Siruu Belhades ~ Sorcier ~ Niveau III ~ ◈ Parchemins usagés : 2360 ◈ YinYanisé(e) le : 06/12/2015
Dim 30 Avr 2023, 09:42
Il y eut une légère décharge électrique, imperceptible pour les autres et pourtant bien ressentie par Melchior. Prenant sa source dans le bas de son dos, elle traversait sa colonne vertébrale à une vitesse fulgurante jusqu’à atteindre sa nuque, pour finir sa course dans son crâne. Seule une personne pouvait être à l’origine d’une telle réaction chez le marchand. Il avait toujours trouvé que Pénélope était trop chiche de compliments à son goût. Il se rassurait en se disant qu’elle ne pouvait pas se permettre de couvrir son beau-frère de trop de louanges, mais qu’elle n’en pensait pas moins.
Alors, quand un éloge sortait enfin de ses lèvres, il ne pouvait s’empêcher de frémir. Melchior se réjouissait presque de ne pas lui faire face car, dans ces moments-là, sa beauté était presque douloureuse à observer. L’aimait-il vraiment ? Ce n’était pas si simple que ça. Deux éléments démultipliaient l’attirance qu’il ressentait envers Pénélope : les compliments, et savoir qu’elle était vouée à épouser son frère. Il préférait ne pas trop songer aux origines de ce second facteur.
Après une longue inspiration, il se retourna, théière en main. Sa belle-sœur venait de lui faire une remarque légèrement mordante. Il n’aimait pas les gens provocateurs – et c’était bien l’adjectif décrivant le mieux Pénélope, mais elle était une exception. Il lui offrit un sourire avant de se rapprocher. « En effet, avoir une seconde tasse de thé est un privilège que je réserve à mon frère. » Il resservit Pénélope, prenant soin de ne pas la regarder dans les yeux pour ne pas rendre ce moment trop solennel. « Mais pour vous, c’est plutôt un droit fondamental. » Il adorait parler de droits fondamentaux avec les femmes. Elles en avaient tellement et ne se faisaient pas prier pour en abuser.
Melchior s’empêchait de grincer des dents. Techniquement, ce qu’il venait de dire n’était que de la flatterie de bas-étage, mais il ne voulait pas donner l’impression d’être trop familier sa belle-sœur. Alors, son regard se rabattit enfin sur Gao. C’était injuste. Même avec une tête recouverte de mixture colorante, il avait tout d’un don juan. Malgré sa jalousie, Melchior n’allait pas jusqu’à souhaiter que son jumeau se noie dans son eau de rinçage. L’idée lui traversait l’esprit de temps en temps, mais il la chassait bien vite, se sentant coupable d’avoir des accès de rage aussi disproportionnés à l’égard d’un homme dont il partageait le sang. D’autant plus que ce dernier venait de lui faire une proposition tout à fait alléchante.
Pénélope avait raison : ces échantillons pourraient populariser ses thés en popularité auprès de la noblesse et, par effet domino, aux petites gens du royaume. Ce serait très bon pour les affaires, et sa réputation nouvellement acquise lui permettrait de faire augmenter ses marges. « Votre proposition ne pourrait pas venir à un meilleur moment. Comme vous le savez, les nouveaux mélanges sur lesquels je travaille sont particulièrement onéreux. Ils nécessitent des fruits exotiques importés de contrées lointaines, et plairaient probablement à un palais plus raffiné. » Les thés au litchi et au yuzu étaient communs, mais la canneberge et l’amélanche commençaient à gagner en renommée. « Savez-vous quels mélanges de thés pourraient satisfaire les goûts de ces dames ? Je mettrais les échantillons dans des contenants dignes de ce nom. » Il ponctuait sa phrase en resservant son frère.
« De toute façon, vous êtes le genre de personne qui n’a pas besoin de mots pour vendre. » Force était d’admettre que son frère serait un outil de communication plus efficace que n’importe quel texte publicitaire placardé au panneau d’affichage de la ville. La plume est plus forte que l’épée, mais le pénis de Gao est plus fort que la plume. Finalement, ce n’était pas si mal. Melchior ne refusait jamais une opportunité de gagner davantage d’argent. Il avait déjà accumulé des économies, mais savait que le jour où il devrait casser la tirelire ne saurait tarder.
« Quant aux étrangers, je prévoyais de me présenter à eux, dans les jours prochains. » Il espérait que ces gens-là aient un impact sur leur nation. Ils étaient un grain de sable qui avait le potentiel de torpiller tout le mécanisme. Néanmoins, leur présence pouvait aussi être de mauvais augure. S’ils étaient utilisés comme bouc-émissaires, les hommes de Narfas risqueraient de se concentrer sur eux au lieu de s’interroger sur le fonctionnement absolument aberrant de leur nation. Melchior ne pouvait qu’espérer que cette vague d’immigration ait un dénouement positif. « Et j’imagine que vous serez également amené à les rencontrer sous peu. » Après tout, la profession de semencier et l’arrivée de ces étrangers étaient liées à une même cause : la crise démographique. Finalement, le marchand n’était peut-être pas le plus gros opportuniste de la famille.
790 mots.
Résumé & Rôle - Melchior:
Melchior ressert ses invités et leur répond. - Le commerçant - Melchior D'Eésnep Background : Melchior est un noble et jeune commerçant d'une vingtaine d'années qui s'est installé il y a quelques mois à son compte, en reprenant l'affaire de ses parents, disparus au-delà des frontières de Narfas durant l'un de leurs nombreux voyages. Il est le faux jumeau de Gao. Comme tous les hommes, sa conduite lui est normalement dictée par une femme. Néanmoins, celle qui s'occupait de régenter sa vie jusqu'ici a disparu en même temps que ses géniteurs. Elle s'appelait Usélianne. Pour l'instant, Melchior attend qu'une nouvelle femme soit élue afin de diriger son existence. Il n'est pas pressé. À vrai dire, bien qu'il n'ait commencé son activité que depuis peu, il a déjà rencontré un certain nombre d'hommes qui pensent exactement comme lui, à savoir qu'il est grand temps de dégager toutes ces femmes du pouvoir. Révolutionnaire dans l'âme, il a commencé à participer à des actions discrètes pour renverser les choses. La seule femme qui a de l'importance pour lui n'est autre que Pénélope, celle qu'il doit considérer comme sa sœur et qui a été promise à son jumeau. Il en est amoureux depuis longtemps. Situation matrimoniale : Célibataire Liaison : Il aimerait bien coucher avec Pénélope et, dans ses rêves, l'épouser. Amitiés : Ceux qui embrassent la cause masculine. Inimitiés : Sa relation avec Gao est compliquée du fait de leurs positions politiques opposées. Il aimerait que son frère s'investisse plus dans la cause masculine. Les femmes. Position quant à la présence de Lieugro : Favorable. Il aimerait qu'une guerre éclate car les guerres sont toujours de bonnes opportunités pour certains types de commerce. Il espère s'enrichir par ce biais.
Dernière édition par Siruu Belhades le Dim 30 Avr 2023, 19:07, édité 1 fois
Kaahl Paiberym ~ Sorcier ~ Niveau VI ~ ◈ Parchemins usagés : 4149 ◈ YinYanisé(e) le : 25/06/2015◈ Activité : Professeur
Offrande ou tribut, le constat sonnait de la même manière : il y aurait des viols, comme pour toutes ces femmes qui étaient retirées à leur famille pour finir mariées de force aux hommes de Narfas. Je le savais parfaitement, pour organiser lesdits enlèvements. Ils étaient une question de survie et je le comprenais. Dans le cas inverse, j’aurais très certainement refusé de les pratiquer. À Narfas, les femmes étaient censées être puissantes mais elles devaient parfois enfanter à en crever. Quelle puissance y avait-il là-dedans ? Quelle puissance y avait-il à devoir regretter la naissance d’un garçon au lieu d’être inondée de joie à la vue de son propre bébé ? La naissance d’Adolphe avait été un déchirement. Les hommes n’avaient aucune valeur si ce n’était pas le biais de leur sperme et de leur force physique. Ils étaient trop nombreux, à s’entasser comme une foule contre le bois dur de la porte close d’une cité en feu. Mathématiquement parlant, nous aurions pu procéder à une épuration des mâles depuis bien longtemps. Néanmoins, je n’aurais pas souhaité accoucher d’une fille pour autant. Mettre au monde une fille, c’était être condamnée à la voir enfanter encore et encore, c’était être condamnée à devoir lui apprendre que la gloire de Narfas passait par le sacrifice de son ventre. Elle aurait été puissante, aurait eu un réel pouvoir sur les hommes mais le prix à payer aurait été trop important. La puissance de la Mère, quelles foutaises ! « Peut-être. » répondis-je.
« Pour le moment, rien de précis. Elle aurait fui vers un autre Royaume. Elle est en vie, c’est déjà ça. » En vie mais loin. Mettre la main dessus nécessiterait probablement quelques arrangements politiques et diplomatiques. Il valait néanmoins mieux pour elle qu’elle ne fût pas rapatriée à Narfas. Malgré son statut de Princesse, elle n’en restait pas moins une étrangère. Les Dieux seuls savaient ce que Jesabelle pourrait exiger d’elle en termes de rendement, ni à qui elle pourrait bien la marier. « Je vous en dirai plus une fois que j’aurai les informations exactes. » Il valait mieux pour Adolestine qu’elle orchestrât l’illusion de sa propre mort. Libérée de la vie, débarrassée de son nom, elle pourrait alors pleinement exister. Nul doute que d’Uobmab chercherait à l’éliminer, à moins que Judas ne comptât sur ses enfants, ou plutôt son enfant Roi, pour s’en occuper pour lui. Je n’aimais pas songer à lui. Sa façon d’annoncer crument ses intentions était à la fois détestable et plaisante. La première fois que nous nous étions affrontés, il m’avait dit tout naturellement que lui et moi finirions par coucher ensemble. Je lui avais ri au nez entre deux coups. Pourtant, le soir même, alors que je soignais mes plaies, sa phrase n’avait eu de cesse de me hanter. Adolphe était là aujourd’hui pour me rappeler ma faute. Parfois, je songeais que le fait qu’il devînt eunuque était un bon moyen d’éviter aux gènes du tyran de se propager. Néanmoins, j’aimais mon fils et je ne souhaitais pas qu’il se fermât des possibilités si jeune. Il regretterait peut-être, ensuite. Les eunuques de l’armée étaient nombreux à regretter. Quinze ans, c’était trop jeune pour décider de renoncer à jamais à la paternité, pensai-je, en le regardant revenir, après avoir soulagé sa vessie. Loin était le temps où il faisait encore pipi dans ses langes. Le fait qu’il restât campé sur son objectif d’intégration de l’armée m’inquiétait. Avait-il au moins un jour éprouvé du désir pour une fille de son âge, malgré leur rareté ? Je tournai les yeux vers lui et lui lançai une gourde avec une espièglerie que je tentai de dissimuler. Elle ne contenait pas de l’eau mais un alcool particulièrement corsé. « Tiens, bois, ça te fera du bien. » lui dis-je. Il paraissait trop tendu à mon goût, comme s’il était en train d’envisager de tuer ces étrangers.
Notre échange fut néanmoins interrompu par l’arrivée d’un cavalier. Je fixai le garçon. Il devait avoir l’âge d’Adolphe. Peut-être légèrement plus âgé. Il paraissait ne pas appartenir à la noblesse. Je haussai un sourcil, attendant qu’il accouchât de mots. Une fois qu’il les eût prononcés, je profitai de l’invitation. Je m’approchai, l’attrapai par le bras et le tirai de manière à le faire tomber de cheval, sans pour autant qu’il ne s’écrasât par terre violemment. Je m’accroupis à côté de lui. « Bien, Clémentin. Je compte sur toi pour être bien sage en mon absence. Je réquisitionne ton cheval. » Il semblait impétueux, une qualité qui m’avait toujours plu chez les hommes. Dommage qu’ils fussent tous réduits à l’état de vermisseaux à Narfas, des êtres faibles, incapables de se rebeller, incapables de lutter. Au fond, j’espérais avoir élevé mon fils de façon à le rendre capable de faire entendre sa voix et ses droits. En pratique, je doutais d’y être parvenue. Il était borné dans ses idées mais celles-ci se conformaient au moule établi pour lui par la société. J’enfourchai le cheval. « Je pars devant constater l’état du convoi. » dis-je simplement, avant de lancer la monture en direction des réfugiés. Je m’arrêtai pourtant à mi-chemin, lorsque je croisai deux autres personnes : un homme et une femme. « Si vous cherchez le garçon tumultueux, il est actuellement avec la sœur de la Reine et mon fils. Vous devriez vous dépêcher, elle pourrait être tentée de le dévorer. Elle adore la chair fraîche. » Je souris, leur fis un clin d’œil et repartis. J’aurais pu leur demander des informations mais ne le fis pas. Je préférais mon petit effet. J’étais la Cheffe des Armées, pas une putain de politicienne ou de diplomate.
Une fois le convoi atteint, je rejoignis un soldat de Narfas afin qu’il me fît état de la situation, notamment de l’état général des femmes. Il me fit vent du dernier événement en date. « Elle a vomi ? » « Oui. » « Est-elle enceinte ? » « Personne ne semble avoir évoqué l’hypothèse mais elle est proche d’un garçon qui voyage avec elle alors ce ne serait pas impossible en théorie. En pratique, le sexe avant le mariage ne fait pas partie de leurs mœurs. » « Oui oui. » Comme si les bonnes mœurs bridaient le comportement des adolescents. Dommage que cette règle semblât s’appliquer à tous sauf à mon propre fils.
1058 mots Je suis parti du principe que Lénora était avec Childéric
Eméliana - Tamara:
Background : Tamara est la Cheffe des Armées. Seule femme à avoir officiellement du pouvoir à Narfas, ce pouvoir lui vient du Livre Sacré lui-même qui évoque le secret pour toutes les fonctions hormis celle de la femme vouée à guider les soldats au combat. L'armée est, également, majoritairement féminines. Elle est la seule voie de salut offerte par la Religion pour les femmes ne désirant pas ou peu d'enfants. Les hommes en faisant partie sont tous eunuques car leur semence est jugée impure et portant malheur. Un jeune soldat doit donc finir son entrainement militaire par l'ablation de ses testicules. Malgré son statut, Tamara a eu un enfant, un garçon qu'elle chérit. Ce dernier désire emprunter la même voie qu'elle et devra donc être condamné à la stérilité, chose que la Cheffe des Armées a beaucoup de mal à accepter. Elle préférerait qu'il renonce. Tamara est une femme de pouvoir et a un caractère bien trempé. Malgré l'illusion de leur puissance, la plupart des hommes baissent les yeux sur son passage. Elle est chargée - en plus de la défense du Royaume - d'organiser des rapts pour ramener des femmes à offrir au peuple. Elle se rend très souvent dans la partie ouest de Narfas, à la frontière avec Uobmab, afin de vérifier les fortifications. Elle n'en a jamais parlé car elle mourrait de honte à avouer avoir copuler avec l'ennemi mais son fils est le fils de Judas d'Uobmab. Officiellement, elle l'a eu avec un religieux, même si elle est réputée pour être une femme à hommes. La plèbe trouve étonnant qu'elle n'ait eu qu'un seul enfant jusqu'ici.
- La sœur de la Reine - Jésabelle De Narfas (Officieusement la Grande Prêtresse) Background : Jésabelle est la sœur aînée de la Reine. Mère de trois enfants mâles, elle les a envoyés à l'étranger afin qu'ils ramènent des femmes à Narfas. Comme chaque femme de la noblesse de son âge, elle a pu choisir d'arrêter d'avoir des enfants après le troisième. [Pour information, la génération des filles nobles suivant la sienne (environ 30 ans aujourd'hui) ne peut arrêter qu'au bout de cinq. Celle d'après (environ 10 ans aujourd'hui) ne pourra arrêter qu'au bout de huit. Quant aux femmes de la plèbe, elles ne peuvent pas choisir de stopper avant d'avoir accouché d'une fille, quitte à avoir dix-neuf garçons avant.] Au-delà de sa fonction de sœur de la Reine, Jésabelle fait partie des femmes de pouvoir du Royaume (comme le sont toutes les femmes de la noblesse, malgré l'obligation d'enfanter) puisqu'elle est la véritable tête religieuse, en d'autres termes : la Grande Prêtresse. Elle a largement contribué à faire de la société actuelle ce qu'elle est aujourd'hui, à savoir une société dirigée par les femmes, autour desquelles gravitent les hommes officiellement puissants mais officieusement dénués d'autres droits que celui de faire illusion aux yeux de la plèbe et des étrangers. Les préceptes de la Religion actuelle se basent en réalité sur la défaite plus ancienne du Roi de Narfas face au père de Judas d'Uobmab, Luce. Ce territoire reculé et sacré, perdu par les hommes, a provoqué la fureur des Dieux qui ont érigé un livre accessible qu'aux plus aisés, faisant des hommes l'échos seul des voix des femmes, en punition de leur orgueil durant la bataille qui les conduisit à leur perte. Ainsi, ces derniers se virent privés presque totalement du droit de créer des filles, portant sur leurs épaules la culpabilité de voir s'éteindre à petits feux leur propre peuple (car les hommes sont considérés comme les seuls coupables de la situation démographique). Leur impuissance de droit et de fait fut écrite en lettres dorées par les Dieux qui leur ordonnèrent de n'être que les pantins des femmes afin de garder l'illusion pendant que ces dernières, seules aptes à rétablir l'équilibre, dirigeraient le Royaume dans l'ombre, par leurs commandements et par leur ventre. La plupart des nobles acceptent aujourd'hui ce châtiment, après que Jésabelle ait fait exécuter les plus récalcitrants. Quant à la plèbe, loin de se douter des enjeux du pouvoir, elle est cependant éduquée pour donner à la figure de la mère une image sacrée et glorifiée, si bien que s'en prendre à une femme enceinte ou lui désobéir peut mener l'individu en prison ou au gibet, les hommes ayant peu ou pas de valeur du fait de leur surnombre. Néanmoins, bien que donnant du pouvoir à la femme, la Religion n'en provoque pas moins de nombreuses morts en couche. Les femmes sont donc tentées de cacher avoir accouché d'une fille afin de lui épargner le même traitement. Jésabelle est consciente de ce fait et traque les récalcitrantes, loin de se douter que l'une d'elle se trouve dans sa propre famille. Jésabelle est également à l'origine de nombreux rapts de filles ; des enfants ramenées à Narfas et adoptées soit par l'Eglise pour les hommes qui la composent, soit par des familles nobles pour servir d'épouse à l'un des fils de la même famille. Elle n'organise aucun rapt pour la plèbe personnellement. Situation matrimoniale : Célibataire ; elle a fait le choix de donner officiellement son corps à l'Eglise et a eu trois enfants de pères différents. Liaison : Non. Amitiés : Sa sœur, Wesphaline. Inimitiés : Non, même si elle n'aime pas beaucoup le Grand Prêtre qu'elle trouve malaisant. Position quant à la présence de Lieugro : Favorable. Elle espère convaincre les femmes de se marier avec les hommes de Narfas afin d'enfanter avec eux.
Jésabelle esquissa une mimique qui ressembla presque à un sourire, mais qui s'évapora presque aussitôt, tel l'eau ne subsistant pas face à l'aridité du désert. Adolphe n'était pas si idiot que ça, pour un homme. Il n'était encore qu'un garçon, mais malgré son jeune âge, les prémices d'un esprit affuté se dessinait dans son discours et son comportement. Rien que son désir de suivre les traces de sa mère témoignait d'une certaine intelligence. Là où les autres se battraient pour obtenir le droit de partager la vie d'une concubine, lui ne serait nullement dérangé par ces préoccupations. Il avait choisi la voie de la liberté, la seule qui était offerte aux hommes. En renonçant à sa masculinité, il cesserait, en quelques sortes, d'être un homme et de subir le fléau que ses ancêtres avaient fait échouer sur ses épaules. Il ne serait plus qu'un pion, se mêlant à la masse des soldats anonymes. Sa lignée lui prodiguerait peut-être un semblant de reconnaissance mais, au final, il deviendrait l'égal de ses frères. On n'exigeait plus d'eux d'accomplir un devoir de reproduction, on ne le punirait plus de ne pas avoir su donner une descendante à son épouse. Seule sa dévotion pour la nation importerait. La blonde se demanda un instant s'il s'agissait de l'amour pour Narfas, de l'admiration pour sa mère, ou du désir de s'extirper à sa responsabilité qui poussait l'adolescent à souhaiter rejoindre l'armée. Tant de lâches avaient choisi ce chemin avant lui. Desquels faisait-il parti ?
« Les réfugiés sont les bienvenus sur nos terres. » reprit la figure religieuse. « Malgré tout, je ne doute pas que les régents du convoi ont conscience de leur situation. En leur ouvrant nos portes et en leur donnant l'asile, c'est à nos frontières que nous menons la guerre. Un tel danger ne se prend pas par pure bonté d'âme : c'est à notre peuple que nous devons songer en premier lieu. » Le trio s'était remis en marche, lentement, pour gagner la cour vers laquelle ils se dirigeaient initialement. « La sœur de Feu Montarville a sans aucun doute murement réfléchi aux contreparties qu'impliqueraient leur séjour sur nos terres. » Si ce n'était pas le cas, elle le découvrirait bien assez vite.
La De Narfas fronça les sourcils en observant le garçon arriver au galop, coupée dans son monologue. Un messager ? Il était étrange qu'aucun de leurs soldats ne l'ait accompagné. Y avait-il eu un souci, si près du but ? La plus âgée du trio manqua de faire claquer sa langue contre son palais, visiblement contrariée par le discours de l'adolescent venu à leur rencontre. Il semblait sot : venir jusqu'à eux sans véritable information, et leur cracher la supposée faiblesse des femmes au visage. Sa présence devant eux n'apportait absolument rien, mis à part un manque de savoir faire protocolaire irrespectueux. Cela l'insupportait. Heureusement, Tamara le remis à sa place. La cheffe des armées s'éclipsa ensuite, laissant le trio dans une nouvelle configuration.
La Grande Prêtresse glissa un regard vers Adolphe. Elle ne dit mot mais ses prunelles traduisaient ses pensées : elle ordonnait muettement que l'adolescent aida leur impromptu invité à se relever. Une fois fait, la dame s'approcha du garçon, le toisant de la tête au pied, comme pour l'inspecter. « Bonjour, Clémentin. » commença-t-elle. « Je suis Jésabelle De Narfas, sœur de la Reine. » se présenta-t-elle avec le ton de l'ironie. Elle n'avait que faire des échanges avec un roturier. Mais de la sorte, il savait à qui il avait à faire et, surtout, comment il devrait se comporter. Les gueux devaient se plier aux nobles, ces mœurs là ne changeaient pas, même en dehors de leurs frontières. « Dis-moi Clémentin. » fit-elle en se retournant vers le convoi que l'on percevait au loin. « Tes supérieurs t'ont-ils chargé d'un véritable message ou n'as-tu simplement pas su te retenir de venir explorer le palais ? » La femme croisa les bras sur sa poitrine. « Le soleil cogne fortement, sur nos contrées. Plus d'un étranger a déjà succombé à la chaleur ambiante. D'autres, comme toi, perdent simplement le sens des convenances. » Jésabelle esquissa un sourire qui se voulait amusé, bien qu'elle ne l'était absolument pas. « Adolphe, très cher, accompagne notre invité pour qu'il se désaltère. » Des rafraichissements avaient été apportés dans un coin de la cour, pour que les plus déshydratés soient traités.
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Lyz'Sahale'Erz ~ Chaman ~ Niveau I ~ ◈ Parchemins usagés : 297 ◈ YinYanisé(e) le : 19/12/2019
Je lui souris. « Je compte sur toi. » lui dis-je. Mon ton sonnait plus comme un « C’est gentil à toi. ». Je ne l’obligeais en rien. Elle était à mon service mais je ne la considérais pas comme une domestique ordinaire. Peut-être même ne la considérais-je pas comme une domestique tout court. Certaines choses chez elle me paraissaient étranges. J’avais côtoyé bien des professionnels de maison et aucun ne lui ressemblait vraiment. Certains m’avaient servi, d’autres non. Les desseins d’Ezidor supposaient parfois que je me fondisse parmi eux pour qu’il pût obtenir un accès privilégié. J’aurais de toute façon tout fait pour de la drogue. J’avais tout fait. « Il faudra que tu prennes tout de même le temps de te reposer. » Mon sourire s’agrandit légèrement. « Je ne dis pas ça pour ta santé, ne te fais pas d’idées. C’est simplement que tu risques de mal me servir si tu es fatiguée. » Mon ton et mon regard trahissaient la plaisanterie. Je me fichais qu’elle me servît. Je prenais soin de Lénora pour une raison qui m’était en partie obscure. Il s’agissait d’un mélange de curiosité et de repentance vis-à-vis d’Ernelle. J’avais la sensation que tant qu’elle resterait vivante et en bonne santé, je ne perdrais plus le contrôle. Contrairement à Ezidor, j’étais doué d’empathie. Je n’avais pas encore démêlé exactement ce qu’avait été sa relation avec ma sœur mais sa perte supposée l’avait affectée. L’état dans lequel je l’avais trouvée le reflétait parfaitement. La chute de Montarville, la montée de Merlin, la disparition d’Ernelle, tout ceci l’avait détruite. Je me demandais parfois si elle ne se serait pas laissé mourir, dans le cas où je ne l’avais pas retrouvée. Je la suspectais d’avoir eu une liaison avec ma sœur, une liaison qui aurait toujours été d’actualité dans le cas où cette dernière aurait été présente. Je n’avais pas encore trouvé le moment adéquat pour lui poser la question. Si elle n’aimait que les femmes, il lui faudrait peut-être trouver un époux pour faire illusion. La vie solitaire d’Ernelle n'avait jamais été bien vue. Ma sœur ne s’en était pas formalisée, d’autant plus qu’elle avait un fils qui prouvait qu’elle n’était pas homosexuelle aux yeux du monde, mais le statut de mère célibataire restait un mode de vie très décriée à Lieugro. La noblesse l’avait protégée. Ce ne serait peut-être pas le cas de Lénora. Néanmoins, j’aimais à penser que tant qu’elle resterait près de moi, elle ne risquerait rien. Faux ou vrai, l’avenir seul en déciderait.
Lorsque le convoi entier s’arrêta, à la suite de l’ordre de Garance, je regardai un instant la scène avant de répondre à Lénora. « Non, ce ne sera pas nécessaire. » murmurai-je. Rosette me semblait instable. Peut-être trop. Ses pleurs fendaient l’air d’un parfum qui me sembla étrange. Je ne dis cependant rien, gardant mes réflexions pour moi. Une fille en proie à des nausées était toujours un fait suspect dans des conditions normales. Or, nous ne vivions pas exactement des conditions normales d’existence depuis le départ de Lieugro. Concernant mes doutes, je savais qui interroger et ce n’était pas elle. Les garçons avaient souvent un petit côté vantard qui les faisait avouer facilement leurs méfaits avant même de se rendre compte de ce qui sortait de leur bouche. Et en parlant du loup… Je regardai le cheval passer devant nous. Un mince sourire fendit la partie droite de ma bouche. Ce gosse allait finir avec des problèmes plus gros que lui s’il continuait à faire n’importe quoi. Un potentiel « gros problème » ne tarda pas à arriver vers nous. « À vos ordres. » lui dis-je, sans aucune once d’hésitation. « Bien. Je m’en occuperai lorsque nous serons arrivés. » Je la regardai partir. Elle n’avait pas l’air d’aller bien, ce qui n’était pas pour me plaire. Je redoutais d’être la cause de son malaise, bien qu’il me semblât impossible que ce fût le cas. Il me faudrait l’observer davantage dans les jours à venir, plus que je ne le faisais déjà. Mes yeux se tournèrent vers Lénora. « Allons-y. » articulai-je en direction de la domestique, après avoir débarrassé mon cheval des poids inutiles à la traversée. D’autres se chargeraient d’amener ces affaires à bon port. Je gardai néanmoins une légère sacoche avec moi, ainsi que ma gourde.
Sur le chemin, une tornade rousse croisa notre route. Je regardai la jeune femme. Le cheval était celui qu'avait emprunté Clémentin et j’eus un instant peur qu’il lui fût arrivé quelque chose. La possibilité que l’hospitalité de Narfas fût un piège m’avait, à de nombreuses reprises, traversé. Je l’écoutai, sans rien répondre. Elle ne m’en laissa pas le temps. Je n’avais aucune idée de qui elle était mais elle me fit l’impression de ne pas être le genre de femme à attendre le retour de son mari sagement. Elle dégageait quelque chose d’assez bestial, bestial ou brut. Je soupirai et me remis en route. « Je pense qu’il ne risque rien. » finis-je par avouer à ma compagne de quête. Les pratiques cannibales de Narfas ne m’étaient, en tout cas, jamais arrivées jusqu’aux oreilles. La vision de Clémentin, plus loin, me rassura tout de même.
Une fois que nous fûmes sur place, je descendis de cheval afin de me présenter. Il y avait l’impétueux, un garçon de son âge et une femme, qui se trouvait proche du palefrenier. La délégation dont parlait Garance me semblait bien étrange. Aucun homme adulte à l’horizon. Je me tournai vers la plus âgée par instinct, en espérant ne pas commettre d’impair. « Ma Dame. Je suis Childéric d’Ukok, l’ancien Chef des Armées de Sa Majesté Montarville de Lieugro. Je sers actuellement sa sœur, Garance de Lieugro. J’espère que Clémentin ne vous a causé aucun tort. Il est encore jeune et inconséquent. » Un coup d’œil à l’animal en question me fit comprendre qu’il était mécontent. Dans ses cheveux, il y avait du sable. Le changement de monture n’avait pas dû se faire de façon pacifique. « Et voici Lénora, ma collaboratrice. » dis-je, inspiré par ce nouveau terme qui n’avait rien à voir avec son statut officiel de domestique. « Nous vous remercions d’avoir accepté de nous accueillir. » Je m’inclinai poliment.
1025 mots
Tekoa - Childéric:
Background : Childéric est l'ancien élève d'Ezidor de Xyno. Il a aidé ce dernier à droguer un certain nombre de personnes en apprenant à ses côtés l'art des potions et des philtres. Il a assisté à des scènes de viol, en a été le complice et a été également abusé par son maître. Sa conscience concernant ces abus est parcellaire. Sa relation à Ezidor est complexe puisque ce dernier l'a conforté dans la drogue, l'alcool et la prostitution. Childéric a aidé Ezidor à violer sa propre sœur, Ernelle. Celle-ci est tombée enceinte du médecin et a accouché de Natanaël. Il n'a pas vendu sa deuxième sœur, Clémentine, pour laquelle il pense avoir de la tendresse, malgré son instabilité.
Childéric a fini par sortir de l'emprise immédiate d'Ezidor en se fixant l'objectif d'entrer dans l'armée et d'en devenir le chef. Il a rencontré Adénaïs et en est tombé amoureux. Le départ d'Ezidor a aidé sa transformation. Soldat émérite, il a tout de même couché avec Garance afin d'obtenir le poste de Chef des Armées. Il déteste Gustave qui a longtemps couché avec Adénaïs. Il pense être le père d'Elzibert, quand bien même Adénaïs pense qu'il s'agit de Gustave. Rien n'est sûr à ce sujet et la reconnaissance d'Elzibert par Gustave n'a fait qu'éveiller d'autant plus la haine de Childéric.
Lors de la prise du Royaume de Lieugro par Judas d'Uobmab, il a fait le choix de partir avec l'ancienne famille royale en direction de Narfas, en laissant derrière lui Clémentine, Ernelle, Adénaïs et Ezidor. Il a pris Lénora à son service.
Stanislav Dementiæ ~ Sorcier ~ Niveau II ~ ◈ Parchemins usagés : 1378 ◈ YinYanisé(e) le : 30/01/2016◈ Âme(s) Soeur(s) : Aggripina, la seule, l'unique. ◈ Activité : Mangeur officiel de chaire fraiche
Background : Alembert est le fils de Garance de Lieugro. C'est un jeune adulte, dans la première moitié de la vingtaine. Personne n'est au courant de son existence parmi la famille royale. Sa mère l'a toujours caché dans une maison de campagne proche de la propriété que possède Judas d'Uobmab sur le territoire de Lieugro. Les deux demeures sont voisines, si bien qu'Alembert a vu le Souverain plusieurs fois, sans pour autant échanger avec lui plus que les formules d'usage. Alembert a été élevé par sa mère pour être le futur Roi. Il est aussi fort qu'intelligent. Son esprit est vif et éduqué, capable de mettre en place des stratégies bien ficelées. Il ne sait pas qui est son père et n'est pour ainsi dire jamais sorti de la demeure et de ses alentours : une grande forêt. Il connaît néanmoins tout ce qu'un futur Roi doit connaître. Souvent seul lorsqu'il n'est pas avec ses précepteurs (ils vivent également sur place), il a développé une passion pour la fabrication de marionnettes. Il vit dans l'attente du jour où Garance l'autorisera à sortir afin de se montrer au grand jour. Il épie aussi fréquemment la demeure de Judas, dans l'espoir de l'apercevoir. Situation matrimoniale : Célibataire Liaison : - Amitiés : - Inimitiés : -
Almbert se crispa légèrement face au dédain que lui témoignait le bâtard. L'adolescent cacha son irritation derrière un rire convainquant. « Il n'y a pas que les demoiselles que je n'ai pas eu le plaisir de pouvoir admirer. » prétendit-il. En réalité, il en avait vu bien assez. Marie-Jane avait éclipsée toutes les autres femmes, si l'on omettait sa mère. Il n'avait besoin de rencontrer personne d'autre qu'elle : elle était son âme sœur et avait marquée sa vie à jamais. Il l'avait désiré comme jamais il n'avait désiré personne. « Les paysages, les palais, les cours... Il y a beaucoup de choses que j'ai à rattraper. » Les livres ne faisaient pas tout et, bien que Garance ait fait de son mieux pour le préparer à la réalité du monde extérieur, le De Lieugro constatait une distorsion entre la réalité et l'idée qu'il s'était fait des choses. Alembert lâcha un rire un peu gêné. « J'adorerais faire un tour avec toi. » déclara-t-il sans vraiment le penser. Il n'avait que faire d'un énième cousin. Mais il savait que garder ses ennemis proches était une nécessité. Se lier d'amitié avec le palefrenier n'était pas une idée si idiote et puisqu'il était celui qui initiait l'idée, Alembert n'avait qu'à suivre le chemin tracé pour lui.
Les deux garçons quittèrent la calèche, retrouvant le triste spectacle qu'offrait Rosette et ses lamentations. Une pointe de pitié fit vaciller le cœur du brun en l'observant. Puis il reporta son attention sur sa mère : ses sentiments vacillèrent de nouveau et le garçon ne put tenir son regard plus longtemps. Stupéfait, il s'intéressa à la place au départ de Clémentin. Quel crétin, celui-là. Ce n'était pas chez des amis qu'ils se rendaient, mais chez des alliés. Une étiquette était à respecter et l'ignorer ainsi risquait de froisser leurs bienfaiteurs. Non, décidément, Lieugro n'avait pas besoin d'un tel crétin en guise de souverain. Quand bien même il avait été élevé comme un enfant du bas peuple, Alembert avait cru comprendre que son cousin avait bénéficié d'une éducation digne de la sienne. Comment pouvait-il ignorer si effrontément les bonnes manières ? Essayait il de les faire passer pour une bande de rustres ? Alemebert se retourna vers la malade. Qu'est ce qui pouvait bien lui plaire chez ce type, au juste ?
« Oui, tout va bien. » répondit-il sobrement à Garance lorsqu'elle vint s'inquiéter de son sort. Il fit de son mieux pour ne pas détourner le regard, chassant les souvenirs de la scène qu'il avait surpris malgré lui. « Je suis un peu fatigué par le voyage mais je ne suis pas malade. » la rassura-t-il. Il écouta le reste de la conversation avant d'acquiescer. « Bien sûr Mère, je veillerai sur elle. » assura-t-il comme un preux chevalier. Il glissa un regard en direction de la calèche où se trouvait Zébella, puis invita sa demi-sœur à monter à bord de leur calèche. Une fois installés et que le voyage reprit sa route, l'adolescent toisa Rosette. « Si je peux vous aider d'une quelque façon que ce soit, n'hésitez pas à me le faire savoir. » proposa-t-il. « Avez-vous déjà voyagé hors de Lieugro, avant... tout-ça ? » interrogea-t-il en désignant l'intérieur de la calèche d'un geste vague. Avant le coup d'état, avant la mort de son oncle, avant la fuite. « Je n'en ai jamais eu l'occasion. » se désola le brun. « Mais Narfas a l'air d'être un endroit magnifique. » Malgré l'aridité, l'environnement avait su charmer le plus âgé. Celui-ci tapota sa cuisse, pianotant ses doigts dessus. Devant la réticence de la rousse à converser avec lui, il inspira profondément. « Vous savez Rosette, je pense que notre père espère sincèrement que nous parvenions à bien nous entendre. » fit-il. Maintenant qu'ils ne se trouvaient que tous les deux, ils pouvaient enfin parler à cœur ouvert. Ou presque. « Je ne vous demande pas de m'aimer, je sais que ces choses là ne se commandent pas. Mais essayez au moins de ne pas me repousser par principe... Qu'en pensez-vous ? » Il marqua une légère pause avant de reprendre. « Je subis tout autant la situation que vous : je n'ai pas décidé de l'identité de mon père, qui m'était inconnue avant notre départ. Je découvre nos liens en même temps que vous, et j'essaye de m'y faire. » Il se pencha légèrement en avant, pour rajouter de la proximité et combler la distance instaurée par sa sœur. « J'avoue avoir espéré trouver en vous une alliée, sur qui pouvoir compter pour affronter cette nouvelle situation. » admit-il avec un sourire timide.
Lambert d'Eruxul est le mari de Madeline d'Eruxul. Il n'entretient avec sa femme que des rapports courtois. C'est aussi le frère de feu Déliséa De Lieugro, la femme du Roi, morte en couche. Très proche de sa sœur du temps de son vivant, il entretient avec Montarville De Lieugro une réelle amitié. Les deux hommes passent beaucoup de temps ensemble, à se promener à dos de cheval, à converser, etc. Lambert étant un fêtard patenté, il organise souvent des bals auxquels il convie son ami afin d'essayer de lui remonter le moral. Lui, a fait son deuil, ce qui n'est pas le cas de Montarville. Il voit d'un très mauvais œil la présence de Garance à ses côtés. Pour lui, c'est une opportuniste. Peut-être pense-t-il cela puisque, étant jeune, il a fricoté avec celle-ci ? - c'est ce que diraient la plupart des gens - néanmoins, Lambert est un homme qui a la tête sur les épaules et il juge souvent très bien les gens. Il se place lui-même en tant que protecteur du Roi.
Les bras de Lambert se refermèrent sur la silhouette de Rosette. À ce stade, il lui semblait évident qu’il n’y avait pas qu’une histoire de mal des transports. Ou alors, peut-être sa fille allait-elle avoir ses menstruations bientôt, ce qui la rendait plus sensible ? Il se posa très sérieusement la question pour avoir vécu les humeurs de Garance durant des mois jadis. Madeline ne lui semblait pas subir de trop grands changements d’humeur mais, à vrai dire, il préférait se plonger dans un déni confortable la concernant, elle et leur relation. Il avait l’impression qu’ils avaient toujours été éloignés, qu’ils n’avaient passé que très peu de temps ensemble, à cause des fonctions qu’il exerçait. En réalité, ce n’était pas vrai au début. Avec le temps, les choses avaient néanmoins tourné ainsi. Il n’avait simplement pas réfléchi à elle depuis bien longtemps, avant les récents événements. Elle était là, faisait partie de son foyer et il en avait peut-être oublié qu’elle était une femme, avec des aspirations et des secrets, une femme qui méritait autre chose qu’un mari obnubilé par des affaires d’État et qui ne la touchait plus. Cependant, même maintenant, il ne savait que faire de ces informations. Il était loin d’elle à présent et les choses avaient tourné d’une façon plus complexe qu’il n’aurait pu l’envisager. Ce mariage ne valait plus rien, pour avoir été meurtri des deux côtés. Au milieu, il y avait cependant Rosette, sa fille qui pleurait dans ses bras, parce qu’elle allait avoir ses règles ou pas. Il ne savait pas ce qu’elle avait et il lui tardait d’arriver pour avoir une réelle conversation avec elle. Pendant les trajets ou au camp, c’était délicat. Elle se sentirait probablement plus confiante entre quatre murs plutôt qu’entre deux toiles de tente qui n’offraient aucune isolation phonique. Cette même isolation phonique l’avait préoccupé pendant des semaines, pour une tout autre raison. « Ne t’excuse pas. Ça va aller, on est bientôt arrivé. » souffla-t-il, les lèvres contre son crâne. Elle n’était plus une enfant mais elle n’était pas encore une adulte. Elle était à un âge où il devait la laisser expérimenter, se prendre pour une grande, mais rester tout de même à ses côtés au cas où un problème surviendrait. Madeline absente, il devrait être son refuge. Il pensa à Alembert et au comportement de Garance avec ce dernier. Elle le couvait trop à son goût et il doutait que son fils pût s’en sortir avec aisance dans la vie s’il se retrouvait seul. Ils devraient parler de l’éducation de leur progéniture, ce qui ne manquerait pas d’animer leurs conversations, il en était certain. « Dès que nous serons arrivés et que ce sera possible de le faire, j'aimerais que nous ayons une petite discussion tous les deux, si tu le veux bien. Je sais que nous n’avons pas eu le temps de se retrouver depuis notre départ et je le regrette. J’aimerais que tu te confies à moi sur ce qui te tracasse. Ensemble, on pourra tout affronter, d’accord ? »
Lorsqu’il remonta dans la voiture, en compagnie de Garance, il s’assit et plaqua sa tête contre le mur. Son regard glissa sur elle. Il observa ses mèches blondes. Elle savait mimer à la perfection l’amour, l’inquiétude et la tendresse. Néanmoins, la voir agir avec Alembert lui donnait des informations précieuses sur ce qui était vérité et ce qui était mensonge. Elle aimait véritablement leur fils. Elle s’inquiétait pour lui, plus qu’il ne pourrait probablement jamais le faire. Il hésita à articuler des compliments sur le garçon mais il n’était pas sûr de réussir à s’engager dans cette voie-là. Il ne le connaissait pas assez. « Lorsque nous serons à Narfas, j’espère pouvoir passer plus de temps avec Alembert. » Il attendit une seconde, en descendant les yeux sur les lèvres de Garance. Il les remonta jusqu'aux siens. « Et avec toi aussi. » laissa-t-il entendre. Il pensa également qu’il désirait voir Clémentin plus souvent. Il soupira en pensant au fils de Montarville. Le voir partir à cheval sans rien demander à personne aurait pu l’amuser dans d’autres circonstances. La liberté n’était pas une façon de vivre qui seyait aux Souverains. Néanmoins, l’autorité était une qualité non négligeable. Le problème du brun, c’est qu’il ne se souciait de rien et fonçait tête baissée vers ce qui pourrait le détruire. Il devrait le former. Dans l’état actuel des choses, Clémentin ou Placide devrait acquérir la Couronne de Lieugro à termes. Il valait mieux que ce fût Clémentin, pour tout un tas de raisons, dont une en particulier tenait à sa fille, Rosette. Lambert n’aimait pas comploter mais s’il pouvait placer son enfant à la tête du Royaume, tout en exauçant les dernières paroles de Montarville, il le ferait. Rosette ferait une bonne Reine, sensible et forte à la fois, assez intelligente pour palier l’impulsivité de Clémentin. Dans tous les cas, que ses plans aboutissent ou que ceux de Garance prissent l’ascendance, il savait que l’un de ses enfants finirait une Couronne vissée sur le sommet du crâne. En repensant à la chevauchée de Clémentin, il laissa échapper d’entre ses lèvres « Quel petit con… » avant de finalement en rire. Il rirait moins s'il était retrouvé mort mais il en doutait. Malgré ses défauts, il avait l'air débrouillard.
840 mots
Adriæn Kælaria ~ Sirène ~ Niveau I ~ ◈ Parchemins usagés : 445 ◈ YinYanisé(e) le : 20/01/2021
Gao est le frère jumeau de Melchior. Ils sont faux jumeaux. Tout comme ce dernier, ses parents ont disparu durant l'un de leurs nombreux voyages, ainsi que la femme qui régissait sa vie, du nom de Quentine. Il attend donc qu'une nouvelle régente lui soit désignée. Gao ne partage absolument pas les pensées de son frère, qu'il trouve stupides. Lui a choisi d'honorer les Dieux en tant que semencier, en espérant que sa semence puisse produire des filles. Ca a déjà été plusieurs fois le cas, malgré son jeune âge, et il en est fier. Plus beau que son jumeau, il plaît aux femmes, ce qui lui donne beaucoup de travail. Quentine profitait d'ailleurs allégrement de ses services. L'objectif de son métier est de faire tomber enceinte des femmes (c'est de la prostitution hein mais c'est soi-disant pour le bien du Royaume donc glorifié). Promis à Pénélope, il ne désire pas se marier et espère que la prochaine femme à régenter sa vie tombera également sous son charme pour retarder au maximum la cérémonie. Gao aime jouer de ses atouts pour obtenir les faveurs des femmes riches qu'il aime pousser dans son lit. Comme il est noble, il ne subit pas la violence que peuvent subir d'autres semenciers de plus basses extractions. Il a le choix, en somme.
Les mains dans ses cheveux, Gao regardait parfois son frère et « sa sœur », d’autres fois son propre reflet. La mixture était douce et il aimait son contact contre ses doigts. Cependant, il n’était pas censé éterniser ces derniers entre ses mèches. Il fut heureux de constater que Pénélope abondait dans son sens. Il l’avait entendu faire ce bruit détestable plus tôt, un bruit à la fois humide et bruyant. Il n’avait rien contre l’humidité puisque son métier consistait à y tremper plusieurs fois par jour. Il n’avait rien non plus contre le bruit. C’était souvent bon signe lorsque les gémissements se transformaient en cris rauques. Néanmoins, ce son en particulier avait le chic pour l’agacer. Il passait outre et n’avait jamais rien dit mais, à chaque fois qu’elle le laissait s’échapper de sa bouche, il était à deux doigts de lui articuler d’arrêter. Il espérait vivement que la future régente de son existence serait du même avis que lui. Pour l’instant, il appréciait sa liberté. Ne plus avoir une femme aux commandes de ses moindres faits et gestes lui plaisait assez. Il n’avait plus aucun compte à rendre, bien que la précédente se fût avérée bien plus une alliée qu’une ennemie. Il restait que ce n’était pas si évident à supporter, quand bien même il n’avait connu que cet état. Il cessa néanmoins de penser à ça lorsque sa future femme parla de sa virilité. Il la fixa quelques secondes, avant que son regard ne se déplaçât sur la silhouette de son frère. C’était gênant qu’elle évoquât la question ainsi. Il pesa ses mots avant de répondre. « Vous savez bien que ça n’a rien à voir avec vous. Vu mon métier, je dois être en mesure de satisfaire mes clientes. C’est épuisant et, lorsque je suis ici, j’ai bien plus envie de me reposer qu’autre chose. Si ma virilité, comme vous dîtes, fait défaut, c’est ma réputation que je risque, ainsi que mon salaire. » Malgré tout, ce n’était pas évident de tenir la cadence, surtout lorsqu’il avait des journées chargées. Ses clientes étaient riches et il devait se plier à leurs exigences. Il se sentait libre, il ne fallait pas exagérer, mais il n’avait pas le droit à la faiblesse. Il y avait des jours avec et des jours sans. C’était une compétition où la performance était au cœur de tout. Les hommes jeunes possédaient moins d’expérience mais une plus grande endurance. Les plus vieux avaient une expérience très appréciée mais ne pouvaient plus se permettre autant de clientes. C’était une question d’équilibre le plus souvent mais il y avait des choses que le temps altérait. La qualité du sperme en faisait partie, même s’il pouvait forcer son engin à se redresser avec quelques concoctions. Ce n’était pas tant une question de bander longtemps mais plus une question de pouvoir fournir un sperme de qualité. Malheureusement, plus un homme bandait longtemps, plus on avait l’impression que son sperme serait fort et vigoureux. Il vivait dans un monde d’illusions où il devait prendre soin de lui pour que les femmes eussent envie de le choisir comme reproducteur, qu’elles se projetassent, elle et les futures rondeurs de leur ventre. Il ne pouvait pas être négligé, se laisser aller.
« J’imagine que chacune a des goûts très différents mais, bien présenté, tout peut devenir exquis. » Il suffirait de faire de ces breuvages un jeu. Il pourrait en boire avant d’apposer ses lèvres sur des parties bien spécifiques de l’anatomie de ses partenaires, afin de les rendre encore plus brûlantes, et de leur proposer de faire pareil. Elles voudraient du breuvage, pour penser encore aux délices de la chair. Certaines étaient coquines. Nul doute qu’elles jouiraient silencieusement d’en proposer à leur mari. « Nous pouvons toujours essayer. Si notre collaboration s’avère fructueuse, nous pourrons continuer. Notre famille n’en deviendra que plus pérenne. »
Quand il fut question de nouveau des étrangers, il en profita pour rincer ses cheveux. Il se souvint d’ailleurs de la question de Pénélope, à laquelle il n’avait finalement pas répondu. « C’est certain, même si j’attends que le pouvoir annonce la couleur pour la suite. Certaines rumeurs disent que le Roi… » Il disait le Roi mais personne ici n’était dupe. « … fera appel aux semanciers pour s’occuper des étrangères. Il se murmure que les grossesses seraient une condition sine qua non de l’hospitalité… » Ce n’était que des commérages mais il les espérait vrais. Il sécha ses cheveux avec une serviette, les coiffa et se rapprocha de Melchior. « Et puis, si je me décolore les cheveux, c’est pour éviter que vous me confondiez avec Melchior. » plaisantai-t-il, en plaçant son bras sur les épaules de son faux jumeau. Ils ne se ressemblaient pas mais il fallait bien avancer une raison. Le teint de Gao était simplement plus lumineux, avec des cheveux clairs. En brun, il ressemblait à un tyran. Ça avait un charme mais que moins de femmes appréciaient.
821 mots
Ikar Pendragon ~ Sirène ~ Niveau I ~ ◈ Parchemins usagés : 133 ◈ YinYanisé(e) le : 04/09/2021
Dim 30 Avr 2023, 21:59
Les Portes V
Rôle :
Placide est le fils du Roi et le petit frère de Coline et d'Adolestine. Puisqu'il est le plus jeune, il n'est pas destiné à régner et ceci lui va bien. Il est mordu depuis son plus jeune âge par une passion dévorante pour la nature et, en particulier, les animaux. Il aime camper en pleine forêt, observer les cycles des saisons. C'est un garçon sensible à la beauté du monde mais insensible à ses pairs. Il se sent vite mal à l'aise dans la foule et préfère donc vivre dans la nature. Néanmoins, vu son statut, il est obligé de se soumettre à certaines obligations. Il espère secrètement que son père ne le forcera pas à se marier. Il est amoureux de Ludoric De Tuorp, amour qu'il a confié à l'une de ses sœurs, Adolestine, avec laquelle il s'entend bien. Ce n'est pas le cas de Coline, qu'il considère comme une chipie égocentrique.
Je ne savais pas ce que je cherchais à percer ou si je cherchais réellement à percer quelque chose. Je craignais ce que je trouverais derrière les mots de Ludoric dès qu’il répondrait à ma question. Je plongeai mes yeux dans les siens, la peur et l’appréhension accrochées au ventre. J’avais souvent été craintif sur notre relation. Il y avait quelque chose en moi qui me criait que je n’étais pas à la hauteur et qu’il me préférerait quelqu’un d’autre. Un homme plus intelligent, beau et intéressant. Pas un faiblard, pas une pleureuse, pas quelqu’un qui n’assumait rien.
« C’est une bonne chose. »
Il ne me semblait rien déceler d’étrange chez le roux. Il n’avait pas rougi ou détourné les yeux. Sa voix n’avait montré aucun trouble qui aurait pu m’indiquer qu’il se passait quelque chose entre Childéric et lui. Je ne me sentis pas soulagé pour autant, sans en comprendre la cause. J’aurais dû me sentir mieux. Peut-être était-ce simplement le trajet qui me rendait anxieux.
« Comme d’habitude. Elle ne m’accorde pas beaucoup de crédit. Et maintenant qu’il y a Alembert… »
Je la soupçonnais de vouloir garder le trône et d’y placer son fils après elle. Ce serait de l’usurpation et cette perspective me révoltait. Elle avait toujours bavé sur la couronne de mon père. Elle n’avait jamais su où était sa place.
Ma main libre se contracta contre la banquette. L’autre resta détendue, pour éviter que mon amant ne remarque mon état. Parfois, j’avais envie d’étrangler ma tante.
« Je pensais faire plus de sport lorsqu’on arrivera. »
J’avais entendu quelques soldats discuter de force un soir. Ils parlaient de croissance et de l’écart qui se creusait à ce moment entre la force des filles et celle des garçons. Ils avaient enchainé sur ce à quoi pouvait servir cette force nouvellement acquise, des propos qui m’avaient dégoûté, là où leur rire gras avait retenti. La mort de mon père semblait presque derrière eux, malgré notre condition, et ils me répugnaient.
Ma croissance avait été plutôt tardive mais commençait à se manifester avec plus de vigueur. Si je devenais fort, je pourrais me défendre et aussi attaquer quand ce serait nécessaire. Étrangler cette harpie si elle osait tenter de me subtiliser mon trône. Pourtant, je savais qu’avant même d’avoir à traiter ce genre de sujet, il faudrait récupérer ce qui nous avait été pris.
Zébella finit par se réveiller. Mes yeux glissèrent sur elle avant de se déplacer vers l’extérieur. Je n’arrivais pas à savoir ce qui me dérangeait à ce point exactement. Je me savais légitime et si quelqu’un ici aurait dû rougir de sa provenance, c’était bien elle. C’était elle la potentielle bâtarde. Alors pourquoi continuais-je à me sentir mal en sa présence ? Parce que je n’avais jamais frappé personne avant elle ? Parce que je n’arrivais pas à lui présenter mes excuses, alors que j’aurais dû ? Elle et sa maudite famille avaient mis mon Royaume à genoux. Je ne lui devais rien. J’aurais dû la tuer et pas culpabiliser comme je le faisais maintenant.
Je soupirai. Je devais arrêter. Ça ne rimait à rien. Je tournai donc les yeux vers elle. Son regard à elle me percuta. Elle ne semblait pas non plus disposée à la discussion. Je croisai les bras, soupirai par le nez et regardai de nouveau vers l’extérieur. Ludoric se chargeait parfaitement de meubler les blancs.
Je vis un cheval partir au galop, avec mon bâtard de frère sur le dos. La vision me fit me redresser et oublier un instant le fait que je boudais Zébella et tentai de l’ignorer du mieux que je pouvais. Ce n’était pas facile, vu qu’elle était très Uobmabesque.
« C’est Clémentin là-bas, non ? »
Je l’avais demandé comme si j’étais soudainement en proie à une illusion. Je ne le connaissais pas trop. J’alternais les prises de position sur sa personne. Il ne m’avait rien fait mais il y avait la question du trône. Je ne savais pas ce qu’il voulait. Pour moi, il était illégitime mais je ne pourrais pas gagner un duel contre lui actuellement. C’était aussi pour ça que je devais faire du sport, pour le surpasser. Pas que lui. Tous ceux qui voudraient toucher à la couronne.
« Qu’est-ce qu’il fait ? Il fuit ? »
Je ne comprenais rien à ce qu’il tentait. Si Rosette était vraiment malade, vu que les rumeurs n’arrêtaient pas de dire qu’ils étaient plus ou moins ensemble, il aurait peut-être dû rester avec elle.
« Je croyais qu’il voyait Rosette… »
À moins qu’il n’ait reçu une mission particulière ?
On continue gaiement ! Pour ce tour-ci, ce serait bien que le convoi des réfugiés arrive à Narfas
Narfas : Le Royaume de Narfas était avant séparé en deux territoires (celui dans lequel on joue) et un autre, bien plus éloigné, qui a été pris par Luce d'Uobmab, le père de Judas d'Uobmab, lui-même père de Zébella et Merlin d'Uobmab. Aujourd'hui il ne reste plus que ce Narfas là. Vous avez la carte du monde là >>> Carte <<< Narfas est un mélange de la culture Humaine et de la culture Orine de l'IRL des personnages. On joue dans un climat plutôt chaud mais y a des oasis et de l'eau, des palmiers, de la végétation (on est avec Astriid en vacances quoi o/). L'architecture est plutôt celle des Orines donc temples asiatiques, avec, en plus (c'est pas Orine) quelques touches de cités grecques avec des colonnes sous les bâtiments. Les vêtements sont fait d'étoffes et ressemblent à l'image que j'ai mise en en-tête pour les nobles. Voilààà o/ Le reste vous pouvez inventer. Lisez bien les nouveaux rôles car il y a beaucoup de contexte dedans ^^ Pour l'invention, faites en fonction du rôle de votre personnage (si c'est un marchand vous pouvez inventer des choses par rapport à ça, si c'est un religieux détailler les monuments de culte etc etc).
Si vous avez des questions, n'hésitez pas ! Amusez-vous bien
Participants
La liste des nouveaux rôles est >> ICI << avec la description des rôles sur la page précédente.
En jeu : - Hélène (Garance) : VII - Ikar (Placide) : XIX - Stanislav (Alembert) : VI - Dastan (Ludoric) : VII - Adriaen (Lambert) : VII - Yngvild (Rosette) : VII - Tekoa (Childéric) : VIII - Chuan (Lénora) : VII - Susannah (Zébella) : VI - Erasme (Clémentin) : VII - Miraneiros (Balthazar) : II - Fawëlysa (Wesphaline) : I - Jil (Anthonius) : II - Claer (Jésabelle) : II - Ammon (Gaspard) : II - Eméliana (Tamara) : II - Zeryel (Adolphe) : I - Lysium (Melchior) : II - Sympan (Gao) : II - Oriane (Pénélope) : II
En pause : - Kiara (Coline) : V - Kyra (Adolestine) : IV - Faust (Gustave) : V - Lucillia (Eléontine) : XIII - Laen (Hermilius) : V - Chelae (Clémentine) : XVI - Min (Natanaël) : XIV - Eibhlin (Adénaïs) : IV - Lucius (Elzibert) : V - Lana (Yvonnelle) : V - Thessalia (Irène) : VIII - Dorian (Ezidor) : X - Gyzyl (Judas) : VI - Wao (Merlin) : XIX
Les morts : - Babelda (Montarville) : XI (dead) - Léto (Ernelle) : II (dead) - Stanislav (Déodatus) : IX (dead) - Latone (Madeline) : 0 (dead)
Deadline Tour n°3
Dimanche 7 mai à 19H
Pour information, il reste 10 tours ^^
Gain Tour n°3
- 1 point de spécialité au choix ET - Création de l'eau
Félicitation, vous pouvez maintenant faire un château de sable !
Pour ceux qui ont déjà la création de l'eau, vous pouvez prendre la création de la glace o/
Priam & Freyja ~ Ange ~ Niveau III ~ ◈ Parchemins usagés : 4106 ◈ YinYanisé(e) le : 02/02/2018◈ Âme(s) Soeur(s) : La bière et le saucisson | L'adrénaline et les problèmes ◈ Activité : Berger [III], traducteur [II], diplomate [I] | Soldat [III], violoncelliste [I]
Rosette est la fille de Madeline et Lambert d'Eruxul. Depuis toute petite, elle est amie avec Natanaël D'Ukok, Elzibert D'Etamot, Deodatus D'Etamot et Yvonelle D'Etamot. Ils se sont jurés une amitiés à la vie à la mort. Leur histoire a, bien entendu, été ponctuée de hauts et de bas mais ils s'en sont toujours sortis. Ils ont été en cours ensemble, en vacances ensemble etc. Rosette adore les oiseaux. Elle s'en occupe tous les matins et tous les soirs. Elle reçoit d'ailleurs beaucoup de poème et fantasme sur l'expéditeur. Elle aime également le jardinage ainsi que les travaux pratiques. Si elle parait prude, cela fait bien longtemps qu'elle couche en cachette avec Natanaël, alors même que celui-ci est fiancé à Yvonelle. Néanmoins, comme les deux filles sont particulièrement proches, elle sait qu'Yvonelle couche avec Elzibert. Les deux se gardent simplement d'informer Natanaël de la situation.
Elle aurait aimé qu’Yvonelle fût là, aussi. Elles se disaient tout ; elle aurait pu lui parler de ses soupçons et son amie l’aurait conseillée ou, en tout cas, rassurée. Rosette serra un peu plus son père contre elle. Elle repensa aux folies qu’elle avait songé faire, à Lieugro, lorsqu’elle discutait de toutes les possibilités qui s’étalaient devant eux, avec Natanaël et Clémentin. À cet instant, elle réalisait que sans son père, sans sa famille, elle ne serait pas allée très loin. Elle avait encore besoin de lui, du réconfort de ses étreintes et de la sagesse de ses mots. Ce constat ne fit que renforcer l’angoisse qui avait empoigné sa gorge. Comment pourrait-elle être mère quand elle était déjà incapable de s’occuper d’elle-même ? Il ne fallait absolument pas qu’elle fût enceinte. Et que ferait-elle d’un bébé alors qu’elle s’exilait ? Une marée de questionnements anxieux menaça de l’engloutir, mais l’exclamation de Clémentin lui fit relever le nez. Incapable d’articuler un mot, elle le regarda détaler sur son cheval. L’inquiétude emballa son cœur. Pourquoi partait-il, seul ? Était-ce à cause de son état ? L’adolescente pinça les lèvres et secoua la tête, avant de reposer ses iris verts sur le visage calme de son père. Sa voix paraissait parfaitement maîtrisée. Elle retrouva dans ses modulations lentes et profondes le ton qu’il employait quand il souhaitait avoir l’air rassurant et sûr de lui – et il réussissait, il réussissait toujours. Pourtant, elle doutait de parvenir à lui parler. L’idée de sa réaction potentielle la tétanisait. Elle pourrait évoquer plein de sujets ; sa mère, ses amis, Alembert, Garance, Clémentin, le voyage, Narfas, le futur. Tous la préoccupaient, mais quand elle était lucide, elle se sentait capable d’en affronter la plupart. Elle avait en elle les ressources nécessaires pour le faire. Elle tenait de ses parents intelligence, puissance et ténacité. Mais une grossesse, et la déception de son père… Cependant, elle se contenta d’acquiescer. « Oui, d’accord. » Elle renifla et déglutit, puis l’enlaça une dernière fois.
Revenue dans la calèche, les yeux secs et l’allure plus altière, Rosette entreprit de scruter l’extérieur. Garance avait envoyé Childéric et Lénora à la suite de Clémentin, et elle espérait discerner leurs trois silhouettes à tout moment. Elle était décidée à ignorer les babillages de son demi-frère. Néanmoins, la politesse la poussa à au moins répondre à sa question : « Un petit peu. » Avare de mots, elle nourrissait l’espoir qu’il ne se lassât et ne se tût. Elle consentit à tourner la tête vers lui. Son regard émeraude se planta dans le sien. « C’est possible. Je ne suis pas dans la tête de mon père, je ne sais pas ce qu’il espère. » Le décevrait-elle, si elle continuait à repousser Alembert ? Ils n’avaient pas parlé de lui, pas vraiment. Son nom avait quelque fois été évoqué, mais avec les préparatifs du voyage, leur départ et le manque d’intimité du campement, ils n’avaient pas pu en discuter. Elle doutait que le brun en eût eu l’occasion. Il pensait et là était tout le problème : il ne savait rien et, conséquemment, il aurait mieux fait de se taire. La jeune fille joignit ses mains sur ses genoux et tourna à nouveau la tête vers l’extérieur.
Malheureusement, Alembert semblait être aussi tenace qu’elle. Les prunelles fixées sur lui, sans bouger lorsqu’il chercha à se rapprocher, elle le laissa parler jusqu’à ce qu’il ne s’arrêtât de lui-même. « Certes. » répondit-elle. Elle laissa planer un silence, avant de rajouter : « Vous les découvrez. » Ses iris allèrent de l’un à l’autre des siens. « Il y a une différence fondamentale entre vous et moi. Vous êtes un élément extérieur qui arrive dans un environnement déjà constitué. On m’impose votre présence et votre intégration. » Elle marqua une pause. « Nous subissons tous les deux la situation, mais nous ne la subissons pas de la même façon, vous en conviendrez. » Elle noua ses doigts entre eux. « Je suis navrée que vous me trouviez rustre ou froide, mais j’ai du mal à concevoir dans quel univers parallèle j’aurais pu accueillir la nouvelle sans en éprouver un certain choc. Votre mère vous a caché au monde entier pendant plus de vingt ans. Elle n’a jamais parlé de vous à mon père. Vous surgissez tout à coup et elle se comporte comme si votre présence était parfaitement naturelle et que votre filiation ne faisait aucun doute. » Rosette s’humecta les lèvres. « Actuellement, j’essaie donc surtout de m’habituer à votre existence et à votre présence dans ma vie. Nous pouvons en effet essayer de discuter mais de là à compter l’un sur l’autre… Je ne sais pas si vous êtes digne de confiance. Je ne le suis peut-être pas non plus. Je me doute bien que vous ne connaissez rien d’autre du monde que ce que vos livres ou vos précepteurs ont pu vous enseigner. Sachez que tout y est éminemment plus complexe. » Elle se tut et croisa les bras.
Message III – 836 mots
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Quand je vois une bêtise plus grosse que moi et que je décide de la faire.
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Merci Kaahlinou
Dernière édition par Priam et Laëth le Lun 01 Mai 2023, 20:01, édité 2 fois
Priam & Freyja ~ Ange ~ Niveau III ~ ◈ Parchemins usagés : 4106 ◈ YinYanisé(e) le : 02/02/2018◈ Âme(s) Soeur(s) : La bière et le saucisson | L'adrénaline et les problèmes ◈ Activité : Berger [III], traducteur [II], diplomate [I] | Soldat [III], violoncelliste [I]
Garance est une femme aux allures douces et aimables mais qui, en réalité, est une véritable vipère manipulatrice. Pas encore mariée, elle déteste son frère qu'elle accuse intérieurement de lui avoir volé SON trône. Elle est prête à tout pour le récupérer et tente de manipuler celui-ci pour avoir de plus en plus de pouvoir. Elle aimerait le tuer et faire un mariage avantageux avec un abruti afin de s'accaparer la couronne. Elle compte sur l'aide de son amant, Gustave De Tuorp, pour arriver à ses fins. Bien entendu, elle le laissera tomber comme une vieille chaussette à la fin pour un meilleur parti. Il faudrait également qu'elle élimine les enfants de son frère afin de réussir au mieux ses projets. Dans sa jeunesse, elle a eu une aventure avec Lambert d'Eruxul et est même tombée enceinte de lui. Elle a fait une fausse-couche et n'en a jamais parlé au concerné. Elle le considère à présent comme un insecte à écraser.
Rosette avait refusé les herbes médicamenteuses. Garance, songeuse, détaillait le motif de la banquette qui lui faisait face. Ou la fille de Lambert était bornée de stupidité, ou elle aimait particulièrement souffrir et se faire plaindre, ou elle leur cachait quelque chose. Aux yeux de la régente, les larmes qu’elle avait versées faisaient pencher la balance vers cette dernière hypothèse. Elle inspira, puis posa son regard sur Lambert. Elle s’apprêtait à formuler une réponse, lorsqu’il ajouta quatre mots qui floutèrent le sourire qu’elle arborait. Leur relation était complexe, sans doute plus qu’elle ne l’avait jamais été. Ils s’étaient aimés et ils s’étaient méprisés. Désormais, ils oscillaient entre ces deux extrêmes, effleuraient l’un et l’autre jusqu’à s’en recouvrir le corps de touches si éparses que l’on avait du mal à les distinguer. La blonde n’éprouvait aucune difficulté à faire semblant. Il lui suffisait de repenser à l’émoi que l’ancien conseiller de son frère éveillait en elle lors de leurs jeunes années pour que son souvenir vivace imprégnât tout son être. Elle n’avait jamais oublié cette vie-là, aussi lointaine fût-elle ; chaque jour, son fils lui en avait rappelé l’existence et l’intensité. Finalement, son sourire se stabilisa. « Je serais ravie que nous puissions passer plus de temps ensemble. » Elle tendit la main vers lui et caressa subtilement le dessus de sa paume. « Quant à Alembert, je suis certaine qu’il meure d’envie d’apprendre à te connaître. Il m’a tant questionnée sur son père… » Elle rompit le contact et détourna le regard, un pli coupable entre les sourcils. « Je n’aurais pas dû lui cacher la vérité si longtemps, et à toi non plus. J’en ai conscience, désormais. » Ses iris céruléens montèrent vers la petite fenêtre. Elle observa le paysage, se laissant bercer par les cahots irréguliers de la route. « J’aimerais bien apprendre à connaître un peu mieux Rosette, aussi, si elle est d’accord. Je comprends que la situation ne soit pas évidente, pour elle. » Garance prit une inspiration profonde et lissa tranquillement les plis de sa robe, sur ses cuisses. Elle jeta un coup d’œil à Lambert, à ses mèches blanches qui ombrageaient ses yeux si bleus. Le rire illumina son visage, et la blonde ne put faire autrement que de sourire. « Si tu savais à quel point je l’ai pensé, quand je l’ai vu partir sur son cheval… » Elle poussa un soupir. « J’espère que rien ne lui arrivera. Ta fille serait peinée. » Elle se fichait de Rosette. La mort de Clémentin signifiait un Roi potentiel en moins. Si Narfas s’en était pris à lui, deux possibilités : soit ils avaient décidé de tous les exterminer, auquel cas il leur faudrait s’inquiéter farouchement, soit il s’agissait d’une erreur, et dans ce cas, leurs hôtes pourraient exiger moins de choses d’eux. Garance ne s’illusionnait pas : leur présence ne serait pas gratuite. La blonde se redressa, et retourna chercher la main de son amant. « D’ailleurs… Je ne voudrais pas t’inquiéter, mais crois-tu qu’ils aient pu dormir ensemble ? » Elle scruta son regard. « Rosette présente plusieurs symptômes de grossesse. Je ne dis pas qu’elle est enceinte mais je pense qu’il serait de bon ton de vérifier cette hypothèse rapidement, Lambert. » Après tout, eux aussi avaient fauté bien avant le mariage.
Quelques minutes plus tard, le convoi s’arrêta, enfin parvenu dans la cité capitale de Narfas. Le cocher ouvrit la porte de la voiture hippomobile, et Garance en descendit, suivie de Lambert et cernée par deux gardes de Lieugro. Son regard parcourut la cour ; elle repéra rapidement Jésabelle de Narfas et Tamara d’Epilut, les deux femmes en charge de la délégation devant les rencontrer. La cheffe des armées avait terminé le trajet à leurs côtés, tandis que la sœur de la reine avait réceptionné Clémentin, Childéric d’Ukok et Lénora – tous présents et en vie. La régente s’avança vers les deux femmes et les salua : « Mes Dames, c’est un honneur de faire votre connaissance. » Elle s’inclina respectueusement, avant de se redresser. « Je suis Garance de Lieugro, représentante de la couronne de Lieugro, et voici Lambert d’Eruxul, le plus proche conseiller de feu mon frère. Au nom de tous, je vous remercie d’avoir accepté de nous accueillir sur vos terres. » Ses paroles de politesse formulées, elle les détailla l’une et l’autre. Si Jésabelle, dans sa tenue et son port de tête, lui était plus familière, Tamara demeurait une curiosité toute particulière. « La route a été longue, mais grâce à votre prévenance et à vos gardes, nous avons fait bon voyage. » ajouta-t-elle, avenante.
Message III – 768 mots
Les voyageurs sont arrivés à Narfas !
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Quand je vois une bêtise plus grosse que moi et que je décide de la faire.
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Merci Kaahlinou
Susannah ~ Sirène ~ Niveau II ~ ◈ Parchemins usagés : 466 ◈ YinYanisé(e) le : 04/04/2021
Lun 01 Mai 2023, 23:53
Les Portes V - L'arrivée à Narfas Susannah, dans le rôle de Zébella
Zébella est la sœur et la fiancée de Merlin. Elle éprouve pour lui tout le dégoût du monde et s'est durement entraînée pour devenir plus forte que celui qu'elle considère comme une sorte de déchet. Fonder une famille avec lui ? Plutôt mourir. D'ailleurs, elle ne désire pas fonder de famille tout court. Pas le temps. Zébella pratique énormément de sports différents et est capable de battre au bras de fer tous les hommes de son âge de son Royaume d'origine. Elle est en perpétuelle recherche de nouveaux défis et de compétitions sportives et espère bien réussir à faire plier le Roi pour qu'il en organise. Même si elle connaît les crimes de son frère, celui-ci ne lui fait pas peur. Elle séjourne au palais en compagnie de Merlin. S'ils sont arrivés il y a peu, elle a déjà croisé Clémentin et son charme renversant. Elle est certaine qu'il ferait un bon adversaire. EDIT de mise à jour : Peu après que Judas ait donné le trône de Lieugro à Merlin et Zébella, elle est assommée dans la tempête ayant frappé Lieugro. Elle est alors prise en otage par la famille de Lieugro et ceux les ayant suivi dans leur fuite vers Narfas. Elle en veut à Clémentin de lui avoir désobéi au bal. Elle va bientôt comprendre être tombée enceinte suite au viol de Déodatus.
Zébella haussa les épaules. « Ça fait passer le temps. » Se contenta-t-elle de répondre avec aigreur. Elle ignorait ce qui la rendrait folle en premier, la captivité, ou l'ennui qui en découlait. Comme un loup en cage, elle se noyait dans d'éternelles ruminations qui ne menaient nulle part sinon un état apathique. Son esprit suivait le même chemin que son corps et se rouillait à force d'être muselé.
Savoir qu'ils arrivaient bientôt ranima en son sein quelques braises d'intérêt et elle repoussa le rideau pour vérifier les dires de Placide. Un rire bref et sans joie lui échappa. « Il a sûrement trouvé un nouvel ordre à désobéir. » Lâcha-t-elle d'un ton pincé en suivant la traînée de poussière de son départ d'un regard noir. « D'ailleurs, à ce propos, ça ne dérange pas ses parents qu'elle voit un roturier en public ? Ils le laissent même voyager en calèche avec elle, c'est curieux tout de même. Je me demande, est-ce que cette Rosette est une incorrigible capricieuse à qui ses parents n'arrivent pas à dire non, même pour sauver sa vertu ? » Plus elle y pensait, et plus elle en était certaine. Rosette était la raison qui avait fait disparaître Clémentin le soir du bal. Très vite, un tableau peu reluisant s'était dressé dans l'esprit de l'ancienne souveraine. Sans doute aveuglé par ce nouveau monde, Clémentin avait dû s'être laissé prendre dans les rets d'une petite noble pour qui une aventure avec un roturier devait être si excitante. L'apprendre n'excusait en rien le palefrenier aux yeux de la bleue. Une parole était une parole, et l'honneur était une chose précieuse pour Zébella, pas quelque chose qu'on pouvait oublier pour les beaux yeux d'une femme. Avec horreur, elle réalisa qu'elle se prêtait aux commérages, ceux-là mêmes qui l'horripilaient d'ordinaire. En être réduite à cancaner comme ces dindes qu'elle exécrait tant, il y avait de quoi se laisser tomber sur son épée pour en finir avec cette vie. Avec une moue courroucée, Zébella se laissa retomber contre le dossier en croisant les bras pour se murer dans un silence qui dura jusqu'à ce que leur calèche s'arrête à nouveau.
Cette fois, les échos lointains d'une ville vibrante de vie portaient à ses oreilles, ainsi que les odeurs qu'elle charriait. Pressée de se dégourdir les jambes, elle descendit la première sans s'abaisser à demander la permission. Les yeux à moitié clos, elle savoura l'air saturé de chaleur l'envelopper et dissiper sa mauvaise humeur. Plus en avant, les discussions avec leurs hôtes avaient débuté mais elle n'en distinguait que des bribes. Quel serait son sort à Narfas ? Serait-elle jetée dans un sombre cachot, condamnée à attendre un sort dont elle ignorait tout ? Elle refusait. Elle ne les laisserait pas faire. Ses poings se serrèrent convulsivement et elle se retourna d'un bloc vers Ludoric. « Qu'est-ce que vous allez faire de moi ? » Tranchante, sa voix vibrait d'une autorité naturelle, habituée à exiger plutôt qu'à demander. Elle avança d'un pas sur lui et leva les yeux sans paraître gênée par la différence de taille. « Si tu dois encore me garder, mesures-toi à moi. Tu veux devenir soldat, non ? Je veux devenir ta partenaire d'entraînement. Ce sera plus productif que se regarder dans le blanc des yeux pendant des heures. » Son attention glissa sur Placide pour le jauger. « Tu n'auras qu'à te joindre à nous puisque tu es tout le temps dans ses pattes. Ça ne te ferait pas de mal. » Son regard descendit sans équivoque sur les membres du prince. Elle avait honte pour lui. Au fond, il n'était que le résultat de l'éducation laxiste de Montarville. Il n'y avait rien d'étonnant à ce que la faiblesse du fils reflète les erreurs du père. Il avait peut-être grandi au chaud, confiné dans l'amour paternel, il n'en paraissait pourtant pas plus heureux qu'elle actuellement. Judas avait exprimé son amour en leur offrant les moyens de se défendre, de devenir aussi féroces que lui et elle marchait docilement sur ses pas. « Ce sera peut-être l'occasion de m'impressionner autrement qu'en m'assommant avec une statuette. » Poursuivit-elle, une légère pointe d'humour teintant sa provocation. « Je promet de ne pas tenter de m'échapper, même si je vous bat tous les deux. » Ajouta-t-elle ensuite.
Message II | 763 mots
Merci Jil :
Stanislav Dementiæ ~ Sorcier ~ Niveau II ~ ◈ Parchemins usagés : 1378 ◈ YinYanisé(e) le : 30/01/2016◈ Âme(s) Soeur(s) : Aggripina, la seule, l'unique. ◈ Activité : Mangeur officiel de chaire fraiche
Background : Alembert est le fils de Garance de Lieugro. C'est un jeune adulte, dans la première moitié de la vingtaine. Personne n'est au courant de son existence parmi la famille royale. Sa mère l'a toujours caché dans une maison de campagne proche de la propriété que possède Judas d'Uobmab sur le territoire de Lieugro. Les deux demeures sont voisines, si bien qu'Alembert a vu le Souverain plusieurs fois, sans pour autant échanger avec lui plus que les formules d'usage. Alembert a été élevé par sa mère pour être le futur Roi. Il est aussi fort qu'intelligent. Son esprit est vif et éduqué, capable de mettre en place des stratégies bien ficelées. Il ne sait pas qui est son père et n'est pour ainsi dire jamais sorti de la demeure et de ses alentours : une grande forêt. Il connaît néanmoins tout ce qu'un futur Roi doit connaître. Souvent seul lorsqu'il n'est pas avec ses précepteurs (ils vivent également sur place), il a développé une passion pour la fabrication de marionnettes. Il vit dans l'attente du jour où Garance l'autorisera à sortir afin de se montrer au grand jour. Il épie aussi fréquemment la demeure de Judas, dans l'espoir de l'apercevoir. Situation matrimoniale : Célibataire Liaison : - Amitiés : - Inimitiés : -
Alembert resta silencieux, les yeux légèrement ébahis devant la tirade de Rosette. Puis, sans aucun signe avant-coureur, le brun partit dans un grand rire compulsif, se redressant jusqu'à s'adosser à la banquette. « Ca a le mérite d'être clair. » répondit-il après s'être calmé, un sourire amusé flânant encore sur son visage. La rousse l'avait surprise. Derrière ses airs de chaton apeuré ayant besoin de se réfugier dans les bras de son père, elle savait aiguiser des griffes affutées qu'elle venait de sortir pour repousser l'invasion qu'il avait fait peser sur elle. Il aimait ce répondant, d'autant plus que sa réaction aussi frontale l'avait pris par surprise. Elle avait eu une manière tout à fait non subtile de lui faire ressentir sa place de parasite, sans pour autant qu'il put s'offusquer de son honnêteté après l'avoir trop cherché. « Je prends soigneusement note de vos mises en garde. » dit-il en se tapotant doucement l'une des tempes, comme pour illustrer le fait que ces paroles se gravaient dans sa mémoire. Rosette ne ferait pas partie de ses alliés. Ce n'était pas très surprenant. Si Alembert parvenait à prendre la couronne, cela signifierait qu'il aurait écarté Placide mais également Clémentin du pouvoir. Autrement dis, sa demi-sœur n'obtiendrait pas le statut de Reine, mais seulement celui de sœur du roi. Malgré ses airs de biche, l'adolescent ne se faisait aucune illusion : la recherche de pouvoir était une caractéristique naturelle et innée, au sein de la noblesse. On avait beau prétendre rester honorable et modeste, au fond, personne n'appréciait de rester au bas de l'échelle. De par sa naissance, Rosette avait connu un échelon élevé dans la hiérarchie. Seul le statut royal devait être satisfaisant pour rassasier son désir d'élévation sociale. Ceci dit, cette menace là n'était véritable que dans le cas où la prise de pouvoir se faisait pacifiquement. Qu'adviendrait-il si Clémentin devait être blessé, ou pire, pour être écarté de la couronne ? La tigresse mènerait sans aucun doute un combat farouche pour venger son âme-sœur. « Quand à la complexité du monde, je pense que je commence à l'appréhender. J'imagine que je suis un élève réceptif. » Admit le brun, tout en lançant un regard éloquent vers le ventre de la femme - car, si ses maux étaient biens liés à quelque chose de plus qu'une mauvaise nuit, c'était bien ce statut qu'elle avait atteint, et non plus celui de petite fille sage. Le demi-frère avait des soupçons - il avait été aux premières loges pour assister aux symptômes de la fille de Lambert. Rien n'était sûr, mais l'hypothèse était trop scandaleuse pour qu'il ne répliqua pas avec. « Vous auriez dû accepter l'aide du médecin, petite sœur. » commenta-t-il, presque provoquant. « Cela tiendra peut-être la vérité éloignée des discussions des nobles. » Etait-ce elle qui avait également fait détaler Clémentin comme un lapin ? La révélation était-elle trop lourde à assumer ? Le brun repensait au peu d'intérêt qu'avait témoigné le palefrenier à sa dulcinée, lorsque celle-ci avait laissé transparaître sa faiblesse. A la crise de larmes incontrôlables. Y avait-il déjà de l'eau dans le gaz, avant même le mariage ? Alembert se retint de laisser échapper un commentaire sur l'importance de bien choisir ses partenaires, pour que le mariage ne se termina pas comme celui que Lambert avait entretenu avec Madeline. Il ne voulait pas que la rousse lui sauta à la gorge pour le faire tout à fait taire. Conservant un sourire d'apparat, le provocateur se désintéressa de celle qui voulait rester seule et se replongea dans la contemplation de l'extérieur - le palais était plus visible que jamais.
Lorsque la calèche s'arrêta, il descendit le premier puis tint la porte ouverte pour laisser sa demi-sœur descendre à sa suite. Il aperçut Clémentin, un peu plus loin, et resta muet afin d'observer la réaction de Rosette vis à vis de son amant. « Vous devez être rassurée. Il est encore en un seul morceau. » Avant de se recevoir une nouvelle réponse acerbe, le brun détourna les talons et rejoignit Garance, qui s'était approchée près de la délégation de Narfas. Il resta en retrait, mais s'était placé aux premières loges pour admirer Garance et la façon dont elle mènerait la danse.
Adolphe est le fils de Tamara, la Cheffe des Armées. Il a quinze ans. Il ne connaît pas son père mais c'est plutôt fréquent à Narfas. Les religieux ne reconnaissent pas leurs enfants. S'il pense être un fils de l'Eglise, il est en réalité le fils de Judas d'Uobmab, fait qui n'est pas connu du père mais uniquement de la mère. Adolphe a voué très tôt une admiration pour l'armée et, en particulier, pour les armes. Du fait de son statut d'homme noble, il a également vite compris que s'il ne prenait pas le chemin de l'armée, il devrait confier les décisions de son existence à une femme. Or, malgré son éducation, ça n'a jamais été dans ses plans. Il préfère se séparer de ses testicules plutôt que d'être muselé de force. Il ne déteste pas fondamentalement le sexe opposé mais se trouve supérieur à la plupart des femmes, surtout physiquement, et juge qu'il n'est pour rien dans la défaite du Royaume éloigné de Narfas face à Uobmab il y a des années. Il estime qu'il n'a pas à payer pour les fautes de ses ancêtres. Il possède une collection d'armes époustouflante et s'entraîne durement pour renforcer encore plus sa silhouette. Il adore les lames fines et longues ; le sang sur les lames fines et longues pour plus de précision. Travailleur acharné, maniaque et ambitieux, Adolphe rumine le possible renversement de la Religion et du culte actuel vers un culte plus favorable aux hommes.
Une grimace peinte sur ses traits, Adolphe faisait mine de digérer avec difficulté la longue rasade d'alcool. Il sentait sa brûlure glacée descendre jusque dans son ventre pour y répandre sa familière chaleur. Officiellement, il ne buvait qu'en de rares occasions ; lors de repas officiels et parfois avec d'autres adolescents qui s'entraînaient aussi pour intégrer l'armée. Officieusement, c'était une boisson qu'il affectionnait, particulièrement au bordel, seul lieu où il lâchait prise, où toute la pression accumulée s'évanouissait. L'alcool n'était qu'un des multiples fluides qui marquaient ses visites tenues secrètes, mais il était celui qui sublimait les autres.
L'arrivée d'un cavalier chassa ses pensées et il observa le nouveau venu avec curiosité. La situation devait être plus grave que ses propos ne laissait présager pour qu'un messager soit envoyé jusqu'à eux en amont du convoi. Sa curiosité se mua en amusement quand sa mère lui fit vider les étriers pour prendre sa place. Sous-entendre une faiblesse féminine face à Tamara était possiblement la meilleure manière d'arriver à ce résultat et il venait d'en faire les frais. Si elle avait été dans un mauvais jour, du sang aurait déjà coulé, il était chanceux dans sa maladresse. Lieugro n'avait pas choisi le meilleur messager pour faire bonne impression. N'avaient-ils pas connaissance de leurs coutumes, venaient-ils dans une complète ignorance ?
Alors que la soldate s'éloignait, il échangea un regard avec Jésabelle et tendit une main vers Clémentin pour l'aider à se relever. « Bonjour. Je suis Adolphe d'Epilut. Bienvenue à Narfas. » Prononçant ces derniers mots avec un petit sourire entendu à son intention, il se tut pour laisser la Prêtresse l'interroger. Après s'être frotté à la rudesse de Tamara, c'est aux griffes de la blonde qu'il devait se mesurer. Il eut pitié pour ce roturier qui prenait de plein fouet l'hospitalité particulière des deux femmes. Adolphe perdit son sourire sous l'ordre qui lui fut adressé. Comment osait-elle le traiter en domestique ? La nuque raide, il hocha la tête d'un millimètre pour signifier qu'il prenait note de sa commande. Intérieurement, il bouillonnait. Elle l'écartait des discussions politiques en compagnie du bas peuple de Lieugro, le congédiant comme s'il était encore un enfant. Profitait-elle de l'absence de Tamara pour se débarrasser plus facilement de lui ? La mine sombre, il fit signe en silence au messager de le suivre à une table accolée au fond de la cour. Une tenture safran offrait une ombre salvatrice pour qui venait s'y réfugier.
Pestant silencieusement contre Jésabelle, Adolphe s'adossa au mur, les bras croisés. Il désigna du menton les carafes métalliques permettant aux contenus de garder leur fraîcheur. « Sers-toi. » De l'autre côté de la cour, le premier chariot venait de pénétrer par l'entrée. D'ici, il voyait les mines harassées des réfugiés, similaires à celle de Clémentin. « Tu n'as pas à t'inquiéter pour les femmes. Elles seront bien traitées ici. Plus que bien. » Ajouta-t-il avant de laissa la commissure de ses lèvres grimper vers ses oreilles. « Mieux que toi, si ça peut te rassurer. C'est la Cheffe des Armées qui a pris ton cheval. Tu devrais garder tes distances avec elle si tu ne veux pas t'attirer davantage qu'un peu de sable dans les cheveux. » Il marqua une pause pensive. « En réalité, mieux vaut éviter la majorité des femmes ici, du moins tant que tu n'as pas intégré la façon dont les choses fonctionnent. » Considérant qu'il avait donné suffisamment de conseils à un simple laquais, il détacha son épée accrochée dans son dos pour la glisser hors de son fourreau. Sans plus lui prêter d'attention, il extirpa un chiffon huileux d'une sacoche glissée à sa ceinture et se mit à le passer avec un soin tout particulier le long de la lame. Elle ne présentait aucun défaut et aucun accroc n'en émoussait le tranchant luisant même à l'ombre, ce qui ne l'empêcha pas de reproduire le rituel habituel. Il ne manquait que du sang dégouttant de l'acier pour qu'elle soit parfaite. De temps en temps, il levait les yeux sur le convoi désormais arrêté, tendant l'oreille pour chercher à grapiller les échos de leur conversation, attendant qu'ils se déplacent jusqu'à eux pour profiter des boissons.
Message II | 746 mots
Dernière édition par Zeryel le Mer 03 Mai 2023, 20:27, édité 1 fois
Priam & Freyja ~ Ange ~ Niveau III ~ ◈ Parchemins usagés : 4106 ◈ YinYanisé(e) le : 02/02/2018◈ Âme(s) Soeur(s) : La bière et le saucisson | L'adrénaline et les problèmes ◈ Activité : Berger [III], traducteur [II], diplomate [I] | Soldat [III], violoncelliste [I]
Mar 02 Mai 2023, 22:44
Unknown
Les Portes – Chapitre V
En groupe | Dastan
Rôle :
Ludoric De Tuorp est le fils de Gustave De Tuorp et d'Eléontine De Tuorp. Il passe beaucoup de temps à étudier. Il a comme projet de devenir militaire afin de défendre le Royaume des potentiels envahisseurs. Il est au courant du libertinage de sa mère, pour l'avoir surprise plusieurs fois avec ses amants et Hermilius. Il sait néanmoins tenir sa langue, puisqu'il a, lui-aussi, un énorme secret. En effet, Ludoric De Tuorp entretient une relation clandestine avec le fils du Roi, Placide De Lieugro, duquel il est amoureux. Ludoric est homosexuel et n'a donc jamais ô grand jamais été attiré par une femme. Il garde ses goûts pour lui puisque son père ne le supporterait pas. Il essaye donc de plaire à son père en draguant les femmes qu'il lui désigne. Il espère pouvoir se marier rapidement pour être débarrassé de la présence paternelle et pouvoir continuer sa relation avec Placide tranquillement, dans le dos de sa femme.
Lentement, Ludoric acquiesça. Il avait bien vu comment Garance se comportait avec Alembert. On aurait dit un Dieu vivant. Un bijou si précieux que rien ne devait même l’effleurer. Elle le regardait tout le temps et ils étaient souvent ensemble. De toutes les heures qu’il avait passées au palais, il ne l’avait jamais vue ainsi avec son neveu et ses nièces. Elle avait toujours fait preuve de politesse et de fermeté à leur égard, et elle était d’un naturel affable, mais il ne l’avait jamais vu exercer de tendresse à leur encontre. Quand Placide lui en parlait, il dépeignait une femme qui n’avait rien à voir avec l’image qu’elle renvoyait. Il l’avait toujours cru – sa propre mère était particulièrement douée pour masquer ses travers – et ce voyage tendait à confirmer ce qu’il lui avait appris à son sujet. Elle était plus ambitieuse qu’il n’y paraissait. Ensemble, les deux adolescents avaient déjà évoqué la possibilité qu’elle pût vouloir placer son enfant sur le trône. Pourquoi l’avoir si longtemps gardé caché, sinon ? Au bout de tant d’années, la honte n’apparaissait plus comme un motif valable. Si Garance comptait couronner son fils, il y avait donc bien trois potentiels prétendants au trône : Alembert, Placide, et Clémentin. Seul Placide avait la légitimité pleine et entière, de par son sang, son éducation et son rang. Néanmoins, avant sa mort, Montarville avait vraisemblablement prévu de ne pas en faire son héritier. Durant le bal, il devait annoncer que Coline lui succéderait. Coline avait disparu, enlevée par Judas d’Uobmab. Depuis, la question de la succession demeurait en suspens. Ludoric devinait qu’un jeu de pouvoir s’orchestrait à l’instant même où il songeait, et que le plus habile et le plus rapide des prétendants, celui qui disposait des appuis les plus solides, s’emparerait de la couronne dès que l’occasion se présenterait. Le voyage à Narfas ne faisait que repousser l’inévitable – si, toutefois, ils rentraient.
Le roux tourna la tête vers son amoureux. Il n’avait jamais été un grand adepte de sport, quelle que fût la pratique. « Vraiment ? Ça me va. J’ai toujours rêvé que tu me cours après. » le taquina-t-il. Un sourire flotta quelques instants sur ses lèvres. Depuis plusieurs semaines, amuser Placide pouvait être plus compliqué. C’était normal : en quelques jours à peine, il avait tout perdu, dont son père. Ludoric aurait aimé pouvoir le serrer dans ses bras et ainsi lui permettre de tout oublier. Ce n’était pas possible, alors il plaisantait un peu, il restait près de lui, il l’étreignait et le consolait quand il en avait besoin. Il endurait avec lui chacun des changements qu’il traversait. Il y mettait tout son amour, toute sa tendresse, toute sa dévotion. Il arrivait qu’ils se disputassent, mais ça ne durait jamais longtemps. Ils s’aimaient sincèrement. Même quand l’ombre de Clémentin venait chatouiller le désir de l’apprenti guerrier. Quand son nom fut mentionné, il regarda par la fenêtre. Un nuage de poussière enrobait l’image d’un cavalier lancé au galop. Malgré lui, le rouquin sentit son cœur s’emballer. Où allait-il ? Partait-il, comme le supposait Placide ? Impossible. Il y avait Rosette. Ce n’étaient pas que des rumeurs. Il passait tellement de temps à observer le brun à la dérobée qu’il avait largement perçu ce qui se tramait entre eux. À son plus grand désarroi, cette relation ne l’indifférait pas. Pendant une seconde, il fut incapable de formuler une réponse, se contentant de fixer le point qui s’éloignait de plus en plus, puis il articula : « Je ne crois pas. Nos mères étaient très proches. » Il marqua un temps d’arrêt, avant de se tourner vers Zébella. Ça lui semblait être une époque si lointaine. « Rosette a toujours été une fille bien, assez discrète. Certains lui reprochaient même d’être trop prude. » Lui, il était sûr qu’ils couchaient ensemble. Ça se voyait à la façon dont ils se regardaient. Ça avait ce petit quelque chose de parfaitement insupportable, uniquement pour lui. Il aurait pu pourrir la rousse, mais ça n’aurait été que de la pure jalousie, et il ne voulait rien en montrer. « Mais peut-être que Lambert a un peu lâché la bride, avec tout ce qu’il se passe… Ou peut-être qu’il a demandé à Clémentin de veiller sur elle. » Il haussa les épaules. Ça n’était pas la raison de la présence du brun dans la calèche de la d’Eruxul et du Lieugro, évidemment. Il valait cependant mieux que la fille d’Uobmab n’en sût rien.
Quand ils arrivèrent enfin, Ludoric fut heureux de pouvoir déplier ses jambes. Les voyages en voiture étaient particulièrement inconfortables, pour lui qui avait l’habitude de monter à cheval. Il promena un regard curieux sur ce nouvel environnement, s’attardant sur les visages de leurs hôtes et quelques détails du décor. La chaleur était plus brute encore qu’à l’ombre du carrosse. L’intervention de Zébella lui fit baisser les yeux sur elle. Elle avait une façon de s’adresser aux autres qu’il trouvait souvent à la limite du supportable. On disait partout que Judas avait éduqué ses enfants durement, mais il avait visiblement oublié de leur distribuer quelques paires de baffes pour s’assurer de leur humilité et de leur politesse. Sa provocation, toutefois, le fit sourire. Il la dévisagea, sourcils haussés, avant de les froncer quand elle parla à son amant. Il détestait sa manière de se comporter avec lui. « Je suis sûr que Placide serait ravi de te montrer qu’il vise aussi bien avec une épée. » ne put-il s’empêcher de rétorquer. « Cela dit, tu es prisonnière, donc tu n’as rien à exiger. » Habituellement, il la vouvoyait. Il scruta ses yeux bleus, silencieux, puis releva la tête vers Garance et Lambert, qui se présentaient à deux dames. La rousse, ce devait être Tamara d’Epilut. On lui en avait déjà parlé, car il était impensable, à Lieugro, de voir une femme devenir cheffe des armées. Qu’elle existât vraiment le surprenait presque. Au fil du temps, elle s’était parée d’airs de légende. Sans regarder Zébella, il lâcha, feignant l’indifférence : « Et puis je ne vois pas vraiment ce que nous retirerions d’entraînements contre toi. Quelques bleus, peut-être… » En réalité, elle avait piqué son intérêt. Les Uobmab étaient connus pour être des guerriers féroces.
Message III – 1038 mots
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Quand je vois une bêtise plus grosse que moi et que je décide de la faire.