Je m’endormis comme une masse, aucun rêve ou cauchemar ne perturba mon sommeil récupérateur. Je dormais tel un nouveau né, mes expressions de visages livrant avec elle mes sentiments inconscients. Certaines personnes pensent que le visage de quelqu’un qui dort reflète son état d’esprit. Je ne sais pas vraiment à quoi je ressemble quand je dors, mais je ne pense pas avoir un visage tiraillé ou contrarié, enfin c’est ce que je crois, personne ne m’a jamais dit le contraire. Je ne me suis jamais ouvert complètement à quelqu’un d’autre que Tian et je n’entretenais pas vraiment ce genre de relation avec lui.

Il me fallut quelques heures pour émerger. J’allais mieux, je n’étais pas en très grande forme mais aucune douleur ne tiraillait mes muscles. Mon cou me tiraillait un peu mais je constatais qu’il avait été traité avec soin. Je sentais une magie opérer non loin de nous mais je compris que c’était du fait d’Anwen. Cette femme…Elle dont je ne soupçonnais même pas l’existence il y a moins de trois jours. Elle développe en moi des sensations inconnues, des sentiments étranges que je ne comprends pas.

Quoi qu’il en est je reprends mes esprits, nous sommes toujours coincé dans cette maudite pyramide et je n’ai pas l’impression que l’on soit proche du sommet. Ce qui sous entends de nouvelles épreuves…Pour l’instant on est en sécurité et on a pu reprendre des forces, un luxe bien mérité. Mon calme et ma sérénité revenu je me sens de nouveau moi, bien que j’apprécie être avec Anwen j’ai repris le contrôle de mes esprits.

Après avoir frotté mes vêtements, pour enlever une partie du sable, je me relève et me tourne vers Anwen :

- Comment te sens-tu ?

Avec une pointe de tendresse dans la voix je voulais savoir si ma partenaire allait mieux et si mes traitements avaient opérés. J’avais été si inquiet pendant son sommeil, espérant à tout prix qu’elle se rétablisse. La pyramide n’a pas dévoilé tout ses secrets et je sais pertinemment que l’entraide sera notre meilleur allié, c’est d’ailleurs ce qui nous a sauvé jusqu'à présent, il n’y a pas de raison que cela change.

Je me sens prêt a repartir, méticuleux je vérifie si des choses se sont brisées dans mon sac. Je constate avec plaisir qu’aucune fiole n’a perdu son contenu, quelques plantes sont écrasées mais restes utilisables.

- Tu penses pouvoir reprendre l’ascension ?

Elle ne semble pas avoir de lésion grave mais il est préférable de lui demandé malgré tout, il vaut mieux éviter les mauvaises surprises. Pendant qu’elle me répond je nettoie le sang présent sur mon sabre et le range dans son fourreau qui pend sur mon flanc. Je me tourne vers elle prêt et déterminé à sortir d’ici avec elle, vivant bien évidemment. Il est clair que j’ai découvert ici une personne digne de confiance et sur qui je peux compter, j’espère vraiment sortir d’ici pour en apprendre plus sur elle.

C’est rare que cela m’arrive mais j’ai l’impression que ma mission passe après Anwen. Comment suis-je arrivé à cette conclusion ?

   
Le visage sérieux Anwen me répondait :

- Qu'est que tu racontes, Arizar ? Je vais très bien, ne t'inquiète pas pour moi ! Je te remercie pour tes soins, ils sont extraordinaires, je me demande comment tu fais cela, on dirait de la magie ! J'adore !! Je suis une infirmière mais je peux m'occuper que des blessures faibles ou des maladies et des empoissonnements... Mais, je ne peux pas soigner les personnes qui ont reçu des balles ou des plaies profondes... Je suis un peu inutile dans ces moments là !
- C’est grâce aux plantes et à leur bien faits. Parfois ce n’est pas suffisant et je dois utiliser mes aiguilles pour aider le corps à libérer son énergie intérieure, pour l’aider à se défendre avec plus d’efficacité. Les plaies profondes nécessitent beaucoup de soin et beaucoup de temps. Je ne peux rien faire par contre lorsque l’os est touché si ce n’est stabiliser la partie douloureusement cassée et attendre une reconstruction par elle-même.

Elle me gratifia d’un nouveau sourire elle semblait déterminée. Elle voulait rester avec moi et je ne sais pourquoi cela m’importait. Je suis content de l’avoir à mes côtés, je me sens plus fort depuis que je suis avec elle. C’est difficile à expliqué mais c’est ainsi.

La progression repris dans ce couloir avec la volonté d’en finir. Nous avancions avec une extrême prudence, sur nos gardes nous étions vigilants, guettant le moindre mouvement, le moindre son, mais il n’en fut point. Le couloir se terminait, un mur nous interdisant le passage. Frustrés et énervés, Anwen et moi étions désemparés. Mais ma partenaire entrepris de trouver un mécanisme permettant d’ouvrir un quelconque passage. Elle avait raison, ce n’était pas possible que ce couloir soit autant protégé alors qu’il ne mène nulle part.

De nombreuses minutes s’écoulèrent mais nous n’avions toujours rien trouvé. Je me mis a examiné le sol, s’il y avait un passage secret, il y aurait peut être des indices sur le sol, un frottement répété sur le sol, du sable poussé, des marques, des rayures, n’importe quoi…Mes yeux vairons me montrent ce que certain ne peuvent pas voir, si je devais désigner un moment dans lequel que j’appréciais la qualité de ma vue c’était bien dans celui là. Pratiquement une heure après je découvris ce qu’il nous fallait. Non pas le mécanisme d’activation mais l’endroit ou le passage secret se trouvait.

Dans l’angle droit du mur du fond se trouve le passage, il me semble que le mur qui nous bloque la route glisse vers la droite afin de nous laisser passer. Reste maintenant à trouver le mécanisme d’activation. Malheureusement cela fait presque trois heures que nous examinons le mur sans succès. Je sens l’énervement et la frustration me gagner mais j’ignore ces sentiments inutiles pour me re-concentrer sur notre tache.

C’est alors que j’entends un mécanisme s’activer, des vibrations agitent le mur du fond et ce dernier se met effectivement à glisser sur la droite, nous ouvrant la voie. Je me tourne vers Anwen, surpris, étonné, je ne comprenais pas comment nous avions activé le passage, peut être est-ce la femme qui m’accompagne qui a trouvé un moyen de nous faire passer…

   
Le passage est ouvert on se regarde, hésitant ne sachant pas qui de nous deux a ouvert. Elle finit par m’adresser l’un de ses sourires angéliques. Elle était déterminée à progresser et c’est elle qui s’engagea la première dans l’étroit passage.

- On y va ?

Anwen passa devant moi, le couloir était encore plus sombre qu’auparavant et je m’étonnais que cela soit possible. Afin de la rassurer, ou pour me rassurer moi-même, je place ma main dans son dos, ainsi elle peut sentir ma présence en permanence. La lumière de nos torche déclinait jusqu’à l’extinction, nous étions encore plus prudent puisque le noir nous encerclait. Nous progressions lentement, très lentement, à tâtons pour être précis, ce qui était étrange c’est qu’on entendait le rugissement du vent qui filait à nous oreilles. Le vent, j’aurai aimé le sentir glisser sur mon corps. Certes il ne faisait pas chaud dans la pyramide, mais le cloisonnement et cette odeur de renfermé commençaient à peser sur nos esprits.

Je ne sais pourquoi mais Anwen c’est arrêtée, c’est comme si elle attend quelque chose. Je ressens sa tension, elle progresse très lentement pendant un moment. Patiente et prudente, puis elle finit par me dire :

- Bon, j'ai déclenché un piège, mais y ahhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh !!!!!!!!!!!

D’un coup je ne sans plus rien au contact de ma main, Anwen à chuté ! Je sens sur le bord de mon pied le vide se trouvant devant moi. Un pincement au ventre me prend lorsque je comprends qu’elle est peut être blessée. J’entends de l’eau, comme si elle était tombée dans un puits. Mais le son de sa voix me rassure et me confirme qu’elle n’est pas blessée.

- N'avance pas !! Je suis tombée dans un trou avec de l'eau !!


Un trou ? Au milieu d’une pyramide ? Les concepteurs ont fait preuve de toute la malice possible. Bien je dois sortir ma partenaire de cet endroit. Plusieurs choix s’offrent à moi, la tracter à l’aide de mon baton, confectionner une corde de fortune avec ma veste et ma chemise, si le puits n’est pas trop large on pourrait se mettre dos à dos et pieds en équerre sur le mur, avec une bonne synchronisation remonter jusqu’à sorti du trou.

J’espère qu’elle n’est pas tombée trop bas sans quoi je serai obligé de descendre et risquerai de nous bloquer tout les deux avec le risque que nous ne puissions pas remonter.
Je me mets donc à plat ventre et lui tend mon bâton afin qu’elle s’en saisisse et que je la tracte. Je tends les bras et essaye de faire descendre mon arme le plus bas possible tout en gardant une prise confortable.

- Essaies d'attraper mon bâton, je ne sais pas si tu peux l’atteindre.

J’attends pendant quelques instants une réponse ou un poids sur mon arme me signifiant qu’elle avait réussi à se saisir de mon grappin de fortune.

   
Lorsque l’eau s’agita je compris que quelque chose n’allait pas. J’étais inquiet, je ne voyais absolument rien mais j’entendais l’eau, de plus en plus fort. Puis Anwen apparut devant moi, soulevée par de l’eau boueuse et croupie. Elle semblait agité et presque apeuré mais se montrait forte, seule sa respiration trahissait son état, c’est d’ailleurs avec cet état d’esprit qu’elle me présenta ses pensées :

- Ne t'inquiète pas, tout va bien ! Par contre, je me demande si on a pris le bon chemin pour aller au sommet ...

J’étais d’accord avec elle apparemment aucun de nous deux n’a activé un quelconque mécanisme pourtant le passage c’est quand même ouvert. Anwen fit demi tour, elle semblait être persuadé que nous n’avions pas prit le on chemin. Elle réexaminait le mur et c’est avec une grande déception qu’elle comprit qu’il n’y avait aucun autre mécanisme. Elle commençait a s’énerver et je la comprenais mais je devais garder la tête sur les épaules et ne pas céder, je devais rester calme en tout circonstance.

Je la regardais avec tendresse lorsqu’elle s’assit. Un peu gauche, elle glissa et se cogna la tête contre le mur, l’une des briques sortie du mortier, pas entièrement mais suffisamment pour nous pousser à la faire tomber, étant désolidariser le mur suivis juste après.

- Bah, je crois qu'on a trouvé notre autre chemin ... Bon, j'espère que c'est le bon cette fois...
- J’espère aussi je n’aime pas être enfermé ainsi, ça me rappelle trop mon passé, particulièrement mon enfance.

Ce couloir est nettement plus éclairé, Anwen faisait preuve de beaucoup plus de prudence et malgré la lumière qui régnait dans la pièce elle avançait à tatillons, non pas que cela soit une mauvaise chose, bien au contraire. Le couloir ne présentait aucunement ce que nous avions vu jusqu’à présent. L’endroit était éclairé grâce à un ingénieux système de conduit et de miroir, c’était plaisant de voir un peu de lumière autre que celle de nos torches.

De nouveaux dessins représentatifs ornaient les murs, bien plus nombreux, plus explicites, on pourrait presque comprendre une histoire dans ce qu’ils représentaient. Anwen avait l’air d’apprécier et s’attardait un petit peu, je me plaçais juste derrière elle pour regarder ce qu’elle examinait. Mon souffle glissant sur sa nuque, passant sur son cou et ses épaules. Ce n’était absolument pas calculé de ma part mais la proximité avec cette femme ne me dérangeait pas, l’espace restreint réduisant l’aspect de proximité au toucher j’avais l’impression d’être plus éloigné que je ne l’étais vraiment.

Nous progressons au rythme de nos lectures et de notre compréhension, nous attardant sur certains détails, un détail attira toutefois mon attention. C’était plutôt l’absence qui m’avait percuté, des sortes de présentoirs se trouvaient un peu partout dans le couloir, tous étaient vides.

- Anwen ? Tu ne trouve pas qu’il manque quelques choses ? Regarde ça, on dirait des présentoirs, ils sont tous vides.

En même temps que je lui parlais, je lui désignais les petits trous dans les murs qui m’intriguaient ainsi que les petits piédestaux qui se trouvaient à intervalles réguliers. J’analysais en même temps que je parlais, l’absence d’objets à ces emplacements me paraissait étrange et la seule explication qui me venait à l’esprit c’était que des chasseurs de trésors étaient déjà passés avant nous.

J’étais un peu déçu d’apprendre ça, non pas que les richesses m’importent, mais cela voudrait dire que quelqu’un à déjà réussi à sortir d’ici. Le challenge perdait de son intérêt. Je tirai un peu la moue, je sais que presque personne n’a atteint le sommet, mais quelques uns ont tout de même réussi…

   
- Tu crois qu'on est presque arrivé ??
- Honnêtement je l’espère, on a jamais vu de pièce comme celle la, je pense que nous ne sommes pas loin.

Le chemin se sépare, nous nous engageons sur la voie de droite et on se rend rapidement compte que les deux chemins mènent au même endroit, nous arrivons dans une magnifique pièce totalement éclairé par un merveilleux jeu de lumière. La lumière est tellement présente que j’ai l’impression de regarder le soleil, d’ailleurs elle est guider pour éclairer un point particulier, nous avons face à nous une tombe. Surement celle d’un ancien grand roi, la tombe est hermétiquement fermé et il semblerait d’après les marquent qui l’ornent que personne n’a jamais réussi à troubler le sommeil du défunt. Nous étudions longuement la structure des dessins, sa complexité, nous tentons de percer sa signification et même si parfois nous pensons en découvrir la raison nous ne pouvons vraiment être certain de nos découvertes. Tous les dessins muraux nous guident vers une très grande stèle incrustée dans le mur, scellée. Elle utilise pratiquement tout le mur, d’environ dix mètres de longueur sur trois de hauteur. Elle est ornée de petits symboles et est très stylisée. Un vrai régal calligraphique pour nos yeux. Malheureusement tout est écrit dans une langue morte et il nous est totalement impossible de traduire ne serait-ce qu’un seul mot.

Ainsi cet endroit est une tombe mémorial destiné aux descendants de ce peuple, seuls certains élus peuvent lire ce dialecte. Tout ce qui avait de la valeur à disparu et l’histoire de malédiction n’est en faite que le résultat des échecs de ceux qui ont tenté l’aventure et qui n’en sont jamais ressorti. Perturbés par les très nombreux pièges, anéanti par le sentiment de claustrophobie, apeuré par l’obscurité et finalement emporté par le bruit du vent qui souffle, qui siffle et qui résonne lors des tempêtes de sable. Nous sommes arrivé jusqu’ici grâce à l’union de nos forces et notre coopération totale et sans limite.

Je ne m’explique pas vraiment le faite d’avoir accordé ma confiance si rapidement à cette femme, mais le retour n’en ai pas moins plaisant. Je sais que je peux lui faire confiance et mettre ma vie entre ses mains, j’espère qu’elle sait qu’il en va de même pour elle, après tout c’est exactement ce que nous avons faits jusqu’ici. Je m’imagine déjà dehors, voilà qui est comique.

Derrière la stèle ce trouve un nouveau couloir, toujours autant éclairé par l’ingéniosité et la créativité dont ont fait preuves les architectes de l’époque. L’endroit est vraiment magnifique, mais au détour d’un virage je constate avec effrois plusieurs os humains ainsi que quelques babioles telle une très vieille épée ainsi qu’un bouclier totalement abimé. Je sens Anwen hésitante et je prends l’initiative d’avancer, le sabre dégainé je suis prêt.

Nous arrivons devant un sarcophage, la partie supérieur sensé le fermé repose sur le sol plutôt que sur la tombe. Je m’approche prudemment mais avant d’arriver à pouvoir voir l’intérieur du sarcophage, la momie présente à l’intérieur prend vie et se redresse.

    Elle se redresse, d’abord assise, elle prend le temps d’examiner autour d’elle. Nous ne lui faisons pas face, inconsciemment la peur prend place dans ma tête et parcours mon corps, comment une personne morte il y a plus de trois milles ans ?! Le monstre se retourner, lentement, très lentement comme si le temps était ralenti. Elle est finalement debout, face à nous, nous dévisageant de la tête au pied. Elle est recouverte de bandelettes de lin. Seules ses yeux, ses narines et sa bouche sont découverts. Anwen tente de la geler sur place mais la momie continue sa progression, tout juste ralentie malgré la puissance de ma partenaire.

    Elle se rapproche de moi, lentement, très lentement, d’ailleurs c’est étrange. Mon instinct me hurle de me méfier mais les déplacements de son corps n’indique aucune menace réelle. Je sors finalement de ma léthargie et assène un coup sans trop de conviction. La momie ne réagie pas d’un poil lorsque ma lame s’enfonce dans ses côtes. Comme par enchantement son bras s’anime avec une vitesse fulgurante et m’assène un terrible direct qui me coupe le souffle puis elle me saisi, sa poigne est sans égale, je ne sais pas d’où lui vient une telle force mais je le peux pas me dégager. Je tente de la faire lâcher en appuyant sur les points de pression de la main et du bras mais rien ne change, mon adversaire ne ressens pas la douleur.

    Lentement sa tête s’approche de moi, je la frappe mais autant tenter de stopper le soleil de briller. Je fais donc opposition de mes bras sur son front et son cou. La force qu’elle déploie sur sa tête est phénoménale, je suis obligé de lui opposer une résistance avec pratiquement toute ma force et je comprends très vite qu’à ce jeux je vais me fatigué bien avant la momie. Alors que je suis bloqué à tenter d’empêcher mon adversaire de me dévorer je tente de trouver un moyen sur la façon de la tuer, si tuer est le bon mot, elle est sens être morte cette créature… Comment tuer cette atrocité ? La glace n’y fait rien et elle ne ressent pas la douleur.

    Je tente alors de lui briser les genoux, d’une puissante descente du talon, je percute l’extérieur de sa jambe, juste au dessus au dessus de la rotule, légèrement sur excentrer. Un violent craquement retenti et la momie se déséquilibre. Une ouverture ! D’un mouvement de hanche je passe sous son bras et grâce à un petit enchainement rapide de déplacement parviens à me dégager de sa poigne. Je mets immédiatement de la distance entre mon adversaire et moi, qu’est ce qui pourrait la réduire à néant ?


- Anwen je vais tout faire pour gagner le maximum de temps et forcer la momie à se concentrer sur moi, tu dois trouver un moyen de lui mettre le feu ! Je pense que c’est nôtre seul chance, nous avons bien vu que ni ta glace, ni mes armes n’ont d’effets sur la momie !


    Je suis à mains nue, mon sabre est resté planté dans les côtes de mon adversaire, comme si rien n’était. Sans mon sabre je ne tiendrai pas longtemps face à un adversaire que je dois tenir à distance. L’équilibre de mon adversaire est plutôt bancal depuis que son genou est fracturé, non pas par la douleur car elle ne ressent rien, mais par la stabilité.

    Je vais utiliser ça à mon avantage, je prends un peu d’élan prend appuis sur la tombe et lui envoi mes deux pieds en avant afin de la faire basculer. Je suis dans les airs recroquevillé sur moi-même, j’attends l’instant parfait. Je me détends et de toute ma puissance, multipliée par l’élan, je percute notre ennemi en plein torse. L’impact est puissant et j’entends plusieurs craquement, de nouvelles cotes sont brisées. La momie tombe à la renverse alors que je me réceptionne à côté d’elle. Je dégage mon sabre et me replace immédiatement.

    Je dois tout faire pour gagner du temps, garder la momie focalisé sur moi et attendre qu’Anwen parvienne à faire du feu.

    La puissance de cette momie était vraiment dévastatrice et j’avais énormément de mal à ne pas céder sous ses coups, je survivais uniquement grâce à ma vivacité d’esprit, mon agilité et ma souplesse. J’avais demandé à Anwen d’utiliser le feu mais malgré tout ses atouts elle n’est pas sans limites et l’invocation du feu ne fait pas parti de ses attribues. Dans une exclamation d’intelligence, ma partenaire partit décrocher les torches placées au mur à l’entrée de la salle. De mon côté je perdais petit à petit du terrain, je n’avais pas vraiment d’autre choix que de faire face à la momie. Si je la laisse passer c’est Anwen qui va devoir l’affronter et qui sera en danger. Je ressentais un puissant sentiment de protection lorsque je résonnais ainsi, c’était étrange, la seul personne que je souhaitais protéger ainsi c’était mon disciple.

Dans un grand bruit de course, je voyais ma partenaire revenir du coin de l’œil.

- Recule-toi Arizar !!

    La momie amorce une attaque que j’esquive avec un saut en reculant, souple et rapide. C’est à ce moment que je vois une torche passer à quelques centimètres de ma tête pour finir à mes pieds. Ce n’était pas passé très loin j’allais faire une remarque à ma partenaire mais l’une des bandelettes qui trainait prit feu. Très rapidement la momie s’enflamma mais elle continuait d’avancer vers nous, inlassablement, je commençais à perdre espoir juste avant que je ne la vois s’effondrer à quelques pas de moi.

Heureusement que la momie était enfin hors d’état de nuire, je n’aurai pas tenu très longtemps. Je sentais l’afflue sanguin parcourir mon corps et j’entendais la respiration de mon amie. Forte et rapide, elle avait eu peur.

- On est où au juste ? Sommes nous dans la dernière salle ou pas ?
- Oui je pense que nous n’avons plus rien à craindre. Je suis presque certain que c’était la chambre mortuaire du défunt et que la momie défend le lieu, enfin défendait…

Quelque chose cloche dans l’attitude d’Anwen, elle transpire, ses yeux sont à moitié ouvert, elle est presque blanche.

- Installes-toi contre le mur s’il te plait, on dirait que tu ne vas pas bien. Tu es certaine d’avoir récupéré ? Je vais t’examiner.

    Alors qu’elle s’assoit je lui tends ma gourde afin qu’elle puisse s’hydrater et place ma joue sur son front. Elle est fiévreuse et de petits tremblements la parcourent. Je fouille dans mon sac pour trouver un bol et quelques plantes. Je mets de l’eau dans le bol et fais infuser les feuilles. Une fois terminée, je tends l’infusion à Anwen afin de faire chuter sa température.

    Je jette un regard autour de nous pendant qu’elle boit, il y a un petit renfoncement au fond de la pièce et on peut voir d’ici que c’est escalier en colimaçon. Avec un peu de chance il nous mènera à la sortie.

    Anwen ne va pas aller mieux tout de suite je l’aide donc à se relever le temps que l’infusion fasse effet. Elle prend appuis sur mon épaule et nous progressons l’un à coté de l’autre.

    L’escalier est suffisamment large pour que nous puissions progresser cote à cote. Il est descend pendant un long moment, j’ai arrêté de compter les marches passer cinq cents. Nous sommes dans un couloir encore plus petit, nous ne pouvons pas progresser côte à côte et quelqu’un de grand serait obligé de se pencher sous peine de toucher le plafond. Je sens Anwen prendre appuis sur mon dos afin de se reposer un petit peu. Nous progressons inlassablement, l’éclairage est suffisant pour voir devant nous sans que nous ayons besoin de regarder nos pieds. Puis finalement un nouveau cliquetis résonne, nous sommes sur nos gardes et patientons, parfaitement conscient que jusqu'à présent ce son n’a jamais annoncé de bonne nouvelle. Finalement le mur en face de nous s’ouvre et nous constatons, non sans une joie extrême que devant nous ce trouve le couloir principal de l’entrée de la pyramide. La sortie n’est pas loin !

    - Cours !!!! Dépêches-toi ! Il y a des murs qui vont nous faire obstacles dans pas longtemps ! Il faut courir très vite très vite cette fois encore.


    Anwen prit ma main afin de m’entrainer dans sa course, malheureusement affaiblie à cause de ses blessures elle ne peut pas vraiment trop forcer et elle finit par s’écrouler de douleur. Je vois les murs se déplacer à vue d’œil et je n’ai pas vraiment le choix de faire dans la délicatesse et la patience. J’attrape ma partenaire par les hanches et la hisse sur mon dos. Une douleur fulgurante me foudroie, ma blessure c’est rouverte et je sens la goute de sang glisser le long de ma peau. Je n’ai pas vraiment le temps de me soigner, je sers les dents et me mets à courir, la douleur me tiraille mais je dois nous sortir d’ici, je n’ai pas le choix, pas question de pourrir ici ou d’être écrasé par ces murs.

    Je sens la charge supplémentaire de ma partenaire me peser sur le peu de force qu’il me reste, je la sens être ballottée comme un fétu de paille, je sais qu’elle souffre aussi, nous devons fuir le plus vite possible. Nous auront le temps de nous soigner une fois dehors, je la sens gémir car sa plaie n’est pas ménagée, je sais que je lui fais du mal mais je ne peux pas faire autrement, l’idée de l’abandonner ici ne m’effleure même pas, soit nous nous en sortons tout les deux, soit nous mourrons ensemble.

    Selon l’enseignement du grand Maître Fu « N’est puissant et fort que ceux qui sont capable de dompter leurs Esprits intérieurs. » Je n’ai jamais vraiment compris cette phrase, je pense maintenant pouvoir en comprendre une partie. Être capable de faire abstraction de ce qui nous détourne de nos objectifs, comme la douleur par exemple, et de ne pas se remettre à nos pensés, d’agir plutôt que de réagir, permet au corps d’utiliser plus de puissance. Comme si notre esprit bridait noter capacité physique ; certains scientifiques affirment même que le corps n’utilise en temps normal que dix pour cent de ses capacités et qu’il est très, très rare de réussir à se « débrider ».

    Je ne pourrais pas dire si j’avais battu un record de vitesse mais je sais qu’en temps normal, si ma vie, nos vies, n’avaient pas été mises en jeu et affaiblis par nos blessures, je n’aurai jamais pu courir aussi vite avec Anwen sur mon épaule. Je voyais les murs se rapprocher, le plafond descendre, le sol trembler, la pyramide s’animait comme si elle refusait de nous laisser sortir. Je suis toujours prêt à lutter pour ma liberté et celle de mon amie aussi, peut être même autant que la mienne.

    J’avais du mal a respirer a cause de la poussière qui se soulevait et du sable qui volait autour de nous, pourtant je continuais de courir. Mes pieds passaient l’un devant l’autre, inlassablement, sans jamais perdre le rythme, leur but était simple puisque le seul ordre qui les guidait était « Cours ! ». Pourquoi un pied viendrait-il contredire les ordres de son supérieur direct, le Cerveau ? Parfois le traitre Douleur venait tenter de nous distraire, mais aujourd’hui il n’en serait rien, car le grand patron avait parlé. Le Cœur avait contacté les pieds, « La vie d’Anwen repose sur vous messieurs Pieds, je compte sur vous !  ».

    Rare sont les moments où le Cœur daigne nous rendre visite mais bizarrement personne ne le lui reproche, et c’est même le contraire, tout le monde se tait lorsqu’il prend la parole. Etait-ce par respect ?

    Quoi qu’il en soit, c’est sur cette impression qu’Arizar parcourt le dernier couloir, Anwen toujours sur ses épaules. Le dernier couloir c’est effondré sur lui-même c’est la dernière ligne droite, les derniers efforts avant la fin.

    Je sens un souffle me pousser, je ne sens plus le poids de mon amie sur mon épaule, mes jambes avalent les mètres comme un enfant mangerait des bonbons, ma blessure saigne abondamment et pourtant je n’ai pas mal, mon souffle est court pourtant je respire. Derrière moi ce n’est qu’anarchie et destruction, le plafond s’écroule, les murs latéraux s’effritent, les rats qui étaient présent dans l’édifice me suivent de prêt certains plus rapide parviennent à me dépasser, le vent projeté par la chute du plafond me pousse à accélérer, encore et encore, encore plus vite, toujours plus vite, jamais assez.

    La lumière, le soleil et la chaleur me percutent comme si j’étais rentré dans un mur. Mes yeux, habitués à l’obscurité sont éblouis, ma peau accommodé à la fraicheur brûle sous les rayons puissant du soleil et le vent balaie mes goute de sueur, asséchant tout sur son passage, je n’ai jamais été aussi heureux de retrouver le désert

    Le vieil homme est là, il nous regarde sortir, fuir serait d’ailleurs le bon terme qui convient mieux. Il attend, comme s’il était là dans un but bien précis.
Je m’effondre d’épuisement et de douleur, j’ai réussi à nous sortir de la pyramide, mon mental s’effrite en même temps que mon corps ne me répond plus. J’aimerai lui dire de nous aider, d’aider Anwen, de la soigner, de la sauver car je n’en ai plus la force. Mes forces s’écoulent au rythme de mon cœur, lentement, faiblement. Je comprends que chaque expiration libère un peu plus de ma vitalité, je me meurs dans l’espoir d’avoir sauvé cette femme, dans l’espoir qu’elle ira bien. J’aimerai tant la revoir…

    Pourtant je ne peux me résigner à abandonner si facilement, je tends ma main vers Anwen afin de sentir le contact de sa peau une dernière fois, aucun adjectif ne pourrait déterminer ce que je ressens pour elle. De l’admiration, de l’inquiétude, du désir, de la surprise, du respect, sont ceux qui se présentent les premiers mais ils sont encore nombreux à se bousculer.

    Je sombre pendant quelque instant dans l’inconscience et me réveille quelque instant à l’intérieur de la cabane du vieil homme, sur la table. Je le vois m’examiner et j’aimerai lui dire de s’occuper de mon amie en premier mais je n’en ai pas la force. Juste avant d’être de-nouveau envahi par les ténèbres je finis par prononcer le prénom de celle qui m’occupe l’esprit et peut être le cœur.

    Est-ce que c’est ça l’amour ? Mais déjà mes yeux se referment et m’emportent dans l’inconscience sur le territoire inconnu de mon subconscient…