Les multiples expériences - pas toujours concluantes - de Sympan

Musique

« Vous êtes sûre ? » La jeune femme sourit. « Vous ne me croyez pas ? » « Si si… C’est juste qu’il fait sombre dans cette caverne… » « Allons. Un grand garçon comme vous ne devrait pas avoir peur. » « La peur est un processus de survie ! » récita Sympan, en s’étonnant lui-même d’avoir été si attentif à son dernier cours de psychologie. « Je t’effraie ? » demanda-t-elle, en se rapprochant de lui. Elle posa une main sur son épaule. « Allons, mon tout beau, ne sois pas si tendu. » Elle se pencha lentement vers lui et effleura ses lèvres des siennes avant de se retirer. « Viens. Suis-moi, au fond de ma grotte. » Il ne comprit pas le sous-entendu mais il se sentait étrangement hypnotisé par cette femme. Les tissus de sa robe rouge moulaient ses formes à la perfection et s’envolaient légèrement avec le vent. Comment est-ce qu’il s’était retrouvé là ? Il n’en avait aucune idée. C’était flou dans son esprit, bien qu’il sût avec certitude qu’elle l’avait entendu parler du fait qu’il désirait faire de nouvelles expériences. Elle lui en avait proposé une, en ancrant ses grands yeux envoûtants dans les siens. Elle avait souri et, à partir de cet instant, il l’avait suivi, oubliant le chemin, oubliant la téléportation. Sa voix l’attirait, ses lèvres l’appelaient, ses yeux le précipitaient dans les abysses. Elle n’était pourtant pas une Sirène. Elle était autre chose, une Créature de la Nuit, une charmante petite Suceuse de Sang. Et lui n’y voyait que du feu. Il se sentait à elle. Sans l’aspect peu rassurant de la caverne, il n’aurait omis aucune objection.

Lorsqu’ils furent suffisamment enfoncés entre les parois glacées, elle se retourna vers lui. Ses lèvres s’entrouvrirent et, doucement, ses canines s’allongèrent. Sym eut envie de les étudier, de les toucher. Elle dut le sentir car un sourire apparut sur ses traits. « Viens, mon petit explorateur. » chuchota-t-elle. Elle ne le vouvoyait déjà plus. Il obéit, hors de lui-même. Elle était son unique centre d’intérêt, son Tout, son Monde. « Touche-les si tu le désires. » Oui, il le désirait. Il avança son index vers les dents et les effleura doucement jusqu’à la pointe. Une goutte de sang perla sous la légère pression que la jeune femme y mit. « Ne t’inquiète pas, tu ne sentiras rien, mon chéri. » Elle lui caressa les cheveux, comme une mère aurait pris soin de son fils. « Vous allez me manger ? » demanda-t-il. « Oh non, je n’en suis qu’à l’entrée avec toi. Je ferai durer notre collaboration. Je veux simplement te goûter, mon ange. » Il ne comprenait pas pourquoi elle l’affublait de surnoms mais ça ne lui déplaisait pas. Il la laissa le mordre.

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Les multiples expériences - pas toujours concluantes - de Sympan

Musique

Sympan était dans son hamac. Il avait un bandage autour du cou et était privé de sortie. Il posa son livre sur son torse et soupira. Il n’avait pas de vêtement et zonait, totalement nu, dans la toile. Ce qu’il lisait n’avait rien d’une revue scientifique. C’était un roman, plutôt sombre, où ce qui pouvait s’apparenter à un mixe entre l’Empereur Noir et le Monarque Démoniaque s’amusait à tuer les individus qu’il croisait pour remplir son armée de morts-vivants. Il venait juste de terminer une phrase et ses yeux se perdirent dans le vide. Il réfléchissait, imaginait. Il était bien obligé, puisque ses parents ne voulaient plus qu’il sortît jusqu’à nouvel ordre. Il ne se rappelait plus vraiment ce qu’il s’était passé dans cette caverne, avant qu’on ne le retrouvât. Tout ce qui lui restait en mémoire était des sortes de volutes rouges et une goutte de sang sur son index. Il y avait cette voix aussi, celle qui l’avait appelé « mon ange ». À part ça, plus rien, ce qui le frustrait cruellement. Peut-être qu’en montant une armée de morts-vivants, il pourrait retrouver cette créature dont il ne se rappelait plus les traits ? Sa blessure n’était pas très grave mais elle était douloureuse. Cependant, dès qu’il la touchait, il se sentait pris d’une forme de plaisir malsain. Il voulait qu’elle recommençât. Il voulait s’en rappeler, la prochaine fois.

Il se redressa un peu et se mit à contempler la partie du hamac qui se rapprochait du plafond. Que ferait-il, lui, s’il avait entre les mains le pouvoir d’un Roi ? Il ne lèverait très certainement pas une armée de zombies. Il… Oui, il ferait des expériences grandeur nature, sans avoir à se soucier de l’éthique. À vrai dire, l’éthique et Sympan ne faisaient pas bon ménage. Il trouvait les règles déontologiques bien trop limitatives. Ce qu’il désirait, c’était expérimenter à l’infini tout ce qui lui passait par la tête. S’il avait la richesse d’un Souverain, il paierait les gens pour devenir ses cobayes. S’il avait l’autorité d’un Roi, il les obligerait à obéir à ses commandements. Il pourrait réaliser des expériences grandeur nature, sans avoir à se soucier du consentement. Il se rappelait encore ce jeune homme qui s’était étonné qu’il prît le cheveux de la rouquine, à Melohorë. Pour lui, la science était plus importante que le reste. Un unique cheveux ne lui aurait pas manqué. D’ailleurs… Il se tortilla, étendit son bras et fouilla dans un sac dans lequel il y avait plusieurs flacons. Il trouva le bon. Dedans, il y avait le fameux poil. Il le fixa et sourit. Il passa la demi-heure suivante à imaginer ce qu’il pourrait faire avec.

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