Parler Ublys. Penser Ublys. Vivre Ublys.
Philomena & Bellada

« Regarde Mamie ! C’est Philo là-bas ! » s’écria Minerva. « Allons la féliciter ! » L’Ublys de la demoiselle n’avait pas remporté de prix, ni gagné la course, mais la performance de leur équipe avait au moins eu le mérite d’être divertissante – et madame Ward n’en avait pas raté une miette. « Très bien. » approuva l’aïeule en suivant l’adolescente jusqu’à la Hanove. Les deux familles se connaissaient, et Bellada avait déjà eu le plaisir d’inviter les parents de l’Eversha à participer à des activités bénévoles, ou encore à boire un thé en sa compagnie. Elle avait donc déjà côtoyé la brunette, bien qu’elle l’eût surtout connue sous sa forme canine.

« Vous auriez dû remporter la première place pour le prix d’esthétisme ! Votre Ublys avait le meilleur thème, et c’était de loin le mieux décoré. » commenta la petite-fille Ward après avoir salué la participante. Sa grand-mère fronça les sourcils en entendant son commentaire mais n’ajouta rien de plus sur le sujet. « Vous avez bien concouru. C’était une belle course. » complimenta-t-elle. « Vous êtes-vous bien amusée ? Et votre équipe ? » s’enquit la magicienne.

L’adulte, après avoir écouté les réponses de la plus jeune, s’apprêta à l’inviter à passer prochainement prendre un goûter puis à prendre congé. Elle n’en eu néanmoins pas l’opportunité. Une foule d’adolescents enthousiastes s’étaient approchés de leur trio. « Mesdemoiselles, Madame, bien le bonjour ! » fit le plus grand dadais en ôtant son chapeau melon pour les saluer. « Je suis ravi de voir que l’Ublys intéresse tant de gens ! » « En même temps, c’est un sport emblématique, surtout dans la région. » commenta une fille aux longues tresses. « Et puis, c’est une discipline fascinante et exigeante, qui mélange les capacités intellectuelles comme physique. Il y en a pour tous les goûts, pas vrai ? » ajouta un autre garçon, qui gesticulait des mains tout en parlant. Il s’était tourné vers Philomena, comme pour lui demander son approbation : puisqu’elle avait participé au tournoi, elle voyait forcément de ce qu’il parlait, n’est-ce pas ? « Nous sommes les membres du club d’Ublys. » reprit le premier interlocuteur. « A l’occasion du tournois, nous avons monté un musée éphémère, juste à côté d’ici ! C’est idéal, pour une sortie en famille. J’ai vu que vous étiez venus en nombre, ma bonne dame. » souligna le garçon, la gratifiant d’un sourire conquérant tout en donnant une pichenette dans son chapeau. « Sacrée famille que vous êtes ! Des Vaughan, sans doute ? Vous êtes venus encourager une cousine ? Ou bien une sœur ? » « On est de la famille Ward. Et Philo est juste une amie. » démentit Minerva. « Oh bien bien… Vous savez, les amis sont tout aussi importants, pour un évènement tel que celui-ci. » « On en sait quelque chose. » « Ouai, on s’y connait pas mal en Ublys. » « Et justement, aujourd’hui c’est votre chance d’en apprendre davantage sur ce sport ! »  « Notre musée en retrace l’histoire passionnante ! » « Et il y a une exposition de toutes les éditions du tournoi, du moins, depuis les soixante années précédentes. » « Vous devriez venir avec nous, on peut vous faire une visite guidée ! » « Oui, ça ne nous dérange pas ! » « Et vous devriez amener vos familles ! »

Parler Ublys. Penser Ublys. Vivre Ublys.
Philomena & Bellada

« Oh ouai ! » s’enthousiasma Minerva. « Ça a l’air d’être super intéressant ! N’est-ce pas Mamie ? » Bellada esquissa un léger sourire devant l’énergie de sa petite-fille, qui s’était mise à sautiller sur place, contaminée par l’effervescence émanant du groupuscule d’adolescents. Il n’était pas étonnant de la voir réagir ainsi : la demoiselle était indéniablement la plus sportive de sa fratrie, peut-être même de tous ses cousins et cousines réunis. Elle aimait toutes les activités physiques et détestait tout ce qui l’obligeait à rester assise sans rien faire. Si elle n’avait pas été obligée de rédiger un devoir supplémentaire pour pallier ses lacunes scolaires, elle aurait sans doute elle—même participé à l’épreuve d’Ublys, mais ses parents avaient refusé pour qu’elle puisse se consacrer à ses révisions. « Il faudra demander aux autres… J’aimerais éviter que l’on s’éparpille de trop. » « Oh, pas de souci ! Hugo et Gontrand seront surement intéressés ! Et puis tonton Ronald aussi ! Attends je vais leur demander, ne bouge pas ! » retroussant ses jupons, l’adolescente fonça vers le reste de sa famille pour recruter de nouveaux visiteurs, suivie par quelques bénévoles extatiques.

Bellada se tourna vers la Hanove, un sourire doux sur les lèvres. « César… Est-ce l’un de vos camarades à Basphel ? » interrogea-t-elle, toujours à l’affut d’un nouveau potin. « Vous vous entendez bien avec lui ? » « Est-ce qu’il aime l’Ublys? » intervint le garçon chapeau-melon. « Je dévoile un peu nos surprises mais nous avons un camarade qui confectionne des répliques miniatures des Ublys du tournoi d’aujourd’hui. Que diriez-vous de lui offrir le vôtre, dédicacé par vos soins ? » La jeune fille aux tresses, semblant avoir saisi l’atmosphère qu’avait essayé d’instaurer l’aïeule, s’avança à son tour. « Vous saviez que ce tournoi a donné naissance à des histoires d’amour ? » D’un geste, elle invita ses premières invitées à se diriger vers le musée improvisé. « Tout a commencé lors de la quatrième édition, lorsque madame Madeleine Hapter remporta la coupe face à monsieur Richard Cantrusse. Ce dernier eu le coup de foudre pour son adversaire et, à peine descendu de son Ublys, il alla lui demander sa main pour le prochain bal. Madeleine a refusé mais il s’est montré tellement insistant qu’elle négocia sa main : elle accepterait le jour où il la battrait à la course d’Ublys. Ca lui a prit six ans avant d’y parvenir -- enfin, il a remporté deux années consécutives le prix de l’Ublys le plus esthétique mais ce n’était pas de cela que parlait son amoureuse. C’est romantique, vous ne trouvez pas ? » Bellada fronça les sourcils. « Mmh. Le moins que l’on puisse dire c’est qu’il n’a pas manqué de ténacité. » Il y avait cependant quelque chose d’irritablement désagréable dans l’insistance masculine face au refus féminin. « Et vous, mademoiselle, qu’est ce qui vous a motivé à participer ? » renchéri garçon-chapeau-melon. Il comptait bien mener son interview, pour écrire l'article de son club. « Vouliez-vous impressionner un ami ? » glissa Bellada.