Les bras chargés de dépliants touristiques, guides, plans et autres supports de visite, Kiara marchait dans les allées du parc de l’école. Elle en avait déjà décrypté quelques-uns, à la recherche de lieux à découvrir et d’activités à réaliser en groupe. Le gros du « programme » – car il s’agissait davantage de proposer une liste des possibles que d’établir un emploi du temps cadré et millimétré – devait se penser à deux. Elle avait donné rendez-vous à sa binôme, Eris, à l’une des fontaines. Comme elle s’approchait du lieu, elle vit qu’elle l’attendait déjà. Il s’agissait d’une Sorcière ; Lana avait grimacé en apprenant qu’elle devrait coopérer avec l’une des représentantes de cette sous-race – elle les exécrait d’autant plus qu’elle avait gardé un souvenir amer de la dernière visite de l’ancien Prince Noir. Quant à la Rehla, les réticences des Sirènes à l’égard des Enfants d’Ethelba avaient marqué son éducation, et ses parents, bien que disciples des Étoiles eux aussi, avaient parfois été pris dans les démêlés diplomatiques qui opposaient régulièrement les deux peuples. Néanmoins, elle tentait de faire preuve de plus de tolérance que sa meilleure amie. C’était une des valeurs coronaires de Basphel, et l’une de celles qu’elle devait appliquer si elle espérait un jour pouvoir faire honneur à sa race. Par moments, elle se demandait à quoi bon ; mais la réalité la rattrapait toujours. Le choix n’était pas sien, pas vraiment. « Bonjour. » fit-elle à l’intention d’Eris, avant de commencer à disposer les documents sur le rebord de la fontaine. « Tu vas bien ? » Elle s’assit, les papiers et livres entre elles. « J’ai cherché un peu, et j’ai trouvé tout ça. » Elle attrapa un guide. « Je pense que celui-ci est le plus complet. Tu connais un peu Seaghdha, ou pas du tout ? » s’enquit-elle. « Pour moi, c’est une découverte. Je n’y ai jamais mis les pieds. » Elle feuilleta le livre, jetant une œillade à son interlocutrice. Elle tentait d’être sympathique, mais ne pouvait s’empêcher d’être à la fois méfiante et intriguée. « Je n’y ai pas pensé plus tôt, mais en venant, je me suis dit qu’on pouvait aussi demander aux quelques Vampires de l’école s’ils avaient des visites ou des activités à conseiller là-bas. Je pourrais demander à Pieris, c’est un ami du frère de Lana. » Sa main se figea sur une page. « Apparemment, on peut parcourir la ville en bateau, sur le fleuve Phaera et ses affluents. Ça donne accès à tous les quartiers. Qu’est-ce qui plairait aux autres, tu penses ? »
Message I – 429 mots
Padmë Erushaära ~ Orisha ~ Niveau I ~ ◈ Parchemins usagés : 29 ◈ YinYanisé(e) le : 04/03/2023
Éris leva les yeux vers le ciel. Le soleil avait une saveur plus douce à Basphel. Amestris ne possédait pas un climat clément, surtout depuis que l’horizon était chargée du vert d’un ciel orageux, menaçant et mystérieux. La Sorcière resta un instant ainsi, à se demander si son peuple avait le pouvoir de faire fuir l’astre du jour lui-même, puis, finalement, posa son regard sur la chevelure argentée de son binôme. « Je m’adapte. » murmura-t-elle. Vivre au milieu de peuples différents était un réel défi. Elle ressentait l’envie de leur arracher les yeux avec une petite cuillère. Néanmoins, son père et ses doigts avaient le mérite d’être loin d’elle. En fixant la Sirène, elle se demanda si un homme l’avait déjà touchée, si un homme avait été capable de l’immobiliser d’un simple mot. Éris savait ce qu’était le conditionnement, ce que son géniteur avait usé sur elle. Le problème c’est qu’elle ignorait si les mots qu’il avait ancrés au plus profond d’elle, ces mots qui la rendaient impuissantes, n’agissaient que parce qu’il les prononçait en personne ou s’ils pourraient agir prononcés par un autre que lui. Elle n’était pas pressée de vérifier. « Non. Je n’étais jamais sortie d’Amestris avant de venir ici. » Son ignorance quant au pouvoir des mots sur elle la rendait méfiante vis-à-vis d’autrui. Surtout, la fille qui se tenait là était une Sirène. Elle ne pouvait pas lui faire confiance. Le fait qu’elle eût choisi le rebord d’une fontaine ne lui inspirait rien de bon. Elle s’assit néanmoins. Elle se sentait un peu vide. Depuis qu’elle était à Basphel, elle pensait souvent à son père. Son esprit partait à la recherche de la première fois qu’il l’avait touchée. Elle se demandait pourquoi. À présent que le monstre n’était plus près d’elle, d’autres démons la hantaient. « Oui, on pourrait… » Elle ne savait pas ce qui plairait aux autres. Elle se fichait des autres. « Est-ce que tu sais si les Vampires jouent de la musique ? Je pense que ce serait intéressant. » Elle parlait surtout pour elle.
Doucement, son regard vint caresser le visage de Kiara. « C’est malheureux ce qu’il s’est passé récemment dans les eaux. Tu avais de la famille sous la surface ? » Elle n’était pas désolée. « J’ai entendu dire que des Vampires avaient été exterminés… tu crois qu’il y a une forme d’épidémie ? Après les Sirènes et les Réprouvés, les Vampires ? » Éris n’était pas très cultivée mais certains faits étaient si gros qu’il n’y avait qu’à répéter ce que tout le monde disait. « Même le ciel est devenu fou… » Néanmoins, le plus grand Sorcier du monde était devenu Roi et elle en était reconnaissante. « Tu joues de la musique ? »
462 mots
Lana Kælaria ~ Sirène ~ Niveau I ~ ◈ Parchemins usagés : 271 ◈ YinYanisé(e) le : 20/01/2021◈ Activité : En études
Kiara jeta un coup d’œil à ses prospectus, cherchant réponse à la question d’Éris. Elle était certaine d’avoir vu quelque chose à ce sujet. « Oui. Là. » Elle prit un dépliant et le défit pour qu’elles pussent le voir en intégralité. « Il y a un opéra, à Seaghdha. Je crois qu’il est assez réputé ? Il me semble qu’on m’en a déjà parlé, chez moi. » L’idée de la Sorcière l’enthousiasmait. Elle se mit à parcourir les écritures du document, à la recherche d’informations. Elle s’apprêtait à les formuler à l’oral, mais fut interrompue par sa question. La Rehla releva la tête et la dévisagea sans s’en cacher. Sa question était indiscrète, maladroite. Presque offensante, eu égard au passé qui liait les deux races. « Oui, un petit peu. » répondit-elle toutefois, polie mais sur la réserve. « Mes parents étaient en voyage, heureusement. » Elle leur avait demandé s’ils avaient senti la catastrophe advenir. Ils étaient restés excessivement évasifs. Elle n’aimait pas quand ils se comportaient de la sorte. « Une épidémie ? » Kiara secoua doucement la tête. « Non. Enfin, c’est peut-être lié, mais… » Elle s’interrompit, pensa au ciel, au chant des étoiles qui ne résonnait presque jamais pour elle. C’était toujours discret, ténu, trop court pour qu’elle pût en être certaine. « Mes parents sont diplomates, donc ils rencontrent pas mal de monde. La plupart des gens hauts placés pensent que tout ça prépare de grands changements. Cela dit, personne ne sait trop comment expliquer certains événements. La guerre, ça va, mais des choses comme les gemmes… » Elle se tapota le menton du bout de l’index et du majeur. « Oui, depuis longtemps. » répondit-elle. « Toutes les Sirènes jouent d’au moins un instrument. J’ai fait un peu de flûte traversière quand j’étais petite, mais ce que je préfère, c’est le piano. Je chante, aussi. Et toi ? » Elle la regarda, se demandant si ce point commun pourrait être une bonne façon de créer un semblant de lien, au moins pour trouver quelques visites à faire. « On pourrait proposer aux autres d’aller à l’opéra. Ils y jouent aussi de simples concerts. Je pense que ça pourrait intéresser plusieurs personnes. Tous les peuples font de la musique, même si parfois ça n’a rien à voir… » Les yeux rivés sur le prospectus, elle se gratta la joue, distraite. « Et puis ça doit être un beau bâtiment. On pourrait sans doute étudier l’architecture et l’histoire du lieu. En plus je crois qu’il n’est pas loin des musées. » La blanche se redressa et regarda Éris. « C’est vrai que vous avez un Roi musicien, maintenant. Il fait toujours beaucoup de concerts ? » s’enquit-elle. « J’ai souvent entendu parler de son duo avec le Duc Paiberym, à Lagherta. » Le père de Lucius.
Message II – 429 mots
Padmë Erushaära ~ Orisha ~ Niveau I ~ ◈ Parchemins usagés : 29 ◈ YinYanisé(e) le : 04/03/2023
Éris regarda le prospectus, en se demandant si l’Empereur Noir avait déjà visité l’endroit ou non. Elle pensa que oui, à moins que cette opéra ne fût pas à la hauteur. « Oh. Je vois. Mes parents… » Elle hésita. « Ce ne sont pas des diplomates. » Elle n’était pas sûre de désirer partager ce que faisaient ses géniteurs avec une Sirène presqu’inconnue. Surtout, elle voulait éviter les questions qui auraient pu porter sur son père. Elle haïssait les hommes. Entre une Ondine et un homme, elle préférait la première solution, malgré l’inimitié de leurs deux peuples. Néanmoins, lorsqu’elle parla du fait qu’elle jouait des instruments et chantait, son regard s’éclaircit légèrement. Elle aurait pu parler de musique durant des heures, bien qu’elle ne fût qu’au début de son apprentissage et souffrît de bien des lacunes. « Je m’intéresse à beaucoup d’instruments. Néanmoins, celui que je préfère est une sorte de violon. Il a été imaginé par le Roi des Sorciers. » C’était bien la seule chose que son père avait fait pour elle. Il avait dû juger que ça l’occuperait sans la rendre plus intelligente. « Je pourrai te le montrer si on en a l’occasion. » Elle n’était pas sûre de vouloir se lier d’amitié avec une Sirène. Cependant, elle n’avait aucun ami et c’était une musicienne. « Oui, on pourrait. » Les autres. Elle aurait préféré ne rester qu’à deux. Les autres comportaient des hommes et des personnes qui n’étaient pas musiciennes. Quant au fait que tous les peuples fissent de la musique… certes, si l’on pouvait appeler le bruit de la musique.
Pour la deuxième fois de la conversation, les yeux d’Éris s’animèrent. « Oui ! L’Empereur Noir est un formidable musicien. » Et un tueur de masse également, mais ça ne lui importait absolument pas. « Il est prodigieux. » Et beau. « Je ne sais pas s’il en fait toujours. Depuis que je suis ici, c’est plus compliqué. Mes parents sont occupés et ne m’écrivent pas. » Moins elle avait de nouvelles, mieux elle se portait. Elle redoutait les vacances. Si l’école ne la mettait pas dehors durant ces périodes, elle inventerait des excuses pour rester. « Oui, je le connais, il est de ma famille. C’est un Magicien mais il paraît que Sa Majesté et lui sont très proches. En même temps, ils sont talentueux… et puis le Duc Paiberym a vécu son enfance à Nementa Corum. » Elle perdit son regard dans le vide. « J’aimerais beaucoup le rencontrer pour qu’il me présente l’Empereur Noir… » Elle ne l’avait jamais vu de près mais elle pourrait peut-être faire jouer ses relations.
Les bras chargés de dépliants touristiques, guides, plans et autres supports de visite, Kiara marchait dans les allées du parc de l’école. Elle en avait déjà décrypté quelques-uns, à la recherche de lieux à découvrir et d’activités à réaliser en groupe. Le gros du « programme » – car il s’agissait davantage de proposer une liste des possibles que d’établir un emploi du temps cadré et millimétré – devait se penser à deux. Elle avait donné rendez-vous à sa binôme, Eris, à l’une des fontaines. Comme elle s’approchait du lieu, elle vit qu’elle l’attendait déjà. Il s’agissait d’une Sorcière ; Lana avait grimacé en apprenant qu’elle devrait coopérer avec l’une des représentantes de cette sous-race – elle les exécrait d’autant plus qu’elle avait gardé un souvenir amer de la dernière visite de l’ancien Prince Noir. Quant à la Rehla, les réticences des Sirènes à l’égard des Enfants d’Ethelba avaient marqué son éducation, et ses parents, bien que disciples des Étoiles eux aussi, avaient parfois été pris dans les démêlés diplomatiques qui opposaient régulièrement les deux peuples. Néanmoins, elle tentait de faire preuve de plus de tolérance que sa meilleure amie. C’était une des valeurs coronaires de Basphel, et l’une de celles qu’elle devait appliquer si elle espérait un jour pouvoir faire honneur à sa race. Par moments, elle se demandait à quoi bon ; mais la réalité la rattrapait toujours. Le choix n’était pas sien, pas vraiment. « Bonjour. » fit-elle à l’intention d’Eris, avant de commencer à disposer les documents sur le rebord de la fontaine. « Tu vas bien ? » Elle s’assit, les papiers et livres entre elles. « J’ai cherché un peu, et j’ai trouvé tout ça. » Elle attrapa un guide. « Je pense que celui-ci est le plus complet. Tu connais un peu Seaghdha, ou pas du tout ? » s’enquit-elle. « Pour moi, c’est une découverte. Je n’y ai jamais mis les pieds. » Elle feuilleta le livre, jetant une œillade à son interlocutrice. Elle tentait d’être sympathique, mais ne pouvait s’empêcher d’être à la fois méfiante et intriguée. « Je n’y ai pas pensé plus tôt, mais en venant, je me suis dit qu’on pouvait aussi demander aux quelques Vampires de l’école s’ils avaient des visites ou des activités à conseiller là-bas. Je pourrais demander à Pieris, c’est un ami du frère de Lana. » Sa main se figea sur une page. « Apparemment, on peut parcourir la ville en bateau, sur le fleuve Phaera et ses affluents. Ça donne accès à tous les quartiers. Qu’est-ce qui plairait aux autres, tu penses ? »
![[Vampirel] Tourisme à Seaghdha | Eris Vq38](https://zupimages.net/up/22/36/vq38.bmp)
Éris leva les yeux vers le ciel. Le soleil avait une saveur plus douce à Basphel. Amestris ne possédait pas un climat clément, surtout depuis que l’horizon était chargée du vert d’un ciel orageux, menaçant et mystérieux. La Sorcière resta un instant ainsi, à se demander si son peuple avait le pouvoir de faire fuir l’astre du jour lui-même, puis, finalement, posa son regard sur la chevelure argentée de son binôme. « Je m’adapte. » murmura-t-elle. Vivre au milieu de peuples différents était un réel défi. Elle ressentait l’envie de leur arracher les yeux avec une petite cuillère. Néanmoins, son père et ses doigts avaient le mérite d’être loin d’elle. En fixant la Sirène, elle se demanda si un homme l’avait déjà touchée, si un homme avait été capable de l’immobiliser d’un simple mot. Éris savait ce qu’était le conditionnement, ce que son géniteur avait usé sur elle. Le problème c’est qu’elle ignorait si les mots qu’il avait ancrés au plus profond d’elle, ces mots qui la rendaient impuissantes, n’agissaient que parce qu’il les prononçait en personne ou s’ils pourraient agir prononcés par un autre que lui. Elle n’était pas pressée de vérifier. « Non. Je n’étais jamais sortie d’Amestris avant de venir ici. » Son ignorance quant au pouvoir des mots sur elle la rendait méfiante vis-à-vis d’autrui. Surtout, la fille qui se tenait là était une Sirène. Elle ne pouvait pas lui faire confiance. Le fait qu’elle eût choisi le rebord d’une fontaine ne lui inspirait rien de bon. Elle s’assit néanmoins. Elle se sentait un peu vide. Depuis qu’elle était à Basphel, elle pensait souvent à son père. Son esprit partait à la recherche de la première fois qu’il l’avait touchée. Elle se demandait pourquoi. À présent que le monstre n’était plus près d’elle, d’autres démons la hantaient. « Oui, on pourrait… » Elle ne savait pas ce qui plairait aux autres. Elle se fichait des autres. « Est-ce que tu sais si les Vampires jouent de la musique ? Je pense que ce serait intéressant. » Elle parlait surtout pour elle.