Le Deal du moment : -45%
Pack Tablette tactile Samsung Galaxy Tab S9 FE + ...
Voir le deal
299.99 €

Partagez
 

 [Quête] - Traité sur la diplomatie et ce qui est à éviter | Èibhlin & Dorian

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
Aller à la page : Précédent  1, 2
AuteurMessage
Astriid
~ Ygdraë ~ Niveau II ~

~ Ygdraë ~ Niveau II ~
◈ Parchemins usagés : 2586
◈ YinYanisé(e) le : 03/04/2020
◈ Activité : Empoisonneuse
Astriid
Lun 06 Juin 2022, 22:44

[Quête] - Traité sur la diplomatie et ce qui est à éviter | Èibhlin & Dorian - Page 2 N2mt
Traité sur la diplomatie et ce qui est à éviter
Èibhlin & Dorian



Au départ, rien n'avait paru anormal. Non. C'était faux. Me réfugier dans la chambre royale s'était révélé d'une facilité déconcertante. Personne (et surtout, pas cette pimbêche aux longues oreilles) ne m'avais retenu. J'aurai pu me réjouir de cette liberté si je n'avais pas été si méfiant. Méfiant ? Non plus. La paranoïa qui s'accrochait habituellement à mes pensées glissait sur ma conscience altérée comme une savonnette sur une pente gelée. J'avais simplement noté factuellement que j'avais la paix et que, à cet instant, c'était tout ce qui comptait. La simplicité avait du bon, tout comme ces merveilleuses drogues qui illuminaient ma vie. Pouvoir jouir d'un néant psychotique était un luxe que j'avais trop peu goûté, mais cette erreur serait vite réparée. Jusqu'au retour de Selyne, j'allais en faire mon pain quotidien. Peut-être même que je pourrais oublier ma soif, oublier qui j'étais, me fondre dans l'irréel.

Un brusque hoquet m'éveilla en sursaut. Une odeur désagréable me montait jusqu'aux narines, mais pire que ça, c'était une douleur atroce qui meurtrissait mes chairs. Avec un cri étranglé, j'aperçus un sournois rayon de soleil caresser de son doigt doré la peau blafarde de mon avant-bras. J'arrachai le membre de la brûlante étreinte et roulai sur le côté du lit pour échapper à la lente mais mortelle progression de la clarté diurne sur la chambre. Erreur stratégique. J'étais plus près du bord que je ne l'avais cru à la base et je m'écrasai au sol en lâchant un flot d'injures. Des larmes dans les yeux, je serrai mon poignet de toutes mes forces comme s'il était possible que la pression puisse freiner la douleur de la peau carbonisée. « Bordel ! » Crachai-je en me recroquevillant sur moi-même. J'avais connu d'horribles réveils mais celui-ci venait de remporter la palme.

Une fois la douleur arrivée à un stade supportable, je me relevai et fis un immense détour pour arriver jusqu'aux rideaux et les tirer d'un coup sec. Avec le retour de l'obscurité rassurante dans la pièce, ma respiration s'apaisa et j'allai m'asseoir sur la chaise près d'une coiffeuse. Comme j'en avais désormais l'habitude, le miroir ne me renvoya que le reflet de la chambre, du lit aux draps défaits mais rien de mon visage chiffonné qui, déjà pâle, avait désormais une teinte maladive. Je ne pouvais en témoigner, mais la migraine qui martelait mes tempes le pouvait elle. Sur mon bras, la blessure s'étendait sur plusieurs centimètres comme une bouche aux lèvres de cendres. J'aperçus l'éclat morbide d'un os et détournai le regard, le cœur au bord des lèvres. Qu'est-ce que je pouvais être con. M'endormir en oubliant de vérifier si les rideaux étaient fermés. Ma stupidité aurait valu comme punition que j'en meure, aurait sûrement persiflé Selyne.

Décidant que je m'étais suffisamment morfondu, je me levais et m'avançais jusqu'à la porte pour l'ouvrir. La poignée s'abaissa mais la porte ne bougea pas d'un poil. Interloqué, j'essayais à nouveau avant de me lasser et de frapper quelques coups impatients contre le chambranle. Qui était l'imbécile qui avait enfermé son propre roi ? Je le savais que c'était trop beau pour être vrai cette histoire de souverain d'Issë. Après avoir frappé pendant de trop longues secondes, la voix d'une femme me parvint, hésitante. « Je suis sincèrement désolée, votre Majesté. Mais les ordres sont de ne pas vous ouvrir. » Quoi ?! Deux doigts vinrent me pincer l'arrête du nez. Je n'étais pas suffisamment sevré pour ces conneries. « Arrêtez avec vos fables et ouvrez-moi. C'est un ordre. » « Navrée, votre Majesté, ce sont les ordres de sa Grâce et... » « La ferme ! » Le silence se fit derrière la porte. « Si vous ne m'ouvrez pas immédiatement, c'est vous que je vais vider de son sang, et je ferai en sorte que ce soit le plus douloureux possible. » Le silence se prolongea à l'extérieur de la chambre et je frappai du plat de la paume sur le bois. « Merde ! » Cette horripilante Alfar allait payer.

Les heures passèrent, s'égrenèrent dans une boucle inlassablement longue. Si au début, la colère m'en rendit incapable, une fois calmé, je dormis plus que je n'avais jamais dormi. Autant profiter de la situation, non ? Il n'y avait rien à faire dans cette misérable chambre de toute façon. L'ennui valsait avec la frustration et je passais mes heures éveillé à réfléchir au moyen de me venger d'Èibhlin. C'était distrayant, à tel point que je finissais par rêver à nouveau du songe qui avait tant paru réel.

Une voix me tira de mes voyages oniriques et je me dressai subitement en la reconnaissant. Je fronçai les sourcils face à son sarcasme mais gardai le silence en attendant de voir ce qu'elle allait ajouter. Ouvrir la porte serait une erreur, elle devait le savoir, mais j'espérais qu'elle soit à moitié moins maligne qu'elle voulait bien le croire. À mesure qu'elle se complaisait dans sa propre suffisance, mon visage s'assombrissait, figé dans la détermination. C'était trop. J'allais lui faire regretter chaque mot. Oh que oui je savais ce que j'avais à faire, sauf que ce n'était pas ce qu'elle avait en tête. Le silence retomba dans la chambre et jamais la journée ne me parut aussi longue pour arriver jusqu'à son terme.

Une fois que la clarté spectrale de la lune pénétra dans la chambre, j'ouvris les fenêtres et m'avançai sur le balcon. Un regard en contrebas m'apprit que le saut était faisable mais que j'allais aussi devoir compter sur ma chance pour ne pas me briser une jambe. Maigrelet comme j'étais, je n'étais pas sûr de vouloir compter sur elle car alors, je serai condamné à rester prostré au sol à attendre la condamnation matinale si personne ne tombait sur moi pendant la nuit. Repoussant ce sombre avenir de mes pensées, j'enjambai la balustrade et lentement, me laissai pendre par les bras avant de lâcher prise en fermant les yeux et en priant fort Lubuska et tous les autres. Le sol se rua à ma rencontre brutalement et j'étouffai un grognement de douleur lorsque mon genou s'érafla sur le sol couvert de lianes et de roches. Entre ça et mon bras invalide, j'avais rarement été plus pathétique. Avec mille précautions je me redressai et exécutai quelques pas pour déterminer si rien n'était cassé. Constatant que je ne faisais que boîter légèrement, je longeai le château, ou ce qui s'en rapprochait le plus pour les autochtones, jusqu'à tomber sur une fenêtre laissée entrouverte. Un sourire cruel s'esquissa sur mes lèvres et je disparus à l'intérieur.

Trouver où elle dormait fut long mais la rage sourde qui m'animait m'invitait à me montrer patient. En un sens, c'était bien plus intéressant que de chasser le lapin dans les glaciales forêts de Fjörd. Silencieusement, j'entrai dans la pièce et repérai son lit sans efforts. Eclairée par l'astre nocturne, sa silhouette gracile marquait à peine la ligne des draps. Sans perdre davantage de temps, je m'approchai en quelques pas et recouvris brusquement sa bouche de la paume de ma main. Nos yeux se rencontrèrent et j'espérai qu'elle y lirait toute l'animosité luisant dans mes iris garance et que cette vision marquerait ses futurs cauchemars. Maintenant ma prise sur sa bouche pour l'empêcher d'appeler à l'aide, je grimpai à genoux sur le lit et entrepris de bloquer son corps avec le mien, à défaut de pouvoir user de mon autre bras. Je n'étais pas ce qu'on pouvait appeler un homme musclé, mais ce n'était pas cette brindille qui allait me faire bouger de mon assise. Un petit rire m'échappa. « J'ai très très envie de te tordre le cou, là tout de suite. Mais je suis magnanime, je vais te laisser l'opportunité de te défendre et de t'excuser. Je vais enlever ma main. Si tu hurles, je te tue. Simple, non ? Cligne des yeux si tu as compris. De toute façon, si tu ne le fais pas, je te tue quand même, alors ravale ta foutue fierté. » Je finis par déplacer ma main et encerclai sa gorge à la place. « J'ai quand même très envie de t'étrangler. Donne-moi une seule bonne raison de ne pas le faire. »

Message VIII | 1458 mots



[Quête] - Traité sur la diplomatie et ce qui est à éviter | Èibhlin & Dorian - Page 2 Iuvu
Revenir en haut Aller en bas
http://lesterresdesympan.forumactif.com/t37828-astriid-celwun-la
Jämiel Arcesi
~ Alfar ~ Niveau II ~

~ Alfar ~ Niveau II ~
◈ Parchemins usagés : 775
◈ YinYanisé(e) le : 01/03/2019
◈ Activité : Étudiant à plein temps ; Luthier en parallèle
Jämiel Arcesi
Ven 24 Juin 2022, 12:03


SHUWU par G xy
Traité sur la diplomatie et ce qui est à éviter

Rien. Ce fut tout ce qu'elle obtint : le silence en écho. Même pas une remarque sèche et pleine de cynisme. Une idée percuta alors son esprit. Et s'il avait réussi à s'enfuir ? Elle tourna sur elle pour faire une nouvelle fois face à la porte et tendit la main vers la poignée. Ce fut là, à une seconde de la tourner afin de vérifier cette idée, qu'elle se stoppa. Et si ce n'était pas le cas, qu'il l'ignorait seulement ? Elle lui offrirait une porte de sortie, porte qu'elle avait ordonnée ne pas créer. Tant pis, elle obtiendrait sa réponse dans la journée si elle devait le croiser, ce qui risquait fortement d'arriver s'il se baladait actuellement dans le palais. Une journée qui se déroula sereinement et sans accroc quelconque finalement. Elle avait tout d'abord échangé avec les conseillers sur le cas de Dorian. Aucun ne l'avait vu, ce qui la conforta dans sa deuxième hypothèse et qu'elle avait bien fait ne pas pénétrer la chambre. Elle les avait ensuite interrogée sur la forêt et ses résidents, avait décidée de visiter le reste de l'île, et commencée à discuter de l'avenir possible de ce territoire. Elle aurait aimé qu'Eldora soit présente. Elle était bien plus au courant des réalités politiques qu'elle qui y mettait tout juste les pieds. Seule Dothasi savait où elle se trouvait cependant. « Devons-nous libérer le Roi ? ». Èibhlin se tourna vers Bran à l'interrogation. « Non. Pas encore. ». Elle savait qu'il ne se mettrait jamais à genoux, encore moins si ce devait être pour s'excuser. Elle savait qu'il l'excuserait difficilement de son geste. Mais tout ce qu'elle voulait c'était qu'il arrête de se comporter comme un gosse. Ce n'était pas trop demandé, si ? « Comme il sierra à sa Majesté. ». L'Alfar perçue l'ennui dans la voix du conseiller. Il n'aimait pas cette situation, d'autant qu'on lui avait rapporté l'humeur massacrante avec laquelle avait été reçue l'une des domestiques. Aussi se questionnait-il sur l'efficacité d'un tel emprisonnement. « Dîtes-moi. Où se trouve Eldora ? » - « Elle est retournée de l'autre côté de l'île à méditer dans la forêt. » - « Je vois. » - « Vous êtes sûre que vous ne voulez pas qu'on la fasse revenir ? Ce n'est pas la place la moins dangereuse où elle se trouve. » - « Ne vous en faites pas pour elle. Elle est familière des monstres. ». C'était même peut-être pour ça qu'elle avait élue résidence là-bas. Probablement avait-elle perdue la connexion avec le sien de monstre. La Sarethi s'arrêta au milieu du couloir, face à une fenêtre. Le soleil s'écrasait sur la forêt en une boule brûlante hypnotique. « Je vais dans mes appartements. » déclara-t-elle avant tourner les talons et reprendre sa route. « Très bien. Bonne nuit, votre Majesté. ». Il ne reçu aucune réponse. Seulement le résonnement des pas de sa Souveraine sur le sol de pierre.

Assise devant la coiffeuse, Èibhlin passait lentement un peigne — en os d'elle ne savait quelle créature assurément — les libérant des quelques nœuds qu'elle avait pu se faire. Un instant elle suspendit son geste pour fixer son reflet avant exhaler un souffle. Peu importe ce qu'il pouvait en dire, elle n'aimait décemment pas cette couleur. Elle finit enfin de glisser le peigne sur ses mèches puis le reposa sur le meuble pour finalement se lever et se diriger vers la fenêtre ouverte sur le balcon. Appuyée sur la rambarde, elle plongea son regard dans les ténèbres de la forêt. Dans la nuit elle paraissait si proche. Elle avait le sentiment qu'il lui suffisait de tendre la main pour en effleurer les feuilles. Un frisson la saisit et elle se passa les bras autour d'elle pour se protéger du courant d'air avant refermer la fenêtre sur elle, revenant dans sa chambre à l'abri du froid. Puis, sans plus tarder, elle se blotti dans le creux de ses draps. Il ne lui fallu qu'un souffle pour sombrer dans le sommeil avec une sérénité dont elle avait oublié la paix qu'elle apportait.

Le réveil fut brutal et inattendu. D'abord ce fut les rayons lunaires qu'elle perçue, lui indiquant que le jour était encore loin. Ensuite ce fut le visage du Vampire au-dessus du sien. Ses iris brillaient dans la nuit d'un éclat de rage terrifiant. Vainement l'Alfar tenta se défaire de la prise qu'il effectuait, essayant appeler n'importe qui pouvant la sortir de sa situation. Sans succès, bien entendu. À chaque seconde qui passait son cœur battait un peu plus fort et un peu plus rapidement. Alors elle chercha à le repousser de ses mains appuyant et frappant son torse lorsqu'il eut le culot de la chevaucher et l'emprisonner plus encore. Tant bien que mal elle réprima des larmes de colère et d'effroi comme elle cessa s'agiter, comprenant qu'elle se débattait en pure perte. Enfin elle découvrit le bras inerte et décharné de son agresseur, ajoutant plus d'horreur encore à la situation dans laquelle elle se trouvait. Alors elle se contenta l'écouter, le cœur tambourinant à une cadence effroyable, tant qu'elle eût la sensation qu'il allait sortir de sa poitrine. Il lui fallut toutefois plusieurs secondes avant obéir à son injonction qu'elle pouvait, de toute façon, difficilement contester. Sa bouche enfin dégagée, elle s'enferma dans un lourd silence. N'avait-elle pas précisée que toute les sorties devaient être gardées ? Ce peuple était-il assez idiot pour oublier l'une d'elle ? À moins qu'il n'eût s'agît d'un imbécile qui ait eut la formidable idée de le libérer de sa cage ? Peu importait la cause de la présence du Vampire dans sa chambre, à ses yeux il avait tout fait pour qu'elle en vienne à ce qu'elle lui avait fait. Elle n'en déglutit pas moins à la menace soufflée. Alors elle tenta faire appel à sa magie, sans succès évidemment. La mâchoire serrée, son regard se baladait alors des différents coins de la pièce, à la recherche d'une réponse à lui offrir, au Vampire la surplombant toujours et maintenu à distance de ses mains sur son torse, qui se resserrèrent de l'agacement que lui procurait son incapacité à se défaire de son étau. Elle lui vint par une présence absente mais qui ne manquerait pas réagir si elle devait faillir au mentorat et à la surveillance à laquelle on l'avait assigné. « Eldora... » souffla-t-elle. Elle avala sa salive et entreprit de s'expliquer. « Ne crois pas que l'on m'aurait laissé agir librement et sans surveillance. Surtout lorsque l'on parle de régner sur un peuple. ». Une inspiration, puis elle continua. « Et si ce n'est elle, ce sera quelqu'un d'autre. ». Si elle l'affirmait, elle était moins sûre de ça. « Laisse les dieux seuls témoins de cette nuit. Ne t'aventures pas dans quelques actions qui pourraient être regrettable. ». Comme elle comme pour lui. Elle marqua un temps, celui pour jauger l'état du Vampire qui ne semblait pas s'améliorer, ce qui était loin de la rassurer car, s'il y avait un trait de sa race qui était connu, c'était l'appétence pour certains sangs en particulier. Hors, elle possédait l'un d'eux. Elle réunit alors toute la force dont elle était capable pour oublier ce détail et laisser place à d'autres songes que celui-ci. Il fallut quelques secondes encore pour qu'elle reprenne la parole, traversée par une curieuse pensée survenue trop spontanément pour qu'elle ait cherché à l'éveillée. « Tu ne trouves pas ça ridicule ? ». Le temps du souvenir, elle ne s'expliqua pas plus, détournant simplement le visage. « Il n'avait fallu que d'un masque. ». Le bal de Lagherta avait été une surprise pour ça et lui avait par la même fait entrevoir la possibilité d'une entente. « La magie de l'anonymat... » ria-t-elle doucement, l'appui qu'elle maintenait sur le corps du Vampire se relâchant légèrement. Elle avait conscience que sa situation ne prêtait pas à rire. Cependant elle considérait ce qui les liait avec trop de ridicule pour s'en inquiéter actuellement. Une nouvelle pensée la traversant, elle s'accrocha à nouveau aux iris embrasée de Dorian. « Nous sommes tout les deux fautifs, inutile de débattre sur ça. ». Alors qu'elle aurait pu simplement l'ignorer, tout son être se braquait à chacune de ses actions trop déplaisante. Elle se sentait dans l'obligation de le repousser dès qu'il se permettait trop de familiarité. Une fuite qu'elle n'arrivait pas tout à fait à comprendre. Ou qu'elle ne voulait pas comprendre. Comme si elle craignait le rapprochement. Les choses auraient pu être si simple pourtant. Une simplicité qu'elle enviait à certaines de ces races pleines d'insouciance. Rien n'était simple à Drosera. Rien n'était simple à Nementa Corum. Elle avait donc souhaité qu'Issë lui offre un peu de répit. Là encore rien ne s'était déroulé comme elle l'avait espéré, car rien n'était simple avec lui non plus. « Qu'est-ce que tu souhaites ? Qu'est-ce que tu souhaitais réellement en venant ici, sur cette île ? Si ma présence t'horripile au point de vouloir ma mort, pourquoi es-tu là ? Tu aurais dû te douter que je viendrai. Même si quelqu'un d'autre avait été à ta place, je serai venue. ». Une nouvelle boule de défiance se formait dans son estomac à mesure que les mots s'échappaient de sa bouche la menant à s'ancrer une nouvelle fois dans le regard du Vampire. « Tu prétends avec égoïsme que j'ai fais ce déplacement pour toi, pour te revoir. Et je l'admets, j'avais moins d'appréhension à savoir que le règne que j'étais sensée partager se ferait avec quelqu'un que je connaissais, même si c'était toi. Mais regarde notre situation et dis-moi quels avantages est-ce que j'aurai pu tirer de ta présence ? ».

Aucun.
:copyright: ASHLING POUR EPICODE




Post IX | Mots 1649 (je me suis autorisée à le faire enfin obéir, merci Neru 8D)
Revenir en haut Aller en bas
http://lesterresdesympan.forumactif.com/t36268-jamiel-arcesi#700
Dorian Lang
~ Vampire ~ Niveau III ~

~ Vampire ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 297
◈ YinYanisé(e) le : 22/08/2022
Dorian Lang
Ven 26 Aoû 2022, 13:26

[Quête] - Traité sur la diplomatie et ce qui est à éviter | Èibhlin & Dorian - Page 2 N2mt
Traité sur la diplomatie et ce qui est à éviter



J'avais surgi dans sa chambre avec le meurtre au bout des doigts et toutes les intentions du monde que ce ne soit ni rapide ni sans douleur. Je tenais à ma fierté et je n'aimais pas être traité comme un enfant par une péteuse maigrichonne qui se murait dans son déni. J'étais peut-être autant à blâmer lorsqu'il s'agissait de se voiler la face, mais malgré qu'elle m'intriguât, malgré que ma présence sur l'île ait été mue par son nom sur le parchemin plutôt que la promesse d'une couronne, malgré tout, je ne pouvais pas laisser passer certaines choses. C'était une lutte entre nos egos respectifs et je n'allais pas céder par galanterie.

Pour autant, ma volonté s'écornait comme les bords d'une feuille qui embrasse les flammes. Je n'oubliais pas mes intentions, simplement, ma motivation s'amenuisait lentement à son contact et je sentais déjà ma poigne sur elle se desserrer, mes muscles rechignant à se soumettre à mes projets. Était-ce l'absence de magie qui me rendait si faible ? Issë pouvait-elle me dérober mon inflexibilité ? Ou le problème venait d'Eibhlin. Ce devait forcément être ça. Son pouls battait follement contre la paume de ma main mais je n'en tirai pas la satisfaction prévue. C'était fade. Je préférais les sourires moqueurs qui s'accrochaient au coin de ses lèvres à la ligne de peur qui les amincissait.

« J'emmerde Eldora. » Lâchai-je froidement. « J'emmerde Eldora et tous les autres qui se mettraient en travers de mon chemin. » Plus ils s'y essaieraient et plus je m'acharnerai. À l'image de mes congénères, j'étais aussi tenace qu'une tique. Nous n'étions pas du type à nous détourner d'une proie, pas si facilement et les difficultés qui s'élevaient ne faisaient que pimenter la chasse. Il n'y avait aucun plaisir à obtenir une chose trop facilement.

La surprise souleva mes sourcils alors qu'elle réorientait la conversation sur le passé. Même si c'était une façon de chercher à calmer ma rage - qui fonctionnait, soit dit en passant - je n'oubliai pas mon objectif. Je laissai passer quelques secondes de silence durant lesquelles j'étudiai son visage blanchi par la lune, trop blanc pour sa race. En ressentait-elle de la honte ? Ça expliquerait son aigreur constante. Mais j'aimais cette teinte lunaire, elle était un rappel que nous n'étions peut-être pas si différents. « Qu'est-ce qui est ridicule ? Que nous soyons incapables de tenir une conversation sans s'écharper au bout de dix minutes et qu'on ne parvienne pas à s'entendre lorsqu'on connaît l'identité de l'autre ? » Je soufflai de rire. « Je mettrai un masque si ça peut t'aider à me supporter à l'avenir. Quel visage aimerais-tu imprimer sur mes traits ? Celui de l'Empereur Noir ? » Même si mes plaisanteries étaient de mauvais goût, je me trouvais drôle. Elle n'en rirait pas, mais elle ne riait jamais, sinon quand c'était elle qui se trouvait en position de supériorité. Bizarrement, ses sourires en cet instant avaient l'odeur du sel et je me demandais s'ils en avaient le goût aussi.

« J'aime que tu reconnaisses tes fautes. C'est un bon début. À force, ta personnalité finira par rejoindre ton apparence. » La flattai-je, toujours un brin provocateur, conscient que cela n'aiderait en rien à ce qu'elle me tolère davantage. C'était juste plus fort que moi. Et si elle ne pouvait se retenir de sauter à pieds joints dans chacun de mes pièges, nous entretuer serait l'unique porte de sortie. Puis soudain, une vanne sembla lâcher prise et je lâchai un grognement agacé. La main qui formait un collier sur sa gorge remonta sur sa mâchoire pour l'y enfermer et l'empêcher d'articuler davantage. Je la secouai légèrement comme on le ferait d'un animal dont on était mécontent du comportement. « Tu tu tu. Tu t'oublies. C'est moi qui pose les questions, tu te souviens ? » Mais ce jeu de domination qui me plaisait tant habituellement me donnait la nausée. Ma peau me brûlait là où je la touchais et sans que je le réalise, s'adoucit en une caresse sur le duvet de sa joue. Une fraction de seconde plus tard, je relâchai ma poigne sèchement et d'un seul geste, je m'écartai d'elle pour aller m'asseoir au bord du lit, dos à elle. Je ne comprenais pas. Les yeux perdus sur la vue offerte par la fenêtre, je me sentais las, vidé de toute envie. Voûté, je me passai ma main valide dans les cheveux avant d'y apposer ma tempe. « Je n'ai plus envie de jouer. » Ça n'avait rien de drôle. J'avais pensé me réjouir de la voir sans défense mais il n'en était rien. Je ne savais pas ce que je voulais. Je ne voulais pas savoir. « En venant ici, je pensais trouver des réponses. Je n'ai que faire de cette île, et je pense avoir tout fait pour le démontrer. À partir de ça, fais tes propres conclusions puisque tu es si maligne. » Sans doute le savait-elle déjà. Sans doute était-ce pour ça qu'elle ne supportait pas ma vue ou qu'elle se montrait si irascible. Elle savait mais ne comprenait pas. J'avais une mauvaise nouvelle pour elle, je ne comprenais pas plus qu'elle. « Tu ne parles que d'avantages, de raisons. Il n'y a pourtant rien de rationnel à ma présence. Elle n'est motivée que par toi, et je ne sais même pas pourquoi. » Un rire rauque venu du fond de mes poumons secoua mes épaules. « On croirait entendre un homme amoureux mais ne te fais pas d'illusions. Ce n'est pas ton cœur que je veux obtenir. »

Message IX | 993 mots

Revenir en haut Aller en bas
http://lesterresdesympan.forumactif.com/t39670-dorian-lang#75263
Jämiel Arcesi
~ Alfar ~ Niveau II ~

~ Alfar ~ Niveau II ~
◈ Parchemins usagés : 775
◈ YinYanisé(e) le : 01/03/2019
◈ Activité : Étudiant à plein temps ; Luthier en parallèle
Jämiel Arcesi
Mar 13 Sep 2022, 00:34

SHUWU par G xy
Traité sur la diplomatie et ce qui est à éviter

Trop tendue, trop crispée et trop effrayée, ce fut à peine si elle comprit l'insinuation derrière la raillerie. Il lui faudra quelques minutes supplémentaire pour que ça fasse sens. Ce ne fut pas cela qui l'atteint le plus tout de fois. Les yeux clos dès l'instant où les doigts du Vampire s'étaient fermés sur sa mâchoire, elle les rouvrit brusquement à la seconde où la menace devint caresse. C'était trop inattendu, trop invraisemblable. La situation n'exigeait pas que cela se passe ainsi. Alors elle ne bougea pas lorsqu'il s'écarta d'elle et ne bougea pas plus dans les minutes qui suivirent. L'œil ancré au plafond elle  cherchait une logique à la raison l'ayant si soudainement fait changer d'avis. Il n'y en avait pas. Elle se contenta ainsi l'écouter, muette, se redressant à mesure que les mots s'écoulait en un flot libérateur jusqu'à serrer ses genoux contre son menton et les enlacer de ses bras. Comme Dorian ponctua sa réponse d'un rire nerveux, elle glissa ses prunelles sur sa silhouette avant finalement revenir à la vision de ses pieds nus. Les oreilles rabattues, elle resta murée encore quelques minutes supplémentaires dans le silence une fois qu'il eût fini. « Les as-tu trouvé ? Tes réponses ? » précisa-t-elle sa pensée après s'être enfin décidée à rompre le silence. Si elle devait donner un avis, pas tout à fait dirait-elle. Entre ses doigts serrées, son vêtement se froissait un peu plus à chaque seconde écoulée, ancre de secours pour son esprit embrumé. En voilà une bonne. Le lui aurait-on demandé, jamais elle n'aurait fait la supposition, ni même la suggestion, l'hypothèse folle, une idée improbable, qu'un jour — ou plutôt qu'une nuit — viendrait le temps des confidences. Elle enfonça un peu plus son visage dans ses genoux, dissimulant l'esquisse d'un sourire vainement retenu tandis qu'elle se repassait les paroles s'étant échappé du Grincheux. C'était ridicule. Elle était heureuse qu'il les ait prononcé. Ça n'avait aucun sens. De toute façon elle commençait à croire qu'il valait mieux bannir l'idée que les choses se déroulent de façon sensées dès lors qu'il était présent à ses côtés. Elle ouvrit une première fois la bouche. Aucun son n'en sortit. Les mots restaient coincés dans sa gorge. Sa vie n'avait été ponctué que de mensonges et de mépris. La sincérité était une chose pour ainsi dire proscrite. Elle était cette faille exploitable par tous qui ne devait jamais voir le jour. Ainsi jamais elle ne l'avait vraiment été, sincère. « Tu n'aurais pas dû. ». En même temps qu'elle prononçait ces mots ses iris vinrent se perdre dans le vide. « Tu n'aurais pas dû venir. » se répéta-t-elle plus clairement. « Pas pour ça. ». C'était dangereux. Pour l'instant ça allait à peu près, certes. Elle n'était que Sarethi, au plus bas de la hiérarchie. Ce ne serait pas éternellement le cas. Et un jour elle épouserait l'Empereur Noir. Son œil se porta sur le diadème exposée sur la coiffeuse. Ce n'était pas un problème ici. Sur l'île, elle était plus puissante que l'Amarante. Que n'importe quel souverain. Qu'Elias Salvatore. Mais hors de ces Archipels, tout était bien différent.  « Est-ce que c'est pour ça ? Que tu t'es obstinés à rester. ». Ses pensées étaient décousues et allaient d'une réflexion à une autre en fonction des paroles qui s'incrémentaient dans le désordre dans son esprit. « Pour... Ces réponses. ». Pour elle. C'est ce qu'elle avait pensée avant être dans l'impossibilité de prononcer ces mots. Les énoncer à voix haute aurait été comme rendre concret quelque chose qu'elle s'acharnait à nier et repousser. C'était la crainte d'une réponse qui l'aurait anéanti plus qu'elle ne pouvait l'assumer. Son œil se tourna une nouvelle fois vers le Vampire. L'éclat de la lune dessinait avec une étonnante clarté sa silhouette comme le contre-jour la rendait plus ténébreuse. À présent il la terrifiait autant qu'il pouvait la troubler de ces sentiments contraire qu'il éveillait malgré elle. C'était étrange. Est-ce que chacune de leur rencontre se passerait ainsi ? Est-ce que chaque fois elle découvrirait une part plus enfouie encore de sa personnalité. Qu'adviendra-t-il alors de l'avenir ? Finirait-elle par le fuir non-plus pour les insupportables yoyos de son âme mais par la crainte de ses crocs ? Et pourtant... « Pourquoi ? ». Décidément, il lui était difficile de s'exprimer clairement du premier coup ce soir. « Pourquoi est-ce que... ». Elle ne trouvait pas les mots justes. Ce n'était pourtant pas compliqué. Mais c'était comme s'il avait vampirisé tout son vocabulaire. De façon inconsciente sa main trouva sa jugulaire intacte, par miracle. « Pourquoi t'es-tu arrêtée ? Pourquoi t'es-tu écarté ? ». Elle ne comprenait pas. Elle avait vu cette lueur dans son regard la veille. Elle l'avait vu encore une fois il y a quelques minutes de ça, plus intense. Elle s'était faite la certitude qu'importait ce qu'elle pouvait lui dire, cette fois elle n'arriverait pas à s'échapper. Alors quoi ? « Qu'est-ce qu'il s'est passé ? ». Elle n'était pas certaine de ce dont elle voulait parler via cette interrogation. La question touchait autant à ce qu'il venait de se passer et à l'étrange humeur de Dorian l'ayant poussé à y mettre un terme qu'à la raison les ayant menés à se croiser encore, et encore, et chaque fois avec une véhémence étrange.
:copyright: ASHLING POUR EPICODE




Post X | Mots 891 (je sais pas ce qu'il s'est passé ._.)
Revenir en haut Aller en bas
http://lesterresdesympan.forumactif.com/t36268-jamiel-arcesi#700
Dorian Lang
~ Vampire ~ Niveau III ~

~ Vampire ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 297
◈ YinYanisé(e) le : 22/08/2022
Dorian Lang
Dim 18 Sep 2022, 19:53

[Quête] - Traité sur la diplomatie et ce qui est à éviter | Èibhlin & Dorian - Page 2 N2mt
Traité sur la diplomatie et ce qui est à éviter



M'épancher était libérateur. Se débarrasser des faux-semblants, de ces masques conçus par nos égos respectifs était cathartique. Bien qu'étant une créature destinée à tromper les autres pour qu'ils me laissent traverser leur carapace comme du beurre, je m'en lassais rapidement, préférant la douceur de la simplicité et la saveur brute de la franchise. Mes confessions murmurées dans le noir m'allégeaient, même si j'en subirai forcément les conséquences car il était improbable, impensable qu'Èibhlin ne profitât pas de cette brèche que je lui laissais pour s'y engouffrer et contaminer cette offrande de paix par le poison de sa langue de vipère, en bonne représentante Alfar perfide qu'elle se plaisait à jouer.

Qu'importait. J'étais un imbécile, mais un imbécile conscient. Je savais depuis le début que ce qui faisait le plus mal n'était ni ses ronces ni ses menaces vaines, mais bien ses piques vénéneuses et ses œillades dégoûtées. Même si j'agissais comme si rien de tout cela ne m'affectais, il n'était jamais agréable de constater qu'on inspirait une telle répulsion. Chez certains, c'était plus difficile à accepter que chez d'autres. J'aurais été incapable de supporter cette vile lueur dans les prunelles cyan de Bae, mais je savais aussi que l'éphèbe ne porterait jamais un tel regard sur moi. Pour cette simple raison, je l'aimais, plus qu'il n'était possible de l'avouer, trop pour persister à le côtoyer ou à le localiser bien que j'en eusse les moyens. Je ne pouvais lui imposer ma présence sans altérer ce qui était beau en lui et risquer sa perte.

Sa question me fit sourire. Elle n'en menait pas plus large que moi. Peut-être même souffrait-elle aussi de la situation, piégée entre les feux contradictoires de ses sentiments. Dans mon égoïsme, j'avais toujours considéré mes désirs en premier sans vraiment m'interroger en profondeur sur les siens. Si je m'en remettais à l'apparence qu'elle m'opposait, je n'étais qu'une gêne particulièrement repoussante posée en plein milieu de son chemin. Je ne comprenais toujours pas son éclat de colère quelques jours plus tôt lors de notre promenade hors du palais. Je déposai mes lunettes sur mes cuisses pour frotter mes yeux, soudain las. « Est-ce que j'ai l'air d'un homme qui a trouvé les réponses ? Je suis encore plus perdu qu'auparavant. Il faut dire que tu ne facilites pas les choses. Encore là, maintenant, je n'arrive pas à deviner tes pensées. Enfin, c'est sûrement pour le mieux. » Conclu-je sombrement. Je n'avais pas envie d'une confirmation officielle qu'elle me haïssait et souhaitait me bannir de sa vie à tout jamais. Il y avait des limites à ce que ma fierté pouvait encaisser, des murs qui risquaient de se fissurer si je subissais à nouveau un rejet de sa part.

Je tressaillis sans répondre. Elle avait raison, et c'était d'autant plus blessant. J'étais heureux de ne pas l'avoir dans mon champ de vision, je ne me sentais pas d'affronter son air suffisant. Pourtant, le ton de sa voix n'était pas aussi incisif que ce à quoi elle m'avait habitué. Mes lunettes repositionnées sur mon nez, je me massai la nuque sans savoir quoi répliquer, sans le vouloir non plus. Le silence m'apparaissait bien confortable tout à coup. Après ces confessions, j'avais même envie de disparaître pour les effacer de nos mémoires respectives et revenir dans le schéma routinier et rassurant de nos joutes verbales. L'âme à nu, je frissonnai bien que le climat moite de l'île nous dispensa d'une fraîcheur nocturne qui aurait été bienvenue. L'île retenait la chaleur du jour sous les frondaisons épaisses des arbres, favorisant le développement de son écosystème surprenant qu'Èibhlin me détestât autant. Qu'y avait-il d'attrayant à me fréquenter ?

Je lui jetai un coup d'oeil surpris alors qu'elle reprenait. Si éloquente d'ordinaire, toujours à parler comme si elle présidait une assemblée en articulant soigneusement et en mesurant ses propos avec un soin tout politique, elle trébuchait sur ses mots avec une maladresse qui trahissait sa jeunesse. Mon regard descendit sur sa main qui réconfortait sa gorge avant de remonter sur l'améthyste troublée de ses prunelles. Je soufflai de rire. « On dirait presque que tu es déçue que je me sois arrêté. Aurai-je été aveugle à ton désir de mourir ? ». Remontant un genou sur le lit, je me déplaçai pour lui refaire face. Le sérieux de retour sur mes traits, je bougeai avec précaution en me gardant de paraître menaçant. Je n'avais plus envie de l'effrayer comme il y a quelques minutes. Ses hésitations me redonnaient confiance, et je m'y accrochai comme un condamné à mort s'accroche encore à un mince filet d'espoir que le jugement rendu soit revu en sa faveur.

« Je ne regrette pas d'être venu. Même si c'est une erreur, même si j'avais pu prédire ce qui allait se passer, je le ferai encore. » Je plongeai mes prunelles dans les siennes, fouillant en elles les fameuses réponses que nous cherchions en tâtonnant dans le noir. « Les choses auraient-elles été différentes si je n'avais pas été un Vampire ? Objectivement, que t'ai-je fait qui mérite un tel traitement ? Je veux bien t'accorder ne pas être la personne la plus agréable à vivre, mais depuis ce dîner, tu as décidé de me détester avant même que j'ouvre la bouche. Et depuis, ton opinion sur moi n'a fait qu'empirer. Je suis prêt à assumer ma part de culpabilité, mais uniquement si tu fais preuve d'honnêteté à ton tour. » Qu'importait comment je positionnais mes mains, je ne tirais que des fausses notes, comme si la partition était truquée depuis le départ. Avec une audace sûrement trop précoce, je rapprochai mon visage du sien et attrapai une mèche de ses cheveux, charbonneuse sur le blafard de mes doigts. Hypnotisé par le jeu d'apparitions et de disparitions de la mèche entre mes doigts, j'en profitai pour échapper à son regard et à ce qui s'y cachait, il était plus simple d'exposer mes pensées ainsi. Pour un monstre terrifiant qui hantait les cauchemars des plus sensibles, je souffrais de la peur comme le premier des lâches. « D'une certaine façon, je me nourris de cette haine, à défaut de ton sang. Elle m'obsède. J'essaie de la comprendre, de l'apaiser pour mieux la provoquer derrière car c'est la seule chose que je parviens à contrôler sur toi. Et si je ne peux avoir autre chose, si je n'existe à tes yeux que par son biais, alors elle me suffit. » J'expirai lourdement comme si un poids s'échappait de ma poitrine. Comme toute chose nouvelle sait générer une adrénaline, enivrant mélange d'angoisse et d'excitation, cette vulnérabilité était exaltante. Relâchant ses cheveux, je m'appuyais sur mes paumes pour garder mon torse vers l'avant, vers elle et son souffle effleurait mes joues par moments. J'étais lancé à pleine vitesse, droit vers un mur. Le pire que je risquais était de m'assommer dessus mais je me concentrais sur l'espoir de l'anéantir. Qu'avais-je réellement à perdre ? Je répondis à cette question à voix basse, les yeux fixés sur cette gorge que j'avais rêvé déchirer. « Parce que si je m'abaisse à ça avec toi, quelque chose se brisera. Et je ne sais pas je pourrai le réparer, même avec tous les pouvoirs du monde. » Je la lâchai des yeux pour scruter le reste de la chambre et rassembler la force de conclure. « Honnêtement, je suis à un stade où je me satisferais de faire ce que tu voudras. » Un sourire de petit garçon ornait le coin de ma bouche, espiègle et presque innocent. « Dans la mesure de mes capacités bien sûr. Il y a certaines choses qui me sont inaccessibles. » Peut-être pas tant innocent que ça finalement.

Message X | 1368 mots

Et bon courage Èibhlin [Quête] - Traité sur la diplomatie et ce qui est à éviter | Èibhlin & Dorian - Page 2 548649
Revenir en haut Aller en bas
http://lesterresdesympan.forumactif.com/t39670-dorian-lang#75263
Jämiel Arcesi
~ Alfar ~ Niveau II ~

~ Alfar ~ Niveau II ~
◈ Parchemins usagés : 775
◈ YinYanisé(e) le : 01/03/2019
◈ Activité : Étudiant à plein temps ; Luthier en parallèle
Jämiel Arcesi
Mar 20 Sep 2022, 22:23


SHUWU par G xy
Traité sur la diplomatie et ce qui est à éviter


Ses yeux se firent comme des soucoupes à la réponse que lui donna Dorian, et c'est d'un air indigné ainsi que d'un œil courroucé qu'elle protesta. Elle aurait pourtant dû se douter de la possibilité d'une répartie de ce genre. Mais à l'instant son esprit était trop embrumé pour faire ce genre d'hypothèse. Elle était bien trop dans l'immédiat et ne songeait ni à ce qu'il pourrait lui dire ni des conséquences qui pourraient en découler. Ce ne dura cependant que le temps qu'il lui fasse à nouveau face. « Qu– ». Plus la soirée avançait plus cet échange prenait une tournure que, même en tournant le problème dans tout les sens, jamais elle n'aurait eu à l'esprit, peut-être même jamais souhaité. Elle préférait le Dorian cynique, moqueur et négligeant. Celui qui lui tapait sur les nerfs en permanence. C'était bien plus simple avec lui. La vérité — cette vérité — faisait fléchir toutes ses croyances et ses a priori. Elle ne faisait pas partie de ces gens comme les roseaux qui plient mais ne brisent pas. Elle était l'arbre à côté, s'agrippant de toutes ses forces à ses racines pour ne pas finir emporté et brisé par la violence du vent d'hiver. Mais ces racines commençaient à craquer et sa résistance avec. « Qu'est-ce que tu as fais ? » répéta-t-elle dans un souffle à peine audible comme elle baissa le visage, sa chevelure devenant alors rempart entre elle et le monde. Ce qu'il avait fait. Il existait, tout simplement. Il existait et s'était insinué dans sa vie et avait décidé y apparaître de façon périodique. Mais si ce n'était que ça. Il avait réussi à éveiller son intérêt, elle-même ne sachant trop comment. Il faisait trembler son être comme le vent qui tourne fait vaciller le feu. Et pourtant jamais leur rencontre n'aurait dû avoir lieu. C'était une aberration. Son quotidien était rythmé par les Alfars et les Sorciers. Un Vampire n'aurait jamais dû être présent. Il n'y avait pas sa place. Voilà ce qu'il avait fait. Et voilà pourquoi elle le repoussait à chaque fois. Mais les dieux ne devaient pas être de son avis à constamment le placer sur son chemin. C'est le mouvement du matelas subissant les variations de poids qui sorti Èibhlin de ses réflexions, la poussant par la même à lever le nez. Elle aurait préféré y rester dans ses songes en constatant la nouvelle proximité qu'il avait initié. Ses yeux s'agrandirent tandis qu'un poing serra sa poitrine. C'est par sa main approchant qu'elle retrouva le confort de l'obscurité de ses paupières closes comme, instinctivement, elle eut un geste de recul, se recroquevillant telle une tortue sur elle même. Il ne se passa rien cependant. Rien de ce qu'elle avait encore une fois envisagée. Lentement elle rouvrit les yeux, glissant une œillade rapide sur la mèche emprisonnée avant retrouver le contact des iris carmin de son vis-à-vis. Il n'en fut pourtant rien, lui-même ne daignant plus lui adresser un regard. Peut-être était-ce mieux de cette façon. Elle s'attarda ainsi et avec plus de liberté sur chaque ligne dessinant son visage. Des lignes qu'elle ne lui avait encore jamais vu. La tension de ses muscles n'étaient pas la même que celle qu'elle pouvait habituellement constater. Les mots coulaient dans ses oreilles en un aveu étrange. Se satisfaire de sa haine ? Il fallait être fou, masochiste ou dans une détresse extrême pour en venir préférer se trouver sous le talon de l'autre. C'était tout du moins ce que lui imposait sa culture, ne jamais accepter la soumission comme un fait inaliénable.

Tout le long de sa tirade, jusqu'à la finalité de ses révélations, elle ne détacha pas un instant son regard du visage de Dorian. Ce fut à sa conclusion seulement qu'elle s'en détourna, plongée dans de profondes réflexions. Un voile de silence se posa ainsi dans la pièce. Ses songes valsaient au rythme de ses réflexions entre ce qu'elle voulait dire ou faire et ce qu'elle devait dire et faire ; entre ce qu'elle voulait admettre et ce qui l'empêchait d'être honnête. Croyait-il réellement rendre la situation plus simple à gérer en se comportant ainsi ? Pour lui peut-être était-ce le cas. Mais le monde était cruel et lui s'était montré particulièrement injuste à dévoiler le fond de ses pensées ainsi. Rien ne serait plus simple pour elle. Au contraire. Comme saisit d'un courant électrique, elle se faufila hors de la cage qu'il avait commencé à former sur elle de par ses bras l'encadrant et quitta ses draps pour s'éloigner de lui à pas rapide. Là, dos à lui, elle prit un temps pour mettre au clair ses idées. « Tu ne peux pas me dire ça... ». Elle prit une inspiration, rassemblant toute la volonté dont elle pouvait faire preuve, avant se tourner vers Dorian. « Ce ne sont pas des mots que l'on adresse à quelqu'un comme moi. ». À une Alfar. « Ce n'est... ». Croisant les bras, elle leva les yeux au plafond et s'humecta les lèvres, incapable de savoir tout à fait comment réagir ni quoi lui répondre. Si tant est qu'il y avait quelque chose à répondre. « Tu n'as pas le droit de faire ça, je... Ce n'est pas juste. » insista-t-elle avec un doigt accusateur. Le reproche enrobait ce que ses lèvres articulaient. Le poids dont il s'était peut-être libéré pesait sur ses épaules maintenant. C'était comme s'il lui avait offert un couteau pointé sur son cœur. Ne restait qu'à elle de décider si elle en faisait usage pour lui percer la poitrine ou non. Ou plutôt quand elle allait en faire usage. Ce qui lui paraissait une probabilité lui figurait à présent comme une évidence. Un jour viendra sa perte à penser et agir de cette façon. « Je croyais que c'était au Vampire d'avoir l'emprise sur les autres. Pas l'inverse. ». Ça lui aurait donné une justification valable à la raison pour laquelle elle appréciait sa présence. À présent la seule personne à qui elle pouvait en vouloir de cet attachement irrationnel c'était elle, ce qui lui rendait la chose d'autant plus insupportable. « Sors. ». À chaque nouvelle prise de parole elle sentait les trémolo incontrôlable de sa voix s'intensifier. « Je veux que tu sortes de cette chambre. » insista-t-elle avec toute l'autorité dont elle était capable dans son état. Il lui était impossible de tenir plus longtemps la conversation. Pas pour l'instant alors que les informations se bousculaient dans sa tête. Le regard fixé devant elle, elle resta debout et statique jusqu'à entendre la porte se refermer derrière elle. Lentement elle se détendit, profitant de ce nouveau silence pour apaiser son esprit. À pas lent elle alla trouver réconfort auprès du bouquet sur le chevet. Du bout des doigts elle en effleura les tiges avant remonter une main jusqu'à la fleur qu'elle amena à son visage pour en humer le parfum. Elle serait incapable de se rendormir. La colère, la rancœur et le désespoir brûlaient son âme. Une perle salée tomba sur un pétale sur lequel elle glissa pour se cacher entre les pistils de la plante.



Le petit jour se manifestait à peine, pourtant Èibhlin était déjà apprêtée. Comme elle l'avait supposé, elle ne put fermer l'œil. Machinalement elle passait le peigne dans sa chevelure, se ressassant pour la centième fois cette nuit. Stoïque, elle fixa son reflet dans la coiffeuse tandis qu'elle reposait la brosse. Elle avait prit une décision. Peut-être y en avait-il de meilleures. Elle ne les devinait pas. Et elle demeurait la plus simple à appliquer à ce jour. Elle quitta son assise et ouvrit la porte de la chambre. Le palais était encore calme. Quelques murmures pouvaient se faire entendre tout de même, écho des domestiques s'activant depuis une bonne heure déjà. À pas lent elle se mit en marche pour prendre la sortie de la bâtisse. À nouveau elle se confronta au silence. Seule les odeurs laissaient deviner que le village n'était plus tout à fait endormi. Une datura dansait sous l'effet du vent à quelques pas. Elle s'en approcha et caressa ses pétales en silence. Oui. Si c'était ce qu'il fallait, alors elle allait envelopper son cœur d'un tissu de pierre. Elle laisserait le poison de la couronne noire enduire son être. Elle se pinça les lèvres. Il lui pesait déjà dans la poitrine, son cœur.
:copyright: ASHLING POUR EPICODE




Post X | Mots 1403 (Ouaiiii, j'ai mis ma chansooon !! Mais je crois Eibhlin elle est cassée par contre)
Revenir en haut Aller en bas
http://lesterresdesympan.forumactif.com/t36268-jamiel-arcesi#700
Dorian Lang
~ Vampire ~ Niveau III ~

~ Vampire ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 297
◈ YinYanisé(e) le : 22/08/2022
Dorian Lang
Sam 24 Sep 2022, 10:18

[Quête] - Traité sur la diplomatie et ce qui est à éviter | Èibhlin & Dorian - Page 2 N2mt
Traité sur la diplomatie et ce qui est à éviter



Son trouble s'intensifiait, j'en étais conscient. Réduite à une poignée de mots difficilement croassés, sa façade de confiance avait volé en éclats. Mais ce n'était pas ce que je cherchais. Je voulais qu'elle eut le courage de me rencontrer à mi-chemin. Un goût d'amertume dans la bouche, je tentais de dissimuler ma déception en regardant ailleurs. Peut-être m'étais-je trompé ? Je n'étais même pas sûr de savoir ce que je voulais entendre. J'avais appris à me méfier de ce que je voulais. La dernière fois avait coûté la vie de ma femme et depuis, je tenais la bride serrée à mes désirs autres que ceux que ma condition imposait. J'avais peur de vouloir.

À mesure qu'elle s'éloignait, je m'assombris. Chaque pas de plus entre nous renforçait la forteresse que je rebâtissais en hâte autour de mon coeur et mes prunelles retrouvèrent leur habituelle lueur froide. « Tu dis ça comme si je n'avais pas d'emprise sur toi. » Ne lui avais-je pas démontré plus tôt qu'elle était à ma merci, avait-elle la mémoire si courte ? Et que je sois brûlé vif si je n'occupais pas à cet instant précis l'entièreté de ses pensées. Je haussai les épaules, désabusé. Si le déni lui était plus confortable, je n'allais pas lutter. J'en avais fait suffisamment. J'avais jeté ma fierté à ses pieds et elle avait reculé comme s'il s'agissait d'un nid de vipères. Me détestait-elle à ce point ?

Un sourire ironique plaqué sur mes lèvres, je ployai le buste dans une révérence. « Très bien. » Articulai-je d'une voix glacée. « Comme il plaira à sa Majesté. » Sa vue me faisait horreur et je ne lui accordai pas un regard en la dépassant pour empoigner la poignée de la porte. J'avais pris ma décision avant que la porte se refermât dans mon dos.

[Quête] - Traité sur la diplomatie et ce qui est à éviter | Èibhlin & Dorian - Page 2 Zktc

Au lieu de rejoindre ma chambre, je pris la direction des quartiers de nos conseillers. Il y avait longtemps maintenant que j'étais actif la nuit. Sans une once d'empathie, je réveillai les gardes devant leurs portes. « Dites aux conseillers de me rejoindre dans la salle des trônes. » Sans attendre de réponse, je marchai à grands pas jusqu'à la dite salle. De la célébration, il n'y avait plus la moindre trace. C'était une bonne chose, je les aurai arrachées personnellement. Je ne voulais plus rien voir qui me rappelât ce règne conjoint. Certaines choses n'étaient pas faites pour fonctionner.

C'est l'humeur aussi sombre que le ciel au dehors que j'accueilli Bran et Ophéclia. Je m'étais assis sur les marches menant jusqu'aux deux trônes, refusant d'occuper le siège pour lequel on m'avait couronné. Je perçus Ophéclia tiquer, à la fois devant ce message silencieux que je les forçai à recevoir, et à la vue de mes vêtements de roturiers, une simple chemise blanche froissée et un pantalon noir, le plus simple et confortable que j'avais pu trouver dans l'armoire. Eux-mêmes avaient mis un soin dans leurs vêtements bien qu'ils aient été tirés de leur sommeil. Ils étaient mal à l'aise, et à juste titre. En acceptant de suivre l'ordre d'Èibhlin, de m'enfermer, ils avaient pris parti. C'était une grave erreur pour des conseillers, et je n'étais pas d'humeur tolérante. Finalement, Bran rompit le silence, le dos raide et essayant de se rassurer par un ton digne et respectueux. « Vous vouliez nous voir, votre Majesté ? » Je ne répondis pas tout de suite. Habité d'une colère froide, ma mâchoire n'arrivait pas à se décrisper. Ophéclia fit une autre tentative. « Je suis heureuse de vous revoir. Le peuple va être rassuré de voir à nouveau le visage de leur souverain. Après le couronnement et l'union, ils étaient surpris de ne voir qu'Èibhlin se présenter ici. Je comprends que vous avez pu régler la querelle qui vous opposait ? » Au regard que je lui lançai, elle blêmit. « Essayez de ne pas faire de suppositions sur ce que vous ne comprenez pas Ophéclia. Malgré ce que j'essaie de vous dire depuis que j'ai posé le pied sur cette île, vous n'avez eu de cesse de l'ignorer. C'est une autre personne que vous avez couronné, un Roi que vous avez façonné à votre image, mais ce n'est pas moi, et je suis las d'essayer de me hisser jusqu'aux standards de chacun. » « Votre Altesse, jamais je n'ai- » « Taisez-vous. Je n'avais pas terminé et vous allez m'écouter pour une fois. Vous allez préparer une déclaration pour le peuple, leur expliquant que leur Roi a des affaires qui le retiennent ailleurs pour une durée indéterminée. Ou dites-leur que je suis mort. Je n'ai aucune envie de revenir. » Je tournai mon regard sur Bran. « Apprêtez un navire pour un départ dans la journée qui arrive. » Selyne devait me récupérer d'ici plusieurs jours mais je n'allais pas l'attendre sagement. Je regrettai juste de ne pas pouvoir voir son expression lorsqu'elle accosterait et qu'on lui annoncerait que je n'étais plus sur Issë. « Ne dites rien à la reine. J'en fais mon affaire. C'est tout. » Conclu-je d'un ton qui ne souffrait pas qu'ils élèvent la moindre objection.

[Quête] - Traité sur la diplomatie et ce qui est à éviter | Èibhlin & Dorian - Page 2 Zktc

Une cape m'enveloppait entièrement, me protégeant des rayons qui oseraient percer à travers le ciel végétal de la forêt. J'avais passé le reste de la nuit à ruminer sombrement et le jour s'était levé sans que l'envie de dormir ne vienne me tenter. La tension ne quittait pas mes doigts qui ne cessaient de se crisper en un poing. J'avais hanté les couloirs, refusant de retourner à ma chambre qui me dégoûtait après y avoir passé autant de temps enfermé. Je découvrais pour la première fois mon palais mais je ne ressentais rien. C'était une coquille aussi creuse et vaine que mon cœur. Cette royauté n'était qu'un autre cadeau empoisonné, comme lorsque Laysa m'avait vanté une vie meilleure en devenant Vampire. Au petit matin, j'avais happé un domestique pour qu'il m'indique la position d'Èibhlin.

Dos à moi, l'Alfar était perdue dans ses pensées. Le visage taillé dans le marbre, je me manifestai en restant à bonne distance. « Èibhlin. » Dès qu'elle pivota, je luttai pour ne pas baisser les yeux. Le bras de fer invisible était de retour entre nous, mais je n'avais pas envie de jouer. Il n'y avait rien à gagner. « ... » Je découvrais qu'il n'y avait plus grand chose à dire. Les banalités n'avaient jamais été mon fort et je n'essayai même pas de m'aventurer sur ce terrain. « Je pars. » Refusant de voir le soulagement détendre son expression, je détournai le premier le regard pour m'approcher d'un massif. Le sol aux pieds des fleur était tapissé de ronces. Je fronçai les sourcils et m'en éloignai. « Je te souhaite bonne chance ici, et aux côtés de l'Empereur Noir. » Elle n'était pas prête pour la Dévoreuse. Si elle n'arrivait pas à me gérer moi, un pitoyable suceur de sang, elle n'avait aucune chance face au Salvatore. Les Sorciers n'étaient pas tendres de nature, et leur souverain l'était encore moins. Quant à cette île... Peut-être arriverait-elle à quelque chose ici, mais ses responsabilités la forceraient à la quitter. Et pourquoi devais-je m'inquiéter de son avenir ? Je n'y avais pas ma place.

Message XI | 1286 mots
Il fait son miskine.
Revenir en haut Aller en bas
http://lesterresdesympan.forumactif.com/t39670-dorian-lang#75263
Jämiel Arcesi
~ Alfar ~ Niveau II ~

~ Alfar ~ Niveau II ~
◈ Parchemins usagés : 775
◈ YinYanisé(e) le : 01/03/2019
◈ Activité : Étudiant à plein temps ; Luthier en parallèle
Jämiel Arcesi
Sam 01 Oct 2022, 15:57

SHUWU par G xy
Traité sur la diplomatie et ce qui est à éviter

Les pensées s'enchaînaient dans sa tête sans se bousculer pour autant. Peut-être que si. Probablement. S'il n'avait pas d'emprise, elle n'en serait probablement pas là aujourd'hui avec lui, oui. Et pourtant cette attitude ne devait-elle pas être à sens unique ? Il ne pouvait y avoir d'ascendance respective. Ce n'était qu'un dominant et un dominé. Peut-être était-ce finalement ce qui les empêchait d'échanger simplement. À moins que la faute ne revienne qu'à leurs essences respectives. L'un cherchait l'ascendant, l'autre refusait la soumission. C'était une possibilité. Oui. L'ignorer devait être le meilleur moyen de se sauver. De le sauver. L'image de la Coupe des Nations s'imposa à elle. Ça avait été la première fois qu'elle avait dû s'enfoncer dans des ténèbres plus profondes que celle de la forêt. Elle s'était difficilement remise de cet acte. Aujourd'hui encore lorsqu'elle y repensait il lui arrivait de frissonner comme au premier jour. Le sentiment de l'échec prémédité suivait. Puis celui de l'imposture. En poussant la réflexion, elle ne pouvait que se dire que sa vie se déroulait plutôt bien avant cet événement. Elle devait accepter que ce ne serait plus jamais le cas. On la haïrait chez les Sorciers pour ce qu'elle était. On la haïrait chez les Alfars pour la même raison. Le monde la haïssait par sa simple appartenance raciale. Elle s'y était faite à tout ça. L'accepter rendait de toute façon les choses plus aisées. Nager à contre-courant peut parfois s'avérer pleinement inutile, et c'était exactement le cas ici. Puis soudain un galet était venu troubler l'onde déjà agitée de son esprit. Une singularité qui ne la dépréciait pas, contrairement à ce qu'elle avait imaginé. Ça lui était terrifiant. Il s'écoula ainsi une seconde avant qu'elle ne fasse face à Dorian en entendant sa voix et son nom sortir froidement de sa bouche. Oublier, oui. C'était la meilleure des solutions.

Dans le silence elle put constater l'état d'esprit qui semblait habiter le Vampire et la tension qu'il dégageait dans son attitude, si différente de ce qu'elle avait observé cette nuit. Elle avait l'impression que c'était une autre personne qui lui faisait face. Quoique. Elle ne l'avait toujours vu qu'ainsi. C'était sous les rayons de cette lune qu'il s'était montré sous un jour qu'elle ne lui connaissait pas.  « Oui ? » brisa-t-elle à son tour le silence qui venait de s'installer en une incitation à ce qu'il développât son fil de pensée. L'affirmation qu'il lui jetât alourdie un peu plus ce cœur qu'elle s'essayait à emmurer. N'aurait-elle pas dû être ravie après deux jours à se battre pour qu'il quitte les lieux, avec ou sans couronnes ? La Sarethi leva les yeux vers les nues. « Très bien. » souffla-t-elle dans une fausse neutralité, ne reportant son attention sur son vis-à-vis qu'à la mention d'Elias. Ce n'était pas la première fois qu'il l'évoquait sur ce ton acerbe. « Prends garde quand tu prononces certains noms. Ce n'est peut-être pas le cas ici — pas encore — mais les murs sont truffés d'oreilles. » prévint-elle avec plus de sérieux. « Fais-toi correctement soigner ce bras avant de prendre la mer, sauf si ça ne te gêne pas de souffrir le martyre. » ajouta-t-elle après une courte pause et avant qu'il ne soit trop loin pour l'entendre. Elle regretta immédiatement cette affabilité et fit une nouvelle fois dos au brun pour cacher ses airs contrits. Alors elle s'éloigna sans un mot de plus, faisant un large détour par le village avant retrouver le palais particulièrement calme pour l'heure qu'il était. « Majesté– » - « Est-il parti ? » coupa-t-elle Bran avant qu'il n'articule quoi que ce soit d'autre. Ce dernier comprit rapidement à qui sa Reine faisait référence. « Oui. Il est accompagné d'Ophéclia et de quelques gents le temps de traverser la forêt. » -  « Je vois.». Sur ces simples mots, Èibhlin s'éloigna du conseiller qui ne put camoufler la surprise devant cette réaction, aussi la rattrapa-t-il à pas vif. « Permettez que je vous pose une question Majesté ? » -  « Hum ? ». Bran prit un léger temps pour formuler son interrogation, légèrement perdu par la réaction mutuelle de ses souverains. À l'évidence il y avait un épisode qu'ils avaient manqué avec Ophéclia, plus important qu'il n'y paraissait. « Pourquoi ne pas avoir retenu le Roi ? » - « Pourquoi l'aurais-je retenu ? » répliqua Èibhlin sans une once d'hésitation, laissant bouche bée son conseiller qui s'arrêtât au milieu du couloir. Constatant cela, la clone s'arrêta à son tour pour se tourner vers Bran.  « J'ai essayé. Vous avez essayé avec Ophéclia. Par la diplomatie, par la force. ». Elle marqua un temps, celui pour que son vis-à-vis prenne conscience du temps donné à leur Roi pour un résultat médiocre. « On ne change pas la nature d'un être si facilement. Peut-on lui donner un autre nom, une rose demeurera une rose et son parfum n'en sera pas changé. ». Elle avait des ambitions qui n'étaient pas les siennes. Son avenir est déjà tout tracé, à l'inverse de Dorian. « Il y a bien un point commun que nous partageons : tous deux sommes des créatures de l'ombre qui puisent la vie d'autrui pour vivre et survivre. ». À la différence que les Alfars ne pouvaient s'offrir le luxe de laisser leurs victimes vivantes.  « Vous croyez que l'on peut s'entendre en partageant tel point commun ? ». C'était comme demander à deux lions de partager un même territoire : arrivera un moment où ils s'écharperont pour être seul maître des lieux et de ceux s'y trouvant. Sans attendre la réponse du conseiller, la Sarethi s'éloigna à nouveau dans le silence.
:copyright: ASHLING POUR EPICODE




Post XII | Mots 949
Revenir en haut Aller en bas
http://lesterresdesympan.forumactif.com/t36268-jamiel-arcesi#700
Dorian Lang
~ Vampire ~ Niveau III ~

~ Vampire ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 297
◈ YinYanisé(e) le : 22/08/2022
Dorian Lang
Dim 09 Oct 2022, 08:56

[Quête] - Traité sur la diplomatie et ce qui est à éviter | Èibhlin & Dorian - Page 2 N2mt
Traité sur la diplomatie et ce qui est à éviter



Un échange court et gêné. Doublé d'une couche de froideur, et vous reprendrez bien une dose supplémentaire de distance ? Elle n'avait même pas la décence de paraître satisfaite de mon départ. Cette garce ne m'accorderait donc rien. J'eus à nouveau envie de lui tordre le cou pour lui faire payer toutes ces frustrations. Au moins, une fois morte, elle aurait une bonne excuse pour paraître indifférente.

Voilà où nous en étions réduits. Tels étaient les résultats de mes efforts, je songeais sans me questionner sur l'ampleur de ma mauvaise foi. Il était vrai que j'avais dépensé toute mon énergie à froisser son Altesse au lieu de rendre la situation plus facile pour nous deux, mais je préférai ignorer cette part immature de moi-même pour porter tout le blâme sur l'Alfar. Tel un gamin capricieux, je cultivais mon humiliation en l'agrémentant de tous les maux, ceux qu'elle m'avait déjà jetés à la tête, mais aussi ceux qui n'étaient restés que des reproches silencieux. Je nageais allègrement dans cette eau toxique en regrettant de ne pouvoir m'y désagréger pour ne plus y penser.

Était-ce par optimisme de briser la glace entre nous ou par pessimisme, convaincu que son opinion ne bougerait pas d'un iota, que j'avais agis ainsi tout du long ? Au final, mes actions n'étaient pas plus cohérentes que ses réactions. Issë était bien mal lotie avec des souverains aussi instables. Rien n'avait de sens mais tout m'était douloureux et pesant. Les actes d'Èibhlin demeuraient nébuleux, son comportement celui d'une étrangère, à croire que j'avais rêvé ces derniers jours. Mais je savais d'où provenait mon trouble. Je confondais ce que nous avions partagé en rêve avec la réalité, et j'avais cru pouvoir retrouver aussi cette entente lors du bal. Désormais, je ne savais même plus si je lui faisais peur ou si elle m'exécrait. Sûrement un charmant mélange des deux.

L'éloignement était l'unique solution. Définitive. Il me fallait la chasser de mes pensées et de ma vie en priant pour qu'elle ne réapparaisse pas dans mes rêves. En tant que future femme de l'Empereur Noir, il était de toute façon de mauvais ton de m'amuser avec elle. Je ne l'avais pas touchée, mais être innocent ne sauvait pas de l'oeil du Vautour quand celui-ci tournait sa pupille sur sa proie et délivrait sa sentence. Elle avait raison, mais il me déplaisait qu'elle me sermonne à ce sujet avec un tel ton. Sa condescendance n'était qu'une nouvelle marque faite au fer rouge sur un égo déjà défiguré.

Une grimace dédaigneuse paracheva son laïus. Se sentait-elle obligée d'en rajouter une couche ? Un bref agacement traversa mes traits. J'étais à un stade où tout ce qui pouvait sortir de sa bouche me contrariait, où chaque mot était un poignard plaqué sur ma gorge pour me saigner. Jusqu'à la dernière minute, elle réussissait à me porter sur les nerfs. « Quelle sollicitude. C'est trop aimable. Tu m'avais caché ce côté mignon, c'est nouveau, tu as quelque chose à me demander peut-être ? Une requête avant que je parte ? Ou bien tu peaufines tes talents de comédienne pour abuser ton futur mari ? Je ne crois pas qu'il sera plus dupe que moi. » Je me renfrognai, mon visage à l'opposé du sarcasme que je relâchais et poursuivis d'une voix qui contenait mal une fureur glacée. « Et puisqu'on en est à se donner des conseils, garde tes minauderies et tes mises en garde pour quelqu'un que ça intéressera. Je m'en suis passé jusqu'à présent et je pense pouvoir continuer à survivre sans. J'ignore ce que tu cherches à faire, mais je crois que c'est mieux quand tu la fermes. Ça nous évitera à tous les deux des déconvenues et ce sera une bonne résolution pour ta vie à Amestris car je ne crois pas que tes prises de parole inconsidérées soit bien accueillies par ton futur peuple. » J'inspirai à la fin de ma tirade. Je m'étais emporté et je le regrettais. Je lui avais accordé suffisamment d'attention, trop à mon goût. Mes sourcils se rejoignirent et j'exhalai un grognement. Jugeant que suffisamment avait été dit, je lui tournai le dos dans un mot de plus. Drapé dans ma rancœur, je rejoignis le petit groupe qui devait m'accompagner jusqu'à la plage pour retrouver le bateau que j'avais exigé plus tôt.

Plus tard, alors que nous nous éloignions de l'archipel, je profitais du retour de la magie dans l'air pour rejoindre ma cabine. Je n'avais qu'une envie, mettre le plus de distance possible entre nous et je désirais me changer les idées. J'enfonçai la clé qui répondrait à mes désirs dans la serrure et lorsque la porte s'ouvrit, ce fut sur une île balayée par un vent violent. Sans hésitation, je m'y engageai, trop heureux de me donner autre chose à ruminer que cette Alfar de malheur.

Message XII | 745 mots
Revenir en haut Aller en bas
http://lesterresdesympan.forumactif.com/t39670-dorian-lang#75263
Contenu sponsorisé


Revenir en haut Aller en bas
 

[Quête] - Traité sur la diplomatie et ce qui est à éviter | Èibhlin & Dorian

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 2 sur 2Aller à la page : Précédent  1, 2

 Sujets similaires

-
» [Quête] - Le charme dangereux des anémones de mer | Èibhlin
» [Quête] Indomptables [Pv Dorian]
» [Quête] - La Fertilité | Thessalia & Dorian
» | Èibhlin Mèinn |
» [Q] - Médiation à but lucratif | Èibhlin
Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Les Terres de Sympan :: Zone RP - Mers :: Mers - Est :: Mer d'Ostëra :: Maggie-