Les légendes qui font rêver les enfants
Aurel & Naveen

Naveen avançait d'un pas lent, tenant contre sa poitrine le livre de contes et légendes que lui avait acheté sa maman. Thaïs, ralentie par la marche de son fils, regarda dans sa direction. Il avait le regard perdu dans l'architecture monumentale de la citée, creusée à même la pierre, semblait-il. Ses ailes, trop lourdes pour son petit corps d’enfant, rendaient sa démarche pataude, déséquilibrée, le faisant tanguer et presque chavirer : il serait tomber à plusieurs reprises si la Juge ne l’avait pas tenue par la main pour le guider. « Tu es fatigué, Naveen ? » demanda la femme. L’enfant des cieux redescendit les yeux sur une strate plus atteignable : parfois, il rêvait de rejoindre le sommet de ces hautes tours, le plafond de roche qui avalait la ville, de quelques battements d’ailes puissantes, mais se rappelait être piégé sur le sol, incapable de soulever les appendices qui traînaient dans son dos. « Mmh… Non. » répondit le garçon, reprenant un peu de vitesse maintenant qu’il n’était plus occupé à rêvasser. « Bien. J’ai quelques affaires à acheter dans cette boutique, d’accord ? Tu peux rester jouer dehors si tu en as envie, mais reste là où je peux bien te voir. D’accord ? » Le garçon acquiesça, tandis que sa mère ouvrait la porte de la boutique.

L’enfant des cieux regarda l’étal qui offrait un avant-goût de ce qui se trouvait à l’intérieur. Des épices, de toutes les couleurs, avec des formes différentes et surtout, des odeurs qui vous prennent à la gorge et vous font tourner la tête. Le curieux laissa trainer un doigt sur la table en bois qui supportait le poids des sacs remplis de paprikas, de currys et de garam masala. Lorsqu’il récupéra son index, il brillait de toutes ces poudres. Amusé, il essuya son doigt sur sa tunique, peu conscient du travail qu’iil était en train de donner aux domestiques de la famille.

Le temps paraissait toujours trop long, lorsque Thaïs s’entretenait avec ses collaborateurs. Naveen avait prit son temps pour essayer de ne pas s’ennuyer : il avait lu le nom de chaque épice, les avait humé – sans oser les goûter, de peur de se faire réprimander par le marchand- puis avait entreprit de se poser et d’ouvrir son nouveau livre. Il y avait de belles illustrations, bien que certaines fussent un peu effrayantes. L’Enfant des Cieux aimait bien ces histoires, parce qu’elles parlaient d’un Humain malin, qui utilisait ses méninges pour échapper aux vilains manieurs de Kan’Ghar. Cependant, même sa lecture finit par le lasser et le jeune garçon finit par sombrer dans une mollesse d’ennui.

L’éclat d’une chevelure flamboyante le tira cependant de sa paresse et il écarquilla les yeux. « Aurel ! » appela-t-il son confrère aux ailes duveteuses. Se redressant avec maladresse sur ses deux jambes, il couru jusqu’à son camarade, son livre sous la main. « Tu veux lire mon nouveau livre avec moi ? »

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