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 La Symphonie de nos Rêves [Ophalee]

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Dim 30 Déc 2012 - 23:52

    J'en aurais presque eu la main tremblante. D'un geste hésitant, j'approchais lentement mes doigts des vieilles touches blanches du piano droit à moitié délabré qui trônait dans un coin de la petite taverne dans laquelle je m'étais arrêté un moment. Durant quelques instants, comme fébrile, je me contentais de caresser l'ivoire qui, malgré les âges, conservait ce toucher exceptionnel que j'aimais tant. Puis je me permis d'enfoncer quelques notes pour faire résonner dans les rires et les cris des ivrognes du soir un accord mineur. Juste un. Un sourire mince et mélancolique étira doucement mes lèvres, et je m'empressais en quelques gorgées de terminer mon verre que je déposais négligemment sur une table proche pour m'installer sur le petit tabouret de bois face à mon instrument fétiche. Je ne me préoccupais guère des autres personnes présentes dans l'auberge, je savais qu'elles ne m'écouteraient pas, bien trop occupées à noyer je ne sais quoi dans l'alcool et les filles. Pourtant, cela faisait bien longtemps que je n'avais pas joué en public, ainsi. Je ne le faisais plus qu'en privé, pour Alice et Ren qui aimaient tant m'écouter pendant de longues heures où j'improvisais quelques airs que je dédiais à un être cher ou à un sentiment éprouvé, à un désir ou un désespoir. Perdu dans mes pensées, je passais rapidement en revue les airs que je connaissais pour porter mon choix sur un que j'avais moi même composé. Longuement oublié, c'était lors d'un rêve avec une douce chimère qu'il me revint à l'esprit.



    C'est alors que je me mis à jouer. Je n'avais pas besoin de réfléchir, mes doigts courraient seuls sur les touches, naturellement, je ne regardais même pas ce que je faisais. C'était la seule chose en moi dont je n'avais pas honte, mes talents pianistiques, dues à l'inné et à de décennies de perfectionnement. Je ne m'en vanterais cependant jamais, et je ne voulais en aucun cas attirer l'attention sur moi. En jouant, je m'isolais dans mon monde où plus rien ne m'atteignait. Seule parvenait à mes oreilles la symphonie de mes rêves, les alentours devenaient sombres et flous alors que je m'envolais vers d'autres cieux. Songeur et rêveur, la mélodie fit apparaître dans mes pensées le doux visage du bel Ange qui illuminait la noirceur ambiante de mon univers. Elle me souriait avec douceur. Que pouvais-je faire si ce n'est aimer la chaleur de son regard ? J'étais si heureux, presque euphorique, qu'elle m'est accepté à ces côtés, qu'elle veuille bien de moi pour devenir plus proche d'elle, et alors que je venais à peine de la quitter, j'avais hâte de la revoir.

    Un petit hoquet amusé s'échappa de mes lèvres lorsque j'entendis s’entremêler à mes octaves le son si dramatique du violon. De toute évidence, Ren avait décidé de m'accompagner. Soit. J'aimais les duos avec ma chère Orine. Elle était un virtuose avec cet instrument à corde que je ne maniais pas aussi bien qu'elle. De bien nombreuses fois, elle entreprit de m'apprendre les secrets du violon tandis que je tentas lui apprendre la technique du piano. Alice se contentait de nous observer, peu douée avec ce genre de choses, elle préférait boire la musique et se nourrir du spectacle que nous lui offrions. Je rouvris les yeux que j'avais fermé sans même m'en rendre compte pour les poser sur Ren, la gratifiait d'un petit sourire entendu qu'elle me rendit aussitôt. Bien droite juste à côté de moi, elle jouait, radieuse. Et je me laissais sombrer une nouvelle fois vers un ailleurs plus doux.

    Pour qui avais-je composé cet air? Je savais l'air dédié corps et âme à une demoiselle que j'avais tendrement aimé il y a de ça très longtemps. Ma mémoire en était trouble et je du me faire violence pour ressasser mes vieux souvenirs et réveiller les fantômes du passé. Au fond de ma poitrine je sentais les battements de mon cœur s'affoler à mesure que je voyais apparaître face à moi la silhouette fine et longiligne d'une femme que je connaissais tant mais qui m'était si étrangère. Deux grandes prunelles noires me fixaient sans ciller, sans exprimer la moindre émotion, le plus infime sentiment. Un prénom me vint à l'esprit comme un boulet de canon. « Sayori.» murmurais-je doucement en reculant brutalement. « Caleb?» Ren aussi avait cesser de jouer, soudainement inquiéter et perturbée par mon comportement pour le moins inhabituel. Je sentais peser sur moi quelques regards curieux que j'ignorais tant bien que mal, visage caché par mes mains blêmes. «Ça va.» finis-je pas lâcher dans un soupire en ramassant le tabouret que j'avais fais tomber. Je gardais ma face au sol, comme honteux.
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Lun 31 Déc 2012 - 14:02

Depuis qu'elle avait accepté ce travail, Ophalee écumait Sceptelinôst et se fondait dans la masse sans faire trop d'effort. Malgré le masque qu'elle portait cachant la moitié de son visage, personne ne la voyait. Après tout, c'était son boulot de passer inconnu. Néanmoins elle avait une attention précise, celle de retrouver un homme qui était sans doute à la taverne du coin et qui lui avait promis ce qu'il lui devait. Elle s'était ruée dans différentes aventures mais celle-ci était bien la pire d'entre toutes. Effectivement, l'homme l'avait guidée dans un endroit où même les Enfers ne s'y égareraient pas. Elle en avait écopé d'une énième cicatrice au niveau du ventre qui lui faisait douloureusement mal. Cependant, elle allait le retrouver et il lui donnerait ce qu'il devait bien qu'elle soit revenue les mains nues. L'homme en question l'avait conduite presque dans un piège pour son délire à lui mais aussi pour la farce d'un être beaucoup plus agencé que lui qu'Ophalee ne connaissait pas encore.

Son entrée dans la Taverne du coin ne fut pas fracassante. Elle poussa la porte bien qu'un ivrogne se vautra dessus, bousculé par un autre. Elle s'en écarta, préférant ne pas se mêler de ce qu'il ne la regardait pas, elle avait d'autres soucis sur les épaules. Il y avait une musique de fond auquel personne ne prêtait attention mise à part deux femmes. La femme les vit mais ne s'arrêta pas là pour écouter la mélodie de toute façon bien trop gâchée par le bruit environnant.

Elle s'assit lourdement au comptoir, se tenant le ventre. Son visage se baissa et ses pupilles noires fixèrent la tâche de sang qui se formait sur le tissus. Ses sourcils se froncèrent et dès lors elle commanda au Tavernier quelque chose de peu habituel. Non, ce n'était ni de l'eau ni de l'alcool mais bien de la viande. Il refusa au premier abord sa commande avant qu'il ne la reconnaisse car oui, Ophalee était connue dans ces endroits mal réputés. Il alla lui chercher ce qu'elle souhaitait alors qu'elle payait la femme qui tenait le bar. Celle-ci devait être la fille de l'homme, ils avaient le même regard, ce regard si in-intéressé par leur environnement. " Généralement tu viens ici que par ce qu'on te l'a demandé, n'est ce pas? " questionna la dite fille. Ophalee ne répondit rien, cherchant l'homme désormais du regard après avoir payé l'addition. La fille ne s'attarda pas en face d'elle pour reprendre sa vaisselle.

Il y avait parmi un groupe de quatre hommes, celui qu'elle escomptait. Il riait d'un air gras et sa bouche empestait l'alcool. Elle n'avait pas besoin d'être à côté pour sentir cet homme répugnant à souhait.

Lorsque le Tavernier revint, il vit une place vide et chercha du regard la demoiselle qui lui avait demandé cela. Il était trop tard, avant même qu'il ne hausse la voix pour arrêter l'homme immense qui dépassait de trois têtes la bélua, celui-ci donna un grand coup dans le ventre de la femme qui fut projeter jusqu'au piano. Elle se releva péniblement, ne faisant plus attention à ce qui l'entourait et s'essuya la bouche avant de poser sa main ensanglanté sur les touches les plus graves ce qui résonnaient bien dans une ambiance comme celle-ci. Les trois autres hommes qui accompagnaient le grand et gras riaient, les autres faisaient office de spectateur et n'omettaient que des sons lorsqu'il y avait des coups.

La femme masquée crut entendre des voix à côté, mais sa tête était ailleurs. En effet, à cet instant elle analysait sa situation et lorsqu'elle le vit s'approcher d'elle donc du piano, elle grimpa sur l'instrument, faisant de nouveau parler l'engin lorsqu'elle posa son pied sur des touches qui ensemble, ressemblaient à un cri.

" Je ne te conseille pas de t'approcher.. " Elle essayait de ne pas se tenir le ventre pour paraître à l'attaque mais sa voix avait un tintement révélateur. Ses pas reculèrent sur le corps du piano au fur et à mesure que l'homme avançait. Il avait des yeux rieurs, se moquant de sa situation et celle dans laquelle elle avait été. " Tu n'as pas réussi, et tu me réclames? Ne te trouves-tu pas un peu.. Bornée pour une sale catin qui n'a pas réussi ce qu'on lui demandait? " Elle insistait malgré sa faible position :" Tu me dois ce que tu me dois, n'essaie pas d'argumenter, ce que tu m'as demandé était introuvable et tu le sais, je le lis dans ton regard malsain. "

Le bourru bouscula l'homme qui se tenait auparavant au Piano et lui lança un regard menaçant muni d'un sourire agressif. Soudain la femme s'appuya sur les gros bras de l'homme et de sa vélocité naturelle, s'installa sur les épaules du Gros. L'homme se débattit, donnant des coups violents un peu n'importe où avant qu'elle ne se saisisse de sa tête et le fasse renverser en arrière. Il y eut un grand vacarme lorsqu'ils tombèrent et Ophalee fit une moue de souffrance mais ne s'arrêtait par là pour autant. Tout autour, les hommes se mirent à crier et à lancer des paris à tout va alors que la femme tentait de lui retourner le cou à l'aide de ses cuisses.

Le spectacle était effarant et le Tavernier tenta d'agir avant d'être bousculé par la petite foule. L'homme qu'elle maintenait était entrain de gémir car il forçait les muscles de son cou à ne pas obéir à la force des jambes de la femme. Elle dut se relever lorsqu'il réussit à la pousser de là bien qu'elle lui donna un coup dans le nez qui désormais pissait le sang. Elle se recula de nouveau vers le piano, cherchant comme un abri raisonnable. Mais quelqu'un lui tira le bras ce qui l'empêcha de remonter dessus. Son calme n'était maintenu que par la douleur qu'elle ressentait vivement et l'homme qu'elle avait mis au sol se remettait bien difficilement. L'issu semblait évidente pour certains mais la femme s'obstinait à vouloir son dû rien que pour les soins dont elle avait besoin. Elle regarda l'individu qui la maintenait d'un drôle d'air, bien trop épuisée pour lancer un regard tueur mais bien trop concentrée pour que celui-ci soit ne serait-ce serein. Toutefois elle dit d'une voix rocailleuse qui se souhaitait flegmatique " Ne te mêle pas de ça ... "
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Jeu 17 Jan 2013 - 17:53

    La symphonie de mes rêves n'était qu'un mensonge éhonté auquel je préférais croire pour ne pas avoir à subir la douleur d'une vérité oublié. Mais face à mes fantômes du passé, je ne pouvais nier ce qui me dérangeait tant. Légèrement tremblant, je me contentais de rester appuyer sur le vieux piano vacillant, contemplant sans réellement les voir les touches usées d'ivoire blanc et noir. Je n'avais pas songé à Sayori depuis bien des années, ou du moins, je me forçais à effacer son souvenir de ma mémoire et à occulter tout ce qui pouvait me faire penser à elle, ce qui se révélait être un véritable travail sur soi. C'était mal et irrespectueux, mais j'étais un lâche qui fuyait une souffrance d'autrefois, et cette plaie béante qui peinait à cicatriser, cette blessure que je savais porter malgré tout jusqu'à la fin des temps aurait très certainement un jour raison de moi et de mon esprit malade. Pris d'un malaise sur lequel je ne pourrais mettre le moindre mot, je sentais au creux de ma poitrine mon cœur s'affoler sous le joug des sentiments d'angoisse et de culpabilité. Peut-être arriverais-je à un moment ou à un autre à pardonner mon geste qui ne l'était pourtant pas, parviendrais-je enfin à apaiser mon esprit meurtri et surtout à me faire excuser par celle à qui je devais tant et que j'avais si peu remercier. Si seulement j'avais un moyen de me racheter... Il était trop tard, cependant. Cette vieille histoire s'était déroulé alors que j'étais un jeune homme fraîchement sortie de l'adolescence, il y a maintenant quelques dizaines d'années, plus d'un siècle, même.

    Si les ivrognes des alentours n'avaient pas tardé à retourner à leur charmantes occupations, je sentais peser sur mon dos les regards surpris et inquiets de Ren et Alice qui attendaient très certainement que je parle ou que j'agisse de quelques façons que ce soient. Voyant bien que je ne bougeais point et demeurais muet, ma petite Orine finit par murmurer : « Caleb ? Tu es sûr que tout va bien ? Tu es vraiment pâle, encore plus qu'habituellement, et terne comme du sable...» Je soupirais, le visage las et les traits fatigués. Que pouvais-je répondre à cela ? « Qui est Sayori ? » Bien évidemment, la question émanait d'Alice qui se préoccupait plus du nom d'une autre potentiel rival que de mon mal être évident. « Personne. » Je choisissais la facilité. Je devais bien avouer que je n'avais guère envie d'en parler. « Mais elle...» - « Alice.» Je n'avais pas hausser le ton, mais prononcer son nom avec une telle dureté qu'elle n'osa pas continuer « Tais toi. J'ai dis personne, le sujet est clos.» Peu habitué à ce qu'on lui parle ainsi, ma capricieuse ondine tourna les talons pour aller s'affaler contre le bar entre deux messieurs et commander à boire. Croyait-elle me rendre jaloux ? Elle se fourvoyait bien, qu'elle vive sa vie était tout ce que je demandais. Ren, par contre, ne cessait de m'observer, soucieuse. Je la gratifiais d'un léger sourire qui se voulait rassurant.

    Je releva légèrement mes yeux ocres à l'éclat mort pour observer sans manifester la moindre émotion le début de bagarre qui naissait un peu plus loin. Quelques hommes semblaient s'acharner sur une jeune femme masquée qui sautait un peu partout pour échapper à ces soûlards. Tout dégénérait petit à petit, et je lâchais un soupire exaspéré en voyant l'étrange demoiselle se diriger vers le piano pour maltraiter mon vielle ami qu'était cet instrument. Reculant de quelques pas, j'allais m'appuyer contre le mur le plus proche. Ces différents ne me regardaient pas et je ne souhaitais pas m'en mêler. Je n'ai jamais été quelqu'un de violent. Ce n'était guère mon genre que de régler mes problèmes de cette façon, je privilégiais le dialogue ou tâchais de neutraliser les agresseurs par la magie. Mais les types qui rôdaient dans les tavernes comme celle ci n'étaient pas des tendres, et je ne tenais pas particulièrement à ce que Ren soit impliqué dans ces déboires.

    Seulement, ce conflit ridicule semblait s'éterniser, et je ne pouvais même pas me dégager de mon coin pour partir de l'auberge avec Ren. En plus, la demoiselle qui avait semer le grabuge s'en prit encore une fois au pauvre piano. Agacé et irrité puisque ce n'était guère le meilleur moment pour m'importuner, je finis par avancer dans la bagarre avec mon pouvoir de Spleen en action. Peu à peu, les personnes qui m'entouraient se sentaient sombrer dans une terrible et inexplicable dépression. Au moins cela avait le mérite de calmer les esprits agressifs. Et sans crier gare, je saisis le bras de la jeune fille qui m'avertit d'une voix étrangement rauque que je ferais mieux de m'occuper de mes affaires. Malgré le masque, je voyais ces grands yeux bleus et pouvais savoir qui elle était. Un petit sourire aux lèvres, je plongeais mes yeux ocres dans les siens. « Ne soyez pas sotte, s'il vous plaît. Vous devriez avoir honte de vous et de votre comportement, Ophalee.» Qu'un parfait inconnu prononce ainsi son prénom allait sans doute la troubler. Je tournais la tête vers Ren et l'incitait à sortir d'un petit geste de la main. Abandonnant Alice qui ne m'accordait pas la moindre attention, je tirais délicatement sur le bras de celle qui s’appelait Ophalee, de toute évidence, pour la faire sortir de l'auberge sous le regard ébahi des clients et de l'aubergiste.

    Ce n'est qu'une fois dehors, lorsque je sentis l'air frais balayer mon visage, que je dédaignais lâcher la jeune fille. « Ce n'est pas très poli que de venir importuner les gens de la sorte.» murmurais-je de ma voix grave et calme, d'un ton tout de même assez amer. Ren n'était pas sortie. Elle devait avoir ses raisons et ne tarderait pas à nous rejoindre.
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Mer 23 Jan 2013 - 14:52

L'homme la regardait sans émotion, son regard était vide, absente, qui était-il ? Il ne desserra pas sa prise sous l'ordre de la femme masquée, non il resta là et le monde tout autour semblait dépressif, ailleurs. Le bourru qui se relevait était plutôt calme et les regardait d'un air idiot tandis qu'Ophalee fixait l'homme droit dans les yeux sans ciller jusqu'à ce qu'il l'oblige à la suivre en lui pressant toujours le bras. Elle était ... Molle, oui c'était le cas de le dire. Cette fille ressentait une profonde ennuie depuis que l'homme s'était relevé et en particulier lorsqu'il la touchait. Elle n'arrivait pas à se débattre mais cela elle l'attribua au fait qu'elle était blessée et qu'après cette bagarre avec pour seul intérêt le butin en gain de cause. Alors, ils sortirent et c'est au grand jour qu'elle reprit sa respiration alors qu'un sentiment qu'elle connaissait bien s'était emparé d'elle. Elle donna un coup de bras, violent pour qu'il la lâche, mais peut-être pas assez finalement. Soit, il verrait. Mais qui était-il au juste ?

Ce qui se passa dans la tête de la femme masquée allait à cent à l'heure. Effectivement, elle enchaînait les pensées telles que seule elle pouvait s'y retrouver. Son regard était toujours braqué telle une arme sur cet homme, d'où savait-il son nom ? Elle sourit alors, on aurait pu la croire folle, ou presque car l'état dans lequel elle était la dirigeait vers la folie, ou presque. La bélua savait se contrôler et sa colère se tint dans les creux de sa poitrine.

Néanmoins, elle n'eut aucune parole humaine. Non, elle parlait dans un langage animal à l'homme comme si elle eut perdu le don de la voix. Mais elle ne s'en rendit pas compte car elle se comprenait. Elle termina par un violent grognement qui, comme une bête sauvage, indiquait à l'intrus de s'écarter de là et le plus vite possible. Mais bien sûr, cela n'était que parole dans le vent, du moins pour l'instant. Elle avait beau sentir ses poils hérissés, l'air effrayant avec ses grands yeux bleus ouverts et ce grognement pertinent, rien y fit. Cet homme restait là sans pour autant lui montrer d'intérêt.

L'avait-il compris ? Ou bien était-il fou ?

Elle se tint soudainement le ventre éprise d'une vive douleur.


Une étrange fille venue d'ailleurs aux longs cheveux de jais marchait sur dans cette allée infernale, brimée des chaînes qui lui transperçaient la chair des chevilles et des poignets. La tête baissée vers le sol, elle ne disait rien. Les seuls bruits qui se faisaient entendre étaient la foule qui criait tout autour et lorsqu'elle osa lever le visage vers cette dite foule, elle vit des visages ornés de cornes, des canines aussi pointues que ceux des bêtes sauvages et la couleur des yeux variaient beaucoup. Généralement, ils avaient les yeux rouges ou noirs. Certains les yeux jaunes, enfin, ce n'était que des yeux qui crachaient à la figure de la fille une haine presque naturelle. Elle voyait le sourire de d'autres, contents que des esclaves arrivent enfin dans leur cité maudite des cieux. D'aucune ne vinrent les aider, jamais ... Alors la fille continuait d'avancer ne sachant pas ce qui lui arrivait.

Elle fut séparer du reste puis jeté dans un cachot royal. De là, elle réussit à s'évader en peinant face à une créature brute qu'elle réussit à coincer dans sa propre cellule. Il y avait désormais un sourire sur le visage de cette fille nue qui s'était alors élancée vers une prison bien plus grande. Soudain, jaillit de l'ombre une créature noire qui courrait à la vitesse la plus appropriée au chemin. Ce loup était bien inconscient du danger qu'il y avait à l'extérieur de la prison ... De nombreux démons étaient là sans vraiment la remarquer car c'était après tout une bête infernale comme une autre. Alors que le loup désormais bête cherchait une échappatoire, elle tomba dans la gueule du loup. Des braconniers qui avaient connu cette même bête et en connaissait la valeur tentèrent de l'attraper, en vain car la bête les mit un à un au tapis. Cependant, qui aurait pensé que dans ce Royaume régnait un Roi aussi imbu de sa propre personne ? Kuro Akatsuki, le Roi en personne était présent, face à cette bête qui grognait toute la colère qu'elle pouvait avoir envers ces attaches et ceux de cette Race impure. Mais il était là, bien présent face à elle et une ronde de démons alors se fit. Quoi de plus étonnant que de rencontrer le Roi en personne ? La bête tourna peu de temps, cherchant le coup fatal avant que le Roi ne s'amuse à dégainer sa propre lame. Il la planta violemment au sol, des éclairs aussi bruyants que ceux d'un orage sortirent du confins des Enfers pour frapper le Ciel rougi par le sang et les péchés.




C'est alors qu'une pensée peu commune la traversa telle une foudre ce qui la fit défaillir, tombant à genoux face à l'homme qui l'avait sortie de cette Taverne. Elle lui lança un regard dont la signification n'échapperait pas à l'inconnu, aussi empreint d'amertume que sa voix à lui, les yeux mi-clos. Elle le fixait toujours. Le monde s'était presque arrêté.

Le vent était bon aujourd'hui et caressait le pelage des louveteaux qui se dandinaient autour de leur mère commune. Une petite louve bondit sur son frère roux, lui mâchouillant l'oreille avant de se retrouver par terre, écrasé par le dos de celui qu'elle avait conquis. Elle se remit directement sur ses petites pattes, la queue balayant l'air d'une vitesse folle avant d'être attrapée par la mère qui se mit à lui faire la toilette. Cette louve était une mère incroyable car elle avait la capacité de tous les supporter. Le louveteau semblant faire tâche dans ce paysage était un joyeux compagnon qui s'amusait avec toute sa petite famille. Les autres étaient allés chassés et en attendant, la nourrice restait là à les surveiller.

La louve au pelage d'or lui mordillait la nuque, léchant le haut du crâne avant que le louveteau, cette petite crapule, réussisse à s'enfuir sous le regard tolérant de sa mère. Brusquement la mère sentit un intrus qui se trouvait non loin, levant bien le museau pour sentir cette trace alors que les louveteaux continuaient à jouer. Elle grogna, les louveteaux arrêtèrent. Puis cette incroyable mère au pelage sublime se tourna vers le monde, notamment vers un homme. Sa face prit de plus en plus le paysage et le soleil se ternit jusqu'à ce que le ciel devienne aussi sombre que l'antre de la terre, berceau des Enfers. Cette mère grognait, protégeant ses petits de tout le mal qu'on pouvait leur apporter et cet individu qui les regardait de là haut n'était en rien le bienvenu. « Quiconque cherche à nous approcher gouttera de mes crocs. » N'ayant pas peur de se brûler au contact du Soleil Noir pour atteindre l'Étoile, la louve s'élança vers le ciel étoilé sous une forme plus spectrale et chassa l'individu de son monde. La marque redevint fantôme, chassée de l'Esprit d'Ophalee. Il y eut un long hurlement qui communiait alors avec tous les choses du monde spirituel de la fille masquée et une haute forêt sortit de la terre, braquant ses branches et son feuillage vers le monde réel afin que les souvenirs innocents ne soient jamais souillés.

De là, un loup d'éther se présenta à l'homme dans ce monde noir, brimant tout autre passage. Sa forme flottait continuellement, ne laissant que le visage de la bête distincte. D'autres bêtes d'éther apparurent à ses côtés, tous d'anciens souvenirs. « Vois-tu, homme du Lointain, ce monde dans lequel tu as mis les pieds est sensible au moindre faits de tes gestes. J'aurai bien planté mes crocs dans la chair de ton Âme pour que tu découvres l'effet que tu escomptes tant. » Cet homme n'avait pas su dans quel danger il s'était mis, mais le loup était plutôt calme et s'approcha de lui, faisant bien la taille de l'homme. « Retourne dans le monde, Caleb, et ton passage ne sera alors que rêve. » Le Totem abaissa son museau, embrassant son front. Sans qu'il n'en eut la remarque, l'homme avait lui aussi ouvert son Esprit à celui d'Ophalee. Le loup disparut sous une pluie d'étoiles filantes suivis des autres souvenirs de la fille qui caressèrent le dos de l'homme jusqu'à ce qu'il soit jeté dans le monde matériel.

La femme masquée se laissa finalement tomber après avoir cramponné si fermement la veste de Caleb, gisant à présent sur le sol, à jamais le loup empreint dans son éternel Esprit. Un fantôme était toujours là, aux côtés de la bélua étendue au sol. C'était un loup qui regardait droit dans les yeux l'homme étrange et intrusif. Mais ce fantôme, lui aussi disparut lorsque le vent se décida à se lever pour écumer l'éther.
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Jeu 7 Mar 2013 - 16:19

    « Faites ce que bon vous semblera, si vous pensez pouvoir planté vos crocs dans une matière qui chez moi n'existe pas. Si tel n'est pas dans vos projet, libérez-moi, car je crains de ne pas être celui qui tire les ficelles de cette bagatelle et je ne demande qu'à partir. Désastreuses pourraient être les conséquences d'une intervention comme celle-ci, et je ne tiens pas à être l'ombre mystérieuse qui hante sans raison apparente les songes noirs d'une demoiselle innocente, je ne dois être vu. Comprenez, elle … »

    Doucement, je clignais des yeux, comme pour escompter retrouver un semblant de réalité perdue. J'avais l'esprit embrumé par des souvenirs qui ne m'appartenaient pas, et je ressentais la gêne d'un voleur pris sur le fait quand bien même je savais n'avoir commis aucun méfait. Ce qui venait de se dérouler me troublait quelque peu, mais sur mon visage ne se lisait pas cet égarement passager. Mes traits demeuraient toujours aussi éteints et ternes, si ce n'est que j'avais les yeux baissés vers cette étrange femme étalée sur le sol, inerte. J'avais bien senti qu'elle s'était cramponnée à moi comme à une dernière lueur d'espoir et avec la vivacité d'un meurtrier poursuivant sa proie, mais enfermé dans un monde étrange qui devait être le sien, je n'avais rien pu faire pour l'aider à ne pas s'effondrer. Moi aussi j'étais parti durant quelques instants vers un ailleurs où je n'étais plus maître de moi. Passif et éternellement calme, je m'étais contenter de contempler impuissant les scènes du passé et d'écouter ce que les fantômes d'autrefois avaient à me dire. D'un geste, je passais mes longs doigts froids sur mon joues blêmes, mes pensées envahis par des questions sans réponse. Ce voyage à travers les pensées et les âges n'étaient de toute évidence guère bon pour la santé.

    « Caleb ? Tout va bien ? Que s'est-il passé ?» Je sentis la paume douce et chaleureuse de Ren se poser sur la peau nue de mon avant-bras. Muet, je me laissais envahir par ses bons sentiments, paupières closes, tandis que de longues secondes s'écoulèrent dans le silence lourd d'une si belle nuit. « Je t'expliquerais plus tard, je ne suis pas sûre, mais je crois que mes pouvoirs ajoutés à ses pouvoirs et ses souvenirs ont fait des siennes. Expérience pour le moins désagréable, ainsi j'espère que tout cela n'est que de son fait et pas du mien, je ne tiens guère à replonger dans ce genre de méandres.» finis-je par lui murmurer. Après tout, avant de me lancer dans je ne sais quelle supputation, je devais comprendre. La petite Orine, compréhensive, hocha doucement la tête avant de s'écarter. « Que comptes-tu faire pour elle ?» Je n'hésitais pas plus d'un bref instant « Hors de question de l'abandonner ici, j'ai cru lire dans bon nombre d'esprits de cette taverne que la voir morte en arrangeraient plus d'un. Je ne tiens pas à avoir son décès sur la conscience.» - « Tu veux dire qu'on l'embarque ? Elle va crier au kidnapping si elle se réveille.» - « Je ne pense pas. Au pire, les gens des environs ne se soucient guère des problèmes des autres, ils la laisseraient se faire enlever sans soucis.» - « Charmante population. Alice va criser de voir encore une fille avec toi.» Elle rit. Je n'étais pas vraiment d'humeur. « Peu m'importe. Elle n'a même pas tenu à nous accompagner. Qu'elle reste avec ces soûlards, nous avons mieux à faire.» - « Je trouve aussi.» Et elle me gratifia d'un beau sourire avant de sautiller sur place et de brandir son poing en l'air. Son attitude m'apaisa, bien étrangement.

    Je m'accroupis près d'Ophalee pour glisser avec précaution un bras derrière sa nuque et l'autre sous ses genoux, et la soulevais aussi facilement d'un chaton. Il faut dire qu'elle n'était pas bien lourde. « Elle est consciente ?» s'enquit Ren en s'approchant pour mieux voir. « Je n'en sais trop rien. Elle se manifestera bien, va, elle n'a pas l'air d'être du genre à se laisser faire, étant donné la façon dont elle m'a grogné dessus tout à l'heure.» - « Sauvage et animal, cette petite. Bélua?» - « Oui. Même sans mes pouvoirs, je pense que c'est assez facile à deviner, après tout cela.» - « Si tu retirais son masque pour voir si elle va bien ?» - « Je tiens à la vie.» Et ce fut moi qui souris.

    Je faillis m'étrangler de rire en voyant la tête effarée de la vieille aubergiste chez qui je me rendis, et entendre le flot de ses pensées s'emballer dans des hypothèses plus farfelus les unes que les autres ne m'aida guère à conserver un semblant de gravité. Il faut dire que j'étais d'une stature imposante. Je devais frôler les deux mètres, les muscles de mes bras et de mon torse se dessinaient bien visiblement, et puisque je ne souriais que peu, je devais avoir une tête de psychopathe en cavale. J'aurais du me douter que les gens tireraient ce genre de conclusion hâtive en répugnante en me voyant arriver avec une demoiselle inerte dans les bras, et une autre derrière moi qui me suivait avec un regard digne des amoureuses transis et soumises. Malgré tout, l'aubergiste me donna la clef de la chambre que j'avais demandé, une avec deux lits, et je montais les escaliers, un léger sourire amusé aux lèvres, Ophalee toujours dans mes bras.

    Je déposais doucement la demoiselle sur l'un des lits en prenant garde à ne pas la blesser tandis que j'ordonnais à Ren d'aller se reposer un peu. Malgré ses protestations, je me montrais ferme, et alla m’asseoir sur un vieux fauteuil dans un coin sombre.
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Sam 30 Mar 2013 - 23:18

Et la femme tomba par terre, au pied de l'homme qui avait réussi à pénétrer son esprit. Cependant, il avait été aussi subitement rejeté de celui-ci par l'âme animale et protectrice d'Ophalee. Ce fut sans doute le coup du sort, elle aurait pu mourir là, il aurait pu la laisser sur le sol et partir car l'homme n'avait aucun compte à rendre à une femme qui l'avait plus que gênée. Ainsi, elle aurait été à la merci de nombreux individus qui, à quelques pas de là, souhaitaient sans doute la voir morte, ou bien même pire : la torturer jusqu'à la mort. Enfin, on aurait pas dit comme cela, que cette femme s'était faite autant d'ennemis dans un monde qu'elle venait à peine de côtoyer. La discrétion? Elle y avait un peu manqué en faisant de pareilles scènes de scandales et là encore, elle s'était faite des ennemis. Pourquoi alors ne l'avait-il pas laissée à sa place? Lui qui sonder l'esprit des hommes, il avait du savoir le sort qui lui était réservé. Alors, peut-être était-ce de la pitié? Oui, peut-être cela, la pitié, ce qu'Ophalee ne connaissait pas venant d'autrui. Elle n'avait jusqu'à l'heure jamais du faire face à un homme qui avait la pitié dans son cœur. D'une part car elle s'en était toujours sortie, sans doute pas aussi saine et sauve qu'elle l'aurait souhaitée, et d'une autre part les hommes généralement qu'elle croisait n'étaient pas des anges et ni des cœurs tendres, hormis Axel à qui elle s'était beaucoup attachée.
En bref, il venait de la sauver mais ça, elle ne le savait pas encore.

La bélua n'eut le droit qu'à un paysage sombre où elle seule figurait comme personnage. Elle était là, assise, se demandant quand est-ce que son corps allait se réveiller, si elle n'était pas morte bien sûre. Et ce fut par une vive douleur au ventre qu'elle sut qu'elle l'était encore et son âme qui pâtissait, poussa son corps à réagir. Alors la femme gémit de douleur mais cette douleur n'éveilla pas tous ses sens, elle les endormit au contraire. En effet, elle souffrait d'une entaille pas totalement guérie et de coups reçus plus tôt. Ses bas gémissements appelèrent une personne, mais qui? La douleur était tellement forte qu'elle suait. Elle tenta d'ouvrir les yeux et ce fut sans succès car la main agile qui la touchait fit en sorte qu'elle ne sente plus rien et cela la fit sombrer de nouveau.

On la manipula tel qu'en se réveillant qu'elle sentit un bandage tout autour du ventre et des pommades sur les hématomes qu'elle avait. Puis, elle fut prise de panique, ne sachant pas où elle était. Lorsqu'elle leva la main, elle ne sentit plus son masque. Elle tenta de se relever, sans succès, elle avait encore trop mal ce qui la poussa à gémir, de nouveau. Enfin, les yeux s'habituant à la pénombre, elle remarqua une personne dans la pièce. La femme n'aimait pas cette situation, que lui avait-on fait? Qu'est ce qu'elle avait? Où était-elle? Autant de questions se bousculer dans sa tête qu'elle ne pouvait se permettre. Ses sourcils se froncèrent pour finalement se détendre. Elle inspira longuement en ressentant un mal au diaphragme et expira, le visage tourné vers l'ombre dans la pièce. " Merci... " réussit-elle à dire.

Il fallait qu'elle attende un peu avant de vouloir se lever. Soudain, quelqu'un toqua à la porte ce qui la fit réagir. " Qui sait que nous sommes là ? " demanda-t-elle d'une voix inquiète. Elle voulut se redresser mais son corps intima l'inverse. On entendit alors un râle de la part de la bélua démasquée. Toutefois, la personne n'ouvrit pas la porte. Ophalee fut légèrement surprise et se calma. " Il y a bien des choses que je n'ai pas encore vu, généralement cela m'étonne beaucoup, tout comme le fait qu'on m'est aidé... Surprenant de la part de quelqu'un qu'on ne connait ni de la lune ni de Phoebe. "

Elle leva doucement sa main vers son visage découvert et sentit sous son index de la pommade. Voilà la raison de l'enlèvement de son masque; " Un homme masqué a toujours ses raisons de porter un voile, j'en avais, moi aussi, des raisons d'en porter un. Où est-il ? " interrogea-t-elle. " Je souhaiterais le remettre, qu'importe les personnes qui ont vu mon visage, je ne souhaite pas partir de là sans. " C'était en aucun doute un cadeau qu'elle faisait, non pas de laisser son visage à profit de la vue d'autrui, mais du fait qu'elle n'ait pas encore dégainé les crocs, elle avait appris à gérer la colère poussée par la peur de l'inconnu.

Finalement elle se leva péniblement, cachant son visage dans sa longue chevelure noire. Puis le menton légèrement relevé, elle montra la couleur de ses yeux qui brillaient légèrement dans cette obscurité. Avait-elle des larmes?

Étrangement, elle supporta la personne présente dans la pièce qui lui paraissait plus familière que prévue. Cependant, l'individu qui avait toqué à la porte revint à la charge et pas d'une main morte. Sans réellement le vouloir, la femme avait révélé un autre de ses aspects. Un loup était assis au sol, bandage autour du ventre, regardant l'homme dans les yeux, sachant si oui ou non il allait ouvrir la porte, comme cela, elle se ferait passer plus facilement pour un chien qu'une femme en pleine agonie. Le lupin avait les oreilles dressées et son regard était attentif à chacun des gestes produits.
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Sam 12 Oct 2013 - 21:01


J'aurais aimé m'assoupir pour reposer le temps de quelques instants mon esprit malade soumis aux maux de ce qu'il restait de mon âme rongé et consumé. Seulement, je ne parvenais guère à m'apaiser, et je me contentais de contempler Ren, déjà dans une nuit parsemée de rêves, qui dormait tranquillement, loin de toutes les préoccupations qui me tourmentaient. Je ne pouvais lui en vouloir, et j'ajouterais même que j'étais heureux qu'elle soit aussi sereine. Un maigre sourire étira mes lèvres pâles et je laissais l'ocre de mon regard glisser de l'Orine pour scruter brièvement Ophalee, dont les traits frémissants exprimaient une douleur silencieuse. J'ignorais ce qui m'avait poussé à l'aider. Plus que de la galanterie ou une espèce d'humanité qui resurgirait sans crier gare, quelque chose chez cette Bélua m'avait incité à lui tendre la main plus ou moins contre son gré. Mais je ne pouvais décemment pas la laisser mourir sous le joug de son orgueil et de sa fierté. Dans un soupire amusé, je fermais les yeux avec dans l'idée de dormir une minute ou deux. Le fauteuil n'était pas vraiment confortable. Mais je devais me satisfaire de ce que j'avais sous la main pour le bonheur et le confort de ces dames. Avec lassitude, je calais mon coude sur le bras du fauteuil pour laisser tomber ma tête dans ma main, et j'attendis patiemment que le temps passe, laissant libre court à mon imagination. J'aimais me laisser bercer par le flots de pensées plus douces.

Mais je n'eus guère le loisir cependant de naviguer sur la mer de mon passé. Une petite voix me tira de mes rêveries, et je rouvris les yeux sans pour autant bouger. La Bélua était éveillée, et on devinait sans mal son corps endolori. Comme je m'en doutais, elle n'était guère ravie d'être ici et à découvert. « C'était très certainement l'aubergiste.» soupirais-je lassement, en explication au coup qui avait résonné lorsque quelqu'un avait eu l'audace de frapper à ma porte. « Elle doit simplement s'inquiéter pour vous, car la vision qu'elle a eu à notre arrivée l'a plutôt marquée.» J'eus un petit rire amusé à cette pensée. Le regard qu'elle m'avait jeté avait été hilarant. Elle avait été prête à rameuter les gardes en dépeignant un monstre et une victime. Tout le cynisme résidait là. J'avais été en cette drôle de nuit le drôle de sauveur d'une demoiselle bagarreuse. Les apparences étaient trompeuses. «Elle est la seule à savoir où nous sommes, à une heure aussi tardive, il n'y avait qu'elle à la réception. Quant à votre masque, je ne l'ai retiré qu'une fois arrivée en ces lieux.» Je fis une brève pause. Je ne précisais pas l'infinie précaution dont j'avais fait preuve. Plus que dans le soucis de préserver les secrets de cette fille, j'avais surtout redouter une quelconque blessure et j'étais plus aise de manier sa tête une fois dans un lieu sûr.

« Un homme a toujours de bonne raison de dissimuler ces traits sous un masque. Il est ainsi ridicule de demander à un homme masqué qui il est. C'est un paradoxe que je ne peux que mettre en exergue. Seulement, vous conviendrez qu'il était nécessaire de s'occuper de votre visage, maintenant tacheté de vilains hématomes, et je craignais des plaies. Les rues et les tavernes grouillent de maladies dont vous ne voudriez pas être affublée. De plus, vous êtes en sécurité ici, loin de ceux qui vous porte quelconques griefs.» Je réfléchis un instant. « Et si j'étais assez audacieux, j'ajouterais deux remarques. Le masque ne sert-il pas à cacher ? En vous mettant en avant devant votre public, vous avez été remarquée. Vous êtes de toute évidence assez connu pour qu'on vous reconnaisse à votre silhouette, votre voix et votre style. Et si c'est le fait que mon amie et moi avons vu votre visage qui vous gêne.» Je jetais un petit coup d’œil à Ren, toujours assoupie.  « Et bien sachez que vous êtes le cadet des soucis de mon Orine qui aura oublier jusqu'à votre existence à son réveil. Quant à moi ...» Je soupiras. « Ce simple masque n'aurait su enfermer votre identité. Je suis de ceux qui savent d'un regard.» D'un coup de menton, je désignais le petite bureau non loin de moi, qui faisait face à Ophalee. « Votre précieuse protection vous attend sagement. Je me suis permis de lui faire un brin de toilette. La souillure du sang n'est guère bonne à contempler.»

On toqua à nouveau à ma porte avec une insistance déconcertante. Je soupirais. Ophalee me scrutait avec une hargne à peine dissimulée, dans l'attente évidente d'une réaction. Mais je ne la regardais pas. Mes yeux se perdaient dans la contemplation de la poignée, et j'attendis que les secondes s'écoulent. On pouvait me prétendre fou. J'étais simplement assez prudent pour vérifier l'identité de la mystérieuse venue avant d'ouvrir. Je finis par me lever pour me diriger vers la poignée. Sur le chemin, d'un geste, je recouvrais Ophalee. Et j'entrevis la porte enfin. « Oui ?» - « Je vous ai apporté un peu de thé.» Elle contempla ma chambre et le soulagement se lut sur ses traits. « Je n'ai pas assez pour payer ce service, madame.» - « Oh mais je vous l'offre. Les jeunes filles qui vous accompagne avaient l'air tellement fatiguées.» - « Mais je ne peux ...» - « S'il vous plaît.» Je saisis le plateau. « Merci.» Elle me sourit. « Passez une bonne soirée.» - « Vous de même. Alice et Ren seront ravies de cette attention.» Elle s'en retourna à ses occupations. Le regard éteint, je la regardais partir, avant de refermer la porte et mettre le verrou. « Je ne sais pas qui vous vous êtes mis à dos, mais ils veulent votre peau. Ils ont menacé cette pauvre femme pour l'envoyer en reconnaissance.» Et elle s'empresserait de rapporter à ces agresseurs les noms que j'avais communiquer. Ainsi, Ophalee avait un alibi parfait. Mais il valait mieux que, où qu'elle soit, Alice ne revienne pas.

Les heures passèrent, calmes, au milieu d'une endormie et d'une blessée que j'avais allégrement drogué de médicaments pour qu'elle ne ressente pas les blessures profondes de son bras. Somnolent, je dormais de temps en temps, par groupement de quelques minutes. J'avais le sommeil léger, et j'étais bien trop nerveux pour m'assoupir réellement. Quand vint le matin, il était grand temps de partir. Alice me foudroyait du regard. Elle était revenue il y a peu et se taisait par respect pour Ophalee, qui ne s'était toujours pas réveillée. Je pris soin de vérifier que les alentours étaient sûrs pour elle avant de m'en aller, payant au passage l'aubergiste.
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La Symphonie de nos Rêves [Ophalee]

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