Elle le lâcha subitement, se tourna et avança vers l’endroit indiqué, rangeant son arme dans la foulée. Il tomba à genoux, une main sur son torse, l’autre au sol, le visage face au sol.
- Il est à vous à présent.
Erzebeth haussa un sourcil avant d’approcher de l’auteur du crime. Elle se demandait si elle devait la remercier ou l’arrêter aussi. Cette jeune femme était… Spéciale et étrange… Elle hocha simplement la tête alors qu’Emivia ouvrait l’armoire et en sortait la fiole en question. Sans jeter un œil à celle qui lui avait permis de sauver Ryan, s’il était encore en vie, elle lança une dernière phrase à qui voulait bien l’entendre.
- Je retourne auprès de mon petit frère.
Elle sortit alors de la pièce en courant, le précieux produit au creux de sa main et courut aussi vite que cela lui était possible jusqu’au lieu du drame. Elle ne demanda rien à personne, s’agenouillant à la va vite afin de lui faire boire un peu du contenu de la fiole. Le jeune vampire toussa puis respira subitement à plein poumon avant de se redresser d’un seul coup.
- Est-ce que tout va bien ?
- Mon dieu. C’tait quoi ce délire ?!
Ryan regarda autour de lui, complètement hagard. L’assemblée, agglutinée autour du jeune vampire, soupira de soulagement. Tous, excepté Emivia.  La brunette était plus en colère contre l’auteur du méfait que soulagée que le vampire se soit relevé. Elle le savait fort et avait pleinement confiance en sa capacité de vaincre la mort en personne. Elle se releva alors et, tandis qu’elle se tournait lentement, se retrouva face à la soldat. Celle-ci fit un léger sourire.
- Je souhaiterai vous remercier pour ce que vous avez fait.
- Aucun problème.
- Le jeune homme est sous les barreaux et sera très certainement accompagné à La Prison.
Ce petit détail intéressa fortement la sorcière qui masqua un sourire en coin. Elle allait se faire un plaisir de le corriger elle-même celui là.
- Pour vous remercier, notre peuple a quelque chose pour vous…
- Ah oui ?
- Suivez-moi.
Emivia jeta un œil à Ryan. Ce dernier se leva avec une légère difficulté puis s’agrippa au bras de la demoiselle sans qu’elle ne bronche. Ils avancèrent assez lentement jusqu’à un endroit un peu spécial visiblement. Devant elle, elle vit un clone… Un clone d’elle. Son portrait craché… Enfin presque… Il lui manquait peut être un brin d’intelligence dans le regard. Le reste était là.
- Ceci a été créé spécialement en votre honneur. Elle marche, parle… Bon, elle a quelques défauts cependant…
- Je vois ça…
La sorcière l’inspecta attentivement. Effectivement, elle ne dégageait pas la noirceur d’une sorcière…
- Mmmh. Merci.

Ce mot lui arracha presque la bouche. Elle le regretta d’ailleurs dès qu’il fut sortit. Ce clone était une plaie, une vieille réplique mal faite d’elle. Certes, le physique était parfait mais… Ce n’était pas une sorcière… N’ayant d’autres choix que de repartir avec, la demoiselle, suivie du vampire qui riait un peu sous cape, entreprit une petite visite de la cité sans toucher aux friandises gentiment offertes. Ce fichu clone la suivait comme son ombre. Ce que cela pouvait l’agacer. Elle finit par s’assoir sur un banc et toisa son double.
- Bon, je vais être franche. Tu ne me plais pas.
- Je suis désolée.
Emivia haussa un sourcil. Son clone avait une voix légèrement différente de la sienne.
- Quel nom t’a été donné ?
- Aucun pour l’instant Maîtresse.
- Oh. Tu seras à mon service ?
- Oui. J’ai été faite pour cela.
- Tu feras donc Tout ce que je désire ?
- Absolument tout.
- Très bien, ça. Finalement, je devrais pouvoir te trouver une utilité. Je te trouverai un prénom pour commencer… Et de quoi t’occuper… Ce n’est pas ça qui manque…
- Merci.
Emivia fit un sourire malsain. « Un sbire juste pour moi… ça c’est vraiment intéressant… Elles ont des idées franchement intéressantes ses sirènes…  Il faudra que je me penche sur tout ceci… En même temps avec une Reine comme la leur… Plaisant…»


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Dim 19 Oct 2014, 17:38

Les risques potentiels étaient clairement gravés dans son crâne. Oberon était lui-même indécis de cette décision qu'il venait de prendre. Mais à l'image de ce périple lorsqu'il dut quand même joindre sa tribu l'espace d'une nuit, il était trop tard pour faire machine arrière. Il était las de fuir, de faire demi-tour. Bien que ce soit une partie intégrante de son caractère, il avait fini par être trop prudent ces temps-ci. Sa condition d'Élémental avait fini par devenir une sorte d'égide, comme si les dangers d'autrefois s'amenuisaient. Ce devait être en ces occasions que les gens du commun affirment qu'on est devenu "plus fort". Cependant, il ne pourra limpidement pas assurer cela sans avoir régler cette fameuse affaire à Earudien. Oberon avait eu l'occasion de s'y rendre lorsqu'il traînait à cet orphelinat d'Onhorem, mais son envie de rester à l'écart de ses propres sombres secrets l'avait empêché de faire un pas de plus en direction du territoire des elfes. Ce n'est pas encore l'heure. S'était-il convaincu sur l'instant, comme si ce fameux collier qui pendait à son cou finira par lui chuchoter le moment propice, lorsque l'esprit d'Agarwaen se décidera de le laisser endurer le fardeau du passé.

Mais ceci est une autre histoire qui sera contée bien plus tard. Pour le moment, Oberon n'était toujours pas rentré à Aeden, loin de là. Depuis quelque peu, l'aventure nostalgique du nomade d'autrefois contrôlait ses pas, même dans les endroits les plus improbables. En vérité, il n'était pas si cocasse que ça de constater la présence du gris au sein-même de la Cité Engloutie. Après tout, la toute première rencontre "paranormale" qu'il fit lors de son exil était avec une sirène ; une Oryanis plus précisément. La nuance était importante à noter vu que l'exilé comprenait qu'il côtoyait actuellement les Naephina, l'espèce dont Chéana l'avait mise en garde. Ils chassent les humains, ils tuent les humains, ils mangent les humains… Les ondins étaient définitivement un peuple beaucoup trop fantasmé, et c'est de là qu'il tire sa dangerosité. Tel l'élément qui le compose, Oberon demeurait droit, intraitable face à ces personnes vivant dans l'eau, mais il était conscient d'en être pas moins vulnérable.

Pourquoi avait-il fini ici finalement ? Parce que le bateau censé le ramener sur le continent dévasté avait, comme qui dirait, changé de cap. Ayant entendu parler des festivités organisées chez les sirènes, la majorité des passagers s'était prononcée favorable à l'idée d'y faire une petite escale lorsque le capitaine avait relâché l'appât de la suggestion. Oberon s'en serait fracassé la tête sur le mât mais avait fini par se plier à la mésaventure. Et les Aetheri savent comme il détestait se retrouver mêler aux joyeusetés festives. L'évènement au Palais du Millénium n'avait été-t-il pas déjà suffisant ? Oberon avait le chic de se retrouver aux pires endroits aux pires moments, c'était fou comme la faucheuse voulait sa tête avant le glas du Kurbus. Il ne cédera pour autant pas : cette tendance suicidaire l'avait survécu beaucoup trop longtemps pour l'atteindre maintenant.

La place de Symbor lui faisait penser à cette place à Utopia : un grand foutoir pour plus de boucan. Le fils du métal ne savait point où se poser pour passer le temps, se contentant de s'accoutumer à la tentation de s'emparer de plus de chocolats servis sur plateau d'argent. S'il y avait bien une chose à laquelle il ne s'était pas attendu à retrouver ici, c'était bien cet ingrédient. Comme quoi, ça devait être le parfait piège pour des hommes imprudents. Le pessimisme du gris était forcément visible, beaucoup trop même, puisque certains convives eurent le culot de le regarder de travers et de lui casser du sucre sur le dos. Plus vite je partirai d'ici, mieux je me porterai. Un nomade n'a rien à faire dans un endroit aussi humide. Il n'était plus un Sage du Désert, certes, mais il n'en restait pas moins un dans l'âme. On ne pourra jamais lui arracher son passé elfique parmi les humains : ni rien, ni personne.

Un détail avait quand même fini par le calmer : son propre élément qui appréciait toute cette eau environnante. Cela créa une certaine contradiction mais sa propre vie était emplie de dualités de ce type. Avec tout ce flot de pensées, Galick aurait fini par lui sortir une réplique qu'il ne serait même pas parvenu à contrer. Un soupir bref et agacé, et il repartit à la suite du troupeau. Il n'était pas difficile de voir qu'Oberon s'ennuyait pas mal, l'idée d'aller se calmer les nerfs sur de l'herbe ne le rebutait peu. C'est bien ce qu'il aurait fait si une palette de chocolat ne lui barrait pas la route.

" Vous en voulez un peu, messire ? " La voix de cette sirène était trop mélodieuse, ce sourire trop chaleureux, elle était même trop belle pour être considérée comme une domestique dans son encyclopédie interne.

Les dires de l'Oryanis résonnaient toutefois comme un écho dans son esprit, le mettant en garde contre les intentions inconnues des ondins, même de cette simple porteuse de plateau. Oberon faisait étrangement confiance à la première, préférant prendre la tangente en refusant l'offre lorsque le regard de la domestique avait fini par corrompre sa physionomie joviale. Au détail près qu'il n'eut même pas le loisir de décoller ses lèvres qu'un simple cri d'effroi eut le don de lui confirmer les dangers de cette cité et de ses habitants.

Poison. Fut le mot qui incarna l'évidence lorsque ses prunelles d'acier se déposèrent sur la victime agonisant en public. L'Élémental était trop adepte de botanique pour ne pas comprendre, avant la plupart des badauds, qu'on avait empoisonné ce pauvre homme. Tous les symptômes primitifs trahissaient l'assassinat qui se déroulait sous leurs yeux dubitatifs. Le scandale finit par se répandre telle une traînée de poudre, faisant intervenir la garde royale elle-même.

" Faites place ! Retournez à vos occupations pendant qu'on se charge de cette affaire ! " Somma l'une des soldates à l'attention de tous, bien que l'effet espéré ne fut point concluant.

Oberon restait uniquement dans le but de se divertir. Bien sûr, il ne s'amusait pas à admirer l'agonie d'autrui, mais avait-il autre chose de plus intéressant à réaliser en ce moment ? Non, pas même les autres apparemment. Alors il participa à la cohue, malgré lui. Il remarqua toutefois bien vite – et le seul pour le moment – que la domestique l'ayant abordé plus tôt s'était mise à l'écart, comme si elle avait assisté à toute la scène, du début à la fin. Puisqu'il était tout de même question d'un sujet grave, il était de son devoir, en tant que propre soldat, de faire dévoiler cette possible piste.

" Au risque de me tromper, je pense que vous aviez tout vu. " Son ton était sec, une propriété forcément inconnue des ondins en des lieux aussi éloignés de la surface.

La concernée leva les yeux en direction de la lame ambulante. Oberon transperçait son regard dans le sien, captant immédiatement la confirmation de son affirmation. C'était une bonne chose, elle allait devenir la clé qui servira à relancer l'enquête. L'Élémental n'était pas spécialement enthousiaste à l'idée d'être mêler à ce scandale ; mais s'il y a bien une chose qu'il a appris à haïr lors de ses escapades dans le désert, c'était les bandits, et par extension la criminalité.

" J-Je vous jure que… Sa remise sur pieds fut chancelante, le bras du gris lui épargna une rencontre malfamée entre le sol et sa tête, malgré lui. Merci… Oberon demeura impassible, patientant sur les explications à venir de l'ondine. J'ai vu… un domestique. Je ne l'ai pas reconnu, j'ai l'impression de… de ne l'avoir jamais vu auparavant. C'est lui qui a servi…
- Continuez. Somma la soldate de tout à l'heure, le métallique ne l'avait point senti s'approcher, ce qui en disait long sur ses capacités.
- O-Oui, dame Erzebeth. L'employée sembla reprendre de l'entrain depuis l'intrusion de cette autre sirène. J'ai tout de suite remarqué de bizarre : sur son plateau, il n'y avait qu'une seule petite portion de chocolat, et il faisait en sorte d'éviter tout le monde pour atteindre le pauvre homme. Si j'avais su, j'aurai pu… La guerrière secoua la tête.
- Vous ne pouviez prévoir un tel retournement. Avez-vous d'autres informations utiles à confier ?
- Je n'ai malheureusement pas pu bien voir son visage. Je l'ai juste vu s'éclipser en direction des ruines après avoir accompli son méfait… "

L'interrogatoire se termina sur cette piste, la fameuse Erzebeth accablant alors le fils du métal de sa sévérité. Avant même qu'elle n'eut à ouvrir la bouche, il devina d'emblée où elle voulait en venir. Selon ce qu'elle allait concrètement lui dire : soit il offrira ses services, soit il se retirera tout bonnement. De toute façon, il était lavé de tout soupçon de cette affaire vu que la domestique n'avait même pas réagi en sa présence. Encore faut-il voir si l'ondine n'était pas paranoïaque…

" Cette histoire est du ressort de la Garde Royale. Elle le jaugea ensuite de bas en haut. Mais vous m'avez l'air apparenté à un soldat… Perspicace. Concéda-t-il intérieurement. Il en exhiba donc son bracelet de l'armée ; elle ne reconnut pas l'emblème, mais en comprit la signification. Bon, libre à vous de me suivre. Si vous prouvez votre utilité, vous aurez la reconnaissance du peuple. "

C'était toujours mieux que rien, mieux vaut se faire des amis tant qu'il n'aura pas fixé sa place. Sa vie fluctuait vers son terme, son destin restait alors assez malléable. En l'occurrence, faire régner une certaine justice en ce monde horrible nourrira son égo.

Nullement au fait de la géographie des lieux, Oberon se laissa guider par Erzebeth. Ils se présentèrent brièvement en chemin ; elle une soldate de la Garde Royale et lui un saboteur de l'Armée Élémentaire, un duo assez homogène en somme. Lorsqu'elle lui demanda ce qu'un soldat de sa trempe faisait ici, il répondit très franchement que son bateau s'est détourné de sa destination habituelle. Ce à quoi elle rebondit en lui demandant ce qu'un élémental fichait en dehors des terres élémentaires à la base. Le concerné détestait particulièrement les gens trop curieux, mais elle avait l'excuse d'être une servante de la justice, il ne perdait donc pas son temps à lui avouer ses desseins, ni le choix d'ailleurs. Ainsi, la sirène apprit qu'Oberon était un électron libre, assez libre de ses déplacements car sommairement lié à son peuple d'appartenance. Elle ne le crut pas vraiment, mais dû se faire à cette simple réponse. Au moins, Erzebeth eut le chic de lui faire soulever la question intérieurement : est-ce que ça avait été nécessaire de se rendre à Utopia pour si peu de raisons ? En tant que soldat, absolument pas. En tant que mourant, c'était légitime. Sauf que l'ondine ne pouvait qu'ignorer l'état de santé du gris et ce dernier n'allait sûrement pas lui avouer au tac au tac ce qui l'animait réellement.

Sillonner les ruines de la cité engloutie lui procura une certaine sérénité. Outre le fait que son métal intérieur réagissait bien avec la terre environnante, l'image de la destruction avait une connotation nostalgique avec son être. Que trouve-t-on le plus de bâti dans un désert ? Des ruines. Elles furent fort nombreuses à accueillir l'elfe de jadis, plusieurs fois de suite pour certaines. Si l'empoisonneur se trouvait là-dedans, Oberon était alors avantagé, car c'était le terrain de chasse idéal pour lui. Avec le bras armé d'Erzebeth, ils n'en feront forcément qu'une bouchée.

" Stop. " Chuchota-t-elle à l'élémental en tendant son bras horizontalement devant lui.

Les sens aiguisés de la jeune femme semblaient avoir entendu un bruit, malencontreusement pour leur proie. Un petit trajet furtif plus loin et ils virent un homme louche venant juste de se changer. Par terre, les vêtements typiques de domestique. C'est lui. En conclut immédiatement le gris, la sirène sûrement aussi. Ils échangèrent un regard complice et s'éparpillèrent pour dresser un cercle autour du criminel. Celui-ci en place, Erzebeth fut la première à se dresser en direction de la proie, arme au poing.

" Halte là ! Vous êtes en état d'arrestation ! " S'époumona-t-elle, permettant à l'élémental de profiter de la diversion.

L'homme abattit une lame sortit de nulle part sur celle de la garde pour la repousser, Oberon fut sur le point de l'immobiliser mais leur adversaire était agile et futé : un croche-patte à l'Élémental et il se retrouva par terre. L'empoisonneur profita de cette maigre occasion pour s'enfuir. Rapide… Grommela intérieurement le porteur du Kurbus en constatant qu'il courait vite et que la sirène venait à peine de partir à sa poursuite.

Ils n'avaient plus le temps : à cette vitesse, ils finiront par le perdre. Oberon ne se vit d'autre choix que d'user de son don ombragé sur l'ondine, se faufilant dans son ombre lorsqu'elle croisa son chemin et s'en servit pour se téléporter dans l'ombre du fuyard. Ce dernier sentit la présence du fils de métal dans son dos et se retourna pour lui asséner un coup de coude. Il n'eut même pas à esquiver ce geste car les griffes de son gantelet – allongées sur l'occasion grâce à sa maîtrise du métal – cernaient totalement la tête du criminel.

" Pas un geste. " Répéta-t-il en écho à l'avertissement de tout à l'heure.

Le bougre n'osa point d'esquisser le moindre mouvement, autrement sa tête se retrouverait lacéré de toute part en un instant. Le regard bouillonnant d'Oberon calma également ses ardeurs. Quoiqu'il en soit, l'empoisonneur fut enfin remis en les mains d'Erzebeth, et plus tard de celles de la justice.

Quelques heures s'écoulèrent jusqu'à que la soldate royale revint aborder l'Élémental, qui était resté adossé sur la place de Symbor. Son bateau ne partira pas dans l'immédiat, il avait donc encore du temps à tuer. Quoi de mieux du coup que de savoir ce qui était arrivé à la victime.

" Le criminel nous a remis l'antidote, du moins les ingrédients. La victime fut maintenue en vie par la magie jusqu'à maintenant et profite actuellement d'un repos stationnaire. Apparemment, c'était une histoire de vengeance. Oberon haussa les épaules à cette précision.
- Un classique. Une lueur d'amusement s'éclaira dans leurs yeux ; entre deux représentants de l'ordre, on se comprend.
- En tout cas, vous avez aidé la communauté ondine sans y avoir été obligé. Comme promis, vous obtenez sa reconnaissance. Elle claqua des doigts, une autre garde et un mystérieux individu sortirent de l'ombre. Et celle-ci ne se traduit pas que par des mots chez nous. "

Par les Aetheri… Un clone, de lui-même. Un véritable Oberon se dressait devant lui : le même visage, la même carrure, la même posture, absolument tout à l'identique. Excepté quelques menus détails qu'Erzebeth s'empressa de relever : cette copie était un Tiregan, et non un élémental. Les plaques métalliques d'Oberon étaient substituées par de véritables tatouages sur le clone, blancs-grisés et parsemés de quelques écritures étranges. Enfin, le clone était doté d'authentiques oreilles d'elfe, le faisant vraiment passer pour l'un des leurs à regarder.

Tous ces détails assez minimes ne lui firent point rabaisser son titre de "clone", car Oberon continuait de croire qu'il avait affaire à son reflet dans un miroir. Au détail près qu'en contraste avec l'habituelle mine sombre de son clone, celle de l'Élémental s'était comme éclairée, comme s'il venait juste de retrouver sa vigueur d'antan. Le nombre d'opportunités offertes avec cet homme était gargantuesque.

" As-tu un nom ? Sa voix trahissait un léger enthousiasme qui lui faisait tant défaut.
- Non. Strictement le même son, c'était d'une perfection insoupçonnée. Les yeux de fer d'Oberon croisèrent brièvement ceux d'Erzebeth, cela fut amplement suffisant pour transmettre sa gratitude.
- Gilgamesh. S'adressa-t-il de nouveau à son clone en se rapprochant, celui-ci comprenant l'ironie de cette nomination. Nous allons écrire ta légende. "


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Sam 25 Oct 2014, 03:37



L'Orisha prenait de plus en plus plaisir à vivre sur l'île, au coeur du nouveau manoir, personne ne venait perturber le réveil du couple au petit matin. Ils ne dorme pas forcément mais faut pas déranger, vous comprenez ? Donc après un début de journée qui donne le sourire, Ethan quitta la chambre pour laisser se préparer la belle brunette qui avait des obligations en cette journée ensoleillé. Le maître des lieux rejoignant la cuisine où il croisa Jane qui dégustait le petit déjeuner avec Maléna et Aveline. Regardant avec un sourire en coin la scène, appréciant que les trois arrivent à bien s'entendre malgré les caractères plutôt différents. Aveline salua l'Orisha et aussitôt le questionna concernant une rumeur qu'elle avait entendu.
- Il parait que la cité engloutie est en fête ! On peut y aller ?
- Tu veux ma mort ?
Maléna étant adepte du feu, c'était pas le meilleur endroit pour elle que d'aller jouer sous l'eau.
- Euh non, je...
- Chut... on va faire comme si tu me l'avais pas proposé.
- Jane tu veux venir ?
- Je préfère la terre ferme, mais j'ai jamais vu ce bled.
L'orisha ne pu s'empêcher de rire, regardant l'orine.

- Et bien on dirait que finalement tu as aimé le plongeon la dernière fois !
- Le plongeon...
Elle déglutie péniblement alors que le souvenir lui revenait en tête, regardant avec empressement pour se trouver une porte de sortie, une idée, n'importe quoi pour se soustraire du voyage.
- Allez arrête de faire ton apeurée. Tu as proposé ? Alors tu viens ! Une peur ça s'affronte, surtout que tu n'as rien à craindre.
Aveline soupira et alla se préparer, son vêtement de nuit une pièce qui la couvrait du cou jusqu'aux pieds n'était pas le plus approprié pour un événement festif. Pendant ce temps l'Orisha discutait avec les deux autres, prenant le pouls de cette nouvelle vie dans ce lieu beaucoup plus spacieux que le manoir de Mégido. Tout trois sortirent sur le balcon adjacent à la cuisine, Ethan en profitant pour appeler Tempête qui vint s'y poser tout en douceur. Profitant du délai d'attente pour prendre sa forme féline et recevoir des grattouilles de la part de la Bélua.
- Une grosse peluche ce Tempête.
L'orine arrivant ensuite, souriante comme à son habitude, le stress et la crainte avait quitté son esprit. Le pégase reprit son apparence, l'Orine et l'Orisha prirent place puis Jane se fit renard pour se placer sur les genoux d'Aveline. S'envolant aussitôt en direction du continent du matin calme où il prendrait un bateau. Suggestion brillante de sa bien-aimée pour faciliter l'accès, tout comme pour permettre à sa monture de profiter d'un temps de repos et à lui de savourer un bref séjour sur un navire. Quoi qu'il aurait bien aimé qu'elle soit avec lui... toujours un pincement de la savoir loin de ses bras.

Aveline se tenait sur la proue, les bras en croix en disant «Je vole !»  Certains matelots la regardait avec suspicion, se résiliant à penser qu'elle était folle. L'Orisha s'approchant pour lui tapoter l'épaule.
- Tu fais ce que tu veux Aveline mais là tu flotte sur l'eau pas dans les airs... c'était sur Tempête que tu volais, ou du moins que tu t'en rapprochait le plus.
- Vas-y... brise mes rêves !
Ethan soupira, levant les yeux au ciel, percevant que le bateau ralentissait et que l'entrée était juste devant. Il s'approcha de l'Orine pour être à ses côtés, posant une main au milieu de son dos et la regarde en souriant.
- Finalement, je dirais plutôt que tu coules...
- Hein quoi ?!
Une pression de la main sur son dos alors que l'autre se place sur sa hanche, la faisant basculer vers l'avant tout en la soulevant. La faisant passer par-dessus la garde pour tomber directement dans le gouffre qui sert d'accès. Sans attendre, l'homme salua l'équipage et sauta à son tour, suivi de Jane pour se retrouver sur la Place de Symbor avec une Aveline dont les traits du visage indiquait clairement qu'elle était offusqué.

- Bon allez, tu vas pas me refaire la même scène que la dernière fois ?
- Tu m'as poussée!
- Rhoo ça va tu t'es pas noyée et il y avait aucune chance non plus, les sirènes ont invité les peuples à venir, c'est pas pour les tuer.
- Je te déteste !
- Tu as pas de laisse dans le cou à ce que je sache.
Elle comprit qu'elle ne gagnerait pas à ce jeu, secouant la tête, essuyant ses yeux et suivit Ethan qui commençait à explorer les lieux. Le paquet avait été mit pour la satisfaction des visiteurs, des domestiques se baladant avec de somptueux plateaux de chocolats tous plus raffinés les uns que les autres. Richesse de saveur en bouche, un pur plaisir pour le palais, Ethan regarderait pour en apporter quelque-uns à sa compagne. Aveline se régale, pour ne pas dire se goinfre de ce petit péché, sa façon à elle d'éliminer le stress visiblement.

La Bélua fit signe qu'elle s'éloignait, désireuse d'explorer les environs. Disparaissant peu de temps après au détour d'une rue. Soudain un hurlement, la foule arrête de bouger et un cercle se forme autour d'un homme qui s'effondre au sol en se tordant de douleur, l'écume aux lèvres, se tenant la gorge à deux mains. La domestique qui venait de lui tendre le plateau de chocolat est en panique, accroupie à côté de lui, ne sachant que faire. Personne n'intervient, stupéfait, d'aucun doué de talents de guérisons. L'Orisha s'approche et questionna la jeune femme.
- Qu'avez-vous mis dans les chocolats ?
Approche directe, accusatrice, forçant la témoin à sortir de sa torpeur.
- Rien ! Je.. je les ai pris comme d'habitude au comptoir là-bas. On nous prépare les plateaux et on fait que passer.
- Rien vu de suspect ?
- Ce n'était pas l'homme habituelle, c'était une femme que je ne connais pas.
Ethan attrapa Aveline par le bras, l'amenant avec lui vers le comptoir de service.
- Tu ne touche plus au chocolat, c'est compris ?
- Mais... c'est trop bon !
- Ouais bah si tu veux en crever, ne te gène pas.

L'argument fut plutôt convaincant, la petite orine jetant au sol le morceau qu'elle avait en main. C'est à ce moment que Jane revint vers Ethan, usant de son flair pour pointer le comptoir de service à chocolat.
- Ça vient de là.
Toute deux suivant l'Orisha qui se rendit au comptoir pour  questionner la personne qui plaçait les plateaux pour les domestiques quand une garde arriva et posa la main sur son épaule.
- Il y a des procédures à suivre.
- Pardon ?
Ethan se retourna pour voir qui venait interrompre son avancé, constatant la présence d'une sirène en uniforme.
- Je suis Erzebeth, Soldat de la Garde Royale.
- Enchanté, je suis Ethan.
- J'ai vu que vous sembliez rechercher le coupable de ce méfait, je vous accompagne pour assurer que tout se fait dans l'ordre.
- Si vous insistez.
L'Orisha avança sans attendre pour entreprendre l'interrogatoire. Faisant signe au domestique de s'approcher.
- Du poison a été ajouté à vos plateaux.
- Quoi !
- Un homme est en train de mourir après avoir consommé de vos bouchées.
- Je suis le tenancier de la boutique qui fabrique et fournit l’événement, je serais fou de nuire à ma réputation !
- Le résultat est là quand même. Avez-vous une femme avec vous dans l'équipe de préparation ?
- Aucune.
- Pourtant il y en a une qui a servie un plateau à une domestique.
Offusqué, l'homme se dirigea pour aller vérifier les dires, cherchant si une femme s'y trouvait. Pendant ce temps Aveline se mit à regarder autour, admirant l'architecture, s'éloignant peu à peu. Soudain une porte s'ouvrit à la volée, une femme vêtue de la même tenue que les domestiques s'enfuyant par la ruelle.
- Ethan ! Là !
L'homme se précipita sans attendre, usant de son agilité pour rapidement rejoindre la fugitive, la suivant à quelques pas derrière elle malgré les détours et embûche qu'elle lui semait. À chaque mouvement il analysait la situation, cherchait un moyen de l'arrêter quand devant eux une fontaine occupait toute la place, moment propice où il fit claquer de son fouet qui toucha le talon d’Achille de la femme. Cri de douleur, perte d'équilibre, se prenant les pieds dans un renard ! Tombant par dessus la bordure haute du monument et se retrouvant allongée sur le dos dans l'eau, se redressant sur les coudes le temps de reprendre ses esprits.

Jane reprit sa forme, sourire en coin tandis qu'Erzebeth arrivait peu de temps après, hésitant entre éclater de rire ou réprimander le vice de procédure. Cette dernière se contenta de tendre le bras et attraper la femme afin de la faire sortir, la tenant fermement debout entre elle et l'Orisha.
- Qu'as-tu fait au chocolat ?
- Rien.
- L'homme qui agonise sur la place ne dirait pas la même chose. Alors parle avant que la délicatesse ne s'estompe.
- Crève, je dirais pas ce que j'ai fait.
Ethan leva les yeux au ciel, elle venait d'avouer ses fautes. Aveline arrivant au même instant, à bout de souffle pour s'arrêter devant la prisonnière et lui infliger une gifle digne de ce nom.
- Parle petite garce, donne ton nom, avoue tes actes, tu es une honte pour notre race !
L'orgueil venait assurément d'être piqué au vif, causant aussi la surprise d'Erzebeth et l'Orisha en apprenant qu'il s'agit d'une Orine. Certes ce dernier aurait pu vérifier dès le départ mais il ne l'avait pas fait.  La gifle sembla faire son effet.
- J'ai empoisonner quelques chocolats sur un plateau, pour faire souffrir comme moi j'ai souffert !
- L'antidote ?
- Leur faire mâcher des feuilles d'une plante, la Fleurus Poutinus.
- J'espère que tu en as avec toi.
- Dans mon sac... dommage qu'il ne soit pas tombé à l'eau.
Elle se fit gratifier d'une nouvelle main en plein visage par l'orine.
- Allez vite rejoindre le malade, je vous retrouve sous peu, le temps de livrer mon colis.
Erzebeth empoigna plus fermement sa prisonnière et l'amena où il se doit en attente de sévir pour le crime commis. Il fallait d'abord voir si la victime y survivrait.

Le trio arriva en courant, bousculant ceux encore attroupés, fouillant le sac à la recherche de la plante. La seule présente heureusement. En faisant mâcher une feuille avec difficulté au malade qui peinait à respirer. En peu de temps, il reprit son calme, son souffle plus régulier puis de grandes inspirations avant de se redresser afin d'être assis plutôt que sur le dos.
- Merci... merci mille fois.
- Ce n'est rien, vous avez failli être une victime innocente.
- Je vous dois la vie !
- Profitez pleinement de cette vie qui est toujours vôtre, mort il sera trop tard.
L'homme repartit sans attendre, retrouvant ses festifs compagnons qui avait maintenant le sourire aux lèvres, reprenant danse et chants pour célébrer. Tandis que l'Orisha se retournait, il se retrouva face à Ezerbeth qui les avait rejoint de nouveau, posant une main sur l'épaule de celui-ci.
- Nous tenons à vous remercier de votre aide. Ayant à la fois su guider vers le coupable en plus de l'appréhender et même prodiguer les soins à temps pour sauver la victime.

Il n'eut pas le temps de dire quoi que ce soit, un homme s'approcha, laissant Ethan absolument stupéfait. Il avait devant lui un homme de même grandeur, même stature, si ressemblant.
- C'est quoi ça ?
- Votre clone, du moins en apparence.
«Ils se foutent de ma gueule... c'est pas un orisha mais un.. un.. vampire.»
- Merci.. c'est... surprenant. Quel est ton nom ?
- Kinji, maître.
- Ça sonne bien.. allez viens.
Le quatuor s'éloigna, remerciant ses hôtes au passage, saluant Ezerbeth qui aurait maintenant tout le temps voulu pour un interrogatoire musclé. Le petit groupe se retrouva de nouveau à bord du bateau pour se rendre sur la côte la plus près. L'Orisha vint faire face au vampire qui se couvrait d'une capuche face au soleil.
- C'est pas garanti que je vais t'apprécier mais un sbire de plus peut toujours être utile.
- Je ne vous décevrait pas.
- Tu as tout intérêt si tu ne veux pas finir tes jours sous les effets d'un bronzage. Tu te doutes bien que c'est mortel pour la santé ?
Kinji hocha de la tête dans l'affirmative.
- Je vais pouvoir le chasser dans la forêt la nuit ?
- Je peux en prendre soin le jour ?
Ethan ne répondit pas, laissant planer le doute sur les nombreuses possibilités, ne laissant qu'échapper un rire qui trahissait bien les idées et images qui passaient dans la tête de l'Orisha. Ainsi débutait le retour à la maison, qui, cette fois, serait totalement sur les mers jusqu'à la plage de sable fin. De là, le passage camouflé les conduiraient au manoir sans rien dévoiler aux marins qui les mènent à bon port.
- Oh une petite chose, tu t'avises de croquer quelqu'un pour une petite soif une fois sur l'île, je te jure que je laisse ma chérie te torturer et faire quelques expérience lucrative pour son labo.
Le vampire ne put que déglutir péniblement, des images sans doute peu invitante lui traversaient l'esprit.

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Jeu 30 Oct 2014, 19:11


Le petit bout de femme quitta le logis la veille de la dite 'cérémonie'. Sa destination n'était autre que la Cité Engloutie, bien que ses raisons puissent sembler farfelues aux oreilles de certains.. Non pas qu'il y ait quelqu'un pour en juger. Elle savait que Nao s'y était rendu, un vampire de sa connaissance lui ayant affirmé l'avoir croisé sur place. La séparation devenait pour elle douloureuse, et la plaie ne cessait de s'agrandir. La présence du déchu la consolait, et dans ses bras elle oubliait tout.. Elle pouvait se permettre de quitter de vue le trou qu'avait laissé dans sa poitrine le départ de ces deux hommes.. Ils étaient pour elle des amis, des frères, mais leur départ était tout aussi inévitable. Elle l'embaumait d'airs de fatalité, car c'est au final de cet oeil qu'elle le voyait. Leurs destins s'étaient vus liés par hasard ou pur caprice, et il lui semblait par le passé que rien ne saurait les séparer.. Or, elle avait affreusement tort, car rare est le couple ( de quel genre qui soit ) qui peut partager une vie d'éternité avec une seule et même âme.. Quand bien même cela existerait seulement.

Sherry le savait maintenant. Leurs engeances elles-mêmes vouaient cette amitié, cette cohabitation, à l'échec. Elles la réduisaient à l'état de simple équation raciale, sur laquelle leurs sentiments ( quels qu'ils eussent été ) n'influaient que trop peu, voire aucunement. Leurs sentiments n'étaient qu'une donnée erronée, sans importance.. Elle songeait cela dit ( outre cette appréhension qui la démangeait ) au bien être de l'emplumé, sachant l'autre assez imprévisible et surtout dément. Elle savait que son démon partageait des sentiments forts à l'égard du blondinet, mais il était encore des plus ignorants, et ne saurait que blesser l'ange s'il continuait dans cette lancée.. Elle aussi était une influence nocive.. Elle ne parvenait pas à s'en remettre, et à chaque fois qu'elle pensait à le rencontrer, les paroles de Wrath concernant la déchéance de Nao lui revenaient en tête. Elles la paralysaient, et c'était tant mieux… Prise toutefois d'un élan d'inquiétude et voulant s'assurer rien que par le regard de son bien être, elle se permit quelques jours d'absence. Revêtant une apparence autre que la sienne, elle n'avait pas à craindre que le jeune homme la reconnaisse. Son dos s'était allongé, et était désormais moins creusé qu'à son habitude. Sa poitrine avait laissé place à un torse plat, quelque peu musclé, et elle en fit ainsi pour tout le reste de son corps. Le rendant plus robuste, plus résistant, elle essayait qu'on ne l'abordât pas sans prétexte, et qu'on ne la sous-estimât aucunement. Elle avait échangé sa robe noire à flots, par une tenue d'une simplicité considérable, terne, morne, dans des tons de vert assez foncés. Sa longue chevelure écarlate n'était plus, et trônait à leur place une tignasse châtain claire assez courte. Impossible qu'on la prit pour la petite réprouvée qu'elle était, sous les airs de guerrier qu'elle arborait maintenant. S'engageant alors dans l'allée principale d'une démarche plus fière, quoique défaillante par moments, elle se 'téléporta' aussitôt dans la ville des ondins qu'elle avait, fort heureusement, déjà visité auparavant.



Son but premier n'étant pas de profiter des festivités pour remonter son humeur maussade, elle dut se mêler tout de même à la foule impressionnante qui parcourait les rues, attendant le grand événement du lendemain. Le sommeil ne vint pas la bercer cette nuit-là, sûrement trop encline à la nervosité pour pouvoir se laisser aller à un sentiment aussi paisible que celui de l'assoupissement ou de la somnolence. Elle se vit réveillée par une lueur brillante au petite matin, l'astre solaire lui sommant de se lever, et elle entendit bien assez tôt les enfants brayer, leurs parents essayer de les apaiser, pour qu'enfin vienne le tour des plus âgés de sortir de l'ombre leurs corps usés et fatigués. La belle femme, enfilant la même tenue que la veille et revêtant cette même apparence qui lui valait une certaine discrétion, prit un petit déjeuner de fortune, avant de s'engager dans les axes bondés de la cité. Elle était pour le moins mouvementée en ce jour de fête, et rien ne semblait d'une force assez notable pour l'y soustraire. Saen ( nom dont faisait usage la jeune femme sous cette apparence humaine ) arpentait les rues à la recherche de cette petite tête blonde qui lui était si familière. Il espérait la croiser, mais l'espoir semblait s'effriter peu à peu. Le courage manquait, encore une fois. Les paroles de Wrath lui avaient bien fait comprendre à quel point son influence pouvait s'avérer nocive pour le jeune homme, et c'était bien la dernière chose que voulait l'humain. Il heurta quelques passants essayant de se frayer un chemin à travers la foule, lâcha un " Pardon " naturel mais assez impoli. Le caractère semblait suivre le changement physique.. où était-ce cette nervosité paralysante et tremblante qui freinaient ses gestes maniérés de jeune femme gracile ? Au final, peu importait tant qu'il le retrouve.

Une odeur très plaisante planait dans l'air. Le chocolat emplissait les narines des plus réticents, la bouche des plus gourmands. Quelques domestiques en distribuaient, accourant dès qu'un client les sommait, courant jusqu'à n'en plus pouvoir. On lisait la fatigue dans leurs traits, mais aussi une certaine complaisance. Du moins.. jusqu'à ce qu'un d'entre eux ne lâche un cri strident, emprunt d'horreur. Il semblait répondre à un autre, s'étant déclenché quelques secondes plus tôt, celui-ci ayant libéré une peine et agonie beaucoup plus conséquente que son repliqua. Saen sursauta légèrement, avant de chercher des yeux la source du phénomène et se hâter dans sa direction. Trouvant le supposé coupable que soutenait déjà un des maints domestiques chargés des lieux, il s'approcha de lui, le décolla du sol par le torse, avant de voir jaillir d'entre ses lèvres une bouillie savonneuse. « Dépêchez-vous de l'emmener ! À ce rythme là, il va y succomber !! » lâcha l'homme, avant de voir deux autres se ruer sur la victime et la prendre à bout de bras. Il les suivit dans la foulée, souhaitant entendre les observations qu'on ferait sur son cas. Elles ne l'étonnèrent guère, s'agissant bien évidemment d'un poison. La suite.. risquait de plus le surprendre. Rien en semblait pouvoir le délivrer de l'emprise du liquide venimeux.. Les magies de soin n'avaient pas d'emprise sur son corps, comme si ce dernier se refusait, par un moyen quelconque, de succomber à leur aide et de se laisser crouler dans l'apaisement.. L'humain essaya à son tour pour ne connaître qu'un échec cuisant comme tous ceux ayant tenté avant lui. Il en oublia momentanément la recherche de son acolyte et tout ce qui pouvait le concerner, étant un médecin dans la tête et dans le sang. Il ne pouvait pas simplement ignorer un 'patient', d'autant plus un qui bientôt sévirait une mort tragique par un terrible poison.. Se tournant vers les quelques hommes ayant examiné le blessé, il lâcha : « Savez-vous quoique ce soit quant à la nature du poison ? Pensez-vous pouvoir créer un antidote dans les plus brefs délais ? » Il fallait agir vite, et l'heure n'était pas aux longues discussions ni aux présentations personnelles farfelues.  

Les hommes lui firent part d'une réponse négative d'un simple hochement de tête. Ils baissaient la tête, ne voyant pas d'issue à ce problème. Un d'entre eux proposa d'un ton très bas qu'on trouvât le coupable et qu'on le force à donner la composition du mélange, mais il se fit interrompre aussitôt par un autre qui ne voyait pas là le but de leur intervention, et qui de toute évidence n'avait pas envie de se fouler pour un pauvre paysan comme celui en question. Le jeune homme aurait voulu le prendre par le col et lui faire comprendre à quel point une vie pouvait être précieuse et qu'ils pouvaient toujours essayer de prendre la sienne pour sauver celle d'un autre, et que cela ne le dérangerait pas. Bien sûr, ce ne seraient que des paroles en l'air, des discours vaseux dans le seul but de l'effrayer, mais il s'en abstint. Décidément, il n'était pas lui-même aujourd'hui.. « Êtes-vous au moins en mesure de me dire comment on le lui a administré ? De quoi a-t-on fait usage ? » Au fond de sa gorge se trouvait un bout de chocolat, autour de sa bouche et partout sur ses habits se trouvaient des éclaboussures de boisson, vendue non loin dans un étalage de plus s'étant installé pour l'occasion. Une domestique se prononça sur la question, timidement, mais le sourire bienveillant du jeune homme la rassura et lui permit de s'exprimer. Il n'était pas devenu un démon, juste que son apparence plus rustre lui donnait des airs d'agacement, même quand celui-ci n'était pas présent. Elle témoignait avoir vu dans les cuisines un 'domestique' qu'elle ne connaissait pas, malgré les nombreuses années qu'elle y avait passé. Elle affirma ne pas être sûre de ce qu'elle avançait, mais c'était déjà bien suffisant. Toute piste était bonne à prendre. Saen ne les remercia même pas ( dédiant un simple sourire à la domestique qui lui avait fournit la pièce la plus importante du puzzle ), s'empressant de quitter la pièce, muni de toutes les informations qui lui étaient nécessaires.

Arrivé dehors, il reprit son apparence de jeune femme inoffensive. L'autre lui serait inutile, surtout s'il voulait que cette missions se déroule sous la discrétion la plus totale, essayant de ne pas causer plus de troubles que nécessaire aux autres invités. Une jeune femme la rejoint. « Euh.. je cherche un jeune homme qui vient de sortir. L'avez-vous entraperçu ? » Sherry rit dans son poing. Se tournant vers la belle soldat, elle lui fit signe de la suivre. « C'est moi. Je suis désolée de devoir revêtir une autre apparence que celle originale, mais je trouve celle-ci plus à même de nous servir. Souhaitez-vous une preuve ? » Hébétée, la jeune femme chercha dans son regard la réponse à ses questions, avant d'enchaîner dans la seconde. « Non.. Cela ne sera pas nécessaire. Vos dires tiennent la route et.. de toute manière, je n'ai pas le coeur à douter de vous tant que vous accomplissez votre devoir. Allons-y. » La réprouvée la suivit pendant une courte durée, la voyant prendre la direction qu'elle avait souhaité. Soudainement, celle-ci s'arrêta nette, faisant volte face pour affronter la jeune femme. Elle était d'un sérieux exemplaire, et tant mieux, car le petit bout de femme n'était pas d'humeur à plaisanter ni à entendre des paroles loquaces qui ne sciaient aucunement à leur situation. « Quelques uns des domestiques que j'ai interrogé, affirment avoir vu un individu suspect près de la victime à l'heure où s'est produit le méfait. C'est notre seule chance. Il faut le trouver avant qu'il ne quitte la ville. » Sherry agréa simplement, avant de s'empresser pour examiner cette zone au peigne fin, non sans se presser pour autant. Ce ne fut qu'une affaire de temps jusqu'à ce qu'elles trouvent, toutes deux, le repère du méchant loup, qu'ils le saisissent, et qu'elles ne découvrent ce qu'il manigançait. L'autorité était de leur côté.



« Venez réclamer votre dû, jeune femme. Une maigre récompense au vu du service rendu. » Sherry acquiesça, bien que l'envie d'y trouver son compte n'y était pas. Elle ne l'avait pas fait pour en exiger une rémunération quelconque.. Alors qu'elle s'apprêtait à rentrer dans un bâtiment d'une taille considérable, elle eut le réflexe de suivre des yeux la foule environnante et se surprit de sa propre trouvaille. Abandonnant quelques instants la soldat et s'excusant au préalable de la gêne occasionnée, elle se dirigea vers la foule, pour saisir d'un bout de bras un emplumé blond. Le tirant jusque dans une ruelle toute proche, elle le plaqua contre un mur, n'ayant qu'une différence de taille très menue, voire inexistante. Elle savait qu'il voudrait la fuir, qu'il ne la laisserait le prendre à son piège aussi facilement.. Elle savait tout cela et bien plus encore. « Attend !! » laissa-t-elle échapper en premier lieu, le souffle quelque peu haletant. Elle fixa ses yeux azurs, chercha à y déceler une lueur plus pure que quelques jours auparavant, mais bien entendu, il n'y trouva que son propre reflet.. Ce serait idiot que de croire que la pureté se manifesterait ainsi, et qu'elle pourrait dans son regard discerner autre chose que l'habituel.

Elle reprit. « Je veux juste te parler.. Je serai très brève. » Elle passa une main dans ses cheveux, mais vit toute aussi vite sa frimousse pâlir de honte, d'une angoisse qu'auparavant il ne ressentait guère à son égard. Elle se rétracta, sentant en lui un certain rejet que l'attitude de la réprouvée avait probablement alimenté. C'était le prix à payer, elle en endossait les responsabilités. « Je vais acheter une maison.. Probablement à Bouton d'Or.. Je veux que tu y emménages et que tu y restes » Elle lut la confusion dans son visage, et s'empressa alors de rajouter quelques détails, sachant en plus que le temps lui était compté et que l'ange lui-même ne désirait pas une entrevue trop étendue.. Elle poursuivit donc. « Je n'y serai pas, je te rassure. Je resterai chez Wrath encore un moment.. Surtout si tu y tiens. Tu me diras quand tu seras prêt à m'affronter.. Il n'est pas encore question de Kai bien sûr. Je t'en prie, penses-y.. Je t'enverrai une missive pour t'en dire plus long.. Eh bien.. au revoir » Et elle se détacha complètement de lui, sans lui prêter ne serais-ce qu'un seul regard de plus. Ses mots étaient bien suffisants pour qu'il comprenne toute la peine qu'ils s'infligeaient mutuellement, mais aussi l'inquiétude partagée. Elle le laissa là, revenant sur ses pas pour rejoindre la belle qui l'attendait de pied ferme. Quelques minutes avaient suffit au peu qu'ils avaient à se dire.. Elle sourit.

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Jeu 30 Oct 2014, 20:11

Cemilia ferma les yeux et inspira profondément. Un air iodé emplit ses poumons, fouetta son visage, piquota sa peau. Un sourire naquit aux commissures de ses lèvres, et elle rouvrit les yeux.
L’Océan s’étendait sous ses yeux, impétueux dans ses remous d’eau sombre, infini jusqu’à l’horizon lointain. Le soleil se diffractait en millions de petites perles étincelantes à la surface de l'eau, et faisait briller les vagues d’un éclat presque surréel. Telle une bête immense, l’Océan se mouvait, l’Océan respirait, se retournait. L’Océan vivait.
Et quelque part sous ces tonnes d’eau, enfouie dans une chape d’oubli et de ténèbres, se dressait la bien-nommée Cité Engloutie. Bastion des Ondins, ces créatures mystérieuses et aussi changeantes que les eaux dans lesquelles elles prospéraient, la ville ouvrait à présent ses portes aux étrangers, en cette unique journée exceptionnelle. Même les Ondins se réjouissaient de la fin de la guerre, ils célébraient comme tous les peuples le retour du calme.
Évidemment, Cemilia ne pouvait passer à côté d’une telle occasion de découvrir une cité aussi unique que celle-ci. Dès qu’elle avait entendu parler de ce festival, elle s’était précipitée sur les lieux, impatiente de découvrir les miracles d’une magie oubliée, capable d’entourer une ville entière d’oxygène, en plein milieu de l’océan.
Mais la jeune femme devait s’avouer que cette pause qu’elle s’octroyait au sommet d’une falaise battue par les vents marins n’était pas uniquement pour profiter de la vue imprenable. Non, elle avait besoin de cette halte pour rassembler son courage, pour calmer les battements affolés de son cœur. Rien à faire, la perspective de plonger des kilomètres sous l’eau n’avait rien de réconfortant pour la claustrophobe qu’elle était. C’était comme se cloîtrer dans un caisson sans garantie que celui-ci résiste aux assauts incessants de l’extérieur. Une double contrainte, en d’autres mots : la peur de l’enfermement, et celle de la pression extérieure exercée par l’Océan lui-même.
Mais l’occasion était trop belle pour se laisser diriger par des craintes insensées. D’autant plus qu’aujourd’hui, elle pouvait profiter de la présence de ses compagnons quadrupèdes, Asmaël et Rae, pour la première fois depuis une longue période.
Cemilia expira d’un coup tout l’air qu’elle avait emmagasiné dans ses poumons et, tournant le dos au panorama, se mit à dévaler la pente de la falaise.

Cemilia referma sa bouche, stupidement entrouverte en signe de son ébahissement, et entreprit d’ouvrir plus grand ses yeux à la place.
Il y avait tant à voir, tant à assimiler.
La ville était littéralement dans une bulle d’air. Évidemment, l’Orisha le savait déjà, mais voir ce phénomène de ses propres yeux atteignait un niveau d’acceptation des faits qu’elle n’avait pas encore atteint jusque-là. Et, une fois cela assimilé, la Cité Engloutie ressemblait bel et bien à une ville tout ce qu’il y a de plus banale.
Ou non. Elle n’avait rien de banal. Chaque ville était unique en son genre, et il aurait été abusif d’utiliser le terme de „banal“ pour la moindre d’entre elles.
La cité des Ondins était envoûtante. Il n’y avait pas de meilleur terme pour décrire l’exotisme qui régnait dans chaque façade de maison, dans chaque rue, dans l’architecture toute entière aux yeux de Cemilia. Même l’air lui paraissait différent. Teinté d’une fragrance rappelant l’océan, et d’un goût plus... sauvage, peut-être, plus mystérieux. La Cité Engloutie, théâtre des plus fantastiques aventures, des plus terrifiants secrets.
Un sourire s’étala sur le visage de Cemilia. Cette ville avait quelque chose de plaisant. D’excitant.
Et, comme c’était le cas pour toute festivité, les rues étaient parcourues par un nombre impressionnant de monde. Citadins, visiteurs, malfrats, n’importe qui se dreinait dans les étroits passages, traçant leur chemin plus ou moins au hasard dans la cité. Tous avaient l’air heureux, épanoui, comme il se devait dans une fête.
Cemilia brisa la statue d’immobilité qu’elle incarnait depuis un certain temps, tout à son observation, et se fondit dans la foule. Son regard voyageait de bâtisse en bâtisse, le nez en l’air et les pensées virevoltant au rythme de ses découvertes. Ici, une gargouille un peu dissimulée adressait une grimace aux passants ; là, une maison avait été construite de travers et semblait se pencher au-dessus de la rue, observatrice.

Cemilia finit par atteindre une grande place qui semblait par ailleurs être le centre d’attention de la plupart des gens, ainsi que celui de la ville. Au milieu de la place, une femme à l’air strict  était montée sur une estrade et s’adressait aux passants d’une voix forte qui portait jusqu’aux abords de la place. Cemilia, qui était justement postée à cet endroit, l’écouta énoncer son discours :
-Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs ! Aujourd’hui est un jour de fête, et la Cité Engloutie ainsi que ses habitants sont heureux et fiers de vous accueillir ici ! Pour marquer l’événement, un petit jeu de chasse au trésor a été organisé à travers toute la ville. Approchez, approchez, je vais vous donner les consignes.
Cemilia se souvint d’un jeu semblable qui avait été organisé à Utopia, la ville des Humains, pour fêter la même chose : le retour de la paix. Elle y avait gagné une besace magique, de petite taille et sans fond, ce qui permettait à la jeune femme de ranger toutes ses affaires dedans ; cette acquisition lui était d’une aide géniale, car elle ne devait désormais plus s’encombrer d’un lourd et volumineux sac à dos pour transporter le strict minimum durant ses longs voyages.
Peut-être le prix serait-il aussi intéressant cette fois-ci. Cemilia se mit à marcher en direction de la femme sur son estrade, Asmaël et Rae sur ses talons. Ces derniers attiraient par ailleurs sur eux l’attention d’un certain nombre de passants, ce qui faisait discrètement sourire l’Orisha. Voyager avec un touncarn et un dragon dans le sillage n’était pas de toute discrétion.
-C’est pour ça que je vous aime, mes gros, dit-elle à voix haute en leur jetant à chacun un sourire attendri.
Les animaux la regardèrent d’un air blasé, eux-mêmes indifférents à la curiosité qu’il suscitaient chez autrui. Cemilia rit du cynisme de ses amis.
Ils avaient à présent atteint l’estrade où se tenait toujours la femme – la foule avait été rude à percer, mais ils avaient fini par y arriver. Cemilia leva le regard vers elle et écouta ce qu’elle avait à dire.
Vue de près, la femme avait un visage sévère et une attitude stricte qui ne collaient pas du tout avec le rôle d’oratrice enthousiaste qu’elle était supposée incarner. Elle-même semblait songer la même chose, car ses traits étaient fermés et elle ne paraissait pas très épanouie, depuis son estrade.
Toujours est-il que Cemilia prit avec soin en note les consignes que la femme énonça, puis observa la perle qu’il lui était demandée de détailler comme premier indice de la chasse au trésor – ou le „jeu des perles“, de son vrai nom. Le but était de trouver plusieurs autres perles dissimulées dans la ville, avant de retrouver la femme – qui se présenta sous le nom d’Ezrebeth, par ailleurs – pour répondre à une question qu’elle poserait au participant. La clé du jeu était une petite amulette, conférant à son possesseur le pouvoir de se changer en animal.
C’était suffisant pour attiser la curiosité de Cemilia.
Sans attendre plus longtemps, la jeune femme tourna les talons, s’extirpa de la foule et se mit en marche. Elle croyait savoir où elle pourrait trouver la première perle ; dans le reflet de celle que portait Ezrebeth, elle avait discerné un visage grimaçant qui ne lui était pas inconnu.
Les pas de Cemilia la menèrent dans la rue qu’elle avait déjà parcourue plus tôt. Cette fois, elle s’arrêta à un point bien précis, et leva le regard vers les maison jouxtant la rue. Elle croisa le regard de la gargouille qu’elle avait avisée plus tôt, et sourit. Comme elle l’avait présumé, c’était le même visage caricaturé qu’elle avait vu dans le reflet de la perle d’Ezrebeth.
Sans se préoccuper le moins du monde des passants alentour qui lui jetaient des regards intrigués, Cemilia s’approcha de la façade de maison et se saisit de la première pierre du mur. Elle se hissa ainsi de mètre en mètre, parfaitement à l’aise à la verticale. Il lui arrivait régulièrement de devoir faire de l’escalade dans la nature, et un mur de maison ne pouvait résister à son agilité.
Arrivée à la hauteur de la gargouille de pierre, l’Orisha s’immobilisa.
-Coucou, toi, fit-elle avec un sourire à la sculpture.
À la place de l’œil de la bête brillait une perle semblable à celle d’Ezrebeth. Sans attendre plus longtemps, Cemilia lâcha le mur d’une main et attrapa la perle, qui se détacha sans opposer de résistance.
La jeune femme redescendit de son perchoir de la même manière, et atterrit bien vite les deux pieds sur le sol. Gratifiant les badauds ébahis d’un grand sourire, elle reprit son chemin à grands pas.

L’exploration de la ville se poursuivit, fructueuse en trouvailles. Cemilia dénicha deux autres perles, l’une posée innocemment dans la vitrine d’une bijouterie, l’autre perdue dans un taillis feuillu dans un petit parc.
L’Orisha était à présent assise sur un banc à l’ombre d’un arbre – il lui paraissait encore incroyable que des arbres poussent sous l’eau – et observait ses trouvailles d’un œil curieux. Elle les tenait côte à côte, en quête d’un éventuel indice qui la mènerait à Ezrebeth pour entendre sa question. Mais elle ne voyait que le reflet déformé de son propre visage sur la surface nacrée des perles.
Et soudain, son visage s’éclaira d’un sourire. À la réflexion, Ezrebeth avait peut-être tout de même été dotée du sens de l’humour à la naissance.
Cemilia se tordit le cou vers le haut, et scruta le feuillage de l’arbre en-dessous duquel elle s’était assise.
Ezrebeth était bien là, perchée dans une branche avec adresse.
-Vous en avez mis du temps, à me trouver, commenta-t-elle, un sourire dans la voix.
-J’étais trop occupée à admirer mon propre reflet, répliqua Cemilia sur le même ton et elle se leva.
Ezrebeth sauta souplement de sa branche et se redressa face à l’Orisha.
-Je crois que vous me devez une question, commenta cette dernière sans cesser de sourire.
Son interlocutrice acquiesça.
-Voyons... Qu’est-ce que la paix ?
Drôle de question, eut le temps de se dire Cemilia. Mais Ezrebeth ne l’avait assurément pas posée au hasard, en ce jour célébrant la fin de la guerre. Elle répondit :
-Je dirais que c’est un idéal, et comme tout idéal, il est bon d’y aspirer et d’œuvrer à s’en approcher, mais il ne faut jamais croire que l’on a fini d’y travailler. Chacun a une vision différente de la paix, et c’est pour cela que c’est une valeur si riche, mais tout aussi inaccessible.
Ezrebeth dévisagea Cemilia durant un certain temps, l’expression indéchiffrable. La jeune femme lui rendit son regard sans flancher.
-Félicitations, finit par déclarer l’Ondine, et un sourire se peignit sur son visage.

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Ven 31 Oct 2014, 16:56

Levant son regard de topaze en l'air, ses yeux c'étaient alors adoucies en observant l'immensité qui se trouvait être au dessus de sa tête. Le bleu incroyable qui pouvait être confondue avec la couleur du ciel sans nuage portait réellement à confusion. Pourtant, tel que le monde était constituait, elle n'était actuellement pas sur terre, mais sous l'océan, dans l'incroyable terre du peuple des ondins. Tranquillement assise sur les rebords d'une fontaine, elle avait l'impression que le temps ne s'écoulait pas, qu'elle n'en avait plus vraiment la notion. En réalité elle en était consciente, mais elle se forçait à ne pas y penser. C'était un jour de fête, un jour qui célébrait la fin d'une sombre période. Le commencement d'un renouveau. Était ce un peu hypocrite, voir même égoïste ? Alors qu'il y avait encore dans le monde, des personnes qui ne c'étaient pas remis de tout ça ? Des sourires et des rêves envolaient ? Sans doute...Mais chaque peuples faisaient comme ils pouvaient pour redémarrer leurs vies. Certains plus rapides que d'autres, à chacun leurs manières et à chacun leurs convictions. Tout en passant son regard vers le ciel, la nature pouvait être étrange, tout comme le monde. Elle avait beau avoir vécue quelques siècles, parfois il lui arrivait encore de se sentir surprise par ce qui l’entourait. La capitale de ses hommes aux queux de poissons, avaient décidés d'ouvrir leurs portes. Riches ou pauvres, Anges ou démons, petits et grands, jeunes ou vieillards. Tous avaient accès à cette cité bien engloutie caché dans les profondeurs de l'océan.

Oui tous étaient venus célébrer cette fête, donnait en l'occasion d'un nouvel ère. Musique et chants étaient de la partie. Tout comme l'ambiance qui suivaient. Elle pouvait à nouveau voir le sourire dans ceux des gens. La peurs et les mauvais sentiments avaient totalement disparu. Tous avaient laissés de côtés leurs petits problèmes. Mais pour la belle vampire...Revenir à la normale signifiait une seule chose.;.Une réalité qui lui était à présent inconcevable d'y échapper. Son visage de porcelaine c'était légèrement assombrie en observant les gens circulaient devant elle. La vérité était ce qu'elle était elle allait devoir très bientôt se confronter à la famille Darcy, et que la situation c'était sans doute corsé. Quand elle ne serait dire exactement, peut être demain, peut être dans une semaine, voir dans un an. Elle ne savait pas, tous ce qu'elle savait, c'était que cette fois elle ne pouvait pas éternellement échappée à ça.

- Bonjours ma dame, un petit chocolat pour vous remontez le moral ? demanda alors une petite voix

Levant son regard vers un serviteur royal, portant un plateau s'argent à ses mains remplit de douceurs. Ses pensées c'étaient alors aussitôt dissipée, tout en tendant sa main afin de recevoir un petit morceau de chocolat sur sa paume. Cette dernière avait légèrement penchée son visage en guise de remerciement avant de voir, le servant disparaître dans la foule. Belle attention que voilà, mais fort bien inutile. Elle pouvait manger toutes les merveilles du monde, boire toutes les somptueux nectars de la terres. Un seul goût ne lui restait à la fin qu'en bouche, un seul et même goût. Celui de la fadeur...Tout comme le monde qu'elle voyait lorsqu'elle prenait le temps de le réaliser. Tout en poussant un soupire avant de poser le morceau de chocolat sur le marbres des rebords de la fontaine. Cette fois Heavenly avait laissait sa main plongeait dans l'eau. Elle était sous l'eau en train de toucher l'eau. Quelle situation ironique...Pourtant cet élément lui faisait pensait à quelqu'un. Tout comme la fadeur et l'amertume que ce morceau de chocolat lui faisait provoquer en elle, l'eau lui faisait penser d'une façon indéniable à un certain mystérieux génie. Aussi imperceptible et inaccessible que cet élément, d'une certaine façon l'eau lui faisait pensée à Caliel.

- Mesdames et Messieurs, à l’occasion de ce jour de fête, j'ai le plaisir de vous annoncer l'ouverture d'une chasse au trésor à travers toute la ville. Que tous les participants souhaitant participer à cette évènement se dirige vers la place centrale, je répète, que tous les participants souhaitant s'amuser me rejoindre vers la grande place centrale.

L'annonce venait d'être fait et se levant avant de s’attirer les bras. Décidément, les villes se ressembler décidément toute hein. A croire qu'ils s'étaient donné le mot. Entre les jeux d'Utopia et ceux de la Cité engloutie...l'idée n'était décidément pas originale. Mais elle devait avouée que cela tombait à pic. Elle allait pouvoir se changer les idées et de plus sans à supporter l'ambiance morbide et quelque peu déprimant d'un roi et son peuple. Se levant avant de se diriger vers la place, Heavenly n'avait pas fait attention à l’animal qui c'était dirigé vers la fontaine pour manger le chocolat qu'elle avait laissé. Ni même aux terribles conséquences qu'avait subit cet animal l'instant d'après. Se dirigeant vers la place centrale où nombreux participants étaient déjà sur place, la jeune femme attendait tranquillement son tour avant de prendre les instructions. Le principes étaient simples, ils n'y avaient pas d'objet à trouver, juste deux perles en nacres. Si le premier était détenue par une ondine, le second était cacher quelque pars en ville accessible seulement à l'aide du premier indice. Et pour conclure tout cela en beauté, cette seconde perle contient une question qu'elle allait devoir apporter à cette fameuse ondine. Bon..il n'y avait rien de compliqué là dedans, comme il y avait pas de quoi s'emporter et partir à la halte. Prenant tranquillement son temps, pour à la fois visiter la ville et profiter de l'ambiance de la fête. La belle vampire vagabonda à la recherche de cette fameuse Erzebeth, jusqu'à enfin trouvée la sirène plaquée contre un mur, le visage bien renfrognée. Voyant la noble vampire se diriger sans précipitamment vers elle cette dernière fit

- Je vois qu'il y en a qui ne semble pas particulièrement pressée.

Ah les sirènes....qu'est ce que ces morues avaient contre elle ? Sérieusement parmi les races dont elle ne portait pas particulièrement dans son coeur, les ondines en faisaient parties. Bien sur elle n'allait pas les mettre tous dans le même panier hein. Elle avait quand même assez de jugeote pour différencier les bonnes des mauvaises. Mais...décidément. Tout en lui offrant un large sourire sur ses lèvres, d'une douceurs et d'une expression dès plus neutre cette dernière fit

- Et moi je vois qui y en a qui ne doit pas vraiment être compétant pour devoir accomplir une tâche bien ingrate tel que la votre.

Tout en sentant son regard noir passait et en soutenant son regard avec son visage de porcelaine. C'était du donnant donnant, mais bon n'étant pas là pour chercher des histoires et encore moins avec quelqu'un dont elle n'en voyait pas la peine. Cette dernière lui tendit la main avant de d'ajouter avec toute l’innocence du monde.

- La perle...s'il vous plait s’approchant de la sirène dans un petite sourire la vampire fit Ne faite pas cette tête, souriez c'est un jour de fête.

Tout en gardant ses sourcils foncés cette dernière lui donna sa perle quelque peu résignée. C'est alors que dans la foule une voix s'était élevée un peu plus loin et qu'un homme crira

- Au meurtre !!! Au meurtre !!!!

D'une grande rapidité, Erzebeth en tant que bon soldat avait aussitôt accourue. Tout en restant immobile à la voir s'éloigner, Heavenly avait poussée un sourire. Décidément c'était qui s'en passait des choses ici. Mais comme c'était pas trop son problème et surtout pas son peuple, la belle vampire continua tranquillement sa route à la recherche de la seconde perle. Tout en observant la première afin de décrypter l'indice. Tout en levant son regard quelque peu distraite. D'après l'indice le second se trouverait dans le regard du centre du monde. Le regard du centre du monde....Tout en parcourant les quartiers à son rythme. Fort heureusement il y avait pas de limite de temps. De toute manière vu la lenteur à laquelle elle y allait et vu ses pas tout à fait posé, non doute qu'elle aurait perdue à l'heure qu'il était. Mais bon, pour une fois qu'elle avait le temps de se poser quelque pas tranquillement. Elle n'allait pas s'en plaindre. Tout en levant son regard avant de se stopper net une fois arrivés vers une interception vers la grande place. Son regard était fixée sur la l"immense statue dédiée à la déesse de la mer, qui était placée là en guise de décoration. Sans doute était ce le point de rendez vous de multiples personnes, car à son alentour plusieurs personnes s'y retrouvaient. Pourtant sans se préoccupée de ce qui l'entourait son regard restaient fixée sur l'immense statue.

- La perle se trouve dans le regard du centre du monde....répéta la jeune femme avant de sourire Trouvée

Tout en fixant les yeux de la déesse, notamment l'oeil droite si on observait bien au creux de ses yeux se trouvait la fameuse perle.  Escaladant rapidement la statue sans faire attention aux regards des gens, cette dernière prit alors la perle avant de voir que comme par magie, l'oeil d'origine de la statue c'était remis comme par enchantement. Redescendant avant d'observer la perle et d'y décrypter le message. Il était temps pour elle d'aller retrouvez cette chère grincheuse de sirène. En espérant qu'elle était revenue à sa place. Elle n'avait pas spécialement envie de parcourir encore toute la ville à sa recherche. Retournant vers la place où l'ondine s'y trouvait. C'est non sans trop étonnement que Heavenly avait constatée qu'elle était là. La tête encore plus renfrognée que d'habitude. Hé bien....Elle avait surement dû être sermonner pour avoir quittée son poste..Mais n'étant pas son problème et essayant de rester les plus noble afin de cacher l'amusement narquoise sur son visage de porcelaine cette dernière lui remit la perle avant de répondre à sa question.

]- La réponse à la question est le temps...répondit la belle ]Avez vous trouvez votre coupable

Hochant la réponse tout en regardant la perle de nacre, Erzebeth fit

- Hum...marmonna t'elle Vous avez trouvée la bonne réponse Félicitation.

Tout en affichant un demi sourire sur ses lèvres, elle allait prendre son hum pour une oui. Bah qu'importe, cela n'était de toute manière pas son problème...

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[LDM Sept-Oct] Un jour à la Cité Engloutie

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