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 [Événement] - La Galette

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Babelda
~ Rehla ~ Niveau III ~

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Babelda
Jeu 06 Mai 2021, 08:12


La Galette
Nymeria


« Trois parts de galette, s'il vous plait ! » « Et voilà pour vous, passez une bonne journée. » « Merci, à vous aussi ! » « Bonjour ! » « Bonjour, une galette entière, ma bonne dame ! » Nymeria esquissa un sourire et fit demi-tour pour se retourner vers le fond de la caravane. Là, des placards magiquement reliés aux fourneaux du Palais Royal déversaient des galettes prêtes à être dégustées par les gourmands magiciens - ou bien triturées sans états d'âme par les plus avides qui se contenteraient de participer à l’événement dans l'espoir d'obtenir un entretien avec la reine. Ou le roi. La petite mage bleue frissonna à l'idée. Cela lui faisait toujours étrange de penser que le peuple des Mages Noirs puisse se joindre à leur coutume. Elle supposait qu'il s'agissait d'une bonne initiative pour rapprocher les deux peuples, une façon de renforcer les liens qui les unissaient, dans la continuité des échanges maritales qui avaient été faits. Cependant, la domestique restait pantoise face à ce que tout cela impliquait. A chaque fois qu'elle avait grignoté une part, elle avait prié Suris non pas pour obtenir la fève qu'elle convoitait habituellement, mais pour au contraire ne pas découvrir caché la pièce d'or au milieu de la frangipane. Mieux valait ne pas avoir de fève du tout plutôt que de risquer de tomber sur celle de l'Empereur Noir. Il en allait de même à chaque fois qu'elle distribuait les parts aux magiciens qui s’agglutinaient devant son stand. Et si elle était celle qui discernait le prix empoisonné ?! Causerait-elle la damnation d'un honnête citoyen ? La rumeur voulait qu'un simple échange avec le souverain suffise pour que sa Magie des Ténèbres vous affecte, vous affligeant de tous les maux imaginables, vous maudisse d'un destin atroce ! La brunette n'avait jamais trop porté d'importance à ces bruits de couloir, jusqu'à ce qu'elle se mette à servir les tartes aux clients. Elle essayait de se rassurer en se répétant que la fève octroyant le rendez-vous avec le Salvatore était réservée pour les tartes distribuées à Amestris. Une voix sinistre lui répliquait alors que dans l'esprit d'échange et de partage initié par les couronnés, l'inverse serait sans doute plus vrai... La boule au ventre, Nymeria s'empara de la première tarte qui lui passa sous la main et retourna auprès de l'homme qui lui avait commandé le plat. « Tenez. Je vous souhaite une agréable journée. » « A vous également. » la salua le magicien en lui faisant un signe de chapeau.

« Bonjour ! » s'exclama Elyanna d'une voix forte et enjouée. Elle portait sur les lèvres un sourire enchanté qui indiqua à sa camarade ce qui l'avait retenu si longtemps hors de leur roulotte. La déchue se rapprocha de la brune et se pencha par dessus son épaule pour lui chuchoter des excuses : « Désolée, j'ai fait la rencontre d'un couple de magicien particulièrement généreux qui m'ont - » « Et voilà pour vous ! » la coupa Nymeria. Elle n'avait pas envie de savoir en quoi ces deux mages s'étaient révélés généreux. Ce genre de conversations l'embarrassaient au plus haut point. Elle admirait son amie pour pouvoir en parler si librement, au plein milieu du travail, là où n'importe qui aurait pu surprendre leur conversation. Elle espérait secrètement pouvoir se comporter avec la même désinvolture, un jour, mais cette date n'existait pas encore sur le calendrier ! La Luxurieuse se para d'un sourire plus sage et commença à s'occuper de la horde de magiciens qui essayaient d'attirer son attention, dans l'espoir qu'elle les serve.

« Je vais prendre ma pause. » souffla Nymeria, une fois que le flots de clients fut moins dense. « A tout à l'heure ! » la salua Elyanna d'un air distrait. La mage bleue déposa quelques pièces dans la caisse et s'empara d'une part qu'elle venait de découper, puis sortit de la caravane.

La mage blanche soupira, tout en s'étirant. « Mmh... » grogna-t-elle tout en allongeant ses bars au dessus de sa tête pour étirer son dos. Finalement, elle se mit en marche, observant le paysage dans lequel elle se trouvait. Cela faisait des années qu'elle n'était pas revenue à Vervallée. La vue du Lac était particulièrement agréable, aussi, elle se mit à la recherche d'un banc où pouvoir s'asseoir pour profiter du panorama tout en dégustant sa galette. Pourtant, au bout de quelques mètres, ses yeux flânèrent davantage sur les visages des visiteurs que sur les places disponibles. Dès qu'elle apercevait une crinière blonde, son cœur faisait un bond, avant que sa poitrine se serre en découvrant le visage qui se trouvait en dessous. Ce n'était jamais celui qu'elle espérait trouver - celui de Rajiv. La domestique l'avait invité à lui rendre visite pour l'occasion, lorsqu'ils s'étaient croisés sur Böraur. Elle lui avait également envoyé une missive pour le prévenir de l’événement. Elle n'avait cependant pas eu de retour de sa part, et ne l'avait pas vu se présenter à elle depuis qu'elle avait commencé son service. Comme souvent, son imagination avait tricoté quelques explications pour justifier ce silence : ces hypothèses lui plaisaient rarement. De mauvaise humeur, elle fronça les sourcils et soupira. Elle n'avait pas faim, finalement. De toute manière, elle s'était trop laissé aller, ces derniers temps - quelques bourrelets s'étaient imposés sur sa silhouette. Les lèvres pincées, elle s'approcha d'un enfant. « Tiens, est ce que tu la veux ? J'ai eu les yeux plus gros que le ventre, je ne la mangerai pas. » « Oh chouette ! Merci madame ! » Nymeria esquissa un sourire léger puis continua sa promenade.

Alors qu'elle s'approchait d'une famille particulièrement bruyante, la domestique remarqua l'apparition sombre qui émana de nulle part. Prise d'une soudaine crainte, elle s'immobilisa, les yeux rivés sur les silhouettes qui apparurent. Elle eu le souffle coupé en reconnaissant l'aura malfaisante du Roi des Sorciers et de ses deux subordonnés. Ses jambes tremblèrent, sa bouche s'assécha, sa gorge se noua. La boule au ventre, elle les observa de loin, sans oser esquisser le moindre geste, comme si le moindre souffle pourrait la faire repérer et lui attirer des ennuis. Finalement, une main se posa sur son épaule, brisant le charme magnétique et pourtant terrifiant qu'avait exercé sur elle le trio. « Mademoiselle, vous allez bien ? » Se souvenant enfin qu'elle devait respirer si elle comptait rester en vie, la brune inspira profondément. « Oui ! » couina-t-elle d'une voix aiguë. « Oui, tout va bien... Je n'ai rien. » se répéta-t-elle.

1114 mots


Merci Kyra nastae

Avatar : Yizheng Ke
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Priam & Freyja
~ Ange ~ Niveau III ~

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Priam & Freyja
Jeu 06 Mai 2021, 16:20




La Galette

Priam & Laëth | En groupe



Certains jours, la vie lui semblait avoir moins de saveur que la mort. Elle rêvait d’un sommeil dont elle ne se réveillerait jamais. Elle fantasmait une fin à tous ses tourments. Elle avait envie de se laisser mourir. Elle se sentait comme une fleur cernée par un incendie : anéantie par la solitude, condamnée, mais pas encore noircie par les cendres. Elle attendait la note finale comme on aspire à retrouver l’air en pleine noyade. Parfois, elle se demandait si Jun l’entendait penser. Viendrait-il la chercher ? Il pouvait bien l’arracher à ce monde, non ? Par simple bonté, s’il ne lui devait rien.

L’oreiller, humide, absorbait les larmes de l’Ange. Roulée en boule dans son lit, elle ressassait ses chagrins. Les mensonges angéliques, le Lien avec Adam, la mort de Constantine et de sa fille, la douleur de Kaahl, le Conte, le sommeil de Gustine, le silence de son aimé, son avenir qui s’envolait. La peine, la colère, la culpabilité, la tristesse. L’existence valait-elle le coût d’être vécue de cette façon-là, quand tout échappe et meurtri ?

D’autres jours, elle avait l’impression que, peu importait les circonstances, la vie ne l’abattrait jamais. Elle avait la sensation de posséder une force incommensurable. Une résilience à toute épreuve. Aujourd’hui, elle allait mal, oui, mais demain, elle irait mieux. D’une manière ou d’une autre, les choses s’arrangeraient, et la vie lui sourirait à nouveau. Parfois, même, elle ne pensait pas du tout à cela. Elle entreprenait, elle avançait, elle s’affirmait. Elle parvenait à vivre l’instant présent sans y raccrocher ni le passé ni le futur. Elle parlait, souriait et riait comme tout un chacun, donnant l’impression que tout allait bien. Le malheur a cela d’étrange qu’il laisse toujours une place à l’allégresse, comme s’il cherchait lui aussi à se réchauffer contre son cœur virevoltant.

Ce matin-là, il régnait cependant en despote. Son palpitant battait faiblement, telle une luciole en fin de vie. Ses idées noires dévoraient sa lumière.

« Laëth ? » Elle dirigea des yeux rougis vers la porte. La pénombre engloutissait sa chambre. Seuls quelques minces rayons lumineux filtraient, autour de la fenêtre et sous la porte. « Tu viens ? » La peur se cramponna au ventre de l’Aile Blanche. Elle se retourna dans son lit et renifla. « Il y aura beaucoup de monde. Il y a peu de chances que tu le croises. » S’il savait. Cette année, la galette était commune aux Magiciens et aux Sorciers. Cela doublait les chances qu’elle tombât sur lui. Elle ignorait si sa peur tenait plus au fait de le voir ou au fait de ne pas savoir ce qu’elle lui dirait. Par moment, elle ne voulait surtout pas se confronter à lui, tant à cause du Lien que du reste. D’autres fois, elle espérait pouvoir établir rapidement un contact. Dans tous les cas, elle l’aimait. C’était sa seule certitude, et la seule explication à la douleur qui rongeait chaque parcelle de son être.

La porte s’ouvrit et Priam apparut dans son embrasure. Elle l’entendit soupirer, puis s’approcher. Il s’assit sur le bord du lit, s’allongea et la prit dans ses bras. La jeune femme se blottit contre lui. « Je t’aime, petite sœur. » Elle le serra contre elle. « C’est vraiment festif, dehors, et il fait un temps magnifique. Ça te changera les idées. Je resterai avec toi, si tu veux. Et puis si jamais on le croise, ce sera peut-être l’occasion de discuter avec lui, hein ? » Il écarta doucement une mèche brune de sa joue mouillée. « Bien sûr, si tu n’en as pas envie, rien ne t’y oblige. » Elle acquiesça, les yeux fermés. Il lisait dans ses pensées. C’était de plus en plus fréquent. Cela lui évitait d’avoir à parler. Les mots lui déchiraient trop la gorge. Elle retirait la bague qui lui permettait de brouiller son esprit juste pour cela. « Je suis sûr que Gustine finira par se réveiller et qu’elle fera à nouveau profiter tout le monde de sa joie de vivre. » Comme il se redressait sur un coude, il déposa un baiser sur sa tempe. « Quant au Conte, ceux qui ne le savent pas finiront bien par se mettre en tête que ce n’est qu’une histoire. Tu n’es pas Belle et sa vie n’est pas la tienne. C’est pareil pour moi, et pour tous les autres. » Ses doigts s’égarèrent dans la chevelure de la brune. « Pour le Lien, je ne sais pas comment ça va se passer, mais je ne pense pas que tu seras punie pour en avoir tissé un avec un Déchu changé en Humain. Tu me l’as dit toi-même : c’était un accident. Pas vrai ? » Elle opina. À cet instant, elle avait l’impression que toute sa vie était un énorme accident.

La joie des autres agissait sur Laëth comme un océan. Les grandes vagues rieuses repoussaient sa détresse et l’englobaient tendrement. Sa sensibilité et son contrôle des émotions lui permettaient de les accueillir comme si elles étaient siennes. Il lui arrivait de les faire travailler l’un contre l’autre, quand elle essayait de brider sa sensibilité grâce à son contrôle. Le soulagement n’était qu’éphémère. Tôt ou tard, les remparts se brisaient, et ses émotions déferlaient, plus sauvages et dévastatrices. En public, toutefois, c’était utile. C’était presque obligatoire lorsqu’elle n’avait pas la possibilité de se laisser toucher par le bonheur d’autrui. La peur de croiser Kaahl demeurait, mais elle parlait si bas derrière le brouhaha de joie des autres qu’elle en paraissait silencieuse. La brune se tourna vers son frère et sourit. « D’ailleurs, comme on ne peut pas patiner cette année, on devrait aller se baigner dans le lac. Il fait assez chaud, non ? » Il acquiesça, un sourire en coin. Elle reprit la conversation là où elle l’avait interrompue : « Du coup, Astahana va me montrer comment sculpter, la prochaine fois que j’irai. Tu devrais venir voir, c’est fascinant, ce qu’il fait ! »

Priam l’écoutait avec attention, jusqu’à ce que son regard n’accrochât deux silhouettes bien trop familières. Il s’arrêta. Sa cadette fit immédiatement de même. Elle scruta ses yeux, puis se retourna. Derrière elle, Elias Salvatore tenait le bras d’Aliénor Vaughan. Sa haute stature malingre surplombait la jeune Magicienne. Leur duo offrait un spectacle hétéroclite, à la fois glaçant et coloré. L’expression des deux Belegad se noircit. Le silence les aspira. Le cœur de l’Aile d’Acier s’écroulait et se recomposait à chaque battement. Celui du Petit Pigeon tremblait de rage, de doute et d’amertume. Il s’avança. Elle l’attrapa par le bras. « Priam. » Ils échangèrent un regard. « Je ne l’ai pas vue depuis longtemps. » - « Arrête. » - « Je vais juste lui dire bonjour. » - « N’offense pas l’Empereur Noir. » - « Tu es bien placée pour dire ça. » Elle le lâcha et recula, blessée. Il ne mesurait absolument pas la portée de ses propos. Elle resserra ses doigts autour de son poignet. « Je veux qu’on s’en aille. » - « Attends-moi plus loin. » Il se dégagea.



Message I – 1180 mots

Résumé : Laëth et Priam sont près du lac et voient Elias et Aliénor. Malaise et PLS <3




[Événement] - La Galette  - Page 2 1628 :


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Kitoe
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Kitoe
Sam 08 Mai 2021, 01:58

Leigh & Helena (PNJ)
La Galette
Triturant nerveusement son sac à main, elle s’avança jusqu’au pas de la porte. Le bruit qui retentissait à travers la paroi l’inquiétait déjà. Son visage était froncé par le dégoût, et c’était à peine si elle osait pousser le battant. Il était sale, souillé par le passage répété de clients à l’état plus que douteux. Elle se trouvait dans un bas quartier et ne comprenait pas pourquoi il avait fallu choisir cet endroit en particulier. C’était malfamé et qui savait quelles énergumènes dangereuses et nauséabondes elle pourrait croiser ? Les gens n’étaient pas nets par ici. La seule chose dont elle était contente, c’était d’avoir suivi les conseils qui lui avaient été donnés en optant pour une tenue discrète de moyenne facture. Quant au chapeau sur sa tête, il cachait une partie de son visage, ce qui la rassurait encore. De cette manière, elle espérait que personne ne la reconnaitrait. Prenant une profonde inspiration, Helena trouva enfin de courage d’outrepasser les risques d’infection et ouvrit la porte.

Elle crut être victime d’une agression. Les effluves d’alcool qui lacérèrent sa gorge et ses poumons lui coupèrent le souffle et ses oreilles sifflèrent dès lors que le brouhaha ne fut plus étouffé par la paroi de bois. L’humidité et la moiteur étaient omniprésentes et dégoûtantes. Paniquée à l’idée de passer plusieurs minutes dans un endroit où l’air était toxique, ses yeux balayaient la pièce avec précipitation, évitant stratégiquement le regard des ivrognes de basse fréquentation pour s’intéresser à l’essentiel : l’ombre solitaire à la table du fond. Helena se pressa pour la rejoindre. Elle se demanda pourquoi il fallait qu’elle ait choisi le point le plus éloigné de la sortie et de toute autre source d’oxygène.

-Dame Dogma ? Demanda-t-elle tout bas, de peur de se faire remarquer.

Leigh leva les yeux et sourit. Les coudes posés sur la table, elle paraissait fatiguée. Devant elle, un verre de vin de moindre qualité avait été partiellement consommé. Il y en avait un autre vide qu’elle avait dû écarter.

-Vous êtes venue.

Cela l’étonnait. Leigh n’avait pas pensé que sa requête susciterait l’intérêt de la Sorcière. Après leur première rencontre plusieurs mois plus tôt, sa belle-sœur n’avait aucune raison de vouloir la revoir. Elle ne doutait pas qu’Agazio avait dû raconter un nombre incalculable de saletés sur elle.

-Pour être tout à fait honnête, j’ai hésité. Mais vous êtes de la famille et qui plus est une future Dame Noire…

La Démone n’écouta pas la fin de sa justification qu’elle ricanait déjà. Son propre titre l’amusait. Incrédule, Helena se tut. Elle ignorait comment réagir, alors elle attendit que son interlocutrice eût terminé pour reprendre.

-Vous vouliez me parler de quelque chose ? Vous avez dit que cela concernait Agazio.

-Hm hm. Elle gloussa.

-Avez-vous bu ?

La Démone ne prit pas la peine de répondre. Les preuves étaient sous leur nez. Un petit peu.

-Vous voulez quelque chose vous aussi ?

-Non merci. Cet endroit la répugnait suffisamment, elle ne voulait pas attraper la Narcirra par le simple contact de ses lèvres sur l’un des verres mal essuyés de cet endroit. Dame Dog…

-Par Ethelba, appelez-moi Leigh.

-… Leigh. Elle éclaircit sa voix. Que faisons-nous ici ?

-Je me disais que devrions apprendre à nous connaitre.

Pinçant le pied entre son pouce et son index, elle faisait pivoter le verre, ses yeux s’étant perdus dans le liquide rouge. L’Apôtre Obscure la regardait vaquer à son misérable tic. Elle n’était pas habituée à ce genre de manières. Visiblement, Leigh avait beaucoup perdu de la bienséance en Enfer. Quel gâchis.

-Était-il vraiment nécessaire de nous rencontrer… Elle se pencha en avant et baissa le ton. … ici ? Vous habitez dans les propriétés de la couronne et il existe un tas de lieux plus respectables que celui-ci à Amestris…

-Vous auriez préféré m’attendre à l’entrée du château à la vue de tous ? Ou bien qu’Agazio vous trouve en ma compagnie dans sa cave à vins favorite ? Pas que je doute en votre foi en Haroûn, mais je pense que vous n’êtes pas du genre à forcer le destin de cette façon.

Helena déglutit. Il était vrai qu’en se donnant rendez-vous dans les plus beaux quartiers, elles auraient été vues et susceptibles d’attirer l’attention de son frère. Cette erreur aurait été plus préjudiciable pour l’épouse que pour Leigh. En quelques sortes, elle pouvait s’estimer heureuse d’avoir eu rendez-vous ici, bien que la Démone ne se souciait pas particulièrement de son bien-être.

-Ici, au moins, nous sommes tranquilles. Leigh termina son verre de vin et quitta la table. Allons nous promener.

Hébétée, Helena la suivit, tout de même soulagée de quitter cet établissement infâme.

-Que voulez-vous savoir ? Répéta-t-elle en la rattrapant.

-Rien de particulier. Je me faisais seulement la réflexion que j’avais davantage vu votre portrait dans votre salon que vous en personne. Les conditions de notre rencontre n’étaient pas idéales et je le regrette. Après tout, nous sommes de la même famille.

Helena n’était pas stupide au point de penser que leur entrevue avait pour unique but de faire connaissance. Lysistrate était une Démone et avait été une Sorcière avant cela. Evidemment, elle avait des desseins. Néanmoins, bien que méfiante, la femme était suffisamment curieuse pour ne pas mettre immédiatement fin à leur rencontre.

-C’est la Galette. Que diriez-vous d’une part ? Histoire de faire au moins une bonne action dans notre vie.

Sans même attendre sa réponse, Leigh se dirigea vers un stand pour acheter deux parts. Helena la remercia, même si elle n’avait pas faim. Elle ne savait pas très bien comment se comporter.

-Comment vont Severus et Ogini ?

-Bien.

Elle ne souhaitait pas s’attarder sur ses enfants. Pas avec cette femme. Elles avaient repris leur marche.

-Vous ne parlez pas beaucoup.

-Je n’ai rien à vous dire. Je pensais que vous aviez des choses importantes à me transmettre.

-Non. Ce que j’ai mis dans la lettre n’était que pour vous appâter.

-J’avais remarqué.

Elle aimait sa façon de riposter à ses remarques franches. La Sorcière semblait moins coincée que l’image qu’elle voulait se donner. Ça lui plaisait.

-Je vous indispose.

-Je ne vous connais pas. Et comme vous l’avez dit, les circonstances dans lesquelles nous nous sommes rencontrées – et dans lesquelles nous nous rencontrons en général apparemment – ne sont pas idéales.

Elle comprenait. Depuis le début, rien n’avait été fait pour qu’elles puissent s’entendre. Les deux femmes marchaient côte à côte. La tension entre elles était étrange. Elles s’étaient enfermées dans une bulle hermétique où aucune n’osait troubler le silence dans lequel elles s’étaient plongées. La rue qu’elles arpentaient était assez calme. Elles ne croisèrent qu’un ou deux chats errants et des enfants qui se couraient après.

-Je vous propose de briser la glace comme ceci : nous nous posons à tour de rôle une question de notre choix à laquelle l’autre doit répondre. Vous, Helena, avez parfaitement le droit de mentir mais de mon côté, je suis dans l’obligation de vous dire la vérité. Cela vous convient ?

-C’est ridicule.

-Nous pouvons faire un pacte si vous le souhaitez. Ainsi, vous serez assurée que je ne dérogerai pas à la règle.

-Non.

-Comme vous voudrez. Je commence…

-Non, Leigh, ce…

La Démone l’interrompit et l’entraina jusqu’à un banc. Elle ne voulait rien entendre. Helena fronça les sourcils. Sa maladresse l’agaçait.

-Allons, allons. Essayons un tour et si ça ne vous plait pas, vous pourrez partir. Alors, dites-moi : que feriez-vous si vous aviez la fève ?

-… Je ne sais pas. La question était absurde, il n’y avait aucune chance qu’elle l’obtienne. Je n’ai rien à leur dire. Je vendrais la couronne. Le regard dans le vague, elle laissa quelques secondes s’écouler avant de rétorquer. Et vous, pourquoi vous intéressez-vous à moi ?

-Cela fait trois fois que vous posez la question. S’amusa Leigh.

-Vous ne m’avez pas dit la vérité, et je n’aime pas perdre mon temps dans les quartiers malfamés de cette ville. Alors répondez.

Elle ricana. Voilà une femme avec un caractère qui lui plaisait mieux. Helena devenait intéressante.

-Je vous l’ai dit, je veux apprendre à vous connaitre. Elle posa son dos contre le dossier du banc et croisa les jambes. Vous aurez remarqué que ma relation avec Agazio est… complexe. Il m’aime et me hait en même temps, il se croit supérieur à moi. Il a toujours considéré que j’étais la plus folle et indisciplinée des deux. Je ne crois pas qu’il ait totalement tort, mais… Nous sommes rivaux. Et il est de mon devoir de sœur de lui rappeler que j’ai plus raison que lui.

-Vous voulez m’utiliser.

-Agazio aime tout contrôler. Il aime soumettre et faire souffrir. Vous devez savoir de quoi je parle. Le silence de la Sorcière était significatif. Doucement, Leigh déploya la Tentation du Diable. Vous êtes plus proche de lui que je ne le serai jamais. Je veux lui faire comprendre que je serai toujours là, quoi qu’il fasse. Je veux lui montrer que je suis supérieure et qu’il ne peut pas contrôler tout son petit monde. Je veux qu’il soit hanté par moi et par sa propre faiblesse. Et par vous également, si c’est ce que vous désirez.

-Vous allez vous marier à l’Empereur Noir, n’est-ce pas suffisant ?

-C’est un titre qu’il ne considère pas comme mérité. Ça ne vaut rien.

-Qu’allez-vous faire de moi et de mes enfants ?

-Ca vous fait trois questions au lieu d’une, vous savez. Il ne vous arrivera rien de mal. Si vous le souhaitez, je peux tenter de mettre fin à ce qu’il vous fait subir.

Leigh ignorait encore comment elle exécuterait son plan, mais elle n’avait pas peur. Tant qu’elle obtenait le contact, en l’occurrence Helena, elle savait que tout serait possible. La Sorcière parut sceptique. Ses yeux étaient rivés sur les parts de galette qu’elles n’avaient toujours pas mangées.

-Êtes-vous heureuse, Helena ?

Cette dernière ne répondit pas. Leigh sourit. Elle lui insuffla un peu de Colère et de Cruauté.

-Bien.

1664 mots



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Aliénor Vaughan
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Aliénor Vaughan
Sam 08 Mai 2021, 12:30


Image réalisée par Naimly

La Galette



La silhouette de Dagobert disparut derrière Aliénor au moment même où l’air sembla s’assombrir. Heureusement, la robe de la Magicienne avait de quoi cacher le physique gracile du garçon. Lhéasse, lui, observa la marche de l’Empereur Noir. Il chuchota quelques mots à l’adresse de la Magicienne avant qu’il n’arrivât. « Ne faites pas de faux pas. » Il la savait maladroite, comme il savait aussi qu’il devrait renoncer à être son gardien d’ici quelques lunes. Se trouver un remplaçant faisait partie de la liste de ses tâches. Volontairement ou non, il reportait toujours ce moment. Il s’était attaché à elle, au fil du temps. Consciemment, il la voyait comme une sorte d’animal de compagnie amusant à torturer. « Soyez forte. » ajouta-t-il, parfaitement au courant qu’on ne résistait pas au Grand Chaos comme on lui résistait à lui. Il y avait une nuance entre une obscurité mesurée et les ténèbres. Il la connaissait, elle et ses limites. Dès qu’elle cherchait à prendre l’ascendance sur lui, il lui rappelait qu’elle était bien plus faible qu’il ne l’était. Il était le maître de son humeur et il pouvait la briser en quelques paroles seulement. Sa volonté de rendre le plus agréable possible leur cohabitation forcée ne souffrait d’aucune faiblesse. « Tenez-vous droite. » dit-il enfin, dans un souffle à peine perceptible. Aliénor lui obéit, tout en attrapant la main de Dagobert derrière elle. Elle sentait le garçon trembler. Elle n’était pas dans un état plus agréable. Les souvenirs de Priam, son inimitié naturelle pour les Sorciers, s’étaient totalement annihilés. Il ne restait qu’elle et un vide infernal dû à la panique. Seules demeuraient de stables les paroles de Lhéasse.

Une fois l’Empereur Noir sur eux, le Chancelier des Ténèbres s’inclina. Elle l’imita. « Excusez-moi. » souffla le brun à sa protégée, en obéissant à l’ordre. Seule devant son mari, avec pour maigre consolation la présence presqu’invisible de Dagobert, elle essaya de calmer sa respiration. Elle lâcha les doigts du Magicien lorsqu’il lui intima de venir et passa son bras dans le sien. Elle déglutit devant la froideur de son regard. Elle n’osa plus le fixer. « Les enfants de la Couronne noire. » répéta-t-elle, en écho. Ça lui faisait presque un choc. Elle le savait déjà mais se l’entendre affirmer avait un côté tragique. Les enfants qu’elle porterait seraient des héritiers potentiels, des Mages Noirs potentiels, un mélange d’elle et lui. Elle eut, durant quelques secondes, envie de pleurer. Pourtant, sa présence près d’elle ne lui permettait aucun écart. Elle n’aurait pu s’effondrer maintenant tant elle était tendue. Après peut-être. Au lieu de quoi, elle serra les dents. Elle ne voulait pas aller à l’encontre des préceptes des Sorciers, ni se montrer hystérique. Elle voulait juste être proche de la chair de sa chair, même si cette chair là serait aussi la chair de la chair du Roi Noir.

L’insulte ne l’atteignit pas. Elle aurait pu la trouver illogique, venant d’un vieillard, mais tout ce qu’il disait paraissait vérité. Elle ne s’insurgea pas. Elle l’accepta, simplement, regrettant vaguement que les choses se passassent ainsi. Elle aurait aimé être proche de son époux, avoir quelques points communs. Cependant, le Souverain n’avait pas l’air de vouloir la laisser entrer dans son intimité. Quant au reste, si elle eut du mal à comprendre où il voulait en venir avec cette histoire de seringues, elle finit par réaliser. « … Vous… » Elle imagina sans mal la manipulation, l’insertion de l’objet entre ses cuisses, pour y verser la semence. Était-il sûr que ça fonctionnait ? N’aimait-il donc pas les caresses ? Elle n’avait pas envie de le toucher mais elle s’était dit que, peut-être, avec le temps, elle aurait pu s’y habituer, pour les enfants ou parce que c’était son devoir. Elle avait imaginé que, comme dans ces romans à l’eau de rose qu’elle avait pu lire, l’amour aurait pu naître entre eux, avec le temps et le partage. Pas forcément de l’amour mais une forme de tendresse, au moins. Elle se voyait mal passer une vie sans que personne ne vînt l’embrasser. C’était pourtant l’avenir qu’il lui promettait. Jusqu’à sa mort, elle ne connaîtrait rien que le contact froid d’une seringue entre ses cuisses, que le blizzard que l’Empereur Noir créait d’un simple regard. Et tous ceux qui essaieraient de la tirer de la sécheresse de son mariage risqueraient la peine capitale. Elle pensa brièvement à Priam, consciente qu’elle le mettait déjà en danger. Elle serra la mâchoire. « J’accepte. Je veux des enfants et vous êtes le seul à pouvoir m’en donner. Je me plierai à… »

Comme si songer à l’Ange l’avait invoqué, elle prit conscience de sa présence, plus loin. Elle le fixa quelques secondes, son arrivée imminente faisant grimper sa panique en flèche. Elle eut peur pour lui, là, tout de suite. Il pouvait être réfléchi mais sous un accès de colère, elle n’était pas certaine de savoir ce dont il serait capable. Elle devait lui couper l’herbe sous le pied, l’empêcher d’avancer. Elle sentit sa respiration s’accélérer et d’un geste osé, elle rapprocha son corps de celui de l’Empereur Noir. Elle en ressentit un intense malaise, comme si toute bonté chez elle était en train de se faire grignoter par sa magie. Son torse la rebutait, comme s’il la brûlait. La sensation était particulière. Elle avait l’impression d’enlacer une branche morte enduite de poison, quelque chose de dur et de glacé mais tellement corrosif qu’elle se sentit perdre pied. La paume de sa main, pourtant, se blottit contre son torse et elle leva les yeux vers lui. « Je… Je… S’il vous plaît… » Elle perdait ses mots, parce qu’elle n’était pas sûre de savoir quoi demander : qu’il pardonnât à Priam, qu’il jouât son jeu, qu’il lui permît un peu de tendresse ? Elle n’en savait rien et, dans ses yeux, se reflétait un certain désespoir.

Lhéasse, plus loin, observait la scène depuis son commencement. Certains aspects lui déplaisaient mais il devait avouer qu’observer l’Ange-Réprouvé se frayer un chemin à travers la foule avait quelque chose de réjouissant. Il aurait pu l’arrêter, lui barrer la route et lui expliquer que ce n’était pas le moment de jouer les preux chevaliers, que la Dame avait déjà son Roi, mais il n’en fit rien. Il adorait les drames. Ce qu’il ne comprenait pas, en revanche, c’était l’état de Laëth Belegad, ce qu’il oublia totalement lorsqu’il vit la réaction d’Aliénor. Il se redressa, mesurant le danger éventuel d’un tel comportement. Que faisait-elle, cette stupide Magicienne ?  

1084 mots


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Mancinia Leenhardt
~ Humain ~ Niveau IV ~

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◈ YinYanisé(e) le : 01/05/2015
◈ Âme(s) Soeur(s) : Neah Katzuta | Ange | Compagnon
◈ Activité : Joaillière [Rang IV] - Médecin [Rang III] - Éleveuse de Vaches [Rang I] - Investisseur [Rang II] - Prêtresse d'Amsès [Rang I]
Mancinia Leenhardt
Dim 09 Mai 2021, 20:23


Illustration - Alena Aenami
La Galette

Cette ambiance relativement tendue entre eux tranchait avec les célébrations aux alentours. Quelques personnes avaient tournées la tête vers eux, curieux, non pas parce qu'il avait entendu les propos de l'Ange, mais uniquement par curiosité de voir des Ygdraë venir à la rencontre de la Marquise Leenhardt. Malgré les rumeurs et sa réputation entachée, il y a quelques années, elle était rayonnante et n'avait pas peur de mettre de côtés les convenances pour converser avec autrui. Ce qu'ils voyaient était une conversation relativement enjouée, peut-être stricte sur les bords. Personne ne pouvait vraiment les entendre, avec la distance, même une magie d'espionnage n'y parviendrait pas. Néanmoins, la mine décomposée d'Astriid donnait l'impression qu'un sceau d'eau glacial lui était tombé sur la tête et c'était précisément ce que désirait le Capitaine, même s'il demeurait prudent quant aux réactions éventuels de ceux qui accompagnait l'adolescente. Il ne devait pas créer de scandale, tout d'abord à cause de la position de Mancinia, dont les Gardes environnants ne laisserait pas seule, ainsi que la présence de ses plus jeunes enfants, mais également parce qu'il n'était pas n'importe qui lui-même et que cela pouvait très bien lui retomber sur le dos. Il s'était assez amusé avec les limites, ces derniers temps ... Néanmoins, sa position sur la question était légitime et ne manquait pas d'indigner quelques uns d'entre eux.

Neah ne s'inquiétait pas vraiment d'une tentative de réplique physique, mais plus de ce qu'il se passerait s'ils en venaient à se disputer très clairement. Encore que. Seulement, devant l'interrogation de l'Ygdraë, il comprit que celle-ci n'avait pas vu la nature diabolique de son interlocutrice. Il soupirait, durant le moment de silence qui naquit suite à sa longue tirade. Elle semblait assez perdue, mais restait d'une honnêteté touchante. Elle ne mentait pas, il en avait bien conscience. Son regard se radoucit progressivement avant qu'un aîné, celui dont il avait clairement remarqué l'allure de Soldat, ne vienne les interrompre, en reportant une partie de l'erreur sur eux tout en promettant de prendre soin de son éducation à partir de maintenant.

Je n'en doute pas, sourit Neah à l'Ygdraë.

Visiblement, sa prestation démontrait une certaine cassure dans l'harmonie de leur groupe. Mancinia serrait Sif dans ses bras. Être marraine était un honneur, c'était certain. Sa cadette l'aurait bien plus prestement que tous ses aînés, avant tout pour éviter qu'on ne vienne brutalement la lui reprendre, même si les Écuyers de l'Aurore s'était assurés être intouchables sur le plan juridique. Ils avaient aussi l'appui des institutions de Boraür. Seulement, ça leur semblait naturel de ne pas rompre avec ses racines. Les Humains n'avaient rien contre les Ygdraë, les Anges et ces derniers avaient renoués récemment. Qui plus est, Sif serait adulte plus vite qu'ils ne le croyait et sans doute aurait-elle envie de renouer avec son peuple natal, même si son coeur demeurerait certainement attaché aux Humains. Vivement, Astriid refusait de se laisser avoir. Elle avait bien prit la remontrance initié par l'Ange, mais elle ne comptait pas se laisser faire aussi simplement par ses camarades, même si son aîné s'excusait envers eux, à sa manière.

Vous y arriverez, le reprit Neah. C'est un pas en avant d'admettre son inattention ou ses erreurs. Je sais d'expérience que ce n'est pas simple de superviser les autres ...

Lui se souvenait encore de ses débuts comme Capitaine de l'ancienne Compagnie de Yüerell, où ça lui avait semblé tellement dur de donner des ordres à ses anciens coéquipiers. Pourtant, il avait les capacités et le nécessaire d'être à cette place, malgré l'urgence de la réorganisation militaire. C'est pour cette raison, sans doute, qu'ils les considéraient toujours égaux à lui, tout en se montrant strict. Neah se souvenait encore plus cruellement de l'histoire de Tricia. Son coeur se serrait un instant en repensant à sa subordonnée, avant de l'écarter de son esprit.

Nous savons aussi que vous êtes une personne gentille et généreuse, Astriid, intervint Mancinia d'une voix apaisante. Je suis Humaine, après tout.

Si sa race semblait être sous de bons auspices ces dernières années, c'est avant tout car de nombreux noms se démarquaient à l'étranger, dont le sien. L'ouverture diplomatique et économique engagée par la Reine Scylla Taiji avait eu des retombées positives et l'évidence ne cessait de croître ; les Enfants de Sympan ne devaient plus être ignorés, ou sous-estimer. D'autant que depuis la Mâdary dā Sipāhī, ils avaient obtenus le Pardon du Créateur, à l'image des Réprouvés. Dès leur rencontre, cependant, Astriid avait ignorée son Ma'Ahid, ou le sentait si peu, qu'elle ne l'avait pas trouvé contraignant. Il n'était pas nombreux à le faire, ce qui ne manquait pas de lui arracher un sourire.

J'espère que vous comprenez que nous ne pouvions pas prendre de risque pour notre fille, surtout que même si ce n'est pas le cas maintenant, elle sera certainement amenée à être un trait d'amitié entre nos trois races.
Même si nous avons mûrement réfléchis, votre nom est revenu assez spontanément dans nos conversations.
Oh, oui !

Elle marqua une pause, reprenant un air bien plus sérieux.

On a tous énormément soufferts de la dernière guerre ... Nombreux restent encore marqué par les événements. Nous devons avancer, mais pas dans la mauvaise direction.
Vous devriez être plus méfiante d'autrui, surtout lorsque vous la croiser autour d'une table. Il y a bien entendu des races que vous pouvez croire plus simplement que d'autre, mais n'hésitez pas à toujours le remettre en doute, de temps en temps. Même si c'est nous, d'accord ?
Alors, hum ...
Je le savais ! s'exclama Mithra. Astriid n'est pas une mauvaise personne !

Elle s'était permis de la tutoyer pour encourager ses parents à rester sur leur idée. Si les Aetheri l'avait conduit vers eux de cette manière, sans doute devaient-ils avoir leur raison.

Que dire devant une telle détermination de toute manière ? demanda l'Ange avec un sourire sur la commissure des lèvres.

Sif gazouillait en tendant ses bras dans la direction de l'Ygdraë, agitant ses petits pieds qui la rendait assez peu docile dans les bras de sa mère. Mancinia, même attendrie, avait son regard qui se perdait sur une autre scène. Celle de l'arrivée de l'Empereur Noire et de la présence de la Comtesse Vaughan. Ce tableau semblait désaccordé et criait de malsain à ses yeux, à l'inverse du leur, où la tension s'était apaisée.

Vous voulez la prendre, Astriid ? demanda Mancinia. Elle semble vous avoir adopter aussi, alors ... Voulez-vous bien être sa marraine ?

Post III - 1075 mots


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Dim 09 Mai 2021, 23:16

Alekto
La Galette
-Mais encore ?

C’était la troisième fois qu’il les relançait. Alekto était ravie : c’était son tout premier cours de Nécromancie, une session introductive où étaient enseignées toutes les bases de cet art morbide. Depuis le début de l’heure, la Sorcière avait bu les paroles du professeur sans que jamais sa concentration ne défaillisse. Après avoir déblatéré pendant près de cinquante minutes, celui-ci leur avait posé une question : comment reconnaitre un mort envoûté par un sort de nécromancie – et dont l’enveloppe charnelle était intacte – d’un être vivant ? Une main se leva.

-Leur visage est dénué d’émotions et d’expressions ?

-Vous essayez de faire passer un message à votre camarade, mademoiselle Asius ? Répliqua-t-il aussitôt froidement, en désignant sa voisine du menton.

Des ricanements retentirent, tandis que l’étudiante en question se redressait, remettant toute son attention au cours, vexée.

-Silence.

L’effet fut instantané. Un frisson parcourut l’assemblée. Monsieur Rapier était glaçant, dans toutes les conformations du terme. Les mains jointes dans son dos, il faisait les cent pas. Il semblait prêt à brandir une règle pour taper les doigts de l’étudiant qui aurait le culot de lui donner une réponse insatisfaisante. C’était un homme froid et sec qui avait, assez ironiquement, un physique long et fin lui donnant l’aspect d’être tout droit sorti d’une tombe. Son visage cadavérique, ses mains squelettiques et son regard de corbeau terrifiaient plus d’une personne dans l’amphithéâtre, ce qui donnait régulièrement lieu à des silences pesants. Enfin, il aimait faire des remarques désobligeantes à ses élèves, puisque que ceux-ci ne pouvaient contester son autorité sans en subir les conséquences. Son audience était, en quelques sortes, un défouloir sur lequel il pouvait déverser une partie de sa haine et de sa frustration.

-C’est une possibilité, effectivement. Reprit-il. Les Nécromanciens les plus talentueux, cependant, ont la capacité de faire précisément se mouvoir les muscles du visage pour redonner à leurs sujets un semblant d’humanité. Du moins, quand la victime est fraîche. Mais encore ? Vous oubliez un point important, j’aimerais vous entendre le mentionner.

Une autre main se leva.

-La température corporelle et le teint souvent cadavérique.

-Hum hum. Derrière lui, la craie en lévitation notait les différents points au tableau. Néanmoins, je le répète, si la victime est fraîche, son teint sera toujours moins blafard que celui de Mademoiselle Selvius.

Ce fut au tour d’Alekto de se redresser. Nouveaux éclats de rire. Elle baissa légèrement les yeux, embarrassée. Ses joues s’empourprèrent.

-Mais encore ?

-Des blessures ou des marques qui auraient causé la mort de la victime.

-Qu’en est-il de la mort par empoisonnement ? Rétorqua-t-il en haussant la voix, agacé. Les autopsies sur morts-vivants sont complexes et relèvent davantage de la médecine légiste que de la nécromancie. Vous vous éloignez du point. Si Mademoiselle Asius avait donné une réponse plus précise, nous ne serions pas ici à mouliner dans la semoule et le cours serait terminé.

Le vide de réponses qui s’ensuivit fut rythmé par les bruits de pas de monsieur Rapier, de la droite vers la gauche. Alekto finit par lever timidement la main.

-Les yeux ?

-Vous n’êtes pas si bête que vous en donnez l’air, tout compte fait. Les yeux ! Non pas le regard, mais bien les yeux. S’il en possède toujours, la rétine sera opaque et l’œil vitreux. C’est une chose que le regard et l’expression ne peuvent pas cacher.

Le professeur cessa soudain de déambuler. Face à ses élèves, il sondait chacun d’entre eux avec tant d’intensité que n’importe qui aurait parié qu’il était en train d’aspirer des âmes. Chaque étudiant se tenait droit, en espérant que ses yeux glisseraient sur eux sans leur prêter attention.

-Bien. Le cours est terminé. Vous pouvez partir.

Aussitôt dit, ils se levèrent et rangèrent leurs affaires.

***

-Bonsoir Madame Trépière.

-Colis pour toi. Répondit-elle en désignant le paquet posé sur la table à manger.

Madame Trépière était une vieille sexagénaire grincheuse et rabougrie à la voix nasillarde. Alekto louait une chambre chez elle depuis le début de ses études à Asresh. La vieille bique avait décidé de rentabiliser la chambre vide de sa fille morte vingt ans plus tôt, ce qui valait à ses locataires d’entendre à intervalles réguliers des histoires sans intérêt sur la pauvre Judith, qui serait devenue une grande dame si elle n’avait pas attrapé cette foutue pneumonie. Alekto n’aimait pas trop madame Trépière et madame Trépière n’aimait pas trop Alekto, mais puisqu’elles se rendaient mutuellement service, elles avaient décidé de se tolérer l’une l’autre. La vieille la logeait et lui préparait le repas et Alekto payait un loyer, faisait la compagnie – son mari était mort et son chat aussi – et la laissait lui manquer de respect.

-Merci. Elle s’empara du colis. La Sorcière était surprise de recevoir quelque chose. Elle ne connaissait pas grand monde et n’avait rien commandé. Vous avez passé une bonne journée ?

-Non. La saleté partout, ça m’agace.

Depuis le décès de sa fille, la mère Trépière – Gertrude de son prénom – se méfiait pas mal des infections et ne cessait de répéter que la propreté, c’était important. Cela ne voulait pas dire que la maison était impeccable pour autant. Généralement, elle ne faisait pas beaucoup le ménage, ce qui lui permettait de râler encore, puisqu’elle n’avait rien de mieux à faire. Cela lui manquait probablement lorsque la maison était propre. L’arrivée de l’étudiante chez elle n’avait pas changé ses priorités, au contraire. Cela n’avait fait que la faire jaser davantage. Il avait fallu du temps et des négociations pour qu’elle accepte enfin d’accueillir cette idiote au teint blafard, trop âgée pour l’école et pas encore mariée : elle ne pouvait qu’être malade, ou au mieux, attardée pour être dans une situation pareille. Aujourd’hui, Gertrude continuait de garder ses distances. Alekto n’en disait rien, habituée à ce comportement commun à tous ses congénères. Evidemment, elle n’aimait pas qu’on la dénigre à tout bout de champ, comme c’était encore arrivé en cours, mais elle ne trouvait pas vraiment de solution. Ses essais de cosmétiques et de fonds de teint, qu’elle avait achetés en puisant dans ses économies, avaient empiré son teint plus qu’ils ne l’avaient rehaussé, si bien qu’elle avait tout jeté.

Sans un mot, Alekto alla dans sa chambre, tandis que la vieille pie continuait de marmonner des paroles incompréhensibles contre le monde. Une fois au calme, elle examina plus en détail son dû. C’était un paquet rectangulaire de petite taille, emballé dans un papier maintenu par une cordelette. Ligotée à elle, une lettre qu’elle lut d’abord.

« Chère Alekto,

J’espère que tu vas bien, cela fait longtemps que je n’ai pas demandé de tes nouvelles. Je me dis souvent que nous devrions nous écrire plus souvent, même si je sais que la situation est délicate. Je manque des moments que l’on a passé ensemble. C’était un peu difficile, mais au fond, c’était amusant. Comme nous sommes en pleine Galette et que les Magiciens comme les Sorciers sont à l’honneur, je me suis dit que c’était une bonne occasion pour reprendre contact avec toi ! Alors tu trouveras dans ce paquet une part de galette ! J’espère que tu l’apprécieras. Je crois que l’argent reviendras à une association pour l’éducation des enfants illettrés dans les orphelinats. C’est vraiment génial !

Mais donne-moi de tes nouvelles ! Pour ma part…
»

Déjà à bout de patience de sa lecture, Alekto survola le reste, qui s’avéra être particulièrement inintéressant à en juger les quelques mots que son esprit retînt, comme « études », « Magie Bleue », « fleurs » ou encore « amis ». Lorsqu’elle arriva enfin au bout de la lettre – un véritable roman qui ne serait jamais lu – elle découvrit enfin l’auteure de la missive.

« Marzia.

PS : tu me diras si tu as eu la fève !
»

Alekto s’installa sur son lit et réfléchit. Marzia… ?

-Ah. Ooh.

La fille, devenue Magicienne, avec qui elle avait passé sa scolarité. Celle dont elle avait profité de tous les services pour réussir ses études et obtenir son diplôme. Cela la fit sourire. Elle était contente de recevoir une lettre de quelqu’un qui l’aimait sincèrement. Même si ce n’était pas réciproque. Marzia lui avait en quelques sortes sauvé la vie, et plus de l’apprécier pour ce qu’elle était sans aucun jugement – surtout pas son physique. Le cœur embaumé d’amour et de chaleur, elle froissa la lettre et la lança à l’autre bout de la pièce. S’intéressant au contenu du paquet, elle l’ouvrit. L’odeur de beurre réveilla aussitôt son appétit : la part de galette, malgré le voyage, s’avèrerait être délicieuse.

La bouche pleine de galette, Alekto se laissa basculer en arrière. Madame Trépière grognerait encore si elle découvrait des miettes dans ses draps, mais elle s’en fichait.

~1454 mots~

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Kaahl Paiberym
~ Sorcier ~ Niveau VI ~

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Kaahl Paiberym
Lun 10 Mai 2021, 21:55



La Galette


Mon expression n’évolua pas. La sévérité semblait devoir habiller mon visage à jamais. D’autres auraient abandonné devant la perspective des instants sombres que mon stratagème supposait. Je me demandai un instant si elle m’avait bel et bien compris. Je ne lui promettais pas de l’aimer et je lui promettais encore moins de la respecter. Elle serait le nid de ma descendance, un sac que je remplirais, sans jamais daigner la considérer autrement que comme une chose. Jamais mes lèvres n’effleureraient les siennes. Jamais je n’éveillerais ses sens. Je ne lui permettrais pas de prendre le moindre plaisir dans le processus. En contrepartie, je n’en ressentirais aucun non plus, hormis celui de la savoir malheureuse. Il n’y avait pas d’autres alternatives et, sincèrement, j’étais curieux de voir jusqu’où elle serait capable d’aller pour obtenir ce qu’elle désirait et le garder. Nous avions chacun un rôle à tenir. Le mien consistait à être intransigeant et méchant. Le sien consistait à survivre et à tenter de s’épanouir. Elle comprendrait rapidement que le monde était cruel pour ceux qui subissaient en silence. Entre mes doigts, elle ressentirait la morsure d’un froid glacial qui la tuerait si elle ne faisait pas preuve d’initiatives. Chez les Mages Noirs, seuls les plus clairvoyants et consciencieux survivaient au jeu de la politique. En tant que ma femme, elle était forcément mêlée à ce dernier. Beaucoup la jalouseraient et la jalousaient déjà. Plus nombreux encore étaient ceux qui la haïssaient pour ce qu’elle représentait. Malheureusement, elle m’avait l’air d’être une belle tête de linotte, une petite sardine au milieu de piranhas conditionnés depuis leur naissance à tenter d’atteindre le pouvoir.

Mon air mécontent ne fit que s’accentuer lorsqu’elle se colla contre moi. Mes bras restèrent le long de mon corps. Je demeurai imperméable quant à sa tentative. Bien entendu, j’avais remarqué le spectacle qui se déroulait autour de nous. J’en étais las d’avance. Quant à Aliénor, que comptait-elle réussir à faire ? Immobiliser Priam dans son avancée ? Le toucher en plein cœur pour l’empêcher d’approcher ? Ne voyait-elle pas à quel point la manœuvre était périlleuse ? Certes, l’Ange pouvait être étonné quelques secondes mais je doutais qu’il fût tant abruti qu’il pût croire sérieusement à l’existence d’une liaison entre nous. J’envisageais que la voir avec moi ne le réjouissait déjà pas mais la voir contre moi ne ferait probablement que renforcer une fureur déjà latente. À partir de là, allait-il réellement rebrousser chemin ? Cela se pouvait mais, d’après moi, les probabilités se dirigeait vers une action toute différente. Dès le début de sa tentative, j’avais été certain de ne pas entrer dans son jeu. Il n’y avait pas que la situation mais également le fait que son prénom marquait ma chair depuis le Fessetival de la Charité. La réciproque était vraie. Ce n’était pas Elias mais Kaahl, qui était gravé dans son épiderme. Je ne pouvais pas me permettre un écart qui risquerait de révéler l’évidence. Si je devais l’embrasser, et je le ferais, ce serait en tant que Magicien. Pas autrement.

Je plissai les yeux. « Dame Vaughan. » commençai-je, dans un souffle autoritaire. Le ton de ma voix reflétait la noblesse sorcière. « Sachez que si nous n’étions pas en public, je vous aurais appris la politesse d’une manière bien moins douce que ce que je m’apprête à faire. Néanmoins, croyez-moi sur parole : nous rediscuterons de ce comportement dès que nous serons sur mes terres. » Mes doigts s’accrochèrent aux siens et, pour la dégager, j’exerçai une pression afin de lui tordre les phalanges, sans que la torture ne fût particulièrement insupportable ou même visible. « Je vous apprendrai à vous tenir dès que l’occasion m’en sera donnée. » J’allais mettre ma menace à exécution. J’avais appris qu’il n’y avait rien de pire que promettre sans réaliser. C’était ainsi que les menaces perdaient peu à peu leur pouvoir. On n’avait pas peur d’une éventualité de plus en plus fuyante. Braver les interdits avait un prix et elle allait le payer. Je décidais quand, où et comment j’embrassais mes femmes. Elles n’avaient aucune voix au chapitre. « N’oubliez pas que je n’ai qu’un ordre à donner pour que votre tête se retrouve à mes pieds. » ajoutai-je. Cela compliquerait drastiquement mes relations avec les Magiciens mais j’avais tout pouvoir sur elle et, si elle devenait gênante, l’hésitation ne me serait pas permise. Il valait mieux la mâter dès le début, pour faire taire toute volonté de rébellion avant même qu’elle ne naquît. « Ou la sienne. » dis-je, plus bas, en parlant de l’Ange. « Alors tenez-vous. » conclus-je, d’un ton qui ne laissait la place à aucune contestation. Quant à Laëth, si je l’avais vue, je ne lui accordai aucun regard et aucune pensée. L’Empereur Noir, contrairement à moi, n’avait que faire de cette femme. Elle avait refusé une opportunité lors de la Coupe des Nations. Elle s’était battue sur la Terre Blanche. Il n’y avait ni plus ni moins qu’un néant entre nous.

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Priam & Freyja
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Priam & Freyja
Mar 11 Mai 2021, 23:32




La Galette

Priam & Laëth | En groupe



Les gestes insensés sont criblés de beauté. Arrachés au cœur, ils projettent dans le monde la ferveur d’une émotion ou d’un sentiment. Ils honorent son ampleur.

Laëth regarda son frère s’éloigner avec l’impuissance tétanisante des vaincus. La fougue qui l’habitait ne souffrait d’aucune faille. Elle le vit s’avancer d’un pas déterminé, et elle songea qu’elle aurait voulu avoir le même courage que lui. Celui qu’elle avait si souvent traité de lâche marchait avec assurance vers la femme qui occupait ses pensées ; quand elle restait prostrée de terreur, ici ou chez elle, en imaginant ses retrouvailles avec l’homme qu’elle aimait. Elle pouvait se trouver toutes les excuses du monde. Elle pouvait expliquer que c’était un peu différent, parce qu’elle avait essayé de le contacter, et que seul le silence et la culpabilité lui avaient répondu ; parce qu’elle avait malencontreusement fauté et qu’elle redoutait d’être impardonnable ; parce que se confronter à lui, c’était, d’une part, affronter les craintes qu’avaient réveillées le Conte, et d’autre part, lui offrir l’occasion d’assassiner ses rêves et ses espoirs. De mettre un terme à tout. Peut-être valait-il mieux douter de ses intentions plutôt que de souffrir de son retrait définitif de sa vie ? Elle n’en admirait pas moins la force de son aîné. Il se moquait du Grand Chaos, l’un des hommes les plus puissants et les plus dangereux de ces terres. Malgré sa présence et sa position, il tentait. Peut-être qu’elles comptaient parmi les raisons de son passage à l’acte ? Il le haïssait. La haine est brave.

Priam buta. Juste une fraction de seconde, juste le temps que sa colère ne se révoltât sur elle-même. Elle colmata les brèches créées par la scène qui se déroulait sous ses yeux. Que faisait-elle ? L’absurdité du spectacle déclencha une salve de questionnements. Et si elle avait lu le Conte, et qu’elle ne voulait plus jamais entendre parler de lui ? Non. Deux solutions : ou l’Empereur Noir contraignait le corps d’Aliénor pour le provoquer délibérément – et il ne lui trouvait aucune raison d’agir ainsi, car ils étaient bien loin de mener un combat de coqs – ou la Magicienne mettait à l’œuvre l’une de ses idées farfelues pour l’éloigner de leur duo – pour le protéger. Il savait ce qu’il risquait. Sa conscience lui chuchotait que son action était stupide. Son cœur n’écoutait pas. Il pouvait bien soupirer devant les comportements de sa sœur. Le même feu l’habitait.

Il s’arrêta à côté des deux Mages. Ses yeux d’or passèrent sur la Fille au Chapeau et s’attardèrent sur le Vautour. Le saluer lui coûtait. Il aurait préféré lui cracher au visage. Les rancœurs nationales s’alliaient aux rancœurs familiales pour faire de cet homme un être honni. Cependant, il avait pour lui son titre, ses prérogatives et sa prestance glaçante. Ils poussaient à la déférence. Pour le fils de Bipolaires, la douleur liée à la politesse requise équivalait à celle de se faire arracher une jambe. « Empereur Noir. » dit-il, sans le quitter du regard, avec un hochement de tête léger – juste le nécessaire, pas plus, car quel Réprouvé aurait pu se relever après s’être agenouillé devant un Sorcier ? S’il avait entendu un pan de leur conversation, il ne souleva rien. Ses iris filèrent vers la jeune femme. « Aliénor. » Soudain, il regretta son impulsivité. Pourquoi était-il venu ? Qu’avait-il à lui dire ? Tellement de choses ! Mais pas devant Elias Salvatore. Il désirait lui parler du Conte, et reparler de ce rêve, et de tout ce qui les unissait, et de tout ce qui les séparait ; refaire le monde, imaginer le futur, rire du passé ; l’allonger dans l’herbe et lui caresser des mots qu’elle n’oublierait jamais. Ou ne rien lui dire, et tout taire, et tout garder pour lui. Il ne savait pas. Le Réprouvé plongeait dans le vice lorsqu’il songeait à la Magicienne. Lui, c’était différent. C’était désagréable, même. Il avait la sensation d’abriter un coffre-fort dont il ne possédait pas la clé, mais qui renfermait des éléments essentiels.

Il inspira. « J’aurais aimé discuter de quelque chose avec vous, mais je vois que vous êtes occupée. » Sa voix portait peut-être la trace de la blessure amère que lui avait infligée la vue de la Vaughan contre le torse du Salvatore. Il jeta un regard en coin à l’Empereur Noir. L’avantage d’une telle situation, au beau milieu des Terres du Lac Bleu et en présence du public, c’était qu’il ne pouvait pas directement attenter à sa vie ou le menacer trop virulemment – bien que Priam ne doutât pas que cet homme maniât à la perfection les sous-entendus. « J’espère que nous aurons l’occasion de nous revoir plus tard. » La possibilité qu’il ne la vît plus jamais l’effleura. Et si, à terme, elle vivait recluse au sein d’Amestris ? Et si elle y finissait ses jours après avoir mis au monde son treizième enfant, comme l’avait prédit Jun ? Paradoxalement, ses propos avaient accru son envie de la voir. Au creux de sa poitrine, une urgence était née. Un jour, tout prendrait fin. Quand on était éternel et que l’on pouvait vivre des siècles, il se révélait parfois bien difficile d’envisager la Mort dans toute sa brutalité.

L’Ange se racla la gorge. Ses pensées se dispersaient, toutefois, il avait conscience d’être ridicule – un peu. Il s’était précipité vers eux sans réel motif, ou en tout cas, sans motif qui fût formulable à l’oral. Soudain, une étincelle alluma son regard. « Pour me faire pardonner ce dérangement, me permettriez-vous de vous offrir une part de galette ? » Il pinça les lèvres. Prononcées à haute voix, certaines idées paraissent cent fois plus idiotes et risibles que pétries de silence au sein de l’esprit.

Tendue, Laëth observait la scène. Pas un signe, pas un geste, pas une œillade. Un regard méprisant eut peut-être été plus supportable que cette violente indifférence. L’Ailée serra les poings. S’il le fallait, elle irait chez lui, et elle y resterait jusqu’à ce qu’il daignât y apparaître. Elle attendrait aussi longtemps qu’il le faudrait. L’amour lui conférait toutes les vertus et tous les vices. Si la patience cédait, elle ferait preuve d’obstination. Dans son cœur, l’Espoir fleurissait. L’absolu l’abreuvait. Un monde sans lui n’avait pas lieu d’exister. Une vie sans lui n’avait aucune saveur. Elle, sans lui, n’était qu’une ombre. Les gestes insensés sont criblés de beauté.



Message II – 1061 mots

Résumé : Laëth et Priam sont avec Elias et Aliénor. Malaise et PLS 2.0 <3




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Adam Pendragon
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Adam Pendragon
Mer 12 Mai 2021, 20:09



! Ceci est un rp de Luxurieux !

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La galette


« Et une fois que tu l’as bien léchée là, ensuite tu aspires.
— Impressionnant.
— Et tu peux aussi mordiller selon le cas... En douceur, tu t’en doutes. »

Ce qui était impressionnant n’était pas mes explications mais la facilité avec laquelle j’avais donné un aspect sexuel à ma galette. Quelques Magiciens, en passant, s’empourpraient en me voyant agiter ma langue sur des points aussi stratégiques que sucrés de la pâtisserie.

« Tout est une question de rythme, comme pour nous. Tu peux aller vite mais tu peux aussi la faire languir, monter en pression avant de relâcher. »

Je souris.

« On m’a dit qu’on pouvait le faire plusieurs fois d’affilé.
— Oui, c’est l’une des grandes injustices de l’existence. Les femmes repartent plus vite à l’assaut. »

Même si la Luxure était un Péché qui se travaillait. La magie, dans tous les cas, pouvait servir à combler les lacunes fonctionnelles. Contrôler le toucher aidait grandement.

« Je t’en ai déjà parlé mais il n’y a pas que les organes génitaux qui comptent. Il faut savoir faire preuve d’imagination et ne pas s’arrêter à son propre plaisir. C’est très mauvais pour la suite de frustrer sa partenaire, même s’il ne faut pas penser qu’à elle non plus. C’est un échange et quand tu connais bien la personne, tu peux aussi décider d’être égoïste parfois.
— Comment ça ?
— Je te montrerai si tu te trouves une partenaire consentante pour des cours pratiques.
— Kori pourrait faire l’affaire. »

Ce fut le moment que choisit la concernée pour revenir des toilettes.

« Vous parlez de quoi ?
— De sexe. » répondit mon apprenti, sans détour.

La jeune femme sourit.

« Le sujet magique, dit-elle.
— Tu peux te joindre à nous si tu veux.
— Adam me disait justement qu’il serait partant pour un cours pratique si je me trouvais un cobaye.
— Et tu as pensé à moi ?
— Oui.
— Je vais y réfléchir. Mais avant, j’ai entendu dire que l’Empereur Noir était ici, à côté du lac !
— Ah ?
— Ouais ! Ça me fait rire de l’imaginer au soleil. »

J’esquissai un sourire. Ainsi, Son Altesse avait-elle effectué un déplacement public sans m’en avertir ? Je savais qu’il vivait une période de transition difficile mais je ne pouvais pas m’empêcher d’être agacé, au moins pour ce qui me concernait directement. La situation ne me plaisait pas franchement, à moi non plus, lorsque j’étais Humain. Il n'était pas la seule victime dans l'affaire, même si j’avais tendance à prendre les choses à la légère sans la Bague. En Déchu, j’acceptais simplement la situation parce que je savais qu’il n’y avait que ça à faire. J’aurais pu crier, pleurer, frapper, qu’elle aurait toujours été la même. Autant profiter et laisser les choses advenir tranquillement. Je ne perdais rien. Je ne gagnais rien. Ça m’était égal. Le seul problème venait de lui ou, plutôt, de l’impression de lui faire du mal à lui. C’était tout. Le reste me passait bien au-dessus, même si ma relation avec l’Ange était compliquée.

« Kori ?
— Oui ?
— Tu as toujours un exemplaire du livre que je t’ai prêté dans ton sac ?
— Celui que vous avez écrit sous un prête-nom ? demanda-t-elle, avec l’orgueil de ceux qui devinent juste.
— Exactement, celui-là. Je vais devoir te le reprendre. Je t’en procurerai un autre plus tard. Et est-ce que vous pouvez aller me chercher à boire ? Je meurs de soif. »

Une fois seul avec le livre en mains, je fis apparaître une plume, afin de noter mon message.

Je préfère ta colère lorsqu’elle s’exprime autrement que par un silence glaçant. Je sais que tu n’es pas au mieux de ta forme mais il se trouve que je connais un moyen efficace de détendre ce qui est tendu. Arrête de m’en vouloir pour ce dont je ne suis pas responsable et retrouve-moi à Cael, chez moi. Je vais tellement te fatiguer que tu en oublieras le reste. Lorsque tu pourras marcher de nouveau, tu y verras plus clair, promis. Après… Si tu es d’humeur aventureuse, on peut aussi se trouver un coin à l’écart maintenant.

Je n’aurais aucun mal à m’agenouiller devant l’Empereur Noir, pensai-je, en me rendant compte de l’excitation que la situation provoquait chez moi. Le simple fait de l'imaginer nu, à se tordre de plaisir sous l'effet de ma magie, me rendait désireux de le toucher, tout de suite. J’espérais juste qu’il arrête de bouder, parce que j’avais envie de lui et que je n’aimais pas les conflits, surtout lorsque l’une des parties apposait un point final silencieux. Je préférerais encore qu’il détruise ma maison une deuxième fois plutôt qu’il m’ignore.

En route vers le lac, mon regard s’attarda sur la silhouette particulière de Cyrius Windsor. J’eus du mal à retenir mon côté taquin. En fait, il tombait bien. Je savais qu’il délivrerait mon message fidèlement.

« Excusez-moi, Duc Windsor ? Je ne vous retiendrai pas longtemps. Je pense que vous savez qui je suis. »

Bien sûr qu’il était au courant. Je pensais qu’il ne m’aimait d’ailleurs pas trop. J’avais trop d’importance dans le cœur de son Roi. Je savais néanmoins qu’il en avait aussi. Je n’arrivais cependant pas à comprendre la nature de leur relation. Couchaient-ils ensemble ? Étaient-ils amis ? Complotaient-ils tous les deux ? S’aimaient-ils ? C’était l’une des rares choses que Kaahl ne me disait pas. Il m’avait assuré la connaissance de Cyrius pour nous mais ne s’attardait jamais sur ce qu’ils faisaient, lorsqu’ils se voyaient.

« J’aimerais que vous remettiez ceci à l’Empereur Noir pour moi. C’est d’une importance capitale. »

Je l’avais dit en exagérant, pour marquer l’humour. Cyrius Windsor avait un côté insaisissable et maladroit qui me plaisait assez. Ça devait être particulier de coucher avec lui. Il avait une beauté délicate.

Je lui tendis l’ouvrage, avec en tête d’aller manger de nouveau de la galette ensuite.

938 mots


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Aliénor Vaughan
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Aliénor Vaughan
Jeu 13 Mai 2021, 08:03


Image réalisée par Naimly

La Galette



La voix de l’Empereur Noir décrocha le cœur d’Aliénor. Un instant, elle manqua d’air, en comprenant qu’il n’approuvait pas son comportement. Elle souhaita disparaître à jamais, pour ne pas avoir à essuyer le rejet et les conséquences que son appellation seule laissait supposer. Elle désira baisser les yeux, pour se détacher de la figure du Monarque. Curieusement, elle se rappela quelques épisodes de son enfance, lorsque ses sœurs et elle jouaient aux Sorciers et aux Magiciens. Il y avait toujours plusieurs Sorcières et le Grand Chaos était représenté. Niklaus Lord Salvatore était facile à jouer. Sa folie à l’égard des Sirènes, sa folie tout court, son obsession pour Vanille Caël Deslyce, sa relation avec l’Empereur de Spectre, un pervers connu et reconnu : tout ceci contribuait au jeu et à la création d’un personnage dont il était facile de grossir les traits. Il y avait également les préjugés qui jouaient. Pourtant, en fixant cet homme, elle se dit que si elle avait dû l’incarner, elle n’aurait su comment s’y prendre. Il n’était pas particulièrement hautain. Il n’était pas… Sa légende et son comportement lui semblaient différer quelque peu. En face d’elle, elle avait l’impression d’avoir une machine. Il était cruellement efficace. Et, comme une douche froide, elle comprit : sa tentative à elle n’importait pas. Le fait qu’elle se rapprochât de lui dans l’objectif d’épargner Priam n’importait pas. Elle n’avait aucun poids. Jamais il n'aurait tenté quoi que ce fût contre l’Ange ici, même si ce dernier avait craché toute la rage que son cœur contenait. S’il avait désiré le tuer, alors Priam serait déjà mort. S'il venait à désirer le tuer, alors il mourrait. Les choses suivraient néanmoins un ordre déterminé.

Aliénor se pinça la lèvre, les mots du Roi s’imprégnant dans sa chair sans qu’elle n’arrivât à en comprendre textuellement le sens. Elle avait pourtant conscience du contenu et avait l’impression qu’une lame lui tranchait doucement la peau. Mais les mots lui semblaient lointains autant qu’ils étaient douloureux. Il lui faisait peur sans qu’il n’eût besoin de faire preuve d’une manifestation de puissance. Il lui parlait, simplement, et les mots étaient des armes redoutables. De la peur naquit un semblant de compréhension : il n’avait pas fait écorcher ceux qui tournaient autour de sa femme pour les beaux yeux de celle-ci. Il l’avait fait avec une idée politique derrière la tête. Il se fichait d’elle. Il se fichait de sa relation avec Priam. Il… se fichait même probablement de l’Impératrice Noire. Il jouait le jeu de la Royauté. Comme ses sœurs et elle, enfants, avaient joué à être le Grand Chaos, lui l’incarnait. Ce rôle, qui s’était transmis de génération en génération, possédait le poids de son Histoire. Elias Salvatore, lui, était différent du Roi qu’il devait montrer être. L’homme qui lui faisait face n’avait pas plus d’intérêt pour elle qu’il n’en avait pour les prétendants de sa première épouse. Ce n’était pas l’amour qui l’intéressait. Il ne la punirait pas parce que son comportement l’avait gêné. Il la punirait pour lui apprendre à jouer son rôle. Elle devait jouer les Dames Noires et laisser la Comtesse Vaughan dans un petit coin pour endosser la responsabilité de sa fonction. Ce n’était pas une histoire de sentiments. Ce n’était pas une histoire de goût. C’était ce qui devait être fait. Elle prit conscience d’une possibilité : plus le monde verrait la Dame Noire et plus Aliénor serait libre en dehors des planches de la scène, une fois le rideau tombé. En vingt secondes sous les paroles de l’Empereur Noir, elle prit vingt années de maturité. Comme lorsqu’elle était enfant, elle endossa le masque qui convenait. Ce n’était que ça : un jeu.

« Priam. » répondit-elle, après avoir passé son bras de nouveau autour de celui de l’Empereur Noir. Ses doigts se remettaient de l’agression. Si, sur le coup, elle avait craint qu’il ne les lui cassât, elle comprenait maintenant que ça n’aurait rien apporté. Il agissait par tactique et avait probablement songé à la douleur strictement nécessaire pour arriver à ses fins. Le mal nécessaire : pas absolu, juste nécessaire. Peut-être… Peut-être avait-elle tort. Il ne lui confirmerait jamais ses pensées. Elle ne pourrait que l’observer depuis son côté. Son cœur battait pour l’Ange. Son corps se damnerait pour l’Ange. Pourtant, sa tête devait servir la cause qui lui avait été remise. Sa tête appartenait à la Couronne Blanche et devait conquérir la Couronne Noire pour favoriser la paix. Elle ne s’appartenait pas, du moins, pas en public. « Oui, moi aussi. » répondit-elle, avant d’entendre l’offre de l’Ange concernant la galette. Elle lui sourit, comprenant avec un certain effroi que ses pas l’avaient guidé jusqu’à elle bien avant sa tête. Elle se pinça les lèvres et pressa doucement le bras d’Elias. Elle courait à son secours, pour lui éviter le naufrage. « Vous devez vous rappeler de l’Isemssith Priam Belegad ? » dit-elle. C’était un jeu. Un jeu entre les différents acteurs. Le Roi Noir était son principal partenaire. Dans son esprit, la Magicienne comprit que si elle lui donnait correctement la réplique, il y répondrait sans doute d’une façon attendue. C’était ainsi qu’il était possible d’éviter les drames. « J’ai bon espoir qu’il devienne un diplomate de renom. Il pourrait, très certainement, à l’avenir, s’avérer d’une grande utilité pour tisser davantage de liens entre les Sorciers et les Anges. » Elle songea à ses quelques notions de politique, des cours auxquels elle avait assisté partiellement, son cerveau occupé à faire des rêves éveillés. Elle avait pourtant dû réviser et il lui en restait quelques bribes. Au-delà de ça, elle vivait depuis l’enfance dans un univers de bals et elle avait vu plus d’une fois ses parents agir en haute société. « Comme il en existe aujourd’hui entre les Magiciens et les Anges. Ce serait mal vu, je pense, si je refusais l’offre. » Elle avait pris soin de ne pas l’inclure dans sa phrase, même si c’est ce que ça supposait aussi. « Priam Belegad est également l’un de mes amis. Nous nous sommes rencontrés la première fois lorsqu’il venait de quitter Lumnaar’Yuvon. Il ne parlait pas encore le langage commun. Nous ne nous sommes compris que très difficilement. » Elle sourit, marqua une pause de rigueur, et demanda à son époux : « Qu’en dîtes-vous ? Nous pourrions également convier sa sœur, Laëth Belegad, qui s’est battue à vos côtés lors de la prise de la Terre Blanche ? » Aliénor leva les yeux vers la concernée. Elle semblait ne pas oser venir. C'était maintenant que tout se jouait. En y songeant, la Magicienne avait compris qu'elle ne connaissait rien de l'homme à qui elle était liée par contrat. Elle tremblait devant sa légende mais, au-delà de celle-ci, il n'en restait pas moins un homme. Il mangeait, il dormait. Il devait bien sourire aussi, parfois, hors de la scène.

C’était ainsi que les choses devaient se dérouler. Elle se battrait pour sa liberté, derrière le masque de façade. Et quand elle aurait des enfants, elle continuerait de se battre, jusqu’à grandir, évoluer, jusqu’à devenir l’égale de son époux, jusqu’à être certaine de créer une paix durable et autant de leviers à tirer pour garder ce qu’elle possédait. Ce serait alors à lui de choisir : jouer le même jeu qu’elle et être son allié, ou rompre le pacte et devenir son ennemi. Elle n’était plus une chose qui se laissait martyriser par la tempête. Elle était un sujet et elle plongerait au cœur de cette tempête jusqu’à ne faire qu’un avec elle.

1162 mots


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Jeu 13 Mai 2021, 13:33


Image par Isabela Homitchi


La Galette


Les dents de Za s’activaient. Sur la pâtisserie, elles s’acharnaient. La Réprouvée n’aimait pas les putains de magos mais qu’est-ce qu’elle aimait cette galette ! Le Sorcier, à côté d’elle, semblait partagé entre l’envie de l’étrangler et de s’en aller. Heureusement, il était grassement payé pour la surveiller. Ce n’était pas tant le risque qu’elle fût malencontreusement tuée - ça, tout le monde s’en fichait - mais plutôt le risque qu’elle fît n’importe quoi. C’était d’ailleurs déjà ce qu’elle était en train de faire. En cours de route, elle avait décrété que la robe qu’elle portait n’était pas appropriée, car trop petite. Elle avait donc entrepris de tout enlever, ce qui était un comportement fréquent chez les sauvages d’après le Mage, et était maintenant en jupon. C’était totalement inconvenant si l’on partait du principe que ça avait presque la même signification que si elle s’était retrouvée en sous-vêtements. On voyait les formes de ses cuisses apparaître sous le tissu blanc, ce qui provoquait la gêne de son surveillant. Elle avait gardé le corset mais avait desserré les fils du devant. La seule raison pour laquelle le vêtement tenait encore, c’était le serrement de sa taille. Ses seins avaient retrouvé un peu de liberté mais restaient tout de même comprimés.

Le Sorcier, un jeune cousin du Duc Lhéasse Taiji, avait envie de lui envoyer des paroles cinglantes au visage. Néanmoins, il n’en avait pas la possibilité. Il était préférable de la surveiller en silence. Il n’était pas censé se rapprocher d’elle d’une quelconque manière. En un sens, c’était tant mieux puisqu’elle le dégoûtait profondément. Il devait simplement s’assurer qu’elle ne fît pas honte à la Couronne, ce qui était une tâche particulièrement malaisée si l’on partait du principe que sa simple existence était une insulte à l’ensemble des Mages Noirs. En réalité, même s’il ne voulait pas l’avouer, il était particulièrement dépassé par les événements et le refus de la blonde de se plier à ses exigences. Soit elle était machiavélique, soit elle était complètement conne. Il penchait, naturellement, vers la deuxième solution. C’était la bonne. Il devait sévir.

Il serra les poings. « Ma Dame, je vous prie de manger avec plus de… dignité. » Za détourna les yeux de sa pitance pour les poser sur l’homme. Il était vraiment disgracieux. Que lui était-il donc arrivé ? Sa mère l’avait bercé trop près du mur à la naissance ou bien ? « Bah quoi ? » répondit-elle, comme si elle ne voyait pas le problème. Elle n’apprenait jamais. Elle avait beau se faire recadrer par une Sorcière à l’intérieur du château, une fois que celle-ci avait le dos tourné, elle recommençait. C’était particulièrement agaçant d’avoir à traiter avec un animal pareil. Ça prouvait bien que les Réprouvés étaient tous des bêtes et ne méritaient aucune attention. Exélius ne comprenait pas la stratégie royale. Pourquoi l’Empereur Noir s’était-il lié par mariage à cette chose ? Ce n’était pas comme si les Bipolaires avaient quoi que ce fût d’essentiel. Non. C’était même tout le contraire. Avec ou sans eux, le monde ne se comportait pas différemment. Ils n’avaient aucun poids, aucune importance. Était-ce pour leur faire comprendre à quel point il pouvait les soumettre en allant jusqu’à épouser l’une des leurs ? C’était une possibilité. « Vous en avez sur le menton. » « Oh ! Quand tu fais plaisir à ta copine, t’en as pas sur le menton toi ? Si c’est pas le cas, c’est que tu fais mal le travail ! » Et elle se mit à rire, devant l’air dépité du Mage Noir. Peut-être avait-il fait preuve de zèle en assurant qu’il pourrait se charger d’elle. Il faut dire que beaucoup de Sorciers n’avaient pas envie de s’occuper d’une Réprouvée. Les plus grands avaient passé leur tour. La surveiller, c’était comme se retrouver seul en face d’une classe de cent enfants hyperactifs. La nécessité d’appeler du renfort se faisait déjà sentir depuis plusieurs minutes en lui. Il ne l’avait pas fait, incapable jusqu’ici de reconnaître sa faiblesse. Il allait le faire, maintenant. Il ne voulait pas que les rumeurs d’une Dame Noire à moitié dévêtue et se goinfrant comme un ogre se répandissent jusqu’à Amestris. Il en serait tenu pour responsable.

Une Sorcière apparut. Éphébia. Sa silhouette était celle d’un oiseau de proie. Son nez était légèrement arrondi, la pointe vers le bas. Sa coiffure était aussi impressionnante que sa posture. Elle fixa Exélius avec mépris dès qu’elle comprit la situation. « Mon fils, tu me fais honte. » dit-elle, comme une condamnation à la peine capitale. Le Mage Noir déglutit en silence et baissa les yeux. Za, elle, avait arrêté de mâchouiller. « Dame Za Salvatore. » Ce n’étaient pas des salutations. C’était un rappel à l’ordre. « Dois-je vous rappeler votre situation et celle de votre fille ? Vous me semblez particulièrement légère pour quelqu’un dans une aussi mauvaise posture. » Le sourire qu’elle afficha était mauvais. La Réprouvée voulut rétorquer, piquée au vif, mais ses lèvres furent collées par magie. « Je ne vous ai pas demandé de parler. » Et elle s’approcha. « Vous avez beau avoir le titre de Dame Noire, vous n’en restez pas moins qu’une moins que rien. Ne croyez pas que votre statut vous protège de quoi que ce soit. Alors, que les choses soient claires : soit vous rentrez dans les rangs bien gentiment comme une gentille petite chienne, soit je vous fais enfermer dans une pièce d’un mètre carré jusqu’à vous y oublier. » Elle n’attendait pas de réponse. Le corps de Za, de surcroît, fut de nouveau enfermé dans une robe royale, renforcée de telle façon qu’elle ne puisse pas chercher à l’enlever. Nul lacet, nulle attache. Rien que du tissu, ajusté par magie pour lui aller. « Pensez à ce que vous risquez de perdre et arrêtez de nous faire regretter les libertés que nous vous donnons à chaque occasion. De nous deux, vous êtes de loin celle qui abuse le plus de la gentillesse de l’autre. » Elle se tut un instant, avant de reprendre. Ses yeux se rivèrent sur son fils. « Exélius, rentre à la maison. Je vais m’occuper de Dame Taiji Stark. » Un temps. « Tout de suite ! » « Oui mère. » dit-il, en faisant une légère courbette avant de tourner les talons, plein de rage et de ressentiments.

« Venez, à présent. » adressa-t-elle à Za.

1055 mots


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Kaahl Paiberym
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Kaahl Paiberym
Jeu 13 Mai 2021, 21:35



La Galette


Je fixai l’intrus un instant. Aucune parole ne franchit mes lèvres. J’aurais pu être mécontent de sa méconnaissance des usages, ne pas le considérer ou être vaguement intéressé que la réaction aurait probablement été la même. Créer le doute était une arme puissante, tout comme attendre patiemment et laisser les différents protagonistes se déclarer les premiers. Le meilleur moyen d’être intouchable consistait à toujours garder une distance significative vis-à-vis d’autrui, construire un mur de givre infranchissable. Le fait de n’avoir aucune vie privée en tant qu’Empereur Noir était un avantage non négligeable : personne ne me voyait jamais au quotidien. N’existaient que mes brèves apparitions. Je restai donc parfaitement silencieux. Il n’était pas question de renvoyer l’Ange à ses occupations, ni même de l’insulter. J’aurais pu, mais pourquoi faire ? Par cruauté ? Le Grand Chaos devait être au-dessus de ça. Il n’avait rien à prouver, ni à Priam, ni à personne. C’était ce que je devais faire comprendre au quotidien. Je n’étais pas Roi pour amuser la galerie. Je n’étais pas Roi pour faire illustration de mon pouvoir. Je n’étais pas Roi pour des raisons personnelles. J’étais Roi pour la réalisation d’une idée.

Mon regard se porta sur Aliénor avant de rejoindre la silhouette de Priam de nouveau. « Certainement. » répondis-je d’un ton neutre, tout en écoutant les dires de la Magicienne. Je ne voulais pas préjuger de son comportement actuel mais il me semblait déceler du mieux. J’attendis, avant de reprendre la parole. « C’est un parcours remarquable que celui d’arriver à s’adapter en terres inconnues. Vous avez dû rencontrer bien des difficultés. » Il n’y avait ni amicalité, ni animosité dans mon ton. Je ne compatissais pas plus que je ne critiquais. Je me contentais d’articuler des faits. Alors que ma femme parlait de Laëth, mes yeux se déplacèrent vers la concernée, comme si je désirais m’assurer de l’existence de sa présence. Concentré sur ma tâche, mon cœur me semblait vide de toute émotion. Il n’était qu’un néant à l’étendue infinie. Je fixai de nouveau l’homme. « Je ne serai pas celui qui s’opposera à cette entreprise. » C’était une acceptation comme une autre, plus subtile qu’un simple oui. Elle ne m’engageait pas outre mesure et, surtout, elle avait le mérite de rendre mes pensées quant à cette initiative totalement hermétiques. Je n’évoquai pas la Coupe des Nations, pas plus que je n’attirai l’attention sur la situation en Terre Blanche. Je n’avais aucun besoin de faire la conversation. Ce rôle n’était pas le mien. Si le malaise venait à s’installer, je n’y verrais aucun inconvénient.

Je vis soudainement la silhouette de Cyrius. Ses joues portaient la marque du malaise. Il s’arrêta à quelques mètres du groupe que nous formions. Je devinai que ce qu’il avait à me dire était privé. « Excusez-moi. » prononçai-je. Ma main attrapa celle d’Aliénor afin de libérer mon bras et je me dirigeai vers le blond. Il me tendit un livre. Je compris rapidement lorsque mes yeux balayèrent le nom de l’auteur. J’écartai la couverture et lus les mots inscrits. Nul doute : le Duc avait lui aussi parcouru les lignes m’étant adressées, ce qui expliquait son état. Ces questions le rendaient fébrile. Lui qui adorait boire mon sang, sans que nos deux corps l’un contre l’autre ne lui posassent le moindre problème, n’avait jamais passé le stade de la sexualité. « Merci pour cette information, Archimage Merlfide. » lui dis-je, d’une voix sans émotion, tandis que les pages s’effritaient petit à petit sous l’effet de ma magie. Elles ne tombèrent ni en cendres, ni en poussières. Elles disparurent simplement à jamais. « Il a dit que c’était d’une importance capitale. » Il n’avait pas compris le trait d’humour. « Hum. » fis-je, avant de tourner les talons à son plus grand désarroi. Je savais que Cyrius détestait mon comportement lorsque nous étions en public. Il devait prendre sur lui pour ne pas laisser éclater sa frustration d’être ignoré une grande partie du temps. Parmi la foule, il me préférait lorsque j’étais Kaahl. Le Magicien pouvait discuter avec lui et, surtout, jouer en sa compagnie.

De retour devant Priam et Aliénor, je pris la parole. « Le Duc Windsor vient de m’annoncer qu’un événement requérait mon attention. » C’était assez clair. Je jugeai ne pas avoir à annoncer officiellement mon départ en d’autres termes. Mes yeux rejoignirent ceux de l’Ange. « Veuillez saluer votre sœur de ma part. » Puis, ils se plongèrent dans ceux de la Magicienne. « Nous ne risquons pas de nous revoir avant un moment, Dame Vaughan. Veillez néanmoins à m’envoyer une lettre à chaque fois qu’un moment propice se présentera pour la réalisation de notre affaire. Ce sont des choses qui peuvent prendre du temps. » Je ne fus pas plus précis. Ça ne regardait pas l’Ange. Sans un mot de plus, je laissai les ténèbres de Lux in Tenebris se répandre autour de moi pour créer une ambiance macabre quelques secondes avant de me téléporter. Je voulais fortifier la certitude que chaque utilisation de ma magie provoquait l’horreur, la peur ou le malaise automatiquement. Pour le reste, je n’avais donné aucun ordre concernant la Comtesse et sa liberté d’aller et venir. Il était possible de penser à un oubli. Je n’avais pas oublié.

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Kyra Lemingway
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Kyra Lemingway
Ven 14 Mai 2021, 11:50


La Galette

Longeant l'immense Lac de Vervallée, tu flânais à travers les stands, attardant ton regard de façon régulière sur les déhanchés qui te dépassaient avant qu'un soupir ne t'échappes. Pourquoi ces Magiciennes s'encombraient-elles donc de tant de morceaux de tissus, aussi épais de surcroit ? Alors tu te rapatries sur les Magiciens. Moulés ainsi dans leurs bas de soies, le galbe de leurs fessiers, à eux, ressortaient fichtrement et agréablement bien en deux collines parfaitement rebondie. Pour certains la vision étaient même particulièrement appétissante. Quoi que, tu ne pouvais pas non plus critiquer totalement le vêtement de ces jeunes femmes. Tu pouvais peut-être faire une croix sur les jolies joues de ces dames, mais en levant un peu les yeux tu pouvais voir leurs poitrines à moitié déborder de leurs imposantes robes. Même celle qui n'était pas la plus fournie semblait soudain être bien charnue. Alors tu ne parlais pas de ces femmes particulièrement bien équipée à l'origine. C'était presque si le vêtement ne semblait pas vouloir régurgiter tout ça tant l'ensemble était trop encombrant pour lui. Tu étais certains qu'une inspiration trop profonde et le tout céderait sous l'orgueilleuse carrure de ces douces montagnes. Tu étais presque tenté de faire l'expérience, comme de voir comment répondraient les fesses rebondis de cet homme si elles venaient à être savamment claquée. À condition que ce ne soit pas l'homme qui réponde, ce qui était également probable.

C'était la première fois que tu te promenais sur ces terres et découvrais réellement les mœurs de ce peuple. Tu n'étais pas déçu. C'était sur un coup de tête que tu t'étais décidé à venir. En parti. L'événement était réputé, mais l'idée d'avoir un rendez-vous avec un Souverain, ce n'est franchement pas ton délire, même en si tu savais les chances d'arriver infimes. Ces gens étaient trop important, trop grand, trop..... Juste "trop" en fait. Alors lorsque tu avais entendu que, cette fois-ci, ils n'y en avaient pas mis une, mais deux fèves ! D'habitude, ce n'était pas le genre de plan que tu refusais. Mais deux fois plus de chances de choper une couronne — déjà que tu n'étais toujours pas sûr de vouloir celle que les Faes t'avaient refilées — alors te dire qu'en plus tu pouvais trouver le moyen de finir par devoir taper discute avec l'Empereur Noir. Est-ce que c'est possible de discuter avec lui en réalité ? Une autre personne que toi, peut-être y arriverai. Tu n'avais jamais voyagé jusqu'à aujourd'hui. Tu ne connaissais rien des autres peuples sinon ce que les livres t'apprenais. Ce que tu savais de la politique ? Les Anges étaient ennemis des Démons. Les Magiciens s'entendaient bien avec ces emplumés. Avec la majorité du monde en fait. En fait, tu te foutais tellement de tout ces bordels diplomatiques que tu en ignorais même qui étaient réellement alliés ou ennemis de qui. Non, franchement, tu serais probablement la pire des personnes à devoir choper cette fève. Que ce soit celle menant à la Reine Blanche ou au Roi Noir.

Ton regard continuait à glisser sur les différentes silhouettes à la recherche de celle qui t'avais invité — par deux fois d'ici que tu n'eusses pas compris — à l'événement. Lever les yeux vers les visages pourrait être plus simple pour la trouver. Surtout que tu aurais une vision bien plus périphérique de l'endroit et des personnes s'y trouvant. Tu profiterais cependant moins du spectacle que ces Mages t'offrent. D'autant que tu es tout autant capable de la trouver de cette manière. La vision du frêle corps dénudée de la domestique vint effleurer dangereusement ton esprit que tu tentais de garder apaisé. Tu ne l'avais pas prévenu de ta venue. Tu n'en avais pas eu le temps. Tu serais arrivé avant le message confirmant ta présence de toute façon. « gtfrvvvvvvvvrv7 ». Tu te tournes vers l'étrange son à ta gauche, un appel aussi étrange qu'incompréhensible se rapprochant presque plus du barbouillement animalier que du gazouillement que l'on donnait aux nourrissons. Les gosses. Tu te demandais comment certains pouvaient tant se montrer gaga devant ces machins incapables d'aligner trois mots correctement ou de tenir sur leurs pattes sans le soutien de leurs aînés. Toujours à devoir les surveiller, les nourrir, les veiller, les rassurer, s'en occuper, plus un instant pour soi. La prison à la maison. Ces marmots étaient des privilégiés en plus. A peine nés qu'ils avaient déjà l'occasion de voir une paire de seins nue et d'en mordre et lécher le téton sans même qu'on ne leur fasse aucune remarque désobligeante que ce soit. Ils se baladaient le cul à l'air et sans pudeurs, les demoiselles s'extasiant devant cet air "trop adorable" et personnes ne leurs disant rien, parce que se sont des gosses, justement.

«
Monsieur, une galette ? » t'interpella-t-on. Tu te tournes en direction de la vendeuse, hésitant à lui répondre par la négative ou, éventuellement, lui proposer bien autre chose. Ça n'irait pas exactement dans le sens de la festivité toutefois. Aussi te rapproches-tu de celle-ci pour céder à la tentation. « A condition que vous me donniez une part vide de fèves. » rétorques-tu en t'accoudant au comptoir, enfonçant négligemment ton menton dans la paume de ta main. « Ça, ce n'est pas moi qui décide malheureusement. » - « Il suffit de regarder discrètement dedans. » suggéras-tu sur un ton de connivence. « Ce serait tricher. Ce n'est pas très sage. » rétorqua avec malice la Magicienne. Tu arques un sourcil, l'air qu'elle avait empruntée balayant totalement la grimace qui aurait dû t'échapper. Qu'elle continue sur ce ton et c'est dans son joli décolleté ou sous son épais jupon que tu irais jeter un œil, un peu moins discret toutefois, et assurément pas sage. « Je vous propose quelque chose. Je cherche quelqu'un. Si vous m'aidez à la trouver, je vous prends une de vos parts à l'aveugle. ». Parce que tu n'étais pas certain qu'elle accepte que tu la prennes seulement. « Je ne peux pas garantir vous aider à la trouver, mais je peux peut-être essayer de vous guider quand même. Je vois passer beaucoup de monde et j'ai appris à avoir la mémoire physionomiste. » - « Ah ? ». Elle te fit signe de te rapprocher, comme pour te confier un important secret. Penchée sur ton oreille, tu avais la plus belle des vues sur sa poitrine encagée. Tu te voyais déjà la libérer et leur faire profiter de leur nouvelle émancipation. « Je travaille au Palais. » susurra-t-elle avant de s'éloigner plus ou moins innocemment. Elle n'était pas sotte au point d'ignorer que n'importe quel mâle se serait perdu dans la contemplation des vallons de ses seins offert à ses yeux. Les Anges éventuellement. Pourtant une partie de ton esprit retrouva ses capacités de discernement à l'information qu'elle t'offrît. « Retenir le nom et les visages de chacun des visiteurs est la moindre des choses à savoir faire, surtout lorsque l'on fait les chambres. » compléta-t-elle avec la malice de ceux qui connaissaient les secrets intimes des grands noms. « Alors vous pourrez bien plus m'aider que vous le pensez. Nymeria Vaughan, ça vous dit quelque chose ? Une Magicienne qui travaille au Palais aussi. Petite brune, les cheveux bouclées. Une cicatrice sur le visage. ». Un éclair d'illumination semble frapper ta vis-à-vis à cette dernière description. Des Magiciennes scarifiées, ça ne courraient pas les rues non plus. « Oui, elle tient un stand elle aussi, un peu plus loin, par là-bas. » déclare-t-elle en pointant de l'index le lieu en question. « Deux parts donc ? » reprit-elle sous ton regard surprit. « Une pour vous, et une pour Nymeria. Nous n'avons pas souvent l'occasion de se faire de véritables amis en dehors de ceux vivant Cael ou le Palais lorsqu'on y travail. » s'explique-t-elle en constatant ton air ahurit. « Merci. » souris-tu en t'éloignant après lui avoir déposé quelques pièces sur le comptoir. « Et bonne journée. ».

Tu te questionnais sur les mots de la Magicienne. Une amie ? Pas vraiment. Tu la voyais comme un peu plus que ça. Ou plutôt, différemment. Tu serais incapable de poser un mot exact sur le genre de relation que tu considérais avoir avec elle. Mais une amitié ? Non, ce n'était sûrement pas ça. Un fantasme ? Peut-être. Du moins était-ce la définition qui s'en approchait le plus. Tu ne t'emparerais pas de Nymeria, tu ne la forcerais pas, ni ne la soumettrais par aucune vile magie. Tu la voulais, ardemment, autant que tu l'avais voulu en rêve. Mais tu voulais la laisser venir à toi. Comme dans ce rêve, ce serait elle qui s'offrirait à toi. Tes songes s'évadant dans cette éventualité, tu mordilles plus que tu ne croques réellement le morceau que t'avais offert la Magicienne, te dirigeant vers le stand pour y voir, de loin, Elyanna seulement. Tu n'étais pas mécontent, tu savais qu'elle serait bien moins réticente à laisser le lieu désert le temps d'un tête-à-tête. Mis plus tard. Tu devais te débarrasser de ton morceau de gâteau en trop avant. Tu continues donc tes pérégrinations alentours à la recherche de la petite domestique jusqu'à ce que ton regard soit attiré par bien autre chose de bien plus imposant. Un frisson parcouru ton échine à la vision du trio glaçant. C'était un étrange sentiment. Celui de se sentir fourmi sous la semelle d'un géant. Étrangement tu te sentis bien moins serein à l'idée de croquer à l'aveugle dans ton morceau de galette. Ton corps te sommant de quitter immédiatement les lieux, tu fus pourtant contraint de rester en trouvant enfin celle que tu cherchais depuis ton arrivée, tétanisée. En compagnie d'un vulgaire inconnu.

Tu fronces des sourcils. En voilà des manières. T'avait-elle prestement invitée pour te dire qu'elle refusait de te revoir finalement ? Ne manquerait plus que ça. Qu'elle s'y essaie. Jamais elle ne te verra autant. Pourtant tu ne la rejoins pas. Pour cette seule supposition, tu avais envie d'essayer quelque chose. Ton œil vint se perdre sur des gamins en train de dessiner sur une table, un peu plus loin, leur activité interrompue par l'arrivée de l'Ultimage Noir. « Hé, petits. » les interpelles-tu. L'un d'eux décroche enfin son regard statufié du Souverain et ses seconds. « Je peux t'emprunter ton crayon et du papier ? » - « Contre ta galette alors ! » répond l'enfant d'un air mutin. « T'es sûr ? À ton avis, pourquoi j'ai deux morceaux de galettes ? J'ai crû sentir quelque chose dans celle-là. Par contre je sais pas quelle fève ça peut être... ». La mine de l'enfant se décompose. S'imaginer en position de la mauvaise fève juste après avoir assisté à l'apparition du Grand Chaos le refroidit dans ses ardeurs. « D'accord, tiens ! » répond-il alors, boudeur. « Merci. ». Rapidement, tu écris quelques mots sur le papier que tu plis en quatre et poses sur la galette encore entière, avant de te tourner vers le groupe. « Bien. J'offre une galette garantie sans fève à celui qui va ramener celle-là avec le mot à la jolie madame là-bas. » - « Mais vous avez pas dis que... » - « J'ai mentis. » le coupais-tu avec le même air mutin qu'il t'eût offert plus tôt. L'enfant tira la grimace. Le temps que celui-ci se remette de ses émotions, un autre vint se poster à tes côtés, au garde à vous, prêt à servir de messager et recevoir son dû. Alors tu lui confis le message et la gâterie, le suivant du regard rejoindre Nymeria non sans qu'il ne s'arrête en milieu de course pour y lire le message. "Une idée de voyage : Le Cœur Vert ? Saviez-vous que même sans  fève l'on pouvait voir des Rois ? - Votre Prince Charmant".  L'enfant tira une moue déçue. C'est tout ? Qu'est-ce que c'était nyan nyan. Il comprenait vraiment pas les adultes. Surtout qu'il ne savait même pas s'il n'y avait pas de fèves dans la part ! Alors, dans un haussement d'épaules, il finit par rejoindre la Magicienne, et lui tira sur un pan de sa robe pour attirer son attention. « Madame. ». Il attendit que celle-ci se retourne pour lui tendre le gâteau et le message. « Tenez, c'est pour vous. C'est le mon... ». Il s'arrêta net en se tournant vers toi. Tu n'étais plus là. Tu avais profité qu'il se montre — presque — si assidu pour te abandonner les lieux.

Ton regard toujours posé sur le garçon à lire ta missive, un large sourire amusé se dessine sur ton visage. Puis tu te tournes vers le reste du groupe. Posant un index sur tes lèvres étirées, tu uses de la Peau des Gregori sous le regard écarquillé des gamins avant de t'éloigner, troquant tignasse blonde sauvageonne contre coupe brune sévère et regard de même. Tu ne tenais pas ce sort aussi longtemps qu'Oriane. Mais ce serait suffisant pour t'éloigner en discrétion. Et tu savais que ces gosses ne diraient rien à leur ami. Le seul à avoir droit à une part ? Quelle injustice. Plutôt rien qu'il soit l'unique à avoir ce privilège. C'est donc ainsi que tu quittes les lieux, sans un autre mot à la Magicienne que celui qui lui fût parvenu. Peut-être accepterais-tu le Royaume des Faes finalement. ce pourrait être amusant.
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Mots | 2203 (avec la participation active de mon chat /sbam)


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Ven 14 Mai 2021, 17:52


La Galette

La Galette. Cet événement, tu ne l'avais jamais manqué. Non pas à cause de la fève cachée au sein de l'une des multiples part distribuée à travers la totalité des terres magicienne. Car si certains n'y venaient que par Vénalité afin de s'emparer du trophée unique, ou que d'autres ne venaient que satisfaire leur Gourmandise aux frais de la Couronne, la cause servie était en réalité noble et sensible à l'égard des plus démunis voulant malgré tout se montrer un minimum Charitable envers une population moins aisée qu'eux encore. Pourtant, cette fois-ci, bien que présent, tu fus incapable de verser le moindre denier pour ne serait-ce qu'une miette. Ta propre Charité était mise à défaut et piétinée par un sentiment que tu ne pouvais — ne voulais — pas ignorer. Il te broyait de l'intérieur depuis trop longtemps pour que n'importe laquelle de tes Vertus ne puisse y faire quoi que ce soit. Ton œil furetant d'Avetis à Ilana, tu captes dans leurs regards et de façon régulière l'envie de goûter eux aussi un peu de ce gâteau auquel tout le monde avait droit, sauf eux. Toutefois, il t'es inconcevable de pouvoir acheter une part en sachant que ces vipères ont semées un peu de leur venin dans l'une d'entre elle, et songer qu'elle peut finir entre les mains de l'un de tes enfants rend l'idée de leur en fournir une encore plus inimaginable. Le "droit" à une rencontre avec l'Empereur Noir ? À quelqu'un d'autre. Les Magiciens était bien trop tolérant vis-à-vis de leurs homologues obscures. Un jour ils se feraient dévorer par eux à les laisser pénétrer leurs terres aussi impunément et à s'inviter aussi aisément dans leurs célébrations. Et ça n'avait rien d'une supposition. Ton regard se pose sur Ilana qui jouait avec Avetis. La fillette était au courant de l'état et de la cachette de Shiva et du parasite qui la ronge. Mais elle n'en disait rien. Elle pouvait t'aider à faire sortir le serpent de son trou, et ramener ton épouse en lieu sûr. Mais elle se taisait.

Suivit de prêt par Avetis, la fillette courrait en ta direction, le visage illuminé d'un large sourire. Tu t'arrêtes, prêt à les accueillir dans tes bras. Avec sa tignasse blonde, on pourrait presque croire que le garçonnet et toi partagiez le même sang. L'anti-magie qui l'enveloppait disait le contraire. Quant à Ilana, avec ses deux ailes immaculées déployées, on pourrait croire une Ange. C'était la magie bleue qui coulait dans ses veines cependant. Et même si un lien de filiation semblait ainsi plus probable, elle était juste tout droit sortie d'un rêve. Elle était cette enfant que tu avais rêvé dans un monde loin de toute forme de mal, où Shiva était encore à tes côtés, et où cette Sorcière n'avait jamais portée la main sur votre chair. « Papa ? Je peux avoir une galette s'il-te-plaîîîîîîîît ? » te demande la petite Magicienne de sa voix enfantine. Avant que tu n'ais le temps de répliquer, elle reprend « C'est pas pour moi, c'est pour offrir. » - « Pour offrir ? À qui ? » l'interroges-tu, étonné. La fillette commence à trépigner sur place avant de répondre « C'est un secret ! ». Tu la détailles quelques instants ou elle commence à insister vivement à coup de "s'il-te-plaît" à répétition tout en sautillant devant toi. « Très bien, allons chercher une part. » cèdes-tu. L'enfant laisse exploser son contentement d'une exclamation, te suivant ensuite en trottinant sans répondre à Avetis qui l'interrogea également sur l'identité de celui qui aurait droit au gâteau.

Lorsqu'arrive ton tour, tu passes commande pour ta galette, soulevant un regard étonné de la part du vendeur tandis qu'il passait son regard d'un enfant à l'autre. « Une seule ? » - « S'il-vous-plaît. » - « Comme vous voulez. Voici pour vous. Passez une excellente journée ! » - « Merci, vous de même. » réponds-tu en troquant la part contre l'argent avant de quitter le stand. « Tiens. Alors, où allons-nous ? » questionnes-tu ensuite Ilana en lui offrant le morceau désiré. Celle-ci ne dit rien, son regard planant plutôt sur le paysage environnant. Puis, se saisissant du gâteau, elle s'exclame « Je reviens ! » avant de se faufiler parmi la foule de gens et d'y disparaître. Littéralement. Une moue attristée se glisse sur ton visage que tu dissimules lorsqu'Avetis te tires la manche. « Papa. Elle est partie où Ilana ? Tu sais toi ? ». Tu t'accroupis pour être à sa hauteur. « Non, je l'ignore également. Mais ne t'inquiète pas, elle va revenir vite. ». Le garçonnet approuve d'un signe de tête. Alors tu te relèves et lui tends la main. « Viens, on va l'attendre au bord du lac. ». La petite main du blondinet saisissant la tienne, tes pensées s'échappèrent un instant vers Ilana. Tu ignorais où elle était. Tu savais cependant qui elle était allée voir. Tu t'en étais douté un peu lorsqu'elle n'avait pas voulu dire qui aurait droit à sa galette. À présent tu en étais certains.

Sur la berge, tu surveilles le petit Humain dans le lac qui s'est rapidement trouvé de nouveaux camarades de jeu. Tu ne te rendais compte de l'évolution de son anti-magie que dans ce genre de situation. Pour l'instant, elle ne semblait pas lui poser de problème trop important avec les autres races. « Je suis de retour ! » s'exclame soudain une voix derrière toi, celle d'Ilana, qui vint s'asseoir en tailleur à tes côtés. « Alors, comment ça s'est passé ? » la questionnes-tu doucement. Elle t'interroge du regard. « Tu as été voir maman, je me trompe ? ». Son visage se dessina en une moue désolée, comme prise en flagrant délit d'avoir fait une bêtise. « Oui. » affirme-t-elle enfin. « Alors ? ». La petite marque un temps avant de te répondre « Elle était pas là. ». Tu n'y réponds rien. Tu n'en étais pas étonné. Déçu, oui. Triste, assurément. En colère, bien sûr. Étonné, absolument pas. Tu le remarquais déjà avec le conte. Elle était de moins en moins présente. « Viens par là. » chuchotes-tu finalement en rapprochant la Magicienne contre toi et l'enlaçant dans tes bras. « Un jour elle reviendra, je te le promets. » lui souffles-tu d'un air apaisant.
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Mots | 1059 | Avetis ; Ilana | Inutile de le compter dans le tirage (c'est mieux comme ça /mur)


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Sam 15 Mai 2021, 12:07


La Galette




J’observai avec intérêt l’immensité céruléenne qui s’étendait à perte de vue. Le paysage n’avait rien à avoir avec les sombres ruelles d’Amestris ; il en dégageait une sensation de paix et de liberté. Le lac serpentait au pied des vallons d’émeraude dans lesquels paissaient une série de troupeaux, gardés par quelques bergers. Plus près de la ville, une série de paysans labouraient leurs champs en prévision des semences qu’ils devraient bientôt planter. Je m’abandonnai à ce spectacle routinier, les bras appuyés sur le rebord de la fenêtre de ma chambre.

J’avais quitté le Château Interdit quelques jours auparavant afin de participer aux festivités magiciennes. Ce n’était pas tant un souhait personnel qu’une nécessité afin d’accroître ma position. Depuis mon intronisation en tant que Dame Noire, je m’appliquai à m’attirer les faveurs du Peuple d’Ethelba. Je n’avais pas oublié la promesse que m’avait faite le Grand Chaos, et je comptais bien l’obliger à honorer sa part du contrat lorsque j’aurai rempli la mienne. Conquérir le coeur des Sorciers n’était qu’une étape afin d’atteindre mon but. Mais cette dernière était bien plus profitable que je n’y aurais songé de prime abord ; les avantages économiques et diplomatiques qui se profilaient à l’horizon étaient presque aussi alléchants que la perspective de ravir l’attention d’Elias Salvatore. Ethelba en fût témoin, j’étais déterminée à ce que le monarque m’épousa à nouveau - et cette fois-ci pour des raisons plus personnelles. Et si, pour cela, je devais me débarrasser de l’une ou l’autre de ces pimbêches qui lui tournaient autour, qu’il en fût ainsi. Je ne voyais dans cet acte qu’un mal nécessaire. Je n’avais pas d’animosité particulière envers les autres Dames Noires. Certes, certaines d’entre elles m’irritaient au plus haut point - mais elles étaient juste au mauvais endroit. Si elle quittait le paysage, je ne garderai aucune rancoeur envers elles et, probablement, pourrions nous être amies - dans une certaine mesure. Mais, dans le cas contraire, je savais qu’il me faudrait trouver le courage de leur arracher les tripes. A cette pensée, un sourire mauvais croisa une grimace de dégoût. La magie commençait à refaçonner ma personnalité.

Je perçus trois coups secs frappés à la porte. Je détournai les yeux de ma contemplation pour les braquer vers l’entrée.

« Un instant, je vous prie. »

Je refermai le battant de la fenêtre et rejoignis l’un des imposants fauteuils couverts de tapisserie. La position assise faisait ressortir mon ventre arrondi par la maternité. Les signes de ma grossesse factice commençaient à poindre - ce qui donnait lieu à de nombreuses rumeurs. Mais il avait été décidé d’attendre une occasion spéciale pour faire l’annonce de cet heureux événement. Je réajustai ma tenue afin d’être à mon avantage avant d’inviter l’importun à entrer. La porte pivota sur ses gongs, dévoilant la silhouette longiligne d’un homme aux cheveux de cendre. Il se carra dans l’embrasure et s’inclina respectueusement.  

« Ma Dame, articula-t-il d’une voix solennelle, l’intendance m’a envoyé afin de vous escorter en ville. »

Je lâchai un soupir à fendre l’âme qui l’invita à me jeter un regard interrogateur.

« Un problème ?

— Non, pas vraiment. J’eus simplement espéré que ce fût un autre qui m’accompagnerait.

— Ma présence vous est-elle désagréable ?

— Je préfère simplement celle de l’Empereur Noir... Enfin, c’est un homme très occupé, je ne peux pas lui en vouloir. »

Je pris appui sur les accoudoirs pour me relever.

« Je suis toutefois surprise de constater que le gouvernement m’impose un garde du corps. Je pense être à même de me défendre seule.

— Si vous voulez mon avis, ce n’est pas la seule raison.

— Ah ?  Et quoi donc ? Mes faits et gestes sont-ils à ce point surveillés ? Je ne compte pas m’enfuir, vous savez.

— Je doute qu’il s’agisse de cela, Ma Dame. S’il était question d’espionnage, vous ne sauriez même pas que j’existe. Si je suis ici, ce n’est pas tant pour vous que pour lui. »

Le balafré désigna mon ventre d’un geste du menton.

« N’oubliez pas que vous portez l’enfant du Grand Chaos. Sa sécurité compte bien plus que la vôtre au yeux des Sorciers », expliqua-t-il d’un ton neutre puis - prenant conscience de son offense, il ajouta : « Sans vouloir vous vexer, bien entendu.

— Bien entendu » répétai-je, plus sèchement que je ne l’aurai souhaité.

J’attrapai le châle de laine suspendu au porte manteau et l’enroulai autour de mes épaules. Le climat de la saison de l’Empereur avait beau annoncer le retour du soleil, la brise qui soufflait à l’extérieur charriait l’air froid provenant du nord. Mon escorte s’écarta de la porte pour me permettre de la verrouiller et me précéda dans l’escalier en colimaçon qui menait au rez-de-chaussée.

« Je ne crois pas vous avoir déjà rencontré. Quel est votre nom ?

— Lucian, Ma Dame.

— Je suis surprise que vous puissiez m’approcher. Sauf erreur de ma part, il me semblait que les hommes n’étaient pas autorisés à rester seul en ma présence - à l’exception de l’Empereur Noir, bien évidemment. Comment êtes-vous arrivé à ce poste ?

— J’ai fait preuve d’une loyauté sans faille envers mon devoir.

— Seriez-vous eunuque ? (Il me répondit par un silence révélateur). Je vois… » SéparateurNous flânions à travers les ruelles pavées, sous les balcons fleuris des habitants de la cité. Le soleil était haut dans le ciel d’un bleu azur. C’était une belle journée. Sous les conseils de Lucian, nous nous engouffrâmes dans des passages étroits afin d’esquiver la foule. Je ne manquai pas - cependant - de faire quelques apparitions dans les lieux les plus emblématiques de la ville, pour faire bonne figure. Je ne comprenais pas ce besoin de m’afficher en public dans un endroit où les habitants m’étaient au mieux indifférents. Les efforts diplomatiques pour rapprocher le Peuple Noir du Peuple Blanc produisaient leur fruit dans une certaine mesure, mais des siècles s’écouleraient encore avant que les tensions s’apaisent.

Notre escale au Temple de Suris fût - pour moi - l’occasion d’observer l’architecture de cet édifice aux gargouilles de pierres. Je restais stupéfaite devant la précision des détails de chacune des sculptures. Elles paraissaient si réalistes que je n’aurais eu aucune difficulté à les imaginer s’animer. Je songeai un bref instant qu’il s’agissait peut-être d’un dispositif de défense de la ville ; peut-être les Magiciens pouvaient-ils effectivement insuffler la vie à ces golems d’argile ?

« Je ne peux que vous conseiller, Dame Nixen, de vous rendre sur le toit. Vous devriez en apprécier le spectacle.

— Très bien. Je vous suis. »

Le garde du corps me précéda dans l’escalier en colimaçon. Nous gravîmes les nombreuses marches qui menaient au toit du bâtiment. Je requis une halte au milieu de notre ascension - prétextant une fatigue que je ne ressentais pourtant pas. Je prenais un grand soin de sauver les apparences et je doutai qu’une femme dans mon état pût s’en sortir d’une seule traite. Après un bref instant, nous reprîmes notre route sous les poutres qui soutenaient la structure. Lorsque nous émergeâmes enfin à la clarté du jour, je m’émerveillai du panorama qui s’offrait à moi.

« Alors, ça vous plaît ? demanda Lucian.

— C’est réellement magnifique. J’ignorai que Vervallée disposait d’un aussi beau panorama sur la région. »

Je m’approchai du bord pour juger la hauteur. Les passants en contrebas ressemblaient à de grosses fourmis qui s’agglutinaient autour d’un morceau de sucre.

« Je pense qu’il serait intéressant de placer un élévateur pour faciliter l’accès à cet endroit, indiquai-je à haute voix.

— Je crains, Ma Dame, que le paysage ne perde de son charme s’il était accessible si facilement. »

Il avait raison. Mais je soupirai à l’idée de devoir redescendre le long escalier de bois.

« Tout cet exercice m’a ouvert l’appétit, lâchai-je. Ne serait-il pas temps de goûter à cette fameuse galette ? »

L’homme esquissa un semblant de sourire en réponse à ma remarque. Il m’invita à le suivre, et nous rejoignîmes le sol dallé de la nef.SéparateurNous nous arrêtâmes à un stand non loin du quartier commercial. L’odeur qui émanait des galettes entreposées me donnait l’eau à la bouche. Mon ventre impatient gronda une plainte. Je souris.

« Il était temps que nous arrivions. »

Nous nous installâmes sur un banc pour déguster notre goûter. Sans être un met d’exception, le gâteau restait très agréable en bouche. La crème vanille aromatisée aux amandes était un vrai délice. Je profitai de ce répit pour en apprendre plus sur mon guide.

« Cela fait longtemps que vous travaillez pour la famille Impériale ?

— Personnellement, c’est la première fois que je suis autorisé à l’approcher d’aussi près. Rassurez-vous, Ma Dame, j’ai déjà eu l’occasion de faire mes preuves. Vous vous doutez qu’arriver à cette position n’est pas aisé et ne se fait pas sans sacrifice. Mais c’est un honneur pour ma Famille.

— Votre famille ? répétai-je

— Je me nomme Lucian Faust. Vous devez avoir entendu parler de ma famille. Bien sûr, je ne suis pas dans la lignée principale mais nos valeurs restent assez proches.

— Je vois…

— Tant que nous en sommes aux confidences, Dame Nixen, je me demandais… où avez-vous grandi ? Sans vouloir vous vexer, vous ne ressemblez pas aux demoiselles d’Amestris.

— Voilà une question bien personnelle, Lucian. En effet, je n’ai pas eu la chance de grandir dans la Capitale. (Je le jaugeai du regard, hésitante sur la conduite à tenir). Vous connaissez les Terres Glacées ?

— De ce que j’en ai lu.

— Eh bien, nous avons une enclave sur ce continent. C’est là-bas que j’ai grandi. Une ville qui s’est construite autour de Ranaghar, la Cité Prison.  

—Je comprends mieux.

— Bon, et si nous rentrions ? Je vous avoue que je commence à fatiguer. » indiquai-je pour mettre un terme à cette conversation.

Nous reprîmes la route vers la demeure qui nous avait été attribuée pour le temps de notre séjour. Les rues ne s’étaient pas désemplies - au contraire - mais le soleil avait passé son zénith. Le vent qui soufflait depuis le début de la matinée se renforça un peu et je resserrai mon châle autour de mes épaules. Nous venions de reprendre la route quand mon regard effleura une silhouette familière.

« Attendez »

Il était là. L’Empereur Noir en personne, en compagnie de cette gamine écervelée. Les traits de mon visage se déformèrent en un regard courroucé. Elle ne l’aimait pas, ne l’appréciait guère. Et pourtant, elle s’était réfugié dans ses bras. La colère réchauffa mon corps et mes joues prirent une jolie teinte pourpre. Je pestai entre mes dents, maudissant cette vulgaire magicienne de pacotille.

« Quelle petite garce… A quoi joue-t-elle ? Si je pouvais, je la…. »

Je me retins de justesse d’exploser, reprenant conscience de la présence de mon garde du corps. Je ne prêtai guère attention à mon second époux, à peine plus à la présence de Laëth Belegad. Je ne voyais qu’Elias et la gourgandine qui lui serrait le bras. Il ne m’en fallait guère plus pour me perdre dans les méandres d’une malveillance cruelle. Je me promis de tout mettre en oeuvre pour l’anéantir. Et cela démarrerait dès ce soir, alors que son esprit se perdrait dans les affres du cauchemar. Elle serait mon sacrifice à Elzédor. Je ne connaissais pas encore ses plus grandes peurs mais cela viendrait. En attendant, j’avais une vague idée de ce qui pourrait la terrifier. Je n’avais pas oublié que les Vaughans avait le goût des familles nombreuses. Et bien qu’il en fût ainsi ! Elle enfanterait chaque nuit. Et chaque nuit, son bas-ventre se déchiquetterait face aux difformités monstrueuses qu’elle mettrait bas.

« Allons-y, j’en ai assez vu » ma voix claqua un peu trop fermement dans l’air.

Je détournai le regard de ce spectacle consternant, apercevant par la même les vestiges d’un sourire sur le visage de Lucian.

« Un commentaire ?  

— Oh non, Ma Dame. Je n’oserai pas… »


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