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 La clef de la Vérité, la lumière sera faite à l'aube. [Lv4]

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Jeu 23 Fév 2012, 15:44

    " Pourquoi revenir ici ? "

    " Je voulais voir s'il était toujours là. " me soufflait-elle devant un saule-pleureur près d'un lac aussi cristallin que mes yeux.

    C'était ici, qu'enfants puis adolescents, nous nous retrouvions pour échapper à notre quotidien, à refaire le monde. Nous nous imagions tous deux des endroits nouveaux que nous aimions créer par les mots avec un détail toujours plus obnubilant. Tout avait toujours été plus beau lorsqu'elle le prononçait.

    " Tu te souviens ce que tu m'as dit, ici ? "

    " J'étais enfant.. "

    " C'était la veille de ton départ. Tu m'as dit que tant que l'on rêvait, on pourrait facilement revenir ici, rien qu'en fermant les yeux, même si nous étions aux antipodes de cette Terre. Et puis, tu es devenu un génie. Et tu as oublié cet endroit, comme tout le reste. "

    " Cette époque est loin. Tout était plus simple à l'époque. J’élevais Jun, tu étais avec ton beau vampire que je jalousais maladivement. Nous avons vécu tant d'histoires ici. Et le temps a passé, il ne reste plus que nous deux. Face à ce même temps. "

    Un silence s'installa.

    " Tu te souviens Naram, c’était à la mort de ta mère, tu m'avais dit que tu désirerai vivre éternellement, pour être plus fort que la mort, lui cracher au visage. Ainsi, tu aurais le temps de vivre et de voir tout ce qu'il y avait à voir en ce monde. Et lorsque tu aurais tout vu alors tu recommencerai à nouveau car jamais tu ne cesserai de t'émerveiller pour les choses les plus banales aux yeux des autres. "

    " Et qu'alors, je n'aurais plus besoin d'imaginer le monde à ma façon car celui-ci m'aurait pleinement satisfait... "

    " Oui. Et au final, as-tu vu tout ce qu'il y avait à voir du monde ? "

    " J'ai été déçu par sa simplicité. Je cherchais une chose que je ne pourrai comprendre, sur laquelle m'arrêter indéfiniment sans pouvoir pour autant expliquer ne serai-ce que à sa plus simple apparence. Ce que je ne savais pas à l'époque, c'est que les Hommes qui grouillent sont plus bien intéressants que la pluie qui s'abat. "

    " C'est faux. Tu n'as jamais réussi à faire ton deuil. Ni celui de Jun, ni celui de Mitsuko, encore moins celui de ta mère. Voilà où je veux en venir, tu trouves tout si fade car tu as compris l'éphémère dans chaque chose qui vit et respire, toujours un temps. "

    " Pourquoi s'attacher à ce qui ne sera que poussière. "

    " Un jour, alors que je dormais chez toi, ta mère nous avait raconté un conte sur la malédiction de Chronos qui rendait la vie si belle. "

    " Un conte qui aujourd'hui ferait froid dans le dos, Chronos, le dieu aux pensées fourbes, lui qui passait sa vie à dévorer ses enfants, effrayé par la mort. "

    " Oui mais au final, éternel, il était le dieu le plus malheureux de tous. Les hommes bien entendu ne connaissaient pas ce fardeau car ils savaient que leur vie ne durerait pas éternellement, alors ils prenaient soin de vivre, de cueillir les roses de la vie comme on dit. Mais si les hommes trouvaient le secret de la vie éternelle, alors quel plaisir aurait-il à vivre, comment pourrait-il apprécier les choses si elles étaient toujours à portée de main ? "

    " C'est la loi du génie, par un souhait tout obtenir et voir l'ennui gangrener leur âme. Pauvre rêveur. C'est en obtenant ce qu'ils veulent qu'ils perdent tout objectif, tout désir qui est satisfait conduit à l'ennui, plus rien n'est à conquérir et ils meurent d'ennui. "

    " Tu étais donc quelque part destiné à être génie. Car qui peut aussi bien incarner les réalisateurs de souhaits que celui qui ne sait quoi souhaiter, lui qui a peur d'avoir ce qu'il sait ne pouvoir garder. Chercher l'inaccessible, bien avant ta transformation en génie, tu étais déjà comme ça, éternel insatisfait, toujours à la recherche d'adrénaline, de nouvelles choses à accomplir. "

    " C'est pour ça que j'ai tout oublié.. "

    " Tu comprends enfin. "

    " J'ai tout oublié pour désirer me souvenir et éprouver enfin, ce sentiment de besoin, à nouveau découvrir le monde et oublier mes peines et mes deuils. "

    " Mais ça n'a pas marché. Car tu n'es parti à la recherche que des blessures que tu avais oublié sans pour autant te préoccuper de tout un monde que tu pouvais à nouveau regarder comme si c'était la première fois. "
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Jeu 23 Fév 2012, 16:08

    " Si je dois ma misanthropie à l'idiotie humaine, alors il est temps de balancer l'échiquier d'un revers de la main. De tout recommencer et montrer qu'à ce jeu, personne ne peut me battre. Je déteste cet endroit à présent. Il me rappelle mon frère, mes amis, mes parents. Tous sont morts, à quoi bon. A part toi. "

    " ça fait chaud au coeur de l'entendre dire ! Je te suis, je n'ai que ça à faire de toute façon. "

    " Partons. A moins que tu ais prévu tout un circuit touristique, bien entendu. J'ai compris à présent. Merci. "

    " Il était temps mon cher ! Bon quel est le plan ? "

    " Le plan ? "

    " Oui, tu ne veux quand même pas qu'on débarque chez le Mârid en disant coucou, c'est nous, on vient assassiner le boss et prendre son trône, vous nous ouvrez la porte ? Il y aura tous les Iblis, sa garde personnelle de génies pas très sympas. Tu penses qu'on fera le poids à nous deux ? "

    " Tout est question d'interprétation. Lily, j'ai un plan. Mais il ne te plaira pas. "

    " Je ne sais pas pourquoi mais ça ne m'étonne pas. Enfin, j'ai l'habitude avec toi, ce ne sera qu'une mission suicide de plus parmi tant d'autres. "

    " Mais avant tout, il faut retrouver Sayuri. "

    " Sa-qui ? "

    " Je te raconterai plus tard. C'est un ange qui a trouvé mon pendentif qui est remonté à la surface. Elle m'a accompagné dans le temple. "

    " Ce vieux temple qui tu avais construit ? Il tient encore debout ? "

    " Plus vraiment, inondé à présent. Mais m'a permis de trouver le trident. "

    " Celui de ta mère ? Mais c'est génial, encore un vieux grigri qui va prendre la poussière ! "

    " Tu ne comprends pas. J'ai enroulé mon habitacle autour du trident et c'est à ce moment que les vallées des glaces ont resurgi de l'océan. Le trident a guidé mes pas. "

    " Quel rapport avec Sayuri ? "

    " Le pendentif l'a happé dans le temple. "

    " Je vois. Mais c'est le Mârid qui a dû récupérer le trident donc c'est en le trouvant qu'on retrouvera ton pendentif et Sayuri ! "

    " Alors ne perdons pas de temps, je ne ressens plus sa présence, je ne sens plus son coeur battre, elle ne doit plus l'avoir autour du cou. J'espère qu'elle va bien. "

    " Depuis quand te soucies-tu du sort des autres, toi ? "

    " C'est nouveau mais ça me plait plutôt bien. "
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Jeu 23 Fév 2012, 16:26

    C'est ainsi que nous sommes parti au château des cavaliers sans tête, sur le continent mystérieux, non loin de la citée des mirages. A la porte des songes plus exactement. Bien entendu, il y avait un tout autre chemin réservé aux génies pour accéder au palais du Mârid mais vu que j'étais redevenu humain et Lily, une simple vampire, nous devions emprunter un passage plutôt secret quoi que conventionnel. Quel meilleur moyen que la porte des songes, l'endroit où se matérialise les rêves pour trouver le repère de tous les génies.

    J'avais repris du poil de la bête comme il est usage de dire dans ces cas là, mes blessures se refermaient depuis ces quelques mois de voyage et je retrouverais presque en totale possession de mes maigres facultés physiques d'humain. Lily me demandait souvent si cela ne me manquerait pas lorsque je redeviendrai génie, ces sensations de faim, de froid, de sommeille. Mais en réalité, ce qui me manquerait serait cette période de ma vie, celle où j'ai vécu à nouveau avec Lily, tous les deux face au monde. Je ne voulais pas réellement que cela se termine, je me faisais oublier et je prenais le temps de redécouvrir le monde, à pied ou à cheval, sans me presser.

    " Bon, tu es sûr de toi ? "

    " Certain ma chère, certain. Tout le monde n'y verra que du feu, la plus parfaite des manipulations. Bon je vais devoir simuler un peu de colère mais ça ne serait un problème, j'ai de quoi faire. Et si tout fonctionne comme je le pense, alors je serai Mârid avant même qu'il est le temps de comprendre mes ambitions. "

    " Il n'est pas idiot, il comprendra vite. Il faudra rester fort, impassible, froid, inébranlable. "

    " J'ai simulé l'amour, la haine, la passion, la compassion. Qu'en est-il de ceci ? De l'apitoiement déraisonnable ? Ce n'est pas vraiment différent. "

    " Il te connait, connait ta haine, ton désir de vengeance. Comment comptes-tu le berner ? "

    " Réfléchis un instant. Sa méfiance ne née que par la supposition d'une malice hypothétique. Mais s'il découvre notre plan, alors.. "

    " Nous sommes perdus ? "

    " Au contraire, Lily, nous sommes sauvés. Échec et mat comme on dit. "
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Ven 24 Fév 2012, 15:10

    Deux Iblis nous conduisirent après avoir pris soin de nous attacher les poignets, le long du palais aux mille portes et deux fois plus de couloirs encore. Lily souriait alors je restai inexpressif, nous étions rendu au point que notre périple devait prendre fin que si tout le plaisir de nos retrouvailles demeurait de ma cavale alors sa fin sonnerait peut-être également une nouvelle perte de vu. Tout était lent lorsque nous nous fixions furtivement, l'air révolutionnaire et le coeur aux mots qu'on n'ose plus dire. S'il fallait usurper ces sentiments alors nous savions dès lors, à chaque pas, que nous avions réussi. Et s'il fallait échouer pour vaincre alors jamais nous n'aurions eu pareille victoire car il était évident que l'imprévisible ne serait être pallié aussi facilement que tout autre plan.

    Nous arrivions battus avant l'heure, le coeur battant la chamade et la respiration plus longue à chaque pulsation. Le mârid trônant fièrement comme un vieux lion sur sa terre de charbon, ses traits sévères et son souffle rogue et cadencé, peignant le portrait de l'homme éperdu car s'il était déraisonnable de clamer encore sa grandeur, tous lui restaient fidèle jusqu'à ce qu'un autre prenne sa place.

    Le trident était là également, posé contre un mur vulgairement, encore entaché de sang ce qui n'empêchait de dénaturer la beauté flagrante du palais dorée que le Mârid voulait la plus somptueuse de toute demeure existante. Au delà de tout mensonge, des apparences parfaites, il n'était ici question que d'un nid à serpents mais qui se douterait en voyant les dorures aux murs, les fresques au plafond et les mosaïques de cristal foulant nos pieds d'errants. La perfidie au coeur de l'ange.

    " Au chat et à la souris. " songea-t-il à haute voix.

    " Comme chien et chat. " grognai-je à mon tour.

    " Bienvenue chez toi, Naram " jugea-t-il important de rappeler.

    " C'est une curieuse façon de me recevoir. "

    " C'est à dire que notre dernière rencontre fut au moins, tout aussi curieuse. "

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Ven 24 Fév 2012, 15:27

    Et si je savais ô combien il était imprudent d'en comprendre la vérité, alors peut-être n'aurais-je jamais osé faire ceci. Si je savais ô combien il était imprudent de connaitre les secrets les plus noires que l'on cache de peur d'être découvert, alors peut(être n'aurais-je pas osé mais en cela, j'aurais sûrement été faible car en ceci, était mon meilleur plan.

    " Que penses-tu faire à présent Naram ? Tu es à l'intérieur de l'antre des génies. Tu ne peux échapper à personne. Penses-tu vraiment faire le poids ? "

    " Question d'interprétation. " lui répondit Lily, contente d'avoir appris sa leçon. Je riais à mon tour, sa répartie était aiguisée.

    " Lily ? Quel plaisir, au fait ! Cela doit bien faire un sacré bout de temps, n'est-ce pas ? Depuis que tu l'as envoyé dans l'ombre du coeur si je ne m'abuse. "

    " C'est exacte. Mais tu ne m'as pas vraiment manqué. " consentit-elle.

    " C'est réciproque. "

    " Mârid. Est-ce là ton meilleur tour ? Me transformer en humain pour sauver ta peau ? "

    " C'est moi qui t'a lié au pacte du génie, j'étais libre de t'en défaire après tout. Ce n'est pas ce que tu voulais ? "

    " Hum. Si, visiblement, si. Je l'ai désiré ardemment. Mais pas pour les raisons que tu sembles pouvoir connaitre. J'aurais voulu n'être qu'un humain il y a des siècles pour faner doucement avec elle. J'aurais voulu être un humain à chaque instant où j'ai désiré mourir ou aimer. J'ai désiré être un humain chaque nuit longue et ennuyeuse. Mais pour rien au monde je ne voudrais changer ma race. Elle me rend fort et intelligent, elle me protège des hommes, me fait survivre, me permet de redécouvrir le monde; c'est ma nature, j'aime semer le chaos, je suis ainsi. Je ne suis qu'un spectateur d'un théâtre aux acteurs mal préparés, qui ne savent ni leur texte, ni les actes à venir, ils improvisent tout le long et ceci est aussi beau qu'horrible. J'ai besoin de me sentir à part, de ne pas être qu'un humain mais bien plus. De n'être ni réel, ni imaginaire, de pouvoir vivre sans être libre certes mais au moins, je sais ce que tous ignorent de secrets qui dépassent l'entendement et j'aime ceci, je me sens à part. "

    " Intéressant. Ainsi, je me serai trompé ? Tu serai donc destiné à être génie tel que je le consentais le jour où je t'ai enfermé dans le pendentif ? "

    " C'est cela. J'ai de grandes ambitions pour ce peuple. "

    " Des ambitions qui nécessitent ma couronne ? "

    " Et bien plus encore. "

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Ven 24 Fév 2012, 15:46

    " Ainsi soit-il. "

    Et sans grande cérémonie, une vague de chaleur pris mon corps jusqu'à sentir la magie me revenir, le poids de la pesanteur disparaître, ainsi que la sensation de froids, de faim ou de sommeille.

    " Et que le spectacle commence. "

    D'un geste de la main, je déliai les poignets de Lily qui bascula en arrière; d'un geste précis elle fit saigner l'Iblis qui la tenait fermement et même si sa blessure se refermait rapidement, de son sang elle créa une lame qu'elle pris en main pour s'opposer face à la force.

    " Mariko " Criai-je à présent, elle que j'avais transformé en génie il y a quelque temps à présent. Elle apparut en plein milieu de la salle du trône, l'air bien plus démoniaque que dans sa vie de fée. Et sans annoncer la couleur, elle pris soin de s'occuper de génies de bas étages qui tentaient de nous arrêter. Peu importait le nombre d'alliés, il me fallait juste un peu de temps.

    Sautant sur le Mârid, celui-ci répliqua sans se faire prier et nous recommencions le même jeu qu'à la vallée.

    " C'est un combat sans fin, Naram. "

    " Tu te trompes, tout prend fin aujourd'hui. "

    Et d'un geste ample, d'épaisses ronces vinrent l’immobiliser. Bien sûr, l'homme ne se laissait pas faire, sa télékinésie légendaire n'était rien face à deux branches tordues. Tout ce qui était à portée de vu volait en ma direction, des chandeliers, des morceaux de marbre ou de cristal arrachés à leur demeure. Je voltigeai entre chaque obstacle, créant de rapides et fragiles mures de glaces juste capable de supporter le coup avant d'avancer toujours plus vite, tentant de me rapprocher de lui. Et enfin, alors que j'étais sûr de mon coup, je regardai une dernière fois Lily, celle-ci ne bougea que les lèvres pour me souhaiter bonne chance avant que je ne disparaisse puis réapparaisse derrière le Mârid, tenant sa tête avec fermeté, je l'obligeais à me regarder dans les yeux.

    Ce dernier hurla de rage, tendant de me projeter au mur mais je tenais bon, de toutes mes forces. Une lame manqua de peu de me poignarder mais je prenais le Mârid comme bouclier humain et celui-ci prenait soin de parer les coups qu'ils ne voulaient recevoir par erreur et j'étais ainsi en sécurité.

    Il ne suffisait ainsi qu'attendre le bon moment, pour puiser dans son regard, tous les souvenirs qu'il me fallait. Je n'avais pas utilisé ma faculté de "fissure" depuis de longues années mais je le savais, il me fallait comprendre sa vie pour mieux le tuer. Peu importait ce que je découvrirai alors.
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Ven 24 Fév 2012, 16:17

    Sa mémoire était anormalement longue et sinueuse. Mais ce qui ne dura qu'une seconde en temps réel durerait ici autant de temps qu'il faudrait. Je voulais aller au commencement de sa vie et comprendre l'homme qu'il était.

    -----------------

    Une première vision m'apparut. Le Mârid était jeune, il ne daevait avoir plus de la vingtaine, tout au plus. Sur un bateau plutôt bancale, il admirait la mer, pensif. Un second homme vint s'approcher.

    " Evan, tu ne dors pas ? "

    " Je trouve seulement que l'océan est plus agréable à regarder la nuit. La couleur encre qu'il prend est incomparable à tout ce que l'on peut trouver sur Terre. "

    " Je comprends. Une tempête se prépare, tu ferai mieux de te tenir prêt. "

    " Je ne suis pas l'un de vos moussaillons. "

    " Cela fait des mois que tu navigues avec nous sans avoir foulé un pied à terre. Tu es l'un des nôtres. "

    " Je suis sorcier avant tout. Ce que je recherche à naviguer avec vous, vous dépasserez tous de loin. "

    " Quelle vantardise pour les deux-trois tours de passe-passe que tu sais faire pour amuser la galerie. Je n'appelle pas vraiment ça de la sorcellerie. "

    " Tu exagères. J'ai sauvé ce vieux rafiot de plus d'un monstre marin avec mes tours de passe-passe comme tu dis. "

    " Tu as perdu ton humour Evan ? "

    " Excuse-moi, je suis souvent sur les nerfs ces temps-ci. "

    " C'est à cause de la sirène ? "

    " Je ne savais pas qu'elles existaient réellement. Moi qui était persuadé qu'elles n'étaient qu'un mythe. "

    " Elles sont surtout des bêtes du diable. N'en approche jamais une seule de trop prés si tu tiens à ta vie. "

    " A quoi bon. Je n'aime pas le poisson. "

    Puis la vision se troubla. Comme une légère avance rapide jusqu'à se retrouver plus tard, en pleine tempête, je ne vus que le Mârid ou plutôt Evan basculer au point de tomber du bateau. Je ressentis la douleur de ses poumons se remplir d'eau salée, asphyxier à chaque vague qui l'empêchait de reprendre sa respiration. Et je compris enfin le fin mot de cette histoire. Je le savais avant même que cela se produise et lorsque cela se produit, je ne fus que réconforté et terrorisé à la fois. Une sirène l'empoigna par sa chemise et si certains pourraient croire qu'elle l'aurait entraîné vers le fond, tout au contraire, elle le ramena sur la rive la plus proche d'une vitesse fulgurante.

    Le Mârid reprit ses esprits le matin venu, la sirène était toujours là, elle le regardait d'un oeil curieux. Ses cheveux étaient d'un bleu azure et ses yeux reflétaient les mers les plus déchaînées qu'il soit.

    " Pourquoi ne pas m'avoir tué après ce que j'ai fait à ton peuple ? " mais la sirène ne répondit pas, bien trop obnubilé par l'étrange pâleur et beauté de l'homme.

    " N'as-tu pas peur de moi ? "

    " Pourquoi toi, n'as-tu pas peur de moi ? Tu n'es qu'un sorcier, qu'es-tu face à nous toutes ? "

    " Tu es différente. "

    " Tu es différent. "
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Ven 24 Fév 2012, 17:06

    Ce fut ensuite comme une ellipse temporelle qui me conduisit quelques années plus tard. Evan était parti à la guerre comme beaucoup d'hommes à l'époque et la mort le frôlait constamment, il perdait ses amis, sa nouvelle famille, ses frères d'arme comme l'on dit parfois. Un jour, un d'entre-eux au bord du trépas lui demanda même

    " Dis moi Evan, tu as une famille ? " Et Evan soupira comme si l'homme sur le lit, ensanglanté, connaissait la réponse mais qu'il aimait quand il lui racontait.

    " Oui. J'ai une femme magnifique. Ô tu la verrais, je suis certain qu'elle ferait cesser cette guerre d'un simple geste de la main, tant elle inspire la paix et la douceur. "

    " Je suis sûr que tu exagères. C'est une sorcière elle aussi ? "

    " Non. Une sirène. Elle a renié son peuple par amour pour un homme qui n'a rien trouvé de mieux à faire pour lui rendre la chose que de partir à la guerre. J'ai également un fils mais il est plutôt jeune. Elle est enceinte d'un deuxième enfant. Elle pense que c'est un garçon et moi une fille mais ça m'importe peu. J'espère juste rentrer vivant et pouvoir voir cet enfant. Il a sûrement dû déjà naître depuis que je suis parti, je n'ai plus aucune notion du temps. "

    " Raconte moi encore, comment est ton fils ? "

    " Il est le fils que j'ai toujours rêvé d'avoir. Ses cheveux et ses yeux sont aussi bleus que sa mère et si les enfants se moquent tout le temps de lui, il ne manque pas de réparti pour son âge. Il est mature, indépendant et il discute parfois comme un adulte même s'il est souvent renfermé, il me fait beaucoup rire. Il traîne tout le temps avec une petite de son âge aux cheveux aussi rouges qu'il les a bleu, c'est assez drôle de voir le contraste. Il a tout le temps la tête dans les nuages, il rêve beaucoup, il écrit ce qui lui passe par la tête et il a beaucoup de talent. Il n'est malheureusement pas très bon sorcier, il déteste ce qui blesse. Je crois qu'il a surtout hérité de sa mère. Elle pense d'ailleurs que le deuxième qu'elle portait dans son ventre, à mon départ, me ressemblera plus. Qu'il sera intrépide, énergique et surtout inconscient. Si tu savais comme je regrette de ne pouvoir les voir grandir. "

    " Je te comprends Evan. Regarde moi, j'attends la mort comme une veille amie et je n'ai aucune famille qui me regrettera. "

    " Je te regretterai, Jun. Tu es le plus fidèle des amis que je connaisse. " et s'il se cachait le visage avec ses mains puis sortait sous la pluie pour déverser sa peine, je comprenais enfin une phrase qui était toujours restée en suspend.

    Lorsque mon père était venu m'annoncer un soir qu'il s'en irait le lendemain, j'ai naturellement fondu en larmes. J'avais peur de perdre celui qui m'avait toujours inspiré la sécurité et la force. Et c'était sous une pluie battante qu'il m'avait alors susurré à l'oreille : " n'oublies jamais que les hommes ne pleurent que sous la pluie; car toute peine devient invisible même si elle hurle au plus profond de toi. "

    --------------

    " Naram, c'est toi qui a écrit ceci ? " me questionnait Mitsuko en prenant l'un de mes brouillons sur son bureau. Moi qui aimait écrire pendant qu'elle dormait.

    " Les Hommes ne pleurent que sous la pluie.. tu es plus métaphorique d'habitude.. "

    " Le titre n'est pas de moi. "

    " Ton père ? " j’acquiesçai. "S'il était comme toi, vous deviez avoir un sacré tempérament dans la famille. "

    " Justement ma belle, justement. Nous étions si différents, Jun lui ressemblait comme deux gouttes d'eau. Moi j'étais comme ma mère, calme et réfléchis. Je préférais rêvasser alors que Jun était un véritable casse-cou. "

    " Jun.. J'aime ce prénom.. Sa sonorité est particulière. "

    " Mon père lui a donné en souvenir de son propre frère et meilleur ami, mort à la guerre. On ne trouve jamais meilleur compagnon que son propre frère. "

    " Il faut croire que c'est une malédiction de porter ce prénom. Tu as aussi perdu le tien à la guerre, c'est cela ? "

    Mais je n'avais pas répondu.

    " Je suis sûr que ton prénom doit être aussi particulier que celui de ton frère ! "

    " ça tu ne le sauras jamais ! " continuai-je en riant.

    ------------

    Il était un homme aimant et aimé. Mais l'horreur et le sang l'a rendu fou. Et lorsqu'il est enfin rentré à la maison, il n'était plus le même, quelque chose était cassé en lui, comme une haine sans limite que rien ne pouvait calmer, des voix qui ne se taisaient qu'avec de l'alcool qui coulait à flot dans son corps meurtri.

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Sam 25 Fév 2012, 01:03

    Plus je m'aventurai dans son esprit, plus nous étions comme unis, je ressentais tout ce qu'il éprouvait, j'avais parfois l'impression d'être à sa place et de vivre la scène qui se déroulait devant moi. Toutes ses pensées étaient miennes, ses réactions étaient comme de ma propre volonté sans que j'y ai consenti mais avoir le contrôle, tout me semblait naturel.

    Chaque nuit, la violence animait ses cauchemars interminables, le faisant hurler en sueur, la sirène le serrait fort contre elle mais rien ne pouvait calmer la fureur d'un guerrier déchu. Dans ses crises de folie et de terreur, ses mouvements étaient violents et sans s'en rendre compte, il avait osé frapper la femme de sa vie qui n'osé plus chanter pour lui comme elle aimait tant le faire auparavant. Sans se comprendre, il était conscient du mal qu'il faisait à sa famille, je ressentais sa détresse mais lui même le savait, rien ne pouvait le sauver car il continuait à rêver, chacun d'entre-eux étant une épreuve toujours plus difficile.

    Quant-à-moi, je me souvenais de chaque fois où il n'était plus ce père aimant et aimé. Son regard était à la fois vide et rempli de colère, possédé et dément à la fois. Ses mains tremblaient toujours et lorsqu'il frappait son fils ou sa femme, il avait toujours le réflexe de partir se réfugier dans le jardin, attendant la pluie pour déverser à nouveau toute la rancoeur qu'il éprouvait envers ce qu'il était, devenu un monstre malgré lui.

    Plus la fissure en lui grandissait, moins il réfléchissait et plus il se perdait dans son verre qu'il avalait comme l'eau d'un ruisseau, empoisonné. Ce que je ne comprenais pas, c'était la nuit de sa mort. Je me rappelle parfaitement de ma mère qui portait Jun dans les bras, les poings de mon père qui lui porta le coup de trop, Lily qui rattrapa Jun de justesse avant qu'il ne se casse la tête, lui qui n'était qu'un bébé, et alors qu'il allait s'en prendre à Lily, je me souviens de mon sentiment exact. Si je pouvais ressentir ce que le Mârid éprouvait, pouvait-il alors comprendre ce qui m'a traversé à ce moment précis ? Et pourquoi ai-je perdu tout bon sens commun, le poignardant comme un chien enragé qu'il faille tuer pour l'empêcher de mordre ceux que j'aimais. Je me souviens du sang que j'avais sur les mains, de son coeur qui s'était arrêté et de son regard apaisé sur son visage de fauve. Cela ne collait pas, il était mort.

    Aussi je fus surpris car Lily et moi avions quitté la maison avec Jun, sous le choc ; mon père en réalité tenait fermement dans sa main le pendentif d'un génie qu'il avait ramassé et sûrement trouvé pendant la guerre. Aussi ne fut-il qu'un souhait, aussi vague fut-il, il était formulé ainsi " Je souhaite que ces cauchemars cessent. " et alors qu'il fut rendu génie à son tour, plus jamais il ne s'endormit, plus jamais il ne rêva. Se tenant au dessus de sa femme, morte de fatigue sous ses propres coups, il se jura que si le pardon ne lui serait jamais accordé, il s'occuperait personnellement des réels fautifs de tous ces maux : les Hommes. Il se jura de tous les faire souffrir autant qu'il avait souffert, tous ces hommes qui aiment la guerre après l'amour, l'ambition après la compassion. Il se jura de torturer ceux qui rêvaient car lui ne connaissait plus la paix, il avait tout perdu. Il se surnomma Mârid. Le nom de ma mère était Marina.

    Le présent Mârid rencontra Halama, une vampire qui aimait la nuit presque autant que la luxure, toujours habillée comme une chasseuse prête à tout pour prouver qu'elle dominait ces hommes d'une nuit. Le futur roi des génies savait qu'elle serait son bras droit éternellement de par son caractère et son intraitable façon de traiter ceux qu'elles jugent de simples larves inutiles. Mais s'il avait d'ambitieux projets pour elle, cette dernière était loin d'imaginer le réel dessein de son mentor.

    " Ton prénom n'est plus Jade mais à présent, ce sera Halama. " dit-il, tournant autour d'elle comme un fauve autour de sa proie.

    " Halama ? "

    " Cela signifie " rêver " en langue orientale. Lorsque je serai roi des génies, je te promets un avenir radieux, d'être sur le piédestal de la hiérarchie. "

    Et c'est ce qui fut, elle fut la passeuse de tout génie lors des tests de niveau.

    " Et que me vaut tant de promotion ? Que désires-tu en échange ? " commença-t-elle à soupçonner, aguicheuse, se dévêtissent doucement.

    " Rhabilles-toi Halama. Je ne suis pas homme aux morales légères. J'ai une mission pour toi, une mission difficile. Je veux que tu veilles sur mon fils. "

    " Le garçon aux cheveux bleus que tu espionnes sans arrêt ? "

    " Lui-même. J'ai un destin particulier pour lui, seulement, il connaîtra bien plus de peines que tous les hommes réunis mais il faudra au moins cela pour me succéder. "

    " Je ne comprends pas.. C'est ton fils quand même.. "

    " Tu ne peux pas comprendre. Il est comme sa mère. Il mourra avant même d'avoir fait un pas, il est si faible psychologiquement. Je veux être son ombre, être partout où il est, tu seras mon messager. Débrouille-toi pour qu'il trouve mon propre habitacle, maintenant que je suis roi, il est libre. Débrouille-toi surtout pour qu'il veuille s'en servir. Fais en sorte que son frère fugue, que du coup, mon fils quitte sa Lily qu'il pense vouloir marier. "

    " Tu me demandes de détruire sa vie ? "

    " Il ne connaîtra jamais le monde s'il reste avec elle et son frère. S'il aime une autre femme, préviens-moi, s'il tente de vouloir rester à un endroit, préviens-moi. Je ferai toujours en sorte de détruire tout ce qu'il construit. "

    " Tu veux qu'il se suicide ou quoi ? "

    " Il est différent. Il est comme sa mère. Lui cherchera à comprendre, tant qu'il respirera, les rouages qui le conduisent à rire ou pleurer. Je veux qu'il puisse venir à moi, qu'il me retrouve et qu'il me haïsse. Car je suis toujours dans l'attente de mon châtiment. "

    " Mais tu veux qu'il te tue ou qu'il te succède, je ne comprends vraiment rien, ce n'est pas logique, c'est de l'amour ou.. ? "

    " Je veux qu'il comprenne pourquoi je suis comme ça. Je veux qu'il souffre autant que j'ai souffert, qu'il comprenne ce que c'est de perdre celle que l'on aime, de perdre son frère, de tout perdre et de n'avoir que comme seul réconfort, sa nature de Djinn. " mais Halama refusa. Bien sûr, elle fit en sorte que je trouve le pendentif et j'ai même retrouvé Jun, j'ai même aimé Mitsuko à en perdre la raison.

    Mais c'est ce qu'il fit. Il noya Jun alors que nous fuguons vers les îles, étant le seul à pouvoir ramener les êtres partis trop tôt, il me proposa un marché. Il ramenait Jun à la vie si j'acceptai de devenir génie. Bien sûr, j'ai accepté même si je savais qu'étant génie, je resterai enfermé dans le pendentif et ce même si la vie était rendu à Jun, je savais dès mon acceptation que jamais je ne le reverrai. Jamais je ne l'ai revu. Comme lui, j'ai perdu la femme que j'aimais, et s'il avait choisit une sirène crainte de tous les marins, j'avais choisi la reine du mal crainte de tout un monde. Nous refaisions les mêmes erreurs. Ma mère était morte par sa faute. Mitsuko était morte par ma faute. Je l'avais laissé mourir comme il avait laissé mourir la femme qu'il avait tant aimé. Seth me l'avait tellement rappelé, tout avait été de ma faute, pourquoi l'avais-je abandonné ? La plus belle de mes bêtises, le plus noir de mes secrets, le plus inconsolable des remords qui me dévorait. Nous étions pareils lui et moi.
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Sam 25 Fév 2012, 01:32

    Tout se bousculait dans sa tête comme dans la mienne. Je le vis même s'entretenir avec Mitsuko.

    « Pensiez vous réellement qu'il était en mon pouvoir de ramener une personne non morte dans le royaume des vivants. Naram s'est rendu dans l'ombre du cœur de sa seule volonté, je ne peux malheureusement rien faire. Et même si je le pouvais, il ne voudrait très probablement point me suivre, il ne vous a pas choisi, il ne vous choisira jamais. Vous n'étiez qu'un passe-temps pour son esprit de Djinn, un objectif à atteindre, vous lui étiez d'une utilité purement matérielle, et vous ne vous êtes rendue compte de rien. Comme je vous plains d'avoir cru une seule seconde qu'il pouvait vous aimer...mais je sais que trop bien qu'aucun génie n'est capable d'amour... »

    ----------

    " Pourquoi as-tu envoyé ton fils dans l'ombre du coeur ? " remarqua Halama, agacée par tant de manipulations.

    " Je fais d'une pierre, trois coups. J'ai manipulé Lily pour qu'elle oblige Naram à s'y rendre tant elle est jalouse de l'amour que porte Naram à Mitsuko. Ainsi Naram en voudra tellement à Lily qu'il la haïra. Il perd Mitsuko en allant dans l'ombre du coeur et là-bas, il ne trouvera qu'un Jun devenu ombre, défiguré par les ténèbres. Il sera obligé de tuer lui même son frère. Il perd les trois personnes qui font qu'il a un coeur. "

    " Et tu as dû tuer ton deuxième fils pour ça ? "

    " Jun ? Il est revenu à la vie juste après, je savais que Naram accepterait. Je ne suis pas tant un monstre. "

    " Mais lorsque l'on sait ce que Jun est devenu après que Naram soit devenu génie, n'as-tu donc jamais eu pitié du sort que tu as réservé à tes deux fils. "

    " Qui es-tu pour me dire quoi faire Halama ! Je veux qu'il me comprenne, qu'il soit comme moi. je suis prêt à tout pour ça. "

    " Tu n'es qu'un fou, Mârid. Un fou qui ne trouvera le repos que lorsqu'il se fera tuer par son propre fils. Il te haït plus qu'aucun autre homme n'a jamais haït. Il ne sait même pas que tu es son père. "

    " Il le saura en temps voulu, je ne m'inquiète pas pour ça. Il reste prévisible. "

    ------------------

    Le dernier des souvenirs les plus vifs de sa mémoire, le dernier accessible était celui dans les vallées des glaces même pas celui d'il y a quelques mois. Mais l'autre. J'étais là, face à lui.

    " Tu as tué ton fils, mon frère, seulement pour que je puisse te ressembler ? "

    " Comprends-moi Naram ! Regarde tout ce que tu as vécu grâce à moi ! Tu n'aurais jamais rien vécu dans ta minable citée des mirages avec ta Lily trop niaise et ton frère toujours collé à tes basques ! "

    " Tu es.. un monstre. Je te plaints Mârid. Tu as cessé d'être mon père le jour où tu tué celle qui comptait tant à tes yeux, ce jour-là, tu as cessé de vivre à mes yeux. Peu m'importe ton souhait, tu es déjà mort pour moi. Et jamais tu m'entends, je ne te ressemblerai. "

    " C'est ma façon de te prouver l’intérêt que je te porte ! Maintenant, tu me comprends. "

    " Te comprendre ? Il n'y a aucune logique dans ce que tu penses, ce que tu ressens. "

    " Tu es donc aussi débile et crédule que l'était ta mère.. Tu n'as qu'à crever comme elle ou devenir Mârid. "

    " De toute ma vie, j’ai tant souhaité sans jamais que quoi que ce soit ne puisse se réaliser. Mais à ce jour, je n’ai jamais eu un tel vœu… J’aimerais tant, tout oublier… oublier ceux que j’ai perdu, je ne peux plus vivre avec leur perte sur la conscience, pitié, je veux vivre en paix, pitié, je veux tout oublier. "

    Et j'avais donc choisis de ne pas lui ressembler. Prenant mon épée en main, je la pointais vers le pendentif dans lequel j'avais été enfermé. Le fracassant en plusieurs fragments, j'avais préféré mourir que d'être possédé par la même folie que lui.

    " Noooooooon ! " cria le Mârid avant que les vallées ne soient englouties par l'océan. C'était son dernier souvenir.
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Sam 25 Fév 2012, 01:51

    Nous revenions tous deux au palais. Je reprenais mes esprits doucement tandis que j'observai Lily essoufflée, à terre, Halama au dessus d'elle prête à lui porter le coup fatal.

    " Votre jeu pervers a assez duré à tous les deux. " et d'un geste de la main, un poignard subtilisé à l'un des Iblis à terre par Mariko, déchira le bracelet qu'Halama portait à la cheville, son propre habitacle. Dans ce fracas, la fidèle alliée du Mârid se mis à genoux, voyant tout son corps s'envoler en poussière d'étoiles, elle n'eut le temps que de fixer le Mârid une dernière fois puis de me dire " je suis désolée " et qu'il en soit finit de l'éternelle reine du rêve.

    Lily se releva et accourra vers moi, m'aidant à me relever, nous nous enlacions brièvement comme si nous étions certains de ne jamais nous retrouver.

    " Dis moi Lily, tu le savais n'est-ce pas ? "

    " Depuis bien trop longtemps. Mais ce n'était pas à moi de te le dire. "

    " Je comprends. "

    Et dans les bras de l'autre, nous tentions de nous serrer l'un l'autre le plus possible, fermant les yeux, c'était comme si nous avions désiré retourner au saule-pleureur prés du lac. Autour des corps sans vie des gardes de toute race du Mârid et des Iblis inconscients, je vis même Mariko, mon alliée génie, morte. Son écureuil éventré portait un simple et minuscule grelot. Son habitacle que l'un des Iblis n'avait pas épargné. Oui, au centre même de tout ce sang, nous étions comme loin d'ici, distancé de cette pression et ces horreurs.

    Le Mârid, grimpa les marches à quatre pattes, se traînant sur la longueur pour atteindre à nouveau son trône. Embrassant le front de Lily, je me séparai d'elle, empoignant mon épée et m'approchant du Mârid.

    " Et maintenant ? " me dit-il.

    " Et maintenant, père. Que faisons-nous ? "

    " J'aimerais tant te ramener celle que tu as perdu. "

    " Tu mens. J'ai vu ton sourire se dessiner sur tes lèvres de malade lorsqu'elle est morte. Rien ne pourra me la ramener, ni tes pouvoirs, ni ceux de la faucheuse. Le regret est le pire des poison. Mais je suis las de vivre à ce point dans les souvenirs. C'est comme si je ne la laissais pas partir, comme si je la maintenais en vie par ces souvenirs. Lily avait raison, je n'ai jamais fait le deuil de ceux que j'ai perdu. Mais te tuer ne les fera pas revenir. Je ne serai pas en paix pour autant. " finis-je en laissant volontairement mon épée à terre.

    Reprenant ma respiration, je continuais : " Je ne suis pas comme toi. J'ai foi en l'avenir. Je sais qu'il me réserve forcément au moins deux trois bonnes choses. Le temps fut long mais j'ai réussi à vaincre tous mes ennemis. Et toi, tu n'es pas un ennemi. Tu n'es qu'un homme rongé par la peine et la paranoïa, qui ne rêvait que d'être compris. Un jour viendra où je prendrais ta place mais ce n'est pas aujourd'hui. Car j'ai encore à apprendre sur cette race. " Mârid " ou le vieux lion comme t'appellent les génies. Aujourd'hui, tout a pris fin. Tes manipulations. Vaines. J'ai été plus fort. "
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Mar 13 Mar 2012, 11:22

    Lily, le dos courbée contre une colonne de marbre croisait les jambes en léchant délicatement ses doigts ensanglantées, un sourire malsain gravé en elle, elle admirait la salle du trône qui fut le massacre de bien des vies, des sacrifices nécessaires. Le Mârid remontant jusqu'à son trône, il s'assit difficilement, le souffle toujours rogue, me regardant d'un air indéfinissable mêlant le dédain habituel dont il faisait preuve à la curiosité face à la situation à laquelle il n'avait jamais été confronté.

    " Tu m'intrigues Naram. " jugea-t-il seulement nécessaire de dire.

    " J'ai au moins ce mérite. " répondis-je alors, le fonds de la question, il le connaissait déjà.

    " J'ai simplement du mal à comprendre la finalité de tes actes. Pourquoi tant de méandres dans tes choix, diffus et obstinés à la fois. Ton rêve est-il toujours de retrouver celle que tu as perdu ? " et un rire s'échappa de ma bouche.

    " Oh cher Mârid, es-tu sûr de seulement vouloir comprendre. "

    " Cesse ce laïus où personne ne peut te comprendre. Nous ne sommes qu'entre gens malsains, nous sommes les mieux à même capables de te comprendre. " et Lily acquiesça.

    " Que dire que je veuille confier ? Toute ma vie, j'ai aspiré à courir après mes fantômes et s'il fallait n'en nommer qu'une, en réalité il ne s'agirait que de la seule pour laquelle je fouillerais chaque parcelle de l'enfer. "

    " Seulement, tu le sais, la mort est complexe. "

    " Je sais tout ça, pour qui me prends-tu. Certains meurent et se réincarnent, en vampires, en anges, en démons. Et certains, se perdent dans les limbes à jamais. Ces personnes-là, l'esprit de la mort tout comme le Mârid que tu es peuvent les retrouver, les ramener. "

    " Mais la contre-partie et si grande qu'elle rend l'acte vain. "

    " Oui... Elle ne fait plus partie de cette réalité, aussi enfuie est-elle dans le royaume chimérique, si je la ramenais, elle ne serait qu'une coquille-vide dont l'âme est toujours au delà du mortel, elle n'existe plus que dans nos souvenirs, de ceux qui l'ont connu. Mais. "

    " Mais tu ne te satisferas jamais de cette maigre réalité qui est celle de tous les Hommes. "

    " Car, fade, elle ne permet aucune surprise réelle, tout est prévisible à échelle différente. Accepter le monde dans lequel je vis est une utopie. "

    " Si je puis me le permettre, laisse moi te prévenir que devenir Mârid, j'en sais quelque chose, ne fait qu'accroître ta frustration. Les pouvoirs immenses de ce rang ne sont que pour appâter les rêveurs vers des choses qui dépassent leur compréhension. Mais pour toi et seulement toi, tu ne peux en retirer le moindre bénéfice si ce n'est gangrener leurs esprits mais ton sadisme à ses limites Naram. L'ennui te tuerait bien avant. "

    " C'est vrai. Il n'y a pire mal qui me ronge que celui-ci. Je te fais grâce de tes conseils, je sais tout ça. Mon rêve est tout autre, il réside dans la magie créatrice. "

    " ça n'a aucun sens. "

    " Bien au contraire. Je ne suis qu'un homme qui s'amuse du chaos qu'il sème comme la peste dans le coeur des Hommes. Imagine Mârid. Désirer bâtir d'un simple souvenir toute la complexité d'un palais et le voir sortir de terres, bâtir des ponts, des édifices de rêves qui prennent vie au toucher de la création à l'état pure. Le chaos naîtra de la nativité. "

    " Manipuler la matière.. "

    " S'il n'était question que de transmutation, ce serait si simple. Je te parle là d'êtres vivants. Qui peut prétendre qu'un seul être sur Terre existe réellement ? Il n'est qu'une volonté d'une magie, en amas, elle forme un être. Ce n'est pas que du sexe, c'est une complexe alchimie de magie créatrice. Nos cellules, notre peau et nos cheveux, si nous génies n'avons d'apparence réelle, c'est parce que nous sommes la magie créatrice, des vecteurs de création, nous pouvons modifier le destin. Sur quoi repose nos pouvoirs Mârid ? Réaliser des rêves ? Sur quoi s'appuie tout cela ? "

    " Pose ta questions aux dieux, je ne suis que le roi de cette race après tout " dit-il avec une certaine ironie.

    " Nous pouvons êtres bien plus puissants que de simples réalisateurs de souhaits. Nous pouvons créer le miracle et le désastre. "

    " Tu passes bien trop de temps avec William, Naram. Ce malade te berce avec ses théories farfelues sur le chaos. Et jusqu'à preuve du contraire, seule Mitsuko première du nom a réussi à créer la vie.. "

    " D'un simple désir. S'il est beau de bâtir un rêve, quand serait-il s'il prenait vie. "

    " Impossible.. "

    " Possible. Nous ne sommes pas réels mais si un génie est lié à un maître assez puissant, alors il peut rendre les structures d'un rêve, réels. Le Maître est le lien avec la réalité. "

    " Et comment créer la matière ? Entre la manipuler et la faire naître.. "

    " Qui t'a parlé de la faire naître ? Le rêve est un croquis, la réalité est un tissage, la matière est le fil pour coudre cette réalité. Quant aux hommes.. "

    " ils ne sont que des pelotes de laine. " intervint Lily pour rappeler qu'elle suivait la discussion en métaphorisant l'horreur du projet.
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Mar 13 Mar 2012, 11:56



    " Mais Naram, il y a tant de facteurs à prendre en compte. Si je ne prends en compte que le Maître. Il faut qu'il soit puissant, bien plus puissant qu'un chef de race lambda car forcément, vos forces et magies seront mêlées et de là à passer du rêve à la réalité, il y un pas immense à parcourir. Et tu détournes le concept de la réalisation d'un rêve à ce point, c'est à dire que le maître doit être d'accord pour que son voeu soit tien et qui compterait un génie comme toi dans sa manche ne voudrait prendre le risque de se mettre au service de ta folie. "

    " Qui te parle de servitude ? Il s'agit comme tu le dis si bien d'un emmêlement de magie créatrice. Je serai bientôt le roi du rêve, la maître du désir. Je contrôlerai le coeur de tous les Hommes. Les sentiments. "

    " Était-ce pour ça que tu étais dans son manoir tant d'années ? "

    " Elle était la seule capable de pouvoir comprendre mes rêves. La seule assez puissante aussi. Essaye de comprendre cher père. Si le secret d'un tel pouvoir était enfermé dans un si petit objet qu'il soit celui des convoitises. "

    " Alors il faudrait le cacher. "

    " Justement, non. Soigneusement déposée à la nuque de la femme la plus regardée au monde, à la vu de tous, il était ce qu'il y avait de plus invisible au monde. Un pendentif qui n’attire jamais l'attention, confiant à qui sait s'en servir la possibilité de la création à l'état pure, requérant génie et maître. "

    " Tu sais comme moi qu'il contient autre chose. "

    " La contre-partie. Peu importe le prix, qui saurait m'arrêter ? "

    " Tout ça est bien beau Naram. Trop beau. Il te manque encore tant de choses. "

    " Pour le moment. Mon plan se profile à l'horizon, il germe depuis des années et des années, des siècles mêmes. L'horloge tourne et ne nous dissémine pas. Oh qu'il est jouissif de rester dans l'ombre et cogiter sur les frontières de la magie. Je laisse l'ambition aux autres, les trônes sont trop froids et les conquêtes trop inutiles. "

    " Et en attendant ? "

    " Je vais rester là, au palais. J'ai longtemps fuis ma race, je l'ai toujours fuis au fond. Mais aujourd'hui, je renoue avec elle, je l'embrasse, elle sera mon salut. Je me suis fait ma propre éducation des génies, mon propre apprentissage du rêve mais je le sais, ma vue est trop étroite par rapport à tout ce que je pourrai apprendre ici à tes côtés. "

    " Pourquoi accepterai-je ? "

    " Tu l'as dit toi-même. Tu voulais que je te ressemble, suive tes traces. Me voilà à présent, las de n'être qu'un errant sur les routes de campagne, à chercher mes souvenirs et fuir les ombres que la lune embellit. Las de me croire maudit alors que je les surpasse tous. Toutes ces larves qui aiment, candides, leur idylle comme une sangsue, s'y raccrochant comme s'ils n'étaient humains que par ça. L'humanité n'est pas qu'un sentiment d'amour, c'est aussi la haine et la peur. Je veux rappeler ça aux Hommes trop paisibles. "
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Dim 18 Mar 2012, 17:00

    Il ne faut jamais rester cloisonné dans cet enfer sans portes ni fenêtres, cette case dans laquelle vous place ceux qui pensent tout savoir de vous d'un simple regard; il faut surprendre, étonner, quitte à décevoir et être haït, il faut prendre au dépourvu. Tous ces sourires qui se glissent sur les visages de ceux qui n'ont que pour prétention de vous détruire, par intérêt personnel. Puisqu'il faut de toute façon mourir, quelle trace laisser ? De par ses crimes ou sa bravoure, on ne retiendra mon nom qu'en des termes les moins élogieux qu'il nous soit donnés de prononcer. Et puisqu'il faut mourir, autant risquer de tout perdre, dans une dernière lubie, une folie qui peut nous emporter loin, quitte à tout perdre je préfère me divertir une dernière fois, me délecter du comportement des Hommes et qui sait; peut-être ce mal aura alors cessé de me ronger, l'ennui comme une gangrène, car je le sais; sans cela, je serai vidé de toute réflexion, l’immortalité apportant surtout ce fardeau.

    " Est-ce que tout ça en vaut vraiment la peine, Naram ? "

    " Bien entendu Lily, si je ne pose pas dès lors mes pions, je vais vite me retrouver dévoré par de plus grands prédateurs. "

    " Tu pourrais tout laisser tomber. "

    " Plaît-il ? "

    " Je connais tes raisons mais tout pourrait être beaucoup plus simple. Tu auras bientôt la puissance qu'il te faut pour arrêter tout ça, en finir avec ta condition de génie, redevenir le sorcier que tu étais avant ta transformation. Nous pourrions nous enfuir une fois le Mârid, mort. Lorsque tu m'as parlé de ton plan, tu parlais de le tuer aujourd'hui, que ce n'était que pour ça que tu voudrais redevenir génie, simplement pour mieux l'assassiner. Pourquoi ne pas vivre ensemble, personne ne te comprendra mieux que je le peux. Nous avons les mêmes racines, les mêmes maladies, celles de l'immortalité, celles de l'ennui. Mais avec toi, jamais je ne m'ennuie. Tu m'as manqué, Naram. Quand tu es mort, j'ai bien cru que j'en mourrai également et pourtant, ce n'est avec moi que tu as le plus vécu. Mais à chaque fois nos routes se croisent à nouveau avant que l'on se perde de vue. Je ne veux plus de ce jeu. "

    " Arrête. Tu étais consciente des conséquences. Mes plans changent et évoluent, en cela est l’intérêt du jeu. Je m'adapte pour survivre. J'ai toujours été ainsi, et toi tu n'aspires qu'à une vie paisible. Je n'aspire qu'au changement, au chaos à l'état pur. " Dis-je sans la regarder, nu, j'enfilais de beaux vêtements de soie aux couleurs azures et or, de la tête au pied, j'étais un prince qui s'ignorait, révélé par l'habille qui ne faisait pas le moine. Nous étions dans une magnifique chambre que le Mârid me confiait puisque je logerai ici à présent.

    « Pourquoi faut-il toujours que tu te tortures l'esprit ? Tu aimes souffrir. Tu aimes le malheur, il te réconforte. »

    « L'ombre est ma seule confidente, le vide me berce. Quant au bonheur, je n'ai aucunement la capacité d'en comprendre la notion. Je suis Naram-Sin. Lorsque tu prononces ce nom, que reflète-t-il autre qu'un génie ? Un génie puissant que l'on sait fou et rêveur. Que puis-je être d'autre qu'un illuminé ? »

    « Tu te trompes. Quand je t’appelle Naram-Sin, je n'entends que ton nom d'emprunt car t’appeler par ton véritable prénom me manque mais je t'en ai fait la promesse, jamais je ne t'assouvirai. J'ai déjà compris par le passé qu'on ne peut jamais te contraindre si tu ne le désires pas. Mais quand j'entends ce nom je ne vois qu'un fantôme, triste qui ne sait plus quoi faire de sa vie et qui s'invente des défis impossibles qui n'intéressent que lui, simplement pour qu'il puisse oublier sa solitude ! Depuis que tu es génie, fut gravé en toi un air si sérieux qui ne t'as jamais quitté. Où est passé ce garçon qui riait de tout de peur d'être obligé d'en pleurer ? Roi du second degré. »

    « Probablement mort en même temps que son frère. »

    « Tu ne peux ni ramener les morts, ni les rejoindre. Alors oublie-les et vis pour toi. »

    « Il vit en cet ersatz de Jun, Lily. Et elle vit en sa descendante. J’ai quelque part réussit. Ils sont là, non plus sous cette forme que nous connaissions mais ils sont bien là. »

    « Jusqu’au jour où cela ne te suffira plus. Et où tu en voudras plus. Qui sait quelle horreur tu commettras pour te persuader que ceux que tu aimes ne font toujours pas parti d’un passé révolu et intouchable. Moi je suis là, Naram. Je suis bien là, vivante devant toi. Je suis ce qu’il te reste, ta dernière attache à ce monde, ne le nie pas. Lorsque tu me parles, je te réponds ; tes fantômes ne te rendent que tes sanglots et tes soupirs. Cesse ton jeu macabre. Vis dans cette réalité, ne te perds pas. »

    « Ne t’en fais pas pour moi. Je sais exactement où je vais. »

    « Ne retourne juste pas en enfer. »
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Dim 18 Mar 2012, 17:29

    Lily s’approcha de moi et m’embrassa tendrement le front avant de se retourner sans rien dire et de quitter la pièce ; au pas de la porte, elle s’arrêta cependant net ;

    « Une dernière question. Tu étais réellement resté au manoir de Mitsuko pour se servir de sa puissance en tant que maîtresse d’un génie comme toi ? »

    « Quelle réponse te ferait le plus plaisir ? »

    « Espèce d’idiot. Tu t’es laissé prendre à ton propre piège. Et tu es vraiment tombé amoureux d’elle. Naram-Sin. Amoureux. J’ai même douté, après sa mort. Peut-être que tu n’avais fait que manipuler, tout ton entourage, même moi, persuader tout un monde que tu puisses aimer. Et puis, j’ai préféré me dire que tu avais toujours un quelconque intérêt à tirer d’une histoire et crois-moi, je connais ton jeu d’acteur, tu as décrié m’aimer pendant des années sans le ressentir ; oui, je te connaissais assez pour le savoir, Mitsuko n’était qu’une de tes victimes, c’était un défi pour toi car qui d’autre que toi aurait pu réussir à déboussoler le mal personnifié. Et aujourd’hui je le sais, tu t’es laissé prendre à ton propre piège, oui. J’en suis certaine, elle voulait te manipuler autant que tu le voulais pour elle ; ce n’était qu’un jeu, autant pour elle que pour toi. Elle aussi voulait te prouver qu’elle serait celle qui te perdrait. Et elle en est morte. Tu es fier de toi au final ? »

    Mais pour la première fois de ma vie, j’étais incapable de répondre. Je tournai le regard vers le ciel, agrippé aux rebords de la fenêtre, mes poings serrés montraient une colère enfuie.

    « Chaque jour, ce remords te bouffe. Car sans elle, tu n’es plus rien. Plus qu’une ombre dans la nuit. Tu n’es qu’un cadavre Naram, un cadavre sans vie depuis que tu l’as tué. Et dire que j’ai toujours eu de la pitié pour toi, triste que tu ne puisses enfin trouver cet amour que tu as tant cherché, toute ta vie. Mais au final, tu n’étais qu’un chasseur, chassé. Tu es tombé amoureux de ta proie. »

    « Je t’en supplie Lily, ferme-la. Va-t’en. »

    « Oui, je m’en vais, ne t’en fais pas. Je trouve ça seulement plutôt drôle. »

    « Que peut-il y avoir de drôle là-dedans ? »

    « Que tu reproduises la même erreur, une deuxième fois avec sa descendante. Fais attention à toi Naram, ton jeu va te dépasser à nouveau. Et ce jour-là, tu pourrais perdre bien plus qu’un fragment d’âme ou deux, trois souvenirs. Il est difficile de dire avec toi si tu en es à ton déclin ou ton ascension... Le problème du coup c’est qu’il faudra attendre que cela se passe pour savoir s’il s’agira au final de ton apogée ou de ta fin. Ce jour-là seulement, j’espère que tu ne regretteras pas d’avoir préféré les ténèbres à la lumière. »

    « S’il s’agit de ma fin, alors je ne serai plus là pour le regretter. Et là est la clé Lily. Vivre pour exister, quitte à mettre le feu à ce monde pourri, quitte à tout détruire, peu importe les conséquences. Une dernière chose. Elle savait quelles étaient mes plans la concernant. Mes sentiments venaient d’une chose que tu ne comprendras jamais. »

    « Le pouvoir ? L’excès ? La luxure ? »

    « Son génie. Elle avait une intelligence et une réflexion qui la rendait bien plus humaines que tous ces insectes rampants. Elle allait au-delà de ce qu’elle voyait. Et quel est la faiblesse de chaque génie ? »

    « Tout génie n’aspire qu’à la reconnaissance ; un génie a besoin d’un public pour l’applaudir. »

    « Exactement. Mais elle, préférait être haït. Elle était différente. Chacun marque le monde à sa façon, faire le bien et le mal est une espèce de combat de moral inutile dans un monde bien plus complexe. Elle n’avait pas vraiment choisit son camp, elle en avait créé un nouveau, le sien et même à l’intérieur, personne ne la connaissait, car jamais elle ne désirait être applaudit, reconnue. Son nom n’est aujourd’hui plus qu’une légende du mal, aux yeux du monde. Mais pour moi, c’était tout autre chose, tout ce qu’elle ne voulait pas montrer. Et tout cela Lily, tu en es bien incapable ma pauvre. Ton esprit est comme le mien, trop étroit. »

    Et elle referma la porte. Me laissant seul dans cette pièce vide. Quelque part, je regrettai déjà mes paroles mais il le fallait. Lily devait être en dehors de ça, sinon elle serait comme Sayuri, un dommage collatéral, et je tenais bien trop à elle pour reproduire deux fois les mêmes erreurs.
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