« Bonjour. » Glissai-je en m'asseyant face à ma nouvelle partenaire. Celle-ci avait les yeux bandés. C'était ennuyeux. Je comptais beaucoup sur mon physique pour ces entrevues. « Comment t'appelles-tu ? » La questionnai-je avant d'ajouter. « Je ne vais pas te donner mon nom tout de suite. Autant jouer le jeu jusqu'au bout, non ? Si tu veux, tu peux me poser des questions pour essayer de deviner qui je suis et j'y répondrai. Promis, je ne mentirai pas. » Elle ne le verrait pas mais un sourire narquois déformait mon visage. La bonne nouvelle, c'est que je n'avais pas besoin de contrôler mes expressions faciales. Qu'importait si Léonidas était un Sorcier coincé qui souriait une fois par an, s'il avait un air menaçant ou s'il se caressait le menton quand il réfléchissait. Cette fille n'en saurait rien. J'aurais même pu laisser mon enveloppe se dissiper pour revenir à ma brume étoilée qu'elle n'en saurait toujours rien.
« J'ai une idée. Une nouvelle façon si tu préfères, de déceler si l'AAAP a bien fait son travail pour ce tour. Il n'y aura pas de triche possible. Tu veux bien me décrire ton idéal ? Qu'est-ce qui fait battre ton coeur ? Est-ce qu'il est blond, brun ? Est-ce qu'il aime rire ou faire rire ? Est-il sportif ? Plutôt grand ou petit ? Confiant ou timide ? Une race que tu préfères ? D'ailleurs, de quelle race est-ce que tu es ? » Je parlais plus, beaucoup plus et surtout beaucoup trop. C'était dangereux car il ne m'avait pas semblé que Léonidas soit très bavard, mais je prenais le risque, épris par le jeu dans lequel je nous lançais.
« Tu penses trouver ton idéal, un jour ? Tu l'as peut-être déjà trouvé. Peut-être même que je te ferai changer d'avis sur tes critères. Difficile à dire, tu ne le sauras jamais, sauf si je te donne mon nom d'ici la fin de notre conversation. Il ne te reste plus qu'à deviner qui je suis. Je peux te donner quelques indices. Pour commencer, je ne devrais pas être là. » Au moins, je ne commençai pas par un mensonge. « Mais l'interdit me plaît, comme à n'importe qui. C'est excitant d'être ici alors que je n'y ai pas ma place. Tu aimes l'interdit ? Pour tout te dire, je ne suis pas vraiment libre à proprement parler. Mais j'ai décidé d'oublier ce détail pour venir ici, des fois que quelqu'un puisse changer les choses, ou juste pour pimenter un peu ma relation avec elle. Ça t'intéresse ? »
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Dernière édition par Persée le Sam 04 Mar 2023, 09:01, édité 1 fois
Maximilien Eraël ~ Humain ~ Niveau III ~ ◈ Parchemins usagés : 2463 ◈ YinYanisé(e) le : 18/09/2016◈ Activité : Charpentier | rang II ; Ébéniste | rang II ; Soldat | rang II
Un frisson courut sur son échine lorsque les bras du garçon passèrent de chaque côté de son visage pour installer le ruban sur ses yeux. Elle était aveugle, mais c'était un millier d'images qui avaient commencé à se dessiner sous ses paupières. La possibilité qu'il la guidât non pas vers son prochain rencard, mais un peu à l'écart plutôt. Les visages qui pouvaient lui faire face, même les moins probables. Une bouche embrassant la sienne et des doigts inconnus qui se faufilaient sous son habit pour tâter ses seins. La plupart des élèves n'avaient pas semblé à l'aise à l'idée de parler à un ou une inconnue. C'était loin d'être son cas. Au contraire. D'une imagination trop fertile, elle se retrouvait à mouiller alors même que seules les explications du garçon lui parvenaient aux oreilles. Elle n'entendait rien cependant de ce qu'il lui disait. Ce qu'elle entendait, c'était des mots salaces, des déclarations coquines et des silences causés par une surdose de libido. Ce qu'elle sentait par ce bras qui la guidait, c'était les prémices d'une main baladeuse, d'un corps nu contre le sien et de gestes francs et concupiscents. Elle discerna le bruit du rideau que l'on tirait. Elle visualisait très bien la disposition de l'abri, et elle vit l'étudiant la plaquer contre la table d'abord, lui intimant le silence, pour ne pas éveiller trop de soupçons. On la guida vers sa chaise plutôt, sur laquelle elle s'assit sagement. Alors elle l'imagina à genoux, insinuer sa langue entre ses cuisses. Encore une fois il n'en fut rien. De nouvelles paroles lui parvinrent. De nouveau son cerveau les lui traduit autrement. Elle entendit le rideau se refermer. Ils étaient enfin seuls. Elle se pinça la lèvre, dans l'attente d'un événement quelconque qui entrât dans les situations qu'elle s'était envisagées la minute passée.
La voix qu'elle entendit n'avait rien de semblable avec celle du garçon. Son rendez-vous ? Elle supposa que oui. Dans l'impossibilité de le voir, elle s'imagina son visage et son allure au son de sa voix et à ce qu'elle discernait des mots qu'il essayait de lui faire parvenir. « Nel. Gandr. » répondit-elle dans un souffle brûlant. Il parlait beaucoup. « Mon idéal n'a pas de physique particulier. Il est homme ou femme. Il est agile et endurant. ». En même temps qu'elle prononçait ses mots, elle se pencha en avant, cherchant la main de son partenaire pour s'y accrocher. Elle avait besoin de ce contact, comme un drogué ne pouvait se passer de sa dose. « Il aime la proximité et la chaleur. ». Qu'est-ce qui fait battre ton cœur ? Cette question n'avait aucun sens. Son cœur tambourinait déjà dans sa poitrine comme un fou réclamant la liberté. Une liberté qu'il pouvait lui offrir. Qu'il allait lui offrir. Elle ne lui en laisserait plus le choix. « Je peux t'aider à pimenter ta relation si tu veux, oui. » répondit-elle dans un gémissement étouffé en se levant de son assise, dans l'espoir de pouvoir se rapprocher encore de lui. Il parlait trop. Aurait-elle su sa position exacte, se serait-elle appliquée à le faire taire, en premier lieu, pour qu'il la fasse crier ensuite. Même si elle ignorait son nom. Elle s'en foutait. Ce détail était secondaire.
Dans un réflexe appartenant à un autre âge, je retirai ma main précipitamment, hors de sa portée. C'était idiot car, les yeux bandés, elle n'aurait pas pu constater mon immatérialité. Son audace me prenait au dépourvu, tout comme l'âpreté de sa voix. Avait-elle été ensorcelée avant de venir ici ? J'avais trop peu d'éléments de comparaison pour m'arrêter sur une conclusion. Ce n'était que mon second rendez-vous et au jeu de la séduction, j'étais relativement novice. J'avais été témoin parfois de quelques émois, j'avais aussi surpris des étreintes, plus rarement. Moon, elle, s'était arrêtée au stade de l'exhibition de ses attributs féminins mais s'était montrée plus prudente dans ses avances. Que Léonidas soit un presque inconnu avait dû jouer. En revanche, cela n'avait aucun effet sur Nel. Son aveuglement temporaire ne freinait absolument pas son ardeur. J'aurais pu être le plus laid de l'établissement, elle ne paraissait pas s'inquiéter de ce risque. Elle ne faisait guère dans la subtilité. La pauvre risquait d'être déçue. Je l'étais aussi. J'étais capable de beaucoup de choses mais à mesure qu'elle me décrivait son idéal, je perçus le piège qui se refermait sur moi. J'avais tissé ma propre déception. Je ne serai jamais son idéal. Ma main quitta son refuge sous la table pour aller effleurer celle de la brune. Je vis ma main disparaître dans la sienne et mon coeur se serra. En avais-je seulement un ou n'était-ce aussi que de la poudre aux yeux ? Mes sentiments étaient-ils réels ou ne faisais-je finalement que copier ce que je voyais autour de moi en croyant ressentir les mêmes choses qu'eux ?
« J'ai bien peur de ne pas correspondre à ton idéal dans ce cas, Nel. » Lâchai-je froidement en levant les yeux sur elle. Elle devenait trop entreprenante, il me fallait tempérer les choses avant qu'elle ne s'approche davantage et que mon subterfuge ne s'évente. « Je m'appelle Léonidas Taiji et je n'aime ni la proximité, ni la chaleur. » Je m'adossai davantage dans ma chaise, hésitant à partir. « Si tu me touches, tu risques d'apprendre à tes dépens pourquoi tout le monde évite les Sorciers. » J'avais entendu que l'infirmerie était fréquemment occupée par un ou plusieurs élèves ayant subit la hargne des Mages Noirs et que des épidémies éclataient régulièrement au sein de Basphel à cause des mêmes dérives. Malheureusement, pour moi, ce n'était que du bluff. Je n'étais pas plus capable de couvrir le fond de sa gorge de furoncles que je n'étais capable de la prendre dans mes bras. « Mais je maintiens mon souhait. Qu'est-ce que tu es Nel au juste ? » Pas une Ange, c'était une certitude. Ma connaissance des différentes races étaient cependant trop hétéroclite pour me permettre de deviner la sienne. « Quoi qu'il en soit, si tu veux me revoir, il faudra te montrer discrète. Il ne faudrait pas que ma fiancée apprenne ton existence si tu venais me retrouver. » En réalité, je m'en fichais. « Je suis de l'Obsidienne, si tu me cherches. » Conclus-je avant de me lever. « À bientôt peut-être. » Je quittai l'isoloir en même temps qu'était annoncé le dernier roulement.
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Maximilien Eraël ~ Humain ~ Niveau III ~ ◈ Parchemins usagés : 2463 ◈ YinYanisé(e) le : 18/09/2016◈ Activité : Charpentier | rang II ; Ébéniste | rang II ; Soldat | rang II
C'est un vent glacé que la jeune Luxurieuse reçue en lieu et place de réponse. Pourquoi fallait-il qu'elle tombe sur un frigide pour son rendez-vous ? Il y avait toujours des solutions en plus, même sans aimer profiter de la chaleur d'un autre corps que celui de sa fiancée. N'avait-il pas dit qu'il voulait un peu de piquant dans sa relation avec celle-ci en plus ? Quoi de mieux qu'une liaison avec une autre ? Même sans avoir à la toucher c'était possible. Certains préféraient d'ailleurs observer l'autre en plein acte ou juste se toucher et s'offrir, seule, du plaisir. C'était ce qui risquait de se passer d'ailleurs dans sa situation s'il refusait de lui offrir ne serait-ce qu'une caresse. « Pourquoi faut-il toujours que vous jouiez les prudes, vous, les Sorciers ? » s'agaça-t-elle sans reculer malgré la menace. Car elle pouvait la contrer. Elle l'avait déjà fait. Il n'était pas le premier qu'elle côtoyait. À écouter son corps, elle savait maintenant déceler les signes qui indiquaient que sa Mue allait avoir lieu. C'était lors de ces moments qu'elle brisait les barrières qu'elle maintenait avec difficulté et qu'elle se trouvait avoir l'audace de se jeter sur les Mages Noirs. « Mais je suis une Déchue, voyons. » répondit-elle à sa question sur le ton de l'évidence, mais de la malice également. Elle entendait sa remarque comme un défi. Une porte qu'il avait feint de fermer pour, finalement, la laisser entrouverte à sa venue. Pas si frigide que ça finalement, peut-être. « Ça tombe bien, j'ai quelques connaissances qui se trouvent à l'Obsidienne. » d'autres Déchus ainsi que des Démons, principalement. Un rapprochement probablement causé par le péché. « Je suis pas certaine de pouvoir rester discrète jusqu'au bout par contre. » souffla-t-elle en tentant un ultime rapprochement. Sans succès. Et l'entretien se conclut d'une façon bien désagréable à ses yeux. En allant à sa rencontre, elle avait rêvé la queue de ce plus vraiment inconnu entre ses cuisses. Qu'il la prenne sans hésitations ni scrupules sur ses genoux ou contre la table. Ou même qu'il la touche, juste. Elle s'en serait — peut-être — contentée. Mais non. « À bientôt peut-être. ». Non, ça ne lui convenait pas. Elle allait le retrouver, en présence de sa fiancée ou non d'ailleurs. Elle allait le retrouver et il allait la sauter comme il aurait dû le faire là, en présence ou non de sa fiancée là aussi.
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« Bonjour. » Glissai-je en m'asseyant face à ma nouvelle partenaire. Celle-ci avait les yeux bandés. C'était ennuyeux. Je comptais beaucoup sur mon physique pour ces entrevues. « Comment t'appelles-tu ? » La questionnai-je avant d'ajouter. « Je ne vais pas te donner mon nom tout de suite. Autant jouer le jeu jusqu'au bout, non ? Si tu veux, tu peux me poser des questions pour essayer de deviner qui je suis et j'y répondrai. Promis, je ne mentirai pas. » Elle ne le verrait pas mais un sourire narquois déformait mon visage. La bonne nouvelle, c'est que je n'avais pas besoin de contrôler mes expressions faciales. Qu'importait si Léonidas était un Sorcier coincé qui souriait une fois par an, s'il avait un air menaçant ou s'il se caressait le menton quand il réfléchissait. Cette fille n'en saurait rien. J'aurais même pu laisser mon enveloppe se dissiper pour revenir à ma brume étoilée qu'elle n'en saurait toujours rien. 
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