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 [Q] - Ces étrangers dont le cœur est uni | Adam

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Priam & Freyja
~ Ange ~ Niveau III ~

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Priam & Freyja
Mer 02 Fév 2022, 23:01




Ces étrangers dont le cœur est uni

En duo | Adam & Freyja


RP précédent : À trois, je t’étrangle et Sous les tournesols.
Intrigue : Adam & Laëth « s’apprivoisent » et parlent du conflit à venir.


« Tu as décidé, par rapport à la bataille ? » - « Non. Et toi ? » Il haussa les épaules, avant de baisser la tête et de souffler : « C’est du suicide. » Doucement, elle acquiesça. « Mais j’hésite quand même. » Un rire bref, désabusé et las, échappa à Priam. « Je ne sais pas ce qui est le plus stupide : foncer dans le tas sans se rendre compte du danger ou hésiter à participer alors que l’on connaît très bien le risque encouru. » Freyja, la joue appuyée contre sa main mécaniquement soutenue par son coude, soupira. « Il y a une part de moi qui peine encore à réaliser que Raguel et Hazaan s’engagent bien dans cette voix. » Elle ferma les yeux. « D’après ce que j’ai compris, Raguel avait vraiment envie de se lancer dans un combat, dès le début, mais Hazaan… Je ne comprends pas pourquoi il n’a pas mis un coup d’arrêt à tout ça. » - « Parce qu’il s’est retrouvé acculé jusqu’à être forcé de prendre cette décision. » La brune rouvrit les yeux et secoua la tête. « Personne ne l’a menacé d’une épée pour qu’il déclare la guerre. » Le Petit Pigeon fit la moue et chassa l’argument de sa cadette d’un geste de la main. « C’est un engrenage politique. Tu essaies d’aller à contre-courant, mais tu es toujours ramené dans le lit de la rivière. » - « Tu crois que c’est ce qu’il se dit pour se rassurer, le soir, avant de dormir ? » lança-t-elle, amère. Il la toisa, un sourcil haussé. « Il aurait pu dire stop. On a toujours le choix. Il a juste choisi la voie de la facilité, et aussi celle qui lui permet de sauver son cul. » - « Même s’il y a peut-être un peu de crainte pour sa position derrière sa décision, je crois qu’il y a surtout la peur de voir une révolte éclater, et le dégoût de laisser ce meurtre impuni. Il a choisi la voie de la paix au sein de son peuple. » - « Pas sûre que ce soit très utile au lendemain de la bataille, pour les trois péquenauds encore en vie. » Il soupira. « Je ne comprends pas à quel moment tu… Enfin, il aurait pu essayer de raisonner, d’expliquer, de… » Elle frappa la table du plat de la main, avant d’écarter les bras devant elle. « Je ne sais pas, moi, mais enfin, ils sont pas complètement débiles non plus ! Il y en a qui ont bien compris que c’était une mission suicide ! Il y a des gens contre cette guerre. Il aurait pu s’appuyer sur eux pour débouter cette idée stupide. » Priam l’observa, puis sourit. « Quoi ? » grogna-t-elle. « Tu te poses beaucoup de questions, pour une soldate. Elle est loin, la machine de guerre, hein. » Durant une seconde, et malgré le ton moqueur de son aîné, elle ne dit rien. « Ouais, bah… Parfois, je préférerais agir bêtement, comme la plus innocente des Recrues. Au moins, à l’époque, je me posais pas de questions existentielles… » Cette période était, depuis longtemps, révolue. « D’ailleurs… » Son regard se ralluma et elle se redressa. « Je pense que je suis prête à parler avec Adam. » Une lueur intriguée et surprise éclaira les prunelles de son frère. « Ah bon ? » Lentement, les yeux rivés sur un monde qui n’existait que pour elle, elle acquiesça. « Mais tu l’as revu, depuis…? » - « Non. » - « Et Kaahl ? » Qui connaissait le Belegad entendait nettement « l’autre connard de mes deux » à la place du prénom du Magicien. « Non. » C’était un mensonge, mais elle ne voulait pas qu’il sût. Elle n’était pas certaine, elle-même, de ce qu’elle devait en penser. « Mais je pense que maintenant, on peut traiter d’égal à égal, de façon apaisée, Adam et moi. » Priam la scruta. Elle lui retourna son regard. Ils s’observèrent en silence. « Alors tu vas lui parler de quoi ? Des Anges, ou rien à voir ? » - « Oui, des Anges, je pense. Ce n’est pas le moment d’en parler avec les Réprouvés, mais les Déchus sauront peut-être prêter l’oreille. En tout cas, ça vaut la peine d’essayer. » Et c’était ce que l’Institution des Liens requérait d’elle. C’était sa mission, son secret, son fardeau. « Je lui écrirai, tout à l’heure. Tu sais où est Dastan ? Il voulait qu’on s’entraîne. » - « Que tu lui colles une énième raclée, tu veux dire ? » Un sourire franc ourla les lèvres de l’Aile d’Acier. « C’est pour l’endurcir. » Priam sourit aussi. « Je crois qu’il a parlé d’aller à la taverne de Bök, tout à l’heure. »

Quelques minutes plus tard, Freyja poussait la porte de l’établissement et pénétrait dans le capharnaüm des conversations et des vapeurs d’alcool. Quand elle se découpa dans l’embrasure, les exclamations et les rires retombèrent un peu. Quelques regards hostiles harponnèrent sa silhouette. Parmi les siens, et malgré son investissement récent à leur côté, elle conservait l’image de la traîtresse qu’avait forgé son départ pour les Jardins, et alimenté son engagement au sein de l’armée et son amour pour ce Baron magicien. Elle était à la fois tout ce qu’ils détestaient – la traîtresse, l’étrangère, la faible – et tout ce qu’ils admiraient – la dévouée, la semblable, la guerrière –, et sa réputation se coulait dans cette ambivalence éternelle. Jeune Recrue, personne n’aurait fait attention à elle. Désormais, il était difficile de l’ignorer, et souvent, elle le regrettait. Dès qu’elle s’avança, le brouhaha des discussions reprit. Elle s’arrêta près du bar. « Dastan est par là ? » s’enquit-elle. Le tavernier haussa les épaules. « Je crois qu’il a filé avec Draegr. » L’Ange fit la moue. « Sers-moi une pinte, s’il te plaît. » soupira-t-elle.



Message I – 1001 mots




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Adam Pendragon
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Adam Pendragon
Dim 06 Fév 2022, 12:16



Rp de Luxurieux
[Q] - Ces étrangers dont le cœur est uni | Adam 8au1

Ces étrangers dont le cœur est uni


Les encouragements autour de moi fusaient. Mon Zul’Dov était rouillé (peut-être n’avait-il jamais été très fluide) mais il y avait des activités pour lesquelles la langue ne servait à rien. Enfin… le langage. Le sexe, la fête, la boisson, le combat, tout ceci ne méritait souvent aucun commentaire. Les rires suffisaient actuellement. Je savais qu’ils comptaient tous mes coups de reins, sauf la personne qui se trouvait coincée entre le comptoir et moi. Elle, elle était ailleurs, dans l’extase. Le bruit des choppes sur la surface en bois devait lui paraître lointain. Les cris de ses congénères aussi. J'utilisais ma magie discrètement, pour lui éviter de ressentir certains frottements irritants et l'amener vers une jouissance faible mais constante.

Les jours précédents, je m’étais laissé convaincre de réaliser tous les jeux les plus fous que les Bipolaires avaient inventés. Ça allait de choses très communes comme le crachat le plus puissant, à des choses plus étranges, comme péter sur une flamme pour en mesurer la portée. Je m’étais laissé entraîner dans des concours de pisse et avais même accepté de combattre une Démone avide de prouver que les Déchus, puisqu’ils provenaient des Anges, valaient moins que la fiente de pigeon. J’avais perdu, ce qui m’avait valu trente minutes de rire gras et autant de choppes de bière offertes.

À un moment, une connaissance de coucherie, dans une grange quelconque entre deux discussions diplomatiques, avait eu la bonne idée de me comparer à un Bicorne. Elle avait fait étalage de mes capacités d’endurance et de mes assauts puissants lors de notre coït. J’avais ri, tout en la soupçonnant de vouloir se venger du fait que, en retard, je l’avais abandonnée sans même terminer nos occupations et en lui promettant vaguement de revenir plus tard. J’avais oublié. On ne s’était jamais revu avant ce jour-là.

Deux choses : ne jamais défier un Réprouvé et ne jamais laisser quelqu’un d’autre vanter ses propres compétences. Ils demanderont toujours à vérifier les faits.

Depuis ce « regrettable » incident, un nouveau concours avait commencé : celui qui baiserait le plus longtemps. Lieu d’exécution : une taverne, avec l’aide du comptoir, d’une table, d’une chaise, d’un mur ou du sol. Date d’exécution : un duel par jour pour chaque candidat. Sexe d’exécution : tout le monde à la même enseigne. Modalité de l’épreuve : tenir le plus longtemps. Facile en théorie, plus difficile en pratique. Les brûlures et autres joyeusetés n’avaient cessé d’apparaître. Certains forçaient trop, par esprit de compétition. Forcément, j’avais un avantage considérable.

Lorsque Freyja entra dans la taverne, j’étais emboîté à ma partenaire, en sueur et à moitié débrayé. À côté de moi, un Réprouvé était affalé sur le comptoir. Il avait perdu mais ça ne devait pas m’empêcher de continuer. Plus je tiendrais, plus j’aurais de points. La veille, un homme s’était fait ce que j’avais identifié comme une fracture de la verge. Les autres ne s’étaient pas arrêtés d’encourager son concurrent pour autant. Plus tard, j’avais cherché à discuter avec le concerné, à renfort de gestes, pour lui faire comprendre que s’il n’utilisait pas la magie pour se soigner, son sexe risquait de ressembler rapidement à une aubergine et qu’il risquait des complications autres que la simple douleur physique. Il n’avait rien voulu savoir et m’avait rétorqué ce que j’avais compris être « Plutôt crever que d’utiliser la magie. »

Quand mes yeux se posèrent sur Freyja, à l’autre bout du comptoir, un sourire malin se dessina sur mon visage. Je tenais peut-être la solution au Réprouvé à l’aubergine.

« Oh ! Freyja ! »

Ma main quitta la hanche de ma partenaire pour lui faire un geste, en guise de salutation.

« Attends j’arrive ! »

Il fallait que je finisse ce que j’avais commencé, avant tout. Ce n’était pas dur. Ça ne l’avait jamais été depuis quelques décennies mais la présence de l’Ange était un facteur qui jouait aussi. Kaahl avait très mal joué son coup parce que, à cause de lui, dès que je voyais Freyja, mon corps réagissait.

Après avoir éjaculé et boutonné de nouveau mon pantalon, je me dirigeai vers elle. Je commandai une bière et m’assis.

« Hier, y a un type qui s’est fait une fracture de la verge. Je me demandais si tu serais capable de le soigner discrètement ? On pourrait monter un truc : j’anesthésie ses sens pendant qu’il dort et tu le soignes. Si on n’agit pas, ça va s’aggraver… »

Je bus une gorgée.

« Sinon, tu veux être ma partenaire pour le duel de demain ? »

Un sourire taquin naquit sur mes lèvres. La guerre se préparait mais ça ne semblait pas empêcher les Réprouvés de faire la fête et de prendre du bon temps. J’étais sûr que, en comparaison, l’ambiance chez les Sorciers devaient être sérieuse et sèche.

778 mots



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Priam & Freyja
Dim 06 Fév 2022, 15:55




Ces étrangers dont le cœur est uni

En duo | Adam & Freyja



À peine assise, son regard fut attiré par un petit comité, bien groupé, duquel s’élevaient des rires. Des éclats de voix lançaient des nombres avec joie et effarement. Ils avaient depuis longtemps quitté les dizaines, si bien que chaque ajout se gonflait de la tonalité d’un exploit. Freyja n’avait pas besoin de s’approcher pour comprendre ce qu’ils étaient en train de faire. Elle aurait même détourné les yeux s’ils ne s’étaient pas accrochés à ceux d’Adam. Elle avait eu connaissance de sa présence à Bouton d’Or, cependant, elle l’avait évité avec autant d’application qu’une souris se défile en apercevant l’ombre d’un chat. Un tourbillon d’émotions passa sur son visage : elle blêmit autant qu’elle rougit et se renfrogna. Elle s’apprêtait à faire comme si elle ne l’avait pas vu quand il la héla suffisamment fort pour que n’importe qui put entendre ce nom que peu prononçaient. Son petit frère l’utilisait presque à chaque fois qu’il s’adressait à elle. Priam gardait Laëth, et le reste de Bouton d’Or aussi. S’ils ne s’étaient pas attendu à l’entendre dans la bouche du Déchu, ils l’oublièrent bien vite, pour se concentrer sur le spectacle qu’il offrait. L’Ange, les iris rivés sur le comptoir, s’humecta les lèvres. Tout comme elle n’avait pas su réagir correctement face à Kaahl, elle ignorait comment se comporter face à lui. Une part d’elle aurait préféré être capable de les fuir toute sa vie. C’était impossible. Elle releva la tête juste à temps pour comprendre que le soulagement les avait étreints, lui et sa partenaire. Si c’était envisageable, elle pâlit encore plus, sans pouvoir dire si c’était une histoire de honte, de désespoir, de colère ou de gêne, sans pouvoir dire non plus si c’était à cause de la scène en elle-même ou de ce qu’elle lui évoquait – autant ses rêves avec le Déchu que leurs ébats avec le Sorcier. Peut-être tout à la fois.

Jusqu’à ce qu’il arrivât, l’Aile d’Acier se focalisa sur sa pinte. Elle la vidait consciencieusement, à gorgées calculées, concentrée sur le mur qui lui faisait face. Elle sut que le Prince de la Pureté se trouvait près d’elle parce qu’elle sentit l’odeur de la sueur qui faisait luire sa peau, et la force de sa magie qui faisait tant frémir la sienne. Le nez froncé, elle posa sa chope et le regarda. Elle n’aurait jamais pu deviner ce qu’il lui voulait. Son esprit avait pourtant ébauché des dizaines d’hypothèses ; aucune n’avait concerné la fracture du pénis d’un autre homme. Les sourcils haussés, elle demeura bouche-bée. De toute évidence, elle n’était pas prête à parler avec Adam, ni des Anges, ni des dangers du sexe, ni de quoi que ce fût d’autre. Pour s’accorder un peu plus de temps, elle reprit sa pinte et plongea les lèvres dedans. Douloureux fut le regret, car elle recracha sa gorgée par le nez. Posant son verre dans un claquement sec, elle toussa, les narines coulantes et les yeux rouges, avant d’attraper un torchon qui traînait sur le comptoir pour se moucher dedans. Sa toux s’étouffa dans les méandres du tissu, sous le regard agacé du tavernier, qui ne fit toutefois aucun commentaire. Il se contenta de tirer sèchement le chiffon vers lui lorsqu’elle le reposa pour passer deux doigts sous son nez en reniflant.

Pourquoi tout semblait-il si facile quand on s’appelait Adam Pendragon ? Comment faisait-il pour avoir cette immuable légèreté, ce regard taquin et souple comme les bonds d’une plume sur la surface d’un lac ? Parfois, elle avait l’impression qu’il vivait coupé des réalités que les autres expérimentaient. Ses réalités à elle, en tout cas. « Tu serais déçu. » répondit-elle lorsqu’elle eut recouvré l’usage de ses fonctions respiratoires, quoiqu’elle gardât son poing appuyé à la base de son cou. Lorsqu’elle vivait encore à Lumnaar’Yuvon, un Réprouvé de son âge l’avait défiée devant toute une assemblée de jeunes gens. Par fierté, elle avait accepté son gage mais, le lendemain, lorsqu’il s’était pressé contre elle et l’avait acculée contre une table, elle lui avait asséné un coup de genoux dans les testicules, l’avait poussé et était partie en courant. Il l’avait maudite durant des semaines et il arrivait encore qu’il lui lançât des regards noirs, sans essayer toutefois de lui chercher des ennuis. Elle était bien plus imposante qu’à l’époque, et l’humiliation de sa propre bêtise était sans doute encore plus cuisante que la douleur de son entrejambe. « Sauf si tu as envie d’être castré, évidemment. » ajouta-t-elle avec un brin de taquinerie – fausse ou véridique – au creux des prunelles. Elle se souvenait des rires des adultes lorsqu’ils avaient entendu cette histoire : personne n’avait jamais cru que Freyja se donnerait à l’adolescent pour une affaire de pari. Tout le monde avait prédit la déconvenue qui toucherait le jeune homme, hormis les deux concernés.

« C’est marrant, parce que je me souviens pas d’avoir crié ton nom, mais t’es quand même apparu à moitié à poil… » reprit-elle. Sur quel pied dansait-elle ? Quelle chorégraphie tentaient-ils d’effectuer, au juste ? Elle se sentait comme ces grands oiseaux qui sont si patauds sur terre et si majestueux dans les airs. Ses ailes battaient le sol sans parvenir à prendre leur envol. Elle détourna le regard et fit tourner son verre entre ses mains. En fait, la joie et l’amusement d’Adam venaient heurter tout ce qu’elle avait de mélancolie et de lassitude. Ils les secouaient autant qu’ils les enveloppaient de douceur, et elle n’était pas certaine de la teneur du résultat. Il la prenait au dépourvu. Ce qu’il suggérait était peut-être plus raisonnable, cela dit : peut-être fallait-il se mentir à soi-même. Peut-être que certains mensonges valaient mieux que la vérité. Si elle feignait suffisamment bien l’amusement, le ressentirait-elle ? Brillait-il au fond de ses yeux ? « En tout cas, je vois que tu t’épanouis dans des missions d’intérêt public. » Peut-être qu’il fallait juste réussir à oublier Kaahl et tout ce qu’il avait jeté de malsain entre eux, et toutes les bombes qu’il avait fait exploser dans son cœur, et toutes les douleurs qu’il avait marquées dans son âme. Freyja déglutit. « Merci pour la dernière fois. » Elle regarda le fond de son verre. Quelques centilitres de bière y subsistaient vaillamment. « Fais attention, tes ailes vont finir par blanchir. » enchaîna-t-elle aussitôt pour éviter de s’attarder sur ce qui la tracassait.  

La fille de Réprouvés finit sa chope d’une traite, en commanda une deuxième, puis s’entendit demander : « Tu me payes combien pour t’aider à redresser le pénis de ton pote ? » Elle s’interrompit pour ajouter aussitôt : « Je ne prends pas les paiements en nature, hein. J’ai une réputation à tenir, surtout ici. » Elle aurait surtout dû tenir sa réputation d’Ange et l’aider sans contrepartie – ce qu’elle finirait sans doute par faire – mais elle avait toujours aimé provoquer Adam, tantôt avec la violence d’une guerrière, tantôt avec l’espièglerie d’une adolescente. Comme le tavernier lui tendait une nouvelle bière, elle la lui échangea contre quelques pièces. Puis, elle se redressa et pivota à moitié pour se positionner face au fameux Prince de la Pureté, qui ne manquerait pas de lui proposer un versement diablement raisonnable et honorable – elle en était certaine. « Et il faudrait que ce soit un paiement facilement réalisable, parce que si tu es ici pour aller combattre, je ne suis pas certaine qu’on se revoie ensuite. » Par-dessus son verre et par-dessous ses longs cils, ses iris verts le scrutèrent.



Message II – 1245 mots

Pour la musique, c'est de la faute de Mitsu. Elle m'a fait lire En attendant Bojangles, que j'ai dévoré ce matin (je recommande x1000) et depuis, j'écoute la musique en boucle. Impossible de m'en défaire XD Dorénavant, je ne rprai qu'avec ça /sbam (J'imagine la guerre Réprouvés/Sorciers avec cette musique en fond... ce serait vraiment rigolo xDD)




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Adam Pendragon
Lun 07 Fév 2022, 21:50



Rp de Luxurieux
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Ces étrangers dont le cœur est uni


Mon rire s’éleva. Cette femme avait l’élégance d’un Bicorne et, j’avais beau chercher, je ne voyais pas ce qui avait poussé Kaahl à la choisir elle, en tant qu’épouse parfaite. Le Baron et la sauvageonne, de quoi faire jaser toutes les demoiselles à crinoline lors des bals.

Je plaçai ma joue dans la paume de ma main, pour mieux la regarder dégouliner de partout. J’aurais préféré que ce ne soit pas de la bière mais c’était un autre sujet. C’était beau, tout de même, les réactions que j’arrivais à créer avec quelques mots comme seule arme.

« Évidemment. »

Je n’arrivais plus à enlever le sourire qui s’imprimait sur mes lèvres.

« Au pire, je me dis, la Mue sert à ça aussi : à réparer les bêtises des casse-couilles. »

Je bus pour noyer mon amusement. Je me rendis compte d’un même temps que j’étais en train d’essayer de l’apprivoiser. Ça créait chez moi une sensation étrange mais non moins plaisante. J’aimais bien savoir que je n’étais pas le seul détenteur de secrets qui, souvent, me dépassaient. Finalement, nous avions plusieurs choses en commun.

Je lâchai un rire bref.  

« Je n’ai jamais exclu de venir sans que tu cries mon nom. »

Je laissai quelques secondes s’écouler et repris.

« Surtout que, généralement, ce n’est pas vraiment dans ce sens là que ça se passe. Je viens d’abord et, ensuite, on crie mon nom. Si je fais une exception pour toi, c’est uniquement parce que tu es une Ange et que t'es condamnée à ne jamais connaître ce que c'est qu'un vrai orgasme. C'est pour palier à ton handicap. »

Je la gratifiai d’un grand sourire goguenard.

« Je suis très charitable, c’est vrai. »

Une conversation normale entre une Ange et un Déchu, entourés de Réprouvés, dans une taverne. Ça prêtait presque à la construction d’une blague. « C’est l’histoire d’une Ange et d’un Déchu dans une taverne… » J’étais curieux de connaître la chute.

Je la fixai. Ce que je voyais chez elle avait quelque chose de mélancolique. Elle me donnait la réplique mais il y avait ce je ne sais quoi dans ses yeux qui trahissait ce qui la hantait. Je soupirai lentement, comme pris à mon tour dans la tourmente. Je bus et fixai les étagères remplies de bouteilles en tout genre.

« Ne t’inquiètes pas, je ne ferai pas ça tout le temps. J’étais trop fatigué pour mais, la prochaine fois, je profiterai de ton sommeil pour te tripoter. »

Je penchai la tête sur le côté à sa réplique, haussai les sourcils et tournai les yeux vers elle, un grand sourire plein d’ingéniosité sur le visage. Mon expression se termina cependant en une grimace faussement contrariée. Les Anges n’étaient pas drôles.

« Bien sûr. Je vois. Dommage parce que j’allais justement te proposer de te montrer ce que je sais faire avec ma langue. »

Je souris. Elle devait être belle, sa réputation, en tant que future femme d’un Magicien. Personne ici ne devait approuver, même si j’étais certain que la plupart des Bipolaires n’avaient tout simplement jamais accepté le fait qu’elle soit partie.

« Je sais toucher mon nez avec. Tout le monde dit que c’est impressionnant. Je suis sûr que tu aurais été conquise. Mais bon, je me dis qu’il vaut mieux garder cacher mon talent pour un autre moment. Si un jour on se retrouve tous les deux coincés quelque part, faudra bien qu’on s’occupe. Ma langue sera utile à ce moment-là. »

Je me penchai vers elle.

« Si je meurs, ce sera de ta faute. Tu es une bien piètre professeure. J’attends toujours la suite de mes leçons depuis la dernière fois. »

Absolument pas. J’étais nul en combat et je n’étais pas là pour défier les Sorciers. Sauf changement de programme de dernière minute, je n’irais pas me battre. Déjà parce que j’allais probablement mourir si j’y allais, ensuite parce que je craignais de me retrouver en face de Kaahl à un moment ou à un autre. Je doutais qu’il combatte lui-même mais je n’étais pas dans sa tête.

« Mais admettons. Si tu m’aides pour cette histoire de verge, j’écrirai un livre sur toi. Ou, en tout cas, je m’inspirerai de toi pour mon héroïne. Et elle ne finira pas nue dans le lit d’un Déchu, promis. »

Respectais-je mes promesses ? Pas sûr. Je ne pouvais pas prévoir la fin de mes histoires dès le début. Ça coulait hors de ma volonté. Les personnages prenaient vie et je me retrouvais souvent spectateur d’une inspiration sortie de nulle part. C’était ce qui me plaisait dans l’écriture : être surpris moi-même par ce qui sortait de mon esprit et apparaissait sur mes feuilles, par l’intermédiaire de mes mains.

« J’aime bien tes mains. »

J’aimais les mains en général. Elles exprimaient beaucoup.

« Je l’ai pensé tout à l’heure, lorsque tu t’es mouchée dans l'un des torchons qu’on utilise pour s’essuyer une fois qu’on a fini de baiser. »

Un rire sortit d’entre mes lèvres.

« J’espère qu’il était propre. »

J’avais fait apparaître la Bague des Humains entre mes doigts depuis quelques secondes et jouais avec, en la faisant rouler sur le comptoir.

842 mots
Elle est bien en même temps. Si tu la mets pendant la guerre, les Sorciers et les Réprouvés tomberont amoureux [Q] - Ces étrangers dont le cœur est uni | Adam 4273374952



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Priam & Freyja
Mar 08 Fév 2022, 08:09




Ces étrangers dont le cœur est uni

En duo | Adam & Freyja



Prête à répliquer à ses sous-entendus, elle s’abstint pour mieux esquisser un sourire moqueur. « C’est que tu es si mauvais que je n’ai pas vu l’intérêt de poursuivre. Il n’y a vraiment rien à faire. Je crois bien que tu es un cas désespéré. » Ce n’était pas l’exacte vérité. Il le savait tous les deux. Mais le jeu devait parfois se ménager des interstices de fausseté ; et puis ce n’était pas absolument faux non plus. Adam était réellement un piètre combattant et, en dépit de toute sa vertu angélique, Freyja doutait qu’il devînt un intrépide guerrier, un jour. Elle n’était pas certaine qu’il en eût envie ; en fait, elle était presque sûre que ça ne l’intéressait pas. Il était diplomate chez les Déchus. La réputation de son peuple ne l’auréolait pas de velléités combattantes. Ils semblaient avoir à cœur, comme les Magiciens, de vivre dans un climat marqué par la sérénité. Elle songea brièvement à Priam. Il s’était engagé en diplomatie et œuvrait en général pour éviter des tensions, mais il était né chez les Manichéens. N’importe quel nourrisson qui poussait son premier cri chez eux y scandait son premier hurlement guerrier. C’était ainsi : ils aimaient les efforts de la bataille, le goût de la sueur et la sensation du sang sur leurs peaux. La violence armée était ancrée dans leur chair comme le plus vieux des souvenirs se cramponne à la mémoire et en modèle ses courbes. S’ils étaient nés chez les Anges et qu’ils n’avaient jamais connu de Génocide, peut-être n’auraient-ils jamais ressenti le besoin de savoir se défendre et attaquer ?

« Un livre ? » répéta-t-elle alors qu’elle se reconnectait au discours d’Adam. Ses sourcils, d’abord froncés, se détendirent. Elle attrapa sa chope et en but une longue gorgée. Elle savait qu’il écrivait, et surtout, elle savait quel genre de livres il écrivait, puisque certaines de leurs couvertures ornaient sa bibliothèque. Le nom d’auteur qu’elle avait lu sur les pages du manuscrit, chez Kaahl, ne l’avait pas tout de suite interpellée : ce n’était qu’une fois chez elle qu’elle avait noté sa récurrence dans son environnement, et qu’elle avait compris. Elle tenta de n’en rien laisser paraître, mais peut-être que les mouvements répétés de ses doigts autour de sa bière la trahissaient. « Je ne suis pas certaine que tu aies le temps d’écrire tout un livre avant le début de la guerre. » Elle s’interrompit. « Même si ça traîne un peu. » C’était peu de le dire : les Réprouvés manquaient autant d’organisation que de stabilité. Les Sorciers auraient eu le temps de se préparer cent fois ; pourtant, et de manière parfaitement dramatique, elle était convaincue qu’ils n’en avaient pas besoin. Un frisson courut le long de son échine. « Et je ne suis pas certaine d’avoir envie de lire toutes les fantaisies qui te passent par la tête à mon sujet. Si ça nuit à ma réputation, je ne te raconte même pas le scandale… » Elle sourit, avec cette mélancolie de ceux qui savent qu’il est déjà trop tard.

L’Ailée baissa les yeux sur ses mains, immobilisées par le compliment. Elles étaient longues et fines, sillonnées de petites cicatrices dues au travail des champs, à sa maladresse passée, aux heures d’entraînement, renforcées par quelques cales relatives au maniement des armes et assouplies par la maîtrise de l’archer. Ses ongles étaient coupés courts, néanmoins, la crasse de la journée parvenait toujours à s’y faufiler. C’étaient des mains vivantes, des mains d’acharnée, des mains qui ne lâchaient pas, comme aimait le dire son père lorsqu’elle vivait encore à ses côtés. Ses iris remontèrent vers l’homme. Depuis quand Adam Pendragon la flattait-il ? L’explication ne se fit pas attendre. Elle arqua un sourcil. Cependant, la colère qu’il lui faisait toujours éprouver autrefois, lorsqu’il la provoquait, n’était plus qu’un agacement teinté d’amusement. Le silence qu’il avait brisé avait forcé entre eux une forme de paix mêlée de respect. Depuis, bien que son essence constituât toujours une offense à la sienne, il ne l’insupportait plus comme cela avait été le cas pendant si longtemps. Cela lui semblait à la fois étrange et parfaitement naturel. Elle lui retourna son sourire narquois. « J’espère surtout que tu auras l’insigne honneur de l’utiliser le prochain coup, parce que c’est le seul contact de fluides que tu peux espérer entre nous. » Hormis les larmes, mais elle n’avait pas envie de le préciser. Elle n’avait pas envie de penser à Kaahl. C’était toujours douloureux et incertain, même s’il l’aimait, même si elle l’aimait. Peut-être que l’amour ne pouvait pas tout sauver. Peut-être que c’était le rôle de la folie. « Sauf quand je dors, c’est bien noté, mais j’éviterai de dormir à côté de toi, dorénavant. » Tout pervers qu’il était, elle doutait réellement qu’il tentât un jour de la toucher en plein sommeil. Tout du moins, elle espérait qu’il ne le ferait pas. « Dussé-je me contenter de sexe avec un Mage terriblement ennuyeux toute ma vie. » souffla-t-elle, plus bas, avec cette nostalgie qu’elle ne cessait de saupoudrer d’espièglerie.

Ses prunelles descendirent sur les mains du Déchu, autant attirées par leur mouvement que par la curiosité de savoir à quoi elles ressemblaient. Elle n’y avait jamais vraiment fait attention. Avait-ce une importance, quand son apparence entière n’était que le résultat des préférences de son imagination ? « Qu’est-ce que ça fait, de changer d’apparence tout le temps ? Tu ressemblais à quoi, au début ? » Elle suivit des yeux la chorégraphie que décrivait la bague, cette ballerine ronde et brillante. Plus elle l’observait, plus des sentiments contraires s’entredéchiraient au creux de son palpitant. Elle releva la tête et planta son regard dans celui d’Adam. « Mets-la. » dit-elle pour la première fois. C’était sans doute idiot, mais tout le monde savait qu’ils étaient idiots tous les deux.



Message III – 975 mots

Ne me tente pas, les imaginer scander "faites l'amour, pas la guerre" est déjà un plaisir sans nom [Q] - Ces étrangers dont le cœur est uni | Adam 1628




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Jeu 10 Fév 2022, 13:23



Rp de Luxurieux
[Q] - Ces étrangers dont le cœur est uni | Adam 8au1

Ces étrangers dont le cœur est uni


Elle me sous-estimait un peu, ou surestimait les Réprouvés. Non seulement j’étais rapide dans l’écriture mais les Bipolaires étaient longs à se mettre en place. Peut-être devrais-je commencer un écrit ici. Il parlerait d’un héro déterminé à faire triompher son peuple, convaincu de mener le combat le plus juste qui soit. Un héro qui verrait ses convictions et sa vie s’écraser sur le mur de la réalité. Il ne suffisait pas d’avoir raison, il ne suffisait pas d’y croire de toutes ses forces. Rien n’était juste, sinon les héros ne mourraient pas. C’était aussi l’une des raisons qui me poussaient à penser que les Anges étaient tous complètement à côté de la plaque. En portant des principes comme celui de la Justice, ils s’handicapaient eux-mêmes. Quelle justice ? Chaque peuple en possédait une et elle était différente partout. En quoi la Justice angélique serait-elle meilleure que les autres ? Quant à un concept grand, fondateur et général de Justice, il me semblait d’une utopie enfantine.

« C’est vrai. Je préférerais que les scandales à notre sujet ne sortent pas uniquement d’un livre. »

Je souris. J’avais préféré lui dire ça plutôt que de faire entrer une vérité un peu trop crue dans notre conversation : quand la guerre serait finie, les rumeurs seraient le cadet de ses soucis. Quant au reste, nous n’étions pas dénués de ragots mais ils devaient être plus difficiles à vivre pour elle. Les Déchus se fichaient totalement de ma capacité à devenir Humain. Certains Luxurieux ne pouvaient s’empêcher de faire quelques commentaires mais rien de foncièrement désobligeant. Ils s’amusaient parfois à me mimer, amouraché de l’Aile d’Acier et, si je l’avais mal pris plus d’une fois à cause des non-dits entre nous, à présent, en y pensant, ça me faisait rire.

« Oh je n’en serais pas si sûr si j’étais toi. Tu sais, hier, j’ai vu des filles attacher des garçons, se mettre à poil et essayer de les toucher en pissant le plus loin possible debout. Je te vois bien participer à ça. Je ne suis pas contre mais évite de manger des asperges avant s’il te plaît. Je veux bien que tu m’attaches, je veux bien que tu me pisses dessus mais les asperges c’est le mal. »

Je bus, amusé, et fis un mouvement de la tête, simple continuité de ma pensée.  

« C’est sûr que ce n’est pas ton Mage qui t’autoriserait à faire ça. »

Je ris. Mage était un terme plus juste pour le désigner. Il disait tout et rien à la fois. Cependant, je n’avais pas l’intention de m’attarder sur le cas de Kaahl. Il nous rapprochait tous les deux d’une autre façon que le Lien mais ce temps que nous passions à Bouton d’Or était une forme de calme avant la tempête. La guerre entraînerait des conséquences et je me sentais vieux d’en tirer le constat avant l’heure. Il ne s’agirait pas seulement de mensonges et de confiance au sein d’un couple. Il s’agirait d’un massacre. Est-ce que l’amour peut survivre à ça ?

Je tournai les yeux vers elle et pris un air espiègle.

« Pourquoi, tu t’intéresses à moi maintenant ? Fais attention, je vais finir par croire que tu m’aimes plus que tu ne le devrais. »

Mes lèvres s’étirèrent dans une expression taquine, ce qui ne m’empêcha pas de réfléchir à la question.

« En fait, comme je fais ça depuis toujours c’est compliqué de te répondre. Ceux qui ne peuvent pas changer d’apparence donnent plus d’importance à leur corps j’imagine. Il est une réalité impossible à nier, ce qui n’empêche pas certains de le laisser dépérir ou d’essayer de l’oublier. Mais quand on déteste son corps, je pense que le problème est surtout psychologique puisque ça revient à se détester soi-même, tant le corps n’est pas dissociable du reste pour la majorité des peuples. »

Je n’avais jamais su ce que c’était, que d’avoir un corps unique toute sa vie et d’être reconnu à jamais avant tout pour ses caractéristiques physiques. Chez les Déchus, se présenter était important, parce que la totalité du peuple ou presque changeait d’apparence fréquemment et aucune continuité n’existait pour le seul domaine des yeux.

« Dans mon cas… mon corps ne reflète rien de particulier, juste mes désirs du moment, comme un style vestimentaire qui finit par me lasser si tu préfères, même si je subis la Mue et que je ne la provoque pas. Je le modèle surtout de façon à être pratique pour ce qui occupe mon temps. »

Je savais que les Esprits gardaient l’apparence de leur corps au moment de leur mort et j’avais songé parfois que corps et esprit n’avaient, en réalité, peut-être aucun lien véritable. Je m’étais déjà fait la réflexion en changeant de corps avec Laëth justement. J’étais resté moi-même, bien que dans son corps à elle. Je me questionnai pourtant : si j’y restais longtemps, dans son corps, finirais-je par changer ? Peut-être, parce qu’il me faudrait faire face à des réalités qui n’auraient pas été les miennes autrement : un rythme biologique différent, des sens différents, un regard extérieur différent.

« Au début ? À un bébé. Moche, comme tous les bébés. »

Je souris puis répondis tout de même.

« Je ne sais pas. Tout ce que mes parents m’ont dit c’est que j’adorais vraiment mon pénis. Je l’attrapais tout le temps. Ils ne se souviennent pas du reste. »

Je fixai la Bague après l’avoir regardée, elle. Les choses prenaient une tournure inattendue, comme sa demande. Je n’obéis pas tout de suite et continuai de jouer avec l’objet. J’avais un pressentiment étrange et je n’étais pas certain qu’il ait quelque chose à voir avec l’artefact.

« Alors que toi, petite, tu devais être exactement pareille… une casse-couille miniature. »

Je bus une nouvelle fois et finis par attraper l’objet et le passer à mon doigt. C’était toujours la même sensation de vide, comme si l’anneau me volait une partie de ma personnalité. Aussi, quand je l’avais, l’aura angélique de Laëth me paraissait bien plus supportable. Plus que ça, elle m'était agréable.

Je tendis la main vers le torchon lorsque je sentis un liquide chaud couler d'une de mes narines et le collai à mon nez en essayant d’éviter les zones contaminées par d’autres fluides. Les effets secondaires arrivaient de moins en moins, une fois sur trois environ, plus ou moins importants.

« Je te préviens, au cas où tu ais changé d’avis entre temps, je n’ai plus vraiment l’intention de continuer la compétition. Enfin… sauf si tu insistes, évidemment, mais le sexe avec un Humain ça doit être aussi décevant que le sexe avec un Mage. »

Je souris, ce qui ne dut se voir que par l’intermédiaire de mes yeux.

Quelques minutes après, j’étais toujours en train de me vider de mon sang. Ça coulait et le torchon avait changé de couleur et de texture.

« Freyja… Est-ce que tu pourrais m’aider avant que je m’évanouisse et que je sois la risée de tout Bouton d’Or jusqu’à la fin de ma vie ? »

J'eus une idée. J'enlevai le torchon, allai chercher sa main et collai son index dans mon nez. Non seulement je lui donnais tort sur sa théorie du contact des fluides, mais en plus je trouvais ça drôle.

« Je savais que t'aurais mon sang sur les mains un jour, vilaine Ange qui ne s'occupe pas bien de son Humain chéri. »

1155 mots
Ils vont devenir alliés à force. On aura des petits Réprouciers [Q] - Ces étrangers dont le cœur est uni | Adam 89467589



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Priam & Freyja
Jeu 10 Fév 2022, 21:23




Ces étrangers dont le cœur est uni

En duo | Adam & Freyja



« Je ne pisse pas sur les gens, mais je suis sûre qu’on peut trouver un compromis. » Elle fit mine de réfléchir. « Tiens, je sais ! Je vais noter ça, sur ma liste : pisser sur la tombe d’Adam et y planter des asperges. » répondit-elle en levant le doigt, comme si elle soulignait quelque chose d’essentiel – et pour elle, ça l’était. Elle n’irait probablement jamais uriner sur sa sépulture ou tenter d’y cultiver un potager, mais répondre aux taquineries du Déchu semblait faire partie de ces choses qu’il lui fallait réaliser à tout prix. Ce n’était pas nouveau : elle avait toujours pris grand soin de rétorquer quelques mots bien sentis à ses boutades incessantes. La différence résidait dans la manière de faire : autrefois, elle y répondait avec un agacement nimbé de sarcasme, d’ironie et de détestation. Désormais, elle répliquait sur un ton similaire au sien, dilué d’humour et de taquinerie. Ce n’était plus de la provocation pure et simple, dont le but ultime était de faire craquer les façades qui contenaient péniblement la colère, la rancœur, l’injustice et les secrets. Pourtant, l’ombre de Kaahl planait encore. Elle rampait entre eux et semblait se faufiler partout où elle le pouvait. Malgré elle, Freyja tirait de cette situation un malaise pernicieux. Sa dernière entrevue avec le Mage ne s’était pas du tout déroulée comme elle l’avait imaginée. La traînée de doute qu’elle avait laissée dans son sillage l’avait enveloppée de perplexité et de culpabilité. Elle n’aurait pas dû réagir ainsi. Elle ne pouvait pas s’empêcher de refaire la scène. C’était inutile, mais c’était mieux que de penser au futur. C’était mieux que de se le figurer juché sur les remparts d’Amestris, dégoulinant d’une magie noire qui massacrerait les siens. C’était mieux que de penser au silence qu’elle devrait garder et à la solitude qu’il ferait naître au creux de sa gorge. C’était mieux que de savoir qu’il allait tout ruiner et qu’elle ne pourrait rien y faire ; alors parfois, elle oubliait le futur avec le passé. Quand elle voulait se raccrocher au présent, l’angoisse et les nausées lui martelaient l’estomac. Elle aurait dû lutter plus vaillamment contre la mélodie du violoncelle, sa voix envoûtante, ses yeux noisette, ses baisers et sa folie. Elle avait cru ne plus tomber ; mais ce soir-là, elle était tombée avec lui, dans ce monde où la raison n’existe plus. Et il y avait Adam, les mensonges et la trahison : si elle lui pardonnait, s’érigeait-elle en exemple de tolérance et en pourfendeuse de rancune ou ne devenait-elle qu’un pantin de l’idiotie ? Elle reprit une gorgée de bière. On racontait que l’alcool noyait tous les maux – avant d’entraîner les esprits dans la tourmente. Mais à ce mal-ci, elle résisterait, n’est-ce pas ? Elle sourit, parce qu’on racontait aussi qu’un sourire guérissait tous les maux. « Tu ne savais pas ? J’attends que tu viennes me délivrer de ma tour sur ton valeureux cheval blanc. » C’était faux ; néanmoins, le temps d’une seconde, elle se demanda si Adam ne serait pas ce lien qui les délivrerait tous les trois. Elle chassa cette pensée parce qu’elle lui paraissait absurde.

Elle fut heureuse de changer de sujet et l’écouta avec attention. Adolescente, avant de détester son peuple d’origine et tout ce qui s’y rattachait, c’était elle-même, qu’elle avait haï. Elle avait exécré ce corps trop frêle, trop chétif, trop longiligne, trop gracile et trop élégant pour appartenir à une Réprouvée. Elle avait voulu leur ressembler : développer des muscles, gagner en force, devenir une guerrière, s’esclaffer des plaisanteries qui la blessaient si souvent, adorer les ébats et leur force brute, sentir la sueur, goûter le sang, manger la poussière, se relever. Elle s’était trouvée coincée dans une cage de peau et d’os conditionnée par une essence pure qui ne lui permettait pas d’agir comme elle le souhaitait. Et quand se haïr était devenu trop insupportable, elle avait détesté ce qu’elle ne pouvait pas être. C’était une époque révolue : elle ne rejetait plus sa conformation et renouait tranquillement avec la vie qu’elle avait honnie. Elle acquiesça doucement aux paroles d’Adam. Toutefois, la suite était beaucoup moins sérieuse, et elle l’arracha tout à fait à ce qui la préoccupait. L’Ange secoua la tête, les sourcils levés et les paupières mi-closes dans une moue faussement désespérée. Elle n’était pas surprise, mais ne dit rien. Ce qui l’intéressait, c’était la bague, et cette envie impérieuse qui la dominait. Elle ne lâcha pas Adam du regard quand elle lui répondit, insistante : « Tu n’as encore rien vu. Mets ta bague. »

Dès qu’il l’enfila, la sensation qui la traversa lui fit resserrer les doigts autour de sa chope. Le halo de déchéance qui entourait l’homme s’évaporait et il ne restait que cette franchise humaine, dépourvue des fioritures de la magie. Ça, et tout ce que l’anneau impliquait. Lorsque du sang se mit à couler de son nez, elle arqua un sourcil. Elle ne l’avait jamais vu subir les conséquences de son changement de race. Depuis qu’elle en connaissait l’existence, elle s’était un peu renseignée et avait découvert que l’utilisation des artefacts raciaux pouvait avoir des effets secondaires plus ou moins violents et néfastes. Actuellement, le Déchu ne semblait pas courir un grand danger, ce qui, couplé à sa réplique, l’amusa. « Je n’ai pas changé d’avis. Humain ou Déchu, c’est pareil. » Bientôt, ce ne serait plus vrai, et ils le savaient tous les deux. Pour le moment, le mensonge était confortable. « Même si ce serait plus loyal, pour les Réprouvés, que tu concoures en tant qu’Humain. Tu gagnerais sans doute beaucoup moins, d’ailleurs. » Elle posa son coude sur le bar et cala son menton dans le creux de sa main. De l’autre, elle porta sa chope à ses lèvres et but. Pour une fois qu’elle n’était pas celle qui se trouvait dans le pétrin…

Pourtant, plus elle attendait, plus le torchon virait au bordeaux, et plus une nécessité pressante se faisait ressentir : celle de lui venir en aide. C’était désagréable. Cependant, elle se contraignit à lutter. L’Ange voulait éprouver la force du Lien. La confronter à la sienne. Elle ne niait pas l’évidence : il finirait par l’emporter. La question était de savoir à quel point elle pouvait encore lui résister. « Non, je crois que ça me plairait bien, qu’ils se moquent tous de toi. » Elle tapota ses lèvres du bout des doigts, jouant l’indifférence. « Ce serait rigolo de les voir se foutre de toi plutôt que de moi, pour une f-Ah ! » Elle voulut retirer sa main, mais il était plus fort qu’elle. « Mais t’es dégueulasse, putain ! » Levée d’un bond, l’Aile d’Acier tira encore pour libérer cet index déjà recouvert de sang. À côté d’eux, le tavernier riait à gorge déployée, et il fut bientôt rejoint par la majorité des clients qui les entouraient. Vivement, la combattante attrapa le chiffon maculé de tous ces fluides humains et le plaqua contre la figure de l’homme, pour lui faire perdre l’équilibre et récupérer la maîtrise de son doigt. Dans le même temps, elle força sur la main qui se trouvait à l’entrée de son nez. Avec un peu de chance, elle lui enfoncerait si loin que la douleur le ferait lâcher sa prise. Ce qu’elle n’avait cependant pas prévu, c’était qu’en le poussant vers l’arrière, elle le déséquilibrerait si bien qu’elle le ferait tomber de son tabouret. La poigne et le poids du Pendragon l’entraînèrent dans sa chute. Ils roulèrent sur le sol, sous les applaudissements, les encouragements et les rires de leurs spectateurs de fortune. L’Ange, libérée de ses entraves, s’assit à califourchon sur le torse de l’Enfant de Sympan et pressa sa main ensanglantée sur son visage, l’autre sur sa gorge. « Recommence un truc pareil et je te sors le cerveau par les narines ! » grogna-t-elle, les yeux enflammés. Le public s’esclaffa, et quelqu’un cria qu’elle n’était peut-être pas une fille de Réprouvés pour rien, finalement. Comme si cela ouvrait les hostilités, des Manichéens se jetèrent joyeusement les uns sur les autres et bientôt, la taverne ne fut plus qu’un énième champ de bataille. Cependant, l’Intrépide ne pouvait pas poursuivre dans l’agression. Ce n’était pas qu’une question d’angélisme. C’était le Lien. Elle ressentait le besoin d’aide de son Protégé et il était profondément inscrit, en elle-même, qu’elle ne désirait pas lui faire de mal. Elle plissa les paupières, ses prunelles toujours rivées sur Adam ; puis celles-ci se piquetèrent d’espièglerie, et elle traça des marques guerrières sur son front et ses joues à l’aide du sang, avant de s’essuyer sur sa chemise. « Tu ressembles enfin à quelque chose, comme ça. » Apparemment satisfaite, elle se leva et lui tendit la main. Discrètement, elle avait fait cesser son saignement. Autour d’eux, un chaos heureux régnait. S’ils restaient, ils risquaient de se faire entraîner dans la bagarre. « Bon, il est où, le type dont tu me parlais ? »



Message IV – 1498 mots

Ouais ! Mais avant, on aura peut-être même des Angus ! (et je ne parle pas des vaches [Q] - Ces étrangers dont le cœur est uni | Adam 1929536143)




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Ven 11 Fév 2022, 16:47



Rp de Luxurieux
[Q] - Ces étrangers dont le cœur est uni | Adam 8au1

Ces étrangers dont le cœur est uni


Je ris à ses exclamations. On faisait moins la maline avec un index fourré dans un nez inconnu, hein ? J’allais d’ailleurs lui signaler que j’aurais pu le mettre ailleurs mais elle ne m’en laissa pas le temps.

« Hé ! »

Je protestai plusieurs fois, en suivant religieusement les actions de l’Ange. D’air outré en air amusé, je finis par me rendre compte que la situation devenait de plus en plus catastrophique lorsque je sentis mon tabouret basculer. Ce fut comme une naissance : la naissance de l’impuissance des Humains, la naissance de mon être affreusement limité par mon peuple à mi-temps. En Déchu, j’aurais simplement ouvert mes ailes pour amortir ma chute. J’aurais même pu l’éviter. Là, tout de suite, je n’eus aucun autre choix que de me regarder tomber, comme un oiseau sans aile qui s’élance de la tige d’un rosier. Mais, comme elle venait avec moi, comme elle m’accompagnait dans le mouvement, comme nous allions nous écraser ensemble, je ressentis une forme de bonheur, né du néant.

Le sol dans mon dos n’arrangea pas mon état. J’étais plein de sang, sous elle et les encouragements et les rires des Bipolaires. Je ris à mon tour, face aux menaces de l’Ailée.

« Quel cerveau ? »

L’autodérision n’avait jamais fait de mal à personne.

« Regarde ce que t’as fait. »

Autour de nous, la taverne s’était transformée en arène. Les poings volaient et s’écrasaient où ils pouvaient, là où j’essayais simplement de ne pas m’étouffer avec mon propre sang. Le goût métallique coulait dans ma gorge. Penser que j’aurais pu mourir d’une chute de tabouret en me fracassant le crâne par terre m’arracha un rire. Ça aurait été parfaitement stupide, tellement stupide que ça en aurait été brillant.

Je la laissai me barbouiller de liquide rougeâtre. J’aurais pu raconter de folles histoires de batailles, ainsi peinturluré. J’allais peut-être le faire, dire à qui je croiserais que j’avais provoqué l’Aile d’Acier en duel et que j’avais gagné. Il en fallait peu pour bâtir une réputation parfois. Le souci c’est que, ici, ça restait dangereux. Si je la battais, d’autres guerriers voudraient me vaincre, pour prouver à tous qu’ils étaient les plus forts. En soi, si j’étais convaincu de ne pas gagner un duel au corps à corps sans aide de magie, j’étais à peu près sûr de gagner avec l’aide de celle-ci.

« Ça veut dire que tu m’aimes ? »

Je souris et attrapai sa main. Je l’observai. Mes doigts vinrent se poser sur son front et j’y traçai un trait de mon sang. De ma marge de hauteur, je la fixai, satisfait. Il était hors de question que je me promène avec du rouge partout et elle non. Nous étions une paire. En tant que paire, nous nous devions d’être assortis.

« Viens. »

Je tirai sur sa main et sortis de la taverne avec elle. Quelques Réprouvés nous remarquèrent. Des commentaires fusèrent, dont certains que je compris puisque j’avais appris tout le vocabulaire relatif à la sexualité. Je distribuai un clin d’œil complice à une femme, absolument pas désireux de la détromper sur les idées qu’elle se faisait sur notre compte. J’étais certain que Freyja, si elle l’avait entendue, grimaçait déjà. Ça m’amusait.

Je pressai le pas, traversai une cour et atteignis une grange que j’avais déjà visitée quelques jours plus tôt. Je savais qu’il y avait de gros tas de paille et des bouteilles d’alcool. Des tourterelles y nichaient et certaines s’envolèrent lorsque j’ouvris la porte, entraînant l’Ange à ma suite. La pierre gardait une certaine fraicheur. La lumière passait par des fenêtres sans carreaux et par les quelques trous dans le parquet de l’étage du dessus. Ça sentait le bois, la terre et la paille. J’attrapai une bouteille, m’installai sur le lit de paille, tirai sur le bouchon en liège de mon trésor et amenai le goulot à mes lèvres.

Je levai les yeux vers ma Gardienne.

« Je ne sais pas où il est. On le trouvera plus tard. »

Je lui tendis ce que je tenais.

« C’est sucré, j’aime bien. »

Je souris et la fixai, pour de vrai cette fois.

« Dis voir, j’ai deux questions. »

Deux questions qui n’avaient vraiment rien à voir.

« Est-ce que tu vas vraiment te battre ? Aller à Amestris et attaquer ? Je ne vais pas te dire de ne pas le faire mais les Réprouvés ont choisi d’y aller. Ce n’est pas comme si c’était eux qui se faisaient attaquer. Est-ce que tu crois que tu feras la différence si tu y vas ? »  

Je la lâchai des yeux et penchai ma tête en arrière, pour l'étaler pleinement sur la paille. Mon regard se mit à détailler le plafond. Ma main tapota à côté de moi pour lui faire signe de venir.

« Et puis... je voulais savoir ce que tu ressentais pour moi, avec le Lien ? J’ai porté ma Bague à de nombreuses reprises ces derniers temps. Je me demande si ça a changé quelque chose. »

Je souris.

« Ce que je veux dire c’est que si t’as envie de m’embrasser, tu peux. Je comprendrais. En plus, les Anges n'ont pas tous la chance d'avoir un Humain aussi drôle et séduisant que moi. »

Mes dents apparurent lorsque je me mis à rire. Si elle ne me pétait pas le nez avant la fin de la journée, ma chance n’avait aucune limite.

« Ou on peut se raconter des anecdotes. Ou faire la sieste. Ou tu peux aussi avouer que c’est grâce à toi que je ne saigne plus. »

901 mots
Tu crois ? Je ne vois pas ce qui te fait dire ça  [Q] - Ces étrangers dont le cœur est uni | Adam 1968399320


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Priam & Freyja
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Priam & Freyja
Ven 11 Fév 2022, 18:43




Ces étrangers dont le cœur est uni

En duo | Adam & Freyja



L’Immaculée secoua la tête. « Non, toujours pas. » répondit-elle, sans s’offenser pour une fois, et avec le ton plein d’amusement qu’on lui connaissait parfois. Cependant, quand il lui prit la main, elle tressaillit. Elle avait toujours essayé de minimiser ses contacts physiques avec le Déchu, de peur de trop bien se souvenir des rêves, de ses caresses et de ses lèvres. Elle avait voulu tout oublier ; mais elle avait beau oublier, ils existaient toujours et, avec eux, la mémoire des sensations. Le corps se rappelle toujours ce que l’esprit a banni. Lorsque les doigts d’Adam tracèrent une ligne écarlate sur son front, elle fronça le nez et plissa les yeux. « Tu fais quoi, là ? T’essayes de marquer ton territoire ? » Malgré ses protestations, elle ne se dégagea pas. C’était de bonne guerre. Sans résister non plus, elle le laissa l’entraîner à sa suite, sans oublier de jeter des regards noirs aux Réprouvés qui se répandirent en sous-entendus sur leurs activités à venir.

Sur le trajet, elle jeta quelques regards à leurs mains jointes, anxieuse. Elle était déchirée entre la volonté de s’arracher à cette étreinte et l’envie de ne pas s’en défaire. L’Ange luttait contre la Gardienne. Le problème du Lien résidait peut-être dans le fait qu’il ne pouvait pas effacer des années de distance, de détestation et de répugnance. Il ne pouvait pas supprimer ce qui existait à côté ; ce second battement du cœur et de l’âme, qui murmurait le nom de Kaahl et soupirait de culpabilité, mais aussi la vivacité d’une idylle qui n’était pas la sienne et qui, pourtant, l’impliquait trop. Elle ne savait pas. Elle aurait dû fuir les deux et les laisser à leur monde de mensonges, de faux-semblants, de vices et de tromperies. Elle n’était pas comme eux. Pourtant, elle s’en révélait incapable. Là résidait sa faiblesse : dans les volutes d’amours toujours trop grandes. Il y avait aussi cette prison, qui rattachait son salut à Adam. Si elle ne travaillait pas avec lui pour contrer l’action des Déchus et des Réprouvés, alors les Anges l’enverraient sans doute à l’Agbara. Elle n’était pas comme eux et, pourtant, elle devrait le devenir.

Freyja se doutait bien qu’ils ne trouveraient pas le Réprouvé au pénis fracturé dans cette grange. Toutefois, elle n’insista pas. Elle regarda son Protégé se laisser tomber dans la paille, une bouteille à la main. Elle avait envie de partir et de rester. C’était différent de ce qu’elle ressentait en présence du Mage ; cependant, les sensations n’en étaient pas moins impérieuses. Elle attrapa la bouteille et en huma l’odeur par le goulot. « C’est de la bière au miel. » C’était l’une des premières qu’elle avait goûtées, parce qu’une des moins âpres. Elle en but. Pour son palais, elle avait le goût de l’adolescence. « Hum ? » L’Ailée l’écouta, silencieuse. « Et la deuxième ? » demanda-t-elle en s’approchant pour s’asseoir sur les brins d’or. Tandis qu’il souriait, elle serra les dents. Elle n’avait aucune envie de parler de sentiments. Pas avec lui, pas maintenant. Ça la renvoyait à des émotions et des situations auxquelles elle avait décidé de se soustraire, au moins jusqu’à la fin de la bataille. Sèchement, elle répondit : « Je n’ai pas envie de t’embrasser. » Puis, elle se détourna et but une nouvelle gorgée de bière. Un haussement d’épaules et avec une voix plus posée mais toujours teintée d’agacement : « Bien joué, détective. » Il y eut un silence. Puis, elle reprit la parole : « C’est toi qui mets la bague. Tu devrais savoir si ça a changé quelque chose. Non ? » Son regard croisa le sien. La première fois qu’il l’avait mise, elle aurait pu le tuer de colère. Désormais, cela lui semblait impossible. Et si l’envie la prenait, elle savait qu’elle s’efforcerait de le protéger d’elle-même. Elle lui tendit la bouteille. « Tout ce que je peux te dire, c’est que si tu essaies de m’embrasser, je ne serais pas aussi magnanime que toi. » Concrètement, elle raviverait le saignement de son nez aussi rapidement qu’elle l’avait arrêté.

« Pour le reste… » La jeune femme soupira. « Je ne sais pas. » C’était la vérité. Elle se laissa tomber en arrière sur le matelas de paille. Ses iris s’arrimèrent aux poutres de la charpente. « J’ai essayé de les dissuader, mais ça n’a pas fonctionné. Je sais qu’ils vont perdre, que je sois là ou non. » Elle suivit des yeux les veinures du bois. « Je pourrais décider d’être en première ligne que ça ne changerait rien. Je ne peux rivaliser ni contre une armée de Sorciers, ni contre les Chanceliers, ni contre Elias. Il n’hésiterait probablement pas à me tuer. » Un nouveau soupir franchit ses lèvres. C’était douloureux d’y songer, mais refuser cette potentielle réalité ne la rendait pas moins vraie. Elle étendit ses bras au-dessus de sa tête. « Mais si je n’y vais pas, je ne pourrai pas protéger ma famille. » Elle ferma les paupières. « Si l’un d’entre eux meurt et que je n’ai rien tenté, je ne pense pas que j’arriverai à me le pardonner. » Imaginer leurs cadavres lui écartelait le palpitant. « Je pourrais aller à Amestris simplement pour soigner, mais je suis à peu près sûre que je serais incapable de tenir mon poste pendant toute la durée du combat. » Ou elle pourrait ne pas y aller du tout, s’enfoncer dans la passivité et dépérir de honte et de culpabilité. « Et toi, qu’est-ce que tu fais là ? Tu tires un dernier coup avant de ne plus pouvoir tripoter un Réprouvé pour les deux cents prochaines années ? »



Message V – 949 mots

Un pressentiment [Q] - Ces étrangers dont le cœur est uni | Adam 943930617




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Adam Pendragon
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Adam Pendragon
Ven 11 Fév 2022, 21:44



Rp de Luxurieux
[Q] - Ces étrangers dont le cœur est uni | Adam 8au1

Ces étrangers dont le cœur est uni


Je lui envoyai une œillade curieuse. Elle ne répondait pas vraiment à ma question. Je ne m’en formalisai pas mais l’entendre formuler quelque chose aurait eu le mérite de m’apporter des pistes de compréhension. Depuis qu’elle savait, toute trace de ressentiment avait disparu. Mon apaisement apportait un nouvel angle d’approche et notre relation s’en portait bien, de mon côté. Savoir ce que je ressentais n’était pas dans mes priorités. Je me contentais de vivre. Je n’avais pas besoin de passer trois siècles à démêler mes émotions. Elles étaient. Ça me suffisait. Pourtant, les siennes m’intéressaient.

« Je ne sais pas si la Bague a un rapport. »

Je souris.

« Et je n’essaierai pas de t’embrasser. »

Parce que ça me plairait trop de la voir essayer de le faire et de peiner à y parvenir. Je savais qu’il arriverait un moment où ce serait envisageable pour elle. Mais peut-être qu’elle préférerait nier jusqu’à la fin des temps. En bonne Fille de Réprouvés, c’était une créature têtue.

Je plaçai mes bras autour de ma tête et calai mes mains sous mon crâne.

« C’est sûr. Ils ont tous les désavantages. Je ne m’y connais pas en stratégie guerrière mais quand on attaque un peuple sur son propre territoire, ce n’est pas bon signe. Ce n’est pas comme si les Sorciers étaient honnêtes en plus. »

Elle en savait quelque chose. Je ne pouvais moi-même pas être certain de l’honnêteté de Kaahl. Pourtant, j’étais peut-être celui de nous deux pour qui la vérité importait le moins. Elle la voulait, je ne la cherchais pas. Je ne m’encombrais pas de cette notion, pas vraiment. J’avais été peiné de la voir croire en des chimères, justement parce que je savais ce qu’elle recherchait. Il n’y avait pas besoin d’être un fin psychologue pour ça. Elle voulait quelqu’un à ses côtés qui lui ouvrirait pleinement son cœur et ses idées, quelqu’un qui lui ferait confiance et qui partagerait tout, même sa peine et ses doutes. Freyja aurait été différente, un peu plus comme moi, je n’aurais peut-être pas été si amer.

Je l’observai, en pensant que, peut-être, je me trompais sur elle. Nous n’étions pas si proches. Peut-être avais-je tort. Peut-être préférait-elle se bercer d’illusions. Mais je la voyais mal s’en contenter pour toujours. Non, en fait, j’étais sûr d’avoir raison.

« C’est vrai. C’est compliqué. »

Je tournai la tête vers elle.

« Le mieux est que tu fasses ce que ton instinct te dicte de faire, sans prendre en considération qui que ce soit d’autre. Tu dois le savoir, au fond de toi. »

Tout comme elle devait déjà avoir conscience de ce que je lui disais. Seulement, j’imaginais sans difficulté que ça ne devait pas être facile.

« Je ne dis pas que personne ne t’en voudra mais, quoi qu'il en soit, en restant toi-même tout en ayant le courage de porter en actions tes opinions, ce sera impossible de faire l’unanimité. »

Je me mis de nouveau à fixer les poutres. Cette grange était vieille. Elle était toujours utile mais elle avait besoin de réparations.

« L’important c’est surtout de ne pas s’en vouloir à soi. »

Je soupirai. Mon soupir se termina en rire.

« C’est un peu ça. Je profite. J’aime bien Bouton d’Or. Les Réprouvés se battent beaucoup et boivent beaucoup aussi mais je ressens une forme de paix à venir ici. Ça me rappelle la campagne autour d’Avalon. Et puis… il faut bien que quelqu’un s’occupe de t'empêcher de te moucher dans des torchons remplis de sperme et de cyprine. »

Je me redressai, taquin, et lui pris la bouteille. Je bus deux gorgées et croisai les jambes pour m’asseoir en tailleur.

« Je ne vais pas me battre. Je n’aime pas la guerre. Je fais partie des naïfs qui pensent qu’il y a toujours un moyen de trouver un terrain d’entente. Force est de constater que ma théorie est en train de lamentablement échouer. Mais ce n’est pas grave, je serai là après la bataille pour aider. »

Je bus de nouveau, avant de désigner la bouteille en la penchant légèrement sur le côté.

« En fait, c’est sa réserve personnelle, au type qu’on doit soigner. J’ai remarqué qu’il venait parfois boire un coup ici entre deux tâches. »

Je le savais parce qu’il m’avait surpris debout, dans la paille, le pantalon sur les pieds, avec un Réprouvé à genoux devant moi. Ça ne l’avait pas gêné. Il était allé se servir à boire et s’était assis sur le tas de paille d'en face pour regarder en ricanant. Nous avions fini par discuter. Le jour d'après, une scène similaire s'était déroulée.

« Comme c’est un Bipolaire, j’imagine qu’il a décidé de travailler quand même et qu’il devrait passer pour boire et oublier sa douleur. Ce n’est pas certain. Si ça ne marche pas, on essaiera de le trouver autrement. »

On pouvait dire tout ce qu’on voulait sur les Réprouvés, qu’ils n’avaient pas de cervelle et qu’ils étaient primaires, on ne pouvait pas nier, en revanche, qu’ils possédaient une force de caractère impressionnante.

« J’avais envie de passer du temps avec toi. C’est pour ça que je t’ai amenée ici, même si je crois que c’est une planque à baise pour pas mal de monde. »

Je ris.

« J’aimerais bien avoir cette grange. Je la rénoverais, même si je n’ai aucune idée de comment on rénove quoi que ce soit… Mais tu pourrais m’aider et on ferait ça ensemble. »

Je bus et lui tendis la bouteille. J’avais toujours plein d’idées à la con.

893 mots
[Q] - Ces étrangers dont le cœur est uni | Adam 1929536143


[Q] - Ces étrangers dont le cœur est uni | Adam Ezpg
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Priam & Freyja
Sam 12 Fév 2022, 14:04




Ces étrangers dont le cœur est uni

En duo | Adam & Freyja



« Quand on attaque un peuple qui fonde son existence sur l’usage de la magie quand soi-même on refuse de l’utiliser, ce n’est pas bon signe non plus. C’est comme envoyer des moutons affronter des dragons… » soupira-t-elle. Certains s’en rendaient compte, d’autres non. Hazaan en avait une conscience aiguë, pourtant, il prévoyait d’amener ses guerriers vers leur mort. Il se pliait à la volonté populaire pour éviter de nouvelles tensions. Il y avait un brin de logique, tout de même : quand le peuple manichéen ne serait plus qu’un tas de cadavres amoncelés dans Nementa Corum, il n’y aurait plus jamais de tensions entre eux. Il n’y aurait plus de rires non plus ; pas plus qu’il n’y aurait de cris, de joie ou d’amour. Aux survivants, il ne resterait que la colère, le désespoir et le soulagement douloureux d’être en vie. Un esprit de vengeance plus ardent encore, peut-être. Et elle… Elle ne savait pas. Son instinct semblait lui crier des choses contraires. Se défaire de l’existence des autres lui paraissait impossible. Forcément, elle songeait à sa famille, à ceux qu’elle connaissait, et à Kaahl. Sans doute même à Adam, parce que si elle mourait là-bas, elle contreviendrait à son devoir de Gardienne. Elle pensait à l’armée, aussi, et à sa destinée en son sein, qu’elle compromettait un peu plus à chaque pas. Son engagement parmi les Réprouvés se serait fait sur la base d’un volontariat dénué de toute ambition politique, pourtant, s’il advenait, il signifierait ce qu’il signifierait. Parfois, il est compliqué de rester aligné avec soi-même. Et de ne pas s’en vouloir à soi.

Elle se mordit la lèvre, avant que la plaisanterie de l’Humain ne lui arrachât un sourire. « J’ai plutôt l’impression que ça t’a fait très plaisir de me voir faire ça. » Machinalement, elle se frotta le nez – elle pensait quand même qu’il plaisantait. Elle se souvint d’Avalon. Elle n’y était allée qu’une fois, pour le Fessetival de la Charité. Avec Kaahl, elle avait survolé la campagne. Ils avaient rejoint une maison et ils y avaient fait l’amour. Ça lui semblait appartenir à une autre époque. Ils avaient parlé d’Adam, ce soir-là. Il ne lui avait raconté qu’une partie de l’histoire, et il avait laissé entendre que c’était elle qui l’intéressait. Ce n’était pas vrai. « Tu crois ça parce que tu n’as pas vécu avec des Réprouvés. » répondit-elle dans un sourire. « Ils sont plus prompts à sauter sur leurs adversaires pour les égorger qu’à discuter. » Peut-être devrait-elle faire comme lui, et rester ici pour aider après la bataille. Pour panser les plaies des macchabées. Ses iris tombèrent sur la bouteille. « Ah oui ? » Elle releva la tête vers Adam. « Tu prends ton paiement en avance, donc ? T’es pas si charitable que ça, en fait. » Un sourire taquin glissa sur ses lèvres. Elle roula sur le ventre et s’appuya sur ses coudes. D’une main distraite, elle attrapa un brin de paille et commença à le triturer – activité qu’elle interrompit dès qu’il reprit la parole. Elle tourna vers lui son regard surpris. L’étonnement passé, elle arqua un sourcil, suspicieux ou taquin. « Passer du temps avec moi ou me sauter dans un tas de paille ? » Elle ne savait plus sur quel pied elle dansait, ni qui d’eux deux guidait l’autre. Les notes résonnaient avec une cacophonie qui demeurait pourtant harmonieuse. Elle ne savait plus si c’était vrai, si c’était faux, ou si c’était juste un jeu. Du bout du fil blond, elle chatouilla la paume de sa main. Quand il lui tendit la bouteille, elle le dévisagea quelques secondes, puis l’attrapa. « Oui, bien sûr, et puis ensuite, on se marierait, on ferait des gamins, et on vivrait heureux pour toujours ? » La fille de Réprouvés leva au ciel des yeux amusés, avant de porter le goulot à ses lèvres et de boire une grande rasade. Pourtant, c’était peut-être ce qui arriverait, un jour – ou quelque chose de similaire. C’était sûr, même. Les Gardiens et les Protégés étaient condamnés à s’aimer. À vouloir passer du temps ensemble, à se respecter, à s’encourager. Même si leur construction n’était faite que d’émotions et de sentiments, ils auraient bien un toit sous lequel s’abriter ensemble, un jour.

« En vrai… » Elle cala la bouteille dans le matelas de paille. « Tu peux faire une offre. Il te la vendra peut-être, vu qu’il a pas l’air de s’en servir pour son travail. » Elle ne renfermait ni outils agricoles, ni bêtes, ni fourrages, hormis quelques tas de paille éparpillés. « Avec Priam, on retape une ancienne ferme. On avait l’habitude de jouer dedans quand on était gamins. » Elle sourit. Ces souvenirs avaient toujours cette inoubliable saveur joyeuse. « Alors on pourrait te filer un coup de main. Éventuellement. Si t’es sage. » Elle lui lança une œillade espiègle. « Puis ça serait plus pratique si tu reviens ici pour la diplomatie. » L’Ange jeta un coup d’œil vers la toiture, comme si elle essayait d’imaginer ce à quoi pourrait ressembler le bâtiment une fois rénové et réaménagé. « D’ailleurs… » Elle reporta son regard sur lui. Dans sa poitrine, son cœur tambourinait. « Est-ce que tu travailles toujours sur la Déchéance et l’Agbara avec les Réprouvés ? » Elle hésita, s’humecta les lèvres, puis compléta : « Parce qu’on pourrait peut-être vous aider, avec mon frère. Si on ne meurt pas à Amestris, bien sûr. » Un sourire gêné redessina sa bouche, puis elle pinça les lèvres.



Message VI – 923 mots




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Adam Pendragon
Lun 14 Fév 2022, 23:29



Rp de Luxurieux
[Q] - Ces étrangers dont le cœur est uni | Adam 8au1

Ces étrangers dont le cœur est uni


« Je n’osais pas demander… »

L’endroit s’y prêtait. Il offrait une intimité relative puisque n’importe quel Réprouvé pouvait entrer n’importe quand mais il devait y avoir un moyen de bloquer plus ou moins la porte. Elle ne résisterait pas au coup d’épaule d’un laboureur ou d’un forgeron mais l’opération laisserait assez de temps pour se séparer et se rhabiller.

Mes yeux coururent un instant sur le corps de l’Ange avant de s’en détacher. Le plafond me semblait bien plus salutaire. Ça m’énervait de bander à chaque fois qu’elle était dans les parages. Je ne savais même pas ce que je ressentais en Humain. Les images qui me venaient en tête n’étaient pas aussi crues que d’habitude. Peut-être avais-je simplement envie de laisser mes mains caresser son corps de longues minutes.

Je souris à la suite, tout en attrapant à mon tour quelques brins de paille. Il fallait que mes doigts s’occupent.

« Je préférerais que tu enlèves la partie qui parle des enfants. Le reste me va plutôt bien. »

Je piquai la bouteille, me redressai de nouveau pour boire et me réinstallai dans la paille pour l’écouter. Je me figurais sans aucune difficulté son enfance ici. Je n’arrivais simplement pas à croire qu’elle avait souhaité quitter les Réprouvés pour aller marcher dans les pas des Anges et de leurs Vertus. Elle était mieux ici, les cheveux dans la paille et de la paille dans les cheveux.

« Je pense que tu commences à me connaître. Je ne suis pas la sagesse incarnée. »

Mes lèvres s’étirèrent.

« Mais je sais que tu m’aideras. Parce que tu es mon Ange à moi. »

Je l’avais dit en formant un cœur avec mes doigts et avec le ton d’un enfant, sans en combattre ni les excès ni le ridicule. Je m’en foutais et, malgré tout ce qu’elle pourrait objecter, ce n’était là que la vérité. Je l’avais parfaitement compris dès que Kaahl avait commencé à me parler de son plan. Même si celui-ci était tombé à l’eau, les mots du Mage avaient eu le mérite de me mettre en tête le fait que les choses iraient forcément dans une direction précise. Combattre ne servait à rien. Ce ne serait pas moi qui le ferais. Plus maintenant.

« Et je pourrai te voir comme ça. Plus que si je reste à Avalon. »

Je ne savais pas à quoi je jouais exactement mais ça m’amusait. Je me voyais bien partager mon temps entre la cité des Déchus, Awaku No Hi, Bouton d’Or et le territoire des Magiciens. Puisque je devais voyager pour la plupart de mes missions, avoir des pieds à terre aiderait. Plus le temps passait, plus je savais que les responsabilités me pendaient au nez. Des rumeurs couraient. Si je n’avais pas été autant pris, ces derniers temps, peut-être même qu’elles seraient déjà vraies.

Je me redressai encore et la fixai d’un air interrogatif. Cette proposition me paraissait inattendue. Elle sonnait comme une trahison envers ce pour quoi elle avait quitté cet endroit.

« C’était une de mes missions oui mais je n’ai pas voulu continuer. Ça me posait des soucis d’envoyer des Anges d’ici… Enfin, ça n’a pas d’importance. Je ne travaille plus vraiment sur l’Agbara non. Pour l’instant. »

J’inspirai.

« Disons qu’il se pourrait que je devienne Vincide d’ici peu. On ne me l’a pas encore proposé officiellement et je n’ai pas encore vraiment pris ma décision. Ce n’est pas rien et je n’ai pas l’habitude d’avoir autant de responsabilités. »

Je bus.

« Si ça arrive, je m’occuperai forcément de toutes les questions relatives à la diplomatie. Pas personnellement pour toutes mais c’est sûr que je serai amené à me pencher sur les plus délicates. L’Agbara en fait partie. »

Je reposai la bouteille et l’observai.

« Je veux bien que tu m’exposes la manière dont tu voudrais m’aider mais sache que je suis étonné de t’entendre me proposer quelque chose comme ça. T’es sûre que tu n’es pas amoureuse de moi ? »

Mes yeux brillèrent d’espièglerie et ma bouche révéla mes dents dans un sourire qui en disait long. Je redevins pourtant sérieux rapidement, tout en essayant de calculer sa consommation d’alcool. Elle aurait pu expliquer sa proposition. Cependant, ce ne fut pas elle que je choisis d’incriminer.

« Ça ne se passe pas aussi bien que tu voudrais, chez les Anges ? »

En la regardant, je voyais une femme bien plus libre et sauvage que ses congénères. Je trouvais dommage qu’elle soit si attachée à ce peuple. Ses préceptes l’enfermeraient et la musèleraient. Je la préférais comme elle était maintenant.

« Et sache que tu as de la paille dans les cheveux. »

782 mots



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Priam & Freyja
Mar 15 Fév 2022, 08:30




Ces étrangers dont le cœur est uni

En duo | Adam & Freyja



Tandis qu’elle attendait la réponse d’Adam, elle se concentrait sur le brin de paille qu’elle triturait entre ses doigts. Ses quelques mots tournoyaient dans son esprit. Et je pourrai te voir comme ça. Sa raison vacillait. Ils s’étaient tant montré qu’ils se détestaient que l’entendre parler de proximité et mimer un amour qu’ils ne partageaient pas – encore – faisait chavirer tout ce qu’elle avait de contenance. Avait-elle envie de passer du temps avec lui ou continuerait-elle à lutter contre l’inévitable ? C’était une bataille stupide, perdue d’avance. Comment pourrait-elle la mener quand elle critiquait l’idiotie des Réprouvés ? Quel crédit auraient ses paroles ? C’était même presque une question de sincérité. Freyja ferma les yeux. Si elle abandonnait tout, ce serait peut-être très rapide. Elle ignorait la façon d’agir du Lien. S’accordait-il aux élans naturels de son âme ou avait-il sa logique propre ? Se nouait-il avec la rapidité et l’intensité que l’on connaissait à ses émotions ou était-il plus sage et progressif ? Ce qui la mettait mal à l’aise, aussi, et sans doute surtout, c’était cette situation à trois. Elle ignorait ce que les deux hommes comptaient faire, désormais. Une part d’elle-même avait peur de poser la question. Où était sa place, dans cette configuration ? L’Ange ne s’imaginait pas vivre une idylle à trois. Elle ne voulait pas mentir et prétendre qu’Adam n’avait pénétré – sans mauvais jeu de mots – l’équation qu’après la formation de leur Lien, parce que c’était faux et négligeant pour eux deux. Ça n’arrangeait que Kaahl et elle n’avait pas du tout envie de l’arranger sur ce point. Il devrait inventer un autre mensonge. S’il y avait une suite, ou tout du moins, une suite au grand jour. Peut-être qu’ils décideraient de vivre chacun de leur côté et éviteraient toujours d’en parler. Peut-être qu’après la guerre, elle ne l’aimerait même plus. Peut-être qu’elle préférerait passer du temps avec son Humain, à rénover cette grange meurtrie par les années. Y penser seulement lui brisait le cœur. Tout ce qu’il y avait de rassurant, c’était que les Sorciers n’attaquaient pas d’eux-mêmes, et que le massacre qu’ils perpétreraient ne serait que l’une de ces atroces nécessités que provoque le destin. Alors, peut-être qu’elle se contenterait de haïr le destin.

« Pour l’instant ? » Elle releva la tête vers lui, une lueur d’espoir accrochée à ses rétines. Paradoxalement ou très naturellement, elle préférait travailler avec Adam qu’avec tout autre Déchu. « Ah. » lâcha-t-elle, surprise sans vraiment l’être. Il avait la renommée, la prestance et probablement certaines des qualités que l’on attachait au poste de Vincide. En revanche, imaginer le Déchu crouler sous les responsabilités lui paraissait effectivement assez incongru. Un vague sourire amusé flotta sur ses lèvres, avant que son visage ne reprît une expression plus sérieuse, et que son cœur ne revînt frapper ce rythme mâtiné d’adrénaline. Elle acquiesça lentement, puis attrapa la bouteille et bu à son tour. Lorsqu’elle reposa la bière, elle secoua vigoureusement la tête, l’espièglerie ancrée dans ses prunelles. « Aucun risque. » C’était presque amusant de mentir à ce propos, d’essayer de se jouer de ce futur tout tracé. Ses yeux glissèrent sur sa bague. Elle pourrait lui demander de l’enlever, peut-être. De ne jamais la mettre quand il était près d’elle. Cependant, déjà, un fragment de son palpitant s’énervait à cette idée. C’était trop tard. Ça l’était depuis longtemps, depuis ce filament d’argent tissé entre leurs deux cœurs. Elle regarda la poitrine de l’homme, puis fit remonter ses prunelles vers les siennes. Un élan primaire l’incita à protester : « Non, c’est juste que… » Elle s’interrompit. Il s’agissait d’orgueil. Toutes ces révélations avaient abattu ses certitudes et, en même temps, blessé son ego. Parce qu’elle s’était trompée, au moins partiellement. Elle s’était laissée avoir par des discours sans fondement. « Enfin… » L’Ailée soupira. Elle passa une main dans ses cheveux pour secouer ses boucles brunes et espérer d’en faire tomber les brins d’or. « Disons que sur certains points, ils sont aussi bons menteurs que… Enfin, tu vois. » Elle inclina sa tête vers l’avant et se pinça l’arête du nez. « C’est assez compliqué. » Elle tâta sa chevelure et comme rien ne lui piquait les doigts, elle demanda : « C’est bon, pour la paille ? » En réalité, elle s’en moquait. Mais c’était tellement plus simple de parler de ça que du reste. Elle ne risquait rien, tandis que cette conversation-ci, si elle n’avait pas été mandatée par les Anges eux-mêmes, aurait pu la condamner. Elle scruta Adam, silencieuse. « J’ai besoin d’être sûre que je peux te faire confiance. À cent pourcent. Si quelqu’un apprend ce qu’on envisage de faire, avec mon frère, on finira sans doute tous les deux à l’Agbara. Ça ne serait dans l’intérêt de personne, parce que les Déchus y perdraient aussi, mais quand même. » Elle lui tendit la main. « Promets-moi que tu garderas le secret, dis-moi ce que tu sais sur l’Agbara, et ensuite, je te dirai tout ce qu’on sait, tout ce qu’on pourrait faire, et je te parlerai de l’aide qu’on peut vous apporter. » Lorsque sa paume toucha la sienne, elle la serra entre ses doigts. « Moi, promis, je ne fais pas ça pour te nuire ou nuire aux Déchus. » C’était sa vérité. Elle le faisait simplement pour survivre. Pour ne pas partir là-bas, à l’Agbara. Elle les trahissait tous, et c’était peut-être égoïste, mais c’était aussi utile. Si elle jouait bien, peut-être pourrait-elle avoir toujours un coup d’avance sur les Anges ? Malgré elle et sans aucun rapport avec ses pensées précédentes, elle sourit. « Ça ressemble un peu à des promesses d’enfants, en fait… Mais c’est important. » Elle souffla par le nez, amusée, et plongea son regard dans le sien.



Message VII – 954 mots




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Ven 18 Fév 2022, 09:40



Rp de Luxurieux
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Ces étrangers dont le cœur est uni


« On va dire que oui. »

Ce n’était pas tout à fait bon. Elle avait encore de la paille dans les cheveux, deux petits morceaux minuscules qui s’étaient probablement détachés d’un brin principal. Maintenant, je devais lutter pour ne pas les lui enlever. Ce n’était pas si dur. Contrairement à certains, je n’avais pas un amour obsessionnel pour la propreté et la netteté. Seulement, j’aimais le contact avec autrui. C’était ça qui me poussait à vouloir tendre la main pour ôter la matière. Je me retins et me concentrai sur ce qu’elle disait.

Assis sur la paille, je ramenai mes jambes vers mon torse et posai mes avant-bras sur mes genoux. Mon air sérieux contrastait avec les sourires taquins que je lui envoyais habituellement. C’était mieux que du dédain.

« Tu sais, tout le monde ment, au moins un peu. Parfois, on se ment même à soi-même. C’est plus facile. »

Je souris, en constatant à quel point l’Humain que j’étais aimait prendre un habit de philosophe. Je n’étais pas si étonné. J’écrivais et, dans mes récits, certains personnages étaient bien plus inspirés que d’autres. C’était souvent ceux que je préférais. Il m’arrivait aussi de m’allonger sur le canapé de chez moi et de songer, les yeux fixés sur le plafond sans le voir. Enfin, si je savais que mes compétences sexuelles n’étaient pas pour rien dans l’attrait que pouvait ressentir Kaahl pour moi, ce n’était pas pour elles qu’il m’aimait. Du moins, j’espérais. Le fait de discuter jusqu’à des heures tardives de sujets et d’autres, en déconstruisant et reconstruisant les concepts, était l’une de nos activités favorites au sein de la Maison de poupées. Par elle, nous pouvions glaner le temps qu’il n’avait normalement pas.

Je la regardai et tendis la main en direction de la sienne. Ça ressemblait à une sorte de piège et ce le fut lorsque ses doigts se refermèrent entre les miens. Le côté droit de mes lèvres se souleva en un sourire mi-amusé mi-embêté par l’évidence.

« On n’est pas obligé de grandir. Les promesses d’enfants ont souvent moins de conséquences que les promesses d’adultes. »

De toute façon, c’était trop tard maintenant. J’avais complétement dévoyé ma nature de Luxurieux, même si je n’avais pas eu besoin d’une Bague humaine pour ça. Ma tranquillité était morte depuis longtemps et elle était morte parce que, de base, je voulais juste faire une blague à un Magicien trop coincé à mon goût.

« Uumm… Je n’ai pas envie de te mentir sur le fonctionnement du monde mais il y a des choses que je ne peux pas te dire. Si nous restons ici, le cul dans la paille, ce que nous dirons sera forcément entendu par d’autres. »

Parce qu’il y avait les Esprits, même si je ne pouvais actuellement pas les voir. Il devait également y avoir quelques espions, ceux de l’Empereur Noir et ceux qui venaient d’ailleurs. J’imaginais sans mal les premiers éliminer les deuxièmes. C’était l’assurance d’une relative tranquillité, d’être à ce point suivi. Je n’étais sûr de rien mais je me doutais de certaines choses et je prenais un malin plaisir à m’imaginer toujours épié. C’était amusant.

« Ce qui n’est pas si grave. L’intimité n’existe pas vraiment et, pourtant, ça n’a jamais fait trembler le monde. C’est juste qu’il y a des créatures très discrètes qui nous entourent et peuvent nous écouter. C’est comme ça et même lui n’y peut rien. Mais ce qui intéresse certains, n’intéresse pas d’autres. »

Parce que les morts n’avaient parfois aucun intérêt pour les vivants et, s’ils s’amusaient de me voir forniquer, ils ne s’amusaient pas forcément d’une conversation portant sur l’Agbara.

« Mais je te promets de ne rien dire. Tu peux me faire confiance… à cent pourcent. Enfin, quatre-vingt-dix-neuf pourcent parce que, parfois, je parle dans mon sommeil. »

Je souris et quittai ses yeux, sans lâcher sa main, pour poser les miens sur le mur de la grange. Je baissai mon bras, pour poser nos doigts dans la paille.

« Ce que je sais sur l’Agbara ? Je sais qu’il s’agit d’une institution qui vise à redresser les Anges jugés tordus. Au lieu de leur permettre de déchoir et, une fois leur nouveau statut digéré, de se repentir s’ils en ont envie, l’Agbara ne permet pas cette déchéance et tente, par des moyens qui sont supposés s’apparenter à de la torture dans certains cas, de les faire retourner dans les cases des Vertus. La façon dont elle fonctionne n’est pas encore connue avec exactitude, même si nous avons envoyé des espions dans cette optique et que nous avons quelques preuves de la folie que l’Agbara peut engendrer. Des cas de disparition ont été relevés et certains Anges, qui ont reparu, ne sont plus eux-mêmes. »

Je soupirai.

« Ne le prends pas mal mais les Anges extrémistes ne sont plus des Anges. Je suis vieux. J’ai bien vu que le génocide avait changé les mentalités, et c’est normal. Seulement, est-ce qu’on peut encore parler d’Anges lorsque ces mêmes Anges condamnent les leurs au pire ? Je ne crois pas. Si aucun n’est forcé de suivre les Vertus, ces mêmes Vertus doivent normalement être votre façon de vivre et de voir la vie. Dedans, il y a la Tempérance et la Prudence. Si les Anges étaient réellement bénéfiques, ils laisseraient le choix à ceux qui ont péché, un choix pris en toute connaissance de cause. Mais il semble que, au contraire, non seulement l’ensemble de la population angélique n’a aucune idée de ce qu’est exactement l’Agbara, mais, en plus, il semble aussi que les individus n’aient pas le choix. »

Je repris mon souffle et articulai un constat.

« J’aurais honte d’être un Ange si j’en étais un. Au moins, avec les Démons, le marché est clair. Il n’y a pas de petites lignes au contrat. »

Je soupirai une nouvelle fois.

« Les Anges n’ont plus aucun poids dans la politique actuelle si ce n’est par le biais de leurs alliances. Les Humains sont trop peu pour être un pilier. Les Ygdraë peuvent leur donner contenance, à la limite, mais il ne faut pas se leurrer : la survie de certaines races ne dépend que de la clémence d’autres. Maintenant que les Démons ne représentent plus une menace, si j’étais Roi des Anges, j’en profiterais pour prendre un temps de réflexion et pour travailler sur mes institutions et mes valeurs. Je suis un Déchu et je suis censé représenter la traîtrise et la faiblesse face aux Péchés et, pourtant, j’appartiens à un peuple qui n’a pas combattu depuis des siècles et qui maintiens la paix sur son territoire avec des institutions qui veillent au bien-être de ses membres. C’est mille fois mieux que ce que fait le gouvernement angélique actuellement puisque, contrairement à ce que certains diront, il ne protège même pas les Anges. »

1108 mots



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Lun 21 Fév 2022, 19:23




Ces étrangers dont le cœur est uni

En duo | Adam & Freyja



Elle sourit à Adam. « D’accord, on peut aussi se faire la promesse de ne pas grandir. Mais je crois que ça veut dire que tu devras te comporter en toute chasteté avec moi, pour toujours. » C’était plus facile de faire semblant de croire que ce problème ne la concernerait pas – qu’il ne la concernait pas déjà, peut-être. Même si elle répugnait à le reconnaître, Adam avait toujours provoqué quelque chose en elle, depuis ce premier rêve. Le souvenir de ses mains sur lesquelles dansaient les ombres du feu. C’était aussi pour cela, qu’elle l’avait tant détesté. Pour ce qu’il arrivait à éveiller quand elle voulait être une Ange exemplaire et ne désirer que l’homme qu’elle aimait. Désormais, ça n’avait plus beaucoup de sens. Kaahl ne s’astreignait pas à de telles obligations, et elle n’avait plus rien de la parfaite Immaculée qu’elle aurait souhaité être. Avait-elle déjà ressemblé à cette chimère, un jour ? N’avait-elle pas toujours été cette fille de Réprouvés, aussi sauvage que décevante aux yeux des Ailes Blanches ? Son idéal n’avait même pas existé dans ses rêves. Depuis, elle avait un petit peu lâché prise. C’était peut-être pour cela que c’était moins compliqué avec le Déchu. « Des créatures ? » Intriguée, elle jeta un regard autour d’eux, comme si elle avait soudainement été capable de voir ce qu’elle n’avait jamais vu. Elle savait que les espions de Kaahl rôdaient. Elle se moquait qu’ils entendissent ce qu’elle voulait dire à Adam, puisqu’elle avait aussi voulu le lui dire, avant sa perte de mémoire, à Vervallée. Loin de s’être accoutumée à leur présence, y penser l’agaçait continuellement. Elle s’était promis qu’un jour, elle s’en débarrasserait. Plus elle progressait sur le chemin qu’elle avait emprunté, plus ce jour se rapprochait.

L’Ange ramena son regard sur l’homme, puis sur leurs mains descendues vers la paille. Elles étaient accrochées l’une à l’autre et aucune ne semblait vouloir se défaire de cette étreinte. Comme animées d’une volonté propre, elles se complaisaient dans la chaleur de la paume de l’autre. Freyja tressaillit, avant de relever ses yeux verts vers ceux d’Adam, et d’écouter les mots qui sortaient d’entre ses lèvres. Ils étaient comme mille petites aiguilles venues pincer sa peau. Peu importait ce dont elle avait déjà connaissance ou ce dont elle se doutait. Se l’entendre dire ou répéter provoquait la même insupportable déception. Cette petite pointe de culpabilité suscitée par un manque de discernement pourtant parfaitement innocent. Elle ne savait pas, elle ne pouvait pas savoir ; ce n’était pas seulement parce qu’elle n’avait pas voulu voir et croire. Elle baissa à nouveau la tête et se concentra sur un nouveau brin de paille. L’autre avait déjà été réduit en miettes, sous ses mains. Son palpitant lui semblait être dans le même état. Elle avait envie de disparaître. De remonter le temps et d’écrire une autre histoire. Elle les avait trop idéalisés, et en le faisant, elle avait oublié quelle grande amitié liait l’idéalisation à la déception. C’était toujours comme ça. Elle jeta un regard en coin au Déchu. Lui aussi la décevrait sans doute. Les gens ne sont jamais ce que l’on voudrait qu’ils soient, parce que les images que l’on en a ne sont que des rêves de l’imagination. C’était pareil pour le peuple angélique. Elle s’en était forgé une représentation erronée. Désormais, elle vivait la chute qu’on lui avait si souvent promise. Elle n’y avait jamais songé de cette façon, mais finalement, c’était certainement plus douloureux qu’une histoire d’ailes devenues noires. Le vermeil se mit à cuire ses joues et elle serra les dents. Il avait raison : elle avait honte. Mais ce n’était pas tant une question d’être que d’appartenance.

Lorsqu’il s’interrompit, l’Aile d’Acier poussa un soupir, et laissa ses iris vagabonder sur l’alignement ajouré des lattes de bois qui formaient le mur en face d’elle. « C’était un peu plus que juste tes connaissances sur l’Agbara. » finit-elle par dire, avant de laisser planer un nouveau silence. Doucement, elle retira sa main de la sienne. Elle s’appuya sur ses bras, se redressa et s’assit en tailleur. Son regard revint se fixer sur lui, vibrant. « C’était une petite vengeance mesquine pour toutes les fois où je t’ai tenu tête ? » Muette, elle le scruta. Ses paroles l’avaient blessée. Elle les avait entendues comme mille accusations qu’il n’avait jamais pu formuler, ou jamais contre son oreille attentive. La jeune femme inspira et cala son menton dans sa paume, tenue par son coude plié sur son genou. « C’est réussi. J’ai encore plus honte d’appartenir au peuple angélique qu’avant de t’avoir posé ma question. » Malgré un ton neutre, ses prunelles brillaient des émotions qui la sabordaient. Elle avait toujours vécu entre deux mondes. Lorsqu’elle avait cru pouvoir se fondre dans l’un, sa vérité lui avait sauté au visage. Auprès d’Adam, elle avait l’impression qu’elle s’acharnait à lui lacérer la poitrine. « Tu as raison. On ferait mieux d’en parler une autre fois, loin des oreilles indiscrètes de tes mystérieuses « créatures ». Tu me diras peut-être un jour ce que c’est exactement ? » L’Ange s’agenouilla, prête à se relever, mais s’immobilisa. Elle regarda vers la porte. « Je ne suis pas sûre que ton ami vienne ce soir. »



Message VIII – 875 mots




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