Bellada trempa sa plume dans l'encrier puis se pencha sur son bureau pour rédiger sa missive.
Bellada a écrit:
Chère Kitoe,
Comment vous portez-vous ? J'espère que tout va bien par chez vous et que vos affaires tournent bien. En ce qui me concerne, je continue à cuisiner j'ai une pensée pour vous à chaque fois que je vois un crumble - une amie à moi m'a d'ailleurs fait goûter un crumble aux abricots et à la pêche, absolument succulent ! J'ai pu récupérer la recette et ai hâte de pouvoir vous y faire goûter. Vous m'en donnerez des nouvelles !
Avez-vous déjà entendu parler de la fameuse Galette des Neiges ? Il s'agit d'un événement très prisé par mon peuple, qui débouche chaque année sur un bal donné au palais royal. Cette année est particulière : c'est le première fois que l'on voit une alliance entre les mages blancs et les mages noirs. Une union étonnante mais de laquelle je ne peux que me réjouir. Quoi qu'il en soit, je compte m'y rendre avec le reste de ma famille. Je ne vous ai pas oublié et je vous doit encore un bal. Celui-ci n'est pas en votre honneur mais j'aimerais sincèrement pouvoir vous y retrouver. Pour cela, rien de plus simple : il vous suffira de trouver un partenaire de danse - un homme, car les sorciers ne tolèrent pas encore les couples du même sexe, mais à force de nous côtoyer, j'ai bon espoir que ces coutumes arriérées se mettent à changer ! Une fois votre partenaire dûment trouvé, il vous suffira de vous rendre sur Lagherta. Je sais que les tensions entre votre peuple et celui de l'Ultimage Noir ne sont pas encore tout à fait descendues mais beaucoup de magiciens s'y rendront, et votre identité sera préservée.
La danse est un élément important pour cet événement. Je vous ai déjà initié à la valse lors de notre dernière rencontre, mais les sorciers sont également coutumiers avec une danse appelée tango. C'est une nouveauté pour moi aussi. Mes amies et moi allons donc prendre des cours de danse à Vervallée. Ce serait me faire une grande joie que d'accepter de vous joindre à nous pour ces leçons. Nous pourrons également en profiter pour faire des emplettes pour parer nos tenues - mes petites-filles savent déjà quelles couleurs elles désirent porter, ne manque plus que la confection et les accessoires.
Avec toute mon affection, Bellada Ward.
La grand-mère relu les lignes qu'elle avait inscrit sur le parchemin puis glissa un second rouleau, officiel cette fois-ci, contenant les règles pour trouver son partenaire de danse. La mage espérait de tout cœur que la démone pourrait mais surtout accepterait se joindre à elle et ses amies. C'était une entente contre-nature, diraient certains, mais la vieillarde avait développé une tendresse à son encontre. Après tout, malgré sa race, Belladda n'avait jamais eu quoi que ce soit à reprocher à la Pécheresse. Cela lui suffisait pour décréter qu'elle avait droit à son amitié.
Le troupeau de femmes d'âge mûr s’agglutinait aux fenêtres tandis que leurs cavaliers bavassaient autour d'un verre de vin et d'un cigare. Le cours particulier auquel elles s'étaient inscrites n'avait pas encore commencé. Elles épiaient, depuis leur point d'observation, les scènes de la vie quotidienne, à la recherche d'un potin à pouvoir raconter à leurs amies qui n'avaient pas pu se libérer pour cette session. Bellada bavardait avec une de ses amies au sujet des épreuves qui avaient été données pour obtenir la main de telle ou telle personne. Les anecdotes s'accumulaient déjà : l'un avait provoqué un duel en hurlant à la triche lorsque la main de sa promise lui avait été refusée, un autre s'était retrouvé les pieds en l'air après avoir fait une chute de carrosse - heureusement, ses blessures avaient vite été prises en charge et il était de nouveau capable de danser - un malheureux n'avait trouvé personne pour participer à son épreuve, au contraire d'une telle qui avait du organiser son épreuve en plusieurs tours tant elle avait de prétendants. La grand-mère s'éventait distraitement tout en écoutant le rapport de sa voisine lorsque ses yeux se posèrent sur la silhouette de son invitée. Son sourire s'éclaira et, après s'être excusée auprès de son interlocutrice, elle se pencha par la fenêtre. « Kitoeeee ! Youhouu ! Oui, c'est par ici ! Montez - montez ! Nous vous attendions ! »
Kitoe ~ Démon ~ Niveau II ~ ◈ Parchemins usagés : 1948 ◈ YinYanisé(e) le : 09/11/2016
Jeu 15 Juil 2021, 21:50
Bellada & Kitoe
M'accorderiez-vous cette danse ?
Vervallée était très belle. L’architecture harmonieuse de ces maisons blanches et fleuries rendait la ville paisible et attachante. Sur son chemin, Kitoe se baissa pour gratouiller la tête d’un chat qui passait par là. Il faisait beau ce jour-là et elle aurait pu parier qu’il n’y pleuvait jamais tant une météo morne aurait gâché le charme de la cité telle qu’elle se la concevait. Mais bon. De toute façon, elle préférait Avalon. La capitale déchue était beaucoup plus vivante, abondante, diverse et pleine de surprises. De plus, au milieu de tous ces Mages Bleus, Kitoe n'était pas très à l'aise. Depuis son arrivée, elle n’avait pas dit un mot et avait mesuré ses comportements pour ne pas attirer l’attention. Elle ne fredonnait même pas. Lorsqu’elle arriva à l’adresse où la Magicienne lui avait donné rendez-vous, elle resta un instant bête. C’était une journée animée et au milieu des passants, Kitoe se sentait complètement perdue. L’enfant de dix ans dans sa tête y était pour quelque chose. Lia s’était incrustée, maniant ses faits et gestes avec elle. Elle aussi souhaitait retrouver la grand-mère, qui était autant une figure maternelle qu’amicale. Kitoe était plus modérée. Lors de leur dernière rencontre, son comportement avait profondément été influencé par la gamine. Avec le temps, en prenant du recul, elle avait discerné ses véritables sentiments envers la vieille dame. Elle l’aimait beaucoup, c’était certain. Mais pour ce qui était de tenir sa bienveillance dans un total respect, elle laissait plutôt cette caractéristique à Lia si celle-ci y tenait. Non, la Démone n’avait pas l’intention de lui faire du mal – en tous cas, pas explicitement – car elle imaginait que la Ward pourrait lui être utile un jour. Elle ne savait pas exactement quand ni comment, mais elle avait cette intuition. Pour une raison ou pour une autre, le lien qu’elles entretenaient lui paraissait précieux.
Alors qu’elle cherchait Bellada dans la foule de passants, ce fut finalement du ciel qu’on l’appela. Kitoe leva les yeux. Quand elle aperçut enfin son amie, elle ne put s'empêcher de sourire et lui répondit par un signe de la main. Vite, elle courut à l'intérieur pour la retrouver. En arrivant près d’elle, la Démone l'étreignit. Après avoir reçu sa lettre, elle lui avait renvoyé une réponse brève, souhaitant garder ce qu’elle avait à lui raconter pour le moment de leur rencontre. A vrai dire, elle avait surtout accepté l’invitation pour la revoir. Le bal intéressait surtout Lia ; Kitoe réfléchissait encore à y aller.
-Je suis contente de vous revoir. Dit-elle.
Elle l'était, vraiment. En sa présence, elle se sentit tout à coup mieux, plus en sûreté. Puisque la grand-mère était sûrement la seule à lui faire totalement confiance tout en connaissant sa nature, elle était la plus à même à la défendre et à la faire passer pour une gentille. La jeune femme s'assurait ainsi que nul ne la prendrait à parti facilement, ce qui voulait dire qu’il n'y aurait pas de morts. Et donc qu’elle n’aurait pas d’ennuis.
-Tenez, je vous ai apporté des muffins ! Ils sont aux framboises.
Et au sang. Mais bon, était-il si important de le préciser ? La couleur légèrement foncée de la pâte passait inaperçu. Elle n’en avait mis qu’assez peu pour commencer. La prochaine fois, elle lui ferait essayer le chocolat : comme les deux se mariaient bien, elle pouvait se lâcher davantage sur les doses.
-Je les ai préparés juste avant de partir ! Elle lui tendit son panier rempli des fameuses pâtisseries. Tenez, j’espère qu’ils vous plairont !
Elle se tourna ensuite pour se concentrer sur le reste de la salle, à laquelle elle n’avait toujours pas prêté attention.
-Ce sont vos amies ? Demanda-t-elle en désignant les autres vieilles dames d’un coup d’œil.
Le dos droit, les pieds joints, elle leur fit une salutation timide. Derrière leur groupe, une femme d’âge vénérable accompagnée d’un homme du même acabit frappèrent dans leurs mains pour attirer l’attention de tous.
-Mesdames et messieurs, bienvenue à ce cours de tango. Je suis Pénélope et voici pour m’accompagner Gustave. Choisissez votre partenaire de danse, nous allons commencer.
Tout à coup, Kitoe se sentit bête.
-Euh…
Elle n’avait pas pensé au partenaire, évidemment. Seule, les bras balans, elle regarda chacun et chacune s’associer par couple. Elle chercha de l’aide chez Bellada, salua Gilbel qui venait d’approcher, puis se tourna vers le reste de l’assemblée.
-Salut. Dit-elle lorsqu’on lui présenta celui qui s’appelait Friedrich.
Décidément, elle n’apprendrait à danser qu’avec les descendants Ward. Après l’avoir reluqué de la tête aux pieds et conclu qu’il était mignon, elle s’approcha du garçon. Elle imitait toujours la timidité, pour être certaine de n’effrayer personne.
-Bellada m’avait appris la valse la dernière fois, mais je ne sais même pas si je m’en souviens.
C’était vrai. Lorsque ça devenait trop codifié, c’était là où elle devenait la plus maladroite. En plus, sa mémoire n’était pas des plus remarquables. Son trouble de la personnalité l’obligeait souvent à apprendre plusieurs fois la même chose afin que chacune des identités l’assimile.
Bellada esquissa un sourire tout en tapotant le dos de la demoiselle. Si elle avait d'abord été surprise par l'étreinte, elle s'y était finalement prêtée avec joie. « Je suis ravie de vous revoir aussi ! Ça faisait un sacré bout de temps. » commenta la bavarde. « Valentine était très déçue de ne pas pouvoir venir vous voir. Elle attend avec impatience d'être au bal pour régler ça ! » confia-t-elle avant de laisser échapper un petit rire. La fillette partageait avec sa grand-mère une affection instinctive et profonde qui lui venait naturellement. Les quelques mots et pas de danse qu'elle avait échangé avec la démone avait suffit pour décréter qu'elles étaient devenues amies.
« Oh comme c'est gentil de votre part ! » s'extasia la grand-mère en voyant le panier rempli de petits gâteaux. « J'adore les framboises, vous avez tapé dans le mille, ma fille ! » avoua la dame tout en piochant dans le tas de gourmandises. Elle fit tourner la douceur entre ses doigts, appréciant sa forme. « Ils viennent de votre boulangerie ? » Depuis qu'elles en avaient parlé, Bellada avait hâte de pouvoir goûter les produits de la jeune démone. Dans sa crédulité et dans son obstination à ne vouloir voir que le Bien, elle ne se méfia pas une seule seconde et découpa un morceau du muffin qu'elle goûta. « Mmh... Ce n'est pas mauvais... » commenta la gourmande, marquant son approbation de quelques mouvements de tête. « Il y a un petit quelque chose... Je ne saurais dire quoi... Ma foi, ce sont les secrets du métier, n'est ce pas ? Votre ingrédient secret ! On ne révèle jamais les subtilités de ses recettes. » bavassa la commère avant de partir dans un grand rire. Bellada déposa le panier d'osier sur une petite table qui servait de buffet et invita ses camarades à se servir.
« Oui ! » confirma la Mage Bleue lorsque Kitoe lui demanda si la foule d'âge mûr constituait son groupe d'amies. « Je vous présente Simone, Cunégonde, Sylvie et Yvette. » commença l'aïeule. La liste continua jusqu'à ce qu'elle eu fait les présentation de toute sa troupe - une jolie ribambelle, qui braquèrent toutes leurs yeux sur la nouvelle et intrigante recrue de l'ancienne bibliothécaire.
« Ah, voilà que ça commence ! » s'extasia la magicienne lorsque le professeur frappa dans ses mains pour introduire la leçon. Sans grande surprise, Bellada se plaça au bras de Gilbel avant de se souvenir d'un détail d'importance : Kitoe n'était pas venue accompagnée. « Mais où avais-je la tête ? » se sermonna-t-elle à voix haute. Le sourire aux lèvres, elle alla chercher un mage discret, qui s'était contenté d'observer les interactions sans y prendre part depuis qu'il était arrivé. « Kitoe, je vous présente Friedrich, mon petit-fils ! » l'introduisit-elle. « Il est un peu timide. » murmura-t-elle derrière sa main, comme pour révéler un grand secret. « Mais c'est un excellent danseur ! » assura-t-elle. En tout cas, il était parvenu à maîtriser les base de la valse et n'écrasait plus les pieds de ses partenaire à chaque temps. Le Tango était toutefois un art nouveau et il devrait de nouveau apprendre à ne pas empiéter sur le territoire de sa partenaire. « Grand-mère ! » s'offusqua le jeune Mage, qui avait parfaitement entendu les confidences de son ancêtre. Cette dernière lâcha un rire coquin avant de s'éclipser pour retrouver son propre cavalier.
« Ils sont mignons, n'est ce pas ? » murmura Bellada à son époux tandis que l'instructeur commençait à parler avec passion de son art. « Peut-être pourrais-je essayer de convaincre notre amie d'organiser son épreuve ici même. Friedrich pourrait vouloir y participer. Ca le consolerait d'avoir été battu par Priam Belegad à l'épreuve de la comptesse Vaughan. » « Mmh, pourquoi pas... Peut-être que cette alliance pourra se révéler plus prometteuse qu'il n'y paraît de prime abord ? » concéda le vieux mage.
« Alors, comment avez-vous trouvé la leçon ? » s'enquit Bellada, retournant aux côtés de son invitée. « Maitrisez-vous les pas jusqu'au bout des souliers ? » demanda la grand-mère, un sourire amusé aux lèvres. Elle se dirigea vers le buffet et se servit un verre de limonade - elle en proposa un à sa camarade. « J'espère pouvoir vous voir danser sur la piste lors du bal... En parlant de ça, d'ailleurs : avez-vous déjà trouvé un partenaire ? » questionna-t-elle. « Je pourrais vous aider à organiser votre épreuve, si vous n'avez pas encore de cavalier. » proposa la quinquagénaire. « Il en va de même pour votre robe. Je suis en pleine confection de celles de ma famille. Je serais ravie de pouvoir vous aider avec la votre. »
Kitoe ~ Démon ~ Niveau II ~ ◈ Parchemins usagés : 1948 ◈ YinYanisé(e) le : 09/11/2016
Dim 15 Aoû 2021, 21:06
Bellada & Kitoe
M'accorderiez-vous cette danse ?
Le tango était assurément plus compliqué que ce qu'elle avait appris chez Bellada. Il requérait davantage d'agilité, de technique et de souplesse, et compte-tenu de sa maladresse légendaire lorsqu'il s'agissait de s'appliquer en-dehors de sa cuisine, on était loin d'une franche réussite. Même si le ridicule ne tuait pas, Kitoe était moins à l'aise qu'elle ne l'aurait souhaité. En plus, la timidité de son partenaire de danse la rendait plus réservée. Leurs enchaînements étaient ponctués d'excuses pour s'être trompé, ou des rires pour leurs étourderies – surtout les siennes. Ils discutaient assez peu, plutôt concentrés sur leurs propres pieds et leur posture. Le tout était très loin de ce que la Démone avait imaginé en venant ici, à savoir un cours joyeux et festif où elle passerait son temps à rigoler. Non. L'ambiance était bonne, mais l'on restait sérieux. Heureusement, Friedrich était un partenaire agréable.
-C'était super ! S'exclama-t-elle à Bellada, à l'issue de la séance.
Ils avaient terminé en enchainant les différentes techniques qui leur avaient été enseignées. Ça n'avait pas été fameux.
-Hm... de là à la maitriser à ce point, je ne sais pas. Mais je pense que je vais m'entrainer un peu chez moi pour revoir ce que nous avons appris aujourd'hui. Et ce que vous m'avez appris pour la valse aussi ! Enfin, votre petite fille.
Elle avait la chance d'avoir son propre Reflet chez elle pour réviser comme si se devait. La jeune femme accepta le verre de la grand-mère lui tendait. Son doigt se posa sur ses lèvres songeuses et elle regarda le plafond.
-Non... à vrai dire, j'ai à peine commencé à me questionner à ce sujet.
Elle n'avait pas d'épreuve en tête et avait accepté l'invitation de la vieille femme sur un coup de tête. Elle n'avait pas vraiment pensé à l'après.
-Si vous avez des idées, pourquoi pas, mais je pense que je vais trouver. Il paraît que j'ai beaucoup d'imagination, alors je ne me fais pas de souci.
Son esprit allait même au-delà de l'imaginable. Nul ne pourrait prétendre du contraire. Ils étaient rares à discerner ses intentions suffisamment tôt, encore plus à accepter sa manière de voir la vie. Son premier atout était qu'elle osait souvent l'indécence. Alors pour une adorable Magicienne comme Bellada, il était impensable que le souffle de l'idée ne lui effleure l'esprit.
-C'est vrai, vous faites des robes ? Elle joignit ses mains, des étincelles dans les yeux. J'adore les robes ! Ce serait trop chouette !
La proposition emballait Kitoe et Lia au plus haut point. La première perdit le contrôle.
-Je sais déjà comment je la veux, en plus ! Elle serait pleine de rubans roses ! Ou non, rouges ! Et il y en aurait là, là, là, là et là ! Dit-elle en désignant les emplacements sur sa propre tenue. Et il y aurait du brillant aussi ! Des paillettes dorées ! C'est possible ça ?
Elle adorait les paillettes. Ça faisait riche et magique et c'était trop beau ! Elle tournoya sur elle-même, imaginant tous les voiles de la tenue de ses rêves s'élever autour d'elle.
-Vous êtes trop gentille ! Je vous ramènerai plein de produits de la boulangerie en échange !
En plus, plus tôt, Bellada l'avait appelée "ma fille" et ça lui allait droit au cœur. La Magicienne avait le don de la faire fondre. C'aurait dû être elle, sa maman. Elles se seraient donné tellement d'amour et Kitoe aurait pu devenir aussi Gourmande qu'elle l'aurait souhaité sans subir des conséquences aussi dramatiques. Après, il fallait avouer que c'était aussi drôle de lui faire manger des êtres humains sans qu'elle ne le sache. En plus, Bellada avait bien aimé ses muffins ! C'était mignon et rigolo. Si seulement elle avait su, la grand-mère aurait sûrement été horrifiée, et Kitoe aurait perdu une grande amie... Mais ce n'était pas le cas, alors...
-Merci pour l'invitation ! Elle l'étreignit une nouvelle fois avec amour. Vous verrez, pour le bal je danserai à la perfection. Maintenant, elle avait vraiment hâte d’y être. Je dois y aller, du travail m’attend à la boutique. Vous ferez un bisou à Valentine de ma part ?
« Oh pas d'inquiétudes à avoir, ma fille. On vous trouvera une épreuve à la hauteur ! Et un cavalier qui vous conviendra à merveille. » Bellada esquissa un sourire malicieux et fixa Friedrich d'un air entendu. L'adolescent se trémoussa, mal à l'aise. Il avait parfaitement compris le sous entendu de son aïeule. Le souci, maintenant, était que la bienséance l'empêchait de fuir à toute allure pour aller se cacher. A défaut de pouvoir s'éclipser, il glissa un regard en direction de la démone, comme pour observer sa réaction. « Ca peut-être un concours de poésie, d'escrime, ou une course. Oh non, j'ai une meilleure idée ! Une partie de cache-cache dans un labyrinthe. Et le premier à pouvoir vous retrouver serait l'heureux élu. C'est romantique, vous ne trouvez pas ? Ce serait une rencontre prédestinée. Celui qui vous débusquerait en premier serait destiné à votre main... Ha, on dirait presque un conte de Fae. Et puis, j'ai une amie qui fait des merveilles ! C'est une architecte, et elle saurait vous fabriquer un labyrinthe en deux-temps trois-mouvements ! Elle les fait pousser elle-même. Et puis, si vous voulez corser un peu les choses, je suis certaine qu'elle accepterait de glisser quelques pièges. » La mage bleue s'imaginait quelques illusions inoffensives pour distraire les prétendants, là où la démone fantasmait sans doute des objets de tortures capable de blesser gravement voire de tuer les lâches indignes de son épreuve. « Ouh oui, j'imagine déjà. Ce serait très amusant. » s'emballa la vieille dame, sans se rendre compte que Kitoe ne partageait pas son entrain pour ses plans.
« Eh bien, dans ce cas, je m'en occupe ! » s'exclama la couturière. Ses mains commencèrent à s'agiter nerveusement : elle n'avait pas son mètre mesureur sur elle, afin de prendre les mensuration de son modèle... Ceci-dit, ce n'était pas bien grave. Faustine avait un gabarit similaire. Sans doute pourrait-elle s'appuyer sur sa petite-fille pour commencer la tenue. Et puis, ce serait l'occasion de visiter sa camarade, afin d'effectuer les retouches nécessaires. « Oh, quelle bonne idée... Vous avez raison, le rouge, c'est votre couleur. Ça vous irait bien au teint. » approuva madame Ward. « Et bien sûr ! Que serait une robe de bal sans rubans ou sans paillettes ! » renchérit-elle devant l'enthousiasme de la femme-enfant. « Eh bien, volontiers, ma fille. S'ils sont aussi délicieux que vos muffins à la framboise, vous pouvez m'en envoyer autant que vous le souhaitez ! »
« Oh d'accord. Je comprends. » fit la grand-mère, légèrement déçue à l'annonce de Kitoe. « Oui bien sûr, je lui passerai le bonjour de votre part. » fit-elle, retrouvant son sourire éclatant habituel. « Et pour la robe, je vous l'enverrai pour que vous puissiez l'essayer avant le bal, d'accord ? » fit-elle en raccompagnant la Vile. Sur le pas de la porte, elle lui donna une étreinte affectueuse avant de la laisser partir.
« Bien. Firedrich, il va falloir rajouter des paillettes dorées sur ton costume. » fit la grand-mère en retournant dans la salle de danse, où les couples rassemblaient leurs affaires pour prendre congé.
