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 [Q] - La fin de l’oisiveté

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Orphée Dasgrim
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◈ YinYanisé(e) le : 11/03/2023
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Orphée Dasgrim
Jeu 31 Aoû 2023, 22:08



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La fin de l’oisiveté

Solo | Cal


RP précédents : Si tu peux voir détruit l’ouvrage de ta vie ; Rêver, sans laisser ton rêve être ton maître ; La Commémoration de Pandore ; À l’aube d’une ville nouvelle.
RP liés : Moi je t’aimerai encore, encore et jusqu’à ma mort ; Le rêve qui innocente (tous les messages de ce rêve) ; Le rêve qui soumet (tous les messages de ce rêve).


Svana. Cal savourait son prénom. Il le prononçait pour le ressentir. Devant les miroirs, il recréait avec imperfection son visage. Il l’imposait à ses traits et le parcourait, du bout des doigts, pour se le réapproprier. À chaque fois, il modifiait un détail. Il ajustait le grain de sa peau, l’emplacement d’une tache colorée sur son iris, la forme de l’ourlet de sa lèvre. Peu à peu, il la redessinait. Elle lui échappait encore, pourtant. Sans cesse – il n’était pas assez doué, sa mémoire le trahissait trop. Sa femme. La mère de ses enfants. Il ne la percevait pas autrement. Comment aurait-il pu imaginer qu’elle n’était qu’une ombre dans son existence, quand elle éclairait tant son cœur ? Le Génie choyait les maigres souvenirs qu’il possédait d’elle. Il s’inventait des histoires, voyageait dans les contrées de son imagination, voguait sur ses désirs, pour formuler un passé qui l’évitait. Il lui reviendrait, il le savait. L’océan, qui n’avait de cesse de se retirer, ne pouvait s’empêcher de revenir. Sa mémoire lui ressemblait. Elle le devait. Un jour, son écume chargée de débris lècherait les rivages de sa conscience. Il se la réapproprierait.

Ses doigts frôlèrent le rebord de l’autel ; la pierre s’effrita en volutes de fumée. Quelques instants plus tôt, deux corps s’étaient unis dessus. Deux âmes s’étaient aimées. Ils avaient vécu leur amour impossible, parce que dans les creux du sommeil, tout était réalisable. Avant l’acte, il avait observé, intrigué, leurs enveloppes qui s’appelaient, leurs regards qui s’aimantaient, leurs voix qui se répondaient. Leurs promesses chargées d’espoir. Puis, il les avait laissés à leur intimité. Il avait scruté les flammes qui montaient le long des vitraux. Il avait constaté qu’ils étaient plusieurs. Nombreux, même. Les songes qui reliaient la Perle Noire au Dompteur de Rêves attiraient les foules. Ils avaient gagné en importance, depuis sa première rencontre avec eux. La Coupe des Nations des Génies n’avait accueilli que deux enfants – trois, avec le fils Paiberym. Depuis, leurs songes n’avaient fait que se mêler, jusqu’à ce que leurs vies s’entrelaçassent. Cal ne jouissait pas d’un accès au monde comme il en avait eu par le passé, mais il trouvait toujours un comparse prêt à l’informer. Ce qui le reliait le mieux à la réalité, c’était le roulis fréquent de la boussole contre le torse d’Ulysse. Ils s’étaient déjà vus. La force de l’homme, couplée à sa propre incapacité, l’avait contraint à ne rien tenter. De toute façon, il n’avait rien formulé aucun vœu, et lui était trop mauvais pour détecter ses désirs cachés. Le possesseur de son habitacle s’était contenté de l’observer et de lui poser des questions. L’Éthéré avait répondu le plus succinctement possible, son attention braquée sur leur environnement, et tous les détails de la cabine du navire dans lequel ils se trouvaient. Ulysse ne lui avait rien dit, rien précisé. Simplement appris qu’il avait découvert la boussole en se promenant sur la grève.

« L’oisiveté suffit. » Cal tressaillit, puis se retourna. Les yeux de Demeria se plantèrent sur lui. « Cesse de te complaire dans ta médiocrité. » Elle avança sa main vers sa joue. La brume ne traversa pas sa peau d’éther. Parfois, elle esquissait à son encontre des gestes presque maternels. « Tu as suffisamment observé pour les siècles à venir. Tu dois continuer à agir. » Il la regarda. Depuis son intégration au monde onirique, elle le suivait. Elle lui expliquait, elle lui enseignait. Il n’aurait pas dit qu’il lui faisait confiance mais, dans cet océan d’inconnu, elle constituait une ancre relativement fiable. La seule sur laquelle il pût compter, sans garantie qu’elle ne l’abandonnât pas. Parfois, elle disparaissait pendant un temps qui s’apparentait à des années. Le néophyte ne disait rien, car il n’était pas certain de la véracité de ses impressions. Il avait perdu beaucoup de notions et de sensations. Trop pour pouvoir se fier à lui-même. « Viens. » Autour d’eux, le décor s’évanouit dans des fumées ténébreuses, comme si les flammes avaient fini par tout engloutir.

Un pétale de cerisier tomba sur son épaule. Cal l’attrapa entre ses doigts. Son pouce et son index le caressèrent, tandis que son regard gris se portait sur le reste du paysage. « Où sommes-nous ? » finit-il par demander. « Dans un rêve. Un rêve de Kaahl Paiberym et de Priam Belegad. »



Message I – 721 mots


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Orphée Dasgrim
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Orphée Dasgrim
Mer 22 Mai 2024, 08:44



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La fin de l’oisiveté

Solo | Cal


RP liés : Le rêve qui soumet (tous les messages de ce rêve).


« Pourquoi m’as-tu amené ici ? » - « Regarde-les. » - « Je croyais que j’étais censé agir ? » - « Tu le feras. J’ai une mission pour toi. Mais d’abord, imprègne-toi du rêve. » Le Sylphe pinça les lèvres, puis se focalisa sur la scène. Les branches du cerisier se balançaient lentement, au gré d’un vent imaginaire. Certains pétales s’en détachaient et tourbillonnaient jusqu’au sol, en lentes circonvolutions. Quelques-uns chutaient sur le cercle d’eau qui entourait l’arbre. Une première silhouette apparut. Il la reconnut aussitôt : Kaahl Paiberym. Une autre se dessina : Priam Belegad, retenu par des liens. Il ignorait ce qui existait entre eux. Il ne connaissait que leurs noms. Néanmoins, il fut rapidement captivé. Il les écouta, concentré. La soumission, le rejet, les vies entremêlées. « Quoi ? Non ! » s’exclama-t-il lorsque le Duc scella leur conversation. Le son se coupa. Comment pouvait-il… ? Cal se tourna vers Demeria. Elle n’était plus là. Il poussa un cri de rage qui n’eut pour écho que le silence. Il n’y eut plus aucun bruit. Leurs lèvres se mouvaient sans qu’aucune syllabe n’en sortît. Le Génie s’approcha, prêta l’oreille, retint inutilement son souffle. Rien. Il les voyait bouger. Sous les doigts de Kaahl, les liens de Priam se défirent et il chuta. Il se releva. Leurs figures reflétaient l’animosité qui les opposait. Le Magicien quitta son siège, balaya l’Ange et s’assit sur son bassin, bloquant tant ses bras que ses jambes. De ses ailes, il essaya de lutter, mais il était coincé. Cal s’avança encore. Malgré sa colère, le ballet muet des deux hommes l’hypnotisait. Il essayait de lire sur leurs lèvres, mais dès qu’il se concentrait dessus, elles semblaient décrire des formes irréelles. Inexplicablement, le rêve lui échappait. La silhouette du Mage s’affaissa finalement et il se laissa rouler, d’abord sur le côté puis sur le dos. Une turbulence inattendue fit tituber le Génie. Il recula, aux aguets. Rien n’avait changé, pourtant. Le rêve était égal à lui-même : un silence assourdissant régnait.

Ce fut vrai jusqu’à ce qu’un souhait ne fût formulé. La voix de Kaahl Paiberym résonna dans la poitrine du Sylphe avec une puissance qui l’ébranla. Il regarda Priam. Il eut envie de l’exaucer, de répondre à sa volonté, mais il fut incapable du moindre mouvement. C’était comme si quelque chose lui interdisait d’agir. L’Aile Blanche s’écarta vivement, avant de bondir sur son adversaire et de le frapper. Que venait-il de lui dire ? Pourquoi Kaahl désirait-il qu’il ne se souvînt pas de ce rêve ? La frustration gronda dans le cœur du jeune éthéré. Il se sentait impotent et cette impression le rendait fou. Il aurait voulu hurler, taper, tempêter ; mais il semblait lui-même prisonnier du songe qui se déroulait à ses pieds.

Les murs lambrissés et le parquet flottant flanchèrent. Des montagnes crevèrent le centre de la scène. La neige avait remplacé les pétales de cerisier. La chemise noire du Duc avait disparu au profit de vêtements rouges et jaunes et d’une épaisse cape de fourrure blanche. Un sabre pendait à sa hanche. Il le tira de son fourreau et le pointa devant lui. L’Ange était enveloppé de teintes céruléennes. Il parla, puis s’avança au-dessus du gouffre qui les séparait. Ses pas légers le maintenaient au-dessus du vide sans qu’il eût besoin de voler. Au creux de son poing flottait un ruban. Le Duc murmura à son oreille, puis le décor bascula à nouveau.

La lumière tamisée projetait sur les faciès des deux bruns des ombres qui redessinaient leurs traits. Un ruban noir courait du cou de l’Ailé aux doigts du Mage. Il tira et l’autre fut obligé de s’approcher. Si le doute avait pu exister auparavant, désormais, Cal était certain d’une chose : une forme de désir existait entre eux. Qu’il émanât d’un seul ou des deux, il ne parvenait pas à le savoir. Son esprit n’était pas encore assez finement travaillé pour percevoir ces choses avec clarté. Ses iris suivirent les phalanges de Kaahl dans le cou de l’Aile Blanche, puis la main de celui-ci sur la nuque du Mage. Le ruban tomba entre eux. Le bar disparut ; une plage couverte de neige accueillit leurs pas. Leurs tenues avaient encore évolué. Qui changeait si rapidement le décor ? Le Duc ? Comment faisait-il ? Tout s’évanouit, et ses questions demeurèrent en suspens. Il venait de faire l’expérience de son impuissance.



Message II – 734 mots


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Orphée Dasgrim
Ven 31 Mai 2024, 22:01



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La fin de l’oisiveté

Solo | Cal



Arraché aux décors du rêve, Cal flotta à nouveau dans l’immensité du Monde des Songes. Dans ces moments-là, il avait du mal à maintenir une apparence physique. Son aspect se troublait jusqu’à parfaitement déformer sa silhouette. Il n’existait plus que sous la forme de volutes de bleu et d’ébène. Demeria revint ; le retour de sa présence agita chaque particule qui le composait. Il vrilla sur lui-même. « Pourquoi est-ce que je ne pouvais pas les entendre ? » La Génie avait revêtu l’une de ses nombreuses formes. Celle d’une femme élancée, aux cheveux blonds coupés courts et au regard d’acier, souligné par un nez droit et des pommettes taillées dans le roc. Seules ses lèvres pleines adoucissaient ce visage encadré par une mâchoire stricte. Une robe pailletée d’argent moulait sa silhouette et de hauts talons soutenaient ses jambes. « Kaahl en a fait le v- » - « Je sais ! Mais quel est l’intérêt de me faire regarder si je suis incapable de comprendre ce qui se joue ? » La stupeur passée, il était en colère, agacé, révolté. Il détestait que les choses lui échappassent. Il n’avait pas pu en posséder le contrôle une seule seconde. Il s’était senti désorienté, puis démuni, faible et finalement, inutile. « Regarder devrait suffire. Les mots peuvent mentir. » Elle marcha jusqu’à lui. « Alors pourquoi dire que j’avais suffisamment observé pour les siècles à venir ? » Elle sourit. « Les mots peuvent mentir. » Il s’éloigna brutalement, vexé. Elle ne l’autorisa toutefois pas à s’enfuir.

Là où rien n’existait, elle créa le décor qui lui seyait. Des cascades de sable d’or chutèrent depuis des cavités percées au cœur d’une roche dont la couleur oscillait entre l’ocre et l’orange. Ils se tenaient sur une plateforme autour de laquelle rien n’existait – elle les pieds dans le sol, lui flottant au-dessus. Un canapé au tissu crème et satiné, piqué en ses bords de clous dorés, se matérialisa en son centre. Demeria s’avança et s’étendit dessus avec nonchalance. Sur la tranche, tournée vers le tourbillon de magie que formait Cal, elle sourit. « Il est puissant. Priam aussi, quoiqu’un peu moins. Mais un jour, il sera sûrement capable des mêmes choses. » Elle marqua une pause. « Certains dormeurs peuvent contrôler leurs rêves. » - « Je croyais que nous avions tout pouvoir sur ce monde ? » pétarada l’entité. « La plupart du temps, mais pas toujours. » Elle le détailla comme si, à travers les volutes incandescentes qui le constituaient, elle pouvait le deviner mieux que jamais. Elle y décelait sa fragilité plus aisément encore que lorsqu’il s’honorait d’une apparence. « Les plus puissants d’entre nous peuvent s’imposer aux plus puissants d’entre eux. » Il se mit à fuser autour d’elle, vrombissant. Elle sourit en songeant qu’il était toujours amusant que ceux qui se maîtrisaient le moins fussent souvent ceux qui désiraient le plus contrôler autrui.

« Est-ce que tu sais pourquoi tu ne pouvais pas agir ? » demanda-t-elle après quelques secondes passées à observer son manège de frustration. Il ne répondit pas. « Ce n’est pas qu’à cause du Paiberym. C’est parce que c’est un vieux rêve. Ils l’ont déjà fait. » En créer un autre qui ressemblât était possible. Modifier l’originel aussi, d’une certaine manière, mais cela n’aurait pas uniquement altéré le songe et Cal n’en avait de toute façon pas les capacités. « Priam l’a oublié, mais maintenant, il doit se souvenir. » Elle fit courir ses doigts sur le divan, le regard orienté vers le vide qui paraissait aspirer les chutes d’or. Les minutes s’étirèrent, se raccourcirent, effleurèrent les heures et se rapprochèrent des secondes. Ici, le temps n’avait que peu d’emprise. Finalement, la question qu’elle attendait émergea : « Pourquoi ? » Elle se redressa. Devant elle se tenait son disciple, à nouveau perceptible sous une forme plus humaine. « Quelqu’un en a fait le vœu. » - « Qui ? » Elle sourit, énigmatique. « Toutes les questions doivent-elles avoir des réponses ? » La femme bascula ses jambes pour retrouver une position assise. Elle fit signe au Sylphe de la rejoindre sur le canapé. Bien qu’il acceptât de s’asseoir près d’elle, il bouillonnait encore. Son apparence tressautait. « Je veux que tu emportes ce rêve avec toi, que tu trouves l’esprit du Belegad, et que tu l’y implantes. Il est essentiel qu’il le revive et s’en rappelle. » - « Comment être sûr qu’il ne l’oubliera pas, cette fois ? » - « Un vœu peut en défaire un autre. »



Message III – 758 mots


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Orphée Dasgrim
Dim 16 Juin 2024, 09:11



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La fin de l’oisiveté

Solo | Cal



Le temps. Tantôt torrent rugissant de sa source, tantôt fleuve paresseux ; au cœur de l’onirisme, il était plus capricieux qu’ailleurs. Les jours et les nuits n’existaient que parce que les Disciples d’Harabella et d’Elzédor le voulaient. Les heures n’avaient pas d’emprise et les années ignoraient où placer leurs mois, leurs semaines et leurs journées ; pétries par un flou perpétuel, elles se dissolvaient entre les rêves et ne trouvaient de réelle accroche qu’au creux de ceux-ci. Les Génies pouvaient visiter les songes passés, habiter ceux du présent et oser s’aventurer dans ceux du futur ; ils pouvaient tout modeler, influencer, créer. Ils pouvaient bouleverser le sommeil et transformer la réalité. Seuls les souhaits les contraignaient, et parfois, le Destin souhaitait. Pour avoir arpenté quelques rêves que l’avenir gardait jalousement, Demeria connaissait ces rouages. Ainsi, quand sa silhouette s’était imposée à elle, elle n’avait fait preuve d’aucune réticence. À son aura, elle avait compris ce qu’il était. Dans les yeux de l’homme, le futur était inscrit, et il n’aurait pas pu être plus limpide. Son souhait avait été clairement formulé : chaque mouvement de lèvres avait ancré en elle la nécessité d’agir. Elle avait aussitôt su ce qu’elle devait faire. Alors, elle avait appelé Cal.

Ses yeux clairs remontèrent vers le visage de son apprenti. Néophyte, ignorant, inexpérimenté ; il était tout cela à la fois, et elle sentait bien que son manque de connaissances le frustrait – il devait se sentir limité, peut-être même humilié par tout ce qui s’imposait à lui sans qu’il ne le comprît ni ne le contrôlât. Un jour, les secrets qui lui étaient cachés se révéleraient ; mais avant, il devait essayer, se tromper, chercher, se perdre. Pour espérer comprendre, il fallait d’abord soulever toutes les incohérences, toutes les fautes, toutes les erreurs, tous les mensonges. « De moi, tu n’obtiendras rien de plus que du silence. » Elle le sonda. Par endroit, son apparence tressautait, signe de sa nervosité. Son regard assombri semblait prêt à la transpercer. « Un jour, je saurai tout ce que tu sais, et ce jour-là, je te détruirai. » Face à la menace, elle sourit. « Peut-être. » Elle marqua une pause. « Pour le moment, tu as besoin de moi. Si mes méthodes ne te conviennent pas, tu peux choisir d’y mettre un terme. Cependant, je crois que dans ce cas-là, c’est toi que tu détruiras. » Il ne répondit pas, mais s’effrita davantage. « Vas-y. » souffla-t-elle. Et il disparut, le rêve avec lui, le Destin derrière.

Pour Cal, retrouver un dormeur spécifique n’avait rien d’aisé. Souvent, il se laissait porter par le flot du Monde des Songes ou suivait la même direction que ses pairs ; il atterrissait dans les rêves d’inconnus ou plongeait dans les chimères de personnages qui attiraient les foules. Seul, il devait apprendre à se repérer dans un univers qui repoussait les exigences de toutes les boussoles. Il n’y avait ni nord, ni sud, ni ouest, ni est. Il n’y avait pas de dessus, de dessous, d’en haut, d’en bas, encore moins de gauche ou de droite. Les directions se confondaient les unes dans les autres. Le temps s’échappait, l’espace se défilait. Dans cet océan dénué de repères, le Génie qui aimait tant la mer se sentait perdu. Son errance lui parut durer l’éternité.

Quand il trouva son dormeur, il déversa le rêve sur son subconscient. Puis la fatigue le frappa comme un coup de marteau en pleine tête et il se sentit projeté en dehors de l’esprit du Belegad. Il vogua, sans savoir où, sans savoir comment. Des songes le happèrent, d’autres le rejetèrent. Il ne sut s’établir où que ce soit, jusqu’à tomber dans le rêve d’un enfant. Le monde cessa de tourner. Les plus jeunes étaient souvent les plus malléables, ceux dont l’univers onirique se laissait facilement pénétrer et altérer. Ils étaient faciles, reposants, ressourçants. À la découverte des lieux, Cal s’avança. Il observa les engrenages de la conscience endormie. Tout était limpide ; ou plutôt tout le fût jusqu’à la manifestation d’une nouvelle présence. Il adopta l’apparence dont il avait l’habitude et se retourna. Un cheval à la robe d’ébène lui faisait face, ses yeux d’or plantés sur lui. Tandis que la bête s’avançait, le Sylphe se redressa, en alerte. L’animal s’arrêta à ses côtés. Il crut sentir son souffle chaud sur son visage. Il tendit la main pour caresser son pelage ; le sable froid lui rappela des nuits qu’il croyait avoir oubliées.

Fin nastae



Message IV – 746 mots


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