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Indomptables

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Partenaire - Dorian Lang
Intrigue - Mancinia entraîne un inconnu dans un Songe créer par ses soins ... Serait-ce un Rêve ou un Cauchemar ?

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Lampea n'avait pas eu la moindre contrariété avec une élève aussi excellente. Inventer et créer faisaient partie intégrante de l'univers de la Sertisseuse. Sa précision sur des détails échappant aux regards des peu aguerris pouvait également montrer son expérience dans une fonction similaire ; cette Humaine aurait certainement fait une Conceptrice de Songes assez redoutable pour piéger autrui. Enfin ... La Génie se disait qu'au sein du Rêvarium, tout était possible et que rien ne l'empêchait de reprendre les rêves de sa parcelle en détruisant sa création pour en façonner une autre. Quelque chose de plus abominable. Des dédales ingénieux pour briser ses opposants. Son seul problème, c'est que si elle était un monstre, elle avait une conscience. Durant la Coupe des Nations, cela s'était vu, malgré son apparence impitoyable, l'Imprévisible avait eu du mal à écraser des races entières sous sa botte et avait fait des voeux à son avantage, tout en les protégeant. Cela avait dû faire pleurer dans certaines chaumières, mais elle-même trouvait cela assez pitoyable. Si elle voulait quelque chose, elle devait tout écraser sur son chemin. À quoi servait sa puissance si elle n'en usait pas ? Ces Humains ... Sans doute fallait-il que quelqu'un s'attaque à son peuple pour qu'elle réplique avec la même violence. C'était une barrière qui devait céder et ... ce serait tellement amusant à observer.

— Je pense que tout est prêt.

La Fille du Soleil se gardait des manigances de l'Enfant des Rêves, mais ce n'était pas une raison de tout lui refuser. Et sa curiosité l'avait emportée sur sa méfiance. C'était une opportunité trop belle.

— Tu t'es vraiment donner à fond ... J'espère que l'individu que je t'ai désigné sera satisfait.

Mancinia avait d'abord pensé de faire quelque chose avec Neah, mais elle craignait que sa décision ne soit simpliste, ou qu'elle ne perde le contrôle du songe en plein milieu ... Ou que l'Ange ne le remarque, tout simplement. Lampea lui avait proposé un inconnu, choisi au hasard parmi des millions de rêveurs. Enfin, l'Humaine n'y croyait évidemment pas et craignait de voir une connaissance, ou un adversaire, peut-être, mais ce fût bien un homme qui ne lui disait rien. Entre son enthousiasme et son excitation, il y avait aussi l'appréhension d'échouer. Elle se le refusait. Pas une erreur ne passerait malgré l'illogisme dont pouvait se permettre les Rêves. Elle ne savait pas qui il était ou ce qu'il était, mais elle lui donnerait un rêve agréable. Tellement agréable que ce serait comme un vieux souvenir auquel on pensait avec nostalgie. Parce qu'elle avait passé une bonne soirée et qu'elle dormait dans les bras de son mari en était la raison. Chacun sa chance. Lampea se moquait en douceur. La dernière expérience de Dorian avec un Génie ne s'était pas vraiment bien passée. Soit Mancinia l'aiderait à passer une bonne journée, soit elle détruirait son esprit. À voir.

— Eh bien, bonne chance, l'Humaine. Je regarderai tout ça de loin avec ton ... partenaire.

Reinhard lui passait la langue. Elle eut envie de la lui arracher.

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Dans son environnement familier, la Marquise de Gandharvas évoluait tranquillement en posant ses yeux sur toutes les richesses s'étendant à sa vue. Pour Mancinia, il s'agissait d'une réplique de sa chambre qui se voulait plus vaste que l'originale, située sur le marquisat de Nylmord, mais donnant l'illusion parfaite. Elle était composée d'excentricités que la vie diurne ne lui permettait pas, ou plutôt, qu'elle ne se serait pas permise tant cela n'allait pas avec l'image qu'elle désirait renvoyer. Tout était brillant, d'un faste indécent, passant de vêtements riches aux ornements luxueux, inspirés de ses créations ambitieuses. La Sertisseuse se sentait pousser l'imagination dans ce monde onirique, un terrain de perfection pour son travail Joaillier, mais Mancinia ne voulait cependant pas être aveuglée par la facilité magique, elle croyait en la valeur du travail manuel et savait qu'il s'agissait de la raison de sa réputation dans le milieu. À l'extérieur de la demeure, sur son faux domaine aussi vaste qu'un Duché, un Soleil irradiait en passant par les hautes fenêtres et venait faire briller cet endroit de mille éclats. Ce Royaume était le sien, pour cette nuit du moins.

— Dorian ! appela-t-elle. Viens m'aider à fermer ma robe !

Dans ce Rêve, Mancinia était Nilou Gandharvas ; elle était la Marquise que tout le monde enviait et elle allait devoir fêter l'anniversaire de cet homme dignement ... tout en lui faisant croire qu'elle l'avait oublié !

Post I - 830 mots

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Indomptables

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L'ambiance était chaleureuse et il y avait même cette odeur de vieux livres poussiéreux à certains endroits. Pour la Conceptrice aimant l'odeur des vieilles bibliothèques, comment ne pas être saisie de stupéfaction devant la fiabilité des souvenirs dans les Songes ? De leur simplicité de placement ? Cela demandait une concentration évidente de maintenir ce travail, mais pour l'instant, rien ne s'était brisé. En espérant que ce ne soit pas exagéré aux yeux du Rêveur entrant dès lors dans la salle en la complimentant. Mancinia se sentait nerveuse, Nilou avait un large sourire. L'une s'inquiétait que le songe ne se fracasse aisément, tandis que l'autre était dans son rôle usuel. Être une Marquise dans la vie quotidienne lui semblait très utile, tout d'un coup, pour s'amuser dans son rôle à la perfection.

— J'ai suivi tes recommandations.

Dans les faits, c'était parce que Neah l'aimait dans cette couleur. Surtout depuis le Bal sur Lagherta. Mancinia essayait souvent de ne mettre que du bleu et de l'argent lorsqu'ils étaient ensemble à des événements officiels où son statut de Marquise n'exigeait pas le port du vert ; un hommage à sa tenue militaire qu'il ne quittait que très rarement. Il y avait eu des exceptions. Lorsqu'il fût plus proche, Nilou saisi la cravate de son ami, l'attirant vers lui en abordant un air suspicieux, presque mécontent.

— Aurais-tu encore fumé ? ... Je risque de te gronder de plus en plus sévèrement à l'avenir, soit prudent !

Son sourire taquin montrait bien qu'elle ne pensait pas un traître mot. Dans la vie diurne, Mancinia n'aimait pas vraiment les cigarettes. On aurait pu dire que c'était la faute de ses études de médecine, qui influençaient ainsi sa perception des choses, mais en vérité, c'était surtout à cause de sa nature de guerrière. Comment se battre correctement avec des poumons enfumés ?

— Une décennie, au moins.

Dans ce Rêve, sans doute devait-elle donner l'impression de n'en avoir cure des problèmes des plus démunis, mais il lui paraissait impossible de changer sa nature profonde, surtout si elle influait sur ses capacités à maintenir l'illusion et la rendre la plus parfaite possible. Elle avait été une personne sans argent, à travailler pour sa survie et ne devait sa place qu'à la chance. Sans doute était-ce la raison pour laquelle la Prophétesse Leenhardt était considérée comme une personne bienveillante et généreuse. Peut-être que son rêve ne pouvait que s'adapter à ce qu'elle était, au final, se construisant autour de ses ressentis et de sa vision des choses pour plonger pleinement Dorian dans ce Rêve.

— La couturière a tellement bien travaillé que c'est un honneur pour moi de la porter.

Sans le talent initial de ceux la vêtissent, Mancinia ne pourrait suivre la mode, ni même rivaliser avec d'autres toilettes. La complexité de cette création vestimentaire la rendait néanmoins ravie et dynamique.

— Et puis, tu pourrais m'offrir une robe toute simple que je serais quand même contente !

Que ce soit ici ou dans la vie réelle, même si elle aimait son rang, sa richesse et les simplicités que lui donnaient son quotidien, Mancinia détestait les Nobles hautains qui oubliaient leur réel devoir ; celui de servir le Peuple. Ils avaient peut-être tout, mais sans l'agriculteur pour le nourrir, le couturier pour le vêtir et l'enseignant pour cultiver son savoir, ils n'étaient plus grand-chose. Toujours prendre soin de ceux sous sa tutelle, cela leur donnait moins envie de se rebeller ... ou avec une prudence si exacerbée qu'ils faisaient des erreurs. Tandis que Dorian refermait sa robe, sa mine assombrie devait lui avoir mis la puce à l'oreille, lui demandant comme elle allait tout en lui faisant son rapport. Cet homme était efficace.

— Je n'ai que très peu dormi, soupira-t-elle. Heureusement que c'est une seconde nature chez moi !

La Noblesse qui dormait paresseusement était celle sans responsabilité et, parfois, sans un avenir prometteur.

— Oh, pauvre bête ! Nous devrions sans doute la mettre à la retraite pour ce genre d'attelages.

Elle était soucieuse des animaux, comme bien des femmes qui aimaient plus les bêtes que d'autres activités, mais le fait est que Drejtësi enseignait ce respect aux Humains depuis leur naissance. L'Aether n'était sans doute plus en vie, mais ce n'était pas pour autant que tout devait disparaître ...

— Styvan est tellement efficace.

La Marquise Gandharvas parcourait brièvement les lignes de ce long rapport. Souvent une suite de mots sans réelle signification, même si tout le monde savait d'instinct ce qui lui passait par l'esprit.

— J'ai tellement eu raison de vous avoir à mes côtés.

Son bras pris délicatement celui de son meilleur ami.

— Je le suis.

Un large sourire sur ses lèvres apparut ensuite.

— Si ma tenue sent la cigarette ... Je te tue.

Tandis qu'ils marchaient dans les couloirs où s'effaraient plusieurs domestiques dans des occupations diverses et variées, Mancinia et Dorian demeuraient silencieux quelques instants.

— Pourquoi dois-je toujours aller à ce genre de goûter ? soupira-t-elle. C'est amusant une fois par mois, mais c'est la troisième fois en une semaine ... Je vais finir par ressembler à une vache.

Mieux valait être une vache où l'on pouvait s'accrocher qu'un sac dos fragile que le moindre heurt cassait.

— Tu viens avec moi, hein ? demanda-t-elle les yeux brillants en raffermissant son emprise sur son bras. Il y a sûrement moyen que la conversation soit plus intéressante si tu es là.

Dorian ne montrait rien, mais elle l'imaginait aisément désappointé qu'elle n'eût pas prévu de boire ne serait-ce qu'une bonne bière en sa compagnie ... Il allait probablement la suivre par résignation. Dans les faits, la Marquise n'allait pas à une énième réception organisée par des amies ; elle avait prévu les choses en grand, dans un lieu de réception où elle avait veillé à la décoration, la nourriture et au champagne. Son meilleur ami dans ce Rêve méritait le meilleur, après tout.

Post II - 975 mots

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Indomptables

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Quelle femme n'aurait pas été choquée de l'insulte, ne manquant pas de réagir excessivement ou de se recroquevillé durant des semaines en se trouvant moche ? Pas Nilou. Ni Mancinia. Comment ne pas voir ses larges cuisses comme une fierté ? Ça voulait dire qu'elle avait le gabarit pour mettre de beaux enfants au monde.

— Deux tours ? demanda-t-elle avec une expression effrayée. C'est ... beaucoup !

Ce n'était qu'un songe et cela lui permettait de s'amuser en agissant tel qu'elle imaginait les nobles qui avaient vécus dans leur écrin de soie. À faire toutes ces choses contraires qu'elle réalisait d'habitude. Elle ne savait pas si Dorian était sportif dans sa véritable existence, mais Mancinia savait qu'elle pouvait certainement le distancer dans cette discipline. Pour une guerrière, rien ne valait la sûreté de ses appuis ! Un poids disparu de son esprit lorsqu'il acceptait de venir sans se poser de question ; elle ne devrait pas user de tour douteux pour qu'il change d'avis.

— Tu me sauves la journée par ta présence !

Ce qui était déroutant, c'est qu'en dehors du mensonge qu'incarnait le rêve, Mancinia savait très bien qu'elle réagirait ainsi. C'était sans doute ce qui rendait la situation plus cohérente et réelle aux yeux de sa première victime. Elle le remerciait en prenant sa main tout en montant dans le carrosse, s'installant et le laissant ensuite faire de même. Ils se mirent presque tout de suite en route. Il y eu un silence durant quelques minutes, avant que Dorian, qui observait les paysages extérieurs, ne se mis à engager la conversation en discutant de Bianca.

— Je l'ignore.

Bien sûr qu'elle serait là, Nilou l'avait invitée exprès. Son front vint ensuite se mettre sur la vitre.

— Même quand tu es marié, on aime t'observer pour voir tes faux pas et les retourner contre toi. Si ce n'est pas toi qui en es victime, ce seront ceux de ton partenaire. Les possibilités d'être humilié sont d'autant plus élevées.

Si Neah se voulait prudent dans ses agissements, c'est parce qu'il savait tout cela. Elle-même se rendait compte qu'un mauvais comportement aurait un impact sur la réputation de son mari ; c'était aussi pour cette raison qu'elle avait souhaité changer, être moins impulsive ... Juste pour lui.

— Tu es né roturier, mais tu es un Prince pour de nombreuses d'entre elles parce que tu n'es pas hypocrite. Combien de sang bleu sont méprisants avec leurs partenaires ? On se souvient du Duc Althaim, toujours à critiquer le sang de son ancienne fiancée, dont la mère était roturière, parce que sa lignée à lui était d'une pureté sans égale ... alors qu'il avait une servante comme amante et deux enfants nés hors-mariage. Quel scandale cela a fait !

Un événement monté de toutes pièces, mais qui ne serait pas si surprenant, dans tous les cas, puisque certaines longues lignées nobiliaires ne juraient que par la pureté du sang et la nécessité de renforcer les liens avec des familles toutes aussi anciennes que respectables. À condition que les héritiers ne soient pas des abrutis.

— C'est vrai qu'il est amusant de voir qu'ils me courent après, mais on sait tous les deux que c'est parce qu'ils me prennent pour une femme facile.

Ça pouvait sembler un peu arrogant de recevoir tant d'invitations, mais Mancinia avait et était, de temps en temps, courtiser par des hommes que Neah n'effrayaient pas. Ils se croyaient courageux d'ainsi le défier, pensant que tant d'années d'attente pour leur mariage devait l'ennuyer et qu'elle serait une proie facile à mettre dans leur lit. La désillusion était fracassante. Ce qu'elle avait fait vivre à Dorian, ce qu'il pensait se souvenir, c'était bien une sorte de version alternative de cela ; une femme célibataire, amie avec un homme ou en partenariats avec d'autres, devait forcément avoir une relation immorale avec chacun. Ou juste parce que les Humaines avaient des moeurs légères, selon leurs esprits étriqués, ça leur donnait permission à tout.

— Peut-être.

Ils étaient dissemblables. Dans la vie diurne, Mancinia ne s'entendrait sans doute pas avec quelqu'un de cet acabit, mais dans le cas de Dorian ... C'était comme s'ils étaient complémentaires. S'il était si cupide, c'est parce qu'il n'avait rien. Elle aussi avait été ainsi ; elle aussi avait voulu être riche pour mettre de beaux bijoux, avoir une belle maison et s'occuper de sa mère, sans se soucier de rien. Pourtant, les années passant et la richesse s'accumulant, tout cela s'était accompagné d'autant de responsabilités. Si Dorian avait tout cela, serait-il aussi responsable qu'elle ou serait-il comme ceux qui se complaisaient dans leur paresse ?

— Je suis lasse de cette vie de célibat ...

Était-ce Nilou ou Mancinia qui parlait, en cet instant ? Ce n'était pas comme si elle l'était réellement et, devant Koelyë, ainsi que sous le regard d'Ësse'Aellun, ils étaient mariés, mais cette vie sans être Madame Katzuta l'ennuyait. Ce voyage donnait l'illusion d'avoir duré une heure, même si dans les faits, cela n'avait duré que quelques secondes.

— Je n'ai simplement pas trouvé l'homme qui me correspond.

Elle saisit sans hésitation la main tendue en dehors du carrosse pour l'aider à descendre. Elle la connaissait si bien leur rugosité et leur délicatesse ...

— Marquise.
— ... Capitaine.

Maudits soient ses propres rêves. Pourquoi devait-il y avoir un faux Neah sous ses ordres qui saluait Dorian avec les mêmes politesses. Sa réaction lui avait paru tellement incontrôlable et sa maîtrise semblait se perdre. Peut-être que Lampea avait voulu la tester ? C'était réussi. Nilou repris contenance en attendant son cavalier qui s'était quelque peu immobilisé en regardant la demeure devant eux.

— Non, nous ne sommes pas chez Deauclaire, admit-elle en grimpant les marches à son bras. Il y a eu un petit changement de programme.

Pour lui ... mais non pour les autres, qui les attendaient avec des tables chargées, de la musique et des boissons, ainsi qu'un immense gâteau d'anniversaire.

— Joyeux anniversaire, Dorian ! déclara-t-elle avec un immense sourire.

Post III - 990 mots

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Indomptables

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Son petit effet de surprise avait eu la réaction escomptée sur le visage de Dorian. Elle se retenait d'éclater de rire, tant elle adorait produire ce genre d'expressions sur le visage de ses interlocuteurs, peu importât que ce soit un rêve ou une réalité ; c'était plus stimulant que de broyer du noir. Il n'eut pas le loisir de rajouter une phrase, puisqu'ils étaient nombreux à venir le saisir en l'entraînant au loin. Nilou prit entre ses doigts un verre de champagne, mais lui donnait le goût d'un jus d'orange. Elle n'avait pas envie de supporter ce goût durant la nuit ... Sourire bien affiché, le retour de Dorian la laissait dans le même état que quelques secondes auparavant.

— Quels rendez-vous ? demanda-t-elle en imitant une ingénue, avant de reprendre un air plus adapté à la situation. J'ai libéré ma journée rien que pour toi. Tout le monde était dans la combine, tu penses bien.

Ce devrait être une idée à réaliser, mais avec Neah devant elle. Comment réagirait-il si ses collègues, ses parents et ses enfants, se jouaient ainsi de lui ? En pensant à son Ange, la musique s'était mise en route, comme une réponse à leur passion commune. Ah la la, rien n'était pire qu'un coeur amoureux dans un endroit qui ne pouvait rien dissimuler. En tout cas, son rêveur avait l'air de passer un bon moment ; c'était un succès.

— Être là où personne ne m'attends est l'un de mes dons.

Surtout lorsque le Destin semblait vous avoir comblé de bénédictions et de talents quant à la réussite de vos projets. Devenait-elle imbue de sa personne ? Si elle-même ne croyait pas en ses capacités, qui le ferait ?

— Oui, tu ne pourras jamais me quitter, dit-elle en reposant son verre pour lui offrir une danse.

Jamais Dorian ne quitterait Nilou, mais est-ce que Dorian quitterait Mancinia ? Certainement. Elle ne le connaissait pas, mais les différences raciales étaient un frein réel à l'épanouissement de certaines relations. Surtout ... que ce dernier l'a pris littéralement au dépourvu en lui proposant un rendez-vous très intime avec une tierce personne. Ce devait être un coquin dans son quotidien, celui-là ! Un instant d'incompréhension plus tard, toutefois, la Marquise répondit.

— Comment vais-je tenir un plan à trois quand je n'ai jamais eu de plan à deux ?

Ça sonnait comme un aveu emplit de déception, au point qu'elle eut du mal à ne pas être crispée au constat d'être vierge. Ce n'était pas une maladie et si cela la dérangeait tellement, écarter les cuisses n'avait rien de difficile, mais son fiancé la rendait si impatiente. Au prochain rêve comportant une connotation sexuelle, son Ange allait certainement être dévoré.

— J'aimerai bien tester, mais avec mon mari d'abord. Tu sais que j'y tiens. Et puis, oui, pourquoi pas ... on pimenterait un peu nos relations, ainsi.

Esquiver et éviter de mourir d'embarras dans son sommeil lui semblait être une excellente idée. Après avoir tourné, elle reprit sa position dans ses bras.

— ... Tu étais sincère tout à l'heure ?

À quel point sa vision d'elle-même était en mesure d'influer le rêve ? Est-ce que cet homme aurait été aussi sincère dans le monde diurne ? Ça lui aurait réellement fait plaisir de posséder un tel allié, mais la vérité cruelle n'en était que plus déchirante ; les Humains devaient rester entre eux. Les Anges étaient une exception. Tous les autres qui faisaient fit de son Ma'Ahid ne l'étaient que par intérêt, ou incapables de refuser ses demandes.

— Dans une autre vie, nous aurions encore été meilleurs amis, hein ?

C'était ridicule. Être aussi émotive, même illusoirement, risquait de lui faire perdre le contrôle du rêve. Est-ce que Lampea avait volontairement mis des choses déstabilisantes sur son chemin ? Ce n'était pas agréable.

— Je te dirais bien de trouver une charmante épouse et d'avoir de beaux enfants, mais c'est une rengaine d'un autre âge ! se mit-elle à rire. Moi, j'aimerai bien une vie comme ça, mais ...

Elle s'arrêtât dans ses pas de danse. Tout s'était presque arrêté.

— Si tu veux reprendre ta vie en main, tu es libre.

Post IV - 734 mots