Lysis semblait trouver l’idée de Noa bonne. En effet, du haut du ciel il serait très facile de repérer un endroit vert ou boisé. Du dessin régulier des toitures, cela ressortirait très bien. Cependant, avant de lui donner son feu vert, la jeune femme émit une suggestion : prendre son envol sur le dos de Phoebus. La jeune fée regarda l’oiseau se poser à coté d’elle, la bouche entrouverte de surprise. Puis, son regard dévia vers Lysis.

-C’est une excellente idée ! Je n’ai jamais volé sur le dos d’un oiseau !

Elle sautillait d’excitation. Sa main se posa sur le plumage du volatile : il était doux et duveteux au cou, mais lisse et rude sur les ailes. Les couleurs qui le composaient semblaient étinceler à la lumière du jour. Noa avait toujours trouvé les oiseaux particulièrement beau, alors en chevaucher un, c’était un rêve.

-Dommage qu’Alexis ne puisse pas grandir, parce que je t’aurais proposé de faire un tour dessus !

Ajouta t’elle comme une marque de reconnaissance, tandis qu’elle enjambait l’oiseau. La manœuvre n’était pas évidente : Noa ne voulait pas blesser Phoebus. Elle tacha donc de s’y installer avec toutes les précautions possibles. Les deux êtres étaient à peu près de la même taille, ce qui ne facilitait pas la tâche car la fée craignait que son poids n’incommode l’oiseau dans son vol.
Elle décida donc d’user de ses pouvoirs afin de rétrécir de quelques centimètres et jusqu’à ce que son gabarit ne soit plus une gêne pour sa monture. La jeune fée se concentra donc autant qu’elle pu : pas simple avec son manque d’expérience. Ceci étant, ce changement d’apparence était relativement simple, elle parvint donc au résultat voulu sans trop de mal. Quoique, sa peau était devenue entièrement bleue : mais ce n’était qu’un détail. Avec un peu d’entraînement, Noa parviendrait assurément à éviter les effets secondaires. D’ailleurs, elle ne s’en était même pas rendue compte.

-Je suis prête !

Dit elle simplement avec le sourire.

Comme une flèche, le duo s’envola en fendant l’air. Noa s’agrippait au plumage de Phoebus, les yeux mis clos à cause du vent qui lui fouettait le visage. En un instant, ils se trouvèrent par-dessus les toits. Les passants n’étaient plus que de petites taches sur le sol brun de la cité. On ne distinguait plus que la poussière soulevée par les charrues, le brouhaha uniforme de ses habitants et la couleur vive des tentures, qui rehaussaient ce tableau de quelque contraste.
Noa voyait le ciel comme rarement auparavant. A vrai dire, elle ne se hasardait que rarement à s’élever plus haut que les cimes. Son instinct la maintenait près du sol et de la végétation. Alors, cette expérience parvint sans mal à la combler d’un sourire. Lorsque semblèrent à portée les nuages, elle laissa échapper un soupir de contentement, jetant son regard au hasard vers l’horizon. Soudain, le destrier volant sembla piquer. Sa trajectoire ne dessinait plus une ligne, mais une multitude de courbes. Comme dans une montagne russe, le duo traça virages et arc de cercles, descentes et remontées. Noa riait maintenant aux éclats.
Phoebus était visiblement décidé à surprendre la jeune fée. La manœuvre était une réussite. Mais l’urgence de la mission revint rapidement au devant de leurs priorités. Ils volèrent pendant plusieurs minutes en maintenant le cap vers l’un des points cardinaux. Bientôt, des îlots de verdure se dessinèrent parmi les toitures. Un petit bois et une prairie. Lorsqu’ils furent assez près, Noa pu distinguer des massifs de fleur. Leur odeur sucrée, charriée par le vent, leur parvenait même. La fée plissa les yeux comme pour mieux voir, mais ses efforts s’avérèrent inutiles puisque l’oiseau descendit en reconnaissance.

-C’est un bel endroit. Commenta t’elle en observant les essences qui s’y décomposaient. Je crois que nous avons trouvé l’endroit idéal.

La fée hocha la tête. Il ne leur restait plus qu’à faire demi tour et retrouver Lysis et Alexis. Ces derniers attendaient toujours en ville. Le chat ronronnant sous les caresses de la jeune femme, il n’avait pas hésité à se frotter contre sa jambe en bombant le dos. Impatient, son regard se détachait rarement du ciel, pressé de voir s’y dessiner la silhouette du duo.

Rapidement, Noa et Phoebus retrouvèrent leur compagnon et maître respectif. L’oiseau s’était posé avec délicatesse, permettant ainsi à la fée de descendre. Tandis qu’il expliquait ce qu’il avait vu à Lysis, Noa tâchait de retrouver sa forme originelle : un peu plus grande et avec une peau de couleur naturelle. Elle sauta ensuite sur le dos de son cher Alexis, qui ne ménagea pas un miaulement de bienvenue. Une fois l’estimation de la durée du voyage effectuée, Lysis se tourna vers la fée et lui demanda ce qu’elle en pensait.

-Tu n’as pas idée ! Soupira t’elle avec un air satisfait. Tu verras, c’est très joli : il y a un petit bosquet et quelques massifs fleuris. La pelouse est bien haute, comme je l’aime. Il me semble même avoir entendu un petit ruissellement. Si c’est le cas, alors j’aurais même l’eau courante !

Alexis semblait également content de la nouvelle : il s’imaginait déjà chasser quelques souris. Les après midi à se prélasser dans l’herbe au soleil, tout ceci avait de quoi faire rêver le chat qu’il était. Impatient, il se mit à tourner autour de la jeune femme. Noa leva la tête.

-Je crois qu’on ferait mieux de se dépêcher : il a l’air pressé de découvrir l’endroit.

Ne restait plus qu’à s’y rendre. Noa regarda, parmi les chemins qui s’offraient à eux, lequel semblait offrir le meilleur itinéraire. Elle se souvenait de la ville et de ses grands axes : des routes relativement fréquentées mais où il est difficile de se perdre. A l’inverse, les ruelles garantissaient le calme, mais pas la destination. Cependant, l’une d’entre elle semblait clairement se diriger vers le nord. Elle la pointa donc du doigt et déclara :

-Cette route a l’air d’aller dans la bonne direction, qu’en penses tu ?

Tout ce que Noa espérait, c’était de ne pas faire de mauvaises rencontre : en effet, la ruelle était un peu sombre et un convois de jeunes femmes n’est pas à l’abris de quelques malfaiteurs.

Lysis semblait inquiète. Le chemin proposé par Noa ne lui inspirait pas confiance. La jeune fée n’en avait, pour sa part, pas conscience. A vrai dire, elle ignorait combien de dangers pouvaient peupler le monde ! Pour elle, bandits et voleurs n’existaient pas. Elle ne se méfiait donc aucunement. Une chance que Lysis eut été là pour prendre garde à sa place. Prudentes, elles s’engagèrent donc dans le passage.
L’endroit ressemblait à n’importe quelle ruelle, sauf que les hauts toits empêchaient toute lumière de traverser. Cela expliquait la pénombre ambiante. De plus, elle était sale : de nombreux immondices pourrissaient à même le sol et Noa fut certaine d’apercevoir plusieurs rats. Le pire, c’était que des gens s’y étaient installés. L’un d’entre eux attrapa même la jeune femme par le pied afin de lui quémander une petite pièce. Noa n’en revenait pas. Elle regarda Lysis lui donner un de ses sous d’argent, la mâchoire pendante. Une fois fait, elle voleta devant le vieil homme. Il sentait plutôt mauvais et n’avait pas fière allure, mais cela n’étonna pas la fée, qui se hâta de lui faire part de ses conseils.

-Vous ne devriez pas rester là monsieur. C’est sale et vous risquez de vous faire mordre par un rat ! Si vous avez faim, je vous recommande la salade de pissenlit, c’est délicieux !

Contente d’elle, la jeune fée s’en alla rejoindre l’épaule de Lysis, laissant le mendiant ébahi. Pour sa part, Noa se sentait très fière d’avoir dispensé un conseil qui, à coup sûr selon elle, éviterait la faim à ce pauvre homme.
Hélas, elle n’allait pas rester longtemps sur cette bonne impression. En effet, un bandit avait observé toute la scène et exigeait à présent tout l’or de Lysis. Noa comprit, en voyant le couteau brandit, qu’elles risquaient de gros ennuis. Elle se colla à l’élémentale en tremblotant.

-Il me fait peur Lysis !

Gémit elle. Heureusement, la jeune femme était courageuse : en un rien de temps elle retourna son arme contre lui et le mit en déroute. Noa se mit à rire en le voyant s’enfuir.

-J’ignorait que tu savais faire de telles choses ! C’est génial !

A présent, la voie était libre. Noa avait retrouvé confiance, elle ouvrait la marche en voletant devant Lysis. Concentrant son pouvoir, la fée se mit à émettre une légère lueur rosée qui permit d’éclairer un peu la ruelle. Celle-ci semblait décidément bien longue. On n’en voyait pas encore le bout.
Mais la fée s’en moquait, elle n’avait plus peur. A tort, malheureusement. Passant un virage, elle tomba nez à nez avec le bandit de tout à l’heure. Hélas, il n’était pas venu seul. Une dizaine de malfrats s’étaient agglutinés dans la ruelle, bien décidés à se venger et se partager le butin à la fin. Noa fit demi tour : horreur ! Autant de bandits se trouvaient désormais amassés derrière elles. Elles étaient coincées.

-C’est affreux ! Ils sont trop nombreux !

La seule solution qu’envisageait la fée était de s’enfuir à tire d’aile, hélas Lysis ne volait pas. Noa se jeta dans sa capuche et se colla contre elle.

-Lysis, fait quelque chose !

Gémit elle, terrorisée.

Le chef de la bande ne semblait pas décidé à se laisser faire cette fois ci. En dépit de sa main blessée, il faisait front sans l’ombre d’une hésitation et s’en trouvait même galvanisé. Noa tremblait dans sa cachette, tandis qu’Alexis restait immobile entre les pieds de Lysis.
Mais celle-ci répondit à ses supplications, bien décidée à sauver leurs vies. Un simple ordre, l’élémentale demanda à la jeune fée de fermer les yeux et de rester immobile, accrochée. Noa n’avait aucune idée de ce qui allait se passer, mais elle obéit sans discuter. Elle ferma doucement ses paupières et s’agrippa de toutes ses forces au vêtement de la jeune femme.
Ce qui se passa ensuite, elle n’en su rien. Tout ce qu’elle entendit furent des cris et le fracas du vent. Celui-ci sifflait comme en jour de tempête et la fée crue bien la fin du monde venir. Elle entendait le souffle furieux battre jusqu’au fond de la capuche dans laquelle elle était réfugiée. Ses mains se crispaient d’autant plus au tissu qu’elle sentait le vent tenter de l’emporter. C’est alors qu’elle repensa à Alexis. La fée eu un frisson horrible : elle espérait de tout cœur son cher compagnon en sûreté. Hésitante, elle ouvrit un œil, mais tout ce qu’elle vit furent des corps projetés en l’air. Une seconde qu’elle regretta et écourta immédiatement. Noa se recroquevilla définitivement, attendant que tout cela cesse.

Les minutes s’écoulaient en silence. Le calme était revenu et la jeune fée entendait de nouveau des pas battre le pavé. Tout d’abord, elle n’osa pas ouvrir les yeux, il lui fallu encore un instant et beaucoup de courage pour cela. Puis, quant elle y parvint enfin, ce fut pour voir le décor d’une autre rue. Une rue calme et éclairée.
La fée rampa doucement jusqu’au bord de la capuche : elle pu voir Alexis marcher devant comme si de rien n’était. Le félin avait été épargné sous les pieds de la jeune femme, comme s’il s’était trouvé dans l’œil du cyclone. Noa resta figée : est ce que ce qu’elle venait de vivre avait bien eu lieu ? Elle ne comprenait plus rien. Alors, elle détourna le regard vers Lysis.

-Que s’est il passé ?

Questionna t’elle en remarquant que cette dernière semblait gênée.

Noa regardait le sol défiler sous ses yeux depuis l’épaule de Lysis. Celle-ci semblait très affectée par ce qui venait de se passer et, lorsqu’elle consenti à ouvrir la bouche, Noa comprit à quel point. Elle expliqua avoir, autrefois, été une simple humaine. L’air avait prit le contrôle de son corps, lui conférant ses incroyables pouvoirs, mais aussi ces moments de crise pendant lesquels elle ne se maîtrisait plus. Noa concevait cela comme une sorte de malédiction. L’air était une sorte de démon qui l’habitait et qu’elle devait apprendre à contrôler.
Noa baissa les yeux : elle avait honte, elle aussi.

- Pardonne moi Lysis, c’est ma faute si on s’est aventuré dans ce chemin dangereux…

La petite fée n’avait pas conscience du danger. A cause de son manque d’expérience elle avait manquée de se faire blesser et pire : de blesser Lysis. Mais elle n’eu pas le temps de songer à ses remords : la jeune femme sembla prise d’un malaise. Elle s’appuya contre un mur, sa respiration se faisait plus rapide et saccadée. Constatant qu’elle allait tomber, Noa n’eu d’autre choix que de s’envoler. Mais dès que la jeune femme fut adossée au mur, elle revint se poser sur son genou. Enfin, elle lui avoua appartenir à la classe des élémentaux. C’était la première fois que Noa entendait ce mot, elle tâcha de bien le mémoriser.
Lysis prit plusieurs minutes pour reprendre des forces. Elle resta assise un long moment, caressant tantôt Alexis, tantôt Phoebus qui s’inquiétait lui aussi. Enfin, comme une ultime générosité, elle demanda à Noa si tout allait bien pour elle. La fée la regarda avec des yeux ronds. Incapable de se retenir, elle laissa une larme s’écouler le long de sa joue.

- Bien sur que ça va ! Elle essuya la larme, ne voulant pas paraître fragile. On s’en moque après tout : tu as pris beaucoup de risques pour nous sauver ! C’est vrai que je n’avais jamais vu ça auparavant, alors j’ai eu peur, mais ça n’a pas d’importance ! Maintenant je sais ce que tu vis… Et je te promets que je ferais tout ce que je peux pour t’éviter de prendre des risques à l’avenir ! Parole de fée !

La fée échangea un regard avec l’élémentale. Un regard long et silencieux qui voulait tout dire. Noa présageait quelles allaient être ses paroles, bien qu’elle espérait, quelque part, que ses mots n’auraient pas le poids redouté. Mais, lorsque Lysis se décida à rompre le silence, ce fut bel et bien pour décrire la cruauté du monde et sa barbarie. Plus exactement, pour avertir l’innocente fée des personnes mal intentionnées qui le peuplent. Car il était naïf de croire, comme c’était son cas, en un univers merveilleux où rien n’arrive jamais de mal. Noa ignorait ces concepts et était encore un peu « jeune » pour comprendre. Disons qu’elle manquait encore d’expérience. Il était cependant certain que ces principes lui arriveraient avec le temps. Pour l’heure, elle écoutait Lysis et lui répondait par des sourires lorsque celle-ci évoquait leur amitié. En dépit des difficultés, Noa pouvait compter sur ces rares et précieuses personnes que sont les amis comme Lysis.
L’écoutant toujours, elle sécha une larme du poignet. Quelque une s’étaient échappées d’entre ses cils, pendant la conversation. Elle sourit.

-Les fées ne sont pas faites pour pleurer. Commenta t’elle avec un petit rire un peu enroué, avant d’ajouter en se redressant. Mais ça va maintenant.

Les deux jeunes femmes s’échangèrent un sourire et Noa senti l’atmosphère se détendre. Elle allait bien à présent.
Lysis tâcha de se relever. L’épisode des brigands n’était pas loin et Noa sentait presque encore leur présence malsaine dans son dos. L’élémentale était faible, mais elle parvint tout de même à se remettre. La fée veilla à l’encourager par quelques acclamations à chaque tentative réussie. Sa petite taille ne lui permettait, en effet, pas de lui venir en aide autrement. Ceci étant, elle ne sembla pas rencontrer trop de difficulté. Elle était très déterminée et on sentait que malgré sa faiblesse elle persévérait. Noa l’admirait pour cela. Le duo continua lentement sa route entre les ruelles. Phoebus avait reçu l’ordre de servir d’éclaireur et on le voyait voleter alentour avec beaucoup d’énergie. Alexis, quant à lui, marchait à coté de Lysis. Il prenait garde de regarder derrière lui de temps en temps afin de s’assurer de la sûreté des lieux.
Soudain, Lysis rompit le silence : elle avait soif. Gentiment, elle demanda à la fée de l’aider. Noa voyait bien qu’elle était faible, tous ses efforts et l’usage de son pouvoir avait du l’épuiser. Sans attendre, la fée bondit de l’épaule de la jeune femme et se mit à voleter devant son visage.

-D’accord, ne bouge pas : je fais vite !

Noa s’éleva dans les airs à toute vitesse, comme l’aurait fait une libellule un peu pressée. Très vite, elle se trouva au dessus des toits : toute la ville s’étendait sous ses yeux, avec ses ruelles et ses recoins. La demoiselle à la chevelure rose s’immobilisa en l’air et regarda alentour. Pas question d’aller voir du coté des ruelles d’où elles venaient, il ne fallait pas recroiser les brigands. Mais l’endroit était immense et elle n’avait aucune idée de la bonne direction. La ville, ce n’était pas son fort. Noa le savait, elle décida donc de se fier à sa meilleure alliée : la nature. La fée dirigea son regard sur tous les points de verdure qui était à sa portée. Finalement elle choisi l’un d’entre eux, un dont elle savait qu’il était sur et non loin. C’était une pousse de lierre qui grimpait jusque sur les toitures. Noa connaissait ce lierre pour être très gourmand en eau. Donc s’il poussait la, c’est que la précieuse ressource n’était pas loin.
Victoire : au pied du massif se trouvait une fontaine. L’objet de bronze, à l’effigie d’un félin, était encastré dans le mur et crachait son eau pour qui voudrait la boire.
Noa sourit de satisfaction. Elle se posa à coté de la fontaine et regarda alentour : une cour intérieure. La fée n’y avait pas pensé… Jamais Lysis ne pourrait y entrer, à moins de demander au propriétaire, mais si celui-ci refusait elles perdraient du temps à chercher à nouveau. Noa s’assit un instant afin de réfléchir. Elle n’avait pas de gourde ni rien qui lui permettrait de rapporter directement l’eau à Lysis. Que faire ?
C’est alors que la fée eut une idée. Un des pouvoirs les plus usités par les membres de son espèce est cette faculté à changer d’apparence. Il suffirait donc à Noa de prendre la forme d’un récipient quelconque munit d’ailes, ainsi elle pourrait rapporter de l’eau à Lysis. Plus facile à die qu’à faire : Noa tenta la transformation, mais elle échoua à chaque fois. Lorsqu’il lui arrivait de réussir, ce n’était que pour reprendre sa forme originale quelques instants plus tard…
Soudain, une ombre se dessina au dessus de la jeune fée, une ombre à forme humaine. Noa eut à peine le temps de se retourner.

Alexis tournait autour de Lysis avec inquiétude. Il attendait impatiemment le retour de sa maîtresse… Son regard se dirigeait de temps à autre vers l’élémentale, afin de s’assurer qu’elle allait bien, mais ses pensées étaient focalisées sur sa fée au fond.
Tout à coup, on vit le chat dresser ses oreilles sur sa tête, le regard ancré sur la ruelle. Noa était la, sur l’épaule d’une petite fille, sans doute âgée d’onze ans, qui tenait une bouteille pleine d’eau de ses deux bras. Voyant enfin Lysis, Noa s’envola pour la rejoindre.

-Regarde ce que je rapporte ! Fit elle avec beaucoup de fierté. J’ai trouvé une fontaine, mais je n’avait pas de quoi t’amener l’eau, alors Emilie m’a proposé son aide !

La fillette tendit sa bouteille à l’élémentale avec un petit sourire. Après quelques explications, elle avait tout de suite accepté d’aider la jeune fée. Il ne leur fallu ensuite guère de temps, ensuite, pour remplir la bouteille et retrouver la ruelle. La petite était une elfe, par conséquent, un être bon et généreux, particulièrement aimable avec les fées. L’entraide subsistait et Noa en était ravie. Finalement, il n’y avait pas que de mauvaises personnes en ce monde.

[HRP : coucou Lysis ! Désolée pour cet énooooorme retard ! Comme tu le sais je n'avais plus Internet ! Mais c'est bon, je l'ai depuis ce matin. Me revoila n_n ]

Lysis semblait fière de Noa. Sans doute était ce de l’avoir vu réussir cette petite mission. En effet, la fée avait du faire preuve d’ingéniosité pour s’en sortir, faire face à ses limites et trouver des solutions. En particulier faire appel à la générosité innocente des enfants, qui agissent sans jugement et pas pur altruisme. Noa se senti soudain envahi par un sentiment agréable. Comme une douce chaleur dans le creux de son ventre, qui remontait jusque dans sa poitrine pour se nouer dans sa gorge. Elle était fière d’elle. Car la mission d’une fée ne se limite pas à protéger la nature. Elles doivent également assurer le bien être d’autrui et ce genre de bonne action en est un bel exemple. Noa se redressa, bombant le torse. Elle affichait un large sourire, consciente d’avoir progressé en tant que fée.
Laissant Lysis s’hydrater, elle lança un regard bienveillant à la petite Emilie. Elle était timide, l’apparence de Lysis n’aidant pas. Cette dernière était vêtue d’une longue cape et, dans l’imaginaire d’un enfant, cela peu paraître impressionnant.

-Elle peut contrôler le vent.

Fit Noa, à l’attention de la fillette, avec un ton mystérieux en parlant de Lysis. Emilie réagi en enfonçant légèrement sa tête dans ses épaules, intimidée, mais on pouvait lire dans son regard une forme d’admiration. Du haut de ses quelques années, elle avait une grande estime de la magie.
La fée détourna alors ses yeux de la petite et constata que Lysis lui tendait le bouchon de la bouteille. Elle l’avait préalablement rempli d’eau afin de lui offrir, à elle aussi, un peu de fraîcheur. Avec toutes ces émotions, Noa n’avait même pas prit le temps de se désaltérer. Elle saisit donc l’objet qui, à son échelle, avait la taille d’un sceau et en absorba une belle quantité.

-Ça fait du bien !

Commenta Noa en abaissant son « verre ». Elle ancra de nouveau son regard sur Lysis et la petite Emilie. L’élémentale avait sorti une pièce de son manteau, afin de remercier sa jeune bienfaitrice. Voyant qu’elle hésitait à la prendre, Noa l’encouragea par un grand sourire.

-Prend la, tu l’as bien méritée ! N’ai pas peur.

Finalement, l’enfant s’en saisit avec un petit sourire heureux. Noa imaginait déjà le beau sachet de bonbon qu’elle pourrait s’offrir avec ça. Elle ancra son regard sur son amie, qui venait de lui rappeler leur objectif.

-Oui ! Allons y.

Mais avant de partir, Noa vint voleter devant le visage de l’enfant.

-Merci pour tout Emilie, sans toi je ne sais pas comment j’aurais fait. Maintenant tu devrais te dépêcher de retrouver ton grand père, autrement il va s’inquiéter.

Emilie adressa au deux jeunes femmes un sourire et bredouilla un petit « au revoir » timide, avant de filer en sautillant à travers les ruelles. La fée reprit alors sa place sur l’épaule de Lysis, mais pas avant d’avoir adressé une grande caresse à son chat adoré.

-Allons y ! Nous ne sommes plus très loin maintenant !

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