Je veux y croire (ou pas)
Quête "Les Portes II"

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Malgré tout mon enthousiasme, mes pieds délicats commencaient à me faire mal après tant de marche. Moi qui suis restée enfermée dans ma tour aussi longtemps que je me souvienne, devoir parcourir autant de lieues en si peu de temps était tout nouveau pour moi. De plus, je n'étais même pas certaine que nous allions dans la bonne direction pour nous rendre au bal. Avec mes amis brigands, nous demandions notre chemin de temps à autre aux personnes que nous croisions... Mais les informations n'étaient pas forcément très claires et j'avais l'impression que nous parcourions GRAAAA de long en large sans vraiment atteindre le château...
Peu importe c'est ça l'aventure !! J'étais si heureuse de voir le monde de mes propres yeux.

Le soleil s'était couché depuis quelques temps maintenant, moi et mes compagnons cherchions un endroit paisible pour dormir à la belle étoile. Lorsque tout à coup j'entendis un bruit étrange de remous... La forêt semblait s'ouvrir tel un rideau vert et je la vis enfin...

« OOooohh regardez !! La mer ! » Je m'exclamai toute excitée. Je partis en courant dans sa direction, ma douleur aux pieds momentanément oubliée. Le sable leur faisait de tendres câlins, et j'apréciai la sensation étrange entre les orteils.
L'excitation de la nouveauté laissa peu à peu place à l'émerveillement devant ce spectacle. La voûte céleste semblait se refléter dans ce miroir d'eau. L'écume glissait tel du coton secoué par le mouvement des vagues. Ma langue bien pendue était stoppée net, je voyais la mer pour la première fois et c'était un spectacle encore plus enchanteur que la description qu'en faisait les récits d'aventure que je lisai encore et encore tout en haut de ma tour. J'inspirai à pleins poumons pour m'imprégner de l'air marin...
Je continuai à marcher doucement, si près que les embruns m'atteignirent, rafraichissant mes petons endoloris et mouillant le bas de ma robe. Mon coeur se remplit d'émotion et j'étais sur le point de verser ma petite larme... Peu importe que j'arrive en retard au bal, je souhaitais profiter de l'instant présent.

Me voyant dans ma contemplation marine, mes nouveaux amis avaient manifestement décidé de choisir cette plage comme lieu pour dormir, et du coin de l'oeil je les vis installer un campement de fortune sur le sable. Je reportai mon regard dans le lointain. Le vent semblait porter une douce lumière... Il ne s'agissait pas d'une étoile, peut-être une luciole ? L'étrange apparition s'avança lentement.  « Je n'en crois pas mes yeux... » murmurais-je doucement lorsque je reconnus ce que c'était.
Le petit lampion virvoltait le long de la plage, d'une provenance inconnue. Que je sache il n'y avait pas de village dans les alentours. Ce petit bonhomme paraissait avoir parcouru un long chemin. A ce moment je ne pus retenir plus longtemps mes larmes alors qu'un sourire se dessina sur mon visage. J'avais enfin trouvé ce que je cherchais depuis tout ce temps, ces lanternes volantes que je pouvais admirer depuis ma fenêtre. Ce petit lampion était un solitaire, mais j'étais aussi heureuse de le voir que s'il s'agissait d'une nuée. N'en voir qu'un seul dépassait déjà mes espérances.
Comme une enfant, je m'approchai et essayai de l'attraper en vol. Je dus m'y reprendre à plusieurs fois car le vent le repoussait un peu plus loin dès que je tendais les mains dans sa direction. Avec un petit cri de victoire mes doigts touchèrent enfin la légère structure du lampion, quand tout à coup une lumière intense s'en dégagea. Je mis ma mains devant les yeux pour les protéger de cette lumière aveuglante...

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 « Mais où suis-je ? » Je m'exclamai, un peu paniquée lorsque je pus voir de nouveau.  Je n'étais plus sur la plage mais dans un palais richement décoré. Mes amis ainsi que le lampion s'étaient volatilisés. Mon accoutrement s'était également transformé. Ma petite robe rose était devenue une grande robe rouge avec des ornements brodés en fil d'or.
«Ma très chère ! Avez-vous fini de vous préparer ? Le bal débute très bientôt !» Une voix de femme autoritaire s'était élevée dans le couloir. Une petite voix dans un coin de mon esprit me sussura qu'ils s'agissait de ma mère. Mais comment etait-ce possible ? Dans quelle histoire je m'étais fourrée ?
Ma très longue chevelure blonde était aussi différente. Elle était noué dans une très longue et grosse tresse pour empêcher mes longs cheveux de traîner par terre. Réaliser tout cela avait dû prendre des heures de préparation ! Par la fenêtre, je pouvais voir le jardin du palais dans lequel je me trouvais mais aussi une cité grandiose bordée par un magnifique lac se déployer à l'horizon. A première vue c'était un paysage enchanteur...

Je sentais au fond de moi que je ne souhaitais pas me rendre à ce bal donné par ma famille. Une étrange intuition m'habitait. Une sensation de danger. Des bruits de roues de carrosse et des éclats de voix se faisaient entendre au dehors. les festivités allaient débuter.
« J'ai besoin d'air... » soufflais-je à moi-même. Pour quelques raisons j'étais stressée. J'allais ouvrir en grand la sompteuse fenêtre vitrée et me présentait au dehors sur le balcon de pierre de ma chambre. La nuit était douce et belle mais je ne reconnaissais plus les constellations.

Seule sur mon beau balcon ouvragé, je pris le temps de ma calmer, relaxée par le léger souffle du vent sur mon visage. Mon regard fut attiré par quelqu'un qui me regardait d'en contre-bas. Un jeune homme m'observait depuis les bosquets du jardin. C'était le plus bel homme que je n'ai jamais vu, Une chevelure noire courte couronnait un visage aux traits fin avec cependant une machoire carrée et une courte barbe. Ses larges épaules et sa stature étaient mises en valeur par son costume également très élégant. Enfin ses yeux bleus semblaient tout aussi scintillants que le ciel étoilé... Il s'inclina légèrement, apparement tout aussi troublé que moi, avant d'entrer dans la palais à la suite de sa famille.

Quoi qu'il en soit, même si je ne savais pas trop où j'avais été téléportée, je devais laisser l'histoire suivre son cours et me rendre dans la salle de bal. Tous les nobles avaient fait le déplacement, le château étincellait de lumière.
Mes pensées furent inondées par de nouveaux souvenirs. Il s'agissait d'une semaine à nulle autre pareille dans le pays. La précédente reine ayant été assassinée, la couronne étant sans héritiers légitimes devait donc revenir à l'une des grandes familles du royaume. Une chose était certaine, plusieurs convives ne verraient pas le soleil se lever. Et ma famille etait l'une des lignées en compétition. Je devais aider les miens mais je ne savais pas comment faire !

Le vin coulait à flots, et certaines personnes avaient déjà commencé à danser... Passant devant un des mirroirs, je vis le collier qui était apparu autout de mon cou. Un étarnge collier aux pierres violettes... Je savais que je devais faire quelque chose avec mais quoi ? Je n'étais pas d'humeur à danser, me contentant de regarder depuis le côté, des petits canapés de homard attirèrent mon appétit, l'air de rien je n'avais pas dîné avec cette téléportation en royaume inconnu !
Je le revis, le bel inconnu de tout à l'heure... D'immenses aquariums ornaient les couloirs du palais. On se regarda longuement à travers l'eau et les poissons. Sans rien se dire. Je rougissais jusqu'au oreilles et je dus battre en retraite en souriant. Je n'avais jamais abordé d'homme qui me plaisait ? Comment devais-je faire ? Etait-ce ça le coup de foudre au premier regard ? Mes pensées semblaient être une petite tornade dans mon esprit, et les bulles de champagne commençaient à me monter à la tête.

Une fois encore, j'eus l'intuition que je devais me servir de mon collier. Mais pourquoi faire ? J'allais me cacher derrière un rideau pour l'ausculter. Les pierres étaient étranges.... Tout à coup après l'avoir triturée entre mes doigts, l'une des pierres se détacha. Quelle étrange pierre violette...
En sifflotant, je revins dans la salle, la pierre cachée dans ma main. Les gens discutaient... Ne faisaient pas attention à moi... Et PLOP ! Je glissai la pierre dans l'un des verres d'un convive d'une famille concurrente, et celle-ci se dissolva aussitôt dans le liquide. Voilà bien une étrange substance !

L'étrange dame qui paraissait être ma mère revint me voir. « Parfait ! Tu vois ce serveur ? Dépose une autre pierre dans le verre qu'il va apporter mais sans te faire voir ! »
Ainsi le manège continua jusqu'à ce que mon collier soit totalement démuni de pierres, ne devenant qu'une simple chaine en or. Les pierres avaient attéri dans plusieurs verres de convives bien choisis. J'avaias fait tout cela sans trop réfléchir... Comme si je savais à l'avance quoi faire....

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La nuit était désormais bien avancée. Complètement bourrée à cause du champagne, je dansais toute seule dans les jardins du palais. Un valet se présenta tout à coup devant moi et me remis un message :

Depuis que je vous ai vue, mon coeur ne brûle que de vous revoir. Votre chevelure étincelle dans le clair de lune. Je vous en prie gente dame, rencontrons nous à minuit sur le bord du lac.

Le tout signé : Damoiseau dont le coeur a été transperçé par la flèche de l'amour

Plus nunuche que ça en missive ce n'était pas possible. Quoi qu'il en soit les bulles me donnaient de l'assurance. C'était le beau jeune homme de tout à l'heure. j'en étais sure ! Je fourrai la missive dans mon décolleté et pris le chemin du lac. Je ne vis pas que les jardins étaient jonchés de cadavres alors que les assassins faisaient leur oeuvre dans la nuit.

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La barque glissait doucement sur le lac qui était extraordinairement calme et limpide. Par contre j'avais eu une terrible déception de réaliser que c'était un vieux pervers qui m'avait donné rendez-vous au bord du lac, le grand-père de celui que je souhaitais voir ! Le pauvre soufflait, grimaçant en essayant de ramer tant bien que mal.
Mal à l'aise, j'essayais de lui parler le moins possible. Lorsque tout à coup, une clameur s'éleva du palais ! Les lampions ! Ils étaient là !
« Regardez Monsieur ! Les lampions ! J'ai toujours rêvé de pouvoir les admirer ! »
Mon soupirant de la soirée ne répondit pas, le visage ayant viré au violet.

Je lui tournai le dos pour admirer les lampions qui avaient innondé les cieux. J'en savais plusieurs de la noyade en les faisant remonter. Par contre le vieux n'arrêtait pas de tousser et semblait peiner à reprendre son souffle. Polie, je n'osais pas lui dire qu'il me gachait ce beau moment. Je n'avais vraiment pas de chance avec les hommes mais jusqu'ici j'avais réussi à voir les lampions rien n'était perdu !

Tout d'un coup il s'écroula. « Monsieur vous allez bien ? » Cette fois-ci je m'inquiétai... Avec stupeur je vis qu'il ne respirait plus. Son visage était figé et avait pris une horrible teinte violette. Du sang lui sortait par la bouche et les narines. Etait-il... ? MORT ? Quelle horreur ! Je n'avais jamais vu de macabé de ma vie moi ! Que fallait-il faire ? Je réalisai d'un seul coup. La couleur violette ! Comme les pierres de mon collier que je n'avais pas arrêté de mettre dans des verres pendant toute la soirée !

« Au secours ! Nous avons besoin d'aide ici ! » J'étais complètement en panique. Bien entendu personne n'allait m'entendre. Je ne tenais pas en place dans l'embarcation, cette virée nocturne tournait au cauchemard !
Je me souvins tout à coup que mes cheveux magiques pouvaient guérir ! Mais la barque tanguait dangereusement et maladroite comme je suis je nous précipitai tous à l'eau... Avant de fermer les yeux, je pus voir une dernière fois les lampions émettre leur douce lumière au dessus de l'eau...  

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« AAAAAHHHH ! » Je me réveillai en sursaut sur la plage, mes amis brigands bondirent sur leurs pieds, affolés. Le feu de camp achevait de se consumer. Il faisait nuit noire sur le littoral de GRRRAAAAA. Ainsi toute cette étrange fable était un rêve ?
Je tenais quelque chose de dur dans ma main. Une étrange figurine en forme de lampion...

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