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 [Q] Nos paradis sont morts | Jun

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Priam & Freyja
~ Ange ~ Niveau III ~

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◈ Parchemins usagés : 3951
◈ YinYanisé(e) le : 02/02/2018
◈ Âme(s) Soeur(s) : La bière et le saucisson | L'adrénaline et les problèmes
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Priam & Freyja
Sam 05 Juin 2021, 12:06



Photo study n2 by Tpiola

Nos paradis sont morts

En duo avec Jun


Intrigue : Les aventures de Jun et Laëth au pays des Khami, des mochis et des ouistitis !

RP précédent : La Galette.


Elle voulait discuter avec Kaahl avant de s’en remettre aux Anges. Il aurait sans doute été plus raisonnable de faire l’inverse, mais la fille de Lumnaar’Yuvon avait toujours suivi son cœur avant sa tête. Une crainte sourde l’empêchait aussi de s’en remettre aux Immaculés. Et si elle ne revoyait plus jamais le Mage ? Et si on l’emmenait à l’Agbara ? Et si on l’éliminait ? Quelles pensées étaient rationnelles et lesquelles tenaient de la pure fantaisie ? Les révélations de Priam avaient bouleversé toute la mécanique de ses croyances. Néanmoins, elle avait conscience que plus elle attendait, plus elle risquait une sentence. Plus le silence s’étirait, tel un long serpent malfaisant, plus elle se sentait prise au piège de ses crochets acérés. Plus elle se reposait sur le Magicien, moins elle pourrait compter sur les Anges – pour ce que cela valait. Que faisait-on subir aux Ailes Blanches qui se liaient de cette manière aux Ailes Noires ? Était-ce seulement déjà arrivé ? Sans doute pas, ou tout le monde avait fait semblant de l’oublier jusqu’à ce que la mémoire nationale ne l’effaçât tout à fait. Dans les deux cas, cela ne présageait rien de bon. Peut-être qu’elle disparaîtrait, elle aussi. Peut-être que la mémoire nationale l’effacerait, et peut-être que finalement, il l’oublierait…

Elle leva les yeux vers Adriel, qui volait juste sous le plafond de la salle de concert, qu’il repeignait consciencieusement. Fallait-il abandonner, parfois ? Fallait-il s’avouer vaincu, baisser les armes et poser un genou à terre ? Était-il plus raisonnable de cesser de lutter, de se blesser et de se détruire pour des idéaux, des sentiments et des rêves ? Valaient-ils la souffrance que leur défense engendrait ? Pourquoi se battre à coups de poing contre des remparts ? L’Ange détourna le regard. Elle n’aimerait jamais son ami comme elle aimait Kaahl. Elle n’aimerait jamais personne comme elle aimait Kaahl. Toutes les amours sont uniques ; à ses yeux, celui-ci l’était encore plus. Il l’enflammait toute entière. Pourtant, à force de temps et de tendresse, elle serait peut-être capable de développer des sentiments amoureux pour Adriel. Ils seraient plus sages et plus ennuyeux, mais aussi moins sauvages et moins douloureux. Il accepterait son Protégé, même si le temps qu’elle passerait avec lui serait au détriment de celui qu’elle pourrait lui accorder. Il voudrait sans doute des enfants. Elle en voulait aussi – pas avec lui, mais certains disent que tous les moyens sont bons. À ses côtés, elle mènerait une vie calme et bien rangée. Elle se plierait aux mœurs angéliques, elle oublierait ses idées de rébellion, elle se dévouerait corps et âme à son métier et à sa nation. Et puis, avec la douceur de la fin, la flamme qui l’animait serait étouffée. Elle s’éteindrait. Elle attendrait la Mort comme un prisonnier prie pour sa Libération. Un frisson révolté griffa sa colonne vertébrale. Elle était comme cela ; révoltée.

« Tu es encore dans la lune. » La voix de l’homme la fit presque sursauter. « Pardon. » Elle secoua la tête, puis le regarda. « Je pensais. » - « J’ai vu ça. » Un sourire en coin étira ses lèvres. Elle reprit le pinceau plongé dans le pot de peinture, et en passa la pointe sur le contour de la fenêtre. Son ami tendit délicatement la main vers son poignet et l’entoura de ses doigts. « Ta main tremble. » Laëth cligna des yeux. La peinture dessinait effectivement de subtiles vaguelettes. « Mince. » Il la lâcha. « On devrait peut-être reprendre demain. » - « Oui. » Leurs iris se scrutèrent. Lorsqu’elle le vit plisser les paupières, elle dut se faire violence pour ne pas détourner la tête. « Je ne sais pas ce qu’il s’est passé avec tes parents, mais visiblement, pas que du bon. » Le soulagement inonda le palpitant de la fille de Réprouvés. C’était tellement plus simple quand les autres lui trouvaient des raisons d’être malheureuse. Adriel ne se fourvoyait qu’à moitié ; ses parents n’y étaient pour rien, mais c’était bien là-bas, à Lumnaar’Yuvon, que sa vie avait pris un nouveau tournant. Pour le moment, que la faute incombât à ses géniteurs lui convenait très bien – ils pouvaient bien supporter cela. « Si tu as envie de parler, tu sais où me trouver, hein ? » - « Oui. Merci. » Elle se tut, de peur de tout avouer. Il serait certainement de bon conseil, mais elle avait peur de son jugement. Durant quelques secondes, il la sonda, puis il souffla : « Allez, à demain. Repose-toi bien. » Après avoir déposé un baiser sur sa joue, il partit.

Seule dans cette grande salle, elle accusa plus durement encore sa solitude intérieure. L’impression de n’être qu’un grain de sable dans un univers indifférent aux remous des dunes lui broya les entrailles. L’Ange se détourna de la sortie. Ses yeux verts tombèrent sur son violoncelle, appuyé contre un mur. Un Khami était assis sur l’étui, une tasse de thé brûlante dans une main et un mochi dans l’autre. Elle n’en avait pas vu depuis longtemps. Une lueur fila dans les prunelles de la brune. « Jun ? » Elle fronça les sourcils. « Jun. »



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Jun Taiji
✞ Æther de la Mort ✞

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Jun Taiji
Sam 05 Juin 2021, 14:06

[Q] Nos paradis sont morts | Jun E8us
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Nos paradis sont morts



« Oui ? » répondit-il, les lèvres presque collées à l’oreille droite de l’Ange. Le sourire esquissé fut contraint de rebrousser chemin. S’il essaya d’abord de s’empêcher de rire de ses propres bêtises, il s’avéra que ça lui fit mal aux zygomatiques. Finalement, comme si les vannes de son propre barrage venaient de céder, un sourire plus grand encore se dessina, dévoilant ses dents. Il s’écarta, la contourna et lui fit face. La mécanique de son corps semblait bien huilée. Tout était fluide chez lui. Ses mouvements semblaient naturels et, parfois, c’était même comme s’il flottait un peu, comme s’il était de l’eau qui se mouvait selon ses propres volontés, sans tenir compte des éventuels obstacles. Son index coula sous le menton de l’Ange. Il lui remonta un peu, l’observa et approcha ses lèvres des siennes. Son nez toucha le sien et il rit. « Je devrais vous discerner le prix de l’Ange la plus mélancolique que je connaisse. Le gain, ce serait… » Il sembla réfléchir, leva les yeux vers le plafond où l’odeur de la peinture fraîche lui procurait une certaine satisfaction. Finalement, son regard se plongea dans celui de l’Aile d’Acier et il lui imposa un bisou sur la commissure des lèvres. Un tout petit baiser, à peine plus long qu’une seconde. Il se recula comme si jamais rien ne venait de se produire. « Qu’est-ce que ça pourrait être ? » Ses doigts rejoignirent son menton à lui, ses lèvres. Son pouce caressa sa propre mâchoire, comme s’il se creusait les méninges. En réalité, il pensait à tout sauf à une solution à son dilemme. Ce ne serait pas à lui de trouver. « Je sais ! Vous n’aurez qu’à trouver vous-même votre cadeau. Et, en attendant, nous n’avons qu’à parler de choses sérieuses ! »

Il étudia le sol, claqua des doigts et fit apparaître un futon. Sans crier gare, il se jeta sur le gros matelas. Une fois dessus, il se retourna, agita son index et son majeur, et attira le corps de l’Ange sur le sien. Il la maintint un instant comme ça, en la fixant étrangement, et la poussa sur le côté, comme si elle allait le brûler. Une fois qu’ils furent correctement installés, il lui sourit. « Ne vous inquiétez pas, personne ne rentrera ici. Pas même votre hypothétique futur mari, l’Ange ennuyeux. » Il lui fit un clin d’œil. Bien sûr, il avait lu ses pensées avant de se montrer. Il plaça son visage dans la paume de sa main. Sur le côté, il la regardait, appuyé sur son coude. « Franchement, quitte à choisir, pourquoi ne pas m’épouser moi ? » C’était une vraie question, finalement. « À ce qu’il paraît, je suis célibataire. » Il portait un kimono tout simple, en coton, blanc. Une ceinture noire entourait sa taille et l’ensemble ne semblait pas vouloir connaître le moindre pli. « Vous savez que des Magiciennes se sont introduites dans l’une de mes propriétés des Terres du Lac Bleu pour m’y déposer des lettres d’amour et des propositions de mariage ? » Visiblement, ça l’amusait grandement. « Je crois avoir du succès… Vous pensez ? Je ne comprends pas pourquoi, même s’il me semble répondre à certains standards. » Il commença à compter sur ses doigts. « Je suis célèbre - même si ce n’est pas pour les bonnes raisons, je suis assez riche, pas trop bête… » Son visage descendit sur son propre corps. « Je suis plutôt… athlétique, non ? » Il sourit. « Après… j’ai plein de défauts. Une tendance à arriver sans prévenir, un goût prononcé pour les questions restées sans réponse, des goûts en matière de femmes totalement désastreux. J’élève pleins de bestioles… Oh je ne vous ai pas dit ? Je suis en train de façonner des Parasites ! Tout plein ! Ce sera amusant, vous verrez ! » Il s’arrêta et se laissa tomber sur le côté, de façon que son dos touchât le matelas. « Bon, je ne suis peut-être pas le mari idéal, mais je suis quand même mieux que l’autre. Puis, moi, votre Humain ne me posera pas de problèmes non plus, vu que ça fait dix mille ans que je sais qui c’est. Oh d’ailleurs… On se tutoie ou on se vouvoie ? J’ai tendance à oublier à quel stade on en est… » Il passa ses bras derrière sa tête. « En plus, dans une autre version de ce moment, il me semble que je vous proposais de monter sur moi. » Il émit un petit rire.

Il se tut, tourna la tête vers elle et la fixa. « Vous savez, ce n’est pas dramatique. Ça passera. Mais vous pouvez pleurer dans mes bras si vous voulez. Je ne dirai rien. » Il fit apparaître des chamallow dans l’une de ses mains et lui en tendit. « Ou je pourrais répondre à quelques-unes de vos questions. » Il murmura, sur un tout autre sujet. « Je me demande quand même si je devrais me remarier… Et avec qui, surtout… » Le Khami monta sur le futon et Jun ne tarda pas à voir ses oreilles se frayer un chemin entre les bosses de la grosse couette moelleuse.

865 mots

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Priam & Freyja
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Priam & Freyja
Dim 06 Juin 2021, 23:22



Photo study n2 by Tpiola

Nos paradis sont morts

En duo avec Jun



Elle sursauta. « Vous m’avez fait peur. » Il s’en fichait. Non. C’était le but. Il était ravi. Son sourire en disait long. Ses yeux remontèrent jusqu’à ses iris noisette. Comme toujours, ils pétillaient. Elle se renfrogna, jusqu’à sentir son doigt glisser sous son menton. Était-elle heureuse de le voir ? Il lui rappelait Kaahl. Elle avait pourtant souhaité sa venue. Elle avait espéré qu’il pût l’emmener avec lui, afin qu’elle ne revît jamais ce monde de douleurs. Son comportement était si léger qu’elle ne pouvait s’empêcher de penser que la mort devait être infiniment plus douce. Et s’il était venu pour cela ? À cette idée, son palpitant s’alarma si bien qu’il ne pût pas plus s’affoler lorsque le visage du Dieu s’approcha dangereusement du sien. Il aimait bien jouer avec ses émotions et, par conséquent, avec le feu. Elle pinça les lèvres, avant d’adopter une moue piquée. « Ce n’est pas drôle. » Visiblement, il ne l’écoutait pas. Elle avait l’habitude. Même quand il l’écoutait, elle n’était pas certaine d’obtenir une réponse. Une affaire de famille. Son cœur se serra, avant de détaler à nouveau sous l’effet du baiser. Raide comme une planche, les poings serrés, elle fixa Jun telle une biche effarouchée. Le temps d’un instant, son cerveau arrêta de fonctionner, et ne revint à lui-même que lorsque l’Æther s’exclama. Elle sursauta presque – encore. Si jamais elle avait le hoquet, elle savait qui appeler. « Mon cadeau ? » répéta-t-elle, dubitative.

Moins de dix secondes plus tard, l’Ange était arrachée au sol et plaquée contre le torse de Jun. Le souffle coupé, elle sonda son regard. Devait-elle paniquer et se débattre ? Ne pas bouger ? Le serrer dans ses bras ? Que cherchait-il ? Étrangement, ses défenses agressives chutèrent, comme si lutter lui semblait vain. Une indifférence morne la happa. Ezechyel partageait quelques traits communs avec la Vie. Il la bringuebalait dans un sens et dans l’autre, sans grande considération pour ses émotions. Elle se retrouva projetée sur le dos. Parfois, elle était si lasse qu’elle ne parvenait pas à puiser l’énergie nécessaire à la révolte. Elle subissait sans rien dire. C’était détestable. Elle se détestait. Les bras étendus de part et d’autre de sa silhouette, elle poussa un long soupir. Toutefois, et heureusement, il savait sur quels points appuyer pour la faire réagir. L’Immaculée se redressa vivement sur les coudes, rouge de honte – ce qui ne l’empêcha pas de le fusiller du regard. « Je n’ai pas envie de l’épouser. » Il avait lu ses pensées. Elle portait la bague censée les brouiller, mais à quelles limites les Dieux se heurtaient-ils ? L’Aile Blanche haussa les sourcils. « Vous ? Sans doute. » Un sourire mi-amusé mi-fatigué ourla ses lèvres. Elle secoua la tête.

Jun commença à parler, et elle l’écouta. Sa voix lui rappelait le ronflement des feux de camp. Sa douceur et sa chaleur la réconfortaient. Elle était certaine qu’elle aurait pu s’endormir si elle s’était laissé bercer par le rythme de son phrasé. Mais elle prêtait une oreille attentive. Il faisait partie de ces êtres surprenants, qui détournent le cours de vos pensées avec un naturel déroutant et qui savent parler de choses sérieuses avec le ton le plus léger du monde. Peut-être qu’il avait toujours été ainsi ; ou peut-être qu’aux yeux d’un Dieu, tout semblait particulièrement dérisoire. « Athlétique ? » releva-t-elle. « Je ne sais pas, vous avez l’air de manger beaucoup de mochis… » Tandis qu’il énumérait la liste – non-exhaustive – de ses défauts, elle sourit un peu. Un sourire qu’elle perdit dès qu’il parla de Parasites. Elle baissa les yeux sur la couverture et se tourna sur la tranche. Des Okae y déployaient leurs ailes. Du bout de l’index, elle suivit les contours des plumes de l’un d’eux. Jun était aussi surprenant parce qu’il était capable de la ramener en moins d’une seconde à ses démons. Non ; elle n’avait pas besoin de lui. Son esprit bondissait d’une émotion à l’autre avec une facilité aberrante – et parfois pénible. Hena était morte de la main d’un Parasite – d’un Goled. Ces derniers temps, elle y songeait souvent. Son malheur appelait ses cauchemars : et tous ensemble, ils peignaient une grande toile d’injustice. C’était stupide, de réfléchir ainsi. Elle n’arrivait toutefois pas à faire autrement.

Le mouvement de l’homme lui fit relever le nez. Elle l’observa. « Hum. » La brune se laissa retomber sur le dos et tourna la tête de sorte à fixer le mur. Son Humain. « Je ne sais plus non p- » Elle s’interrompit, surprise par sa déclaration. Elle ferma les yeux. « Je suis certaine que je refusais. » Non. Mais il n’avait pas besoin qu’elle le lui dît, et elle n’avait pas envie de l’admettre. L’Immaculée rouvrit les paupières et ramena son visage face au sien. Pas dramatique ? Chaque matin, elle se réveillait avec l’impression que son monde brûlait. Sa gorge se serra. Elle attrapa un chamallow et le fourra dans sa bouche pour s’empêcher de pleurer. La nourriture passait difficilement, mais elle semblait faire barrage aux sanglots, au moins pour un temps. Quand quelqu’un lui proposait de s’épancher sur son épaule, elle avait systématiquement envie de fondre en larmes. Elle avait déjà dû lutter face à Adriel. Le plus discrètement possible, elle renifla, puis se positionna sur le ventre. À nouveau, ses yeux verts se fixèrent sur les Okae. « Tu devrais peut-être tirer au sort une des Magiciennes qui t’a laissé une lettre. » Le Khami remonta jusqu’à eux et s’assit entre leurs oreillers. Il attrapa un chamallow. « Ou peut-être que d’ici là je serai célibataire, et que je me serai découvert une passion pour les Empereurs Noirs, les hommes Taiji – surtout ceux qui ne répondent pas aux questions – et les histoires compliquées. » Elle releva la tête vers lui, un vague sourire aux lèvres. « On pourra dire qu’on a tous les deux des goûts désastreux en matière de partenaires. » Dans son cas, c’était à peu près une certitude. Soit elle était attirée par des gens douteux, soit elle attirait les gens douteux. Parfois les deux.

L’Ailée se mordit la lèvre. Son regard s’ancra à celui d’Ezechyel. Différentes lueurs y dansaient. Il y avait de la reconnaissance. Sans dire un mot, elle se rapprocha de lui, se coucha à moitié sur son torse, et l’entoura de ses bras comme elle put. Les paupières closes, elle écoutait son cœur répondre en écho au sien. C’était le chant de la vie. « Certains jours, moi aussi, je suis persuadée que ça va s’arranger. » lâcha-t-elle soudainement. « L’Espérance angélique. » L’ironie teintait sa voix. « Et je me dis que je dramatise, que j’en fais trop, que je dois me raisonner, que je peux agir pour changer les choses qui ne me conviennent pas. » Des larmes brillaient au bord de ses cils. L’une coula sur le kimono de l’homme ; l’autre glissa sur son nez, jusqu’à son autre œil. « D’autres jours, j’ai juste envie de mourir. » La douceur de son intonation contrastait avec la violence des mots. Puis, avec le ton de quelqu’un qui change de sujet, elle demanda : « Il se passe quoi, quand on meurt ? Tu as déjà eu envie de mourir parce que la vie dans son ensemble était trop insupportable ? » Il n’y avait pas que Kaahl et Adam. Il y avait tout le reste. Les Anges, le Conte, Gustine, les injustices, les incohérences, ses doutes. Elle se pressa un peu plus contre Jun, comme une enfant en quête de réconfort. Elle aurait voulu être un chat, se rouler en boule sur le ventre chaud de l’Æther, et demeurer ainsi jusqu’à la nuit des temps. C’était peut-être cela, la mort.



Message II – 1289 mots




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Jun Taiji
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Jun Taiji
Lun 07 Juin 2021, 22:04

[Q] Nos paradis sont morts | Jun E8us
Image par inconnu
Nos paradis sont morts



« Peut-être… » répondit-il, en évaluant consciencieusement la situation. « Même si je me demande ce que je ferais avec une Magicienne… » Son ton était curieux, comme s’il envisageait réellement la scène. « Ces bêtes-là sont trop fantasques. Je devrais jouer les princes charmants et je n’ai pas vraiment la tête de l’emploi. » Parce qu’il ressemblait plus à une Orine. « Déjà que je vais devoir m’habiller pour le bal. Je préférerais y aller tout nu plutôt que de sentir encore le col d’une chemise m’étrangler à moitié. » dit-il, avec un sourire amusé. « Surtout que… » Sa voix s’éteignit lorsqu’elle se remit à parler - ou avant, son Temps n’était pas très stable. Peut-être n’avait-il d’ailleurs jamais prononcé ce « Surtout que… » énigmatique. « C’est drôle, je pensais que cette passion était déjà découverte depuis quelques lunes. Je ne dois pas être dans la bonne ligne temporelle. » Il lui envoya une œillade, son sourire illustrant à la perfection ses taquineries. « Si tu finis célibataire, on pourra tenter. Tu ne verras peut-être même pas la différence. Moi aussi je plie bien mes vêtements. Mais c’est vrai que je suis plus amusant. » Il lui fit un clin d’œil.

Le sourire sur les lèvres d’Ezechyel mourut lorsqu’elle l’enlaça. Il sembla cassé. Pourtant, quelques secondes plus tard, ses lèvres s’étirèrent de nouveau. Il était facile à réparer. Il ne bougea d’abord pas mais fut tenté par l’idée de cloner son cœur pour que les deux battent en chœur pour l’oreille de Laëth. Il s’abstint, parce qu’il ne pouvait pas toujours jouer. Elle allait finir par le haïr si chaque minute passée avec elle était l’occasion d’expériences sans queue ni tête. Surtout qu’elle pleurait et qu’il le savait.

Lorsqu’elle posa ses questions, son bras remonta pour se poser dans ses cheveux. Il en caressa les mèches tranquillement. « Ceux qui savent ce qu’il y a après la mort s’en sortent rarement bien dans la vie. » C’était paradoxal en un sens. « Enfin, ça dépend mais ceux qui souffrent ne trouvent aucune consolation dans la révélation de ce secret. C’est pire ensuite, parce qu’il n’y a aucun moyen d’être délivré de ses tourments. La Mort est trop gentille. C’est la Vie qui est cruelle. C’est elle qui torture. On ne trouve aucun réconfort dans la mort lorsque l’on n’a pas fait la paix avec la Vie. » Ses doigts descendirent dans le dos de l’Ange. Il devait prendre garde à ne pas trop la toucher. « Mettre fin à ses jours est considéré comme une offense aux Ætheri. L’acte est maudit. » murmura-t-il. « C’est pire que tous les malheurs que tu pourras connaître dans la vie. La Mort ne sourit pas à ceux qui se suicident. » Il se tourna un peu. Son autre bras entoura l’Ange. Leurs corps presque face à face, il posa son menton sur son crâne. Il avait déjà oublié qu'il devait faire attention. Il s'était fait la réflexion à peine dix secondes plus tôt pourtant. « C’est pour ça que connaître les conséquences est une véritable torture. Souffrir dans sa vie confère l’envie d’en finir. Quand l’individu ignore ce qui l’attend, il passe à l’acte et se retrouve confronté à une éternité d’horreur. Quand il le sait, il ne peut pas envisager échapper aux tourments qui l’assaillent parce qu’il comprend que l’après serait bien pire. Tenir dans l’adversité peut rendre fou. » Il marqua une pause. « Pour bien mourir, il faut apprivoiser la vie. » Il sourit. « Ou quelque chose comme ça. » lâcha-t-il, en quittant son ton sérieux. Sa voix, jusqu’ici basse et presque envoûtante, venait de reprendre des tonalités joviales. « Pourquoi ? Tu trouves que je suis insupportable ? Tu veux mourir pour m'échapper ? » Il n’avait pas du tout répondu à la question sur son propre cas. Il avait su tôt ce qui arrivait. Le Cycle n’était pas un secret pour les Rehlas. Le Destin s’ouvrait petit à petit et, finalement, le suicide n’était pas une question sérieuse pour qui connaissait l’avenir ou se savait simplement soldat du Temps. Il aurait sans doute envisagé de se suicider dans certains cas s’il avait été naïf sur la question. Ce n’était pas le cas. Néanmoins, il avait déjà eu envie de disparaître, purement et simplement, ou d’oublier. Il avait beaucoup oublié. « Ce n’est pas très gentil et très vain surtout. » souffla-t-il, en glissant pour pouvoir la regarder dans les yeux. « On ne m'échappe jamais... » Un temps. « Et je ne mange pas trop de mochis. » fit-il, en se rappelant de ce qu’elle avait dit plus tôt.

Il réfléchit. Depuis combien de temps la regardait-il sans rien dire ? Il avait l’impression que ça faisait une année mais sa vision des choses n’était probablement pas très réaliste. Une seconde s’était peut-être écoulée, une unique seconde qui lui paraissait s’étendre à l’infini. « Et si… » Il hésita. C’était encore un moment étrange. Était-ce normal, pour un Dieu, d’avoir des instants comme celui-ci, où les probabilités s’enchaînaient ? Il aurait pu s’approcher et l’embrasser. Il aurait pu la repousser, pour jouer. Il aurait pu dire quelque chose qui l’aurait fait pleurer, encore. Il aurait pu lui avouer des choses qu’il valait mieux garder secrètes. « Et si… » Il s’approcha un peu. « … » Il resta là, dans un silence absolu, avant de se décider. « On partait en vacances ? » C’était décidé. Il ne lui laissa pas le choix.

Quelques secondes plus tard, le Khami était assis sur une chaise longue, sur le pont d’un navire, une chemise à fleurs autour de son petit corps verdâtre. Il sirotait un thé froid. « Alors ? » Jun, en maillot de bain dans les mêmes tons, était debout, les avant-bras appuyés sur le bastingage. L'air faisait virevolter ses cheveux. « Qu’est-ce que tu en dis ? » L’Océan à perte de vue, un soleil parfait, un horizon rien qu’à eux. Il se décala un peu et montra son ventre. « Ils sont où les mochis, hein ? » Comme un adolescent qui avait pris la mouche, il ne semblait plus vouloir en découdre. « Mais je ne m’inquiète pas. Quand tu seras enceinte, je pourrai me venger… » Il la fixa, un sourire satisfait sur les lèvres, avant de se retourner, de façon à avoir les flots derrière lui. « Et si on s’avouait nos petits péchés ? » Il n’attendit pas de réponse. « J’ai peut-être dessiné un homme à moitié nu sur le mur d’Oriane récemment. Ce n’est d’ailleurs peut-être pas moi qui suis représenté. Les glaces, ce n'est pas mon truc. » Il sourit. Lui, pas lui. Oriane déciderait. « J’ai aussi envoyé une bibliothèque de livres érotiques à Latone dernièrement. Oh ! D’ailleurs ! » Il fit apparaître une bouteille dans sa main. « Elle m’a donné ça pour me remercier. » Il s’arrêta, laissant le suspens s’installer. « Tu veux du jus de juns ? » demanda-t-il, un sourire ravi aux lèvres. Il n’y avait pas que du ravissement. Il y avait autre chose, d’un peu plus tentant et envoûtant. Il n’était pas sans méconnaître le double sens de sa question. À elle de se dépatouiller. Peut-être envisageait-il secrètement de poser la question à tout le monde, juste pour avoir le plaisir d'observer les réactions. Oui. Il y aurait peut-être des quiproquos, désagréables ou agréables selon les cas. Il rit.

1107 mots

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Priam & Freyja
Mar 06 Juil 2021, 22:41



Photo study n2 by Tpiola

Nos paradis sont morts

En duo avec Jun



Il lui semblait qu’elle éprouvait la cruauté de la Vie chaque jour qui passait. Il n’existait pas une heure sans douleur. Elle avait espéré que la Mort pouvait apporter la paix à son cœur tourmenté, mais elle s’était trompée. Seul son Æther pouvait la serrer dans ses bras et chercher un moyen de la réconforter. Mais il était aussi beaucoup d’autres choses ; peut-être que ça n’était pas la Mort qui l’enlaçait, mais la Justice, les Cauchemars, ou juste un homme dans ce qu’ils ont de plus banal. Freyja soupira. Elle savait, pourtant, que fuir ses problèmes n’était jamais la solution. Fuir la Vie ne faisait pas sens. Elle le lui démontrerait sans doute jusqu’à ce qu’elle décidât de valser avec elle. La jeune femme se blottit un peu plus contre Jun. Son souffle sur ses cheveux l’apaisait. Elle voulait juste pouvoir redevenir une enfant et se lover dans les bras de ses parents, comme elle le faisait parfois lors d’un gros chagrin. Elle voulait oublier.

Le ton soudainement enjoué du brun la tira de sa torpeur. Elle leva à demi son visage. « Effectivement, toute aussi désespérée que je sois, je crois que je choisirai une autre solution que la mort pour échapper au dieu de la Mort. » Elle sourit doucement. C’était vrai : parfois, il l’insupportait. Cependant, il savait aussi être l’oreille attentive et la bouche rieuse qui tentent de soigner les plaies. C’était là qu’ils avaient créé toute leur intimité, là et dans l’onirisme – cette proximité spirituelle que les autres ne comprenaient pas. C’était un secret – le leur. Personne n’avait connaissance de leurs entrevues entre deux temps, entre deux lieux, entre deux réalités. Personne ; et c’était, sans doute, ce qui les rendait si précieuses et fragiles, comme des pétales jetés au vent.

Ses yeux verts sondèrent les siens, qui s’apparentaient tant à ceux de son fils. Son cœur battit un peu plus fort. Elle se demanda pourquoi. Elle se demanda qui elle voyait, là, tout de suite. Qui elle avait envie de voir. Et la réponse s’enfuit avant même qu’elle ne l’effleurât. Les réponses face aux questions ne souffrent pas des mêmes obligations que les âmes face à la Vie. C’est l’une de ces petites injustices que personne ne remarque, parce que tout le monde pense que c’est incomparable. Cela ne semblait pas du tout absurde à Freyja ; encore moins aux côtés d’Ezechyel. Il lui conférait le sentiment que tout était intrinsèquement lié, même dans l’opposition la plus stricte. Que tous ces fragments épars formaient un tout nimbé de sens. Qu’il n’y avait pas de hasard, et que chaque mot et chaque acte tirait sa source d’un dessein plus vaste. C’était à la fois vertigineux, révoltant et rassurant. Si tout a un sens, rien n’est absolument pénible – ou tout semble plus injuste.

« Oui ? » Ses larmes avaient séché. Suspendue aux lèvres de Jun, elle attendait la suite. Elle dut se noyer plusieurs fois dans ses prunelles à l’éclat si particulier. Seul le frémissement de sa bouche la maintenait dans l’instant présent. Elle n’avait pas peur. Il aurait pu l’embrasser, se glisser sur elle et lui faire l’amour. Ça ne lui faisait pas peur. Pour la première fois peut-être. Si elle s’en était rendu compte, elle aurait sans doute trouvé cela étrange. Elle n’y songeait même pas. « En vacances ? » répéta-t-elle, surprise.

La main en visière et les yeux plissés, l’Ange leva les yeux vers Jun. Le parfum salé des embruns l’invita à embrasser le paysage du regard. Il n’y avait rien d’autre que l’océan. Sa robe d’eau et d’écume ondoyait sous un soleil brûlant. Ses rayons chauffaient la peau de l’Immaculée. Ils lui rappelaient Lumnaar’Yuvon et la sueur du travail d’été dans les champs d’or. La mer ne ramena pas à sa mémoire les mauvais souvenirs du Voyage. Elle accueillit l’étendue dans son essence : celle de la Liberté et de tous les possibles. Ses iris papillonnèrent jusqu’à Jun. Elle portait un maillot de bain assorti au sien, et à celui du Khami. « C’est beau. » À la remarque de son interlocuteur, son sourire se fit taquin. « Tu les vois pas ? Il y en a six. » De l’index, elle dessina un Z pour indiquer vaguement l’emplacement des dits mochis. « Enceinte, hein ? Après notre mariage, c’est ça ? » lui lança-t-elle, l’espièglerie toujours ancrée à ses pupilles. Elle s’avança, jusqu’à venir appuyer ses coudes sur le bastingage, face à l’océan.

L’Aile Blanche arqua un sourcil. Le nom et la figure d’Oriane revenaient régulièrement dans sa vie. Elle connaissait Elias. Elle connaissait Adam. Elle connaissait Jun. Leurs mondes se rencontraient en ces trois points, et peut-être d’autres encore. Malgré la mauvaise impression que la Déchue lui avait faite, l’Ange ne pouvait s’empêcher de croire qu’elles seraient encore amenées à se croiser, de nombreuses fois. Elle y avait resongé, et indéniablement, cette femme provoquait chez elle un écho tout auréolé de mystère. Quant à Latone, il ne lui semblait pas l’avoir déjà rencontrée, mais le nom sonnait familier. Jun lui en avait peut-être déjà parlé – en tout cas, le patronyme était aussi un mot réprouvé, ce qu’elle trouvait amusant. Les cadeaux qu’il avait offerts aux deux femmes prêtaient à sourire. Ses hormones le travaillaient sans doute plus qu’il ne le laissait paraître – ou bien il jouait aussi savamment que cruellement avec celles de ses possibles conquêtes. L’étaient-elles ? Freyja l’ignorait. Il avait aimé, il aimait et il aimerait sans doute encore ; mais elle avait compris depuis longtemps que ses amours n’avaient pas la même saveur que celles des mortels. Son univers était aussi décousu que bien tissé. Il appartenait à ce temps et à des millions d’autres à la fois. Elle se demanda s’il lui arrivait souvent de perdre pied et de s’oublier. Était-ce délicieux ou terrifiant ?

Ses yeux tombèrent sur la bouteille. Elle haussa les deux sourcils – expression qui s’accentua lorsque ses prunelles remontèrent vers le sourire ambigu de l’homme. Ses joues se colorèrent. « Je ne… je… » Elle ouvrit la bouche, pointa l’index vers lui, ferma le poing, plissa les yeux. Il l’agaçait. Avec lui, c’était toujours compliqué de savoir comment danser. Les limites auraient pourtant dû être claires. C’était comme s’il s’amusait à les abattre une à une, et se délectait de la déstabiliser. De son côté, jouait-elle trop avec le feu ? « Je ne comprends pas pourquoi tu as brûlé Lumnaar’Yuvon. Avec un peu plus de lourdeur, je crois que tu t’y serais très bien intégré. Ce genre de blagues fait fureur, là-bas… Tu devrais y retourner, pour voir. » Elle lui sourit, tant espiègle que provocante. D’un pas vif, elle écourta la distance qui la séparait du Dieu pour mieux observer le liquide. « En tout cas, il a une drôle de couleur… Tu devrais vraiment manger moins de mochis. Le péché de gourmandise est un vilain défaut. » le réprimanda-t-elle faussement, avec un air sur-joué de prédicatrice. Elle sourit. Sa tristesse avait cédé la place à une forme d’ivresse. Elle se sentait étonnamment légère. « Tu vois, j’ai toujours mes superbes ailes blanches parce que justement, je ne pèche pas par gourmandise. Mais j’imagine que tu le savais déjà… » Un temps, elle s’interrompit. « Ou ai-je l’honneur d’être encore entourée de quelques mystères insolubles ? » Elle le sonda, sans savoir si sa question prêtait à sourire ou à s’interroger plus intimement. « Mon dernier petit péché, c’est d’avoir troué un haut de Priam et de ne pas le lui avoir dit. » N’en ayant plus de propres, elle lui en avait emprunté un pour s’entraîner. Il avait fait les frais de la lame de son adversaire. « Mais je crois que je suis plus douée pour les gros péchés. » L’Immaculée baissa les yeux, soudain gagnée par une intense mélancolie. « C’est peut-être un truc d’Anges, finalement. » soupira-t-elle. Durant quelques instants, elle garda le visage tourné vers le sol, puis le releva et planta ses iris dans ceux d’Ezechyel. « Priam m’a dit qu’Ahena était une invention. C’est vrai ? » Malgré elle, l’espoir insensé qu’il la détrompât l’habitait.



Message III – 1355 mots




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Jun Taiji
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Jun Taiji
Sam 17 Juil 2021, 11:39

[Q] Nos paradis sont morts | Jun E8us
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Nos paradis sont morts



« C’est vrai qu’on n’apprend pas à compter chez les Réprouvés. Moi j’en vois huit. » Il sourit d’un air faussement supérieur, une lueur taquine cachée dans le fond de ses yeux. « C’est une possibilité. » confirma-t-il. Qu’ils se marient. Ça arrivait parfois, dans des contrées éloignées de la Véritable Ligne du Temps. Celle-ci, depuis qu’il était devenu Æther, ne cessait de se briser et de se reformer. Les plus sages Rehlas devaient le haïr. Certains projets disparaissaient et d’autre apparaissaient. Maintenir l’équilibre devenait complexe, dans un monde en constantes mutations. « Notre enfant serait vraiment mignon en plus. » souffla-t-il, avant qu’un large sourire n’apparaisse sur son visage. « Bien sûr, il aurait tout pris chez son père et presque rien chez sa mère. » On voyait deux fossettes sur ses joues.

« Tu rougis. Je me demande bien pourquoi. » dit-il simplement. Oh il savait bien pourquoi. Il tourna les yeux un instant vers l’horizon et s’amusa à jouer avec l’eau pendant la tirade de l’Ange, à créer des dragons aqueux et d’autres formes qui se mirent à jouer ensemble en une fraction de seconde. « Dans ce cas, est-ce que tes joues sont devenues roses à chaque fois qu’un Réprouvé t’a fait une remarque similaire ? Fais attention à la réponse, je suis susceptible. » À l’instant même où il pensa qu’il devrait arrêter son manège, elle se rapprocha et se mit à observer le liquide. Pourquoi lui tendait-elle des perches aussi grosses aussi ? Il s’amusa de la situation. « Ça, c’est parce qu’il vaut mieux le boire à la source qu’en bouteille. » Ses créations d’eau se transformèrent en un vent léger qui vint faire vibrer leurs cheveux. « Si tu étais un peu plus gourmande, tu le saurais, justement. » dit-il, sans la quitter des yeux, après qu’elle lui eut signifié qu’elle avait encore des ailes immaculées. Lui aussi en possédait.

Il détourna le regard après un instant de silence, pour le plonger de nouveau sur les vagues. « C’est délicat pour moi de te répondre. Tu as des milliards de mystères insolubles à mes yeux, même plus. » Parce que les versions du Temps ne pouvaient pas être dénombrées. Chaque seconde qui passait, chaque choix, chaque comportement, ouvrait une brèche qui créait des infinités de possibles. Et plus la Véritable Ligne du Temps avançait, plus les possibles se réduisaient ; au moment même où le présent se transformait en passé et où l’action était gravée. Néanmoins, même ainsi, personne n’était à l’abri qu’un Banni du Temps n’intervînt dans le passé et fît s’écraser le présent véritable. Si le passé changeait, le présent pouvait s’effacer en même temps que la Véritable Ligne du Temps éclater. Alors plus rien n’était comme avant. Parfois, les Bannis du Temps réussissaient et les Maîtres du Temps intervenaient a posteriori, pour remettre les choses en ordre. Personne ne s’en rendait compte mais les fissures étaient parfois énormes. Les Maîtres retissaient le Temps, réparaient l’irréparable, avec toujours cette tentation au-dessus de leurs épaules, celle de changer un infime élément, eux-aussi. C’était une vie de combats acharnés pour aucune reconnaissance. Jun avait déjà changé le passé mais, étant un Dieu, personne n’avait pu le réparer. Seul le Destin lui-même aurait pu s’opposer à lui mais il ne l’avait pas fait. Depuis, il se contentait de modifier le présent. C’était moins gênant. Ça ne changeait que le futur. Mais combien de fois Laëth avait-elle été effacée sans être en mesure de le savoir ? Autour de lui, il y avait des milliards de choses qu’elle ne pouvait tout simplement pas percevoir, des choses que les sens des Mortels ne leur permettaient pas d’appréhender. Tout se superposait. Les Mondes, les Temps, les Races invisibles et impalpables, les Particules de magie que personne ne soupçonnait, une infinité d’éléments. Mais il se concentrait sur elle.

« Quel vilain petit péché… Digne d’un vrai maître des ténèbres dis donc ! » la railla-t-il. « Je m’attendais à… Je ne sais pas, quelque chose de plus croustillant. D’ailleurs, si tu ne peins pas encore des hommes nus chez les gens, je t’invite à commencer… La chambre de ton frère serait parfaite pour débuter. N’oublie pas de m’appeler quand ce sera fait. » Il sourit, avant de la regarder de nouveau. Il pressentait la question. « Hum… Ce qui n’existe pas à un moment peut exister à un autre, je dirais. » Il fit glisser ses doigts sur la balustrade. La bouteille de jus de juns avait disparu de sa main. « Un peu comme notre mariage. » Il s’approcha et la fixa avec une intensité véritable. « Je vais te dire quelque chose d’important, d’accord. Tu dois le retenir toute ta vie. » Il ferma la bouche, attendit un peu. « Il n’y a qu’une chose qui existera pour toujours. Une chose très importante. » Il lui prit la main gravement, avant de la poser sur son propre ventre. « La présence de mes huit mochis, huit, pas six. » Il sourit avec l'air d'un enfant contente de sa farce avant qu'une balle colorée et légère ne rebondit sur la tête de l’Ange, une invitation au jeu peut-être, ou un moyen de détourner son attention. Si ses huit mochis existeraient à jamais, cela voulait dire que leur propriétaire aussi. Il voulait être toujours là pour elle, même s'il ne lui apporterait probablement pas que du réconfort.

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Priam & Freyja
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Priam & Freyja
Jeu 07 Oct 2021, 09:49



Photo study n2 by Tpiola

Nos paradis sont morts

En duo avec Jun






Même si être avec Jun pouvait la déstabiliser, plus le temps passait, plus elle se rendait compte qu’elle appréciait cette sensation vertigineuse. Cette impression de marcher sur un fil, le gouffre à ses pieds, avec la certitude que si elle chutait, elle tomberait dans ses bras, s’avérait à la fois grisante, troublante et rassurante. Elle ne prenait qu’à moitié au sérieux ce qu’il lui disait ; ses paroles s’ancraient dans sa mémoire, parfois dans son cœur, mais elle souriait. « Ah oui ? Un seul enfant ? » Elle haussa les sourcils. « C’est effectivement qu’il a dû prendre ton horrible caractère, pour qu’on en veuille pas d’autres. Un deuxième nous aurait achevés. » C’était ironique. D’eux deux, il était sûrement le plus facile à vivre. Il avait ses défauts : de ce qu’elle savait, il était maniaque, moqueur, nébuleux, imprévisible. Cependant, elle ne l’avait jamais vu s’emporter, quand elle n’était qu’un volcan prêt à imploser. Il restait discret quand elle posait mille questions et s’interrogeait sur le sens de chaque chose. Elle interrompit sa réflexion. C’était peut-être juste le propre des Dieux. Elle n’en connaissait pas d’autres. Elle le regarda, avec moins d’amusement et plus d’intensité. Une pensée la traversa : ils étaient complémentaires.

« Je ne rougis pas. » protesta-t-elle. Près de lui, elle hésita. L’ombre d’un sourire glissa sur sa bouche, puis elle secoua la tête. « Non. Pas à chaque fois. Mais je crois bien que tu n’as pas le monopole de la fonction « me faire rougir ». » C’était certain. Au cours de sa vie, différents hommes avaient suscité son attention, d’une façon ou d’une autre. « Certains arrivent à le faire en m’énervant, ceci dit. » Comme Adam, par exemple. Il l’avait fait rougir plus d’une fois. Pas par pudeur – elle avait entendu des choses plus terribles que celles qu’il pouvait prononcer. Par honte de la pensée et du souvenir qui s’associaient à ses mots. Par colère de faiblir face à un Déchu. Mais elle préférait ne pas y songer. Elle regarda la bouteille. Elle leva brièvement les yeux vers l’Æther, avant de reprendre sa contemplation. « Ah, c’est donc ça. Garder mes ailes blanches ou en apprendre un peu plus sur les mystères de la vie… » ironisa-t-elle. L’un et l’autre n’étaient pas toujours incompatibles. Il suffisait d’assez peu de choses pour les concilier. Un battement de cœur en trop ou en moins. Une précipitation ou une suspension. Freyja releva la tête pour observer Jun. Son palpitant s’emballait-il ?

Comme il fixait son regard sur l’océan, elle continua à le détailler. Sa réponse la surprit. En toute honnêteté, elle aurait cru qu’elle ne recelait aucun mystère pour lui. Il était un Dieu. Ne pouvait-il pas tout savoir ? Ne lui suffisait-il pas de la regarder pour savoir exactement ce qu’elle pensait ? N’était-il pas capable de retracer toute sa vie en l’espace d’un battement de cils ? Ne savait-il pas déjà comment les choses allaient se terminer ? N’avait-il pas connaissance du rythme exact avec lequel il lui fallait procéder ? Les prunelles de l’Ange baignaient dans la circonspection et la curiosité. La réponse d’Ezechyel remettait bien des choses en perspective. Elle y réfléchirait sans doute plus tard ; à ses côtés, il était difficile d’organiser sa pensée. Il était rapide : trop pour des mortels. Pour le suivre, il fallait apprendre à lâcher prise. À laisser de côté et à reprendre plus tard. Sinon, on manquait toute la rencontre. C’était du moins ainsi qu’elle se le figurait. Sa boutade la fit sourire, bien qu’il eût raison. Elle avait commis des péchés bien plus scandaleux que de simplement déchirer la chemise de son frère et de ne jamais le lui dire. Ce n’était rien. Une bêtise d’enfant. Désormais, elle était une femme, et les erreurs d’une femme sont rarement celles d’une petite fille. « Ah ? Hum… Je ne suis pas sûre qu’il rigole longtemps en voyant les fesses de Lhéasse Taiji peintes sur son mur… Mais on peut toujours essayer. » Jun voulait-il dire que son frère était attiré par les hommes ? C’était une drôle d’idée. Elle ne l’avait jamais vu s’intéresser à eux, ce qui n’était pourtant plus réprimandé dans leur culture d’origine. Toutefois, elle oublia vite cette supposition, car une réflexion ne la quittait pas. Elle s’intensifia dès qu’ils parlèrent d’Ahena : les péchés et les mensonges des adultes sont infiniment plus grands et pesants que ceux des enfants. Elle scruta le regard du brun, à la recherche d’une réponse plus explicite. Elle avait pourtant conscience qu’elle ne viendrait pas. La relativité lui était chère et elle le savait. Il n’envisageait pas l’univers comme elle. Leurs compréhensions se heurtaient à la glace qui les séparait.

« Notre mariage ? » Un vertige la saisit. Elle ignorait comment ils en étaient revenus là. Sous le regard d’Ezechyel, elle retint sa respiration – n’était-ce pas ce que l’on faisait, face à la Mort ? Son cœur fit quelque chose d’étrange. Rata-t-il un battement ou en doubla-t-il un ? Les deux, peut-être ? Elle était incapable de le dire et de déduire la nature de cette émotion voltigeuse. La bouche sèche, elle acquiesça lentement, suspendue à ses lèvres comme une étoile au ciel – sans autre possibilité, sans aucune envie de partir, dans l’attente des premières lumières pour goûter à un repos éphémère. L’Ange se surprit à avoir peur, un peu. Juste assez pour frissonner quand elle sentit sa peau sous sa paume – ou était-ce un frémissement venu d’ailleurs ? Elle était chaude et douce, semblable au sable des berges ensoleillées. Ses paroles lui firent écarquiller les yeux, puis froncer les sourcils, secouer la tête, et enfin, sourire. « T’es bête ! » s’exclama-t-elle, en retirant vivement sa main de son ventre. « Oh ! » Elle la posa sur sa tête, où venait de rebondir quelque chose. Ses yeux furent naturellement attirés par la couleur jaune de la balle, qui sautillait gaiement sur le pont. L’Ailée sourit à nouveau. « Moi aussi, je suis susceptible, monsieur Taiji, et je n’aime pas beaucoup qu’on se moque de moi. » En quelques enjambées, elle rattrapa la balle, qu’elle lança sur sa silhouette. « C’est toi le chat ! Décision de la balle magique ! » Elle déploya ses ailes et s’envola en piqué au-dessus du mât.

Quelques heures, quelques jours, ou même quelques années plus tard, ils retournèrent dans la salle de concert. Les murs étaient les mêmes. L’atmosphère vibrait différemment. Plus doucement, plus joyeusement. Freyja n’affichait plus le même air éteint que lorsqu’elle l’avait quittée. Elle souriait, et cela la rendait plus solaire. Ses iris verts étaient ancrés à ceux d’Ezechyel. Elle allait le saluer pour de bon, lorsqu’une pensée lui revint. « J’ai failli oublier ! Mon cadeau pour être l’Ange la plus mélancolique du monde. » Elle sourit. D’ici quelques temps, elle le redeviendrait peut-être. Ces escapades avec Jun ne demeuraient que des escapades. Une fois revenue, la réalité la ramenait contre son cœur cruel. « J’aimerais bien que tu m’envoies ta partition de musique préférée. » Ses prunelles allaient de l’un à l’autre de ses yeux. « Merci pour tout. » souffla-t-elle. Elle posa une main sur sa nuque pour y prendre appui, se hissa sur la pointe des pieds, et déposa un baiser sur sa joue.



Message IV – 1217 mots




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Jun Taiji
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Jun Taiji
Mar 18 Jan 2022, 07:50

[Q] Nos paradis sont morts | Jun E8us
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Nos paradis sont morts



Jun la regarda s’envoler. Il sourit. Combien de minutes d’avance devait-il lui laisser ? Le résultat serait le même. Il la rattraperait. Il la rattraperait toujours.

Finalement, il décida de soupirer. C’était peut-être ça, le sentiment qui était le sien. Un soupir éternel, caché derrière ses sourires. Peut-être exagérait-il ? En tant que Mortel, il avait été très joueur, avant qu’on ne le privât de sa liberté et que les visions ne devinssent trop précises. Elles avaient pris la fonction de geôliers dès qu’il s’était retrouvé enfermé derrière les barreaux de son devoir. Il finit par ouvrir ses ailes, tout aussi blanches que celle de l’immaculée, et par la poursuivre. « Je te préviens. Une fois que je t’aurai attrapée, je ne te lâcherai plus. » Sa voix ne subissait pas les tourmentes de la vitesse. Elle était posée et résonnait avec autant de précisions que s’ils s’étaient trouvés attablés, l’un en face de l’autre, dans un endroit parfaitement calme. Il n’était même plus certain d’avoir remué les lèvres. Ça n’avait aucune importance. Elle était sans doute trop occupée à le fuir pour remarquer qu’il n’était pas comme elle. Elle le savait. Pourtant, il fournissait des efforts. Ce n’était pas si facile, de ressembler à un Mortel.

Quand il jugea qu’il l’avait assez fait voler, il accéléra et se planta juste devant elle. « Attrapée. » lui signifia-t-il, avec un sourire ravi et un brin moqueur. « Mais je suis beau joueur. Je vais te relâcher pour cette fois, juste pour avoir le privilège de te voir me courir après. » Il s’approcha un peu. « Je te laisserai m’attraper au moment opportun. Et concernant cette histoire de peindre Lhéasse sur le mur de la chambre de Priam, ce n’est pas une bonne idée. Ça m’aurait fait rire mais… Enfin, tu verras. » dit-il, avant de s’échapper.

Un soir, il entra dans sa chambre, sans frapper, sans un bruit. Elle dormait. Il la regarda et s’installa à côté d’elle. Il avait construit les lits de façon qu’ils fussent grands et confortables. Quatre personnes auraient pu y dormir sans être gênées le moins du monde. Il s’appuya contre le mur et ramena l’une de ses jambes vers sa poitrine. Un bras se posa sur son genou. Il pencha la tête en arrière et se mit à fixer le plafond un instant, avant de reporter son attention sur elle. « Quand je te vois, j’ai envie de jouer du piano. » avoua-t-il. C’était un aveu faussé ; faussé parce qu’elle ne pouvait pas l’entendre. Il envisageait sans aucune difficulté ses doigts courir sur l’instrument, peindre les nuances de ses émotions. Elle en avait beaucoup. Elle était tantôt lac plat, tantôt raz de marée. « J’ai envie de jouer du piano sur ton corps aussi. » Le parcourir parfois avec calme, parfois avec ardeur. Il aurait pu effacer ses envies, ne pas les maintenir. La vérité c’est qu’il n’en avait pas envie. Elles ne lui appartenaient pas vraiment mais elles l’avaient construit. En reniant ce qu’il avait été, avant d’être un Æther, il ne pourrait plus retrouver le chemin de la Mortalité. Il oublierait ce que c’était, cette fragilité. Il y avait, à la vie, un côté éphémère. Ceux qui ne connaissaient pas les secrets de l’Au-Delà vivaient parfois dans l’urgence, parce que la mort venait toujours les chercher. Personne ne savait quand, comment ; ou si peu. Qu’est-ce que la vie pour ceux qui ne savent pas, sinon une accumulation d’instants qui disparaîtront pour toujours une fois celle-ci achevée ? Elle n’a fondamentalement pas de sens autre que celui qu’on lui donne. « J’ai envie que tu m’aimes. » souffla-t-il, dans sa direction. Il pouvait faire en sorte qu’elle l’aimât. Il n’était pas lié au Destin. Il n’était ni lié au Temps, ni lié à l’Espace. Dans d’autres réalités, elle l’aimait. Ce n’était qu’une question de plan et il était attaché à celui-ci.

Lorsqu’ils revinrent et qu’elle lui demanda de lui fournir sa partition de musique préférée avant de l’embrasser sur la joue, il sourit. « Tu l’as déjà. » commença-t-il. « Tu l’as déjà parce que c’est toi, ma partition de musique préférée. » Un large sourire habilla son visage. Il était infernal mais il n’était pas certain de mentir. La musique qui sortait de Laëth, parce qu’elle était incapable de contrôler ses émotions, lui rappelait le goût de la liberté. Il la fixa. « La prochaine fois que nous nous verrons vraiment, dans un temps où je suis qui je suis, je crois bien que ce sera orageux entre nous. Mais en attendant… » Il approcha son visage du sien, comme pour l’embrasser. Il ne le fit pas. Il resta quelques instants très près d’elle, comme si sentir son souffle heurter ses lèvres lui suffisait. « Prends soin de toi. » Il rit et disparut. Il lui enverrait une autre de ses partitions préférées, une avec des notes que les Mortels comprenaient.

806 mots
Fin
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