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 [Quête] - Tu veux que je sois ton Prince

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Kaahl Paiberym
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Kaahl Paiberym
Ven 25 Fév 2022, 08:44



mais je serai ton Roi


Objectif : Kaahl se rend à Lua Eyael pour discuter de sa Couronne.

Les herbes rouges frémirent à mon apparition. Mes doigts coururent à leur surface et mes yeux observèrent les alentours. La campagne des terres de Lua Eyael était calme. Les Lunes se reflétaient sur les champs et les Étoiles chantaient une langue qui m’était incompréhensible. « Hum. » J’inspirai, déjà parfaitement impatient. Cela ne me ressemblait pas mais la Couronne du Savoir me rendait irritable. Le fait que des sons se fussent ajoutés à mon environnement déjà bruyant n’arrangeait en rien l’état de mon psychisme. La mélodie des Étoiles était belle, merveilleuse, mais elle se mariait très difficilement avec les paroles du Chancelier Elzagan et de ses généraux. Elle ne s’accordait pas non plus aux railleries incessantes de Val’Aimé envers l’Empereur Noir puisque, après une évacuation rapide de Valera Morguis, rien ne s’était passé. Cyrius restait silencieux face au ridicule de son ordre, s’abstenant de clamer que ledit ordre, en réalité, était mien. Il encaissait, en répondant avec plus ou moins de répartie, ce qui n’améliorait en rien les rapports déjà complexes entre les deux hommes. Quant à moi, ce choix me rongeait de l’intérieur. J’étais quasi certain de mon interprétation du songe mais le doute restait terrible. Il l’était pour deux raisons : j’avais pu passer à côté de quelque chose qui mènerait mon peuple à sa perte et, dans un tout autre ordre d’idée, j’avais pu me faire berner par Edelwyn. L’une comme l’autre m’étaient insupportables.

Debout, au milieu des herbes, j’attendais avec le regard d’un homme prêt à tout raser si personne ne venait à sa rencontre. L’idée était présente en mon esprit, à bien des égards. Depuis que j’étais affublé de cet artefact, j’étais à la fois dans l’incapacité de l’enlever et d’une humeur irascible. Puisque j’avais dû gérer la stratégie de la guerre qui se préparait, cette humeur avait d’autant plus joué sur le sort qui attendait les Réprouvés s’ils ne s’arrêtaient pas dans leur élan malgré mes injonctions. Pourtant, il me faudrait être prudent, toujours avertir avant d’agir et de punir. Personne, sur l’ensemble des Terres de Sympan, ne devrait avoir quoi que ce fût à redire. Les Bipolaires devraient passer pour les seuls fautifs. Puisqu’ils attaquaient délibérément le territoire des Sorciers, malgré les excuses envoyées et les tentatives de conciliation, alors ils en paieraient le prix. La violence appelle la violence lorsque les négociations sont impossibles. N’importe quel dirigeant comprendrait sans aucun problème mon impossibilité de laisser mes terres se faire envahir sans répliquer. Néanmoins, je devais d’abord préparer le terrain, être en mesure de démontrer que je n’étais pas celui qui avait refusé les pourparlers mais, que, bien au contraire, j’étais celui qui avait désiré les initiés et avais insisté pour qu’une table des négociations fût érigée, en vain. Je ne devais donc pas refuser de parler avec l’ennemi mais bien insister sur cette volonté de trouver un compromis. Je ne devais pas non plus faire preuve de condescendance, en illustrant au monde mon avis sur le manque d’organisation et, pire, de pertinence des tactiques bipolaires. Jamais personne ne devrait démontrer un mépris de ma part. Je devais sembler respectueux, logique, opposé à la guerre, tout en restant ferme et implacable. Je devais susciter soit l’admiration, soit la peur et mesurer chacun de mes mots pour qu’aucun d’eux, jamais, ne se retournât contre moi. Je devais envisager la situation sur le long terme parce qu’il ne s’agissait pas uniquement d’une guerre. Il s’agissait de l’avenir. Certains mourraient mais leurs descendants nourriraient une haine viscérale à l’égard du vainqueur. Je pensais gagner mais je ne devais pas être sûr de moi. L’incertitude et le doute étaient mes meilleures armes, destructrices pour mon sommeil et mon bien-être, mais efficaces. Je devais continuer de les ressentir tout en paraissant sûr de moi. Jamais faiblir d’un point de vue extérieur mais tout envisager et tout remettre en question. Et, dans l’hypothèse plus que probable où les Mages Noirs gagneraient, je ne devrais jamais oublier que chaque guerre a des conséquences. Ces conséquences devraient rester ma propriété : observer l’augmentation de la magie chez les Réprouvés, observer l’évolution des mentalités, observer les alliances et les mésententes. Je passais mes courts instants de veille dans le Monde des Songes, à faire et défaire les possibilités, à confronter les hypothèses sur l’ensemble de la situation géopolitique mondiale. Quelle situation serait la pire ? Comment m’en sortir ? J’avais joué le jeu des millions de fois. Pourtant, malgré mes précautions, je ne restais qu’un homme et j'en avais conscience.

« Bonsoir, Ârès. »

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Kaahl Paiberym
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Kaahl Paiberym
Dim 27 Fév 2022, 22:17



mais je serai ton Roi


Mes yeux s’ancrèrent dans ceux de mon interlocuteur. Il était tel la Lune Blanche. La nuit ne le ternissait pas, bien au contraire. Les ténèbres semblaient s’annihiler autour de lui, comme si sa lumière les vainquait sans effort. Ses prunelles avaient la couleur de la Lune Bleue. Il aurait pu paraître profondément bénéfique mais son visage était celui du mal. Il me fixait avec un air qui ne m’était pas étranger : celui de ceux qui ont l’obligation de passer pour ce qu’ils ne sont pas. « Bonsoir. » lui répondis-je, tout en continuant mon analyse. Il ressemblait à Cyrius. Sa peau était bien plus pâle mais quelque chose en lui m’attirait inéluctablement. Son regard illustrait à la fois son intelligence et ses troubles. Ceux qui pensent trop connaissent souvent le revers de médaille propre à leur condition. « Je vous en prie. » me dit-il, en tendant la main vers le portail qu’il venait de créer à côté de moi. Je restai immobile un temps pendant lequel il me fixa. Il m’analysait sans s’en cacher, comme un élément douteux mais intéressant. « Vous devriez prendre une autre apparence. » me conseilla-t-il, comme s’il ne s’agissait que d’un menu détail. Je souris. Il savait que je n’allais pas lui obéir si facilement. Sinon, il m’aurait prévenu avant. « Pourquoi le ferais-je ? » « Là où nous allons, personne ne s’attend à voir apparaître l’Empereur Noir. Vous créeriez une certaine… confusion. » « Je vois. Et… avant que nous y allions, justement, peut-être pourriez-vous commencer par me faire don de votre identité ? » « Je m’appelle Zéphyr. La Reine m’envoie. Elle s’excuse, par ailleurs, de ne pas avoir pu faire le déplacement en personne. Vous devriez cependant vous rencontrer bientôt. » Je restai silencieux et il passa devant moi. « Suivez-moi. » murmura-t-il, avant de s’engouffrer dans le passage. J’inspirai et expirai lentement, avant de lui obéir après avoir changé d’apparence.

En quelques secondes, je me retrouvai devant une immense bibliothèque. Quelques étudiants travaillaient sur des tables. Parfois, une carte du ciel flottait à côté d’eux. « Tout le monde est perturbé par les changements récents. » me notifia-t-il, après avoir capté mon regard. « Où sommes-nous ? » « À l’intérieur des Tours de Zéphyr. » Il tendit sa main vers moi. « C’est une bague. Elle vous permettra de vous téléporter ici puisque vous avez dorénavant le statut d’élève. » Je pris l’objet mais ne rajoutai rien. Je connaissais l’université. « Puisque vous êtes un élève particulier, vous ne suivrez pas le cursus habituel. Vous aurez trois professeurs qui vous seront dédiés. » Il sourit et se pencha vers moi, pour me chuchoter quelques mots. « Nous vous donnerons beaucoup de devoirs. » « J’ai hâte. » répondis-je, faussement ravi. Ravi, je l’étais pour une tout autre raison : j’adorais les livres et j’étais certain de trouver ici les réponses à quelques-unes de mes questions. Pas toutes cependant, car l'université était ouverte à tous, ce qui signifiait que les secrets des Rehlas n'y étaient pas en libre accès. « Vous rencontrerez les autres en temps et en heure. » dit-il, alors que la salle dans laquelle nous nous trouvions disparaissait.

Sa main attrapa l’anse d’une théière. Il versa le liquide fumant dans deux tasses en fonte. « Vous êtes ici dans mes appartements. Ma chambre est à côté. » « Intéressant. » murmurai-je, en prenant l’objet qu’il me tendait avec une curiosité non feinte. Pourquoi m’avait-il dit ça de cette façon ? Un sourire amusé courba ses lèvres. Il l’effaça et reprit ses explications comme si de rien n’était. Était-ce une technique de Rehla de distiller le doute dans l’esprit de leurs interlocuteurs ? Comme un écho, je me rappelai l’avertissement d’Edelwyn, concernant la marche. J’avais trébuché. « Je vous enseignerai essentiellement la divination mais également l’astronomie… bien que mes connaissances soient totalement dérisoires à présent. » « Le ciel est donc imprévisible. » « Les volontés et actions des Ætheri le sont mais vous aurez tout le temps de le comprendre. » « … Ce qui signifie, en d’autres termes, que les Dieux ont le pouvoir de changer le Destin et que rien, de fait, n’est réellement figé. » Il rit. « Bien sûr mais… » Il s’interrompit devant mon regard. Je connaissais les supplices que les Ætheri pouvaient faire endurer aux Mortels. Mon frère en était le parfait exemple et j’avais vécu son existence. Pourtant, je pensais que le Destin était figé, constat qui me plongeait souvent dans une forme de dépression. « Ne parlons pas de cela. Il vaut mieux commencer par le commencement. » « Comme m’indiquer l’emplacement de votre chambre, par exemple. » répondis-je, tout en humant l'odeur du thé. « Je suppose qu’une carte du ciel actualisée doit s’y trouver, d’où votre mention. » Il me regarda et sourit. « Si vous désirez y jeter un œil pour voir ce qu'elle contient, je vous en prie. » « Non. Je préférerais savoir comment enlever cette Couronne de ma tête. » « Qui vous dit que les deux ne sont pas liés ? » Et il se mit à rire en se dirigeant vers la pièce qu'il m'avait indiquée plus tôt.

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Kaahl Paiberym
Lun 28 Fév 2022, 20:56



mais je serai ton Roi


Je restai immobile un instant, en fixant le vêtement qu’il portait : une longue veste faite d’un tissu bleu transparent, ouverte et flottante derrière lui. Le reste de sa tenue était clair et sobre. Lorsqu’il disparut par l’embrasure de la porte, les dessins de ciel étoilé me restèrent en mémoire. Cet homme avait un fond ténébreux mais la magie qui se reflétait dans ses yeux appartenait aux Magiciens. Mage, Génie ou Ridere. « Vous venez ? » La voix semblait amusée au premier abord mais une tonalité plus grave et autoritaire y était cachée. Il jouait sur les sons. Je souris. À chaque fois que je rencontrais un Rehla, j’avais l’impression désagréable d’avoir mon reflet en face de moi. Faire semblant, c’était ce que je faisais à chaque instant. « Hum. » Je passai ma langue sur l’une de mes molaires et décidai de le suivre.

Lorsque j’arrivai, muni de ma tasse de thé, dans la pièce, je fus frappé par l’harmonie de l’endroit. Son lit fut le dernier élément que je regardai. Partout où il n’y avait pas de bibliothèques, de larges fresques étaient peintes à même le mur, représentant le ciel et des moments historiques clefs. Certains m’étaient inconnus. « Ce sont toutes mes missions. » précisa-t-il, en me regardant avec intérêt. J’eus le sentiment qu’il cherchait à déceler l’impression qu’il me faisait, l’effet de ses révélations sur moi. « C’est impressionnant. » concédai-je. « Difficile. » rectifia-t-il. « J’aurais préféré agir chez les Mages Noirs. » dit-il, pendant que je m’approchais de la surface presque lisse pour toucher l’une des œuvres d’art. « C’est ce que j’ai cru comprendre en vous observant. » Il sourit et je me reculai pour admirer les ouvrages présents dans la pièce. J’étais certain que ces derniers ne se trouvaient pas dans les Tours de Zéphyr. « C’est intéressant, votre prénom. » murmurai-je, l’air de rien. « Oui. D’autres m’ont déjà fait la réflexion. » se contenta-t-il de répondre, sans donner davantage d’explications. Notre conversation devenait un jeu de sourires. Dès que ses lèvres ne s’étiraient pas, les miennes prenaient l’habitude de le faire. « Ça ne m’étonne pas. »

« Et comment trouvez-vous mon lit ? » demanda-t-il, après un silence durant lequel j’avais pris la liberté de faire passer mon index sur les couvertures des ouvrages qu’il possédait. Certains semblaient millénaires. « Je ne m’y connais pas beaucoup en lit. Je n’ai pas l’habitude de m’y reposer. Ou, du moins, c’est une habitude que j’ai perdue. » Je souris. « Cependant, le bois a l’air aussi précieux que solide. La tête de lit me semble particulièrement intéressante. » « Vous devriez l’examiner. » Cet homme me semblait de plus en plus étrange mais je ne pouvais nier qu’une partie de moi appréciait, peut-être celle qui gardait précieusement les souvenirs de la vie de mon frère. « Faisons ça. » susurrai-je, en m’approchant. Je posai un genou sur le matelas et me penchai pour observer de plus près le bois. Sur une partie rectangulaire, ce dernier s’effaçait au profit de sphères qui semblaient en verre. Je tendis ma main libre, curieux de la brume aux multiples couleurs qui dansait à l’intérieur. Les sons en provenance des Cieux se firent plus assourdissants. Mon geste fut stoppé par la poigne du Rehla, ce qui arrêta presque l’harmonie du chant. Il semblait apprécier le moment. « Vous vivez dangereusement. Comment avez-vous pu devenir Roi, à effleurer ainsi tout ce que vous ne connaissez pas ? Est-ce que vous faites ça avec les gens aussi ? » « Vous aimeriez que je réponde oui ou non ? » Il sourit, en réponse à mon expression, et m’invita à m’asseoir sur son matelas. J’enlevai mes chaussures et obéit. Il me rejoignit et nous nous retrouvèrent tous les deux, le dos contre la tête de lit, à fixer l’étagère en face de nous. « Savez-vous qui a créé la plupart des Couronnes que vous possédez ? » « Pas le moins du monde. » « Vous le saurez en temps voulu. » « Pourquoi poser la question ? » ris-je, d’un air presque désabusé. « Pour faire la conversation. Je préfère que notre relation soit chaleureuse. » « Vous n’êtes pas quelqu’un de chaleureux. » « Huummm… Je peux l’être. » « Ce n’est pas parce que vous le pouvez que vous l’êtes. » « Qui a dit ça ? Vous ? Pour vous rassurer ? » « Je me trouve particulièrement horrible. » « Je ne trouve pas. » Mon visage pivota vers lui. Il me fixait avec une lueur taquine dans les yeux. Il ne parlait pas de ma personnalité. Je soupirai et détournai les yeux. « Tous les professeurs de Lua Eyael sont-ils des obsédés sexuels ? Ou suis-je, en réalité, tombé à Avalon par inadvertance ? » Il se mit à rire. « Vous verrez bien. » « Je suis censé abdiquer ? » « Oh non. Nous allons nous amuser encore quelques années. Et puis, je dois vous parler de votre Couronne et ça va jeter un froid dans la conversation. » « Hum ? » Le son était sorti d’entre mes lèvres d’une façon discrète, comme les mots d’un individu sur le point de s’endormir. « Un jour, vous ne pourrez plus l’enlever. »

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Kaahl Paiberym
Mar 01 Mar 2022, 22:06



mais je serai ton Roi


« Comment puis-je arrêter la guerre ? » demandai-je. La Couronne était posée sur le lit. L’une des sphères de sa tête avait disparu dans le néant. L’espace qu’elle avait occupé quelques minutes plus tôt était de nouveau fait de bois, comme si elle n’avait jamais existé. Chacune représentait une marche de l’escalier qui me mènerait vers l’inéluctable. Je l’avais compris. J’aurais pu refuser de retirer l’artefact, malgré la gratuité de cette première étape, mais j’avais voulu être sûr. Sûr de ce que j’étais. Zéphyr sourit et me rejoignit. Mes doigts étaient posés sur la couverture d’un ouvrage qui traitait du chant des Étoiles. Je ne l’entendais plus et cette douce cacophonie me manquait déjà. Elle m’avait irrité des jours durant. À présent que je l’avais perdue, c’était comme si je m’étais perdu moi-même.

Le Rehla tendit la main jusqu’à ce que celle-ci me touchât l’avant-bras. Le céruléen de mes yeux rencontra celui des siens. « Vous ne le pouvez pas. » Le silence s’installa, comme une claque. Mon regard se perdit sur les dessins qui figuraient sur le livre. « Je suppose que non, en effet. » « Vous apprendrez vite les tortures de votre condition : lorsque vous savez mais ne pouvez rien faire. Et encore, la Couronne du Savoir Sans Avenir vous épargne la vision de votre propre avenir. » Il inspira. « Épargner n’est pas le bon mot. Ne pas savoir vous rongera. » Je ris, sans joie. « Savoir ou ne pas savoir, il arrive un moment dans la vie où les deux sont cause de souffrance. Il y a cet instant horrible où l’on en sait à la fois trop et pas assez. » « Je sais que vous connaissez déjà cet état, celui qui veut que l’esprit torture plus qu’il n’apaise. Je vous aiderai à voir mais ce que vous verrez pourra s’avérer terrible. C’est pourtant ainsi que les Ætheri nous ont façonnés. » J’acquiesçai, comme déjà très éloigné de tout ce qui touchait le commun des mortels. J’aurais pu lui dire que jamais je ne remettrais la Couronne sur ma tête mais il m’était impossible de ne pas la porter dorénavant. J’en avais conscience. Être libéré d’elle me permettrait d’avancer sur certains de mes projets mais en rendrait d’autres impossibles. J’étais piégé et les neuf sphères restantes n’étaient que le décompte d’un temps déjà acté. Un jour, le Savoir se fondrait en moi et je ne serais plus ni Magicien ni Sorcier. Je serais comme mon hôte, à me plier à des caprices supérieurs et irrésistibles.

« J’espère que cette guerre servira. » murmurai-je. Ses doigts coururent sur ma peau jusqu’au livre qu’il attrapa. « Il est Temps pour les Manichéens de servir l’Équilibre. Que leur trépas engendre leur renaissance. Que la Lumière rayonne et que l’Ombre dévore. » Je serrai les dents. « C’est drôle. » ajouta-t-il, d’un ton différent. « Quoi donc ? » « Je pensais que vous agiriez comme votre père, à tenter de vous rebeller contre l’Univers entier. Pourtant, vous restez calme, à ravaler l’aigreur qui coule sur votre langue en silence. » Je le fixai, en coin. « Vous deviez savoir ce que j’allais faire. » « Pour être franc, non. Vous portez la Couronne du Savoir Sans Avenir. Votre avenir est difficile à appréhender à partir d'un certain point. Je sais simplement ce que la Sin Luxinreïs m’a confié et il n’est pas dit que les confidences qu'elle m'a faites émanent réellement d’elle. Cependant, je ne peux être sûr de leur provenance. Votre cas est particulier. Il semble que les Étoiles aient chanté que vous deviendrez Maître du Temps. C'est ce que les Eloqui disent mais peut-être n'est-ce que des rumeurs sans fondement, dans le seul objectif de rassurer tout le monde. Aucun gouvernement ne fonctionne en totale transparence. Et si personne ne vous voit, comment savoir de quoi sera réellement fait votre avenir ? » « De néant, sans doute. » dis-je, avant d’émettre un rire de dépit. « Ne le prenez pas ainsi. Beaucoup tueraient pour être à votre place. » « Ah oui ? Eh bien, je la cède volontiers à qui la veut. » clamai-je, la colère déjà plus présente dans ma voix. « Allons. Vous dites ça uniquement à cause de votre état actuel. Je comprends que ce ne soit pas facile… Vous n’avez pas besoin de lire l’avenir pour savoir que beaucoup périront. Vous avez pensé votre stratégie dans cet unique objectif, en sachant parfaitement que le rapport de force ne serait pas équilibré. » Il me prit le livre doucement des mains. Je portai mes doigts à mes tempes. Le calme intérieur que j’avais ressenti en retirant la Couronne avait rapidement fait place à une angoisse tenace, celle d’un homme qui s’apprête à orchestrer un véritable massacre sans en ressentir la moindre once d’envie. « Je pourrais capituler. » susurrai-je, sans croire une seule seconde à mes mots. Non, je ne pourrais pas. Comme je ne pourrais pas me passer de la Couronne. Comme je devrais subir les tourments des épreuves de chaque sphère. Comme je devrais me soumettre à tous les Ætheri du peuple de Lua Eyael le moment venu. C’était injuste, profondément injuste, parce que je n’avais pas le choix. Ou, du moins, était-ce ainsi que l’on me le présentait.

823 mots
Fin

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