En réalité, l'idée qu'Armis apprenne au peuple des sorciers à se téléporter avait été une idée de génie, ne serait-ce que pour mon propre cas car, ainsi, je pouvais passer d'un champs de bataille à l'autre, bien que le lac de la transparence ne soit pas réellement dans ce cas. Comme je l'avais dit, je ne voulais pas tuer les magiciens car, mon but était autre. De plus, si je pouvais en rallier certains à la cause des sorciers, cela ne ferait pas de mal aux miens, bien au contraire. J'avais été magicien par le passé, alors que Mitsuko était sorcière et cette expérience m'avait fait comprendre ce qui nous départageait. Cette volonté de faire le mal, cette cruauté, ce manque de réflexion parfois. C'était ce que je détestais tant chez cette femme avant, son amour pour le sang, pour la torture, son art inconditionné pour la manipulation, pour la destruction mentale. J'avais donc en tête de montrer mon peuple comme un peuple civilisé, œuvrant pour le mal, certes, mais, après tout, il était toujours plus facile de dériver sur le mauvais chemin alors que l'on se trouvait auparavant sur le bon plutôt que l'inverse, j'en avais fait les frais. Et j'en étais plutôt satisfait pour tout avouer.

« Je serai vous, je rentrerai chez moi immédiatement. »

Je parlais en énigme, mais c'était bien plus amusant ainsi plutôt que de lui avouer qu'une cinquantaine de sorciers allaient apparaître d'ici quelques secondes. En fait, je n'étais pas roi, et mon influence au regard de mes semblables n'était que récente, depuis que j'avais acquis ce petit papier signé de la main de Zélia qui me nommait chef des armées pour la guerre froide contre les magiciens. Oui, depuis que j'avais ça sur moi, j'étais devenu l'homme auquel on ne pouvait rien refuser. Bien entendu, les sorciers étaient des êtres fourbes et manipulateurs, n'attendant que le bon moment pour éjecter le souverain du trône, mais ils n'étaient pas fous, contrairement aux vampires qui avaient tendance à se croire plus forts qu'ils n'étaient réellement. Les faits parlaient d'eux-mêmes : personne n'était assez fort pour vaincre la reine, et peu importait parce que les changements de trône chez les sorciers se faisaient toujours par l'emploi de la manipulation. Oui, nous étions tel un serpent vicieux s'enroulant doucement autour de sa proie avant de la dévorer.

« Oui, rentrez chez vous parce qu'ils arrivent... »

Je fis alors apparaître les deux zombies qui étaient les miens depuis qu'Orion avait semé la panique sur ce monde avant de contempler la mine terrorisée du magicien qui travaillait jusqu'à présent la terre. Il eut un large mouvement de recul devant mes créatures, mouvement que tout être normalement constitué aurait eu. Je levai un sourcil, me retenant de rire devant ce spectacle plutôt divertissant à mon goût. Il ne disait rien, se préparant sans doute à riposter par magie si les créatures s'approchaient trop de lui. La vérité c'était que je les contrôlais, à la perfection. Elles ne bougeraient pas tant que je ne leur ordonnerai pas de le faire, chose qui n'arriverait pas. Je les fis donc disparaître avant de m'approcher de l'homme, posant l'une de mes mains sur son épaule, lui déclarant solennellement :

« Non, je ne parlais pas d'eux, ne vous inquiétez donc pas... »

Et, à peine avais-je terminé ma phrase que mes chers camarades arrivèrent, se répartissant dans le champs. Ils fixaient tous le pauvre homme qui, à son expression, préférait sans aucun doute se retrouver face aux deux morts vivants. Je lui murmurai alors, tel un ami donnant un conseil :

« Rentrez chez vous, ce territoire appartient à notre reine à présent. »

Je le laissai donc partir, afin qu'il rentre dans le repère des magiciens, qu'il y trouve sa sécurité, une sécurité qui paraîtrait sans doute toute relative aux êtres qui résidaient à l'intérieur mais, finalement, seule importait la vérité et, oui, il y était en sécurité, jusqu'à ce qu'il en sorte.