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 | Les Portes Chapitre V - L'arrivée à Narfas |

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Kaahl Paiberym
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Kaahl Paiberym
Mar 16 Mai 2023, 22:06



Les Portes : L'arrivée à Narfas



« On dira que tu es un garçon bien élevé qui aime sa maman. » plaisantai-je, tout en sachant parfaitement qu’il était à un âge où il aurait préféré pouvoir me claquer la porte au visage dans des colères dignes des plus grands orages. Jadis, j’avais tenté de séparer ma vie professionnelle de ma vie personnelle mais, malheureusement, la frontière n’avait jamais pu s’établir. Ma fonction ponctuait chaque seconde de mon existence et je n’avais pas le loisir, comme d’autres, de quitter mon travail le soir pour le retrouver le lendemain. Adolphe l’avait compris. Il comprenait également parfaitement lorsque je lui donnais un ordre en tant que mère et lorsque je lui en donnais un en tant que sa supérieure hiérarchique. Mon garçon était intelligent et je voulais croire que cette caractéristique vînt plutôt de moi car il m’était difficile de reconnaître à Judas cette qualité sans grincer des dents. « Ils sont jaloux, c’est tout. » finis-je par lui dire, sur le même sujet. Bien entendu, son statut était difficile mais j’avais remarqué qu’il n’était pas de la trempe des profiteurs. Il travaillait plus durement pour être encore meilleur, pour que jamais personne ne pût le traiter d’imposteur et avoir raison. Qu’ils le dissent était une chose, qu’ils le pensassent une autre. La réalité était une donnée encore différente et cette réalité voulait que mon fils serait le meilleur. Il ne pouvait en être autrement. Néanmoins, s’il pouvait être le meilleur tout en restant entier, alors il ferait de moi une mère comblée. « C’est vrai qu’il a l’air solide. » Et très baisable. « Peut-être lui proposerai-je un duel amical lorsque les questions propres aux réfugiés auront été tranchées en haut lieu. » Je n’avais pas été invitée ou, plutôt, j’avais fait en sorte de ne pas l’être. La politique ne m’intéressait pas lorsqu’elle se déroulait entre quatre murs. Je n’étais pas diplomate ou, en tout cas, je parlementais bien mieux une épée à la main, quelle que fût la nature de ladite épée. Surtout, je n’étais pas favorable aux propositions qui seraient faites au cœur du palais. Je n’excellais pas en jeu de dupe. Je ne l’avais jamais fait jusqu’ici mais le coup de tête que méritait Gaspard depuis des années risquait de partir à un moment peu opportun. « Heureusement que tu as dit presque, tu aurais pu vexer ta pauvre mère. » ajoutai-je, avec un sourire. « Ah je vois… C’est vrai que les soldats de Lieugro peuvent profiter de ce genre de plaisir. » Était-il comme moi ? À aimer chevaucher en bonne compagnie ? Sans doute. Le sexe permet de ne plus penser à la charge du devoir. Je songeai au père d’Adolphe, à comment nous avions laissé tomber les armes momentanément. L’instinct était parfois plus fort que la raison. Je voulais que mon fils connût l’extase et qu’il ne voulût plus y renoncer ensuite.

Lorsqu'il parla de noblesse, je me questionnai sur cette grande valeur qui semblait l’animer. Judas n’aurait jamais prononcé de tels mots. Moi non plus. Je souris néanmoins, comme si savoir que le brun trouvait ses valeurs dans la morale me plaisait. « J’en suis sûre. » Puis, après une pause, je passai ma main dans ses cheveux. « Je suis contente d’être ta mère. Si on m’avait demandé de t’échanger à la naissance, j’aurais refusé. » m’amusai-je.

__________

Lorsque la porte s’ouvrit, mes yeux s’arrêtèrent sur le visage de Childéric. Il avait à peine pris le temps de se sécher. En serviette, il s’arrêta devant moi et me parla brièvement, en s’excusant de se présenter si peu vêtu. Personnellement, je n’avais rien contre. S’il avait souhaité me plaire davantage, il aurait pu laisser tomber le tissu qui couvrait ses hanches. Je le contemplai jusqu’à ce qu’il disparût, tout en essayant d’estimer sa force aux muscles de son dos. Un sourire en coin naquit sur mon visage lorsque mon regard descendit sur ses fesses. À croire que Sa Majesté n’avait pas suffi à me rassasier. Je ris, seule dans le couloir, et décidai de le remplacer dans la salle de bain. En entrant, ma mine se fit chafouine. « Une Cheffe des Armées contre un Chef des Armées. J’espère que vous n’aurez pas l’impression de perdre au change. » Je n’avais pas bien compris qui était cette femme. Son statut m’était égal et, dans tous les cas, qu’elle fût une domestique où la Reine d’Uobmab, je me serais déshabillée de la même façon. Complètement nue, je me glissai dans le bassin et posai mes bras sur la pierre, ma poitrine hors de l’eau, mes cheveux tombant en une cascade folle. Je haussai un sourcil. « Alors ? Vous couchez avec lui ? » demandai-je, sans aucune pudeur. « C’est un bon coup ? » Mon sourire s'accentua. « Il en a une grosse ? On dit que ça ne compte pas mais on sait toutes les deux que c'est complètement faux. » continuai-je, en lui faisant un clin d'œil aussi amusé qu'appuyé. « En tout cas, je vous déconseille d'essayer avec Gaspard. Le Grand Prêtre a une queue aussi rabougrie que ses idées. » Je ne savais pas ce que j'espérais, entre l'éventualité d'un traumatisme chez mon interlocutrice ou une réponse franche.

794 mots
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Priam & Freyja
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Priam & Freyja
Mar 16 Mai 2023, 22:08




Les Portes – Chapitre V

En groupe | Hélène


Rôle :


Le mot « besoins » interpela Garance. Il y avait, dans ce terme, quelque chose qui n’allait pas. Quelque chose qui sonnait étrangement. Le Roi n’aurait pas dû introduire ainsi l’échange qu’ils s’étaient promis d’opérer. Il aurait dû parler de contrepartie, d’aide, de compensation, et leur demander ce qu’ils proposaient. Pouvait-on exiger de gens qui n’avaient, au moment même, plus rien, de répondre à des « besoins » ? Le mot dissonait. Ou peut-être cela retenait-il son attention parce qu’elle connaissait les « besoins » de Narfas, eu égard à la situation catastrophique de la démographie du pays ? Ce fut la première chose à laquelle elle pensa. « Les besoins de mon peuple et de ma nation ». Ce dont ils avaient besoin, c’était de faire naître des filles. Allait-il leur demander de leur offrir des femmes, une fois que Lieugro serait repris ?

Impassible, elle porta son regard sur Gaspard d’Epilut. Dans d’autres circonstances, son entrée en matière lui aurait arraché un sourire. Ce n’était ni le lieu, ni le moment. Elle était suspendue à ses lèvres, à l’affût de la moindre parole sous-entendue, de la plus petite syllabe de travers. L’introduction de Balthazar avait mis tous ses sens en alerte – et son esprit, déjà, élaborait théories, hypothèses et négociations. Comme elle s’y attendait, l’ecclésiastique aborda directement la question de la démographie. La blonde inspira et redressa la tête, attentive. Son regard céruléen épiait l’intervenant, semblable à celui d’un prédateur en chasse ou d’une proie sur le qui-vive. Dans l’incertitude suspendue de l’instant, les rôles se confondaient. S’il se contentait d’envoyer sur eux les foudres de son Dieu, ils devraient s’en sortir. En revanche, s’il avait l’intention de… Sa pensée fut coupée nette par la fin de sa phrase. La régente ne put retenir un haussement des deux sourcils. Elle cligna des paupières. Que venait-il de dire ? Avait-elle bien saisi le sens latent de ses propos ou se faisait-elle des idées ? Le doute ne subsista guère longtemps, et dans l’effacement de ses traces s’enflamma un bûcher de virulentes émotions.

Garance fournit néanmoins l’effort de rester de marbre. Toute sa vie durant, elle avait appris à serrer les dents, sous le joug d’abord de ses parents, puis de son frère. Elle avait dû rester à sa place, encaisser les mauvaises nouvelles, mentir sur ses intentions, gérer calmement toutes les erreurs politiques de Montarville – qui, ses dernières années, depuis la mort de Déliséa, avaient eu tendance à proliférer. Elle laissa Gaspard d’Epilut poursuivre son discours absolument délirant. Pour quoi les prenait-il ? Des vaches à lait, des poules pondeuses ? Elle voulait bien leur céder Zébella, ou même des domestiques, mais les femmes nobles du convoi n’avaient pas à offrir leurs corps à des mâles en peine d’utérus. Elle avait même une solution particulièrement simple à leur proposer pour régler le déséquilibre qui paralysait leur société : l’élimination pure et simple des hommes. Quand il se tut, la blonde conserva le silence. Il plana autour d’eux, imprégné des tensions que le prêtre avait fait naître.

Childéric choisit ce moment pour entrer. Elle se tourna vers lui et le laissa se présenter, avant de préciser : « Messire d’Ukok participera aux discussions. » Étant donné l’ultimatum que Narfas venait de leur donner, aucune justification supplémentaire ne lui parut utile. La régente s’avança d’un pas. « Il me semble tout naturel de ne pas profiter de votre hospitalité sans aucune contrepartie. » Elle marqua une pause. « Cependant, votre requête me paraît franchement démesurée. » Pour rester polie. Ils étaient cinglés. Et méprisants. Elle n’avait jamais supporté le dédain que certains hommes manifestaient envers les femmes, réduites à leur appareil génital et au fourreau humide qu’il leur plaisait tant de pénétrer, avec ou sans consentement. « Hommes comme femmes, nous sommes ici en tant que réfugiés, pas en tant qu’esclaves sexuels. Je n’ai ni besoin d’un délai de réflexion, ni besoin de consulter mes conseillers pour vous l’affirmer. » Elle s’exprimait d’une voix pleine et sereine. « Aucune des femmes du convoi ne subira d’examen gynécologique. Et si jamais l’une d’entre elles est enceinte, il lui appartiendra de décider si elle souhaite garder l’enfant ou non. Elles ont dû tout quitter pour venir ici : je ne leur demanderai pas de sacrifice supplémentaire. » Elle ne comprenait même pas ce souhait de les faire avorter. Dans l’hypothèse où elles auraient eu des filles, à la place du Roi, elle aurait ordonné qu’on leur enleva les bébés et que l’on en fît des sujets de Narfas. Elle pensa à Rosette, et à elle-même. La phrase prononcée par Lambert peu de temps avant l’entrevue la hantait. Il pouvait avoir raison. Elle était déjà tombée accidentellement enceinte de lui. « Nous restons ouverts à la discussion mais il n’est pas question de traiter une seule des femmes du convoi comme du bétail. Nous sommes venues ici pour échapper à la tyrannie des d’Uobmab : ce n’est pas pour en subir une autre. » Son regard céruléen se posa sur le Roi. « J’espère que sa Majesté le comprend, tout comme je comprends la difficulté majeure à laquelle doit faire face son royaume. Si j’ai l’assurance qu’aucun des individus – homme ou femme – venus avec moi ne sera utilisé tel que vous l’envisagiez et qu’ils seront tous et toutes considérés comme des demandeurs d’asile, avec les droits et le respect qui s’y raccrochent, je m’engage, avec mes conseillers, à réfléchir à une proposition qui puisse répondre aux besoins de votre peuple. » Elle s’interrompit quelques secondes, pour marquer ses mots. « Sans cette possibilité, je crains que nous ne nous retrouvions dans une situation qui ne profitera à personne : nous chercherons refuge ailleurs. » Garance avait conscience qu’en se montrant aussi ferme, elle prenait un risque. Néanmoins, elle pariait sur le bon sens et sur la volonté de collaborer de Balthazar de Narfas et de Gaspard d’Epilut. S’ils refusaient, il faudrait fuir ; et cette fuite serait nécessairement violente. Rien ne les empêchait de les retenir de force et de les contraindre à réaliser leurs plans. Elle espérait que son statut et ses promesses leur permettrait de négocier une issue à leur avantage ou, au moins, de gagner un peu de temps.



Message V – 1038 mots




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Susannah
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Susannah
Mar 16 Mai 2023, 23:11

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Les Portes V - L'arrivée à Narfas
Susannah, dans le rôle de Zébella




Rôle - Zébella d'Uobmab:

Frémissante de fureur, Zébella n'en croyait pas ses oreilles. Jamais, nulle part, personne, ni noble ni gueux, n'avait eut l'audace de lui rétorquer sur ce ton sans manquer un battement, comme s'il ne la craignait pas ni la respectait. Comment osait-il ? Ses poignets frottèrent sur leurs liens et la frustration enfla comme une vague montante. Il n'y avait que les rats lâches pour profiter que le chat soit attaché pour venir lui chatouiller sournoisement le bout du museau de leur queue tout en restant hors de portée des griffes qui les éventreraient. Ce ne fut que lorsqu'une saveur métallique pénétra sa bouche qu'elle relâcha la pression de l'intérieur de ses joues entre ses dents vissées les unes contre les autres. Ce devait être ça, le goût du meurtre. Similaire à celui qui la saisissait quand Merlin franchissait la limite, encore et encore jusqu'à ce que le vœu de sa mort devienne une obsession. Désormais, son frère était non seulement bien vivant, mais paradait avec une couronne obtenue sans sueur ni mérite. L'échec. Pour la première fois, elle devait en souffrir la morsure et c'était intolérable. Habituée à tutoyer la victoire avec familiarité, à se gorger de gloire comme d'autres s'enflaient la panse de bière, la chute était trop brutale pour y survivre sans plier les genoux.

La ligne de sa bouche pâlit. « Je ne boude pas. Je refuse de te parler. De quoi que ce soit. » Fulmina-t-elle dans un chuchotement, sans même remarquer qu'elle se contredisait. « Et pour quoi faire d'ailleurs ? Tu es inutile. Même un chien se débrouillerait mieux que toi. » Clémentin ne servait à rien s'il ne savait pas obéir. Juste bon à abattre. Et que fabriquait-il ici ? Les domestiques auraient dû être parqués ailleurs. Elle détourna le regard, ne désirant pas poursuivre cette conversation en présence de leurs hôtes. Frères et soeur. Son attention glissa sur le marchand comme s'il faisait partie du mobilier pour s'arrêter sur l'autre frère. Est-ce qu'il se payait leur tête ? Elle laissa s'échapper une exclamation incrédule, les deux sourcils haussés. « Que votre Roi se garde sa protection et son aide. Vous êtes complètement fous. » Ce devait être une sordide mascarade. Dans quoi avait-elle atterri ? Qu'ils essaient donc de la faire "contribuer" et l'un de ces semenciers se retrouverait avec un outil défaillant en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. Ils pouvaient toujours la forcer, comme Déodatus. Songer au défunt ne manquait jamais de la plonger dans les affres d'un malaise sourd que sa mort n'avait jamais réussi à dissoudre.

Avec une suspicion non dissimulée, la bleue plissa les yeux en voyant la femme s'approcher. « Ce n'est rien. » Mentit Zébella qui aurait préféré que personne ne souligne les preuves évidentes de sa faiblesse. Être kidnappée et avoir mordu la poussière par Ludoric suffisait à meurtrir son ego sans qu'on ne le lui rappelle. Elle fut proprement réduite au silence en voyant la femme défaire ses liens. Les yeux ronds, stupéfaite, elle jeta aussitôt un coup d'oeil à son garde attitré et ne put résister à décocher un sourire maléfique, au prix de la plaie sur sa lèvre qui se rouvrit immédiatement. Libérée, elle se frotta les poignets et ne fut pas surprise de sentir la présence du rouquin dans son dos quand elle suivit Pénélope. Son expression se rembrunit. Elle n'était pas Placide, elle ne prenait aucun plaisir à sentir en permanence son souffle sur sa nuque.

« Je suppose. » Avança prudemment Zébella, pas certaine d'apprécier être comparée à une mauvaise herbe. « C'est troublant, vous le décrivez très bien. C'est du vécu ? » Lentement, elle comprenait la sollicitude de la jeune femme et un élan de sympathie fit germer un rare sourire sincère au coin de ses lèvres. Ses alliés se faisaient rares dernièrement, voire même inexistants. Même si elle n'avait jamais eu besoin de se reposer sur l'épaule de quiconque, elle était épuisée d'être cernée sans cesse comme une proie au milieu d'une meute de loups qui n'attendait qu'un moment de relâchement pour la mordre.

« Ah, ça. Ils veulent certainement se servir de moi comme monnaie d'échange contre mon père et mon frère donc ils ne me tuent pas. » Elle ne leur recommandait pas de recourir au chantage avec eux. Quiconque connaissait un peu Uobmab savait qu'user de diplomatie habituelle revenait à se passer la corde autour du cou. La notion d'indispensabilité était étrangère à Judas, il était même probable qu'il se tourne vers d'autres héritiers si la récupérer n'en valait pas la peine. Pourtant, Zébella savait au fond qu'elle en valait la peine. Avant même de savoir marcher ou parler, elle n'avait jamais eu de désir plus cher que de briller à ses yeux, de se surpasser pour allumer dans ses yeux ce qui se rapprochait le plus de l'amour. Personne n'était meilleur qu'elle, elle y avait toujours veillé. Elle avait juste besoin de reprendre des forces, de reprendre ses exercices quotidiens pour qu'en un rien de temps, ce soit Ludoric qui se retrouve à plat ventre.

Toutefois, elle se gardait bien de donner son opinion sur la stratégie de Lieugro. Avec un peu de chances, ils se montreraient suffisamment bêtes pour qu'elle réchappe de toute cette histoire sans ses chaînes. « Merci de m'avoir détachée. » Ajouta-t-elle avec un nouveau sourire. Elle s'empara d'une serviette qu'elle humidifia avant de la presser sur son visage, grimaçant quand le tissu frôlait ses contusions. « Alors, ce sont vos frères ? Vous vivez ensemble ? Vous n'avez pas de par- » Elle se tut, coupée par le martellement sonores de coups contre la porte d'entrée. Quelques instants plus tard, un détachement de soldats, majoritairement composé de femmes, pénétrait chez les D'Eésnep. L'une d'elle présenta à Pénélope le rouleau de parchemin décrivant l'ordre royal donné pour la surveillance de la prisonnière. « Voilà qui est flatteur. » Lâcha Zébella dans un moment de silence. Ecœurée, elle se tourna vers Ludoric. « Voilà qui va te faire des vacances. Tu vas pouvoir retrouver ton cher Placide. Enfin, sauf si tu préfères montrer tes techniques secrètes à Clémentin. » Elle rit mais son rire sonnait faux. Elle n'avait pas le coeur à rire. « Je suppose qu'eux non plus ne voudront pas me laisser m'entraîner avec eux... » Marmonna-t-elle.

Message IV | 1099 mots


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Priam & Freyja
Mer 17 Mai 2023, 12:46



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Les Portes – Chapitre V

En groupe | Dastan


Rôle :


Pénélope était leur sœur ? Ludoric cligna des yeux. Il avait cru qu’elle était mariée à l’un d’eux. Elle ne leur ressemblait pas. Pas du tout. Son teint obsidienne contrastait avec la peau d’albâtre des deux hommes. Était-ce une façon de parler locale ? Avait-elle été adoptée ? Puis mariée à l’un des d’Eésnep ? Il essaya de ne pas trop s’attarder sur cet élément, de peur de perdre le fil de la conversation ou de commettre un impair. La prise de parole de Melchior lui permit de se raccrocher à la discussion. « Je vois. C’est un commerce qui doit être florissant. » À Lieugro, en tout cas, le thé avait du succès. Ici aussi, probablement – ou bien toutes les boîtes égrenées à travers les couloirs étaient le signe de l’échec commercial de Melchior, qui n’avait d’autres choix que de stocker les excédents de sa marchandise à même sa demeure. Il y eut un temps de silence, durant lequel le roux chercha comment relancer la dynamique. Demander au marchand de thé de décrire ses voyages ? Relancer Gao sur son métier de semencier ?

Clémentin choisit ce moment pour s’asseoir à côté de lui et établir un contact, ce qui eut pour effet de le couper totalement de ses réflexions. Il tourna la tête vers lui, le plus tranquillement possible. Son cœur était devenu un oiseau enfermé dans une cage trop petite pour les élans fous de ses ailes. Naturellement, ses yeux plongèrent dans les siens. Il le regretta aussitôt. Il avait toujours entendu que l’océan perdait les hommes ; jeté dans ce grand bleu, il éprouva les vertiges les plus mortels. « Je… oui. » Bien sûr qu’il s’avait qui il était. Il passait son temps avec Placide, son demi-frère : comment aurait-il pu l’ignorer ? Ce n’était pas parce qu’il avait accumulé les occupations pour l’éviter qu’il ne le connaissait pas et ne l’avait pas, dans de stupides instants de faiblesse, épié. Ludoric refusait de devenir comme ses parents et de céder à toutes les tentations ambulantes qui passaient sous son nez. Il n’était pas Gustave : il n’avait pas besoin de plonger son bâton dans tous les trous qui se présentaient. Il aimait Placide et uniquement lui. Le désir qu’il ressentait pour le brun était éphémère et, s’il le laissait s’exprimer, assurément délétère. Son amoureux en souffrirait et, même s’il ne l’apprenait jamais, cela ne mènerait à rien. Clémentin était hétérosexuel et terriblement amoureux de Rosette. Ça se voyait tellement quand il la regardait que c’était à la limite du supportable. En fait, il n’avait qu’à se concentrer sur elle pour que toute envie lui fût coupée. « Oui, on pourrait. Enfin… Il faut que j’assure la surveillance de Zébella. Mais on pourrait retrouver Placide et les autres. » Penser à Placide. C’était important, essentiel. Il avait envie de le retrouver, autant pour échapper à cette configuration gênante que pour passer du temps avec lui. « Pour les techniques secrètes… on verra. » Il esquissa un sourire vague, désireux de se montrer sympathique. Ce n’était probablement pas une bonne idée. Mieux valait éviter tout contact rapproché avec Clémentin, comme il s’y employait actuellement : le dos droit, les genoux rapprochés pour les éloigner des siens, il veillait à ce qu’aucune partie de son anatomie ne s’égara vers le brun. Celui-ci eut néanmoins l’avantage de relancer la discussion à sa place – avec une maladresse effarante, certes, mais on ne pouvait pas tout avoir. Oui, c’était ça. On ne pouvait pas tout avoir. On ne pouvait pas avoir Placide et Clémentin, et entre les deux, le choix était vite fait.

La réponse de Pénélope le prit de cours. Il eut peur de comprendre. Gao était un prostitué ? L’éclairage apporté par ce dernier le laissa tout aussi coi. Ce n’était pas qu’une histoire de prostitution ; c’était un métier créé pour soutenir la natalité. Ludoric cligna des yeux. Il était au courant des problèmes démographiques de Narfas, mais il ne s’était jamais intéressé plus amplement à la question. De là à imaginer que des hommes feraient commerce de leur corps et de leur sperme pour féconder des femmes dans l’espoir d’engendrer des filles… S’il avait été en train de boire le fameux thé de Melchior, il se serait étouffé sur la dernière phrase de son frère. En chœur avec Zébella qui s’insurgeait, il lâcha : « Pardon ? » Où avaient-ils atterri ? Garance et Lambert les avaient-ils menés ici en sachant les risques qu’ils leur faisaient encourir ? Le roux n’avait pas l’intention de faire don de sa semence à quelque femme que ce fût. Il avait déjà essayé, et l’évidence était là : il s’en montrait incapable. Quant aux voyageuses de Lieugro, il les imaginait très mal écarter les cuisses pour se faire saillir par le premier étalon venu. Gao plaisantait-il ? Se moquait-il d’eux, de leur méconnaissance du pays et de ses us et coutumes ? « Je ne crois pas que… » Il n’eut guère le temps de finir sa phrase. Pénélope s’était approchée de Zébella et, sans préavis, avait défait ses liens. Aussitôt, le soldat se leva. « Madame, vous ne pouvez pas- » Elle était déjà partie, avec la Princesse d’Uobmab et son affreux sourire victorieux, qui venait ironiquement souligner l’aspect tuméfié de son visage. La colère enfla le cœur du soldat. « Veuillez m’excuser. » s’empressa-t-il de dire à leurs hôtes, avant de s’incliner respectueusement. Sans attendre, il suivit les deux femmes.

Elles marchaient tranquillement, lui sur leurs pas. D’où il était, il entendait parfaitement leur conversation. Il n’avait pas l’intention de se cacher : Zébella savait pertinemment qu’il devait la surveiller – et la protéger –, et la chose avait été parfaitement clarifié à leurs hôtes – le croyait-il, tout du moins. Que la d’Eésnep se permît de faire fi de son rôle en libérant la bleue avait de quoi éveiller son ire. S’il n’avait pas été sous son toit, il aurait manifesté son mécontentement et effectué un rappel à l’ordre clair et sec. Il n’aimait pas que l’on agît contre les règles établies, d’autant plus quand leur application relevait de la sécurité de chacun. Sécurité qui, visiblement, préoccupait aussi les décideurs de Narfas : un contingent de soldats – quasi uniquement composé de femmes, ce qui ne manqua pas de le surprendre – pénétra dans la demeure des d’Eésnep. La plus gradée tendit un parchemin à Pénélope, qui stipulait de nouveaux ordres quant à la surveillance de la d’Uobmab. Le de Tuorp plissa les yeux. Zébella était une prisonnière de Lieugro. À moins qu’un accord n’eût été passé avec Narfas, sa surveillance et sa protection incombaient aux militaires du royaume qui l’avait arrêtée. En l’occurrence, Childéric d’Ukok et lui-même. Il se tourna vers la bleue. Son visage fermé, lisse comme la surface d’un lac, se troubla d’une myriade de gouttes de surprise. Que sous-entendait-elle ? Avait-elle vu quelque chose qui…? Se faisait-il simplement des idées ? L’adolescent tenta de se recomposer tant bien que mal un masque d’impassibilité et de retrouver ses moyens. Il décida d’ignorer ses remarques désobligeantes. C’était le mieux à faire. Si elle lui tapait vraiment trop sur les nerfs, il lui reclaquerait la face contre le sol. Sur le carrelage impeccable des d’Eésnep, ce serait assurément plus douloureux – et efficace – que dans la terre. « Il n’y a pas de vacances qui tiennent. » affirma-t-il. « Je n’ai reçu aucun ordre de Garance de Lieugro ou de Childéric d’Ukok qui me demande de cesser de te surveiller – et de te protéger. » Il continuerait donc à le faire. « Je crains que tu ne doives me supporter encore quelques temps. » Un sourire fendit ses lèvres. À force de la côtoyer, il commençait à répliquer ses mimiques.



Message V – 1288 mots




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Orphée Dasgrim
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Jeu 18 Mai 2023, 00:03



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Les Portes – Chapitre V

En groupe | Lazare


Rôle :


Du bout de l’index, Primaël fit glisser sa pièce sur le jeu d’échecs en bois, avant de le passer sur sa lèvre inférieure. Jouer le plaçait dans un tel état de concentration que cela l’aidait à réfléchir au reste. Il leva les yeux vers son partenaire, Ivanhoë. Les rayons du soleil qui se déversaient par la fenêtre de la bibliothèque frappaient ses cheveux roux d’éclats incandescents. L’envie d’y plonger ses doigts le transporta brièvement. Il la refoula, ré-axant son regard céruléen sur le plateau. Il avait toujours aimé jouer avec le feu, mais ce n’était pas avec celui-ci qu’il devait actuellement danser. Les étrangers de Lieugro étaient arrivés en ville. À cet instant précis, Garance de Lieugro devait être en train de discuter avec Balthazar de Narfas et Gaspard d’Epilut. Ces deux fétus de paille que s’amusaient à agiter la Reine et la Grande Prêtresse pour se couvrir. Né dans les bas-fonds de la cité, vendu à des marchands d’esclaves dès son plus jeune âge, il avait longtemps cru au mensonge que faisaient régner les têtes couronnées. Lorsqu’il avait découvert, à peine âgé de dix-sept ans, que les femmes nobles s’arrogeaient en réalité le pouvoir qu’elles prétendaient laisser aux hommes, il était tombé des nues. Le monde s’était dévoilé à lui sous un nouveau jour. Sur le fond, ce renversement ne changeait pas grand-chose : que les gouvernants fussent des hommes ou des femmes, ils asservissaient les uns et les autres pour renflouer une démographie qui courait à sa perte. Cette histoire d’hommes de pouvoir ne servait qu’à protéger les véritables têtes dirigeantes et à assurer la crédibilité du royaume aux yeux de ses voisins, majoritairement masculins. La religion n’était qu’un prétexte idiot – il avait cessé depuis longtemps de croire aux contes de fées et aux malédictions. Aucun devoir supérieur n’animait le cœur des nobles : ils n’étaient intéressés que par le pouvoir, et le sexe féminin ne faisait pas exception. Rapidement, il avait appris à haïr Wesphaline et Jésabelle, qu’il avait longtemps considérées comme les victimes d’un système qui jouait en leur défaveur. Il s’était trompé. « Crois-tu qu’elles vont leur proposer de se faire ensemencer ou de devenir semencier ? » demanda-t-il, avec son éternel sourire en coin agrippé à ses lèvres. Il avait placé Ivanhoë dans la confidence des nobles : il savait, pour le Roi, la Reine, le Grand Prêtre et la Grande Prêtresse. Il avait partagé ce secret avec peu de personnes – quelques révolutionnaires convaincus et à qui il pouvait faire confiance, tout au plus. Le problème de leur activité clandestine avait toujours été le même : malgré toutes leurs précautions, ils n’étaient pas à l’abri que des espions s’immisçassent dans leurs rangs. Révéler tout ce qu’ils savaient aurait été prendre un risque inutile. Mieux valait laisser croire à l’ennemi que leur méconnaissance surpassait la force de leurs esprits enflammés.

« J’ai hâte de savoir comment se soldera cette réunion au sommet. Selon ce qui a été proposé et conclu, nous pourrons tenter de nous rapprocher des Lieugro. » Il étudia le coup d’Ivanhoë avant de répliquer par un mouvement qui, il l’espérait, le mènerait dans une impasse. Il n’était pas certain que son amant aimât jouer, que ce fût aux échecs, aux cartes ou à tout autre jeu. Parfois, il se demandait s’il ne s’y adonnait pas juste pour lui faire plaisir. « Je doute que leurs femmes acceptent d’écarter les cuisses pour les beaux yeux de Gaspard. » Ce pervers invétéré était un grand malade. Dans le fond, il valait sans doute mieux que ce fût Jésabelle qui tira les ficelles. Elle était cruelle et calculatrice, mais sans doute plus raisonnable que lui. Il remit une mèche de cheveux derrière son oreille, puis joignit ses mains devant sa bouche, doigts entremêlés et coudes sur la table. « Je devrais peut-être organiser une réception. » commença-t-il, ses prunelles scrutant le plateau à la recherche d’une faille dans sa stratégie ou dans celle de son adversaire. « Inviter le gratin habituel, et les Lieugro. » Depuis qu’il avait été obligé de cesser ses activités de semencier, Primaël s’était illusoirement mis au service de la couronne. Régulièrement, il organisait des réceptions. Les nobles conviés pouvaient ainsi se côtoyer, autour de danses, de buffets et de jeux – sa passion pour ceux-ci le suivait depuis son jeune âge. Les paris allaient bon train, souvent fondés sur des désirs politiques ou relatifs à la démographie. On vendait sa semence, son utérus, un ersatz de pouvoir. La demeure du rebelle était équipée de nombreuses chambres et autres alcôves intimistes au sein desquelles les grands de ce monde s’accouplaient comme des animaux – en duo ou plus, parfois avec des serviteurs adeptes de la prostitution. Alcôves au sein desquelles, aussi, on échangeait des secrets. Des secrets que lui et ses domestiques, tous partisans de la même cause, récoltaient. Ces fêtes étaient toujours l’occasion de se tenir au courant des nouvelles qui circulaient parmi les nobles. Elles lui permettaient aussi d’entrer en contact avec eux et de disséminer prudemment les graines de la discorde dans leurs cerveaux atrophiés par l’endoctrinement – cela les changeait indubitablement des graines qu’ils avaient l’habitude de semer et de recevoir. « Qu’en penses-tu ? » s’enquit-il, ses iris rivés sur ceux de son partenaire. « Ça te permettrait aussi de mieux définir ta cible. À moins que tu aies fait ton choix ? » Il posa son menton sur ses mains jointes et lui sourit.



Message I – 906 mots

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Kaahl Paiberym
Jeu 18 Mai 2023, 00:09



Les Portes : L'arrivée à Narfas


« C’est vrai que tu dois la surveiller... même si ça nous reposerait de la perdre quelques heures. » Je souris, taquin. J’avais bien sûr conscience de l’importance de Zébella en tant qu’otage, même si je doutais malgré moi de plus en plus de son utilité. Si son père ou son frère avait souhaité la récupérer, l’armée d’Uobmab nous aurait probablement déjà rattrapés. Cette pensée me fit grimacer. Pas que je craignisse Merlin et ses larbins mais bien parce que l’existence de la jeune fille prenait une tournure difficile. Même dans la pauvreté, les individus avaient souvent quelqu’un pour les écouter et leur parler, quelqu’un avec qui partager l’adversité. Que deviendrait-elle si personne n’était plus là pour elle ? Plongerait-elle dans les abysses ? Derrière ses paroles et ses actes de sauvageonne mal dégrossie, qui était-elle ? À quoi pensait-elle ? De quoi avait-elle peur ? Quels étaient ses rêves ? Je me souvenais bien de notre discussion dans la salle de bain des D’Ukok, quand elle m’avait demandé de tuer son frère. « Et puis… » Je la regardai, à présent. « … j’aime bien les chiens. C’est fidèle. » Je n’ajoutai rien à son attention et tournai de nouveau les yeux vers Ludoric. « Ton prix sera le mien. » lui dis-je, amusé par sa façon de se montrer distant. C’était, du moins, ainsi que je le percevais. Peut-être n’avait-il pas envie de trop me côtoyer. D’après ce que j’avais compris, il avait fait partie de la garde rapprochée de Placide. Il le voyait encore souvent et savait qui j’étais. Il devait voir en moi un rival direct du Prince. « Promis, si tu me les enseignes, je me servirai de tes techniques secrètes à bon escient. »

J’écoutai les réponses de la famille qui nous hébergeait, curieux et intéressé. Contrairement aux autres, je ne réagis pas lorsque Gao D'Eésnep parla de contribution. Je ne tardai pas à me retrouver seul avec les deux hommes suite au départ des trois autres protagonistes. Je souris. « J’ai connu des prostitués. » avouai-je. « C’était lors de l’un de mes voyages. » Je m’arrêtai et crus bon de donner des bases avant de préciser mon propos. « Ma mère a tenu à me faire voyager. Je suis d’ailleurs déjà venu à Narfas par le passé. » Derrière le service du thé et les bonnes manières, je savais que trop bien que le Royaume cachait de sombres secrets. Ils en cachaient tous. Et les nobles étaient les pires. « L’anecdote se situe à Cit. Je suis allé faire un stage de parfumeur là-bas. » J’en avais longuement parlé avec Adolestine à l’époque où elle écoutait mes histoires. « Les odeurs ne voulaient plus me quitter, si bien que j’avais l’impression que ma nourriture avait le goût des fragrances que nous utilisions. J’ai perdu du poids à Cit… » Je souris, amusé. « Bref, j’allais souvent me perdre dans les tavernes tard le soir. Pas pour boire mais pour observer les gens. Et puis… l’odeur de l’endroit arrivait à couvrir en grande partie la mienne. Certains souhaitent se changer les idées. Moi, je cherchais surtout à me changer les narines. C’est comme ça que j’ai rencontré ce gars. Il était juste un peu plus âgé que moi. Il jouait de la mandoline. Son haut découvrait un torse fin mais musclé. Il portait des bijoux qui le rendait très attirant. J’ai voulu aller lui parler et c’est comme ça que j’ai su que faire la conversation pouvait être payant. » Je ris. « La moitié de ma paye est passée dans de longues discussions jusqu’à pas d’heure. Finalement, il a dû commencer à m’apprécier parce qu’il a arrêté de me faire payer et m’a présenté à ses semblables. Ils n’étaient pas vraiment amis mais il y avait un côté très fraternel chez eux. Ils se soutenaient. D’ailleurs, l’un d’eux adorait le thé à la menthe. Il savait le préparer à la perfection. Je n’en ai jamais bu de meilleur depuis. » Je marquai une pause. « Tout ça pour dire que, dans une autre vie, j’aurais probablement pu devenir prostitué aussi. Ils gagnaient bien leur vie. Mais ma mère aurait fait une crise cardiaque. Alors j’ai préféré lui obéir et écrire sagement des poèmes dans mon coin. » Je regardai Gao. « Vous ne couchez qu’avec des femmes donc, de ce que j'ai compris. C’est sûr que c’est mieux pour la reproduction. En plus, j’imagine qu’avec les soucis démographiques que vous évoquez, ça doit être mal vu, non ? » J’avais visité beaucoup de Royaumes. Tous n’avaient pas la même mentalité. Lieugro manquait de tolérance. Je ne m’étais pas penché sur la question à Narfas. À vrai dire, je ne me posais pas de question sur la sexualité des gens la plupart du temps. Le métier de Gao m’avait simplement rendu curieux, au même titre que celui de Melchior, bien que j’eusse moins d’anecdotes à conter concernant ce dernier. « Si vous avez un peu de temps, j’aimerais beaucoup vous regarder travailler. J'aime apprendre. » dis-je, en faisant bien attention à regarder le marchand et non le gigolo. Je redevins cependant sérieux. « Oh… J’allais oublier. » Absolument pas. « Je suppose que les contributions dont vous avez parlé tout à l’heure seront libres et consenties, n’est-ce pas ? Comme je vous l’ai dit, je suis déjà venu à Narfas par le passé. Je connais donc certaines dériv… »

Mon propos fut interrompu par l’arrivée d’individus. Je finis ma tasse et me levai. « Veuillez m’excuser. Je vais aller me laver. » J’avais fait une brève toilette plus tôt mais avais envie de me détendre. Quelque chose me disait que Ludoric allait rester planté avec Zébella et Pénélope longtemps et que personne ne ferait spécialement attention à moi. Les affaires des D’Eésnep ne me regardaient pas. J’avais plutôt en tête de me baigner tranquillement et de me faire beau avant de passer discrètement par la fenêtre que j’avais repérée pour tenter d’aller retrouver Rosette. Je ne savais pas où elle se trouvait mais il me suffirait de demander aux domestiques. Ces derniers avaient tendance à tout savoir. Je me déshabillai donc et sautai dans le bassin familial. Il était si large qu’un groupe aurait pu tenir dedans. Je songeai que, peut-être, Gao faisait venir ses clientes ici et m’en amusai. Tranquillement, je me mis à faire la planche et à fixer le plafond.

1044 mots
J'imagine que je dois inconsciemment avoir envie de prendre un bain narfas - | Les Portes Chapitre V - L'arrivée à Narfas | - Page 6 943930617
Erasme (Clémentin):

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Les Portes - Chapitre V - L'arrivée à Narfas



Rôle:

Gao porta son attention sur Clémentin lorsqu’il commença à parler. C’était le seul qui n’avait rien dit lorsqu’il avait parlé de la situation de Narfas et de la potentielle future situation des réfugiés. N’avait-il rien dit parce qu’il était plus intelligent que ceux qui aboyaient bruyamment ou parce qu’il était plus idiot que ces derniers ? Le blond envoya une œillade à son frère. Ils n’avaient jamais été complices mais face au flot de paroles de l’étranger, il eut envie de croire qu’une forme d’amusement commun pourrait naître entre eux. Finalement, il se laissa porter par l’histoire. Il ne doutait pas que travailler à la confection des parfums devait laisser une odeur tenace, comme travailler dans le ramassage des ordures. Les uns sentaient la rose et le musc de cervidé, les autres le moisi. Néanmoins, lorsque le brun parla de payer un prostitué pour simplement faire la conversation, la thèse de la stupidité vint heurter de nouveau Gao. Personne ne faisait payer quelques mots ; en tout cas, pas à Narfas. Ce qui arrivait fréquemment c’est qu’un service sexuel fût commandé et que, finalement, ce dernier ne se produisît pas comme escompté et que la conversation prît le pas. Certains le faisaient exprès, bien plus à la recherche de compagnie que de sexe. C’était difficilement assumé car la manœuvre cachait une solitude épouvantable. Pour le semencier, il n’y avait donc que deux possibilités : soit Clémentin mentait et avait payé pour du sexe, soit le fameux joueur de mandoline l’avait arnaqué, avant de cesser de le faire par pitié ou amitié. Les coutumes de Cit étaient néanmoins peut-être différentes. « À Narfas, les parents sont assez fiers lorsque leur fils décide de devenir semencier. » Ce n’était pas toujours vrai. Cependant, personne ne pouvait dire tout haut que contribuer à la natalité en vendant son corps était un fléau ou une honte. « En effet. L’homosexualité n’est pas légale officiellement. Officieusement, à quelques exceptions près, elle est plus que tolérée lorsqu’elle se produit entre hommes. » Il savait que certains prêtres n’hésitaient pas à violer des garçons pour les punir du fait d’être nés hommes et personne ne disait rien. « Cependant… ce n’est pas le cas pour les femmes. Le besoin de reproduction est trop important pour qu’elles décident de ne pas offrir leur ventre à la cause de notre Royaume. » Il ne précisa pas le nombre légal de grossesses exigé par femme. « Cette décision reviendrait à faire passer son confort personnel avant le futur de tous. » Le semencier se doutait que les mœurs de Narfas pouvaient paraître étranges d’un point de vue extérieur. Néanmoins, certains Royaumes pratiquaient d’autres coutumes qui lui semblaient bien plus barbares.

Il tourna les yeux encore une fois vers Melchior lorsque Clémentin s’adressa à lui. « Il veut apprendre. » répéta-t-il en écho. Gao eut soudainement hâte de voir son frère armé d’un apprenti et cette idée le fit rire. Le garçon semblait capable de faire du commerce de Melchior un beau chaos. S’il commençait à raconter sa vie à ses clients, ça risquait de devenir croustillant. Malheureusement, la conversation fut avortée. Le semencier laissa son jumeau s’occuper du messager et attendit qu’il revînt vers lui, en excusant le garçon entre temps. Il parcourut la missive des yeux et les releva vers Melchior en abandonnant le vouvoiement qu’ils avaient coutume de sauvegarder en présence de Pénélope. « Je ne savais pas que tu vendais des aphrodisiaques. Que de cachoteries… » Ils auraient pu lui être utiles en bien des aspects si leur efficacité était véridique. « Ça fonctionne vraiment ? » demanda-t-il, absolument pas certain des soi-disant effets miracles de ces produits. Dans le commerce, il y avait toujours une part de mythe. Il roula le parchemin et l’agita devant lui. « J’avais donc raison. Ça risque de provoquer quelques remous si la Royauté exige des femmes d’écarter les cuisses sans préparation. Rien qu’à voir les réactions de Zébella et Ludoric… » Il réfléchit. « J’aurais été nos têtes dirigeantes, j’aurais probablement organisé un grand banquet et glissé tes fameux aphrodisiaques dans les verres en espérant que la magie opère et qu’orgie advienne. Je connais quelqu’un qui fait ça bien. » dit-il, pensif, avant de changer de sujet. « On devrait garder un œil sur ce Clémentin. Je ne sais pas ce qu’il sait de Narfas mais ce serait peut-être intéressant de le savoir aussi. » Sa propre remarque lui tira un rire. Il n’aimait pas la politique et voilà qu’il parlait comme si le sort de la population l’intéressait. De façon plus légère, il plaça sa main sur l’une des épaules de Melchior. « Et toi tu devrais aussi surveiller Pénélope. Le fait qu’elle détache une otage royale à la manière dont je déshabille les femmes – naturellement – me laisse penser que quelque chose ne tourne pas rond dans son esprit. Elle a l’air de bien t’aimer. Tu devrais être plus attentif à elle. Peut-être que tu pourrais lui faire goûter ton thé de façon plus… enfin tu vois. » Il ne parlait pas de vrai thé mais, malgré la tournure de sa phrase, n’était pas certain que l’esprit de Melchior eût bien compris où il voulait en venir.  

Après l’entrée des soldates, Gao soupira. « Je songe que les jours à venir seront particulièrement ennuyants si tout le monde rentre chez nous comme dans un moulin. Au moins, aucune femme n’est là pour régenter notre vie. » Il savait que son frère jouissait particulièrement de cette liberté retrouvée. Lui aussi, même si la question Pénélope demeurait. Il ne voulait pas l’épouser.

928 mots
 


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Jeu 18 Mai 2023, 14:34


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Les Portes V - L'arrivée à Narfas
Orenha dans le rôle de Luthgarde

Rôle:
Luthgarde exultait. Le voyage lui avait paru interminable ; elle qui était habituée à son petit confort de vie avait souffert de devoir chevaucher des jours entiers sans plus de récompense le soir venu qu’une triste ration de survie, aussi peu agréable pour le palais que satisfaisante pour les muscles en pleine croissance de ses cuisses. C’était bien pour cette raison qu’on envoyait les jeunes étudiants comme elle à travers le monde ; on ne pouvait prétendre comprendre la vie sans se heurter à ses difficultés, et celle-ci n’était malheureusement pas toujours aussi clémente qu’à Erréil.
Mais elle avait surmonté l’épreuve sans rechigner et se gargarisait d’avoir déjà tant appris avant même d’avoir atteint son objectif principal, qu’elle pouvait désormais presque toucher du bout du doigt. Rien que ça méritait bien toutes les courbatures du monde.
Les autorités de Narfas n’avaient pas trop su quoi faire d’elle, au début ; elle ne faisait partie du convoi que par pur hasard et ne fuyait pas Lieugro comme les autres ; mais même si elle ne demandait pas officiellement l'asile, elle comptait bien s’installer dans le pays pour quelques temps. Elle leur avait exposé les tenants et les aboutissants de ses recherches et après concertation, il avait été décidé qu’elle rejoigne d’autres réfugiés déjà installés chez les D'Epilut. La jeune femme avait manqué d’imploser de joie à l’annonce de cette nouvelle : loger chez Sa Sainteté en personne ! C’était une aubaine incroyable, un scénario qu’elle n’aurait jamais osé imaginé, même dans ses rêves les plus fous.
La situation n’était à n’en point douter due aux circonstances exceptionnelles provoquées par l’arrivée du convoi de réfugiés à Lieugro. Même si elle était ravie de l’occasion que ça lui avait fourni, elle avait de la compassion pour tous ces gens impliqués dans cette triste affaire, vraiment. C’était toujours malheureux de constater que la plupart des peuples continuaient de s’entre-déchirer pour des broutilles comme le pouvoir et l’expansion du territoire. Dans son Royaume, on préférait utiliser son temps et son énergie pour élever son esprit et la condition humaine, et elle ne comprenait pas bien que d’autres choisissent de guerroyer à la place. Mais c’était dans cette optique qu’elle était venue, après tout : observer pour comprendre. Et, bien sûr, propager la Bonne Parole, comme tout étudiant a pour vocation de le faire.

En attendant, elle ne pouvait décemment imaginer rencontrer Sa Sainteté dans l’état lamentable dans lequel elle se trouvait. Malgré l’application avec laquelle elle avait fait sa toilette à chaque fois qu’elle en avait eu l’occasion, la crasse lui faisait comme une seconde peau, laquelle avait déjà été mise à rude épreuve par l’aridité du climat. C’est avec un soulagement empreint de déception qu’elle apprit que Sa Sainteté n’était pas présente à son domicile ; elle s’empressa de se faire guider à la salle d’eau, balayant d’un geste de la main la remarque qu’on lui fit sur le fait qu’elle était déjà occupée. La pudeur était le cadet de ses soucis.
Ce n’était peut-être pas le cas de son occupant, elle se contraint donc à tapoter la porte des phalanges avant de claironner d’une voix forte :
« Toc toc ? »
Elle ne prit cependant pas la peine d’attendre une réponse et entra sans plus de préambules. Il n’y avait non pas une mais deux personnes à l’intérieur : des femmes. Elle reconnut sans peine l’une d’elle comme étant Lénora, une femme discrète qui était toujours à la suite de l’ancien Chef des Armées. Elle n’avait pas vraiment d’opinion sur elle ; Luthgarde avait fait le choix de rester à l’écart du convoi et des gens qui le composaient, se contentant de profiter de la sécurité de leur nombre tout en les observant de loin. Certains d’entre eux avaient retenu son attention plus que d’autres. À la pensée du mystérieux brun et du beau blond qui avaient égayé ses rêves durant le voyage, le rouge vint pigmenter ses joues. Elle s’ébroua imperceptiblement : ce n’était pas le moment. Elle espéra qu’on mettrait son embarras soudain sur le compte des vapeurs chaudes qui floutaient les contours de la pièce.
Reprenant contenance, la jeune fille découvrit ses dents en un large sourire tandis qu’elle commençait à se dévêtir, se tortillant avec plaisir hors de ses fripes usées. Elle s’approcha du bassin.
« J’espère que je ne vous dérange pas ! Me feriez-vous une place ? Promis, je me ferais toute petite ! »
Et pour cause : elle n’était déjà pas bien grosse avant d’entamer son périple et les privations inhérentes à tout voyage ne l’avaient pas épargnée. Les côtes saillaient sous la peau, qui fut parcourue de frissons d’extase lorsque l’eau chaude l’accueillit dans sa douce étreinte. Elle ferma les yeux – mais pas la bouche.
« Les médecins m’ont conseillé de ne pas hésiter à redoubler de coups de fourchette ! C’était tout à fait mon objectif, même si j’ai préféré décliner les rafraîchissements qu’on m’a si gentiment proposé. Imaginez que les relents de fumier que je dégage ne viennent perturber le délicat bouquet d’arômes des mets qu’on me sert ? Quel dommage ça aurait été de découvrir la cuisine de Narfas dans ces conditions ! Il paraît qu’elle est exquise. Je suis sûre qu’elle est aussi exotique que ses paysages. Oh, j’ai tant de choses à voir ! »
Elle se tut un instant, profitant de la tiédeur réconfortante qui dénouait ses muscles et apaisait momentanément son excitation. Lentement, ses doigts défirent ses nattes gorgées de sable tandis qu’elle laissait ses narines s’imprégner du parfum des savons et de l’encens.
« Pardonnez-moi, je ne me suis pas présentée. Je suis Luthgarde Etnias, humble envoyée du Royaume D’Erréil, et vous êtes… ? »
Elle rouvrit les yeux et les posa sur la femme auprès de laquelle elle s’était glissée. Son expression se figea. Elle avait distraitement noté que l’étrangère arborait une crinière rousse lorsqu’elle était entrée mais n’avait pas poussé l’inspection ni la réflexion plus loin. C’était maintenant que la réalisation la heurtait de plein fouet : cette femme était sans nul doute Tamara D’Epilut, Cheffe des Armées et surtout la sœur de Sa Sainteté. La chevelure cuivrée, le corps tout en muscles, l’air assuré d’une maîtresse sur son domaine et fougueux d’une soldate aguerrie ; tout concordait aux éléments que possédaient la jeune Etnias.
Luthgarde finit de s’empourprer tout à fait, réalisant le terrible impair qu’elle venait très certainement de commettre.
La D'Epilut avait sans doute fait demander Lénora en sa qualité de seconde (à moins qu’elle ne soit une domestique, ou une amante ? Ce n’était pas bien clair) de l’ancien Chef des Armées de Lieugro tandis qu’elle prenait son bain et Luthgarde avait débarqué la bouche en cœur et s’était comportée comme si elle était chez elle.
Elle se redressa d’un coup, les bras de part et d’autre de son corps à découvert, tout à coup honteuse de sa nudité impudente.
« Je… je vous présente toutes mes excuses… Je n’avais pas réalisé... »

1164 mots


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Les Portes - Chapitre V - L'arrivée à Narfas



Rôle:

Le regard de Lambert passa du Roi au Grand Prêtre. Malgré la rousseur de ses cheveux, qui lui rappelait ceux de sa propre fille, l’introduction du discours de l’ecclésiastique éloigna l’adolescente de ses pensées. Le plus proche ami de Montarville connaissait les difficultés de Narfas, pour avoir étudié bien des Royaumes et leur évolution, et pour y avoir voyagé à l’occasion. Il n’aimait pas partir loin de chez lui et ne l’avait fait que par devoir. Il avait toujours préféré être au cœur de Lieugro. La mort de son Roi et le départ de ses terres lui pesaient toujours lourd sur le cœur. Il espérait que l’exil ne s’éterniserait pas. Pourtant, il redoutait aussi de rentrer chez lui et de ne retrouver, à la place du Royaume qu’il chérissait tant, qu’une terre désolée. Rien ne serait plus comme avant. Imitant Gaspard, le blond posa les yeux sur Jesabelle. Il garda le silence, attendant la suite, tout en observant les relations entre ses interlocuteurs. Beaucoup de choses ne passent pas par les mots. Le corps dans son ensemble parle tout autant, si ce n’est plus, que la bouche. Quand le Grand Prêtre commença à parler de terres païennes et de Très-Haut, il ne put néanmoins pas s’empêcher de lever un sourcil. Il avait toujours trouvé les hommes de Foi particulièrement perchés. Peut-être que cette critique pouvait également s’appliquer à lui. Après tout, il avait eu une Foi totale en Montarville et continuait de le soutenir, même après sa mort. Néanmoins, contrairement à Gaspard, il n’était pas pourvu d’un humour des plus douteux. Il espérait que ce fût de l’humour, car personne ne pénétrerait jamais ses voies, ni celles des autres. Son regard se posa sur Garance, afin de jauger ses réactions. La trouver de marbre ne l’étonna pas. Elle était douée pour ça. C’était une partie d’elle qui l’avait attiré, au début, avant de le gêner… ou de l'effrayer. La frontière entre ces deux notions pouvait être mince. Cependant, ils n’étaient plus dans le passé de leur relation. Ils se trouvaient dans un présent complexe, à l’aube d’un futur incertain.

Lorsque la condition tomba, ses lèvres s’entrouvrirent de quelques millimètres. Son souffle choisit néanmoins de s’échapper par le nez, comme si sa bouche était trop choquée pour fonctionner correctement. Quelques mots du Grand Prêtre lui semblèrent lointains, avant que ses espérances ne s’accrochassent au terme adhésion. Adhéreraient-ils ? Garance serait-elle prête à accepter le marchandage des corps ? Et qu’en serait-il d’elle ? Et de Rosette ? La menace sous-jacente qui suivit le priva de toutes perspectives. L’arrivée de Childéric lui permit de se détacher de l’impasse momentanément. Il n’aurait jamais cru voir ce jour advenir mais, pour une fois, la présence du Chef des Armées ne lui déplut pas. De façon tout à fait sérieuse, il s’interrogea sur les chances de ce dernier d’éliminer le Grand Prêtre et le Roi de Narfas d’un coup. Il était bien plus musclé que les deux autres et jouissait d’un entraînement militaire qu’ils n’avaient jamais dû avoir. L’idée ne lui sembla pas si folle et quelques secondes de silence de plus auraient probablement suffit à lui faire ordonner discrètement le massacre des régents et de celles qui les accompagnaient pour oser envisager sérieusement de faire des femmes de Lieugro des poules pondeuses. Heureusement, Garance prit la parole. Pour la énième fois en peu de temps, il ne put s’empêcher de songer que la sœur de Montarville possédait des talents que l’ancien Monarque n’avait jamais eus. L’ambition de la jeune femme avait gâché une possible coopération bénéfique à tout le Royaume. Entre la bonté de Montarville et la tactique de Garance, Lieugro ne serait peut-être pas aujourd’hui aux mains d’Uobmab.

Une fois que la régente eut terminé, il se racla la gorge avant de prendre la parole. « Comme l’a souligné Sa Majesté, » Il faisait exprès de l’appeler ainsi, pour lui offrir son plein soutien ; aussi pour que leurs interlocuteurs n’oubliassent pas que derrière elle, il y avait tout un peuple. « nous sommes certains d’arriver à trouver une proposition qui pourrait satisfaire chacune des parties. Après tout, nous ne devons pas oublier que le monde entier nous regarde et que du jugement des Monarques des autres Royaumes dépend l’équilibre mondial. » Le commerce, la diplomatie, etc. Il ne leur ferait pas de dessin mais ce qu’il cherchait à dire c’est que si Narfas jouait les tyrans, de réelles retombées risquaient de pointer le bout de leur nez. « Uobmab est l’ennemi commun. Nous ne devons pas l’oublier car si Judas continue de prendre impunément tous les territoires et que certains Royaumes se mettent à profiter de la faiblesse des réfugiés qui foulent leur sol en sus, le futur ne pourra plus être autre que sous la bannière d’Uobmab. Les Monarques préféreront se soumettre plutôt que de se battre en vain, pour tenter de préserver leur terre et, par là même, les frontières de ceux qui pourraient trahir leur confiance. » Il marqua une pause et ajouta. « D’un point de vue extérieur, il vaut mieux que Narfas et Lieugro semblent soudés afin de raviver l’espoir et de permettre la cohésion de tous face à l’envahisseur. Nous ne paraîtrons pas soudés si vous persistez dans vos demandes actuelles et nous refusez l’asile ou, pire, cherchez à nous nuire. Nous ne demandons pas votre aide gratuitement, et nous trouverons un arrangement, mais personne dans cette pièce ne doit oublier que si Lieugro est tombée, Narfas pourrait bien tomber de nouveau demain. La religion ne sauve pas des tyrans. Parfois même, les tyrans ne peuvent s’imposer qu’en étant aidés de l’intérieur, que cela soit par traîtrise, bêtise ou décision inconsidérée… » dit-il, en plantant son regard droit dans les yeux de Jésabelle. Il dévia, pour contempler Balthazar. « En choisissant la violence, qu’elle soit physique ou psychologique, nous pourrions donner un signal favorable à Judas. Il suffit parfois d’une goutte de sang pour attirer les vampires et, comme nous en avons tous ici fait les frais : un Royaume peut tomber en un rien de temps. Croyez-moi, si Uobmab attaque de nouveau Narfas, votre politique nataliste sera votre dernière priorité. »

1020 mots



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Jeu 18 Mai 2023, 20:19

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Les Portes V - L'arrivée à Narfas
Lorcán, dans le rôle d'Ivanhoë




Rôle - Ivanhoë Emmog:

Délaissant du regard le plateau en damier, Ivanhoë préférait plutôt contempler Primaël. Ses yeux se plissèrent avec malice et il décroisa ses jambes pour les croiser dans l'autre sens. Le frottement de sa tunique contre sa peau froissa le silence. Déconcentrer son amant était en définitive l'unique espoir de l'emporter dans son domaine de prédilection. À la façon dont le bleu étudiait leur partie, il voyait que ses réflexions s'étageaient sur plusieurs niveaux et ne fut pas surpris de l'entendre évoquer la rencontre politique qui se jouait en cet instant. Personne n'ignorait la venue des réfugiés, les rumeurs asséchaient les lèvres du peuple de l'aube jusqu'au soir, tout le monde y allait de son pronostic.

« Proposer ? » Un sourire ironique tordit ses lèvres sombres. « Un cheptel frais de bétail vient de leur tomber dans les bras et il sera traité comme tel. La question est de savoir avec quelle subtilité elles vont les pousser à écarter les cuisses ou s'insérer entre celles des femmes ici. » Son sourire s'élargit. « Elles devraient faire appel à tes services. À moins qu'ils ne soient façonnés de bois et de fer, ils boiraient tes paroles en cinq minutes, et fléchiraient leurs genoux en à peine plus de temps. Tu pourrais convaincre un chat d'aboyer. » Tout en parlant, il déplaça un pion distraitement avant de revenir sur Primaël. S'il avait perçu sa tentative pour lui sortir l'esprit de la partie, il n'en montrait rien. Pas découragé pour autant, il fit glisser son pied sous la table pour qu'il effleure comme par accident sa jambe. « C'est certain. Entre Uobmab et maintenant ces harpies, ils sont actuellement aux abois. Nous pourrions devenir des alliés, si on s'y prend correctement. Il faut donc espérer que les négociations se passent le plus mal possible. »

Il se tut, baissant les yeux sur le nouveau mouvement de son amant. Il y eut un petit silence, puis il souffla de rire. En un coup qu'il n'avait pas anticipé, Primaël venait de démanteler toute sa stratégie et le forçait à revoir entièrement ses options. Il était ainsi, il jouait comme il séduisait, à déstabiliser son adversaire pour mieux l'ensorceler et le mener exactement où il le désirait, avec une telle adresse qu'on ne se rendait compte du piège qu'une fois la corde sur la jugulaire. Dans une mimique habituelle de concentration, il fit rouler entre ses doigts l'alliage de sa boucle d'oreille et finalement, exhala un soupir de mécontentement en réalisant que toutes les portes de sortie venaient de se refermer après l'action du bleu. Il aurait dû prendre l'habitude de perdre face à lui depuis le temps, mais c'était plus fort que lui, il se prenait au jeu, convaincu que la victoire était à portée de main. Mais pas aujourd'hui, manifestement. Avec fatalisme, il déporta un pion en avant, sachant pertinemment qu'il allait tomber sur le côté au prochain tour. « C'est une chance pour nous que Gaspard d'Epilut soit présent à leur rencontre. Jésabelle n'osera jamais le reprendre en public, et son insupportable zèle va refroidir nos invités. Tout se passera mieux que prévu grâce à lui. Béni soit'Il. » Conclut-il ironiquement.

Le jeu désintéressait l'assassin maintenant qu'il se savait condamné. Il n'y avait pas de plaisir à voir sa chute se concrétiser au rythme de ses pions désertant le terrain. Il préférait les fins nettes, rapides et propres. Le temps que Primaël joue son coup, il se leva. Ses pieds nus sur le carrelage ne faisaient aucun bruit. Il était doué pour se déplacer en silence, adoptant par réflexe une démarche coulée et souple. Arrivé à une petite table, il inclina le bec d'une carafe pour remplir un verre d'eau. Son dos s'appuya ensuite contre les étagères surchargées de livres. Comme souvent, il portait une tunique légère à manches longues, aux plis amples dans lesquels se perdaient les contours de sa silhouette. Vaincu par la chaleur, son pantalon reposait sur une chaise. « Excellente idée. Je sais déjà qui inviter comme artistes pour divertir tout ce monde. Le numéro des sœurs Dali et Dala a beaucoup de succès depuis la semaine dernière. Le public a toujours plus affectionné les enfants. » Et il fallait qu'elles en profitent. Leur succès serait de courte durée. Dès leurs premières règles, elles devraient se soumettre à la réglementation en vigueur. Seule l'armée libérait les femmes de leur devoir.

Enfin, il revint mais dédaigna le plateau comme le siège. Les mains appuyées sur le dossier, il se pencha, les yeux brillants. « J'ai cru que tu ne me le demanderais jamais. » Il avait écumé les possibilités. Après avoir éliminé les strates les plus basses de la noblesse qui ne mèneraient leur ambition nulle part, il ne restait plus beaucoup de crabes dans le panier. « Je pense que ma cible devrait être à la mesure de nos plans. La prudence ne nous servirait à rien. Une fois engagé, il n'y aura plus de demi-tour possible, alors autant miser sur le plus gros poisson. Maintenant, dis-moi. » Il se décala et repoussa le plateau d'échecs pour venir s'asseoir à demi sur la table. Il se saisit au passage de la reine noire sur le jeu oublié. Lentement, la pièce bascula entre ses doigts pour se trouver tête en bas. « De quoi aurais-je l'air avec une couronne ? » Il marqua une pause pour ménager son effet, les sourcils interrogateurs. « Crois-tu que ce cher Balthazar soit si heureux avec sa femme ? » Lui en doutait. Il doutait que quiconque soit heureux dans son mariage, et encore moins dans ce système néfaste. En tout cas, il ferait en sorte qu'il en vienne à apprécier davantage sa propre compagnie que celle de Wesphaline. « Elle ne lui a pas donné de fille, quelle honte. Elle ne donne même pas l'exemple. » Fit-il, faussement désapprobateur. Depuis que l'idée s'était fixée dans ses machinations, elle ne voulait plus en sortir. C'était parce que c'était osé que ça fonctionnerait. C'était tout ou rien.

« Ça impliquerait de l'attirer hors de la cour, tu connais peut-être des nobles proches d'elle qui pourraient la convaincre de venir à notre petite soirée ? Et pourquoi pas suggérer que tout le monde soit masqué ? Elle serait peut-être plus tentée de venir si son anonymat est assuré. Sa déchéance serait totale si on apprend qu'elle a été tuée alors qu'elle s'amusait loin de son époux. Imagine le scandale. » Un rire un peu fou lui échappa. À mesure qu'il s'enhardissait, son enthousiasme croissait en même temps que sa détermination. Il saisit le visage de Primaël entre ses mains et plaqua ses lèvres contre les siennes. Il se sentait pousser des ailes. Ça pouvait fonctionner. Malgré les évidentes failles, malgré tout ce qu'ils ne pouvaient pas prévoir, ils avaient une chance infime, une chance insolente de réussir. Avec lui à ses côtés, tout devenait possible. Ils avaient déjà tant accompli en partant de rien. Il le relâcha et se leva. Les rêves dans ses yeux s'évanouirent peu à peu. « Il y a une ombre au tableau cependant. Jésabelle. » La garce était puissante. Qui pouvait prévoir sa réaction si sa soeur trépassait ? Il ne pouvait pas tuer les deux, c'était endosser le double de soupçons. Alors trouver un moyen de la déchoir elle aussi ? « Je viens de penser à quelque chose. Penses-tu qu'on puisse arranger une rencontre avec Gaspard ? J'ai toujours pensé qu'un homme tel que lui devait détester prendre ses ordres de Jésabelle. Il n'y a qu'à voir comment il scande ses sermons pour voir qu'il ne supporte pas d'avoir la bride sur le cou. »

Message I | 1321 mots
Un peu suicidaire le garçon. Pouple


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Sam 20 Mai 2023, 00:19


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Les portes V - Négociation au sommet


Rôle :


A l’instar de la verve toute appliquée de Garance de Lieugro, les carcans de la diplomatie coulaient  sur le miroir d’indifférence de la robe de l'homme d'Eglise. Le patriarche avait naturellement hérité du don de clairvoyance du Seigneur lui-même pour guider les agneaux de son cheptel dans la clarté chaleureuse du Très-Haut. Lorsqu’il avait été ordonné Grand Prêtre, l’Ecclésiastique avait juré de n’user de l’éminence de ce pouvoir que pour servir les hauts commandements du Livre Sacré et depuis le D'Epilut s’appliquait chaque jour à respecter chacun des engagements qui composait le serment qu’il avait prononcé lors de ses voeux. Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités et Gaspard d’Epilut, pieux parmi les pieux, en avait naturellement accepté le fardeau et la sainte bénédiction. Depuis lors, la Tentation ne cessait de le tirailler, de le tourmenter encore et encore pour tenter de faire naître en lui le terreau de la perdition. Dés l’Aube des temps, les Forces du Mal conspiraient dans l’ombre en attendant le moment de prédilection, l'instant fatidique où -grâce à la résurrection de l’Antéchrist- les hordes des ténèbres déferleraient sur le monde pour le corrompre jusqu’à la lie. Combien de fois le Diable avait t’il murmuré insidieusement ses promesses de gloire et de richesses incommensurables à l’oreille de Gaspard ? Combien de fois Satan avait t’il appâté la soif obsessive d’immolation de Gaspard pour toutes ces femmes envieuses qui ne cessaient de le discréditer et de le rabaisser aux yeux du monde ? A de rares occasions, le discours pernicieux du Démon finissait par s’imprégner à travers les interstices de son armure sainte pour trouver écho dans son for intérieur. Il en éprouvait une honte indicible qui ne faisait que démultiplier sa misanthropie latente et à plus forte raison sur Jésabelle qui incarnait à elle seule le souffre-douleur parfait de toutes ses récriminations. Il voulait toutes les voir brûler dans un gigantesque autodafé où leurs cris étouffés par les flammes du brasier aviveraient les tisons de son plaisir. Ce moment, en présence de Garance de Lieugro et de Lambert D’Eruxul, était l’une de ces rares occasions où la main décharné du Malin se posait sur son épaule avant qu’il ne siffle le Chaos à ses tempes.

«Je vous serais gré de ne pas imposer la compagnie d’invités impromptus à la cour sans avoir reçu l’assentiment de ces Majestés auparavant. En outre, je ne vois guère l’utilité de la présence d’un soldat dans des négociations d’ordre politique. Aussi si votre Chef des Armées, tout du moins si tant est que le titre puisse encore valoir quoi que ce fut au vu de ce qu’il en reste, n’a pas une raison valable de siéger à la table des négociations, je l’invite à repartir aussitôt à moins qu’il ne préfère que la garde ne l’y aide promptement.»

Ils parlaient de paix, d’hospitalité, de contreparties, de discussions mais faisaient retentir le bruit des bottes de leur chien de garde attitré pour entamer les pourparlers et faire incliner la balance en leur faveur ? Une rumeur persistante laissait entendre que Childéric d’Ukok était le premier responsable du théâtre des évènements du bal de Montarville de Lieugro. Quelle valeur pouvait encore détenir un soldat qui n’avait pu empêcher le Régicide de son propre souverain ? Quelle valeur pouvait encore détenir un prétendu général qui n’a pu mobiliser les rangs de son armée pour empêcher l’annexion de son royaume à l’empire de Judas d’Uobmab ? Se couvrir d’un tel déshonneur ne pouvait trouver qu’une seule issue ici à Narfas : le suicide. Sur ordre de l’Ecclésiastique, les services de l’Inquisition étaient à pied d’œuvre pour surveiller le moindre des agissements de ce Childéric. Au vu de la facilité et surtout de la rapidité de la prise de Lieugro, Judas D’Uobmab avait sans aucun doute bénéficié du concours de transfuges et de dissidents internes dans la conquête tonitruante du royaume. Si Childéric d’Ukok n’avait pas collaboré activement avec le tyran, il avait incontestablement pêché par laxisme et négligence.

« La pomme n’est pas tombé si loin de l’arbre » maugréa l’Ecclésiastique à mesure que le discours de Garance de Lieugro se délayait en une litanie amère de protestations. Si elle n’avait vraisemblablement pas hérité de la mollesse et de l’apathie de feu son frère, ses talents politiques étaient loin d’être aussi redoutables et affûtés que les apparences ne le laissaient présager. Il était plaisant de la voir s’insurger avec emphase quant aux revendications de Balthazar de Narfas, de la voir s’indigner de manière théâtrale en évoquant les examens gynécologiques, de la voir s’offusquer encore du rôle éminent que Narfas comptait faire jouer aux femmes qui enfanteraient en son sein en les comparant grossièrement à du bétail. Tout cela n’était que de la poudre aux yeux et même si le Pontife voulait bien reconnaître que tout bon politique devait pouvoir jouer de comédie lorsque la situation l’exigeait, la régente avait vraisemblablement loupé une vocation prédestinée de pitre. Par charité, Balthazar pourrait presque l’engager comme bouffon personnel à sa cour. Garance ne consentait à aucun des termes de Narfas, la culture du compromis semblait lui être foncièrement étrangère. Ou peut être n’avait t’elle pas l’habitude de se faire forcer un tantinet la main ?

Que présumait t’elle au juste ? Que le royaume de Narfas accueillerait sagement les nobles de Lieugro, offre le gîte et le couvert à ces éminences et ratifie séance tenante un accord d’alliance avec une dizaine de nobles à l’égo démesuré et tout au plus une petite garnison de soldats à leur solde pour que le Saint Royaume fonde une coalition avec les royaumes voisins, mobilise son armée et déclare la guerre à l’Empire de Judas d’Uobmab et les myriades d’armées sous sa coupe en vertu de l’engagement verbal d’une régente qui - je cite- irait «réfléchir à une proposition qui puisse répondre aux besoin de notre peuple ». Était t’elle seulement sérieuse ou avait t’elle enfilé le couvre chef à grelot du fou du roi pour présumer qu’une telle proposition pourrait trouver une issue favorable ?

« Outre le fait que vous semblez être plein de certitudes Conseiller d’Eruxul, vous semblez oublier que la situation de nos deux royaumes n’a rien d’analogue. Si nous avons perdu le versant occidental de Narfas, nous l’avons défendons vaillamment au cours d’une longue guerre sanglante qui a retardé durablement l’expansion de l’Empire d’Uobmab. On ne peut en dire autant de tout le monde. » siffla t’il en observant le Chef des armées de Lieugro.

« Toutefois vous avez raison, je crois également que nous sommes à même de trouver une proposition à même de satisfaire les parties »  

« Les promesses et les paroles n’ont de valeur qu’aux yeux de ceux qui veulent bien les croire. » lança t’il à l’endroit du pseudo engagement oral de la régente.  

« Nous ne pouvons résolument consentir à vous fournir une aide militaire et former une coalition de pays alliés contre d’Uobmab sans des contreparties solides et actées dans un accord formel. Aussi, je vais être clair et faciliter votre prise de décision. J’ai ici avec moi un protocole d’accord préétabli quant à une hypothétique collaboration avec Lieugro. » lança le prêtre en mettant sur la main sur l’acte dûment préparé auprès d’un garde qui le lui remettait.

« La seule question est de savoir combien. »

Il laissa planer un silence long et pesant pour se délecter de la stupeur qui ne tarderait pas à naître dans les iris acérés de la régente de Lieugro.

«Je vous l’ai dit. Le Clergé fera tout ce qui est en son pouvoir pour parvenir à un accord. Si vous et vos nobles refusez toute fécondation par nos semenciers assermentés, d’autres femmes devront pourvoir au caractère sacré de cette mission. Il incombera aux femmes de Lieugro de donner vie aux futurs enfants de Narfas. La seule variable qui reste à définir est combien. 20 000 ? 50 000 ? 100 000 ? A la destinée de combien de femmes consentez vous fixer l’avenir de Lieugro ? »

Post V - 1308 mots


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Jil
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Jil
Dim 21 Mai 2023, 15:01


Poliment, Anthonius acquieça. Il visualisait très bien ce qui avait dû se passer. Comme n’importe qui, ils avaient leurs affinités avec certains membres de leur suite, des gardes, amis ou proches, mais leur statut de noble les obligeaient à en être séparé pour les formalités diplomatiques telles que ce petit interlude. Il ne se faisait pas d’illusion sur la raison qui avaient poussé sa mère la reine à les regrouper : c’était déjà une manière de se débarrasser d’eux formellement pendant que d’importantes discussions devaient avoir lieu, mais c’était aussi l’occasion peut-être de former des liens avec les enfants de potentiels alliés. Ils discutaient peut-être déjà mariage et dot, supposa le Prince en grinçant les dents derrière son sourire affiché.

— « Cela ne sera pas un problème, je vais les faire appeler. N’hésitez pas à formuler vos demandes si vous en avez ; je me ferai une joie d’y obliger. » Il eu un petit rire : « Oh, je ne sais pas si je serais un excellent guide, mais je connais les chemins et les petites voies du château, c’est déjà ça. Je suis certain que vous serez ravis par nos jardins. »

On frappa brièvement à la porte, qui s’ouvrit pour laisser entrer le fils de la Cheffe des Armées, Adolphe, ainsi qu’un des médecins de la suite royale. Ce n’était pas la première fois qu’il échangeait avec le premier, à qui il adressa un salut de la tête. L’homme de science, quant à lui, s’excusa rapidement avant de commencer à entrainer ses invités de part et d’autre de la pièce, comme si elle n’était pas présente, ce qui, non content de donner une image bien pauvre de leur hospitalité, mettait Anthonius dans une position désagréable. Le prince de Narfas donna rapidement son accord de la main, sans que celui-ci ne soit vraiment attendu par aucun des participants présents. Elle nota le visage du médecin. Adolphe, de son côté, ne semblait pas plus gêné, en filant directement en direction de Rosette. Bien sûr, il devait suivre les instructions de sa mère, mais tout ce petit monde laissait Anthonius perché au milieu de la pièce, avec rien de mieux à faire que d’attendre, lèvres pincées. Ç’aurait été l’un de ses grands frères à sa place, nul doute qu’ils auraient attendu l’autorisation de ce dernier avant de mettre ne serait-ce qu’un pas dans la pièce. S’ils pensaient qu’il était trop jeune pour mériter la déférence, ils risquaient d’être amèrement surpris.

Elle prit son mal en patience. Une part d’elle savait que c’était la fierté qui parlait ; bien sûr, s’assurer qu’aucun de leurs invités n’était porteur d’une maladie était de prime importance. Et ils voulaient probablement vérifier si Rosette n’était pas enceinte au passage – dieux qu’elle était agacée par cette obsession. Seule dans l’antichambre, elle s’accroupi pour jeter un œil à la table basse. C’était une belle œuvre, gravée et assemblée par l’un des meilleurs artisans du royaume. Elle reconnaissait la patte d’Ulysse Marcianori, il n’utilisait aucune vis ou colle pour faire tenir ses pièces, mais un ingénieux système qui rappelait par bien des aspects les puzzles qu’on lui offrait quand elle était plus jeune. Une merveille. Elle était à deux doigts de retourner la table et d’en démonter les pieds ici et maintenant. Pourtant elle se redressa, et continua d’attendre, en silence.

La consultation s’éternisa, et Anthonius commençait doucement à bouillir. Est-ce qu’ils partaient du principe qu’il n’avait que ça à faire ? Quand ils reparurent enfin, il était difficile de ne pas remarquer la proximité entre Rosette et Adolphe. Oh ça, non, lui ne perdait pas de temps. Dernière goutte d’eau, ce fut la jeune noble étrangère qui annonça fièrement que le fils de Tamara allait les accompagner en tant que « protecteur ». De mieux en mieux, après avoir été interrompu, ignoré et laissé pour compte, maintenant c’était son invitée qui décidait de la marche à suivre. Anthonius grinça des dents avec un sourire forcé en direction de son ainé de quelques années :

— « Splendide, je vois que vous avez eu le temps de faire connaissance malgré votre examen médical. J’espère qu’il s’est bien passé, j’ai crû un instant que vous aviez fait un malaise. »

Tout en désignant de la main la porte qui menait aux couloirs, il poursuivit :

— « Je vous propose de commencer par les jardins. J’ai moi-même besoin d’un peu d’air frais, et je suis presque certain qu’on y trouve moins de médecin que dans nos salons. » Puis, à la destination du praticien : « À moins que vous ne vouliez aussi vous inviter ? »
Résumé et mots :


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Min Shào
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Min Shào
Dim 21 Mai 2023, 15:14

Les portes - Chapitre V
Lénora


Childéric m'avait propulsée dans un tourbillon de sensations à la fois charnelles et mentales. Il m'avait retournée, bousculée, puis laissée comme ça, haletante et confuse. Mes lèvres étaient brûlantes et sèches. Mon corps tremblait et j'en ignorais la raison : était-ce la peur, l'excitation, la frustration ? Je retrouvais des sensations enfouies depuis longtemps, certaines plus agréables que d'autres.

« Ne... le sois pas », avais-je formulé doucement comme seule réponse, incertaine qu'il m'ait réellement entendue. C'était comme s'il m'avait prise pour quelqu'un d'autre. Adénaïs devait lui manquer. Son attirance pour elle n'était pas un secret, mais j'avais peut-être sous-estimé leur degré d'intimité. *J'ai été stupide*, avais-je soudain réalisé. Quelque chose s'était brisé en moi quand il avait pris ses distances. « Je... » *venais pour vous* avais-je achevé, impuissante.

Une voix m'avait privée de reprendre le contrôle de la situation. Les actions s'étaient enchaînées si rapidement que je n'avais eu l'occasion de réagir à aucune d'elles. Quand il s'était retourné, l'ivresse avait laissé place à une sévère amertume. Mes yeux tombèrent sur l'eau fumante du bain et mes derniers vêtements complètement trempés. Mes poings se serrèrent sur mes jambes. Mes ongles griffèrent ma peau ramollie par la chaleur. Malgré mes efforts, en définitive, j'étais toujours impuissante et à la merci des volontés des nobles. Ma situation me paraissait insoluble. J'avais épuisé toutes mes options.

Je relevai néanmoins la tête en entendant une voix lointaine s'adresser à moi. Ma conscience fut happée par le ton brut et autoritaire de sa propriétaire. « Bonjour », eu-je le réflexe de répondre à la phrase d'accroche de la femme. Ma voix était neutre. Après le chaos, un silence s'épanchait dans mon esprit, comme le vent qui chutait après une tempête, seulement dérangé par des miettes d'excitation primaire. « Je vois que je suis privilégiée, aujourd'hui », lançai-je distraitement, encore en train de rassembler mes pensées.

Avant même qu'elle ne pipe mot, il aurait suffi de jeter un œil à la carrure de la femme pour décliner son identité. Tamara D'Epilut était sujette à de nombreux racontars et surtout, ses traits étaient familiers à ceux de son fils que j'avais rencontré plus tôt. Il avait clairement de qui tenir. Face à son absence totale de filtre, je me surpris à sourire. Plus rien n'importait, désormais. Je ne ressentais plus aucune gêne, comme si Childéric m'avait dépourvue de toute fierté. Tamara en avait été témoin et je n'avais plus grand chose à sauver. « J'aimerais bien », répondis-je d'un ton aussi léger que le sien. « Mais il en aime une autre. Je ne peux donc pas vous répondre, mais vous pourriez vérifier son gabarit par vous-même », provoquai-je.

J'entrepris d'ôter mes vêtements mouillés et de les poser négligemment au sol en ignorant sa dernière question, plutôt que de jouer l'offusquée. De plus, elle était la femme la plus puissante du Royaume et je doutais que m'écraser ait des conséquences souhaitables. « Voilà, il me semble plus décent de m'ajuster à votre tenue », justifiai-je sans aucune gêne. J'aurais pu hausser un sourcil en entendant cette femme parler ainsi du Grand Prêtre, mais les deux avaient une réputation qui leur précédait. Gaspard D'Epilut était quelqu'un que j'éviterais comme la peste durant mon séjour.

« Les hommes sont décevants », me plaignai-je en me détendant dans le bain. Je levai légèrement le menton et contemplai les lents mouvements de buée, songeuse. « Je vous conseille de tester autre chose, vous pourriez y trouver votre compte. De là où je viens, c'est une chose courante », ajoutai-je comme pour me justifier. Je me surpris moi-même de ma glissade et me mordis la joue intérieure. Soudain, notre conversation fut interrompue par une tierce personne. Je la laissai déblatérer et jaugeai les réactions de Tamara du regard. « Je suis Lénora », répondis-je simplement, en comprenant que la Cheffe des Armées avait une réponse déjà au bord des lèvres. J'attrapai une savonnette et me rappelai soudain de ma fonction supposée. « Souhaitez-vous mon aide pour vous laver, Dame D'Epilut ? » Initiai-je, d'une voix plus formelle.

Mots : 727

Je suis la confusion !
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Dim 21 Mai 2023, 15:17

narfas - | Les Portes Chapitre V - L'arrivée à Narfas | - Page 6 Lisa-b10
Image : 2ha - Mo Ran to the Underworld by Lisa Buijteweg
Les Portes : L'arrivée à Narfas
Hikoutei - King Gnu


Rôle - Balthazar De Narfas:


La réponse de la régente ne tarda pas à tomber, aussi tranchante que la lame d'un couteau bien affuté. Malgré l'inflexibilité qui durcissait ses paroles, je ne flanchai pas devant les critiques qu'elles nous adressaient, murant soigneusement mes émotions derrière une expression stoïque que je conservai également lorsque le Conseiller d'Eruxul prit à son tour la parole. Sa voix attira machinalement mes pupilles dans sa direction, tandis que je prêtais l'oreille à ses propositions, nullement troublé par la présence du Chef des Armées, Childéric d’Ukok, qui s'était présenté à l'intérieur de salle des négociations. Une étincelle s'était allumée au fond de mes yeux à l'instant où Lambert glissa le titre de « Sa Majesté » en référence à sa collègue, avant de se volatiliser comme si de rien n'était. En réalité, j'étais un peu étonné par le choix de mots qu'il avait employé : l'ami loyal de Montarville déclarait ouvertement son soutien à l'égard de Garance de Lieugro? C'était plutôt inattendu, même en dépit des circonstances. Dès le départ, j'avais su que nos conditions seraient inévitablement destinées à devenir source de controverses auprès de nos invités, et ce, peu importe la façon dont nous aurions ficelé notre discours afin d'accroître son niveau d'acceptabilité. J'étais suffisamment familier avec les mœurs de Lieugro pour comprendre que les différences culturelles qui existaient entre nos Royaumes représentaient un fossé qu'il nous serait sans doute impossible à combler, d'autant plus que la religion occupait une place prépondérante dans la sphère politique de Narfas. Obliger des femmes à porter des enfants en échange d'une promesse d'hospitalité n'était pas une mince affaire – loin de là, mais la situation démographique qui affectait notre nation l'était plus encore. Les représentants de Lieugro insistaient pour se mettre d'accord sur un compromis moins scandaleux que celui que nous leur proposions, mais quelle autre entente pourraient-ils nous soumettre qui permettrait à la fois de satisfaire leurs attentes et les nôtres? À première vue, nos intérêts me semblaient difficilement conciliables : même si le désir de rassembler une armée pour contrer l'expansion de l'Empire d'Uobmab constituait un point commun, je doutais que cela s'avère suffisant pour nous convaincre de renoncer à nos plans. Rien ne nous garantissait que l'opération d'ensemencement rencontrerait le résultat escompté, mais tant que nos chances de succès demeuraient supérieures à zéro, nous étions prêts à miser sur ces dernières, aussi infimes soient-elles. En revanche, il y avait également du vrai dans les arguments que faisait valoir Lambert, à savoir la nécessité de paraître soudés; une image qui avait malheureusement perdu en crédibilité dès que le ton s'était mis à lever.

Je jetai une œillade en direction du Grand Prêtre qui, face à mon silence, s'était promptement emparé des rênes de la conversation. Il était évident que ce dernier tirait un certain plaisir à tourner en dérision le coup d'État qui avait entraîné la chute Lieugro entre les mains du Royaume d’Uobmab, mettant ouvertement en doute la compétence des dirigeants avec lesquels nous échangions. La tension qui nous opposait ne pouvait être plus palpable, mais l’homme ne semblait pas s’en soucier, poursuivant sa tirade qui s'étendit sur plusieurs minutes avant de s'interrompre sur une note tendue. Ce fut le moment que je choisis pour intervenir, pressentant l'émergence de nouvelles protestations : « Ça suffit. » Ma voix avait tonné pour s'imposer à travers le silence. « Ce n’est pas en continuant ainsi, à nous quereller sur nos points de dissension, que nous réussirons à atteindre un consensus. » J’inhalai doucement une bouffée d’air au creux de mes poumons avant de poursuivre sur une intonation similaire : ferme, sans pour autant être cinglante. « Puisque vous vous opposez tous les deux à nos conditions sous leurs formes actuelles, commençai-je en fixant Lambert, je vous inviterai à nous faire part des modalités d'une éventuelle proposition revisitée. Si celles-ci nous paraissent satisfaisantes, nous pourrions envisager d'amender notre accord en vertu des clauses que toutes les parties auront consenti à annexer, à modifier ou à abroger. » Je fermai brièvement les paupières, puis les rouvris lentement en dardant mes iris cristallins sur le visage de la régente : « Je vous écoute. »

✠ 750 mots

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Kyra Lemingway
~ Déchu ~ Niveau III ~

~ Déchu ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 4880
◈ YinYanisé(e) le : 22/03/2016
◈ Activité : Tenancière (rang I) ; Négociatrice (rang I) ; Reine du monde des contes à mi-temps
Kyra Lemingway
Dim 21 Mai 2023, 18:10


Les Portes V

Son sourire s'esquissa en un mince rictus lorsque Zebella supposa son vécu. « Nous sommes nombreuses en ces terres à vivre ceci. Certaines éprouvent l'absence mieux que d'autres. » répondit ainsi Pénélope, son germe d'amertume se déployant un peu plus dans sa poitrine en songeant à sa propre position. N'y aurait-il pas eu cette histoire de mariage, elle se serait très bien accommodée à la vie en cette région du monde. Cependant, en l'état actuel des choses, elle crachait plutôt sur le royaume dans son entier — plus particulièrement sur la religion et ses fervents ainsi que sur Tamara — pour l'avoir mise dans cette situation. Elle tourna légèrement la tête, de sorte à pouvoir voir le rouquin, toujours à leur suite, du coin de l'œil. « Peut-être aurait-il été plus commode et poli de demander à pouvoir nous tenir compagnie plutôt que de nous suivre en silence comme un traqueur. » fit-elle à son adresse en se tournant légèrement vers lui. Si elle se montrait en partie insolente, elle était surtout agacée. Ces étrangers prenaient bien trop leurs aises alors qu'ils n'étaient qu'exilés. Parce qu'ils étaient de noble ascendance, ils considéraient avoir tout droit de s'imposer sans à se soucier de l'avis des résidents ? C'était cela ? Ça n'aurait été qu'elle, ils auraient dormi sur le pas de la porte pour servir de paillasson. Son attention se reporta sur Zebella. C'était amusant comme la personne la plus calme du trio était celle que l'on attendait normalement voir faire des vagues. « Vous savez, je crois que nous avons bien plus matière à discuter que vous ne l'imaginez. » reprit-elle à son endroit, songeant, par exemple, au fait de se voir promis à marier à son frère. Quand bien même elle ne partageait pas le sang de Gao, leur cas demeurait similaire. Son entente avec la régente de Lieugro se limiterait tout de même à la distance qu'elle maintiendrait avec son fiancé. Elle ne tolèrerait jamais qu'il posât ne serait-ce que le doigt sur l'une des étrangères du convoi de Lieugro. Il lui était déjà difficile de supporter le savoir entre les bras des nobles de ce pays pour qu'elle accepte également devoir le savoir au lit avec l'une de ces réfugiées. « Ou contre Narfas. » supposa Pénélope. Elle ne doutait pas que la petite-fille de celui qui a jadis envahi une partie du royaume puisse avoir valeur de trésor de guerre. Jamais le gouvernement ne marchanderait avec Judas, elle en était persuadée. Encore moins pour récupérer une terre qui ne leur appartenait pas. Cependant, céder une femme à Narfas était la certitude d'avoir son ticket d'entrée pour s'installer ici sans avoir trop d'ennuis.

Pénélope sourit, avenante, au remerciement de sa vis-à-vis. Un mot attentif de la part d'Uobmab était toujours une chose à prendre sans trop discuter tant ils devaient être rares. Qui plus est, il y avait dans ce genre de parole une forme d'obligation à son égard. Une dette de liberté. Sans compter qu'il y avait des gens qu'il valait mieux avoir avec que contre soi et la lignée Uobmab était de ceux-là. Tandis qu'elle ouvrit la porte menant à la salle d'eau, y invitant la demoiselle, Pénélope jeta un regard critique à Ludoric. « Y a-t-il possibilité de pouvoir avoir un minimum d'intimité ? ». Sans attendre de réponse, elle referma la porte sur elle, forçant le garçon à demeurer derrière. Elle put ainsi concentrer son attention pleine et entière sur la personne de Zebella, prenant le temps de supposer son caractère et ses défauts de ce qu'elle pouvait voir et entendre d'elle. Un pli crispa le coin de sa lèvre lorsqu'elle commença à évoquer la filiation entre les frères d'Éesnep et elle. Elle n'eut pas l'occasion de pouvoir répondre, tournant les talons au vacarme qui arrivait depuis le couloir avant d'à moitié faire exploser la porte. Elle fut alors incapable de dire quoi que ce soit tant la surprise était grande en voyant le bataillon débarquer dans sa salle de bain. « Peut-on savoir qui vous a autorisé à pénétrer ma demeure ainsi ? ». Avec la délicatesse d'un buffle, aurait-elle voulu ajouter, particulièrement irritée de cette nouvelle intrusion. La seule réponse qu'elle obtint fut un regard méprisant et quelques mots secs résumant le contenu de la missive tendue que Pénélope lut en diagonale. « Nous sommes présents sur ordre de sa Sainteté Gaspard d'Épilut. Le Grand Prêtre exige qu'un contingent prenne la charge de la surveillance de Zebella d'Uobmab, au nom du bien commun et de la sécurité de chacun. ». Gaspar ? Jésabelle avait-elle autorisé cette "exigeance" ou avait-il agi de son propre chef comme un enfant capricieux ? Cela ne l'étonnerait pas vraiment, le concernant. D'une certaine façon, ses agissements camouflaient à merveille le rôle de la Grande Prêtresse, quoiqu'ils pussent parfois être discutables. « Qu'importent les ordres, cela ne vous aurait rien coûté, au pire quelques secondes, de frapper à la porte avant. » grogna tout de même la brune. Si elle devina l'ire de la soldate à laquelle elle répondait sans prendre de gants, elle savait être dans le juste et, pour cela, craignait peu qu'on ne l'interpellât. Elles n'avaient pas de raisons valables pour ça. Son regard se déporta finalement sur Zebella à qui l'on remit les fers. Ceux-là, elle aurait bien plus de difficulté à les lui retirer. « Simple curiosité : puisque vous avez été envoyé pour veiller à la surveillance de Dame Uobmab, comptez-vous également coucher sous ce toit ? ». Si tel était le cas, elle préférait encore trouver un lit ailleurs plutôt que subir ces présences indésirables. Elle ne voyait déjà pas d'un bon œil ni la présence de Ludoric, ni de Clémentin — le cas de Zebella était trop particulier pour qu'elle l'inclut aux ressortissants Lieugro — pour pouvoir accueillir en plus ces soldates la bouche en cœur. L'intonation de la moquerie lancée par Zebella, à l'intention de Ludoric, fit tilter Pénélope qui porta son attention sur le rouquin. Elle plissa les yeux en constatant cette seconde où il se trouva décontenancé face à la réplique de la Reine de Lieugro. Un secret devait se cacher sous ce sous-entendu. Lequel précisément ? « Cher Placide ? Curieux, je vous pensais plus proche de ce Clémentin que de Placide de Lieugro. Je m'étais d'ailleurs figurée que c'était pour cela qu'il ne se trouvait pas avec le reste des domestiques de votre royaume. » déclara-t-elle dans l'espoir de déclencher quelque chose chez le garçon en répétant ces noms.
©gotheim pour epicode


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avatar : Astri-Lohne


La fête va enfin commencer, Sortez les bouteilles, fini les ennuis

Vive les pionniers, Les rebelles et les révoltés

 (:KYRA:)  :
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