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Les prémisses d'un chaos terrible s'annonçait un peu plus chaque jour, dorénavant, il était impossible de fermer les yeux sur le malheur des gens et le danger à venir. On vivait une époque troublée, ce n'était un secret pour personne, pire, c'était un fait qu'on ne pouvait réfuter, on ne pouvait que le démontrer. Les exemples et les preuves ne manquaient pas. Mais avait-on déjà connu sur les Terres du Yin et du Yang quelques années de paix et d'allégresse à travers ses longs siècles d'existence ? Je commençais à croire que non. Il y avait toujours dans l'ombre quelques avides et envieux qui complotaient en silence, jusqu'à se révéler au grand jour pour mieux semer le mal. Quel triste destin que de ne pouvoir abriter en son sein que des Hommes ayant soif de pouvoirs et de destruction. Les mains tremblantes, je m’affairais à bander les bras ensanglantées d'une pauvre enfant d'à peine une dizaine d'années qui n'avait commis aucune faute, si ce n'est d'avoir été au mauvais endroit au mauvais moment. « Tu es très courageuse.» lui murmurais-je doucement pour espérer la rassurer, un mince et pauvre sourire sur les lèvres. Les yeux rouges des larmes silencieuses qui coulaient le long de ses joues depuis trop longtemps, elle tâcha de me rendre ce sourire, avec une étonnante sincérité. Je jetais un coup d’œil aux alentours. Personne ne semblait veiller sur elle. La gorge serrée, craignant déjà une réponse qui ne me plairait guère, je lui demanda sur le ton le plus calme et rassurant que j'étais capable de prononcer : « Où sont tes parents, Maria ?» - « Je ne sais pas.» articula-t-elle difficilement en avalant sa salive. Je dû retenir un soulagement. Elle semblait si inquiète qu'il aurait été déplacée de se laisser aller, mais j'avais tant crains qu'elle me réponde qu'ils n'étaient plus de ce monde que cette réponse me satisfaisait amplement. « Bien. Alors que dirais-tu si nous allions à leur recherche ?» - « Mais les autres gens ? Ils sont blessés, ils ont besoin de toi.» Presque surprise, je la dévisageais quelques instants. Tout deux debout, l'une en face de l'autre, quelques secondes s'écoulèrent. Et les traits de mon visage crispé et étonné se détendirent pour une expression douce et attendri, un petit sourire au coin des lèvres. En me baissant, je fis glisser doucement une main dans ses cheveux clairs emmêlés, pour lui murmurer « Tu es une petite exceptionnelle, tu le sais, ça ? Ne t'inquiète pas, il y a suffisamment de médecins pour l'instant pour s'occuper d'eux, et je reviendrai vite, puisque je suis certaine que nous allons vite retrouver ton papa ou ta maman. Je ne peux pas te laisser seule au milieu de toutes ces décombres.» Je devais faire plus attention à mes mots. J'avais faillis ajouter « et ces cadavres.»

Lentement, Maria glissa sa paume dans la mienne, et s'accrochait à moi comme on s'acharnait sur le dernier fil de la vie. Et c'est main dans la main que nous sommes partis à la recherche de ces proches. « Où les as-tu vu pour la dernière fois ?» - « A la maison.» - « Bien. Guide moi.» Elle semblait prendre la responsabilité très au sérieux, et dans le plus grand de silences, elle avança pour m'entraîner entre les débris. Je ne savais pas comment elle pouvait bien faire pour se repérer. L'habitude, très certainement. Mais les coins que je voyais étaient totalement détruit, l'attaque avait été sans pitié. Aux alentours, seule une maison était encore debout. « C'était là.» Elle pointa du doigt un tas de pierre et de bois. Je m'en approchais avec appréhension. Mais il n'y avait pas à fouiller bien loin. Je parvenais à discerner des gens sous les décombres. « Va chercher de l'aide.» ordonnais-je peut-être un peu trop sèchement à la petite qui ne m'en tint de toute évidence pas rigueur. Elle avait compris. Cette zone n'avait pas dû être explorer, et tant de personnes étaient prisonnières de leur propre demeure effondrée. « Aidez-moi.» chuchota une voix tremblante. Des gravillon et des brindilles sortit doucement et avec faiblesse la main éraflée d'une femme. Je la pris avec délicatesse. « Ne vous en faites pas, les renforts arrivent.» - « Je...» Elle allait mourir. C'était la mère de Maria. Je ne pouvais le permettre. Quelque chose devait faire pression sur elle. Fermant les yeux, je me concentrais quelques instants pour faire léviter des grosses barres de fer entreposées un peu plus loin pour faire dégager les plus gros blocs de pierres.

« Vous allez bien ?» La mère de Maria ouvrit les yeux, exténuée, et je fis passer un linge humide sur son front brûlant. « Ma fille ?» - « Elle va très bien, ne vous en faites pas pour elle.» - « Mon mari ?» - « Nous l'avons sortis des décombres en même temps que vous. On s'occupe de lui dans une tente voisine.» Elle sourit, quelques larmes au bord des yeux. « C'est tout ce qui compte.» - « Des gens de tout les continents et de toutes les races sont ici pour aider, selon leur moyens. Aeden et les vôtres seront bientôt sur pieds.» - « Je ne suis pas sûre d'avoir envie de rester dans les parages.» - « C'est vous qi décidez» - « Je ne me sens plus à l'aise, ni en sécurité.» - « Les défenses sont en train d'être revue.» - « C'est en effet indispensable.» - « De nombreux villes et villages ouvrent leur portes aux réfugiés, si vous souhaitez partir, vous avez le choix.» - « Pensez-vous que je sois en état de voyager ?» - « Pour l'instant, non. Mais d'ici quelques jours, c'est envisageable.» - « J'ai donc ce temps pour réfléchir.» Je lui souris. Un peu de réconfort dans les ténèbres.

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Aeden. Terrible avait été le coup porté à la cité du peuple protecteur des Eléments. Eux qui n'avaient demandé au monde que la tranquillité afin de continuer à veiller sur ces éléments si chers à leurs yeux, dans ce paradis isolé, avaient été frappés le plus injustement du monde par la main du chaos visant à s'établir sur la totalité des terres du Yin et du Yang, n'épargnant ainsi aucun refuge. Et alors que je n'avais aucun lien avec les Elémentals, je ne pouvais m'empêcher de compatir à leur souffrance, de se voir ainsi frappé sans prévenir par une menace venant de l'ombre et retournant dans l'ombre. Le seul membre de ce peuple que je connaissais était mon petit frère Raphaël Taiji, mais il ne faisait pas partie de ceux que j'avais le plus fréquentés au manoir de mon enfance. Un nom et un visage, c'était à peu près tout ce que j'attribuais à cet enfant appartenant au peuple des Elémentals. Bien sûr, je n'avais pas oublié le rôle qu'avait joué l'Impératrice du Tout, Takias Misalaak, dans la bataille opposant les Anges à leurs semblables déchus, et quand bien même j'étais enclin par nature à prendre la défense des êtres célestes, j'estimais que je n'avais en rien le droit de juger la souveraine des Elémentals. Son choix, s'il avait été guidé par l'intérêt de son peuple, n'avait rien de répréhensible. En revanche, si cette souveraine de Feu avait pris part aux batailles en tant que reine uniquement pour assouvir un désir personnel, elle ne méritait pas tant de considération, mais c'étaient déjà là des pensées trop osées compte tenu du peu que je savais sur le conflit qui avait eu lieu à la Citadelle des Anges.

Et pour le moment, c'était à vrai dire le cadet de mes soucis. Quelle que soit la position de leur souveraine, les Elémentals avaient à juste titre besoin de l'aide que pourraient leur offrir les autres peuples du Yin et du Yang, si ils s'efforçaient de faire preuve d'un tantinet d'altruisme envers eux. Peu m'importait la politique, au final. Ce qui m'importait, c'était la souffrance et le besoin de ces êtres qui avaient droit à toute la compassion que nous autres pouvions leur offrir. Ainsi, en apprenant la nouvelle de l'attentat qui avait frappé Aeden, et de ses conséquences dramatiques, je m'étais décidé à mettre à disposition mes services de guérisseur, gratuitement cette fois-ci, puisque je n'étais pas en difficulté financière pour le moment. Et puis, si on voyait tout ceci d'un œil vraiment pragmatique – et un peu cynique – ça me ferait plutôt de la bonne publicité que faire œuvre de charité. Je pénétrai ainsi plein de bonnes intentions l'un des portails menant à la cité des Elémentals, connaissant le moyen de m'y rendre grâce à Seth, qui n'aurait pour rien au monde manqué de nous enseigné un tel élément incontournable. Je me demandais néanmoins quel stratagème avaient pu utiliser les responsables de l'attentat pour franchir les portails d'Aeden sans être repoussés par la magie censée tenir à l'écart tout individu désirant nuire aux Eléments et à leurs protecteurs. Mais probablement que ces derniers étaient déjà en train d'essayer de remédier au problème.

Quant à moi, je ne pouvais que me concentrer sur ce qui était à la hauteur de mes capacités. Une fois le portail franchi, je fus accueilli par un Elémental au regard émeraude et aux cheveux blonds, qui m'adressa la parole avec douceur et affabilité. Le vent semblait de temps à autre jouer avec ses mèches dorées, et lorsque je lui demandais si il était un Elémental d'Air, il ne fit que me répondre par un sourire à la fois doux et mystérieux. Je n'avais aucun moyen de savoir si j'avais ou non deviné juste, les Elémentals les plus doués développant souvent des dons visant à contrôler plusieurs éléments autres que celui dont ils étaient issus. Malgré la curiosité qui m'animait à propos de cet individu, je lui fis part de ma profession, et son sourire parut se teinter de tristesse, avant qu'il ne me mène vers une tente qui semblait avoir été montée à la va-vite. A l'intérieur de celle-ci, je pus découvrir le spectacle auquel j'avais fini par être habitué dès que je pointais mon nez sur le lieu d'une catastrophe, désireux de faire profiter de mes dons de guérison. S'effaçant aussi discrètement qu'un courant d'air, mon guide me laissa libre de prendre l'initiative, face à un océan de souffrance.

Je n'étais pas le seul guérisseur à avoir fait acte de présence, et déjà Magiciens, Elémentals et autres créatures globalement bénéfiques s'activaient autour des blessés qui avaient été rapatriés dans cet aménagement sommaire, l'hôpital d'Aeden prenant en charge ceux qui pouvaient être déplacés jusque-là. Mais sous cette tente, c'étaient les soins d'urgence et de proximité qui faisaient la différence, en dépit de l'aménagement sommaire. Adoptant rapidement mes réflexes professionnels, je m'approchai d'une couchette sur laquelle gisait un homme présentant une fracture ouverte de tibia, qui semblait avoir sectionné nerfs et vaisseaux dans la brutalité du choc. Mes mains s'étendirent au-dessus de la blessures et je fermai les yeux un instant, concentrant ma magie dans mes paumes. Petit à petit, la lumière salvatrice répara les nerfs, referma les vaisseaux et la chair, rétablit l'ordre des fibres musculaires. L'homme poussa un soupir de soulagement, qui fut néanmoins suivi d'un gémissement.

Je me redressai et examinai attentivement le blessé. Il ne fallut que quelques instants pour que mon regard repère cette légère excroissance au niveau de la clavicule qu'un œil non habitué à la médecine aurait négligé. J'appuyai doucement sur ce relief avec mon index, qui s'enfonça tel une touche de piano, tandis que l'homme poussait de nouveau un gémissement de douleur. J'ôtai mon doigt avec délicatesse avant d'ouvrir ma main au-dessus de la fracture et réitérai mes soins magiques. Je savais que j'aurais besoin de beaucoup de mes forces, aussi économisais-je mon énergie en ne faisant pas appel aux Paroles de Pouvoir, qui auraient pourtant amélioré l'efficacité et la rapidité de ma magie. Au détriment de mes propres ressources.

Devenir un fardeau pour le reste de l'équipe soignante ne faisait pas partie de mes objectifs. Je connaissais le rapport bénéfice risque de mes pouvoirs, et l'utilisais judicieusement. Vérifiant rapidement l'état général de mon patient, je poussai un soupir où se mêlaient tension et soulagement.

« Maudits soient ces buveurs de sang... fit une voix quelque part dans mon dos. »

Je ne me retournai pas. Ni ne pris en considération ces propos. J'étais à présent dans un univers où seuls comptaient la vie, la souffrance et le soin. Un univers d'urgence et de tension, un univers animé par le besoin et le devoir d'aider à soulager autrui de ses peines. Un univers loin de toutes intrigues politiques, qui ne résonnaient à mes oreilles que comme propos inutiles et incertains en ce moment critique.

Tel était l'univers que j'avais choisi. Je m'accroupis à côté d'un autre blessé, et passai ma main illuminée de magie sur la plaie béante de son abdomen. Celle-ci refermée, je modifiais ma magie afin d'agir sur le foie sous-jacent, qui avait été également atteint par le choc, et qui ne devait pas être négligé. Car il était vital à l'organisme. Ces connaissances anatomiques et séméiologiques resurgissaient mécaniquement dans mon esprit, éloignant l'humain pour mieux lui venir en aide. Telle était ma réalité. Telle était notre réalité à nous autres, qui avions choisi de nous engager autant sur la voie du combat que celle de la guérison. Car au final, ces deux buts se ressemblaient.

Les heures défilèrent. Les blessés également. Certains périrent. D'autres survécurent. D'autres auraient préféré y rester. Ceux-là, je ne pouvais que les adresser à des guérisseurs plus expérimentés que moi, capables de rendre au corps l'intégralité de ses fonctions uniquement par la puissance de leur magie. Ou je ne pouvais que hausser les épaules devant leur insensibilité à notre magie bienfaisante, qui les condamnait à dépendre de la médecine traditionnelle, dans laquelle j'excellais également, sans pour autant pouvoir créer de miracles.

Les heures défilèrent. Les décisions s'enchaînaient, toutes aussi rapides les unes que les autres. Prompts à réagir, c'était ainsi qu'il nous fallait l'être. Jusqu'à que se pointe le petit matin et que cet Elémental aux prunelles émeraude et au sourire triste m'exhorte à cesser de m'acharner. Et à prendre du repos. Après celui-ci, les choses reprendraient leur cours. Sauf pour tous ceux qui avaient perdu quelque chose d'inestimable dans cet attentat à la dignité humaine.

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Takias se tenait droite au centre de la place d'Aeden, c'était là où il y avait le plus de dégâts et là où il y avait eu le plus de monde évidemment. La rage pouvait encore se lire sur les traits de la reine épuisée par les évènements de ces derniers jours. Les Vampires... Ils n'avaient aucune raison d'en vouloir aux Elémentals et pourtant ils ne s'étaient pas gênés, Takias avait d'ailleurs immédiatement fait envoyé une missive au clan concerné annonçant que l'accès à Aeden leur était interdit et qu'il valait mieux pour eux qu'ils se préparent à affronter la vengeance de tout un peuple. Bien sûr, l'Impératrice du Tout ne partirait pas en guerre, pas pour le moment, mais les Vampires s'étaient fait de sacrés ennemis en mettant en place cet attentat. Takias était en pleine réunion avec le Conseil lorsque ils entendirent une explosion de magie, elle s'était précipité dehors avec les Esprits et était resté muette d'horreur devant la scène qui s'affichait sous ses yeux: la bibliothèque, l'éol encore en construction et quasiment tous les étals des commerçants avaient volés en éclat mais ce n'était pas le pire. Sous ces débris matériels se cachaient les débris humains... Des corps avaient été dépecer, écartelés sous la puissance de l'explosion. Des enfants au visages innocents gisaient ça et là, inertes sur le sol jonchés de pierre d'Aeden. La ville venait à peine de se remettre de l'attaque des zombis qu'on l'attaquait de nouveau. Takias sentit son coeur se déchirer. On avait pu en sauver quelques-uns mais la plupart étaient estropiés. Les enfants avaient été le plus touchés puisque la place en était pleine, les artisans avaient perdus tout le fruit de leur labeur qu'ils avaient installés le matin même sur leurs étalages colorés. Cela avait été un couteau enfoncé dans le coeur de l'Ile. Mais pourquoi? Takias s'était longtemps interrogé à ce sujet, pourquoi les avoir pris comme cible, eux qui ne demandaient rien que de vivre sereinement dans leur petit Ile retranchée en pleine mer sans gêner personne? Pourquoi avait-on volontairement fait exploser la partie où les innocents et les civils étaient les plus nombreux? Qui donc prenait plaisir à voir des visages enfantés ensanglantés? Des femmes, des hommes, des nourrissons aux membres éparpillés ça et là au centre d'une ville en paix? Pourquoi le Conseil ou la caserne n'avaient-ils pas été pris comme cible comme on aurait pu le croire? Takias descendit les quelques marches qui permettaient d'accéder à la statue des Titans, au centre de la place. Elle seule avait été épargnée, car elle était faite de magie pure et que l'arche placée au centre était le seul portail qui conduisait aux Sanctuaires, portail qui ne pouvait être ouvert que par le Seigneur du Tout. La jeune femme avait vue en cette statue un espoir: les Dieux veillaient sur eux et iil fallait reconstruire la ville, mais aussi et surtout, la fortifié, les zombis et maintenant l'attentat prouvait bien qu'Aeden n'était pas assez protégée qu'elle avait été plusieurs fois la cible et la victime et qu'il était maintenant tant que cela cesse. Takias n'était pas la seule à crier vengeance, oh que non! C'était tout un peuple qui hurlait pour la mort de leurs proches car pas une seule famille ne pouvait se réjouir de ne pas avoir perdu quelqu'un, chaque famille pleurait au moins une victime. On reconstruisait donc la ville avec hargne et force, gardant bien en tête le but ultime de la vengeance et de la reconstruction et fortification parfaite d'Aeden. De plus, beaucoup d'étrangers venaient prêter main forte et cela rendait Takias heureuse mais aussi méfiante... Il y avait trop d'étrangers dans la ville et la jeune femme craignait une rechute... Cependant elle n'en montrait rien, elle passait de bâtiments en bâtiments souriant avec franchise pour redonner espoir à son peuple et lui montrer qu'elle les soutenait. Elle posait une main rassurante sur les épaules des artisans et commerçants, qu'elle côtoyaient régulièrement, ébouriffaient affectueusement les têtes des gamins qui couraient pour faire passer des messages ou portant quelques matériaux vers des endroits de reconstruction. Les fours des boulangeries avaient été reconstruites en premier lieu et les femmes cuisaient constamment du pain pour les travailleurs. Chacun mettait la main à la pâte à sa façon. Les forges aussi étaient d'une utilité remarquable puisque reconstruction signifiait aussi outils, il fallait donc en fabriquer et ce n'était pas une mince affaire! Takias passa à côté de jeune garçons, des apprentis pour la plupart qui martelaient des clous, des pinces, des tournevis brûlant comme la braise. Elle passa à côté d'un Elémental de l'Eau un peu plus jeune que les autres et qui peinait à frapper le métal sur l'enclume. La jeune Reine l'observa un instant avant d'intervenir:

"Comment t'appelles-tu? " demanda-t-elle doucement. Le garçon aux cheveux roux releva la tête et plongea ses yeux verts dans ceux de la jeune femme.

"Fail, votre altesse!"

"Et bien Fail, depuis quand es-tu apprenti forgeron?"

"A vrai dire je ne le suis pas... votre altesse, je donne un coup de main car on m'a dit que je serais d'une grande utilité avec ma force ici..."

Takias sut qu'il possédait en effet le don de superforce. Elle hocha la tête et se mit à côté de lui, elle posa sa main sur la sienne qui tenait toujours le marteau et la leva, lui faisant suivre le mouvement.

"Je vais te montrer Fail, que la forge n'est pas seulement une question de force. Incline plus ton marteau et appuie bien la lame sur l'enclume si tu veux lui donner forme. C'est pour ça que tu as du mal en dépit de ta force."

Elle recommença son geste plusieurs fois, tenant toujours la main du garçon pour lui montrer. Au bout de plusieurs coups puissants sur la tenaille qu'il forgeait, les traits de cette dernière devinrent plus réguliers et la forme arrondie parfaite.

"Voilà, si tu te places bien devant ton enclume et que tes geste son secs et précis, pas forcément brutaux, tu y arriveras mieux..."

Elle saisit la tenaille rougeoyante à mains nues et la plongea dans la bassine d'eau glacé qui se trouvait à côté.

"Ouah! Vous êtes rapide! Merci beaucoup, j'ai un peu du mal avec toute cette chaleur!"

La jeune femme sourit et reprit:

"Tu as du courage de venir aider ici alors que tu es de l'Eau, ce doit être dur d'être tout le temps au contact de la chaleur et des flammes pour toi, non? J'admire ton courage et si je peux te donner un conseil fortifie ton corps et habitue le à ton élément opposé qu'est le feu, ainsi on ne pourra pas s'en servir contre toi!"

La jeune rouquin acquiesça:

"Très bien j'y penserais! Je comptais me mettre à l'apprentissage de la maîtrise du feu en plus! Merci de votre conseil!"

"Ne me remercie pas, c'est normal! Allez va prendre un peu l'air et mouille toi un peu le visage, je te remplace!"

Les yeux émeraude de l'adolescent s'illuminèrent et il bafouilla quelques mots de remerciements avant de sortir sans se faire prier, se remettre un peu au contact de son élément. Takias quant à elle saisit presque sans s'en rendre compte un morceau d'acier et le plus gros marteau qui lui tomba sous la main. Elle se mit à frapper dessus avec régularité, se concentrant au maximum sur ce qu'elle était en train de faire: la forge lui faisait du bien, le bruit du marteau s'écrasant sur le métal l'obligeait à ne penser à rien et à oublier tout ses soucis. Elle se rendit compte à quel point ces mouvements répétés et cadencés li avaient manqués ces derniers mois. Les gens autour d'elle ne lui portait que très peu d'attention, ils s'étaient habitués à la voir constamment en leur présence avec toute la simplicité et la franchise qu'elle portait.



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J’étais enfin de retour. Après un voyage très instructif avec Lysis, une merveilleuse rencontre avec celui qui devait être mon père, je foulais à nouveau le sol du berceau cristallin. Le paysage m’avait vraiment manqué. J’adorais ce manteau neigeux qui recouvrait ce lieu en toute période de l’année. Comme d’habitude, des flocons de neige descendaient des cieux pour se déposer délicatement tout autour de moi. Ce spectacle m’avait toujours émerveillé, stupéfait. Contrairement à moi, Bomby, mon compagnon de feu, n’appréciait guère neige et eau. De ce fait, il lui arrivait souvent de faire s’évaporer la neige avant qu’elle ne lui tombe dessus. Ces décharges plus ou moins régulières m’apportaient à chaque fois une nouvelle vague de chaleur qui s’emparait de tout mon être, m’apportant un réconfort non négligeable après ces heures de marches. Je continuai ma traversée jusqu’au village que j’avais quitté quelques mois auparavant. J’y avais certes été maltraité mais je songeai à ce qu’ils m’aient oublié ou ne me reconnaissent plus. Et puis, désormais, j’avais un peu d’argent et plus de maîtrise : sans doute m’accepteraient-ils plus facilement ?

En chemin, je fus étonné du nombre de personnes que je croisais. Il y avait là bien du monde se dirigeant plus à l’ouest de mon itinéraire. Que pouvait-il bien y avoir là-bas ? Ma curiosité me poussa à m’approcher d’un groupe d’hommes. Ils furent un peu surpris de se faire interpeller par un garçon mais, reprenant vite leurs esprits, l’un d’eux me répondit.

« Quoi, tu n’es pas au courant que la cité a été détruite ? »

« La cité ? Quelle cité ? »

« Notre cité ! »

Au son de sa voix, j’avais l’impression de l’énerver. De quoi pouvait-il bien parler ? Soudain, je me sentis écraser par une force oppressante émanant de lui. Cela ne dura qu’un court instant mais je su qu’il était puissant. Très puissant. Après cela, mon instinct me dictai qu’il était un élémental tout comme moi. Si au départ je réfuté cette accusation infondé, je remarquai quelques signes qui appuyaient ma théorie. Ainsi, je compris mieux ses dires. La ville élémentale avait été détruite. Tous ces gens étaient donc venus pour aider les blessés et reconstruire ce lieu emblématique de notre race ? J’écarquillais les yeux devant ce spectacle de solidarité.

« Tu veux venir avec nous, petit ? »

Je réfléchissais un instant. Qu’avais-je à y perdre ? C’était un lieu fait pour les gens comme moi. J’y apprendrais certainement bien plus que dans un pauvre village comme celui où j’étais auparavant. De plus, ils m’accepteraient sans doute plus facilement. Je hochai de la tête en signe d’approbation.

Tout au long du chemin, mes compagnons de voyage m’interrogèrent sur la culture élémentale ainsi que leurs traditions. Si je connaissais quelques informations, je n’arrivais pas à répondre à la moitié de leurs questions. Ils m’apprirent donc beaucoup de chose sur l’histoire de mon peuple, ses légendes, les titans et bien d’autres choses encore. Ensuite, l’un d’eux fit les éloges du Seigneur du Tout. Je connaissais déjà ce personnage que m’avait décrit Lysis lors de notre long voyage. C’était une femme très puissante qui dirigeait notre race qui, comme moi, était à la base un élémental de feu. Après son histoire, je m’étais mis à rêver de devenir moi-aussi Seigneur du Tout mais ce n’était que chimères irréalisables.

Enfin, j’apercevais à l’horizon les débris de la capitale. J’essayai de m’imaginer à quoi devait ressemblait la cité mais j’en étais incapable : les dégâts étaient bien trop important. Lorsque nous arrivâmes dans la ville, seul quelques statues et bâtisses étaient encore en état. Cependant, la majorité des bâtiments jonchaient le sol, anéantis. Ce spectacle était désolant. D’ailleurs, un bon nombre de gens pleuraient, choqué par ce désastre.

Je m’étais séparé de mon groupe. Ils avaient fort à faire. Alors que je regardais une des statues restantes, un élémental m’interpella. Je me retournai et découvrit un jeune homme au teint pâle et aux cheveux d’un bleu presque blanc.

« Bonjour, êtes-vous là pour nous aider ? » Demanda-t-il ?

« Euh..b..oui…» Bredouillais-je

« Alors, suivez-moi »

Je l’accompagnais, m’interrogeant sur la nature de ma mission. Nous marchâmes quelques minutes, contournant et enjambant les débris, pour enfin arriver sur un chantier.

« Hé les gars, j’vous ai ramené un petit. Il pourra vous aider. Il contrôle le métal »

« Comment… »

Mon guide se retourna et me fit un sourire, fier de m’avoir étonné. L’instant d’après, il était parti. Je n’avais aucune idée de comment il pouvait savoir cela. Je me retournai vers Bomby qui tourna autour de moi. Il semblait se sentir mieux depuis qu’il avait arrêté de neiger.

Une femme s’approcha de moi et m’expliqua ce que je devais faire : je devais reconstituer des barres de métal à partir des fragments que je retrouvai. A vrai dire, je n’étais pas encore réellement doué avec le métal. J’arrivais seulement à faire de grossières lames pour glisser sur la glace. Aussi, elle prit le temps de m’aider et de m’apprendre. Elle était très gentille.

« Ferme-les yeux et imagine le métal se liquéfier. Maintenant, visionne le résultat que tu veux »

Après deux ou trois essais à peine, j’arrivais à modeler le métal comme il le fallait. J’étais assez fier de moi et, apparemment, elle aussi car elle me félicita en m’ébouriffant les cheveux. Je souris puis elle s’en alla.

« Continues. Je retourne à mon travail. Si tu as des questions, n’hésites pas ! »

Je hochai la tête et continuai mon travail.

Je restai bien longtemps à Aeden. J’aidais à reconstruire la ville chaque jour en faisant de mon mieux. C’était une expérience très enrichissante pour moi car chacune des tâches que l’on me confiait demander l’utilisation de mes pouvoirs. J’appris donc à manier correctement les éléments auxquels je pouvais faire appel.

Spoiler:

Aeden. Malgré son statut d'Elémental, Ercan n'était toujours pas parvenu à considérer cette ville, cette île comme son véritable foyer. Mais la faute n'en revenait pas à ce splendide endroit béni par les Eléments, sanctuaire de ces derniers et de leur race protectrice. Si faute il y avait, elle devait être attribuée au foyer déjà existant dans le cœur du jeune Eren, qui, avant d'appartenir à la race d'Elémental, avait eu une famille humaine, et continuait à s'y accrocher, indépendamment de son changement de nature. Ses parents, Yuan et Ilian, ainsi que leur Ange gardien, Tzariel, n'avaient pas fait des montagnes de cet événements imprévu et avaient continué à accueillir Ercan comme se devait de le faire une famille normale. Peu importait la nature, ce qui comptait était le contenu de leurs cœurs. Ainsi, son véritable foyer ne se trouvait pas à Aeden, mais dans une petite maison perdue dans les Montagnes de l'Edelweiss enneigé, qui comptait par ailleurs un portail pour se rendre à la ville des Elémentals.

Ainsi, si Aeden n'était pas le foyer du jeune 'homme' aux cheveux argent, il demeurait assez proche de celui-ci, et en appréciait par ailleurs l'atmosphère, l'air pur et la proximité des Eléments, répondant à la présence de celui qui vivait en lui depuis le jour où il avait perdu son statut d'Humain. Depuis qu'il avait accepté sa réalité d'Elémental et avait remis les pieds à Aeden, aidant à cette occasion un certain Génie à se familiariser d'une façon bien particulière aux Eléments, il avait appris à apprécier l'endroit, à s'y rendre fréquemment, poussé par ses envies passagères et capricieuses. Mais cette fois-ci, les choses avaient été légèrement différentes. Car ce fut poussé par le vent qu'il se rendit à Aeden, un vent qu'il avait ressenti comme particulièrement inquiétant. Si le commun des mortels n'avait probablement pas ressenti cette variation dans la brise venue caresser ses mèches argentées, les Elémentals possédant un don de contrôle du vent avaient très certainement perçu cette étrangeté dans le vent, avant même que ne soit émis de la cité des Elémentals des appels à l'aide provenant de l'Impératrice du Tout elle-même.

Une fois le mot du lieu magique prononcé, le portail menant à Aeden s'était ouvert devant Ercan, qui l'avait franchi sans hésitations. Et à présent, il se tenait sur la place centrale de la cité des Elémentals, qui avait radicalement changé depuis son dernier passage en ces lieux. Son regard vermeil balaya les alentours, qui n'étaient que décombres et agitation. Seule la statue des Titans tenait encore debout, régnant de toute sa hauteur sur ce champ de désolation qu'était devenu le centre d'Aeden. A présent, il comprenait. Il comprenait cette brise, ce vent d'urgence qui lui était parvenu, qui l'avait poussé à se rendre le plus rapidement possible en ces lieux. Flottait dans les airs une légère odeur métallique, et la sérénité des lieux n'était plus qu'un souvenir. Et ce qui ne l'atteignait normalement pas provoqua en lui la montée de sentiments nouveaux, mêlés les uns aux autres. Peine. Pitié. Voire même colère. Mais ce mélange demeura parqué derrière ce rempart d'indifférence nonchalante qu'affichait l'Elémental de Foudre en temps normal.

« Mon frère... fit un homme aux longs cheveux noir de jais. Tu es venu, toi aussi. »

Le regard vermeil du lancier se riva dans celui améthyste de celui qui venait de l'aborder. Un homme aux traits fins, le dépassant d'une tête, et aux prunelles emplies de rage et de peine contenues. En le voyant, le jeune Eren sut immédiatement qu'il s'agissait de l'un de ses semblables, et que la dénomination 'frère' n'avait été utilisée que pour mettre en avant ce fait. Rien de plus.

« Sacré bordel... soupira le jeune 'homme' aux cheveux argent. »

Les prunelles de l'homme aux cheveux ébène se voilèrent de tristesse, tandis qu'il hochait silencieusement la tête. Il existait entre les Elémentals ce lien permis par l'Impératrice du Tout, qui leur permettait de se sentir plus proches et parfois de ressentir les états d'âme de leurs semblables. Ercan avait toujours été hermétique à ce phénomène, jusqu'à ce qu'il s'accepte réellement en tant qu'Elémental. L'expérience était nouvelle, et il avait tout de même tendance à y être réfractaire, n'appréciant toujours pas qu'autrui sonde ses sentiments, mais dans le cas présent, cette empathie raciale permettait aux deux hommes de s'affranchir des limites du langage et de ses apparences.

« Viens. »

Ercan acquiesça d'un signe de tête. Le ton de son interlocuteur avait été doux, et sa parole était loin d'être un ordre, car l'Elémental avait compris le désir inexprimé de son semblable aux prunelles vermeil. Agir. Ercan était un homme d'action plus que de réflexion, en dépit de sa flemmingite chronique. L'Elémental aux yeux améthyste l'avait compris. Ce dernier mena le jeune 'homme' aux cheveux argent jusqu'à un bâtiment ayant souffert de dommages au cours de l'attentat, qu'il reconnut aisément. De par sa nature d'Elémental de Foudre, Ercan avait immanquableent noté, dès sa première visite prolongée à Aeden, l'existence de ce bâtiment faisant partie intégrante du réseau électrique de la cité des Elémentals. Plus qu'une partie d'ailleurs, il s'agissait là d'un véritable pivot, dont la fonction semblait avoir été altérée par les dégâts. Le lancier ne sentait plus les électrons courir librement au sein de cette structure. Tout comme les habitants de ce lieu, ceux-ci semblaient avoir été désorientés par la violence de l'attaque, et étaient à présent perdus.

Les deux Elémentals échangèrent un regard, et Ercan n'eut guère besoin de mots pour comprendre ce que l'on attendait de lui. Ou plutôt, d'eux. Car en plus de son semblable aux prunelles améthyste, cinq autres individus semblaient s'activer dans les décombres issus de la chute de l'un des murs du bâtiment faisant office de centrale. Ercan et son guide ne tardèrent pas à le rejoindre, les aidant dans un silence religieux à déblayer le terrain et à remettre en place les circuits endommagés. Une fois les réparations les plus sommaires effectuées, les sept Elémentals prirent une pause en contemplant, toujours silencieusement, le résultat de leur travail. Dans un climat autre que celui du deuil, ils se seraient très probablement félicités pour une telle ardeur au travail, mais dans le cas présent, le cœur n'y était pas.

Trois des Elémentals du groupe se levèrent, de même qu'Ercan lorsqu'il vit les doigts de chacun fourmiller d'arcs électriques. Malgré le silence planant sur le groupe, chacun savait ce qu'il devait faire, et une étrange symbiose était née, seulement par le biais des regards et de l'empathie. Cela aussi, constituait une expérience nouvelle aux yeux du jeune Eren. Nouvelle, et pas forcément désagréable. Songeant à cela, il s'approcha des circuits réparés, et tourna son regard vers l'intérieur, vers cet Elément qui vivait en lui depuis des mois, qui lui avait sauvé la vie et faisait partie intégrante de son être. Ses doigts fins se posèrent sur les câbles, et l'instant suivant, il ne fut plus qu'électrons, courant allègrement le long des circuits, se mêlant à d'autres électrons, voyageant par-delà les murs du bâtiment et se répandant dans toute la zone qui avait été privée d'électricité par l'endommagement du complexe électrique.

Courir dans toute la cité, sous la forme d'électron, de manière fusionnelle avec ses semblables, en vue non pas de détruire, mais de restaurer... Encore une expérience nouvelle. Et pas désagréable non plus.

Spoiler:

Construire. Détruire. Reconstruire. C'était comme un cycle qui ne finissait jamais. N'en était-il pas de même de l'humanité ? Naître, grandir, mourir, renaître... Retourner à la poussière et revenir dans notre monde sous une autre forme parce qu'après tout, nous revenons tous, d'une manière où d'une autre. Nous revenons sous la forme d'un souvenir, ou peut-être même en se réincarnant en une autre entité. Mais il restait toujours quelque chose de nous. D'ailleurs, les villes en étaient le témoin, la grandeur de chacun par l'accomplissement et la création d’œuvre de taille phénoménale. Noah n'avait jamais eu le loisir de pouvoir étudier ou d'aller à l'école, elle n'avait pu posséder ce luxe. Son enseignement, elle se devait de le faire seule et par ses propres moyens, découvrant le monde avec un regard tout autre de son vivant et pourtant... elle continuait à s'émerveiller au delà de la mort.

Mais elle était pas venue dans le but de simplement voir ses yeux – ou plutôt son œil – s'illuminait devait la beauté des bâtiment de la ville d'Aeden. Non car tout cela n'était plus depuis que les Elémentals avaient subi une attaque soudaine, attaque conduit par d'étranges vampires. A vrai dire, cela lui faisait un pincement au cœur. Elle connaissait certains vampires, et l'un plus que les autres. Pourquoi un groupe d'individus aurait perdu son temps et son énergie à attaquer ce peuple ? C'était à ne plus rien comprendre et à croire que la déraison pouvait tous les frapper et à tout instant. Mais au diable ces interrogations car aujourd'hui était le jour où on ne devait pleurer ce qui a été perdu, mais bel et bien le temps de la reconstruction. Noah se tenait présente ici pour cela et aider la plupart des ouvriers et magiciens. Oh, certes, elle aurait pu aider à soigner les blesser, mais elle pensait qu'il y avait bel et bien plus qualifier que sa personne pour se faire.

Son but serait alors de convaincre qu'elle était plus qu'une simple midinette auprès des hommes souffrant du mal du siècle : le machisme. Et cela était peut-être la tâche la plus difficile, surtout quand on frêle physique ne se prêtait pas à la tâche. Mais qu'importait, l'ombre n'était pas le genre de femme à se laisser impressionner. Elle avait déjà surmonté tellement au cours de sa vie, quelques hommes de plus qui lui lancerait des piques ne seraient que bien peu de chose face à sa détermination et son courage. Ce fut donc accompagnée de son camarade Helm, petite créature mystérieuse qu'elle se rendit auprès des ouvriers désœuvrés. Il y avait là beaucoup d'élémentals de feu, capable de modeler le métal pour créer le matériel nécessaire aux bâtiments. Il y avait aussi des personnes douées de forme surhumaine pour soulever les poutres et le tout était plus impressionnant. La cadence, la sueur, le courage de chacun à ne pas penser à ce qui les rendait triste. Mais alors qu'elle se tenait là, un ouvrier la bouscula par accident.

" Hey ! Attention ma p'tit dame ! Vous devriez pas rester là. Si vous êtes une infirmière, c'est de l'autre côté qu'il faut se rendre. "

" Ho ! Mais je ne suis pas là pour ça, mais pour vous aider, vous, messieurs. J'ai ouï dire que vous manquiez de bras et que le travail en était que plus allongé. Je me montrerais plus utile à vos côtés. "

" Sérieux ? Vous ? Vous allez nous ralentir oui ! "

Un petit sourire s'étendit sur le visage de l'ombre. Cela l'étonnait encore de voir des personnes emplies de préjugés à la vue simple d'un physique fragile. Ne vivait-on pas dans un monde de magie insoupçonnée ? Tout cela balayait les apparences et pourtant, beaucoup persistait à croire que l'on pouvait juger un individu au premier coup d’œil.

" Laissez moi au moins faire mes preuves, non ? Je suis sure que vous êtes un homme assez magnanime et intelligent pour ne pas vous laisser berner par les apparences, non ? "

Ce dernier afficha une petite moue qui en disait long. Si Noah n'avait pas été aussi calme et douce dans ces manières, peut-être aurait-il mal pris sa remarque qu'il jugea cynique. Et il était peu probable qu'il eut tord pour le coup. Mais qu'importait. Alors qu'elle s'avançait vers un mur en construction, elle vit des hommes qui tentaient de redresser une poutre afin de maintenir le tout. Cela avait pour but de renforcer le mur et de le rendre plus solide. Toutefois, l'un des ouvriers fit une mauvaise manœuvre et une corde céda sous son étreinte. La poutre était vouée à venir l'écraser si ce dernier ne possédait pas les réflexes appropriés mais Noah n'attendit pas de voir si cela était vrai. Réagissant alors rapidement, elle fit appel à ses ombres qui s'étendirent tellement des bras sombres. Ces dernières ses matérialisèrent afin de retenir l'immensité de bois.

" Veuillez, je vous prie, de sortir de là. C'est plus prudent. "

Puis Noah mima le geste à accomplir par ses ombres qui poussèrent alors la poutre dans le bon sens. Il n'y aurait plus qu'à la stabiliser comme il se devait d'être fait. Là, le malheureux, encore étourdi par l'idée que la mort aurait pu tristement le faucher, se sentait quelque peu benêt. Il fallait dire que ce n'était pas étonnant. Toutefois, le jeune homme fut assez aimable pour la remercier et se dépêcha de retourner au plus vite à son travail, comme si de rien n'était. Il n'était pas nécessaire de perdre plus de temps. Plus vite tout serait reconstruit, mieux se porterait la population élémentale. Mais en attendant, l'ombre se retourna vers le premier ouvrier qui lui avait fait des remarques.

" Et bien... je crois que je vous dois des excuses. Merci mademoiselle pour... pour ce gars. Je pense qu'on va pouvoir utiliser votre talent pour ce genre de chose. On irait peut-être plus vite même. "

" Je peux me rendre encore plus utile si vous le souhaitez. Je possède le talent de manipuler le métal. Si vous veniez à avoir besoin de quelque chose ou de redresser un matériel sans perdre de temps... " 

" Hohoho ! Intéressant ! Et bien, je retire définitivement tout ce que je vous ai dit. Finalement, vous êtes providentielle. Et puis, je pense qu'une présence féminine boostera aussi peut-être les ouvriers. On s'est jamais si ils veulent vous impressionner ! Héhéhéhé ! "

Noah se mit à sourire. Leur bonne humeur lui donnait du baume au cœur, mais était-ce vraiment eux ou participait-elle à rendre ce sentiment plus prenant chez chacun ? Oh qu'importait. Le plus important était l'entre-aide, le reste on s'en moquait, non ?

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