Image par Amaraeva

Les liés

Musique

Edelwyn ouvrit les yeux. Dès qu’elle avait pris conscience de l’endroit où ils étaient – et de l’absence de Kaahl, elle avait décidé de s’isoler dans sa chambre. Son nom avait été marqué sur la porte. Edelwyn Eorgor. Le problème majeur tenait à celui qui l'accompagnait. Priam Belegad. Elle essayait de ne pas y songer. Elle ne le laisserait pas entrer.

Sa fenêtre était ouverte vers les thermes où son jumeau se baignait en compagnie d'Adam et de son colocataire forcé. Elle l’entendait parler et n’arrivait pas à trouver le sommeil. Ce n’était pas à cause de lui, bien que ses paroles l’intriguassent. Il faisait rouler dans la paume de sa main des dés. L’Ange et lui les avaient trouvés après avoir construit un pont. Elle tenta une nouvelle fois de fermer les yeux. Il ne fallut au phénomène que quelques secondes avant de s'activer de nouveau. Le même visage apparût devant ses paupières. Il lui disait vaguement quelque chose. Elle était certaine de l’avoir déjà vu mais pas avec ce regard-là. Ses iris bronze la fixait sans qu’elle ne sût en conclure quoi que ce fût. Au fond, elle avait une idée mais préférait ne pas investiguer davantage. Elle désirait qu’il s’effaçât de son champ de vision et qu’elle pût trouver le sommeil. Le rêve qu’elle avait fait avec Kaahl lui suffisait amplement. Elle ne voulait pas d’un trouble-fête supplémentaire dans son existence. Elle fut presque exaucée lorsqu’elle entendit de nouveau le son de la voix de son frère et qu’elle analysa ses paroles, libérée de celui qui ressemblait au soleil de façon éphémère. « Il faudrait peut-être lancer ces dés sur le plateau que Kaahl a récupéré. » En effet, ça lui semblait logique de tenter. Ils étaient vraisemblablement dans un jeu et tout jeu comportait des règles. Les dés revenaient souvent, porteurs de bonheur ou de malheur selon la chance de l’utilisateur. Le rouquin revint. Il était proche, bien trop proche. Elle grimaça. Que lui voulait-il ? Qui était-il ? Elle le connaissait. Ses souvenirs l’amenèrent vers un endroit sombre. Elle se rappela brièvement. Elle était enfant lorsqu’elle l’avait rencontré. Néanmoins, il était plus vieux que ce jour-là. Surtout, il ne la contemplait pas comme une gamine. C’était différent et autre que ce qu’elle avait vu avec Kaahl. Il était plus sauvage, moins élégant. Elle expira. La Couronne qu’elle avait sur la tête la perturbait. Elle désirait la garder mais souffrait de ce qu’elle lui montrait. Elle détestait ces histoires qui mêlaient sa vie à celles d’hommes. Elle en avait vu un autre, brièvement. Un de la même espèce que le roux, à la différence que sa tignasse était blanche. Lui aussi, deviendrait son mari. Elle en avait la certitude ; une certitude qui l’irritait. Elle ne voulait pas d’hommes dans sa vie. La jeune fille se concentra de nouveau sur le blond. Depuis qu’ils étaient arrivés, Priam et lui, il lui semblait percevoir une pointe de tristesse dans l’intonation de sa voix. Qu’avait-il vu ? Probablement un souvenir triste, qui gonflait son cœur autant qu’il le ravageait d’un sentiment d’injustice. « J’espère qu’ils ne vont pas tarder. » Elle se redressa et tenta de nouveau de fermer sa fenêtre. Cette fois, elle obéit. Elle ne voulait pas les voir et s’enfermerait ici jusqu’à ce que ce jeu stupide reprît.

553 mots

Les liés

J’avais acquiescé silencieusement aux paroles d’Ezechyel, la tête penchée en arrière. Je fixais le ciel et profitais de la chaleur. Derrière mon crâne, le sol me paraissait moins dur que la pierre qu’il était censé être.

« J’espère aussi. »

J’étais songeur. Préoccupé en réalité, ce qui m’arrivait rarement. Depuis que nous étions dans cette sorte de jeu, je n’arrivais pas à quantifier le temps. Le sujet était déjà particulier pour moi qui ne pourrais jamais mourir de vieillesse. Néanmoins, le temps, qu’il passe vite ou lentement à mes yeux, était toujours resté relativement maîtrisable. Je me perdais parfois des heures dans une occupation et m’étonnais de la position de l’aiguille sur l’horloge mais ce n’était pas la même chose. Actuellement, j’avais la sensation diffuse que dix ans auraient pu s’écouler en dehors des cases de notre plateau.

« Vous pensez qu’on est là depuis combien de temps ? » leur demandai-je.

Je relevai la tête lorsque j’entendis la fenêtre de la chambre où s’était réfugiée Edelwyn se fermer. Un sourire fendit mes lèvres et j’émis un commentaire à ma seule attention.

« C’est drôle de penser que c’est la mère d’Erza… »

Je ne me laissai cependant pas distraire longtemps et revins au sujet qui me préoccupait.

« Je ne sais pas pour vous mais j’ai du mal à savoir. Il y a comme des coupures entre les épreuves. J’ai l’impression de vivre des moments de flottements. »

Ce n’était pas la première fois que les Portes me happaient. Le temps y était différent. Des mois à l’intérieur pouvaient n’être qu’une seconde à l’extérieur. Néanmoins, c’était la première fois que la question me taraudait. Je n’y avais jamais songé dans les épisodes précédents. Mon instinct me dictait que la vérité ne me plairait pas.

« Les autres Vincidi risquent de m’en vouloir de ne pas honorer mes rendez-vous si jamais des mois se sont écoulés. »

Je n’étais pas affolé pour autant. Quelle que soit la réalité, je n’avais aucune prise dessus. Je voulais simplement éviter de reparaître dix ans après. Ikar serait un adulte et m’en voudrait certainement de nouveau pour mon absence prolongée. Quant au reste, même si je ne payais pas de mine, j’avais des responsabilités à honorer.

« Je parie que Cyrius doit être fou si ça fait longtemps qu’on est là. Il doit avoir placardé le visage de Kaahl partout en promettant une somme colossale à celui qui le lui ramènera. »

Même cette parenthèse de bien-être me semblait étrange. L’air avait un goût particulier.

« Les Anges extrémistes ont peut-être fini par éclater sous leurs contradictions… »

433 mots

Ma langue passa subrepticement entre mes lèvres. Ces dernières se serrèrent ensuite. Durant tout le souvenir, mes émotions avaient été malmenées. Je ne pouvais renier Alya. La chose était impossible car ma conscience, bien qu’atténuée, était toujours pleinement fonctionnelle lorsque la Déchue prenait le pas. J’étais quelque part derrière ses fantaisies, ses propos vulgaires et ses comportements destructeurs. Elle était moi et je le savais. Elle était une version de moi qui ne pouvait pas exister autrement que par le biais de l’Artefact des Déchus. Elle représentait la liberté que je n’avais jamais eue, la passion que je m’appliquais à refreiner, l’inconvenance que mon éducation avait effacée. Ses émotions étaient entières et brutes, qu’il s’agît de coucher avec un parfait inconnu ou de tenter de se suicider par jalousie. J’inspirai. La gêne s’était immiscée en moi au fur et à mesure du souvenir et, à présent que nous étions près des autres au cœur de thermes, la honte l’accompagnait. Il y avait eu beaucoup de choses. Les paroles que Sigvald et Alya avaient échangées tenaient parfois de rien mais, d’autres fois, reflétaient des pensées et des envies qui frôlaient bien trop la réalité. Mes yeux se posèrent sur Adam, Adam que je laissais coucher avec la terre entière sans en être satisfait. Je n’avais pas le choix. Il ne me l’avait pas laissé. C’était ça ou rien. Mes mâchoires se contractèrent en songeant à l’Ange. Je me savais injuste, que ce fût avec lui ou avec elle. Surtout avec elle. En cherchant les raisons de mon implacable jugement, je ne tombais que sur des principes tirés de mon instruction chez les Sorciers. Elle était une femme, elle devait porter mes enfants. Je la voulais pour moi seule. Je voulais la contrôler, maîtriser ses émotions ou la détruire. Je savais ces pensées mauvaises. C’était la raison pour laquelle j’alternais douloureusement entre l’acceptation et le rejet. J’aurais aimé pouvoir être comme Adam, dénué de démons porteurs d’avarice. À admirer d’un point de vue extérieur les souvenirs du Fessetival, il apparaissait nettement que certains de nos propos n’avaient rien de drôles. Des choses qui avaient été prononcées étaient blessantes, pour elle comme pour moi. Je n’étais, de plus, pas sûr d’assumer cette partie-là de moi, comme je n’étais pas sûr de vouloir me souvenir de cette partie-là d’elle. Heureusement, ce passé était resté entre nous et n’avait été dévoilé à personne d’autre.

Mes yeux cherchèrent les siens. Je me sentis soudainement à la fois effarouché et colérique. Être Alya était humiliant. Je préférais que tout restât entre nous, même si Adam avait eu un aperçu du phénomène à plusieurs reprises. En la regardant davantage, ces émotions se délièrent pourtant rapidement pour me ramener vers ce qu’il s’était passé entre elle et moi plus tôt, vers mes mots, vers ses révélations. La perte du bébé ne voulait pas se fixer dans ma mémoire. Je tentais de l’oublier à chaque occasion, de songer à autre chose et de m'égarer ailleurs, dans n'importe quelle considération pourvu qu'elle fût différente. Mon regard ne voulait cependant pas se décrocher du sien. Je m’entendis lui déclamer le fond de ma pensée : qu’on aurait un enfant ensemble, que j’étais désolé, que je ne voulais pas divorcer mais, au contraire, bâtir un mariage solide, que je la laisserais libre de ses relations puisque j’étais libre des miennes. Je restai suspendu, muet. Il valait mieux que je ne lui fisse aucune promesse, que je me contentasse de penser toutes ces choses sans les avouer. Secrètes, elles auraient plus de poids. « Qu’est-ce que tu regardes ? » lui demandai-je comme si avoir trop admiré Alya avait déteint sur moi. C’était probablement le cas. Un sourire espiègle illumina mon visage. Je l’attrapai, malgré son état, et entrepris de la jeter dans l’eau chaude tout habillée, en prétextant qu’elle avait besoin d’un bain urgemment et qu’elle sentait le Bicorne. J’étais pourtant celui qui était affublé de cornes. Je savais qu’après cet interlude, nous devrions reprendre notre sérieux, même si mon intuition me dictait aussi que nous ne pourrions pas avancer avant plusieurs heures, voire avant le lendemain.  

684 mots

Image par Amaraeva

Les liés

Musique

« Ce n’est vraiment pas à moi qu’il faut poser cette question. » Ezechyel n’avait jamais été doué pour quantifier le temps. Il voyageait trop et se perdait souvent en son sein. Là où les autres vivaient souvent par cycle, entre leur travail et leur vie de famille, lui vivait de façon désordonnée. Hier pouvait être demain et demain pouvait être dans un mois. Aujourd’hui pouvait être vécu plusieurs fois, tout comme cent ans pouvaient passer en deux secondes. Le fait est qu’il restait jeune dans son esprit, malgré les nombreuses leçons qu’il prenait, caché entre les secondes. Des secondes qui duraient des années pour lui mais qui passaient à la vitesse de l’éclair pour sa jumelle. Le Rehla observa la fenêtre un instant, en songeant au souvenir de Priam qu’il avait eu l’occasion de voir. Ses parents étaient spéciaux mais ils n’avaient jamais été instables. Depuis qu’ils étaient arrivés ici, il avait envie de voir Freyja, de lui dire qu’il l’aimerait toujours et qu’il ne la rejetterait jamais. Qu’il ne ferait pas comme sa mère. Cette pensée lui martelait le crâne entre les mots qu’il échangeait avec le Déchu et l’Ange. Il avait envie de graver ces idées dans le marbre, les crier pour que l'Aile d'Acier sût et qu’elle ne les oubliât pas. C’était douloureux parce qu’il avait conscience qu’il ne pourrait pas toujours être là. Ça ne l’empêchait pas de chercher un moyen pour elle de le contacter lorsqu’elle le désirerait ; un moyen pour lui de venir aussi, un moyen de se voir au-delà des frontières du Temps peut-être. Une partie de lui savait qu’il devrait certainement renoncer de nombreuses années, ne plus la côtoyer et l'oublier malgré lui. Une autre ne voulait pas de ce renoncement et était prête à se battre.

Le blond passa sa main dans ses cheveux et sourit. « Il est vraiment irrésistible ! Tu devrais être jaloux Adam ! » s’amusa-t-il. « Même si les Magiciens ont tendance à tout exagérer. » Toutes les époques confortaient ses dires. « Mais je croyais que c’était lui l’Empereur Noir ? » Il devait tout mélanger. Il avait tendance à oublier une quantité astronomique de choses. Lorsqu’il était préparé pour une mission, il devait se concentrer sur celle-ci. Cela signifiait beaucoup. Parfois, il pouvait rester lui-même. D’autres fois, il devait se fondre dans une autre identité et aller jusqu’à occulter sa propre famille. Jusqu’ici, il n’y avait que le lien avec sa sœur qui avait survécu, celui qui le nouait à Kaahl et également l’existence de Freyja. Il pensait souvent à elle. Il craignait que les traits de son visage disparussent, comme ceux de tant d’autres personnes avant elle. Ezechyel sourit lorsqu’il fut question d’elle et hocha la tête quand ce fût au tour d’Edelwyn. « Si elle arrête de bouder. Mais si c’est politique, ça l’intéressera forcément. » Il avait un mauvais pressentiment depuis que Kaahl et elle s’étaient retrouvés seuls. « Vous croyez que… qu’ils ont… » Il suspectait qu’ils se fussent rapprochés au-delà du raisonnable.

Il n’eut pas le temps de trouver comment formuler ses craintes. Le concerné apparut, avec l’Ange. Le blond le regarda. Il ne sut pas comment interpréter son expression mais sentis une réelle gêne s’insinuer dans son propre cœur. Il devina aisément que la situation entre eux avait encore évolué. Les non-dits étaient presque palpables. Pourtant, il ne s’attarda pas sur ces émotions. En observant Freyja, il remarqua le sang sur elle. Il sentit son rythme cardiaque s’affoler, son cœur battre contre sa poitrine et à ses tempes. La peur qu’il lui fût arrivée quelque chose martela son crâne. Il se sentit prêt à bondir vers elle pour la soigner mais la tension retomba lorsque le Sorcier l’attrapa pour mieux la balancer à l’eau. Ezechyel esquissa un nouveau sourire. Le sang n’était pas le sien. Elle allait bien. « Je vais amener le repas. » Ils avaient découvert un véritable festin en arrivant, posé sur une large table. La chaleur des plats était sauvegardée par magie.

Le blond prit appui sur le rebord et se hissa pour sortir de l’eau. Sa peau frissonna au contact de l’air. La situation lui paraissait compliquée. Adam était avec Kaahl, qui était avec Freyja. Et lui, se trouvait quelque part au milieu de tout ça. Edelwyn avait bien fait de partir se réfugier dans sa chambre. Le seul à être libre, et encore, était Priam. En arrivant dans la salle à manger, il se demanda s’il pourrait supporter de voir Freyja heureuse avec Kaahl et si elle pourrait supporter de voir Kaahl heureux avec Adam. Il se demanda aussi comment se déroulerait sa nuit avec le Déchu. Finalement, il décida de ne pas retourner dans les bains tout de suite. Il y avait laissé les dés. Priam expliquerait pour lui ce qu’ils avaient trouvé. Il se dirigea vers la chambre où se trouvait sa sœur. Il fallait qu'il lui parlât. Il espérait qu'elle se livrerait.

782 mots

Les liés

Savoir était un grand mot. J’ignorais beaucoup de choses et comme il ne me semblait pas utile de m’intéresser à tout comme certains maniaques du contrôle (Kaahl), je passais à côté de certains faits ou certaines références. Si l’on me donnait un livre, je pouvais aussi bien le lire que m’en servir pour stopper la lumière du soleil lors d’une de mes siestes. Il pouvait aussi finir embarqué dans un jeu de rôle à caractère sexuel.

« Disons que j’ai eu confirmation dans la nuit. »

La nuit désignait celle que j’avais passé avec le Sorcier sous la pluie et l’orage. En y pensant, je n’étais pas sûr d’avoir vécu une autre nuit depuis. Néanmoins, comme j’en avais fait la remarque plus tôt, le temps m’échappait complètement.

« Vivement que j’ai à te présenter mes excuses. »

Je l’avais regardé avec un petit sourire significatif. Peut-être qu’il reconsidérerait mon offre un jour, lorsque l’Agbara serait loin et que la Déchéance serait rétablie.

« Mais je suis jaloux. Combien de fois on me demande, en plein ébat, s’il va se joindre à nous ? »

Je ris. C’était arrivé deux fois.

« Les Sorciers sont vraiment susceptibles. Mais c’est vrai que Cyrius et Kaahl… »

Je souris. J’aurais pu confirmer la rumeur. Les deux ensemble étaient un spectacle à part entière. C’était impossible de ne pas avoir de doutes sur ce qu’ils trafiquaient en privé. Cyrius avait à plusieurs reprises tenté de se suicider parce qu’il jugeait ne pas avoir assez l’attention de Kaahl. Kaahl pardonnait tout à Cyrius. Lorsqu’ils étaient tous les deux, ils semblaient dans leur monde. C’était ce que j’avais entendu dire mais il suffisait de se procurer des scènes de leurs prestations musicales pour le constater.

« En fait ils sont fusionnels mais pas à la manière dont j’ai envie de fusionner avec toi, Priam. Ils sont demi-frères, au minimum. »

La famille était plus compliquée chez certains que chez d’autres. Les Déchus n’étaient pas en reste, à cause de la longévité de la vie mais également à cause des Péchés. Les Luxurieux étaient souvent moqués pour leur arbre généalogique sans queue ni tête. C’était ça de se servir trop de sa queue et pas assez de sa tête.

« Oh tu sais… Je pense que Kaahl est actuellement l’Empereur Noir et qu’il commande Cyrius. Néanmoins, il ne faut pas sous-estimer Cyrius. Il est capable de rébellion, c’est sûr. »

Le fait qu’il porte actuellement officiellement la couronne prouvait que Kaahl avait confiance en lui. Je n’étais pas certain que ce soit une bonne idée.

« Ça se voit que tu ne l’as pas vue affalée sur mon canapé avec un pot de crème glacée à la main. »

Mes lèvres s’étirèrent lorsque je revis Freyja dans cette position. Je ne vivais avec personne normalement mais j’étais plutôt enclin à retenter l’expérience si l’Ange le désirait. Ce n’était pas si mal finalement.

J’acquiesçai. Ça n’aurait tenu qu’à moi, j’aurais été sauver Aliénor le plus vite possible. Nous aurions pu parler ensuite. Cependant, cette Porte était capricieuse et nous ne pouvions pas avancer au rythme que nous désirions. Bloqués dans les thermes, il faudrait attendre un temps incertain.

« En parlant des cas soc’ de l’amour… »

Freyja et Kaahl venaient d’apparaître. Je les analysais quelques secondes avant de comprendre qu’ils étaient moins fâchés que lorsque je les avais vus la dernière fois. Elle avait beau être une Ange et lui un Sorcier, ils se fondraient parfaitement à Lumnaar’Yuvon, où la haine pouvait succéder à l’amour d’une minute à l’autre.  

Pendant qu’ils jouaient, je repris la conversation plus discrètement.

« Qu’ils ont couché ? Franchement, ça m’étonnerait. Kaahl préfère les hommes et, ensuite, même si elle lui plaisait, je pense qu’il attendrait quelques années. Ta sœur fait vraiment jeune. Plus que toi. »

Même si je ne faisais que m’en douter, ils n’avaient définitivement pas le même âge.

« En plus Freyja l’assassinerait je pense, vu qu’il lui joue une tragédie depuis qu'elle a couché avec toi. »

Je hochai la tête lorsqu’il s’éclipsa. Quand tout le monde eut émergé, je proposai :

« Et si on faisait une orgie ? En plus Ezechyel et Priam ont trouvé des dés ! On pourrait s’en servir pour décider qui fait quoi avec qui. »

J’installai mes bras sur le rebord, content de mes bêtises. En réalité, j’avais bien plus faim qu’envie de baiser.

734 mots