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Quand la magie disparaît
Suite de Nikâh al Syanr

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 Dans les rues de la Haute-Terre régnait une impression d’harmonie et de tranquillité comparable à Onikareni. Mais cette atmosphère n’était pas une chose commune dans les peuples Humains. C’était ce que lui avait appris Mia, sa guide touristique pour l’événement. Le groupe d’Orines s’était rendu au mariage d’une personnalité éminente du peuple, Mancinia Leenhardt. Après avoir passé deux semaines sur place, entourée de ses compagnons de route, elle avait eu besoin de calme. L’énergie débordante de Min et de Xue avait vampirisé la sienne. Mia était une Orine qui vivait parmi les humains et elle était telle une fleur de lys, douce et patiente. Le duo avait arpenté les rues toute la matinée, sous les commentaires de la guide. Leur parcours avait été ralenti par le fait que Mia connaissait apparemment toute la ville et s’arrêtait pour saluer les passants et poser des questions sur leur famille. Avant de se séparer, elles se rendirent chez une amie à elle qui leur avait préparé un repas traditionnel.

« Nous y voilà ! …oh, bonjour, Marguerite ! » Ajouta-t-elle en s’inclinant légèrement. L’Humaine répliqua sa politesse en souriant, malgré le fait que ce n’était pas de mise parmi son peuple. Chuan était impressionnée par Mia et le respect qu’elle inspirait auprès de ceux qui étaient devenus les siens. « Oui, nous allons manger chez Hélène. Oh, d’ailleurs, je te présente ma consœur, Chuan Ming. » Après avoir échangé des formalités, Mia frappa à une porte en bois massif. La demeure de cette Hélène témoignait d’un certain embonpoint. « Entrez ! » Entendirent-elle faiblement à travers la porte. Mia s’empara de la poignée en bronze et poussa la porte, dévoilant l’entrée d’une maison conviviale et fraîche. Chuan laissa son regard vagabonder sur les peintures de famille jonchant les murs et les décorations aux inspirations très diverses. Les Humains étaient des nomades éparpillés sur toutes sortes de territoire, et c’était visible autant dans les statuettes de toutes sortes de matières que les peintures de famille, dévoilant un métissage omniprésent. En comparaison, les Orines semblaient être toutes les mêmes, et Chuan commençait à comprendre pourquoi plusieurs personnes l’avaient confondues avec d’autres Orines qu’elle ne connaissait pas.

« …et voici ma protégée, Chuan ! » S’exclama Mia, nullement lassée de présenter Chuan à tout le monde. « Bienvenue chez nous, ma petite. Je vous ai préparées un très bon Katmer. Tu n’en as jamais mangé Chuan, c’est cela ? » L’Orine fit mine de réfléchir, mais à vrai dire, elle avait oublié le nom de la moitié des plats qu’elle engloutissait à toute vitesse. « Je ne pense pas, Madame. Mais j’ai hâte de le découvrir ! » Sans plus attendre, les deux Orines passèrent à table. Le couvert était déjà mis ; Chuan fut soulagée de constater qu’il n’y aurait qu’elles trois au repas, épuisée par les incessants échanges de banalités. Hélène était une femme fort intéressante ; elle avait arpenté le Désert et d’autres lieux dont Chuan n’avait encore jamais entendu parler avant de poser ses valises à Haute-Terre. Il lui semblât que les Humains étaient courageux de se déplacer par leurs propres moyens, sans l’aide de la magie. Sur l’Île de Hava, terre des Lyrienns de l’Air, il était inimaginable de se déplacer d’un camp à l’autre sans leurs pouvoirs. Cela aurait même été vu comme un affront fait à l’Æther Ajrov. Tout en buvant les paroles de Hélène et en écoutant ses aventures, Chuan engloutit le Katmer et le Baklava, servi en dessert. Elle apprécia beaucoup moins le thé du Désert, le Kumulu Çay, bien plus sucré que le thé vert d’Onikareni.

« Ma foi, Madame… c’était divin. » A l’entendre, le sourire de Hélène s’étendit tant que ses lèvres touchaient presque ses oreilles. « Je te remercie, ma petite ! C’est toujours un plaisir pour moi de cuisiner pour les Orines. N’est-ce pas, Mia ? Elle a pris quelques kilos depuis nos invitations hebdomadaires… » glissa-t-elle en lui adressant un clin d’oeil. Mia rit de bon cœur et se resservit en dessert. Chuan appréciait ce moment, mais elle avait hâte d’aller retrouver Pouic après le repas pour randonner tous les deux sur les hauteurs de la colline. Le voyage avait été riche en émotions ; il lui fallait ralentir et respirer, même pour une hyperactive comme elle. « Bien ! Mia, j’ai trié les livres dont je veux me débarrasser, ils sont dans la bibliothèque. Chuan, j’ai cru comprendre que tu aimais le combat. J’ai quelque chose à te montrer ! » L’Orine se leva d’un coup sec et dut se reposer sur le dos de sa chaise, l’estomac lourd. « Je vous suis ! » De son côté, Mia les salua et s’en alla dans la bibliothèque, ses cheveux blonds volant autour d’elle comme s’ils étaient encore ensorcelés, malgré l’anti-magie ambiante. Chuan songea que les plus belles Orines n’avaient pas besoin de magie pour incarner la beauté, et sa guide en était le parfait exemple. « Ce que je vais te montrer se trouve dans ma cave… mais ne t’inquiète pas, je ne suis pas une psychopathe. » - « Ah ! Vous me voyez rassurée. Car après ce repas, je serais clairement une proie facile ! »

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