La cuisson ? Bleue.

Suite de Fiche de Styvan

Objectif / Intrigue : Créer un lien de confiance entre Styvan et sa créatrice.

Cela faisait déjà plusieurs heures que Styvan et Lilia ne s'étaient pas adressés le moindre mot. L’ambiance était pesante depuis son réveil. Les deux inconnus étaient dans une grotte humide et lugubre, assis autour d’un feu dont le crépitement des flammes devenu presque assourdissant constituait la seule source de son. L’adolescent était toujours incapable de se mouvoir depuis qu’elle lui avait ordonnée de ne pas bouger, c’était une sensation vraiment étrange qu’il n’était pas capable d’expliquer. De toute manière, comment a-t-elle su que je comptais m’enfuir ? pensa le garçon épuisé. Son état de santé laissait à désirer. Un cocktail bien mélangé entre la faim, la fatigue et un mal-être général. Malgré l’obscurité il pouvait voir clairement ce qui l’entourait à commencer par sa colocataire de chambre, le reste n’étant que très peu intéressant, il préférait la regarder. La jeune femme avait sûrement entre vingt et trente ans à en juger par sa peau lisse. Elle était d’une beauté sans pareille, l'apprenti pâtissier n’avait jamais vu une femme aussi belle. C'est vrai qu'à l’école parfois des belles femmes pouvaient apparaître, mais de ce calibre c’était rare ou alors le malchanceux les avait loupé. Elle faisait facilement dix centimètres de plus que lui. Ce n’était pas humiliant car le monde entier depuis sa naissance mesurait au moins dix centimètres de plus que lui. Sa peau très blanche, ses cheveux noirs et ses yeux bleus clairs lui donnaient un charme indéniable. Son aura dégageait de la bienveillance, c’était rassurant même s’il ne la connaissait pas. Quelquefois quand elle le regardait il pouvait sentir une douce attention envers lui comme si elle surveillait comment son nourrisson se sentait. Ce regard, Styvan le connaissait. Sa défunte mère avait exactement le même lorsqu’il trébuchait. « Qu’est-ce que vous vouliez dire plus tôt par tu ne pourras plus la voir, la lumière du jour ? » demanda l’adolescent décidé à rompre ce pesant silence. « Je commençais à penser que tu avais perdu ta langue, suis moi, je vais te montrer. » répondit-elle en se dirigeant vers la sortie de la caverne. Lorsque celui-ci se leva pour la suivre, ses jambes tremblaient, son crâne le brûlait, son ventre criait famine et tout était devenu flou autour de lui. Au bout de seulement quelques secondes ce dernier s’écroula, mais la femme qui l’avait apparemment aidé jusqu’ici le rattrapa et le porta sur ses épaules. « Tu n’as pas bonne mine mon chou, normal en même temps. Personnellement après ma transformation je n’étais pas dans un meilleur état. Puis ça doit faire deux jours que je ne t’ai pas nourri, ça tombe bien j’allais justement chasser. Allons-y. » Transformation ? Et pourquoi est-elle si gentille avec moi ? Comment ça se fait que je sente à ce point son parfum ? s’interrogea le garçon qui ne pouvait s’empêcher d’humer la chevelure à l’odeur si agréable de sa sauveuse. La femme esquissa un sourire avant de continuer jusqu’à la sortie de la grotte. Il faisait nuit dehors, le ciel était dégagé et la pleine lune éclairait parfaitement les arbres gigantesques à l’horizon.

« Je me doute que tu aies beaucoup de questions à me poser, mais il faut que tu manges on en discutera après. Je reviens, ne bouge surtout pas d’ici. » dit Lilia avant d’adosser Styvan contre la paroi de la falaise. La femme se leva après avoir recoiffé délicatement la chevelure du garçon. Elle avait l’air de renifler les odeurs environnantes telle une louve en pleine partie de chasse pour nourrir son louveteau fraichement né. Puis d’un coup la canidé s'éclipsa dans l’obscurité de la forêt laissant sa progéniture seule avec ses pensées. Manger, j’ai faim, je dois manger. ressassa-t-il. Il était en train de découvrir le mal de tout être de la nuit, la soif. Celle-ci l'avait quasiment plongé dans un état de frénésie. Tout était différent depuis l’attaque. Son nez était capable de sentir beaucoup plus d'effluves qu’auparavant au point que le garçon ne savait plus discerner une odeur d’une autre, sa vision était plus claire dans l’obscurité, le seul goût que sa langue avait réussi à discerner était celui de rouille sur son palais à son réveil, même quand il avait bu une gorgée d’eau il avait l’impression de n’avoir rien avalé. Il ne se reconnaissait pas, ce sentiment désagréable ne l’avait pas quitté depuis qu’il était sorti de son sommeil. « Bon sang mais qu’est ce qu’il m’arrive à la fin ?! » cria-t-il. Le jeune magicien était dans le déni, grâce à ses études au sanctuaire il connaissait presque toutes les races qui vivaient sur ces terres. Plus le temps avançait et plus des petits détails s'ajoutaient à sa partie de « quel monstre suis-je devenu ? » et cela le rongeait. Son mal-être était comme un parasite, un poids lourd accroché à son cœur. L'adolescent sentait que quelque chose de grave était en train de se produire, que sa vie ne serait plus la même qu’avant. Malgré tout cela il attendait sagement la tête baissée cette femme qui lui semblait être son seul espoir de survie.

Après quelques minutes Lilia était revenue avec deux sangliers adultes dans les bras, elle les portait comme s'ils ne pesaient seulement que quelques kilos. Elle avait dû leur tordre la nuque puisque les pauvres bêtes avaient leur tête étrangement placée. « Génial je meurs de faim, rentrons à l'intérieur pour les cuire. » exprima naïvement le jeune disciple, continuant de fermer les yeux sur ses pensées noires.  «C'est-à-dire que.. Tu vas comprendre. » soupira-t-elle. Elle planta son index dans la carotide du premier sanglier et posa l’animal mort sur le sol. Un liquide rougeâtre s'était rapidement propagé et mélangé à la fourrure du cadavre. Il y avait tellement d’hémoglobine que les sens de Styvan s’étaient affolés. Plus aucune odeur ne comptait à part celle de ce breuvage, sa vision était trouble mais étrangement nette sur le cou du gibier et son corps vibrait d’envie. La bave coulait à moitié sur son menton. Ce sang l’attirait comme le meilleur souper de sa grand-mère ou le meilleur gâteau de Charles, le pâtissier de son village. Il ressemblait à une bête enragée, prête à tuer quiconque essayant de lui voler son repas. Le garçon ne pouvait se contrôler plus longtemps et sans pouvoir réagir ses crocs étaient déjà plantés dans le cou de l’animal. C’est si bon ! Pourquoi est-ce si bon ? Suis-je vraiment en train de faire ça ? pensa-t-il. L'ancien magicien comprit et sanglota tout en se délectant de son premier repas en tant que vampire. Il sentit une main caresser ses cheveux, et une lèvre se poser sur son cuir chevelu. « Ça va aller je suis là tu n’es pas seul. » chuchota-t-elle d’une voix apaisante.

Post I. 1200 mots.

Bon sang..

Mis à part le goût délicieux ressenti par ses nouvelles papilles gustatives et la sensation de satiété qui en découlait, le nouveau vampire n’avait pas l’air d’avoir apprécié pleinement son premier repas pour le moins copieux. Les sangliers totalement vidés n’avaient plus une seule trace d’hémoglobine dans leurs corps. En y repensant, ce dîner avait sûrement dû être le plus étrange de sa vie. Les litres de sang avaient été échangés par des litres de larmes, un échange de bon procédé digne des meilleurs alchimistes. Styvan était inconsolable. Ses yeux gonflés par l’humidité regardaient le vide depuis maintenant une éternité. Et pour cause, son régime alimentaire venait de changer drastiquement. Pour sûr les macronutriments étaient bien toujours présents. Aucunes futures carences pouvaient venir lui gâcher sa vie. Quant à son corps, il s'adaptera sûrement rapidement à ses nouvelles préférences en termes de gastronomie. À vrai dire le seul danger, mis à part la digestion, avec un changement pareil serait l’envie d’en finir. S' il décidait de ne plus manger, seule la mort serait présente à la fin de sa grève de la faim. À plusieurs reprises Lilia hésita à prendre son protégé dans ses bras. Comment lui en vouloir ? Après tout c’était son premier enfant. La jeune mère n’était pas encore très à l’aise sur le comportement à adopter. Parfois, l’instinct maternel prenait le dessus, mais elle n’était créatrice que depuis six jours. Dans le monde des vampires, il n’y avait aucune formation ou livre du style : « Chapitre un : Que faire quand votre progéniture remet sa vie en question après sa première pinte de globule rouge ? ». Cependant, son expérience suffisait et elle savait très bien quelles pensées noires pouvaient bien traverser son esprit actuellement. La honte et le dégoût de la monstruosité de son acte devaient peser. Tous les jeunes transformés passaient par cette phase-là. « Quelle est la différence entre tuer pour manger de la viande et tuer pour boire du sang ? Ne sois pas si dur avec toi-même » chuchota-t-elle le cœur meurtri devant l’état de sa descendance. « Sérieusement c’est la meilleure phrase que tu avais pour me réconforter ? Explique-moi juste ce qu’il m’est arrivé ce soir-là. » répondit le jeune zvezda qui avait apparemment jeté sa timidité et le vouvoiement dans l’intestin du porc.

Elle lui expliqua absolument tout de cette triste soirée. De la grotte où il s’était réfugié, à l’attaque du village, en avouant la soumission dont il avait presque été victime dans le seul but d’être un dessert pour la vampire. Plus le récit avançait et plus le visage du garçon se décomposait. Celui-ci ne réagissait avec des froncements de sourcils que lorsque certains mots étaient prononcés, tels que : fillette, charrette, chat et flèche. C’était comme si tout prenait sens et se connectait dans son esprit. « Tu étais au bord de la mort et malgré ça tu t’es inquiété pour un être aussi insignifiant qu’un félin. Mon charme ne faisait plus effet. C’était toi et toi seul qui voulait savoir comment j’allais, je ne pouvais pas me résilier à te voir mourir. Tu as un potentiel, je le sens. » ajouta la femme qui tenait fermement les joues de son louveteau. « Si tu es ce fameux chat noir, prouve le moi. » « D’accord. » la femme commença à déboutonner les boutons de son chemisier. « Qu’est-ce que tu .. qu’est-ce vous faîtes ? » il faut croire que la situation avait fait retrouver sa timidité à l’adolescent. « Pour me transformer il faut bien que je me déshabille. » « Oui bah pas devant moi c'est bizarre. Venez ronronner vers moi quand ce sera fini, je vous croirais. » il ferma les yeux.

Une chatte noire angora de taille adulte, des yeux bleus, de longues moustaches ainsi qu’une queue touffue recroquevillée. L'avantage des félins c'était que leur langage corporel mentait rarement. Ce chat avait clairement une position de chat préoccupé comme si Lilia s'inquiétait de ce qu’allait pouvoir penser le garçon de la situation. Des légers bruits de pas, un frottement contre le mollet du vampire, puis l’animal était sur ses genoux, ronronnant de toutes ses forces. C’était maintenant évident, la femme avait dit la vérité. Il y a de cela six jours, le garçon aurait dû mourir pendant l’assaut des brigands. Lilia l’avait sauvé, mais à quel prix ? Finalement, l'apprenti magicien était bien mort ce soir-là. Il ne restait plus qu’un monstre maléfique contrôlé par ses pulsions humiliantes. L’adolescent serra le chat dans ses bras. « Je ne sais pas quoi dire, je suis perdu entre vous remercier et vous détester. Je pense juste que j’ai besoin de ça. » il continua d’enlacer le chat, lui grattouillant le flanc et le menton. C’était sûrement une façon d'extérioriser toute sa tristesse. Non seulement son humanité avait disparu, mais en plus, il se retrouvait le visage barbouillé de sang du gibier qu'il venait de vider à caresser celle qui avait fait de lui ce monstre. Cette soirée lui revenait en boucle, toutes ses actions l’avaient mené à sa perte. Le retard au réveil, Charles, la flèche, la grotte, le pont, la peti… « La petite ! » cria-t-il. La boule de poil depuis lors très détendue par pleins de papouilles avait sursauté les poils hérissés devant l’entrain soudain de son adorateur, que pouvait-il bien lui arriver ? « Ce soir-là j'ai dit à une enfant sous le pont de son village de m’attendre dans la charrette le temps que je trouve un cheval. Je dois absolument aller voir si elle est toujours en vie. ». Six jours, seule à l’arrière d’un chariot avec comme seule compagnie un corps en décomposition qui lui servait de conducteur. La gamine n’avait sûrement pas dû apprécier son covoiturage. La question était la suivante : y avait-il toujours qu’un seul corps dans cette carriole ? A l’annonce de la nouvelle Lilia redevenue humaine pointa du doigt une direction à suivre. « Allons-y ensemble, je connais le chemin et si tu croises des gens je préfère être là. Je vais te porter tu es encore beaucoup trop faible. ». Styvan sentit son thorax se compresser, qu’elle était donc cette étrange sensation ? Pourquoi ne détestait-il pas cette femme ? En était-il seulement capable ?

Post II. 1081 mots.

L'aube

La faune de la forêt se cachait du mieux qu’elle pouvait dans la pénombre, décision plutôt inutile vu la faculté de voir dans l’obscurité des deux vampires. Deux suceurs de sang, deux prédateurs au top de la chaîne alimentaire se promenant le long d’un sentier menant jusqu’au village qui avait brûlé six jours plus tôt. Enfin, les deux ne se pavanaient pas, du moins un des deux ne se pavanait pas. La louve portait son petit beaucoup trop épuisé pour faire un bout de route seul. La transformation en créature de la nuit et l’impact mental de son premier repas avait fait de lui une larve inapte à toute activité sportive, ce qu’il était déjà en somme vu son absence de masse musculaire. Il ne faisait donc aucun doute que seule la femelle effrayait les animaux aux alentours, le deuxième ressemblant plus à un choupisson qu’à un louveteau prêt à chasser. Cependant, même un bébé hérisson pouvait s'avérer dangereux, il lui suffisait juste de bien choisir sa proie, quoi que. Styvan était loin de pouvoir se débrouiller seul, de trouver son repas comme un fier Zvezda. Déjà car il était loin d’accepter sa nouvelle nature mais surtout parce qu’il serait capable, totalement aveuglé par la soif, de s’attaquer à un ours adulte qui aurait sûrement aucun mal à le démolir. La chasse était un art que Lilia avait prévu de lui enseigner, mais d’abord il fallait bien lui faire comprendre les avantages et inconvénient de sa nouvelle race. Mis à part, le fait d’être capable de se jeter sur un proche pour le vider de son sang, le soleil qui pouvait le réduire en cendre en quelques secondes, la stérilité d’un homme atteint d’andropause, le fait de ne plus sentir les goûts de toutes nourritures et la perte de son reflet qui pourra parfois le surprendre ou alerter les autres sur sa nature, ce n’était pas si dure la vie de vampire. « Il faut surtout faire attention quand l’astre se lève, nombreux sont les jeunes Zvedas, habitués à sortir la journée, à avoir été retrouvés grillés. C’est ce que j’insinuais par tu ne pourras plus la voir la lumière du jour. » expliqua la vampire en sautillant pour remonter le garçon qui glissait dans le bas de son dos. « Au début, saches que même si tu es rassasié, le sang attirera toujours ta gourmandise. Donc oublie tout contact avec des humains tant que je ne suis pas sûre que tu peux te contrôler. Y compris les proches de ton ancienne vie. » ajouta-t-elle en tournant sa tête pour regarder le garçon qui avait son menton posé sur ses épaules. « D’accord, je ne veux pas faire de mal à mes proches et de toute manière il me pense sûrement mort à l’heure qu’il est. » répondit l’adolescent étrangement résilié.

La mentor du garçon avait continué de lui expliquer le reste le long du chemin, sa vision nocturne, son odorat développée, ses nouveaux pouvoirs. De toute manière, elle comptait bien lui apprendre à contrôler ses nouvelles capacités une nuit ou l’autre. Elle aurait sûrement du mal avec la magie, car il devait ne pas en posséder assez pour jeter plus de quelques sorts. Au loin derrière les troncs des immenses chênes composant la forêt se dessinait un paysage que le garçon avait déjà vu auparavant. Cette route de pierre, ces buissons, ces arbres! C’est ici! pensa-t-il. Styvan en était sûr, ils étaient maintenant tout proches de l'assaut de la charrette, les deux explorateurs avaient juste à remonter jusqu’au pont pour retrouver cette dernière. Après avoir passé les buissons, la carriole était maintenant à l’horizon, à quelques centaines de mètres d'où se trouvait l’adolescent. « Calme toi, je sens ton cœur battre à toute vitesse. Tu ne sens pas ? Concentre-toi sur la charrette, il n’y a que trois odeurs de corps en putréfaction, deux chevaux et un humain, mais celui de l’humain est plus léger alors il ne doit même plus être là. » expliqua Lilia. Le zvezda avait beau se concentrer, il pouvait bien sentir trois odeurs désagréables émanant du chariot, mais réussir à atteindre une telle précision ? Cette femme est incroyable ! répéta intérieurement le jeune garçon. « Arrêtes tu vas me faire rougir » répondit la femme avec un léger sourire narquois. « Mais je n’ai rien d… Vous pouvez lire dans mes pensées depuis le début? » bafouilla le garçon rougissant de honte, enfin rougissant à peine vu que son épiderme ne lui permettait pas vraiment de prendre des couleurs. La femme ne pouvait arrêter de rigoler devant la situation si cocasse du garçon qui n’avait pas pu s’abstenir de la complimenter sur tout les aspect depuis le début de la soirée. « T’inquiètes pas c’était mignon. Allez, allons voir cette charrette. Accroche toi. ». Aussitôt sa phrase terminée, elle effectua un bond qui les propulsa  près de l’objectif cent mètres plus loin. Ce n’était pas spécialement nécessaire mais elle aimait particulièrement qu’on lui jette des fleurs. Alors, autant frimer un petit peu devant son nouveau né pas encore conscient du potentiel qu’il pouvait atteindre.

Le véhicule était vide, les chevaux en revanche étaient bien en phase finale de décomposition. L’odeur donnait des hauts de cœurs à Styvan, même Lilia avait l’air de respirer exclusivement par voie orale. L’adolescent descendit des épaules de la vampire pour fouiller l'arrière du chariot, c’est là que la petite était censée l’attendre, une lettre était posée sur le banc.

« Styvan, quand nous avons vu que vous n'étiez pas de retour au village Charles et toi, nous sommes immédiatement parti en charrette pour voir ce qu’il s'était passé. Nous sommes sincèrement désolés que tu aies eu à traverser tout ça. La petite nous a dit qu’un petit garçon blond lui avait dit de se cacher ici. Tu as été très courageux. Nous espérons que tu reviendras et que tu trouveras cette lettre. Nous avons récupéré la petite et le corps de notre défunt ami. Nous reviendrons ici tous les jours de la semaine à l’aube. Nous avons prévenu les autorités. Des magiciens vont venir te chercher. Si tu n’es pas de retour alors ça voudra dire que tu n’es plus de ce monde également. Nous t’aimons tous. »

« Ils sont venu me chercher cinq jours de suite, demain c’est l’avant dernier avant qu’ils pensent tous que je suis mort. Il faut que je sois là » affirma-t-il « Non tu ne peux pas. De toute manière, il faut retourner jusqu’à la grotte avant qu’il ne fasse jour, alors partons. Prends la lettre ils comprendront que tu n’es pas mort. » mais le garçon était obstiné, comment partir alors que les habitants de son village le cherchaient depuis maintenant plusieurs jours ? Il pensa même à courir, essayer de se cacher, mais juste le fait d’y penser faisait que son plan était avorté. Il tenta quand même de sprinter en vain, obstiné à s’accrocher à son ancienne vie. « Je sens que tu ne vas pas me faciliter la tâche » dit-elle après que le garçon ait percuté son corps pendant la course. Elle était déjà devant lui. « Je ne vous laisserai pas m’em… » elle l'assomma d’un coup derrière la tête. « Je suis désolé, je suis trop épuisé pour utiliser mon charme. »

Post III. 1259 mots.

Une nuit sanglante.

Deux silhouettes se dessinaient derrière les arbustes d’un village familier au jeune vampire, il faut croire que Styvan avait réussi à convaincre Lilia de le laisser revoir ses proches rien qu’une seule fois. De toute manière, elle était là pour l’empêcher de faire quelque chose qu’il pourrait regretter. Le petit village de retraité magicien était totalement silencieux comme à son habitude à cette heure-ci de la soirée. Sa grand-mère possédait une maison insalubre, les poutres apparentes rongées par les mites donnaient l’impression que cette dernière pouvait s’écrouler à tout moment. Heureusement, le charpentier du village venait la rafistoler au moins une fois par semaine. Il s’approcha à pas de fourmis de son ancienne demeure, dans le coin de son regard il vit une tombe qui commençait à être creusée dans le jardin. Aucun doute que celle-ci lui était destinée, ça faisait maintenant plus d’une semaine qu’il n’avait pas donné de signe de vie alors il n’en voulait aucunement à sa mémé d’avoir perdu espoir. Pauvre Mimie tu as dû te faire un sang d’encre.. pensa-t-il en s’approchant de la fenêtre de sa chambre. La vieille dame dormait à poings fermés. Un léger rictus se dessinait sur son visage, la présence de sa grand-mère lui suffisait. L'espion décida de faire le tour pour arriver à la fenêtre de la chambre de sa sœur qui elle ne dormait pas. Elle était allongée sur son lit et pleurait comme une madeleine, la chemise de son petit frère à la main. Cette vision lui écrabouilla le cœur mais avant qu’il puisse trouver le courage de toquer aux carreaux une voix forte arriva jusqu’à ses oreilles. « Styvan ?! » cria l’homme. C’était le garde de nuit qui faisait sa ronde. L’adolescent affolé essaya de lui faire comprendre de ne pas parler trop fort. Lilia était déjà arrivée devant son enfant, comme un bouclier prêt à encaisser la pression à sa place. « Styvan est là ! Styvan est rentré ! » l’homme braillait comme un putain d'âne. Tout le village était désormais réveillé et les habitants commençaient à sortir de leurs maisons. « Je ne le sens pas. » chuchota sa créatrice. Lui non plus ne le sentait pas mais avant même de penser à la fuite, sa sœur était déjà en train de l’enlacer. Lilia attrapa le bras de son enfant pour le tirer de cette situation qui devait être la pire des tortures pour lui, mais le garde s’interposa. « Qui es-tu toi d’abord ? » questionna l’homme qui tenait fermement l’avant-bras de la femme. « Lâchez-moi, vous ne comprenez pas. » suplia la vampire. Le village était à présent euphorique tant les retrouvailles semblaient peine perdue et une ronde de joie se créait autour de la scène émouvante de l'amour fraternel.

Ce câlin aurait dû être une libération pour le Zvezda qui en avait surement bien besoin à l'heure actuelle mais il en était tout autre. L’odeur de Lila de sa sœur toujours si agréable, sa carotide juste à côté de ses lèvres. La soif lui montait à la tête, il n’allait tout de même pas mordre sa sœur ? « Il va le faire » sanglota sa mère alors impuissante. Le petit frère planta ses crocs dans la gorge de l'adolescente. La tentation était beaucoup trop forte pour lui. Cette pauvre petite ne comprenait pas ce qui était en train de lui arriver, tout le village se mit à crier. « Ce n’est pas Styvan ! » « C’est un monstre ! » « Tuez le ! » pouvait-il entendre dans la foule. Il n’arrivait pas à s’arrêter de la vider de son sang. Je suis désolé je suis désolé.. répéta le vampire dans son esprit. Les habitants s’étaient précipités sur tout type d’objet pointu ou contondant capable de faire lâcher prise à la bête qui était en train de s’attaquer à l’un des leurs. Ils omirent un détail : la femme qui accompagnait l’enfant. « Oh ça non certainement pas ! Désolé Styvan ! » hurla-t-elle en tordant la nuque du garde qui lui tenait l’avant bras. Elle continua son massacre sur toutes les personnes prêtent à blesser sa progéniture. Il ne restait plus grand monde debout, les habitants vivants s’étaient tous réfugiés à l’intérieur de leurs demeures. Lilia avait tué facilement une vingtaine de personnes. L’adolescent venait de boire la dernière goutte de sang et pleura sur le cadavre de sa sœur qu’il aimait tant. Un grincement de porte qu’il connaissait vint l’inquiéter encore plus. Sa grand-mère, hache à la main, venait de sortir de sa maison. « Titi ? Qu’est ce que tu fais avec Leyah ? Leyah ?! Qu’est ce que tu as fait ?! » bafouilla sa mémé paniquée en voyant le sang étalé sur le visage de son petit-fils. La vieille femme sentit son coeur se déchirer. Elle s’effondra. Son cœur n’avait pas supporté le choc, des sueurs commençaient à apparaître sur son front, un essoufflement sortait de ses poumons, elle était en train de faire une crise cardiaque. Styvan essaya de venir vers elle mais elle hurla de peur. « Recule monstre ! Tu n’es pas mon petit fils ! ».

Des palpitations, des sueurs froides, des tremblements puis le noir complet. Un mouvement brusque, un cri et une respiration soudaine vinrent le réveiller de son long sommeil. Il était dans la grotte du départ, le dos relevé par le spasme du réveil. Il dormait avec Lilia qui avait été réveillée par son cri. Même si tout ça n’était qu’un cauchemar l’adolescent était traumatisé par la réalité des scènes, tout semblait tellement vrai, le goût du sang, l’odeur de sa sœur et même son village. En larme dans les bras de sa créatrice qui a très vite compris ce qu’il venait de se passer. Elle le serra fort. Ces rêves, elle les connaissait bien. « Je suis un monstre. » balbultia-t-il. « Alors nous sommes deux monstres. Laisse-moi t’aider. Laisse-moi t’apprendre à contrôler tes pulsions. ». Le garçon était décidé, il fera tout pour que ce rêve ne se réalise pas. Maintenant, il n'essaiera plus de fuir, il n’essaiera plus de revoir sa famille. Lilia avait un sourire en coin. Avait-elle rentré ce rêve dans l’esprit de Styvan pendant son sommeil ou avait-il dessiné un autoportrait de monstre sanguinaire dans son subconscient ?

Post IV. 1087 mots.

RAAARGH ! Un cri à glacer le sang !

Deux mois. C’était le temps qui s’était écoulé depuis la transformation du jeune vampire, deux mois de dur labeur pour sa créatrice. Le travail de mère au foyer n’était pas de tout repos. Ce dernier n’acceptant toujours pas le fait de ne plus être magicien, elle devait calmer ses crises existentielles tous les trois jours. De plus, l’adolescent possédait une mémoire proche de celle d’un poisson rouge. Plusieurs fois Lilia se réveilla de justesse pour s'interposer afin d’éviter qu’il sorte en pleine journée, elle commençait à en avoir marre de sursauter à chaque fois que le Zvezda était surpris par l'absence de son reflet. Les repas se passaient un peu mieux même s'il n’arrivait toujours pas à contrôler sa soif. Les proies devaient se limiter aux animaux que Styvan trouvait moche. Une fois, elle avait ramené quatre lapins pour le diner, le blondinet s’était pratiquement évanoui après les avoir vidés de leur sang. « Pas les lapins » répétait-il à chaque fois qu’elle s'apprêtait à partir à la chasse. Ne vous méprenez pas, il y a aussi des points positifs à avoir son bébé vampire avec soi. La solitude qui torturait à ce point sa créatrice n’était plus son quotidien. Ils dormaient ensemble, mangeaient ensemble, jouaient ensemble tout en apprenant à se connaître. Les deux tourtereaux s’étaient rapprochés indéniablement. Ils avaient même réussi à inventer un jeu plus ou moins marrant, tout dépendait de quel côté on se trouvait. Quand des randonneurs passaient devant la grotte, ils devaient réussir à les effrayer. Le perdant devait mimer un personnage inventé. Autant dire que Styvan était devenu un vrai comédien. Dès qu’un bruit de groupe à l'extérieur se faisait entendre Lila rajeunissait mentalement, atteignant souvent l’âge mental de sa descendance, voir même celui d’une petite fille. Ce jeu l’amusait tellement que plusieurs fois le garçon entendait sa créatrice s'entraîner et faire des bruits terrifiants pendant ses parties de chasse nocturne. Hier, le Zvezda avait réussi à effrayer un groupe pour la première fois. Il en était très fier. Du moins il pensait les avoir effrayés. La vérité était tout autre. Sans qu’il le sache, à l'extérieur, les ombres des arbres avaient changé de forme. Lilia avait utilisé un peu de magie pour modifier les ombres des arbres en celles de monstre. Cela avait suffit à effrayer quelques passants et donner de la confiance à son fils. Le sourire sur le visage de son enfant valait bien un petit mensonge et des nuits à faire des cauchemars pour les personnes qui avaient fui.

C’était une nuit de plus, ils étaient allongés au bord d’un lac. Le bruit des poissons nageant à la surface sonnait comme un orchestre symphonique dans les oreilles des deux vampires non loin de s'endormir. « Styvan? Tu as l’air pensif ? Tu penses à quoi ? » demanda la vampire les yeux rivés sur l’adolescent fixant les étoiles. « À ma grande sœur. Elle me manque. » répondit-il en essayant de dissimuler la légère goutte proche de son iris. « Deviens plus fort, tu pourras la revoir après tout ça. Je te le promets » elle marqua un temps d’arrêt. Une question lui torturait l’esprit, était-il prêt ? « Qu’est-ce que tu dirais de partir de cette région ? On commence à être repéré ici, on doit changer souvent d’endroit. » le visage de l’adolescent s’était éclairé. Il avait l’air enjoué à l’idée de partir de cette zone qui lui rappelait trop de souvenirs douloureux pour le moment. Son visage s’était tourné vers celui de sa mère. Il esquissa un sourire. « Tant que je suis avec toi, rien ne peut m’arriver n’est-ce pas ? » son regard se plongea dans les yeux bleus de sa créatrice. « S'il devait t’arriver quelque chose c’est que je suis morte. » il retourna la tête vers le ciel puis soupira de soulagement. « Pourquoi j’ai l’impression de te connaître depuis une éternité ? » dit-il en plaçant ses mains derrière sa tête pour commencer à faire une sieste « C’est notre pacte, notre relation est scellée par quelque chose de fort. Plus fort même que l’amour d’une mère pour son enfant. » elle s’approcha de lui pour s’endormir à ses côtés. « Si c’est ça, alors partons. » affirma le garçon aux portes du sommeil. « Partons.. mon p’tit loup. » elle glissa un baiser sur la joue de son protégé et s’endormit à son tour.

À son réveil Styvan était dans les bras de sa mère encore endormie, Lilia avait dû le porter jusque là. Pour une fois, c’est lui qui s'était réveillé en premier. Le vampire s’étira et un long bâillement vint rompre l'agréable silence de la grâce matinée. Le braillement avait rebondi jusqu’à la sortie de leur nouvelle planque. Ce dernier aurait sûrement permis à faire gagner un point à Styvan si des passants avaient été dans les parages. En attendant, il avait amplement suffit à réveiller sa mère. Une question traversa l’esprit du garçon « Je ne crois pas t’avoir demandé hier, ou allons-nous ? » demanda t-il en replaçant la couverture jusqu’aux épaules de Lilia. « Où les créateurs emmènent leurs enfants pour apprendre à chasser. Le mien m’a emmené là bas aussi. C’est Myngrimu, une forêt dans un des nombreux territoires vampires. » le garçon avala sa salive de travers. Un territoire des créatures de la nuit ? Si elles s'entraînaient toutes dans cet endroit, c’est que cela devait être un lieu dangereux. « Nous partirons ce soir, on a beaucoup de route. Puis on doit sûrement être recherché par les magiciens après tout ce qu’on a fait comme boucan dernièrement. On ne pourra pas changer de cachette indéfiniment. » Styvan regarda sa chemise posée non loin du feu de camp et avait eu une idée. « Est ce qu’on peut aller chercher des affaires dans mon village ? Mes vêtements n’ont pas été changés depuis un moment. Tu pourras sûrement faire en sorte que personne ne nous voit non ? » « Ça me semble être une bonne idée. On part dès que le soleil se couche. » répondit-elle.

Post V. 1051 mots

Souffle coupé

Plus l’heure fatidique approchait et plus le Zvezda sentait cette bonne vieille amie, qu’il connaissait tant depuis la mort de ses parents, venir prendre de ses nouvelles. Cela faisait un moment qu’il ne l’avait pas vu. Cette relation était à sens unique. Il l’a détestait presque autant que les sorciers. Le torturé n’avait jamais voulu de cette amitié jugeant cette femme trop agressive et mesquine avec lui. Elle venait lui rendre visite sans prévenir depuis cette malheureuse soirée ou ses parents ont été tués. La sadique aimait lui faire peur au moment de dormir avec des histoires de monstres sous le lit depuis son plus jeune âge. La chipie lui rappelait tout le temps la solitude d’être un orphelin abandonné par ses parents. Son petit plaisir gourmand était de lui faire croire qu’il allait mourir à cause de simples douleurs pariétales pourtant si anodines. Cette perverse se nourrissait de toutes ses émotions négatives, de toutes ses pensées les plus sombres. Une fois rassasiée, elle devenait plus forte et partait le bide remplie encore plus déterminée à se goinfrer comme une vache la fois d’après. L’adolescent à bout mentalement avait fini par devenir paranoïaque et anticipait constamment le prochain dîner de cette dernière. Il vivait avec une épée de Damoclès au dessus de lui. « Imagine.. Qu ‘est ce que tu ferais si ton cauchemar se réalisait ce soir ? Et si c’était un rêve prémonitoire ? Tu vas quand même pas planter tes crocs dans la gorge de ta grande sœur chérie ? » lui chuchota cette folle furieuse heureuse de pouvoir faire souffrir un garçon pourtant si adorable et inoffensif de nature.

La gourmande avait mis une serviette autour de son cou. Elle allait commencer son repas et il ne fallait pas que les larmes de sa proie la salisse. La tortionnaire commença par lui secouer la tête pour lui provoquer de violents vertiges afin de le faire tomber au sol, la victime en sera que plus désemparée. Elle força son regard vitreux à fixer le sol rocheux dont il ne pouvait plus voir la couleur tant cela faisait un moment qu’il n’avait pas eu un cadre de vie un minimum confortable. « Elle doit avoir bon goût.. Ta sœur. C’était comment dans tes souvenirs ? Délicieux hein ? » Il fuyait son regard rempli de jugement et de haine. Sa bourrelle avec il ne sait quelle magie modifiait sa chaleur corporelle et de la sueur coulait maintenant sur son visage, donnant un aspect de cascade translucide à son front. Tout cela était accompagné de douleurs thoraciques lui donnant une impression d’avoir les poumons comprimés dans une presse hydraulique qui faisait de plus en plus pression. Elle aimait le prendre par la gorge et serrer de plus en plus puissamment à chaque fois qu'il la suppliait d'arrêter. Malgré son envie de le récupérer, il n'arrivait tout simplement plus à avoir un rythme respiratoire stable. La mégère faisait trembler les mains moites du garçon qui essayaient de s’humidifier le visage afin de reprendre un poil le contrôle. Voir ses yeux larmoyants chercher éperdument un visage familier lui procurait un plaisir fou. Elle était presque à son apogée, à la limite de l’orgasme. « Tu es seul. Comme toujours. » lui affirma-t-elle tout excitée par la bombe qu’elle était en train d’amorcer. L’adolescent cherchait désespérément la seule personne qui était là pour lui depuis maintenant plusieurs mois mais Lilia était partie en chasse ayant jugé plus sain de le faire boire avant de retourner dans son village de vacance. Devant cette scène pathétique, cette sale garce jubilait dans son coin. Son rire de hyène résonnait dans le crâne du garçon qui n’en pouvait plus. L’angoisse avait pris le dessus et elle avait de nouveaux démons à utiliser contre sa victime préférée. Maintenant qu’il était dans cet état, cette saloperie n’allait certainement pas le laisser se calmer surtout qu’il commençait à perdre connaissance. « Regarde toi. Quel monstre sanguinaire t’es devenu ? Mais regarde toi un peu, tu n’es qu’une sombre merde. Cette vampire ne te sauvera pas. Après tout elle t’abandonnera comme tous les autres avant elle. » Le blondinet à bout, essaya d’arracher ses cheveux pour faire cesser cette voix dans sa tête. « Ferme la ! Va t-en. Laisse-moi tranquille ! » cria t-il. « Tu vas faire quoi ? Me sucer le sang ?»

« Styvan ? » « VA T-EN ! » le garçon gigotait fiévreusement dans tous les sens se cognant presque contre les parois rocheuses servant de sommier pour son lit de fortune. Puis soudain, plus rien. L’orchidoclaste était partie déçue de n’avoir pas pu continuer plus longtemps ses fantasmes de torture les plus fous. Pour cause, de froides et douces phalanges s’étaient posées sur le visage du vampire terrifié. Puis une voix apaisante et familière, qu’il peinait à entendre, essayait de le faire revenir à la raison. « Mon p’tit loup ? C’est moi Styvan. Tout va bien. » Lilia était inquiète de l’état de santé de son enfant. Le garçon l’avait habitué à toujours être de nature anxieuse mais c’est bien la première fois qu’il se mettait dans un état semblable à celui-ci. La mère poule essaya de le calmer en l'enlaçant tendrement mais, après plusieurs minutes le Zvezda n’arrivait toujours pas à retrouver son souffle. « Ok.. Écoute moi. Synchronise ta respiration avec la mienne. » dit-elle son front collé contre le sien inspirant et expirant en rythme. « Un deux, inspire.. trois quatre, expire.. un deux.. » le garçon suivit les consignes de la jeune femme. L’exercice de respiration avait réussi à le calmer suffisamment pour reprendre un minimum ses esprits. « Et si je dévorais ma sœur ? » dit le garçon éreinté « Tu ne le feras pas, je suis là. Si tu ne le sens pas, j'irais à l'intérieur seule. » « Merci Lilia. Je ne sais pas ce que je ferai sans toi. »

Post VI. 1001 mots.

Deux au lieu d'une.

Après avoir bu le sang de quelques chevreuils, les deux vampires emplis de nostalgie s'apprêtaient à s’en aller de cette région. Le sol dur et humide des grottes où ils avaient passé un trop grand nombre d'insomnies allaient sûrement peu leur manquer. En tout cas Styvan, ancien jeune magicien habitué au confort du dortoir de l’école, était heureux de pouvoir se dire qu’il allait sûrement se diriger vers une maison que possédait Lilia dans un des territoires de sa nouvelle race. Peut-être même qu’il y aura un lit, avec un matelas moelleux rempli de plumes dans lequel le vampire pourra dormir et rêvasser des jours durant. Ceci dit, il y avait certes de mauvais souvenirs dans cette zone, mais un lien fort s’était créé en ces lieux et de beaux souvenirs en avaient découlé également. Depuis leur rencontre plus ou moins sanglante, les Zvezdas ne s’étaient pas quittés d’une semelle. Le louveteau ne se sentait toujours pas en accord avec lui-même, mais grâce à sa mère il y avait eu quelques légers progrès. Ils étaient tellement accrochés l’un à l'autre que si l'un des deux inséparables venait à mourir, nul doute que le deuxième tel l’oiseau du même nom se laisserait s’éteindre par amour et loyauté. Les minutes passèrent et la route qui les séparait du village n’était plus si longue. Le garçon stressé traînait les pieds afin de ralentir la cadence du mieux qu’il pouvait, mais, même en déambulant à pas comptés il continuait malgré tout d’avancer jusqu'au lieu de ses cauchemars. Qu’allait il pouvoir trouver là-bas ? Il avait fini par développer une phobie de son propre village. J'espère que ma soeur et mamie vont bien. Peut-être qu’elles m’ont déjà oub.. Les pensées douloureuses du jeune pensif avaient été coupées par une voix incisive « Styvan ? Avance à la fin. À cette allure on n'aura même pas quitté cette forêt avant le lever du jour. » « Oui, désolé. » le blondinet accéléra le pas résigné à devoir affronter sa nouvelle peur. Le froussard attrapa tout de même la main de Lilia pour avoir un peu plus de courage lors de cette odyssée mentale, cette dernière lui prit la sienne en retour. Une odeur familière chatouilla le petit groin de l’adolescent, une odeur de lila. C’était également l’odeur de sa sœur qui achetait un parfum à base de cette fleur chez un artisan de la cité. Alors il s’approcha et cueillit quelques boutons en ayant l’idée de les déposer devant la porte de sa maison comme pour signaler à sa sœur qu’il était toujours là. « Lilia ? Du coup tu pourras y aller ? Je n’ai pas envie de retourner à l’intérieur. » dit le jeune fleuriste en effectuant son bouquet « Évidemment. Tu auras juste à m’attendre derrière un arbre »

La maison du nouveau vampire se dessinait dans la pénombre du village endormie. Ils étaient arrivés et comme prévu Lilia avait laissé sa progéniture, qui lui avait expliqué le plan de sa maison sur la route, derrière un arbre. L'adolescent scrutait les environs pour voir si un garde ou un habitant rodait mais rien d’alarmant à signaler. Alors, après une grande inspiration, il avança afin de prendre une petite bouffée de souvenir avant de partir dans une grande aventure. Sa maison était toujours là même, les mêmes poutres menaçantes, la même porte miteuse. Par contre, un détail intriguant vint rompre la contemplation du vampire. Quelque chose qui ne devrait pas être là. Il avança prudemment jusqu'à une tombe où il était gravé : « En mémoire de Styvan Blaine, jeune petit fils, petit frère courageux parti trop tôt. » Mais à sa grande terreur il y en avait une deuxième. Le bouquet de boutons de Lila tomba sur la terre fraichement retournée, le nom gravé fit effondrer le garçon au sol. Il était écrit : « Denise Blaine, décédée de chagrin. Une grand-mère aimante et une magicienne grandiose. » « Non pas toi. Grand-mère.. qu’est ce que j’ai fait? » sanglota-t-il en caressant le marbre glacé de sa pierre tombale. Afin d’éviter de crier de rage il s’automutila les lèvres à l’aide de ses crocs acérés. Il embrassa l'édifice la bouche ensanglantée. Sa tête cognait contre le sol à répétition. « Mimie ! Mimie non non pas toi Mimie ! » Une main légère se posa délicatement sur son épaule « Je suis désolée mon p’tit loup. » elle s’agenouilla derrière lui et une étreinte partant de la nuque de l’endeuillé se resserra autour de son petit corps. Ce câlin réchauffant, il le ressentit au plus profond de son âme meurtrie. Il le savait, elle sera toujours là pour le protéger. Malheureusement la plaie était trop récente, elle ne pouvait rien faire à part être spectatrice du deuil de son enfant. Le garçon pleurait toutes les larmes de son corps. La honte et la culpabilité de ne pas avoir donné le moindre signe de vie étaient trop dures à supporter pour un si jeune homme. Il avait abandonné sa mamie. « Si seulement je lui avais dis.. Si elle avait su que j’étais en vie. Ai-je seulement le droit au pardon pour ce que j’ai fait ? »

Le poids des remords, ce lourd fardeau que chaque individu devait porter tout en continuant d’avancer dans sa vie. Cela pouvait être le regret de n’avoir pas pu dire adieu à un proche, de ne pas avoir été assez présent pour lui. Le regret d’avoir fait les mauvais choix, de ne pas avoir su se bouger le cul à un moment où il aurait fallu le faire. Parfois, cette masse ridiculement lourde sur nos épaules épuisés pouvaient nous rendre incapable d’être debout. On avait la tête baissée, ne voyant que le reflet de notre visage pathétique dans la flaque de larmes devant nos pieds. Elle nous enfonçait dans un état dont on ne pouvait que difficilement sortir. Le petit gars était en train d’entrer dans cet état là. Il était devenu froid, les bras tombant le long de son corps tremblant. Le dos de ses mains totalement lâché sur la terre humidifiée par la drache soudaine. Sa chevelure blonde alors plaquée contre son front lui dissimulait le visage, ses larmes ne se voyaient plus tant elles s'étaient mélangé avec l'eau de pluie. Un bruit de porte qui s'ouvrit vint interrompre le son morbide des gouttes d’eau qui s’écrasaient sur le sol et ramena le vampire à la réalité. Lilia vite porte moi et fuyons ! pensa-t-il. Aussitôt la phrase prononcée dans son esprit, la femme le prit sur ses épaules et courut. Le sac de pomme de terre avait la tête dans le dos de sa mère et voyait son ancienne maison s’éloigner de plus en plus, mais surtout, sa sœur était assise sur le sol et le fixait. « Je t’aime » chuchota-t-il en espérant que sa sœur réussisse à lire sur ses lèvres. « STYVAN ! REVIENS ! JE T’EN PRIE ! » hurla-t-elle. Ses cris étaient comme un coup de grâce pour le Zvezda qui était à bout de force. Il s’évanouit ne pouvant supporter une émotion de plus. Quant à sa mère, elle continuait sa route, enfant sur le dos, jusqu’à leur prochaine destination : Myngrimu. La zone qui transformera son fils d’un bébé pleurnichard, à un jeune vampire commençant à être débrouillard.

FIN.

Post VII. 1261 mots.