Une chose était certaine, cette histoire avait le don de mettre la jeune femme de mauvaise humeur. Il n'était pas compliqué de comprendre qu'elle était vraiment énervée contre sa propre soeur. J'avais un peu du mal à le comprendre personnellement, je n'avais qu'un frère et même s'il n'était pas vraiment responsable de ma mort, il était responsable de celle de mon amie. Et ça, je ne crois pas que je pourrais lui pardonner un jour, mais je ne crois pas que ça m'atteignait autant qu'elle. Peut-être, par ce que je savais que si les situations avaient été inversées entre lui et moi, j'aurais certainement agis de la même manière. Ce qui ne rendait pas les choses plus faciles a accepté pour autant.
Puis je lis sa réponse à mes questions. Elle m'expliqua qu'elle avait été jugée par son beau frère et que sa soeur n'avait rien fait pour l'aider. En même temps, je ne sais pas si c'était vraiment possible qu'elle puisse faire quelque chose dans ces cas-là. Je ne sais pas moi, mais je n'aurais jamais dit à mon mari que j'étais en train de juger son frère, justement pour garder une tranquillité et ne pas me faire influencer par quelqu'un d'autre qui ne verrait que le lien familial. Mais en même temps, je pouvais comprendre qu'elle lui reproche de n'être jamais venue, car bon au minimum elle aurait du entendre parler de son exécution non ? Surtout une de cette ampleur.

-Tu est certain de ce que tu veux ? Escuse moi, mais je trouve ça un peu fou. Tu veux qu'elle t'aide a retrouver ta tête, car ces de sa faute a tes yeux. Mais est-ce que la contrepartie vaut le coup ? Avoir une dette envers celle que tu juges responsable... ce n'est pas rien quand même, est ce qu'elle n'aura pas plus à y gagner que toi finalement ? Imagine qu'elle ne juge jamais ta dette remboursée ? Si elle t’a déjà trahie une fois, elle peut très bien recommencer. Surtout que vu son état, elle n'a plus rien à perdre finalement.

Ce n'était que mon avis, mais je voulais savoir si elle était consciente de ça. Avoir une dette n'était déjà pas très sympathique. Mais si en plus c'était à une personne que nous ne supportions pas, dans mon cas je pouvais être certaine que je ne le supporterais pas. Alors si en prime elle était une ombre, elle avait l'éternité devant elle.
Puis mon idée de la mairie la fit rire, je crois, je pouvais comprendre un peu pourquoi, chose qui fut confirmée quand je lisais ce qu'elle venait d'écrire.

- Je ne parlais pas vraiment d'entrée par la grande porte en faite. Je sais que ce serait plus que compliquer et risquer. Mais peut-être de nuit ? Ou essayer de trouver quelqu'un qui pourrait y aller a ta place. Moi c'est pas que je ne veux pas, mais je suis coincé comme tu le sais alors je ne te suis pas d'une grande aide. Mais il y a peut être d'autre personne qui une fois la première surprise passée, pourront t'aider en y allant a ta place.

Je savais pertinemment que ça ne devait pas être plus facile, convaincre quelqu'un de l'aider devait être mission impossible. Et pourtant je venais de penser aune autre idée qui elle pouvait marcher et qui était moins risqué en quelque sorte.

-Attend, un juge n'est pas du genre a être discret, souvent tout le monde le connais dans une ville, peut être que tu aurais moyen d'avoir son adresse, ce ne serait peut être pas bête de plus chercher le mari que la soeur vu qu'ils étaient marier. Et même dans l'hypothèse qu'il aille démangée, tu aurais toujours la possibilité de connaitre son ancienne adresse avec un peu de chance. J'admets cependant que ça reste aléatoire.

Je n'étais pas certaine des chances de réussite, car par dessus ton son apparence n'allait vraiment pas l'aider. Mais c'était la seule chose que j'avais réussi à penser pour qu'elle puisse avoir des pistes. Enfin maintenant elle y avait peut-être déjà pensé aussi. Mais ça je n'en savais rien finalement.

Décidément, cette ombre était finalement vraiment intéressante. Maintenant que j'avais retrouvée mes esprits et contenue ma haine, je revins m'assoir sur la table, les pieds battant l'air dans le vide, comme le ferait un enfant. Ce simple geste avait un étrange pouvoir de concentration sur moi et m’apaisait. Kanae avait de bonnes idées, il faut l'avouer. Je n'avais pas entrevue sa proposition de me rendre à la mairie dans ce sens et, il est vrai, sous ce nouveau sens, tout devenait beaucoup plus réalisable. Compliqué, certes, mais réalisable. Ceci soulevait à nouveau ma question sur son passé. Qui était-elle ? Une voleuse ? Une missionnaire ? A son âge... hum... peut être une entreprise familiale ? Ma curiosité me poussait à chercher des réponses à cela. Mais pour le moment, il me fallait progresser dans notre réflexion, ce qui m'était fort utile.

Étais-je certaine de vouloir utiliser Milady afin de retrouver ce qui me manque ? Absolument. J'en ai mes raisons. Non seulement elle est coupable et ma trahie, mais en plus, je connais bien ma sœur. Me servir d'elle assouvirait alors ma soif de vengeance ainsi que ces nouvelles pulsions que je ressentais, celles de la faire souffrir. La raison qui faisait que j'étais aussi sûre de moi était simple... Ma grande sœur a toujours été soumise et en facilement en proie à la culpabilité. Me servir de ses sentiments pour faire d'elle ma marionnette serait un jeu d'enfant. Car après tout... j'étais sa petite sœur chérie dont elle était responsable de la mort...

Milady est faible. Facile à manipuler.

Ensuite, concernant son idée d'intrusion à la mairie... malheureusement mon physique actuel ne me le permettait pas. Mon corps était meurtrit et pas seulement de part ma nouvelle apparence de Dullahan. Le soucis d'avoir eu un mari commerçant qui vous concevait plutôt comme une marchandise qu'une humaine dont il était censé prendre soin... Certains de mes organes me manquaient et je me demandais encore de quelle manière je tenais debout. Ce qui me confortait dans l'idée que de crapahuter afin d'entrer tel un ninja dans un bâtiment d'État n'était véritablement pas pour moi, bien qu'elle soit très tentante... Quand à recruter un mercenaire pour le faire à ma place... Ce n'était ni dans mes habitudes, ni dans mes cordes. Difficile si tout doit se dérouler par écrit... Et dangereux. Un écrit est une preuve indéniable face aux juges, j'en avais fait la mauvaise expérience.

Kanae était bien gentille de m'aider ainsi. Ce qui me surpris. Qu'est-ce que cela pouvait bien lui apporter ? Rien qui ne me vienne à l'esprit. Peut être étais-ce sa façon de me remercier de l'avoir renseignée sur sa nouvelle nature ? Ou d'assouvir une certaine forme de curiosité ? Peut importait, je commençais à en avoir assez de devoir dévoiler ma vie et mes soucis ainsi, ce n'était pas dans ma nature. Si je n'étais pas aussi désespérée de trouver des informations, jamais je n'aurais abordée le sujet. Soit, il était temps d'en apprendre un peu plus sur cette nouvelle Ombre qui se tenait devant moi. Chacun son tour.

Tes idées ne sont pas mauvaises. Merci, je vais me débrouiller avec ça. Mais toi, comment tu t'es retrouvée là au juste ? Et qu'est-ce que tu compte faire une fois que je serais partie ?

Je l'imaginais solitaire, à tourner en rond dans cette maison délabrée des semaines durant. L'once de compassion qui me restait se manifesta. Cela n'allait pas être une partie de plaisir pour elle. Se retrouver face à sois même, obligée de se confronter à ses erreurs, coincé dans un même lieu, faible, incapable de faire quoi que ce soit... Je n'enviais en rien sa situation et me demandais même si elle en avait conscience. Le suicide est et restera à mes yeux une grave erreur, une punition amplement méritée. Mais devoir souffrir autant en étant si jeune ? Je ne savais que faire pour alléger sa peine capitale... Peut être lui proposer de repasser la voir ? Elle ne m'était pas antipathique et sa façon de réfléchir m'était utile. Oui, une fois Milady retrouvée, je reviendrais ici. C'était certain.

Je ne savais pas si on pouvait dire qu'elle s’était calmée. Elle venait de se s'assoir près de la table, balançant ses jambes comme j'avais l'habitude de faire quand je m'ennuyais. Mais peut-être que chez elle ça voulait dire qu'elle réfléchissait ? Son cas n'était vraiment pas simple finalement, car des solutions il y en avait quelques une, toute pouvait très bien fonctionne avec une personne normale. Or elle était tout sauf normale. Elle ne pouvait pas aller voir n'importe qui et toutes les autres personnes risquaient de donner l'alerte ou de prendre peur sans essayer d'en savoir plus. À ce a il suffit de rajouter que l'on ne pouvait même pas être certain qu'elle arrive toujours a communiqué, on ne se promenait pas tous avec un crayon et un bout de papier.
Je lis alors qu'elle jugeais ça soeur faible, bon si elle était dans le même état que moi c'était déjà quelque chose de certain, même si je supposais qu'elle parlait plus de psychologique. Bon si elle s’était suicidée, ça pouvait très bien le prouver, même si cette idée ne me plaisait pas, mais moi aussi j'avais été faible. Mais bon elle la connaissait, enfin en partie, car après tout, si elle ne savait pas ou sa soeur habitais, est-ce qu'elle savait vraiment encore comment elle était ? On pouvait changer avec les années, j'en avais fait les frais en quelque sorte.

-Je suppose quand tu dis ça, c'est quand vous étiez encore souvent ensemble ? Mais ça fait combien de temps au juste que vous ne vous êtes plus vu ? Si elle n'a pas agi pour ta sauvée, ce ne serait pas, car elle a gagné en caractère ? Si c'est le cas, tu risques d'avoir des soucis à obtenir ce que tu veux.      

Je ne savais pas vraiment pourquoi je m'inquiétais en quelque sorte pour elle. Bien sûr je pourrais mettre ça sur le compte de mon nouveau statut, mais je crois que c'était plutôt à cause de l'influence qu'avait eue ma défunte amie. Elle m'avait appris le plaisir qu'elle avait à aider les autres et j'avais de plus en plus de mal à faire ce que j'étais censée faire et malheureusement pour moi ça avait très mal fini. Cependant, elle avait laissé en moi des traces et je commençais à comprendre que je pouvais ressentir beaucoup plus de sentiment, sauf que je ne ressentais pas ceux que l'on pourrait dire bénéfique, je commençais à le savoir petit à petit.
Elle me remercia alors pour mes idées, bon j'espérais qu'elle puisse vraiment en faire quelque chose. Seulement âpre, elle me demandait en gros pourquoi je m'étais suicidée et aussi ce que j'allais faire après son départ. Je ne lui répondis pas tout de suite, la honte, la culpabilité grandissant en moi. Elle aussi avait tué, mais je supposais que l'on était quand même différente à ce niveau-là. En tout cas pour les raisons. Et puis je ne savais pas vraiment comment lui expliquer tout ça, maintenant tout me semblait tellement irréaliste. Je n'étais même pas certaine qu'elle me croit, j'étais consciente que je restais quelque d'assez jeune pour mon propre passée.

— je... J'ai une famille un peu particulière, on va dire qu'ils m'on élever d'une manier et j'ai fini par rencontrée une fille qui ma montrer une autre façon de vivre. Quelque part, je suis comme ta soeur, de ma faute elle s'est fait tuer. J'aurais du resté loin d'elle finalement. Vu que j'ignorais le futur, j'ai voulu la rejoindre en quelque sorte.      

Ma voix était devenue étrange, en faite c'était comme si je pleurais, sauf qu'aucune larme ne pouvait sortir de mon visage de brume. Même en parler me faisait encore un souffrir.

-Quand a ce que je vais faire, je ne sais pas. M'entrainer comme tu m’as parlé certainement, essayer de pouvoir au moins sortir d'ici, car ce n'est pas facile de rester à l'endroit ou elle est morte. Même si je ne sais pas combien de temps ça peut me prendre. Si je venais à y parvenir, j'essayerai peut-être de trouver une des miennes pour lui posée des questions plus profondes sur ma nouvelle race.      

Même si ça, je ne savais absolument pas pour combien de temps j'allais en avoir. Je pouvais dire le moins longtemps possible, mais je ne me faisais pas d'illusion non plus.

- En faite ces des choses que j'essaye de me dire pour pas restée prostrée, mais finalement comme tu la dis, je suis trop faible actuellement et je ne suis pas certaine d'y parvenir.      

Il est vrai que je ne m'étais pas posée la question. Milady avait-elle pu changer ? Et puis... depuis combien de temps au juste airais-je dans cette ville ? Des mois ? Des années ? J'avais perdue la notion du temps. Seule une petite voix intérieure me disait qu'avant notre mort, nous ne nous étions pas vu depuis à peu près un an. Mais depuis... Avoir un corps qui n'a plus les besoins humains de base comporte quelques soucis de ce côté là. Et puis toutes mes journées se ressemblaient... Ce choc me fit me raidir sur ma table. Je ne savais pas. Mais alors absolument pas depuis combien de temps j'étais morte. Et aucun moyen de le vérifier pour le moment. Pas de tombe... pas de date. Ce devait être la même chose pour ma grande sœur. Dans le doute, je choisis toute fois de garder comme valeur le temps qui m'était connu.

Ça fait un an qu'on ne c'est pas vu vivantes. Depuis que l'on est mariées.

Mariées... Je vomissais ce mot. Je vomissais ces sentiments d'amour illusoires. Je l'aimais, et il m'a détruite. Et pourtant, maintenant que son sang a coulé sur mes mains, je ne garde qu'on sentiment d'amertume. On pourrait penser que ma haine se dirigerait vers mes parents qui m'ont mise dans cette situation, mais non. Ils n'ont fait que leur travail de parents bourgeois. Celui de choisir un époux riche à leur enfant. Ils n'ont pas prêté attention à la qualité de leur beau-fils. Après tout seul son compte en banque les intéressaient. L'argent était un beau poison et le monde entier en était pervertit. Écœurant.

Kanae, après quelques minutes de silence quasi religieux dans ce bâtiment abandonnée, seulement interrompue par les grincements provoqués par le vent, se décida à me révéler au compte goûte quelques information. Alors comme ça, tout venait de sa famille ? Je la plaignais, moi même en ayant une qui n'en a de prestige que le nom. Certains disent que "la famille, c'est sacré"... qu'ils me font bien rire... J'étais persuadés que l'Ombre et la Dullahan ici présentes ne pouvaient en dire autant. J'étais morte par la faute de ma sœur, elle était morte pour son amie. Deux situations différentes en tout point mais qui nous avaient amenés à un même état. Elle était morte et j'étais un cadavre ambulant sans tête. Joyeux cortège. Sa voix était teintée d'émotions alors qu'elle me racontait tout cela. La douleur devait être encore poignante... L'avait-elle vu morte ? j'en mettrais ma main à couper. Les traces de sang à peine discernables au sol étaient encore visibles, surtout pour quelqu'un qui avait-du en nettoyer une grande quantité chez elle... Souvenirs, souvenirs...

Je ne savais que faire pour la rassurer. Étrangement, je voulais l'aider. Ma nature de bonne samaritaine n'avait pas tout à fait fini avec la chute de mon cerveau. Mais que faire ? Je ne pouvais décidément rien pour elle. Certes, Kanae avait décidé de s'entrainer comme je le lui avait conseillé... Mais combien de temps cela prendrait ? Combien de temps s'écoulerait avant qu'elle ne rencontre une nouvelle âme ? Et si elle finissait par abandonner et se contenter d'attendre que quelque chose se passe ? Je me doutais que la solitude, de base, ne la dérangeait pas. Mais pour une aussi longue période... hantée par la mort d'une personne chère à notre cœur... C'était bien trop difficile, peut importe la force mentale que nous ayons.

Je reviendrais te voir une fois que j'aurais assujettie Milady. Et elle aura un corps, elle pourra peut être t'aider.
Qu'en dis-tu ?

C'était là malheureusement tout ce que je pouvais bien lui proposer... Pour le moment. Mais mon petit doigt me disait que je reverrais souvent cette jeune ombre, particulièrement lorsqu'elle aura retrouver forme humaine et sera sortie d'ici. Reprendra-t-elle ses activités, que j'avais devinées illégales, d'autant ? A n'en point douter. En ça, elle me sera d'une grande utilité...

En un an les gens pouvaient vraiment changer. Ca ne faisais pas un an que je connaissais Loreline et pourtant. J'avais déjà tellement changé au niveau de ma personnalité, je m'en rendais vraiment compte en ce moment même. Quand au lieu de continuer à repousser les autres comme je l'avais toujours fait, je restais près de cette femme, à essayer même de l'aider à trouver des moyens plus simples pour retrouver sa tête. Bon, je ne savais pas encore si c'était pas pure sympathie, ni même si c'était pour la remercier de m'avoir aidée. Mais je l'avais fait spontanément, sans vraiment m'en rendre compte. Je ne voulais pas croire que c'était seulement mon changement de nature.

-Ca fait déjà pas mal de temps, mais en même temps je suppose qu'il restera toujours des traces de celle qu'elle était et puis vous êtes de la même famille, j'espère qu'elle aura ne serais ce qu'une once de remord pour que tu puisses faire ce que tu veux. Je te le souhaite en tout cas.

Remord, culpabilisée, c'était deux sentiments qui avait entrainer ma mort. Pourtant je savais que je les ressentais plus fort à l'heure d'aujourd'hui que lors de ma mort. Mais si ça m'avait semblé impossible le jour avant, mais visiblement c'était bien le cas. Donc si sa soeur avait eu ne serais-ce qu'une partie de ces sentiments c'était gagné pour elle, j'étais certaine que dans ce cas-là elle pourrait réussir sans trop de soucis.
Je m'étais alors demandé, pourquoi c'était elle suicider elle ? Pour sa soeur ? Si je comprenais bien cette dernière, ce serait étonnant. Est qu'il avait eu autre chose dans sa vie ? Certainement. Alors je réfléchissais à autre chose en pensant à ce petit détail. Quelque chose qui pourrait l'aider à obtenir ce qu'elle voulait.

-Tu à sens doute déjà pensé à ce que je vais te dire. Vu le temps passé, je suppose que tu ne sais pas pourquoi ta soeur a fait ça, je veux dire me donner la mort, chose qu'elle savait à quoi ça allait entrainer, vu que toi tu le sais. Découvrir la raison de son acte ne t'aiderait-il pas à avoir ce que tu veux ?

J'avais conclu qu'elle savait tout ce qu'elle m'avait appris sur les ombres à causes de son éducation. Du coup sa soeur devait avoir eu la même. Je me demandais comment on pouvait choisir de mourir ainsi en sachant ce qui nous attend ensuite. Peut-être en jugeant que c'était quelque chose de mérité ?
Elle proposa alors de revenir avec sa soeur une fois qu'elle aurait réussi ce qu'elle voulait. Ces vrai que si elle pouvait sortir, ce ne serait pas mal, mais en même temps, je ne sais pas si on pouvait comptée dessus. Pas que je ne lui faisais pas confiance, étrangement c'était tout le contraire. Mais il y avait un autre problème de taille le temps. Je ne savais pas pour combien de temps elle en aurait, elle pouvait très bien en avoir pour une semaine, tout comme un an.

-Merci. Est-ce que je peux te demander quelque chose ? Ça va peut-être te paraitre étrange comme question, mais bon. Pourquoi ? Je veux dire c'est très gentil et ça m'aiderais certainement, mais je ne suis pas habituer a ça, alors j'ai du mal a comprendre la nature de tel geste.

Toujours habituer a devoir me débrouiller tout seul, a ne devoir conte sur personne et encore moins sur des personnes suspectes. C'était vraiment des choses que je n'étais pas habituer. On n'avaient rien sans rien que me disais mes parents, hors je ne pouvais ne pas lui apporter grand-chose, elle m'avait apporté des réponses, je lui avais apporté des idées... je crois, même si je ne pouvais pas être certaine que c'était pour ça que je l'avais fais. Mais du coup ça ne laissait pas mal d'interrogation pour moi et j'espérais qu'elle ne le prendrait pas mal, ou même qu'elle ne déciderait pas tout simplement de revenir sur sa proposition, car là j'aurais juste réussi à faire une belle gaffe. Mais je voulais comprendre, comme j'avais toujours essayé de comprendre mon amie.

La nuit commençait à tomber, la faible lumière qui parvenait à entrer en se sombre lieu s'estompait. Bientôt, il me faudra allumer quelques bougies afin de ne pas sombrer dans la noirceur la plus totale. Kanae, quand à elle, devait apprécier le jour déclinant. Plus d'ombre, plus de moyen de se fondre. Mais ne risquait-elle pas de disparaitre ? L'image de ne plus pouvoir observer mon interlocuteur, même avec un corps si peu humain, ne m'enchantait guère. Aussi tôt pensé, aussi tôt fait. Je me relevais d'un petit bon à la recherche d'allumettes, que je ne mis pas bien longtemps à trouver, cachés au fond d'un tiroir. J'étais surprise de voir en cette maison si délabrée autant de traces de vie. A n'en point douter que l'Ombre ne s'était pas donnée la mort ici par hasard. Un lieu de rencontre fréquentes ? Probablement. J'allumais alors quelques bougies placée assez loin des fenêtres et stratégiquement dans la pièce afin que la lumière soit à peine visible de l'extérieure. J'avais appris à prendre toutes ces précautions durant ma cavale, et je ne souhaitais pas être déranger en cet endroit que je ne connaissais pas. Beaucoup trop dangereux. Il n'y avait qu'une seule sortie que je connaissais, bien trop peu pour pouvoir m'enfuir. Devenais-je un tantinet paranoïaque ? C'était tout naturel quand l'angoisse de se faire arrêter par les forces de l'ordre ne vous quittait pas. La prudence était de mise.

Je revins ensuite m'assoir sur ma table, confortablement assise appuyée sur mes mains dans mon dos, les jambes ballottant dans le vide. Je me concentrait alors à nouveau sur les paroles de Kanae. Il est vrai qu'en un an, Milady avait bien pu changer, tout comme ce fut radicalement mon cas. Mais on ne change pas sa nature profonde aussi facilement et celle de Milady était pathétique. Toujours obéir, bien se faire voir par nos parents qui n'en avaient pourtant rien à faire de nous... Et moi en petite sœur émerveillée, je l'imitais, jouais aux petites filles modèles alors que mon seul désir était de courir dans le jardin. Couture, cuisine, ménage, bienséance... Que j'avais détesté apprendre tout cela ! Connaissances inutiles... Jamais on ne m'avait appris ce qu'était "la vie" et ses horreurs. J'avais fais mes épreuves seule, sans aucune aide, et commis des erreurs, nombreuses, qui ont été jusqu'à me conduire à l’échafaud. Mais je ne m'en faisais absolument pas pour cette traitresse. Elle avait du vivre dans le luxe, à l'abri de tout, protégée par un mari riche, puissant et aimant. Si changement il y avait eu, il ne devait pas être bien radical. Si épreuve elle avait du vivre, elles ne devaient pas être de la même nature que celles que j'avais subis.

Elle a vécue avec un juge, cocoonée, comme nous l'étions plus jeunes. Elle n'aura que peu changé.

Durant toute notre enfance, nous avions vécue au manoir de nos parents, sans jamais voir le monde extérieur. Lorsque nous nous sommes retrouvés mariés, nous avons été comme jetés dans la fosse aux lions. Je ne sais absolument pas comment s'en est sortie Milady, mais son naturel studieux devait lui avoir permis de réussir ce passage. Quand à moi... tout ce passait bien au début... j'étais heureuse... Mais il ne m'a traité ainsi que pour mieux pouvoir me berner et m'utiliser ensuite. J'avais été naïve, stupide, et je n'avais personne pour me conseiller ou m'aider. Pour ce qui est de la raison du suicide de ma sœur, je pressentais fortement que je n'y étais pas innocente. Peut être une soudaine prise de conscience ? Elle avait toujours été lente à réagir. En revanche, je la crois suffisamment émotive et idiote pour ne même pas avoir pensé aux conséquences de son acte lorsqu'elle s'est donnée la mort.

Suicide spontané. Elle n'y a pas réfléchit, la connaissant. Et je pense qu'elle ne s'est rendue compte qu'après coup de ce que ma mort signifiait à ses yeux. Une fois que ma tête roulait déjà sur le sol.

Un peu de plomb dans la cervelle ne lui ferait pas de mal à celle là... Et voilà que mes sentiments négatifs refaisaient surface. Quand donc mon instabilité allait-elle cesser ? C'était agaçant à la fin ! L'interrogation suivante, que je trouvais totalement légitime et logique de la part de la petite ombre, me força d'autant plus à réfléchir sur cette dualité en moi. Depuis le début, je me demandais pourquoi je l'avais aidé. J'aurais pu tout aussi bien tourner talons dés l'instant où elle m'annonça ne pas être Milady. Mais non, il avait fallut que je reste poliment ici répondre à toutes ses interrogations, jusqu'à développer une forme de compassion envers elle. Ce qui était tout à fait digne de ce que mon ancienne moi aurait fait, mais totalement contradictoire avec cette nouvelle moi que je tentais de comprendre. Que devais-je répondre ? Ce qui m'intrigua ensuite et fixa ma décision était ces derniers mots. "j'ai du mal a comprendre la nature de tel geste"... Cela s'adressait alors à la bonne âme que j'étais. Et je me remis dans sa peau quelques instant afin de savoir quoi répondre exactement.

Aider une personne en difficulté est quelque chose de gratifiant. Cela ne nous est peut être pas utile personnellement, mais le simple fait d'avoir été utile à quelqu'un est suffisant pour que l'on se sente bien. C'est un acte naturel que de rendre service aux autres. Même les animaux le font entre eux.

Je me doutais bien que ma réponse ne la satisferait pas complètement. Si elle n'avait jamais rien ressentie de cela, ou même rien ressentie du tout, le cœur humain devait être un véritable mystère pour elle. J'espérais seulement qu'elle ne se ferait pas dévorée à force de vouloir ressentir toujours plus et comprendre toujours plus... Comme je l'avais été.

Je la vis soudainement se levée d'un bond, elle avait alors cherché auprès des bougies et de quoi les allumer. C'est vrai que maintenant que je regardais par la fenêtre la nuit commençait à se décliner. Je m'étonnais qu'elle en aille besoin, car bon ce n'était pas comme si elle ne pouvait pas me voir. Enfin je crois, elle n'avait pas d'yeux alors bons ? Quand à moi, ça faisait déjà assez de temps que je n'avais pas put allumer quoi que ce soit. C'était bien dommage, mais j'avais fini par m'y habituer. Enfin de base, j'étais quand même habituée à rester dans l'obscurité, du coup je pouvais dire que j'étais assez habituée pour ne pas en avoir besoin. Mais je la laissais faire sans dire un mot.
Elle était confiante quand au caractère de sa soeur, pour elle, elle ne pouvait pas avoir beaucoup changé, car sa vie était assez douce pour que ce ne soit pas le cas. C'était tout des choses que j'avais un peu du mal à saisir, mais bon, j'avais essayé de comprendre son point de vue le mieux possible. Être choyé et protéger, c'était tellement abstrait pour moi que je ne voyais pas vraiment comment ça pouvait changer les choses ou nous faire avoir un caractère propre. Enfin, je supposais que c'était quelque chose de normal. Entourée d'amour et de protection on avait un petit caractère, mais quand on était éduqué comme moi, c'était totalement différent.

-Même sans réfléchir je me demande comment elle a pu faire ça. Je veux dire, si seulement j'avais si, jamais je ne l'aurais fait, moins que... tu penses qu'elle aille pu me punir volontairement ? Se dire qu'une vie maudite serait une juste punition pour ne pas t'avoir aidé ? Enfin maintenant oui, je crois que dans certain moment on peut oublier ce que l'on sait et du coup faire quelque chose que l'on va regretter pendant pas mal de temps. Mais bon, j'ai un peu du mal à comprendre comment on peut faire ce geste en sachant.

Ce qui m'avait valu de finir dans cet état c'était l'ignorance, or ce n'était pas le cas. Est-ce qu'elle avait vraiment été assez stupide pour oublier ce qu'elle savait sous le coup de la tristesse ? Je trouvais ça à la limite pathétique, mais je gardais ça pour moi, même si je supposais qu'elle pensait la même chose du geste de sa soeur.
J'avais alors lu sa réponse. Je l'avais fait plusieurs fois pour essayer de comprendre vraiment ce qu'elle avait noté, mais je n'y arrivais pas. La seule chose que je remarquais, c'est que c'était plus au moins ce que me disait aussi mon amie la première fois que je lui avais posée la question, seulement je n'avais jamais compris. Peut-être qu'elle trouverait d'autres mots qui me permettraient de comprendre enfin.

-Je n'a pas été habitué à aider gratuitement. Tout service demande salaire, c'est ainsi que j'ai grandis et la seule satisfaction que j'avais, c'était de voir l'argent tomber. Pourtant malgré tout on pouvait dire que je les avais aider non ? Mon amie a bien essayé de me faire comprendre son point de vue, mais pour moi dès que quelqu'un nous aide, c'est qu'il attend quelque chose en échange.

Bon bien évidemment j'avais bien vu qu'elle ne semblait pas vouloir quelque chose, mais est ce que je pouvais vraiment en être certain ? Et puis j'avais essayé de raisonner avec elle, donc il y avait bien eu une sorte d'échange, même si elle n'était pas monétaire. Non je crois que je n'arriverais jamais a faire vraiment confiance a quelqu'un qui me disait qu'il m'aidait, car c'était bien. Peut-être un ange, car c'était dans leur nature, mais pas pour les autres, ça je ne voulais pas y croire. Après tout c'était quinze ans d'éducation qui était remise en question. Ce n'était vraiment pas simple à faire. Peut être avec le temps et encore.

Spoiler:

La jeune ombre avait le don de me faire réfléchir plus posément sur ma sœur. Dans mon esprit, il était claire que son geste avait été spontané et dénué de toute réflexion. Mais en y réfléchissant mieux... Milady n'était pas si stupide que ça... Ce pourrait-il au final que Kanae ait raison et qu'elle ait fait tout cela pour se punir ? Hum... Possible... Mais cela ne changeait rien au final. Punition ou pas, son sort lui était largement mérité et justifié. Pourtant... je sentais en moi une once de remords quand à son geste... mais ce sentiment était bien trop faible pour que j'y prête réellement attention et bien vite, ma colère le chassa comme le vent balaye les feuilles des arbres. C'était réellement désagréable de ne pas parvenir à comprendre son propre ressentit. La colère... la haine... émotions si contradictoires avec l'image que j'avais de l'ancienne moi ! Et c'était pourtant mon cœur qui battait aussi fort du désir de vengeance. Ce brutal changement était venue avec celui de ma nature et je pressentais que tout cela était lié. Trouver une personne capable de m'en apprendre d'avantages sur les Dullahans, voilà ce qu'il me fallait. Mais alors que je me perdais dans ma réflexion, un détail me frappa... Ce que je savais des ombres... Milady le savait-elle également ? Curieusement, je peinais à m'en souvenir... Et le doute s'empara de moi... Toutefois, je décidais de souligner la justesse des propos de mon hôte, observant avec inquiétude la pile de parchemin encore vierges diminuer.

Tu n'as pas tord. Mais pour l'instant, je n'ai pas le moyen de savoir ce qui lui est passé par la tête tant que je ne l'ai pas retrouvée. Mais peut importe le pourquoi du comment, les faits resteront inchangés et je la forcerais à m'aider si il le faut. Après tout, une famille est censé s'entraider...

S'entraider hein... Même moi je ne croyais plus en ces mots. La notion même de famille avait totalement été remise en question lorsque j'avais quitté mes parents pour mon bourreau. Au final, en y réfléchissant bien, je ne savais pas ce qu'était une véritable famille et savait parfaitement que je ne devais pas me baser sur mes propres expériences. A mes yeux, je n'ai toujours eu qu'une seule famille et elle m'a abandonnée. Comment pourrais-je encore avoir fois en ce qui est pourtant la base d'une vie humaine ? Impossible. Je haïssais déjà l'humanité pour tout ce qu'elle m'avait forcé de subir. Chassant ces idées noires qui ne me rendaient que plus mauvaise, je me tournais vers le corps fantomatique de Kanae, l'écoutant attentivement m'expliquer sa vision de l'aide. Il est vrai que tout service demande salaire... et celui-ci peut prendre différentes formes. J'entrevoyais de mieux en mieux le meilleur moyen de lui faire comprendre ce qu'aider les autres pouvait apporter.. Et m'empressais de fixer à nouveau la table de bois pour le rédiger. Je commençais par ailleurs à sérieusement avoir mal au poignet...

Et bien... je comprends ton point de vue. Dis toi que lorsqu'une personne en aide une autre, cela lui apporte une satisfaction personnelle. Celle tout simplement d'avoir fait le bien. Pour beaucoup de personnes, "être quelqu'un de bien" est très important. Probablement pour des croyances quelconques... Et puis en général, les personnes "biens" ont moins de problèmes dans leur vie par rapport aux autres.

J'étais assez satisfaite de cette réponse et me retournais à nouveau vers l'Ombre. C'était assez intéressant de devoir lui expliquer des notions pourtant si basiques de la vie humaine. J'y trouvais un certain... amusement... et espérait pouvoir lui en apprendre d'avantages au court de la soirée.

Spoiler:

Une chose était certaine, sa décision était prise au niveau de sa soeur. Car peu importe, ce que j'avais beau lui dire ça ne changeait rien. J'espérais donc vraiment que tout ce passe comme elle le souhaitait, malgré qu'il valait mieux prendre toutes ces possibilités en compte. Maintenant elle était au courant et je supposais qu'elle agirait en conséquence. Quelque part je le comprenais, elle voulait en quelque sorte se venger de sa soeur qui ne l'avait pas protégé comme elle l'aurait du a ses yeux, bon c'était aussi quelque chose d'abstrait pour moi. Mais je comprenais son désir. Maintenant que l'incompréhension venait de passer sur mon état, je commençais à ressentir cette envie qui était dirigée contre mon propre frère. Enfin non pas seulement, contre toute ma famille entière. Je n'allais pas laisser passer ça. Ils allaient payer de m'avoir enlevé la seule chose qui m'avait apporté du bien dans ma vie.

-S' entraider, oui c'est possible, mais je suppose que tu dis cela ironiquement, vu que visiblement c'est justement le fait qu'elle ne t'a pas aider qui ta pousser a être ainsi et a vouloir te venger d'elle. Quand on y pense, je suppose que moi je suis simplement tombée dans l'oubli. Un échec dans la famille pourtant si parfaite et si forte.

C'est vrai que maintenant que j'y pensais, ils avaient beau avoir repris mon corps, je pouvais être certaine que j'allais rapidement tomber dans l'oubli, ou alors ils allaient se souvenir de moi comme l'assassin rater qui est mort à cause d'une autre personne. Je pourrais m'estimer chanceuse qu'ils finissent ne pas m'oublier finalement, car quand je sortirais d'ici, quand j'y arriverais enfin, je n'aurais que plus facile pour les surprendre et faire ce que j'avais a faire. Bon il me faudrait aussi devenir plus fort de base. Je n'avais jamais été capable de combattre mon frère, alors mes propres parents, je n’en parlais même pas. Il me ratatinerait en moins de trois secondes. Mais je me perdais dans des pensées, chose que je préférais évitée, je ne voulais pas encore réveiller cette partie que dormais en moi depuis que j'étais morte, je voulais encore attendre un peu, ne sachant pas comment je pourrais réagir.

-Tu était comme ça avant ton exécution ? À vouloir aider les autres sans jamais vraiment demander quelque chose en retour ? Enfin mise à part la satisfaction personnelle, que l'on peut très bien avoir pour le travail bien fait, tout en étant rémunéré. Mais bon ce a comme je te l'ai dit, j'ai du mal a voir les choses autrement et ces certainement pas près de changer, je suppose.

Car si c'était le cas, je trouvais ça ironique, c'était normal que je pense qu'elle avait été comme ça, elle semblait bien connaitre les raisons qui poussaient les autres à faire ça, donc bonnes. Mais finalement, ce n'était pas le faite d'avoir été gentille et d'aider les autres qui lui avait permis de vivre plus longtemps, ce n'était pas ses bonnes actions que le juge avait retenues quand il avait prononcé sa sentence, mais bien que les mauvaises. Alors bonne satisfaction personnelle ou pas, je trouvais sa stupide, car justement, ce n'était qu'un sentiment inutile, ça ne servait strictement a rien, si encore en vue de ses bonnes actions l'autre aurait été plus clément, là j'aurais pu essayer de mieux comprendre et de me dire que c'était quelque chose qui servait a quelque chose.

-en faite... si finalement peut être que ces personnes attendent de la reconnaissance en retour, simplement flatter leur ego en disant, voilà, moi au moins j'ai fait quelque chose, j'ai été utile a quelqu'un. Ça reste quelque chose d'immatériel, ce qui rend la chose comme même stupide, mais bon ils en tirent quand même quelque chose.

Même sans être capable de distinguer les expressions de mon visage -absent- ou encore de déceler une quelconque émotion dans le timbre de ma voix -inexistant-, Kanae était parvenue à deviner mon ton ironique. Je trouvais cela assez problématique, étant donné qu'il me fallait être capable de manipuler Milady... Si mes pensées étaient aussi déchiffrables, cela allait nettement me compliquer la tache. J'allais devoir y remédier et apprendre à cacher mes états d'âme avant de la retrouver... Hum... Son intelligence ne cessait de m'étonner pour quelqu'un d'aussi jeune, même si je me doutais que son cadre de vie devait y être pour beaucoup. Tomber dans l'oublis ? Bien triste situation, même si cela signifiait également autre chose à mes yeux... de beaucoup moins dramatique.

Tomber dans l'oublis, c'est aussi une chance pour toi de devenir qui tu veux.

C'est vrai, elle pouvait totalement décider de se créer une nouvelle vie, même si pour cela il lui fallait dans un premier temps sortir d'ici. Malgré tout, je l'enviais d'avoir cette possibilité d'avenir. J'aurais aimé également pouvoir me créer une nouvelle moi, faire table rase de mon passé, plutôt que d'être contrainte de souffrir de la perte de mon membre... Subissant mon changement radical de personnalité... Peut être qu'une fois que je l'aurais retrouvé, je disparaitrais totalement dans la nature, jusqu'à me faire oublier et réapparaitre tel que je le déciderais. Un passé réinventé, une personnalité réinventé... C'était tentant. Je devrais sérieusement me pencher sur cela une fois ma quête accomplie...

Oui, j'étais une véritable sainte avant mon exécution, tu es dans le vrai en parlant de mon égo. C'était compulsif, comme un besoin qui me semblait vital. Je n'avais l'impression d'exister qu'en me rendant utile auprès des autres. Mais je n'étais pas de ceux pensant qu'avec un peu d'amour et d'eau fraîche on peut bonifier la population. Je n'étais pas si naïve.

Pas comme ma sœur. J'avais toujours, au fond de moi, eu un peu conscience des dangers de ce monde. Alors que j'avais grandit protégée de tout mal, des notions comme la douleur ou la mort ou encore la cruauté ne m'étaient pas inconnue. Il me suffisait d'observer la nature tout autour de moi... Les fleurs fanant, une araignée dévorant une mouche prise dans sa toile, un oiseau à l'aile brisée... J'avais rapidement compris que ce monde n'était pas tout rose et sans danger, même si je me gardais bien d'en faire la moindre remarque. "Tais-toi et obéis !" Oui... Mais cela ne m'empêchait pas de penser et de me faire ma propre opinion de ce monde qui m'entourait... Contrairement à Milady... j'avais toujours eu l'impression qu'elle ne se posait jamais de questions, simplement heureuse de satisfaire les demandes de notre précepteur et nourrice. Une fois, j'avais essayé d'avoir une conversation avec elle sortant des sentiers tout propres qui nous étaient imposés... Un mur s'était alors dressé face à moi. Hermétique, voilà comment je définirais son esprit.

C'est vrai, finalement, aider les autres est quelque chose de futile, qui ne nous apporte qu'une satisfaction éphémère. mais imagine un monde dans lequel chacun vivrait uniquement pour sois, sans jamais penser aux autres ? Les faibles mouraient les premiers... mais sans faibles, il n'y a pas non plus de fort. Et rapidement, même la lois n'y pourrait rien. Le monde deviendrait à feu et à sang et je ne pense pas que nos dieux l'apprécieraient. Faire le bien au final sert à préserver l'équilibre, tout comme pour le fait qu'à chaque démon, il y a un ange...

Je me sentais une âme philosophique à parler ainsi. Mais il est vrai que d'imaginer un monde sans entraide était effrayant... Et nous condamnerait probablement à notre perte. L'équilibre doit être préserver sans doute, pour tout bien existe un mal...

Oui, elle n'avait pas tord, quelque part j'avais une chance de redevenir qui je voulais si on pensait justement que ma famille me pensait morte. Mais maintenant que je lisais sa réponse, je pensais à quelque chose. Et si ma famille savait ? Peut-être pas vraiment mon frère, mais mes parents ? Si eux savaient depuis le début ce que ça entrainait de mettre fin a ses jours, ils savaient que je me serais réveillée en tant qu'ombre. Mais alors serait-il venu jusqu'ici ? Je levais mon regard vers la fenêtre, comme si je craignais qu'ils apparaissent soudainement. Mais bien évidemment il n'y avait personne. Soit ils l'ignoraient, soit ils n’en avaient pas grand-chose à faire de ce que j'étais devenue.

-C' est vrai que l'on peu voir quelque part l'avantage que je peux vivre, si on peu dire comme je l'entends maintenant. Mais le problème, c'est que je ne crois pas que ce soit si facile. Il y a tout ce que j'ai fait, tout ce que j'ai vécu. Mes souvenirs et mon éducation de base. Je crois que recommencer une nouvelle vie sous prétexte que l'on est devenue une ombre n'est pas vraiment simple. Surtout que finalement, je suis ainsi à cause de ma passée.

Et en plus j'avais vraiment du mal à me sortir tout ça de la tête. Ces derniers jours je n'avais fait que ça. Pensée a tout ce que j'avais vécu, a toutes ces personnes que j'avais malheureusement tuées, sans vraiment me rendre compte que ce que j'avais fait été mal finalement. Je m'étais rappelée des mots de mon amie, ces derniers qui me disaient que je n'étais pas celle que je croyais, tout ça était tellement flou.
Elle m'expliquait alors qu'effectivement elle voulait aider les autres, car elle en avait besoin. Ça ne m'étonnait pas finalement. Je crois que personne ne pouvait faire comme ça pour une simple raison que le plaisir de le faire et encore, vu qu'ils en tiraient un certain plaisir, ce n'était pas gratuitement. Elle m'avait alors dit qu'elle ne pensait pas que c'était aussi simple qu'utiliser l'amour pour rendre le monde meilleur. Ce n'était pas faux, je me souvenais d'un contrat où j'avais appris quelque seconde avant l'exécution, que c'était son propre père, ce dernier avait beau avoir aimée et s'être occupé au mieux de son fils, ça ne changeait rien a ce qu'il était devenu finalement.
Je lisais alors attentivement ce qu'elle pensait du fait de faire le bien, pour elle c'était une nécessité, comme l'exemple des anges et des démons. Oui, je pouvais tenter de comprendre sa façon de voir, comme j'avais essayé de le faire pour mon amie. Mais finalement, je savais que j'allais juste encore passée pas mal de temps a me demander si j'ai vraiment compris ce qu'elle voulait dire et si ce n’était pas moi qui me faisais une fausse interprétation de ces propos. Mais j'avais aussi lu attentivement ce qu'elle avait mis en premiers lieux. Les faibles qui succombent au coup des plus fort. Pour elle à cause de ça, les forts n'auraient plus vraiment de raison d'exister, vu qu'il n'y avait plus de faible.

- Je suppose que tu as tes raisons de penser comme ça. Mais personnellement, vivre pour être forte et écrasée les faibles, c'est ainsi que ce déroula mon éducation et ce depuis que je suis capable de marcher et de comprendre ce que l'on me dit. Pour moi c'est naturel, seul les forts peuvent vivres dans ce monde. Il y aurait toujours plus faible que nous, certainement plus fort aussi.

Certes, au bout d'un moment, il n'en resterait qu'un, c'était tout à fait logique après tout, c'est pourquoi on avait aussi appris la plus grande discrétion dans ma famille. La force n'était cependant pas que physique, il y avait la force mentale aussi qui avait beaucoup plus d'importance contrairement à ce que pensaient certaines brutes qui fonçaient tête baissée dès qu'il y avait un souci.

Comprendre les difficultés qu'apportent la décision de changer m'était au final assez étranger. Peut-être était-ce du au fait que j'avais subis tous ceux qui étaient apparus dans ma vie ? Subis mon changement de foyer, subis mon nouveau mari, subis ses traitements, subis mon jugement, subis ma transformation... Pourquoi ne m'étais-je jamais rebellée contre cela ? Pourquoi n'avais-je jamais "choisis" de changer et me contentais toujours de subir ? Par faiblesse ? Par peur ? Ou bien tout simplement étais-je incapable d'agir ? Certains humains se disaient maîtres de leur destin, mais comment ? Je ne pouvais assurément pas déclarer de but en blanc à Kanae que changer de vie était facile quand je n'avais même pas été capable de changer la mienne qu'en étant au fond du gouffre. Il aurait été tellement plus simple que je porte plainte auprès de la milice... Ils m'auraient protégé, délivré ! Mais à la place, j'avais accepté sans broncher mon sort, jusqu'à ce que mon instinct de survie se déclare enfin, alors que la situation était à son point de non retour. Tuer ou être tué.

Le passé était un poison qui nous torturait, s'amusant à nous confronter à nos actes mauvais. Curieusement, j'étais plus enclin à me souvenir de mes souffrances que de ces "bons" moments que j'avais pu passé étant plus jeune. La douleur prenait-elle toujours le pas sur le bonheur ? Les dieux m'ont l'air de s'être bien amusé en nous créant, si contradictoires, toujours en combat avec le bien et le mal ! J'aurais aimé les rencontrer rien qu'une fois histoire de leur expliquer ma façon de penser... si j'en avais le courage. En attendant, je devais me contenter de la partager avec ma jeune ombre. Et même si le changement avait une connotation bien particulière à mes yeux, je ne pouvais m'empêcher de le désirer et d'y croire. Avec du temps, peut être...

Changer n'est pas facile. Se défaire de son passé encore moins. Mais avec du temps, tout est possible.
Et il me semble que tu en auras beaucoup à l'avenir.

L'éternité pour changer... Après tout, un être déjà mort ne peut pas mourir à nouveau non ? Était-ce la même chose pour moi ? Je ne vieillirais plus ? Cette perspective me réjouissais, car dans ce cas, effectivement, je pourrais recommencer une nouvelle vie et oublier celle-ci. Et puis je n'avais plus aucun soucis de vengeance concernant mon mari. Ils étaient tous morts. Sauf peut êtres... mais ceux là avaient leurs raisons, et je peux aisément les comprendre et les pardonner. Une vie pour une autre hein ? Ils ne me connaissaient pas, ne me voyaient que de la façon dont cette ordure me présentais... et ne pouvais donc avoir le moindre désir de m'épargner au lieu de sauver une personne qui leur est cher. L'idée d'imaginer des parties de sois dans un autre corps était assez étrange... Et cela me donna un étrange frisson.

Mais l'histoire à prouvé à plusieurs reprises que même les faibles peuvent se retourner contre les forts et les renverser... Mais dis moi, considérais-tu ton amie comme faible ? Pourtant elle devait bien t'aider. Ce qui prouve que même les forts ont besoins des faibles pour vivre. L'un ne vas pas sans l'autre.

Tout comme Milady avait besoin de moi quand nous étions plus jeunes, j'ai aujourd'hui besoin d'elle pour retrouver ma tête. Même si mes intentions envers elle sont loin d'être amicales, cela ne changeait rien aux faits. Sans elle, retrouver ma tête dans un lieu bondé d'hommes à ma recherches serait quasi impossible. Alors oui, j'allais lui faire payer son abandon, mais j'aurais également une dette envers elle, bien que cela ne me plaisais pas...

Même elle admettait qu'il ne me serait pas aisé de changer. Franchement je me demandais comment j'allais faire. Et puis il y avait autre chose. Changer d'accord, mais pour devenir quoi au juste ?

- Je n'ai connu qu'une sorte d'éducation, qu'une sorte de règle et de vie. Changer, pourquoi pas, mais pour devenir quoi. Je ne sais même pas qu'elles sont les possibilités qui s'offrent à moi. Ce que mon amie ma expliquer, ce qu'elle faisait, je sais que je serais vraiment incapable de faire de même, je n'ai pas sa... gentillesse, je n'ai même pas appris a être gentille. Tout ce que je savais faire, c'était être bien obéissant à ce que l'on me demandait et je trouvais ça normal.

Maintenant elle n'avait pas tord, j'avais l'éternité pour essayer de trouver le moyen de changer et essayer de voir celle que je voulais devenir, mais ça n'allait pas être simple, loin de là. Mais je pouvais au moins essayer. Enfin, pour ça faudrait que j'arrive à sortir d'ici déjà. Mais c'est vrai, maintenant qu'elle le disait j'étais devenue éternelle, je ne mourrais pas avant un bon moment, à moins que j'aie de la chance. Mon ancienne race m'accorderait une vie plutôt longue, mais pas éternelle du coup je n'avais ne jamais essayer d'envisager de vivre plus de deux siècles et pourtant c'était ce qui allait m'arriver. Enfin, je ne savais pas si c'était vraiment une bonne chose. Car je pourrais vivre un millénaire, je me retrouverais quand même enfermer ici et bon imaginons que je n'arrivais pas a sortir...
Elle m'avait alors parlé des faibles qui pouvaient se rebeller, puis elle me demandait si je considérais mon amie comme faible. Un sourire triste apparu alors sur mon visage. Puis elle me dit que j'avais eu besoin d'aide, ce n'est pas vraiment juste, enfin, c'était plus compliqué que ça pour moi.

-Oui elle était faible. Trop gentil, trop douce et surtout vraiment inconsciente. Au début, si je suis restée avec elle, c'est juste par ce qu'elle a attisé ma curiosité, je voulais comprendre pourquoi elle m'avait soignée. Cependant, quand elle m’a aidée, j'étais faible moi même. Car si j'avais été forte elle n'aurait pas eu besoin de m'aider.

C'était là tout le résulta de ce qu'ils avaient voulu que ce soit. Je crois que le pire, c'est que je le pensais réellement, j'étais certaine que je ne me trompais pas sur ce que je pensais. Penser qu'une de mes propres amies était faible, ça devait paraitre étrange finalement, mais c'était comme ça. Je n'arrivais pas à me dire autre chose à son sujet. Elle m'avait avoué n'avoir jamais combattu, même pas pour se défendre si ça venait à être nécessaire. Alors oui, elle avait beaucoup de qualité aux yeux des autres, mais pour moi malheureusement ce n'était pas le cas, c'est pour ça que j'étais restée près d'elle, je voulais essayer de comprendre plus ce qui c'était passée, pourquoi m'avait-elle soignée. Mais en même temps pourquoi je n'avais pas fait ce que j'aurais du a mon réveil, ces a dire mettre moi même fin a ses jours, mais finalement moi même j'étais faible, c'était la conclusion que j'étais venue. D'accord ça m'avait fait mal au cul de l'admettre, mais à force d'y penser, c'était ce que j'avais conclu.

- En faite, je suis aussi faible qu'elle, sauf que moi j'essaye, enfin je ne veux pas que les autres le sachent. Alors qu'elle, elle s'en foutait complètement, elle vivait comme elle était. Peut-être que quelque part elle était juste plus libre que moi.

Je n'avais pas l'impression d'être enfermée, mais est-ce que j'étais vraiment libre ? Finalement j'en doutais. J'avais beaucoup trop de choses à penser, je finissais par me perdre dans mes pensées finalement.

Ce que me racontais Kanae sur mon enfance et la façon dont elle fut éduquée me rappelait étrangement la mienne, bien que leurs styles doivent être bien différents. J'ai été élevée afin de devenir une parfaite jeune fille obéissante et bonne à marié au plus offrant. Pas de libre arbitre, pas de possibilité de faire part de ses désirs ou de ses opinions, pas de choix à faire. Tout m'était imposé, sous le prétexte, comme le disait si bien ma nourrice pour me rassurer, que "c'était dans mon intérêt". Un spasme de rire nerveux secoua mon corps. "Dans mon intérêt"... Ce que ces mots sonnaient creux et vides de sens, mais surtout faux... Dans mon intérêt de me marier à ce riche marchand, qui n'a vu en moi qu'une marchandise de plus à exploiter ? Non, je ne crois pas. Dans l'intérêt de mes parents plutôt... j'avais entendue une fois Milady répondre que ce qui était dans l'intérêt de nos parents l'était également pour nous, car c'est leur rôle de souhaiter notre bonheur et notre bien. Elle me faisait bien rire avec son endoctrinement. Formatée pour obéir, pour penser à leur façon, une parfaite petite poupée animée. Mais à l'époque, je n'avais ressentie que de la tristesse en l'entendant, alors qu'aujourd'hui ce sentiment pur était remplacé par un dégoût. Milady les encensaient. Eux qui n'étaient jamais là, n'avait jamais cherché autre chose que de nous rendre parfaite à marier... Moi je les haïssaient, et je n'appelais pas cela des "parents". Ce qui était assez étrange, par ailleurs. Au fond, je ne savais pas ce qu'était de vrais parents, une vraie famille, mais je savais que ce n'était surement pas le modèle que j'avais eu sous les yeux en grandissant. Ce qui ne semblait pas être le cas de la jeune Ombre ici présente. Elle aussi avait subis une sorte d'éducation, mais elle l'avait assimilé comme "normal", d'après ce que je comprenais. Tout comme Milady, à l'exception que cette dernière me paraissait beaucoup plus stupide que Kanae.

Il me fallait maintenant trouver une sorte de méthode qui permettrait à mon... amie ? Pouvais-je l'appeler comme ça ? Peut importe. Je devais lui apprendre à... apprendre ce qu'elle pouvait choisir de devenir. Et je ne voyais qu'une seule façon à cela. Elle me semblait curieuse, et c'était un avantage, de plus, bien que sa "prison" n'était pas placée au meilleur des endroits, il y avait toute fois pas mal de passage... Alors... oui, pourquoi pas...

Observe les gens au dehors. Observe leur façon de vivre, d'agir, analyse, et choisit ce à quoi tu veux ressembler. Puis imite dans un premier temps, jusqu'à faire de ta nature ce que tu veux, même si tu ne pourras jamais oublier celle que tu étais.

Ce n'était absolument pas aisé, mais dans son cas, c'est tout ce qu'elle pouvait faire. J'étais persuadés qu'en usant de tous les mots sur terre, personne n'arriverait à lui expliquer précisément ce qu'elle voulait savoir et comprendre. Elle devra alors le découvrir par ses propres moyens, se faire sa propre opinion, laisser parler sa curiosité... Cela lui demandera beaucoup d'efforts, de patience, et de travail, mais si le changement était une voix dans laquelle elle désirait réellement s'engager, alors rien ne pourra l'en empêcher. J'avais appris dans ma courte vie d'humaine qu'avec de la volonté et de l'intelligence, tout était possible. Et même si ce que je ressentais ne devait être qu'un résidus de mon ancienne personnalité, je lui souhaitais de réussir. De trouver sa voix, de se relever et de remonter des abysses dans lesquels elle était plongée, mais ce sera une tâche qu'elle devra effectuée seule. Epaulée, oui, mais seule dans ses choix réels.

Son point de vue sur son "amie" me laissait assez perplexe. Tout n'était donc qu'une question de force et de faiblesse à ses yeux ? Cette façon de voir, bien que simpliste, devait éviter bien des réflexions. Elle avait mit également sur un détail que je souhaitais relever... Je savais que cela n'était peut être pas "gentil" mais un pressentiment me disait que de toute façon, cela ne la ferait que plus réfléchir. Inverser la situation... la lui soumettre sous un autre point de vue... Oui, c'était intéressent.

Mais ne crois-tu pas qu'il y avait aussi une forme de force et de courage en elle à rester près de toi ? Tu es morte pour quoi exactement ? Parce qu'elle est morte également ? Mais elle étais faible selon tes dires, alors les faibles, si ils meurent, selon ta logique, c'est normal ? Pourquoi t'être suicidée pour une faible ? Tu considère qu'elle t'as rendue plus faible... Alors, même par curiosité, pourquoi être resté auprès de quelqu'un qui t'affaiblissait ? Pourquoi ne pas avoir éliminé cette faiblesse si comme tu dis, tu essaye de devenir forte et de cacher cette faiblesse ? Imagine toi une seconde si tu l'avais tué après qu'elle t'ai soignée, ta vie serait-elle meilleure ?

Toutes ces questions... avaient probablement toutes des réponses qui m'intéressaient de connaître. Je savais que c'était quelque part cruel de la forcer à se les poser, mais je voulais voir jusqu'à quel point sa façon de penser était figée, enchainée. Car je pouvais facilement la comparer à Milady, je le voyais bien. Je jouais peut être avec son mental, tel une scientifique, mais cela m'amusait. Et même énormément, et ne faisait qu'attiser de plus en plus ma curiosité. Aller Kanae, montre moi ce qu'il y a dans ta petite tête d'Ombre...

Observer et imiter ? Je crois que je comprenais ou je qu’elle voulait en venir, mais je n'étais pas certaine que ça marche vraiment, en tout cas, le temps que je me retrouve coincée ici. Mais qui sait, je pourrais avoir une agréable surprise, en tout cas je pouvais l'espérer. Je jetais un coup d'oeil par la fenêtre, bien évidemment, la rue était complètement déserte à cette heure-ci, je savais qu'une fois la nuit tomber tout devenait plus calme, c'était comme si le monde lui-même dormait. Alors que je savais que beaucoup de choses s'y passaient. Mes parents par exemple devaient s'être mis au travail, ainsi que mon frère. C'était le meilleur moment pour être le plus discret possible.
Cependant il y avait quelque chose que j'avais remarqué dans ces écrits. Je n'oublierais pas celle que j'étais. Je sais bien que du coup c'était logique, je n'espérais pas vraiment l'inverse à vrai dire.

-Je croit qu'il peut se situer là le problème. Car justement, si je n'oublie pas celle que j'ai été, comment est-ce que je peux devenir quelqu'un d'autre sereinement ? Déjà que je m'en veux pour tout ce que j'ai fait dans le passée, me dire que je dois maintenant vivre avec ça et essayer de faire comme si de rien n'était. Ça me semble impossible à faire. Je ne suis pas mauvaise à la base pour cacher ce que je ressens, mais depuis quelque temps, c'est vraiment devenu compliqué.

Pour ne pas dire impossible. Je n'avais jamais eu a ressentir des sentiments comme la tristesse ou autre du genre, donc, je n'avais jamais non plus appris a les camouflée, hors, si j'essayais de changer de vie, je crois que ça me trahirait rapidement.

-En plus, si je veux dois vraiment apprendre en observant, je crois que je vais vraiment devoir y allée par étape, mais ces contradictoires. J'aimerais être prête pour quand je sortirais, si je sors un jour. Mais ce n'est pas possible. Imiter du monde pourquoi pas, mais les passants passe assez rapidement ici, surtout depuis qu'ils savent qu'il y a eu meute, on ne peut pas leur en vouloir, mais en attendant, tout ce que je peux imiter, ces leur manière de marcher, et encore...

Oui je n'avais plus vraiment de jambes à proprement parler. Mais du coup je devrais sortir et seulement apprendre. Peut être que dans un sens se serais mieux que je reste ici pendant un bon moment, peut être jusqu'à la fin ? Mais outre le faite que ça allait être extrêmement long, je savais que ce n'était pas la solution.
Quand elle commençait à me sortir tout un flot de questions, je restais silencieuse, immobile. Quelque part, je comprenais toutes ses interrogations, je les trouvais même légitimes, mais je ne savais pas vraiment quoi répondre. Moi même je n'avais jamais trouvé de réponse depuis le temps, pourquoi était je restée vraiment près d'elle ? Oui j'étais curieuse, mais enduite ? Car oui, essayer de savoir, de comprendre, c'est bien, mais il doit bien avoir une raison plus profonde pour ce que j'ai fait no n ? Je restais alors un bon moment à réfléchir, je ne voulais pas lui répondre n'importe quoi non plus et puis il me fallait aussi prendre le temps de trouver les réponses moi même.

-Je crois qu'il y a qu'une réponse, enfin plus au moins. Ce n'est pas par ce que je t'explique que j'ai été élevée a la méthode les faibles meurent sous les coups des forts que je me crois forte. Finalement, moi aussi j'ai été faible, car je n'ai pas su faire ce que je devais, car je n'ai pas su combattre quelque en moi. Car je me suis infligé quelque chose qui a fait de moi celle que je suis aujourd'hui. Je ne sais pas si ma vie serait meilleure, peut être, en tout cas je ne m'en serais pas rendu compte, car pour moi ce que j'ai toujours fait est normal. Quand a pourquoi je suis restée avec elle... je me demande si... si en faite je ne ressentais pas le besoin de connaitre autre chose, une autre vie.

Je n’en savais fichtrement rien, mais c'était la seule idée qui m'était venue en tête, je ne voyais pas pourquoi j'aurais agi de la sorte si non. Peut être qu'inconsciemment, je me suis rendu compte que cette vie ne m’allait pas et que je devais du coup en changer, en mon amie, j'ai vu la chance de le faire. Mais je ne savais pas vraiment ce que je faisais, du coup j'ai été imprudente, je ne l'ai pas mise en garde, je ne lui est ne pas expliquer que ce serait mieux pour nous que l'on se voie différent, peut être moins souvent aussi. Je savais comment ma famille agissait, j'aurais du me douter de ce qui allait arriver, mais non, j'ai été stupide sur le coup, peut être aveuglée par un désire dont je n'avais même pas conscience.