Ma langue vint lécher la glace que je tenais. J’étais peut-être légèrement en retard mais n’avais que très peu de considération pour les autres. Mon estomac passait bien avant eux et il était particulièrement exigeant. Quant à mes jambes, il fallait que je fisse attention. Mes cuisses frottaient l’une contre l’autre à chaque pas et mes chevilles étaient fragiles. Elles devaient supporter un poids peu adapté à leur morphologie. J’avançais donc doucement. L’avantage de mon état consistait en la dispense de cours de sport. Personne ne voulait voir une grosse transpirer comme un porc et souffler comme un bœuf. Leur petite nature me valait tous les égards du monde. Dire que certaines filles avançaient l’argument de leurs menstruations. Petites joueuses.
Lorsque j’arrivai enfin, je constatai qu’un garçon était déjà là. Mes yeux coururent le long du dossier de la chaise et remarquèrent un élément qui me fit sourire. « Je vois que tu es attaché… » Quel malheur. Pour lui surtout. Je m’avançai et sortis ma langue pour happer la glace. Il y avait deux boules : une à la vanille et une à la pistache. « Miam, c’est vraiment bon… Tu as déjà goûté les glaces ici ? J’adore… » Je ne m’installai pas tout de suite et me déplaçai vers lui. Mes doigts collants caressèrent ses liens. « Tu me fais penser à un bon rôti… » laissai-je entendre. Le rôti était un plat exquis, à condition de bien savoir faire cuir la viande. Elle pouvait vite devenir sèche et je la préférais saignante.
Finalement, je finis par rejoindre ma chaise. Face à lui, je me présentai. « Je suis Muscarine Paiberym. » dis-je, avant de lécher de nouveau ma friandise. Mes papilles appréciaient. Une goutte tomba sur mon menton et finit sur mon haut. Je n’y fis pas attention et posai les yeux sur lui. Un autre gringalet. N’y avait-il que ça, dans cette école ? Des hommes tiges ? « Je pense que tu devrais manger… Une bonne glace, ça ne fait de mal à personne. » avançai-je, tout en me relevant et en me penchant au-dessus de la table. Je lui collai le cornet sur les lèvres. « Lèche, tu verras… » Il n’avait probablement plus le choix. J’enlevai mon arme culinaire et fixai la matière sur lui. J’avais presque envie de m’en goinfrer. Heureusement pour lui, je préférais la gaufrette au chocolat à la glace fondue. « Tu as bon appétit en temps normal ? » Je connaissais déjà la réponse. Je léchai de nouveau la glace puis croquai le cornet avec délice avant de passer ma langue sur mes lèvres.
431 mots
Taj ~ Humain ~ Niveau I ~ ◈ Parchemins usagés : 96 ◈ YinYanisé(e) le : 30/01/2023
Je contins mon impatience dans une inspiration tandis que je patientais depuis un peu plus d'une minute sur ma chaise. Quelle douce créature allait se présenter à moi ? Un sourire flottait au coin de mes lèvres tandis que je me figurais une blonde, un brune puis une rousse. Aurait-elle une couleur de cheveux exotique ? Cette idée me charmait plus que les autres. Du violet, du rose ou bien du bleu aurait été pas mal. Il allait sans dire qu'avoir les mains attachées dans mon dos avait le don de m'amuser. L'AAAP ne souhaitait visiblement pas nous faire perdre notre temps : si la fille qui se présentait à moi me plaisait – et je n'avais aucun doute là-dessus – alors il me suffirait de la charmer – je n'avais aucun doute sur l'exquisité de mon physique non plus – pour que nous nous adonnions sur le champ à une session de pur plaisir. Les liens n'étaient qu'une manière de pimenter notre rapport à venir. J'étais déjà prêt à bander.
Le supplice de cette longue attente arriva finalement à terme lorsque je vis une main pousser le rideau pour libérer le passage à la jouvencelle qui m'attendait. J’ignorais alors qu’il était remplacé par une torture pire encore. Je m'étais paré de mon plus beau sourire, dents déployées. Quand ma prétendante fut entièrement rentrée dans mon champ de vision – elle était large – je fis des efforts surhumains pour maintenir mon expression ravie. En réalité, j'étais détruit à l'intérieur et je soupçonnais une plaisanterie de la part de l'association. Non, pire : c'était un complot contre ma personne. On cherchait de toute évidence à m'humilier et je devais admettre que c'était réussi.
Ce qui se tenait devant moi n'étais pas une étudiante, et j'émettais presque des doutes à appeler cela une femme. J’ignorais que les concierges avaient eu le droit de participer à l’événement et trouvais cela particulièrement pervers et obscène. L'énergumène, fripée et massive débordait de ses propres vêtements. Je retenais une grimace de dégoût face au mastodonte.
-Bonjour.
Contrairement à elle, je tenais à rester poli. Je devais lui montrer que j'étais en tout point supérieur à elle malgré les liens qui me maintenaient prisonnier.
-Pas ici. Répondis-je, mon sourire crispé s'évanouissant progressivement, tandis qu'elle s'avançait vers moi.
Dans mon dos, mes poignets s'agitaient. Je cherchais aussi désespérément que discrètement à desserrer mes liens, dans l'espoir de m'enfuir. Je me figeai lorsqu'elle me frôla.
-Ah...
Elle me terrifiait, non pas parce qu'elle était une Sorcière, mais parce qu'elle me dégoûtait profondément. Je ne pouvais m'empêcher de fixer consécutivement sa glace et sa bouche auréolée de sucre luisant.
-Gustavo. Je profitai de me présenter pour reprendre de l'aplomb.
J'observais la crème fondue couler sur son visage, puis sur ses vêtements. Mon estomac se serrait à la simple vue de ce spectacle. Je reculai la tête alors qu'elle avançait son immonde cornet jusqu'à moi. Là, j'avais envie de vomir. Depuis quand trainait-elle sa glace avec elle ? L'avait-elle présentée à ses précédents rendez-vous ? Quelle horreur... Je reconnaissais là la fourberie propre aux peuples maléfiques.
-Sans faç-...
Je me décomposai au milieu de ma tentative d'opposition. Le pachyderme était aussi insistant qu'imposant et je capitulai sur le consensus d'une minuscule léchouille sur la boule à la vanille. Un frisson terrible me traversa l'échine et j'avalai, la gorge serrée. J'avais envie de mourir immédiatement, plutôt que de subir les complications digestives que m'apporterait cette glace pas fraîche que sa langue avait allègrement contaminé. Je sus dès lors que je ne mangerais plus jamais de glaces à la vanille.
-J'ai un appétit normal en temps normal.
Car cet instant était loin d'être normal tant mon désir de jeûner plusieurs jours était puissant, désireux de me purger de cette lichette de crème glacée. Aussi, j'insistai sur le mot "normal" afin de lui faire comprendre qu'elle ne l'était pas et que ça n'était en rien une bonne chose. Je m'éclaircis la voix, reprenant peu à peu contenance.
-De toute évidence, ton premier amour est la nourriture. Que recherches-tu ici ?
Il allait du bon sens qu'elle n'était pas venue chercher un prétendant, et elle en était elle-même consciente. Muscarine était grosse, une vache pédante qui n'avait que faire de son apparence. Autrement dit, elle était parfaitement au fait qu'elle ne séduirait personne, que ce fut ici ou ailleurs. Quel était donc son but en s'inscrivant à ces speed-dating ? Agissait-elle seulement dans le but de traumatiser quelques mineurs ?
-Pour ma part, sache que je recherche une fille séduisante avec qui partager mon lit ; pas mon repas.
Si les dindes ne me dérangeaient pas, je voulais qu'elles n'en aient que la cervelle.
774 mots Oups
Muscarine Paiberym ~ Sorcier ~ Niveau I ~ ◈ Parchemins usagés : 68 ◈ YinYanisé(e) le : 03/12/2022
« Normal… » Quel mot affreux. Qu’avaient-ils donc tous à se prétendre normaux avec aplomb ? Un sourire barra mon visage. Peut-être que Perséphone et Gustavo pourraient faire une belle brochette de normalité ? Je posai mon cornet sur la table et commençai à enlever la saleté qui s’était retrouvée sous mes ongles au cours de la journée. Je soupçonnais l’un d’eux d’être atteint d’une mycose. Néanmoins, cela ne me dérangeait pas le moins du monde. Ainsi, je pourrais peut-être m’entraîner sur les champignons. Ceux-ci étaient microscopiques et donc plus difficiles à manier que des spécimens plus gros, bien que ces derniers me posassent également d'incommensurables difficultés. Ma magie ne m'obéissait pas. Je passai le bout de mon pouce sous l’ongle de l’autre pouce, pour en extraire une substance entre le noirâtre et le caramel. Elle colla à la pulpe de mon doigt. En l’étudiant quelques secondes, j’arrivai à la conclusion qu’il s’agissait probablement d’un mélange de crasse et de caramel. « Je recherches à provoquer l’ire de mon fiancé. » dis-je tranquillement, en écrasant ma peau grasse sur la surface plane de la table. Je fis courir mon épiderme sur le bois pour me débarrasser de la saleté pendant qu’il me cultivait sur ses intentions. « Oh, je vois. » fis-je, en relevant les yeux vers lui. « Tu veux dire que tu cherches à faire exactement comme tous les autres ? Quelle surprise… » Je ris. « Tous ces autres qui pensent que plus ils auront de conquêtes, plus ils seront importants. » Je soupirai et me relevai. Mon père m'avait fait mille sermons sur ces autres.
Doucement, je m’avançai de nouveau vers lui. Je n’allais pas m’asseoir sur le bord de la table. Je l’avais déjà tenté une fois. Les meubles supportaient rarement mon poids. Qu’ils finissent tous à mes pieds n’était pas un problème mais que je finisse également par terre avait tendance à me déplaire. Je me saisis de mon cornet. Sur la table, une flaque blanche et collante s’était formée pendant notre conversation. Je sortis ma langue et me penchai pour lécher le liquide. Je n’aimais pas gâcher. « Ne t’inquiètes pas. J’ai compris. » Le liquide encore présent dans le cornet coula entre mes doigts, ce qui ne m’empêcha pas de changer ma glace de main et d’avancer ma peau souillée vers lui. Je la collai sur sa joue, lui laissant savourer l’humidité du contact. S’il cherchait une fille séduisante à mettre dans son lit, je supposais que le mouillé ne le dérangeait pas vraiment. « Je ne suis pas ton genre. Ce n’est pas grave. Tu n’es pas le mien non plus. » avouai-je. J’attrapai le col de son haut et y engouffrai la glace. Je n’aimais pas le gâchis mais certains gâchis étaient pardonnables. « Comme tu n’as pas de glace à me faire lécher en retour, je te laisse la mienne pour que tu t’entraînes. » J’aurais pu formuler autrement. Ma phrase ne reflétait pas vraiment mon idée mais tout le monde n’était pas un génie de la rhétorique. Je reniflai et partis.
491 mots Elle me dégoûte
Taj ~ Humain ~ Niveau I ~ ◈ Parchemins usagés : 96 ◈ YinYanisé(e) le : 30/01/2023
J’émis un sourire à sa réponse. De toute évidence, il était uniquement possible de se fiancer à une pareille truie sous la contrainte. Cela expliquait parfaitement la démarche ridicule de cette Sorcière. Je suivais ses doigts gras et potelés se promener sur la table avec méfiance. Ils évoquaient en moi la même horreur que si j’avais été une fillette et qu’une grosse araignée gesticulait juste devant moi. Je m’assombris.
-Je ne suis pas comme les autres. Me sentis-je forcé d’articuler.
Comment osait-elle ? J’étais Gustavo de la Torpille, le seul et l’unique. J’étais un être extraordinaire. J’étais au-dessus des normes, là où elle était enterrée bien bas sous celles-ci, à moisir avec les vers de terre. Quant au reste, je ne pouvais pas défendre l’évidence. Muscarine se trompait et il était libre à elle de se tromper. Elle était si stupide que cela n’avait, au final, que peu d’importance. Des cons, il en fallait partout. C’était ce que les années m’avaient appris.
Quoi qu’il en fût, il allait de soi que le nombre de partenaires étaient une valeur déterminante pour juger de l’importance d’un homme. D’une femme aussi, mais là, la réputation était plutôt descendante. Sans m’en rendre compte, je m’étais mis à fixer la glace, qui colonisait la surface de la table comme une énorme traînée de miasme épais. J’avais la gorge serrée depuis que j’avais avalé une portion de cet aliment, que l’on pouvait à présent définir comme un écosystème à lui tout seul. Je crus que le calvaire allait prendre fin quand elle se réappropria son cornet, mais il n’en fut rien. J’hallucinais en apercevant la grosse entrer dans mon champ de vision – elle ne l’avait jamais vraiment quitté ceci-dit – et étaler sa grosse langue bovine sur la table. Mon estomac se contracta, mais grâce à une force surhumaine, je restai de marbre. J’étais devenu aussi pâle que la mort et je levai des yeux terrifiés lorsqu’elle s’avança encore vers moi. Mon instinct de survie m’incita à reculer, mais j’étais toujours assis et ligoté. Mes mains s’activèrent de plus belle sur mes liens. Je détournai la tête, contenant un gémissement de peur, mais cela ne suffit pas à éviter la main poisseuse qui se colla sur ma joue. Je fermai les yeux, expirai tout l’air de mes poumons par les narines, puis réinspirai avant de bloquer. La crise était majeure, mais il était impératif que je gardasse mon calme. Je ne pouvais pas me décomposer devant une créature pareille. Je valais mieux que ça. Je comptais les secondes alors que le contact s’éternisait. Je voulais crier à l’aide. Je priais pour que l’AAAP me sortît de cet enfer. Ma prière entendue, je ne n’eus cependant pas le temps de décrisper : une sensation de fois électrisa mon torse, expulsant l’air de mes poumons dans un cri de surprise.
-Putain, espèce de salope ! Vociférai-je alors qu’elle disparaissait enfin.
La glace coulait contre moi, sur mes vêtements qui se mettait à coller à mon ventre, comme une ventouse. Fou de rage, je tirai sur mes liens comme un dératé.
-Sortez-moi de là !
Je hurlais à m’en arracher les cordes vocales. Le contact sur ma peau était insupportable. J’étais souillé, dégoûté et humilié. Un membre de l’association entra en trombe dans l’isoloir.
-Qu’est-ce qu’il s’est p-...
-Libère-moi de ces putains de cordes !
Je bouillonnais. J’allais l’insulter lui aussi s’il continuait de jouer au benêt qui ne comprenait rien. Je ne voulais pas qu’il comprît toutefois ; je voulais qu’il s’exécutât sans dire un mot. Je n’avais pas à expliquer les faits et gestes de la guenon dégueulasse avec laquelle on m’avait foutu. En fait, ç’aurait dû être à elle de se justifier.
-Allez ! Dépêche !
Cet idiot de première s’exécuta enfin et ni une, ni deux, je me levai. Je saisis le cornet de glace et l’extrayais de mon haut, puis le jetai par terre.
-Putain de merde ! Crachai-je.
J’avais besoin d’extérioriser. J’éprouvais l’envie irrépressible de tabasser Muscarine, mais imaginer mes poings s’enfoncer dans sa masse graisseuse et dégoulinante m’écœurait. J’ignorais même si cela lui ferait mal. Les poings serrés, je quittai la cabine et la grande salle. Je devais retourner dans ma chambre le plus vite possible, me laver et me changer, avant que trop d’élèves me voient dans cet état. J’avais été souillé et avais besoin de me purifier, corps et âme.
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