Jasmine avait manqué de s'évanouir. Elle avait pensé pouvoir gagner du temps en s'interposant. Elle croyait également qu'Ibtissem allait tout faire pour qu'ils restent tous les deux en vie. Mais non. Il n'en fut rien. Il l'avait laissée aux mains de la reine sans aucun remords. Ou alors, il le cachait extrêmement bien. Non, il ne cachait généralement pas ce type de sentiments... C'était ce qu'elle espérait. Toujours est-il qu'un sentiment de peur l'envahit. Un souffle glacé lui parcourut l'échine, elle commença à trembler... L'esprit de la météo sentit la magie affluer autour d'elle. Non. Pas maintenant. Ça n'était pas le bon moment. Il fallait qu'elle se calme, qu'elle canalise son énergie. Jasmine commença à respirer lentement. Peu à peu, la sensation de froid s'atténua. Les autres l'avaient-ils remarquée ? Au vu de la situation, elle jugea que non.
Puis le Génie s'approcha. Il avait enfin eu le courage de bouger. Peut-être voulait-il la tuer de ses propres mains, histoire de nourrir son ego. Il pourra dire plus tard "Moi, j'ai eu les couilles de tuer mon compagnon alors qu'elle voulait me sauver !". Pourquoi avait-elle tenter de le sauver, d'ailleurs ? Elle ne se sentait pas particulièrement amoureuse de lui. Mais il avaient tellement vécu d'aventures formidables...
... Un monstre géant se tenait devant eux. Une chimère à la crinière flamboyante. Le serpent lui servant de queue avait empoisonné Jasmine, qui commençait déjà à tousser. Elle ne pouvait même pas se relever. Une douleur lui déchirait la poitrine, comme si on lui plantait des dizaines d'aiguilles. Ibtissem avait prévu le coup et avait acheté quelques contre-poisons avant de s'aventurer dans les Terres Arides. Il devait d'abord tuer le monstre. Il ouvrit sa main, puis souffla. Une boule de feu se forma au creux de sa paume. Il écarta sa main, puis claqua des doigts. La boule de feu se divisa en deux, en crépitant. Il ouvrit la bouche, et prononça deux paroles dans la langue du désert. Les deux boules de feux crevèrent les yeux de la chimère. La bête hurla, et il en profita pour former une lance de feu rapidement. Elle transperça le cœur du monstre. Ce fut tellement facile... Ibtissem s'approcha de Jasmine. Il sortit un flacon de sa poche en souriant, puis lui administra son contenu. Quelques heures plus tard, il reprirent leur périple.
... Jasmine avait amené Ibtissem à Sceptelinost pour la première fois. Elle avait toujours adoré cette ville, si vivante, si charmante. Elle lui avait fait visiter la plupart des grands magasins, notamment celui où il acheta son fameux pendentif, et où il s'y installa. Ils passèrent le reste de la journée à flâner dans les rues. Jasmine s'acheta quantité d'objets aussi inutiles les uns que les autres. Ibtissem, lui, préférait se moquer d'elle pendant qu'elle passait son temps à dire que "le collier en diamant était plus indispensable que le collier en topaze, même si je préfère le topaze. Enfin le diamant est plus cher, donc c'est qu'il est mieux.". Et la nuit tomba. Sceptelinôst, la ville des plaisirs, prenait tout son intérêt le soir venu. Et ils en profitèrent. Ibtissem se dirigea vers une taverne, où, après quelques verres, il commença à faire ami-ami avec la plupart des ivrognes du coin. Ensuite vint le jeu. Ils jouèrent à toute sorte de jeux d'argent jusqu'au petit matin. Cartes, roulette... Tout y passait. Ils dépensèrent une fortune ce soir là. Cela restait un de leurs plus beaux souvenirs.
Elle ne put continuer à rêver. Elle comprit rapidement qu'Ibtissem ne s'était pas approché pour la tuer. Il l'embrassa. Ce fut imprévu, long, trop long. Mais elle se laissa faire. Elle ne voulait pas le rejeter maintenant. Elle avait déjà prévu la suite. Jasmine sourit, mais personne ne le remarqua. Elle connaissait Ibtissem mieux que quiconque. Il avait un caractère imprévisible. Non. Imprévisible n'était pas le mot. Il était fourbe. Un fourbe de la pire espèce. Comme pour appuyer les pensées de Jasmine, le Génie lui murmura un "Désolé" tendre, saupoudré de tristesse. Il faisait un excellent comédien. C'était indéniable. Malheureusement pour lui, la Hala savait qu'il ne faisait que jouer. Mais il jouait à quoi, exactement ?
L'Impératrice de la Nuit fit sursauter l'esprit de la météo. Elle prononça un discours d'une voix tranchante. Jasmine ne comprit pas pourquoi la Vampire était si énervée. On aurait dit qu'elle était dans son camp. Elle arborait également une apparence effrayante. Les ombres autour d'elle s'était rassemblées, formant des griffes prêtes à tout laminer. Elle commença à fouetter le Génie. Il l'avait bien mérité. Mais Jasmine ne put s'empêcher de verser une larme. Que lui arrivait-elle ? Il avait agi comme un connard, mais elle sentait quand même des larmes monter. Elle laissa faire. Dans quelques minutes, ça risquait d'être fini, de toute manière.
La Vampire poussa des cris de douleur. Elle se calma soudain. Elle adressa quelques mots à Ibtissem, lui jeta son pendentif, et s'en alla. Ce fut très rapide. Ils étaient maintenant seuls.
" Ibtissem... Tu es un connard de première. Je devrais te tuer pour ce que tu as fait ce soir. Mais je ne le ferai pas. "
Jasmine se leva et, plutôt que de se perdre dans de longues phrase, sans même adresser un seul regard au Génie, partit.
